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14 janvier 2008

Mission libertine - IX (2)

    Après quelques va-et-vient langoureux, Cat sortit son doigt du fourreau de chair humide, et elle le tendit vers le public dont elle sembla désigner un membre digne de ce nom, puisqu’il disposait visiblement de toutes ses capacités érectiles. C’était un tout jeune homme assis à quelques pas de Sarah, légèrement en retrait, aux grands yeux roulant dans un visage vermeille d’excitation et d’acné. Cat fit quelques pas vers lui jusqu’à ce qu’il puisse humer le parfum de son doigt luisant de cyprine. Il en ferma les yeux d’émotion, à moins que ce fût pour mieux fixer dans sa mémoire de puceau le bouquet évanescent de son premier cul, classer ce parfum de sexe avant de pouvoir en jouir pleinement. Et peut-être, sans doute même, cela influencera-t-il à jamais l’accomplissement de sa vie sexuelle, dont un calice bouillonnant de nectar aux effluves luxurieuses lui fera revivre bien malgré lui ce premier émoi : tandis qu’il plongera son biscuit dans l’intimité de sa tendre fiancée qui lui demandera « À quoi tu penses ? » pour s’assurer qu’elle occupe ses pensées autant qu’il investit son sexe accueillant, tandis qu’il s’apprêtera à exprimer des lèvres et des reins toute la vigueur de son amour, sa mémoire facétieuse fera apparaître à ses yeux ébahis le souvenir de ce qu’il vit ce jour là lorsqu’il les ouvrit enfin : Un décor de théâtre foisonnant de dorures, avec au premier plan une jeune femme noire plus que nue, accroupie face à lui, les cuisses ouvertes sur un gros manque de vertu. À chacun sa madeleine.
    Dans ce lieu de rendez-vous pour désirs inassouvis, ceux qui sont à jamais flétris et ceux qui n’ont pas encore éclos, un lieu de commémoration en somme, que ce soit celui des émotions passées ou de celles à venir, seul le plaisir de Sarah semblait fleurir. Elle ne réprimait plus que les gémissements qui affleuraient sur ses lèvres entrouverte, livrée à la caresse secrète du petit godemiché caché à l’orée de son vagin, tandis que Yoko dardait de la pointe de la langue un de ses tétons tendus et qu’elle faisait tourner l’autre, encore humide de salive, entre le pouce et l’index. Apparemment satisfaite par cette scène lesbienne improvisée, Cat s’approcha de Sarah dont les paupières papillonnaient sur ses pupilles vacillantes. Aussi lestement qu’elle avait levé la jambe le long la barre de pole dance, Cat enfonça le talon pointu de sa chaussure dans le dossier de l’ottomane, un genou replié frôlant les cheveux de Sarah, l’autre jambe tendue plantée au sol, les cuisses écartées comme en grand écart facial. Intimidée, les yeux de Sarah esquivèrent l’exhibition, avant de s’y accommoder progressivement. Son regard suivit d’abord la courbe de la cuisse élancée sous le cuir tendu aux reflets irisés, les plis de la combinaison qui s’ouvrait en un drapé bordé d’acier, dont la dentelure projetait son ombre sur la peau nue, fine, lisse à l’aine de la jeune femme. Un peu plus bas, le profil de son impudeur se découpait en ombres chinoises sur l’arrière plan du décor chatoyant : ses fesses galbées se rejoignaient en un sillon épanoui, ouvert sur un précipice vertigineux qui attira irrésistiblement le regard de Sarah.
des orchidees qui donnent des idees...    Coiffées d’un petit triangle de poils drus et courts, les grandes lèvres ourlées de la danseuse laissaient s’échapper un drapé de chaires brunes et luisantes qui couronnaient son gouffre, avec son clitoris encapuchonné pour diadème. Cat glissa deux doigts aux ongles nacrés de part et d’autres de sa fente qu’elle écarta lentement, laissant apparaître ses chairs corail et son gros clitoris turgescent. « Made in Nigeria », dit-elle dans un feulement rauque.
    Sarah n’eut pas à réprimer l’envie d’explorer cette intimité féminine. Non seulement ses mains étaient toujours maintenues derrière son dos, mais Yoko confirma autant qu’elle devança les désirs saphiques de Sarah, en levant son visage empourpré vers le calice qui la surplombait. Elle combla d’un coup de langue la distance de cette coupe à ses lèvres. Sous le regard hagard de Sarah, la jeune Japonaise léchait la vulve de l’Africaine, elle la lapait avec gourmandise de la pointe du clitoris jusqu’au périnée d’ébène. Son souffle saccadé se mêlait à l’arôme musqué qu’exhalait la vulve brune, se mélangeait au parfum poivré de l’une, s’unissait aux fragrances ambrées de l’autre en subtiles volutes enlacées, enchevêtrées, qui fusionnaient en une effluve capiteuse pour subjuguer Sarah. L’ombre d’un instant, elle n’était plus au spectacle mais au cœur d’un trio pervers à la sensualité affolante, les poignets liés derrière le dos, un godemiché planté sans la vulve, les seins nus livrés aux caresses expertes d’une geisha soumise qui gratifiait d’un cunnilingus sa dominatrice noire, dont la badine flattait sa croupe cambrée, ouverte, jusqu’à coulisser au fin fond de sa raie…
    D’un coup sec sur les fesses de Yoko, Cat apporta la touche finale à ce délicieux tableau saphique, et les deux femmes abandonnèrent aussitôt Sarah pantelante pour aguicher les autres spectateurs. Sarah entendit aussitôt la musique entraînante qui n’avait pourtant jamais cessé, elle ressentit les regards lubriques braqués sur ses seins nus, elle fut replongée dans un environnement importun d’où elle avait été extraite pendant quelques secondes, des secondes qui lui avaient semblé être des minutes tant elles étaient intenses. Tandis que Sarah se rhabillait précipitamment, Yoko était retournée auprès du rustique sexagénaire à casquette auquel elle avait laissé son chemiser en gage. Elle s’assit sans façon sur ses genoux, face à lui, cuisses écartées, et, dans un lent mouvement descendant, elle  fit glisser sur son visage ses seins plantureux pour lui clore les paupières. Nul ne sait s’il lui adressa ensuite un regard émerveillé parce qu’elle avait fait surgir en lui le souvenir de la mère nourricière ou celui de ses belles vaches normandes. Quant à Cat, elle avait jeté son dévolu sur le jeune puceau. Elle glissa sa cravache entre les cuisses du jeune homme, avant de la coincer entre son menton et le siège sur lequel il était assis, l’obligeant ainsi à se tenir bien droit et la tête si haute qu’il ne pouvait voir ce qu’elle lui faisait, agenouillée entre ses cuisses. Elle n’eut qu’à mimer une fellation en faisant vibrer ses lèvres tendues contre la bosse outrageuse qui déformait le pantalon du pauvre garçon, pour qu’il éjacule au fond de sa culotte en s’imaginant au paradis.
    Pourtant, à chaque fois que la géométrie le leur permettait, les deux effeuilleuses adressaient à Sarah des oeillades discrètes, et lorsqu’elles s’allongèrent l’une sur l’autre, en soixante-neuf, le dos de la Japonaise sur les genoux d’un contrôleur fiscal tiré à quatre épingles comme un papillon, chacune d’entre elles parvint, entre deux lapements de chattes, à poser sur Sarah des regards lourds de promesses équivoques, au point qu’elle eut l’impression qu’entre ces liens subtils, tout ce spectacle lui était intimement dédié. Profondément troublée, et horrifiée à l’idée d’affronter les regards des hommes dès la fin du spectacle, elle n’en attendit pas la fin et prit la fuite à la suite du puceau tout penaud. En haut des escaliers, le guichetier l’interpella.

