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25 avril 2007

L'insoutenable légèreté de l'être (1)

medium_kundera.jpg

Les hommes qui poursuivent une multitude de femmes peuvent aisément se répartir en deux catégories. Les uns cherchent chez toutes les femmes leur propre rêve, leur identité subjective de la femme. Les autres sont mus par le désir de s'emparer de l'infinie diversité du monde féminin objectif.

L'obsession des premiers est une obsession romantique: ce qu'ils cherchent chez les femmes, c'est eux-mêmes, c'est leur idéal, et ils sont toujours et continuellement déçus parce que l'idéal, comme nous le savons, c'est ce qu'il n'est jamais possible de trouver. Comme la déception qui les pousse de femmes en femmes donne à leur inconstance une sorte d'excuse mélodramatique, bien des dames sentimentales trouvent émouvante leur opiniâtre polygamie.

L'autre obsession est une obsession libertine, et les femmes n'y voient rien d'émouvant: du fait que l'homme ne projette pas sur les femmes un idéal subjectif, tout l'intéresse et rien ne peut le décevoir. Et précisément cette inaptitude à la déception a en soi quelque chose de scandaleux. Aux yeux du monde, l'obsession du baiseur libertin est sans rémission (parce qu'elle n'est pas rachetée par la déception).


Kundera - L'insoutenable légèreté de l'être.

Commentaires

Le mercredi 25/04/2007 à 09:07 par Sapheere :

Il y a un message Vagant? une devinette? il faut trouver dans quel clan tu te trouves? :D
Je n'y vois rien de scandaleux bien au contraire, c'est une grande qualité que de s'émouvoir de tout et ne jamais être déçu.

Le mercredi 25/04/2007 à 10:24 par La Belle :

Ca fait quelques temps déjà que Ma Bête et moi visitons ton blog, et ceux de votre petite communauté érotique (Volubilis, Comme Une Image, Sapheere...). Et ça nous a donné envie d'ouvrir le nôtre. Ce commentaire peut-être considéré comme une pub... ou comme un compliment ! ;)
C'est tout simplement une invitation à nous rendre visite.
A très vite j'espère...

http://labeteetlabelle.hautetfort.com

Le mercredi 25/04/2007 à 10:28 par Vagant pour Sapheere :

Il y a là sujet à réflexion.
"C'est une grande qualité que de s'émouvoir de tout et ne jamais être déçu", dis-tu ? Dans l'absolu, sans doute. Mais est-ce une aussi grande qualité que de s'émouvoir de toutes ? Pour que l'amour ait une valeur aux yeux romantiques, il se doit d'être rare, quitte à être déçu et aussitôt remplacé par un autre. Le serial monogame (et non pas polygame comme l'avance Kundera) reste bien mieux accepté par notre société que le baiseur libertin dont nulle déception ne justifie le papillonnage.

Le mercredi 25/04/2007 à 10:57 par Vagant pour La Belle :

Entre le compliment et la publicité, c'est la complicité.
Merci et bienvenue !

Le mercredi 25/04/2007 à 11:02 par AmIWrong? :

Un joli souvenir... Noté dans mon carnet : penser à relire mes classiques. Merci...

Le mercredi 25/04/2007 à 11:37 par La Belle :

Merci Vagant !
Pour l'accueil, pour la visite, et pour le commentaire.
;)

Le mercredi 25/04/2007 à 11:44 par pateric :

Kundéra, suivi de près par Bourgeade est mon écrivain contemporain (et vivant), favori...
Dans "l'art du roman", Kundéra éclaire un peu "l'à peu près de la traduction de sa pensée" faite par le traducteur de "l'insoutenable légèreté de l'être", dont il affirme qu'elle l'a déçu dès lors qu'il fut en mesure de "comprendre les riches subtilités de la langue française".
Toutefois, Kundéra, pour être "libre penseur" et quelquefois érotomane, n'est pas, a-priori, un "libertin" tel qu'on le définit dans le "milieu libertin"...
D'autre part, comme ce milieu n'est pas "homogène", quant à ses idées, même ses "pratiques"...
Le champ d'actions est des plus vastes

Le mercredi 25/04/2007 à 11:52 par Ysé :

Et voilà un autre livre que j'ai envie de lire. Décidément la blogosphère est le repère de bien des tentations...