- Mademoiselle !
- Oui ?
- J’ai une enveloppe à vous remettre.
- Ah… je vous remercie.
- De rien, ce fut pour moi un plaisir ! Revenez quand vous voulez !

    Sur le trottoir, Sarah ouvrit l’enveloppe et lu les instructions relatives à la suite de sa mission, comme d’habitude - on constate à quelle vitesse les habitudes s’installent, jusqu’au cœur même des aventures les plus échevelées.

    Très chère Sarah,

    Je pense que votre sens visuel n’aura pas été trop mis à l’épreuve par ce petit spectacle qui, je l’espère, fut à votre goût. Retournez maintenant à votre voiture. Glissez alors les boules de geisha dans votre vagin qui devrait être bien humide, puis partez sans tarder au […]. Le code d’entrée de cet immeuble est le […]. Montez au 3ème étage, et vous trouverez sur la porte de gauche une enveloppe à votre intention. Ouvrez la et suivez les instructions.

    Aux intenses plaisirs imminents,

Vagant

    PS : Vous trouverez ci-joint une suggestion d’itinéraire.

    En voyant la carte de l’itinéraire suggéré traverser tout Paris, Sarah pensait que ce devait bien être l’épreuve la plus difficile lorsque son téléphone sonna. Ce qu’elle entendit la fit brutalement atterrir.

À suivre…

13 juillet 2007

La Bambouseraie (3)

C’est un labyrinthe au sol dallé qui serpente entre des parois de bambous, souples, impénétrables. Elles bruissent au moindre souffle, et sont par endroit si hautes qu’elles semblent s’effondrer sur nous. Malheur à celui qui s’en approcherait de trop près. Les feuilles sont coupantes. Au détour d’un chemin, une voix, ou plutôt un gémissement nous confirme que la bambouseraie est dédiée aux jeux de l’amour et du hasard. Tout excités, nous pressons le pas, main dans la main, et nous finissons par tomber nez à nez - façon de parler - sur un couple très expressif. Ici, les parois de bambous forment une sorte d’alcôve, avec un profond hamac pour tout mobilier. Une petite rousse y est étendue, sur le dos, les cuisses repliées sur son ventre pour mieux offrir sa vulve aux lèvres gourmandes de son compagnon, un grand brun dégarni aux épaules puissantes. Accroupi sous le hamac, la queue dressée prête à l’attaque, sa tête traverse littéralement le filet astucieusement fendu à l’endroit stratégique. La femme nous sourit, nous constatons que la chaîne signifiant « occupé », pendouille à l’entrée de ce « coin câlin » au lieu d’en barrer l’accès. Le code est explicite. Nous pourions nous approcher, participer peut-être à leur jeu... J’échange un regard avec Mathilde, nous rendons un sourire complice à la femme alanguie, et nous continuons notre exploration.

Les tours et détours du labyrinthe se succèdent sans nous donner le moindre repère, jusqu’à nous mener à une nouvelle attraction qui n’attendait plus que nous. C’est une balançoire malicieuse dont l’assise est une sorte de bouée. Lorsque Mathilde s’y installe en riant, ses fesses s’y enfoncent et toute son intimité s’en trouve largement ouverte. De la voir ainsi offerte à mes poussées, j’ai le ferme désir d’en profiter, dans tous les sens du terme. Je me place derrière elle pour impulser quelques va et vient. À chaque oscillation, mon sexe érigé frôle sa croupe tendue, comme le battant d’une cloche qui sonnerait le tocsin de notre union imminente...

La suite n’appartient qu’à nous et n’a pas grand chose à voir avec les prestations de cet hôtel, hormis le dîner correct sans plus. Toujours est-il qu’après une nuit riche en émotions, je remets les clefs au réceptionniste.
- Que pensez-vous de notre vidéo interne ? S’enquiert-il en me donnant la facture ?
- Je ne sais pas ? Qu’est-ce que c’est ?
- C’est un système que nous avons acheté au Japon, me répond-il fièrement. Là bas, ça fait fureur dans les Love-Hotels. On l’a installé ici la semaine dernière. Toutes les chambres en sont équipées, et les images prises dans les chambres sont diffusées dans les autres chambres de l’hôtel. Vous n’avez pas remarqué la petite caméra au pied de votre lit ?
- ...
so sorry...- Ne vous inquiétez pas ! Aucune image n’a été prise à votre insu ! Cette vidéo interne permet aux couples libertins de s’exhiber, et de prendre contact avec un autre couple de l’hôtel. C’est bien fait. Pour voir, il faut montrer. Et pour pouvoir contacter un autre couple avec la ligne téléphonique interne de l’hôtel, il faut qu’il y ait intérêt mutuel. C’est basé sur un système d’options... Mais j’espère que vous reviendrez pour essayer !
- Oui... peut être... je vais déjà regarder sur le net, il doit probablement y avoir un descriptif technique. Comment s’appelle ce système ?
- Surprise sur prise.

 

05 juin 2007

Traitement de choc

medium_infirmiere.jpgJ’ai chaud et je grelotte. Etendu entre des draps trempés, courbaturé par la fièvre, je somnole depuis des heures sans vraiment trouver le sommeil. Je viens d’être admis au service des maladies tropicales de l’hôpital. Crise de palu, Halfan en intraveineuse. Quitte à être sérieusement malade, c’est bien le palu. Ce n’est pas contagieux, il n’y a pas de séquelles quand c’est soigné à temps, et ça fait baroudeur. Définitivement plus sexy que la fièvre jaune. On frappe à la porte, trois petits coups qui résonnent comme le tocsin dans mon crâne douloureux. J’émerge juste assez de ma torpeur pour bredouiller un « Entrez » bien tardif, car déjà la fine silhouette d’une infirmière s’approche de moi dans la pénombre de la chambre. Mince, les cheveux noirs mi-longs, les yeux clairs, son uniforme blanc et court dévoile des jambes dont la finesse est rehaussée par des escarpins à talons hauts qui ne semblent pas très appropriées pour arpenter les couloirs d’un hôpital. Je ne reconnais décidément pas la matrone bourrue à laquelle j’avais eu à faire jusqu’à présent, et lorsqu’elle pose délicatement sa main sur mon front, je tente de me présenter aussi bien que la situation me le permet.