Le mercredi 25/04/2007 à 12:35 par Ysé :

ça y est, je suis réveillée et mon esprit critique est revenu au galop. Et il me souffle ceci :
Tout de même, ce n'est pas un peu simpliste ce que dit Kundera? Et puis je ne suis pas d'accord avec sa vision de la recherche d'un idéal subjectif. Non la grande découverte c'est l'autre, l'autre qui peut nous révéler des choses sur nous-même, mais différentes de ce que nous croyons être et surtout pas dans une recherche nombriliste de soi à travers l'autre.

Le mercredi 25/04/2007 à 13:58 par pateric :

Poutant, chère ysé, le titre ne résume-t-il pas cela : - l'insoutenable légèreté de l'être -
Et même s'il est vrai que la traduction française du roman tchèque est parfois "légère" avec la "pensée philosophique" de l'auteur (encore plus distordue par les méandres de la pensée du "héros" transmise (en épicycle) par l'auteur), le coeur du roman n'est-il pas qu'une "quête du bonheur" ? (Pour ne retenir que "du malheur" (ou inversement)).

Le mercredi 25/04/2007 à 14:00 par pateric :

S'cusez-moi ! Je viens de me relire, là... Je redeviens prof : ça me gonfle !
Je me prèfère en clown : vais me reconvertir, tiens !

Le mercredi 25/04/2007 à 14:23 par Ccoton :

Un livre de chevet en train de prendre la poussière au bord de mon lit.
Entre cette illustration de l'éternel retour et le Désert des Tartares, bonjour le rhume existentiel.
... Nietzsche ! (à mes souhaits)

« Le Surhomme de Nietzsche est un dieu épicurien ramené sur terre. Il ne doit pas se soucier des hommes, ni les gouverner : sa seule tâche est la transfiguration de l'existence. »
Tiens, ça me semble assez vaguant, ça.

Pour moi, ce sera plutôt du Enzo-Enzo... Juste quelqu'un de bien. Easy listening. Easy living.

Le mercredi 25/04/2007 à 16:34 par Ysé :

Pateric, mon cher Pateric, dans le titre il y a aussi le mot "insoutenable"...
Alors comme ça vous êtes prof? Est-il indiscret de vous demander la matière?
L'habit de clown vous va bien, mais au fond n'est-ce pas une mascarade -fort drôle, j'en conviens-?

Le mercredi 25/04/2007 à 18:45 par pateric :

Ysé -> J'ai dit : je redeviens prof... Pas que je le suis encore...
Caisse à dires ? Non, plutôt "caisse vide".
Plus versé dans les (inutiles) "Sciences (dites) exactes" que dans les mirifiques "Sciences Humaines"...
Mais quand je me mêle de ce qui "ne me regarde pas", savoir : de littérature, de philosophie, de sociologie, (et, oh quel toupet) de politique...
Je me marre !
Car j'adore jouer avec la variabilité des mots et de leurs sens
On appelle aussi ça : "variables linguistiques".
Ca tombe bien, les variables linguistes sont très importantes, ne serait-ce que pour me permettre de vous écrire mes bêtises ici, via la "toile"

Le mercredi 25/04/2007 à 19:47 par France B :

Vagant,
Serial monogame ou polygame à partir du moment ou c'est un homme, la société l'accepte toujours mieux. Le papillonage, libertinage féminin est toujours mal vu même quand cette femme est célibataire.
Vous l'avez "belle" vous le mecs ( et surtout les queutards ) quand même et en plus vous ne faites même plus l'armée ;)

Le mercredi 25/04/2007 à 20:09 par Ccoton :

C'est que... Où mettre la fleur quand on ne peut plus la mettre au bout du fusil ?

Le mercredi 25/04/2007 à 20:18 par piccolofio :

j'ai toujours détesté Kundera, et je me suis forcée à lire beaucoup de lui pour en être bien sûr sans doute parce que j'adore sa gueule, et que lui je l'aurais aimé en vrai. Mais quand il écrit en français et qu'il n'est pas traduit, je n'arrive pas à digérer ses mots, ni à croire en ses mots. Tout paraît faux, et cela m'a d'autant plus énervée que les thèmes abordés par cet écrivain me touchent...

pour poursuivre le débat : le libertinage féminin est toujours mal vu (bien vu au lit, ceci dit), en célibat ou en infidélité (apparente). Mais la liberté que laisse la marginalité, ce rejet des bonnes moeurs, est magnifique jusque dans les douleurs que cette liberté apporte également aux joies et exaltations du libertinage.

Le mercredi 25/04/2007 à 21:14 par Pénélope :

Tiens, je n'ai jamais lu, et cela me donne envie... surtout quand ma vie ressemble à un joyeux foutoir. Bises Pénélope

Le jeudi 26/04/2007 à 01:39 par Vagant :

AmIWrong ? No, you're right: ce genre de classique mérite d'être relu.

Pateric, merci pour vos commentaires documentés. J'ai lu "le rideau déchiré" qui fait suite à "l'art du roman", et je lirai celui aussi après "risibles amours" dont on m'a dit grand bien.

Ysé, ce que dit Kundera ici est à remettre dans son contexte: Il oppose à Tomas, le "héros" libertin, le caractère d'un homme "romantique" pour mieux souligner le contraste. Pour Tomas justement, la grande découverte c'est l'autre, ou plutôt les autres, toutes les autres dont il doit toucher du doigt les subtiles différences afin d'accéder à ce qui les rend unique: "L'unicité du "moi" se cache justement dans ce que l'être humain a d'inimaginable."
Par ailleurs, il ne dit donc pas que le romantique idéaliste est à la recherche de lui-même. Il dit que le romantique idéaliste est à la recherche d'un idéal qui, comme tout idéal, n'existe pas. Je reviendrai sur ce point dans la suite de cette note.

Ccoton, j'aime bien votre blog. La partie du roman que j'ai citée n'illustre pas tant l'éternel retour que le dernier chapitre du livre.

Madame B, La serial-monogamie féminine est aussi bien acceptée que la serial-monogamie masculine. On critiquera autant une femme qui a épousé 5 hommes successivement qu'un homme qui a épousé 5 femmes successivement, même si les arguments seront différents: La première est une dangereuse intrigante et le second un imbécile pour payer 4 pensions alimentaires.

Piccolofio, je me fiche de la gueule de cet auteur mais j'adore ce qu'il écrit. J'aime son style détaché et il me fait rire ! Quant au libertinage, on a trop souvent tendance - et moi le premier - à en oublier les douleurs pour en glorifier les plaisirs.

Pénélope, allez vous commencer par "risibles amours" et terminer par "la valse aux adieux" ?

Le jeudi 26/04/2007 à 08:01 par pateric :

Vouaou ! Jolie la critique de Kundéra... Elle me plaît : juste et fine ! Et l'on y reconnaît bien l'aficionado.
A propos d'aficionado, je suis un inconditionnel de Cervantes depuis les prémices de mon adolescence. J'ai parfait l'apprentissage de l'espagnol grâce à Cervantes que je considère comme le chantre de la pensée libérale ; libéral au sens du droit à la liberté de choisir soi-même. Tel qu'on peu l'entendre par la bouche de Michelle : - Je décide à qui je me donne et je ne me donne pas à celui qui décide que je dois me donner - Pareille "profession de foi" en plein inquisition, c'est balèse, non ?
C'est parce que je ressentais un peu de cette pensée chez Kundéra que j'ai commencé à l'aimer... Sans vraiment y comprendre le fond, souvent en raison de l'usage de synonymes pour des mots que j'aurais aimé lire en "répétition", parce que j'aurais aimé sentir monter "l'insoutenable"...
C'est dans "l'art du roman" qui est un "entretien" que Kundéra m'a éclairé sur ce "malaise" ressenti comme sur "son amour de Cervantes" :
- A qui serais-je fidèle dans l'avenir ? A rien sinon à l'héritage décrié de Cervantes ... -
Du coup, ça a fait "tilt", 20 ans après avoir commencé à lire Kundéra !
De même, moi aussi je n'aurais jamais rien compris à "l'Idiot" (dovstoievski) sans Cervantes.
Maintenant, ce qui me laisse de glace ou m'agace souvent c'est la "platitude" de certaines traductions des textes originaux...
Ainsi, J'ai lu Don Quijote en premier, sans jamais vouloir le traduire, en m'efforçant toujours de le "sentir" dans ma pensée "latine" et non pas dans mon "éducation" francophone : je l'ai fait "moi". Et j'adore.
Beaucoup plus tard, 10 ans plus tard, j'ai lu Don Quichotte. Il m'a laissé aussi sec qu'un arbre mort et je me suis désolé de ne plus y retrouver l'âme de mon Quijote...
Au début, ça m'a fait pareil pour Kundéra... Comme pour d'autres : ne pas "sentir l'âme et le coeur" de la pensée de l'auteur...
Ce fut pareil pour Faulkner : j'ai mis énormément d'années pour piger "le bruit et la fureur"... Jusqu'à ce que je me décide à faire l'effort de le lire dans le texte original. D'abord, la musique des phonèmes m'a "allumé les sens"... Alors, et bien que mon anglais soit rudimentaire, technique et mécanique, je me suis efforcé de lire en parallèle "Anglais" - Français ; "Américain - Français : "Argot américain - Argot français" puis "Argot américain - Occitan"... Eh bien, "le bruit et la fureur", c'est un monument.
Ainsi, depuis plus de 10 ans maintenant, lorsque je lis le livre d'un auteur non francophone, j'essaie toujours de me procurer une version originale pour la lire en phonétique. Même si (d'abord) je ne comprends rien au mots, j'en ai le verbe, la verve... Et je me sens bien, plus réceptif...
Voilà, si d'aucun se vante aujourd'hui d'être Cartésien, je me vante, moi, d'être Cervantésien... Je m'en vante, parce que l'idéologie de Cervantes "ne se voit pas", et pourtant il n'en est pas avare, dès le prologue de son Don quijote.
Un scientifique Non Cartésien, mais c'est une hérésie, ça !
Je m'en fou ! J'ai fais taire à tout jamais "les rumeurs" de ma glande pinéale !
Arf, arf !

Le jeudi 26/04/2007 à 08:41 par Ysé :

Pateric } Mon cher, moi qui suis plutôt dans les Sciences Humaines, permettez que je vous fasse la leçon de Français. Vous auriez pu "redevenir" prof parce que vous auriez cessé cette activité et aussi effectivement parce que vous l'êtes encore, mais cela je ne pouvais pas le deviner. ;-)

Vagant } Je me doute que la distinction que fait Kundera sert au développement de son roman. Mais sorties de leur contexte, cet extrait n'est pas à prendre pour parole d'Evangile, voilà tout ce que je voulais dire.
Sinon, je suis assez d'accord avec Mme B.

Le jeudi 26/04/2007 à 09:21 par France B :

Ysé, :-)

Le jeudi 26/04/2007 à 10:03 par AmIWrong? :

Petite question qui n'a rien à voir : est-ce de cette citation de Kundera que vous parliez chez moi la semaine dernière ?

Le jeudi 26/04/2007 à 21:20 par pateric :

Ysé -> Jai usé tous mes futiles arguments...
J'ai enseigné la Physique... Mais je n'ai aucune animosité pour les sciences humaines ! Au contraire : je dors avec tous les soirs... Depuis 35 ans.
J'ambitionne réellement de faire le clown !