- Bonjour… moi c’est Vagant… mais vous le savez sans doute… c’est sur mon dossier… et vous ?
- Eva. Mais vous êtes brûlant. Retournez-vous, je vais prendre votre température.
- Mais… pas dans la bouche aujourd’hui ?
- Non, il ne nous reste plus que des thermomètres anaux. Détendez-vous…

Ses mains fines baissent la culotte de mon pyjama, dévoilent mon pauvre postérieur livré à ses mains douces qui écartent les lobes charnus avant d’y glisser le thermomètre. Curieusement, elle semble avoir du mal à le poser correctement car elle doit s’y reprendre à plusieurs fois, le fait entrer et sortir tout en flattant doucement mes fesses de la paume de la main, en disant d’une voix suave « détendez–vous… ça ne fera pas mal… détendez-vous » Je me détends, et me soumet de bonne grâce à ces va-et-vient, de plus en plus amples et profonds, qui risquent fort de faire grimper en flèche ma température. Son autre main qui s’est glissée entre mes cuisses n’arrange rien à l’affaire. « Voulez vous écarter les cuisses, il me semble que vous avez des ganglions » Je m’exécute, un peu gêné à l’idée qu’elle découvre l’excitation que sa prise de température a provoquée, et j’offre mon entrejambe à ses palpations thérapeutiques. « Vous êtes sûre que ce sont les ganglions ? » Dis-je dans un souffle alors qu’elle me masse doucement les testicules. Elle ôte alors le thermomètre et s’exclame « 39.5 ! Je dois vous faire un examen approfondi ! » Joignant aussitôt le geste à la parole elle glisse prestement sa main sous mon ventre pour empoigner mon phallus.

- C’est bien ce qui me semblait, vous êtes atteint d’une violente crise d’érection fébrile. Retournez-vous que je vois ça d’un peu plus prêt !
- Oui mais le thermomètre me dérange en peu...
- Ce n’est plus le thermomètre cher Monsieur !

Je me retourne donc, pendant qu’elle poursuit sans vergogne ses attouchements qui ne me semblent plus très médicaux, livrant maintenant mon érection fébrile à son examen attentif. « Hummmm… vous êtes bien atteint » dit-elle avec la joie du médecin sûr de son diagnostic, le refoulement en moins, avant de faire glisser son doigt le long de mon sexe tout en énumérant les symptômes dont je suis supposé souffrir. « Gonflement des tissus… dilatation de la verge… gland rouge et turgescent… au bout duquel pointe une petite goutte translucide »  Elle cueille la goutte au bout d’un doigt et le porte à ses lèvres, comme ces médecins du 17ème siècle qui n’hésitaient pas à goûter les sécrétions de leur patient, mais sans leur jeter pour autant des regards lubriques. « Liqueur séminale de première qualité !» s’exclame Eva en ouvrant sa blouse sur des dessous qui ne cachent rien. « Il vous faut un traitement de choc cher Monsieur ! »

J’ai beau ne plus avoir tous mes esprits, je crois savoir où elle veut en venir et je me prête bien volontiers à son traitement de choc, qui commence par la vue de son corps de liane, à la féminité exaltée par un ensemble de dentelle pourpre assorti à la croix rouge de son couvre chef, le dernier attribut de sa fonction puisque sa blouse vient de glisser à ses pieds dans un bruissement délicieux. Sans perdre une once de son sérieux uniquement trahi par son regard brillant, elle monte sur mon lit, enjambe mon visage et écarte sous mes yeux ébahis sa vulve épilée. « Il faut combattre le feu par le feu » dit-elle dans un accès de lyrisme hospitalier « Vous allez absorber une bonne rasade de liqueur féminine pendant que je vais soigner votre turgescence. Allez-y, sucez bien la petite pilule rouge, sans la croquer, et lapez tout ce que vous pouvez, ouiiiiiii, comme çaaaaaa, c’est trèèèèèès bien… continuez… ne vous arrêtez surtout paaaaaaas… »

Comme un bon malade, j’obéis aux injonctions de l’infirmière et suce vigoureusement sa petite pilule qui ne fond ni dans la main ni dans la bouche, bien au contraire, avant de laper à la source sa liqueur qui inonde mon visage. Par goût de ce traitement plus que par le seul désir de guérir, je m’y astreins scrupuleusement bien que les directives d’Eva se soient depuis longtemps transformées en une succession d’onomatopées satisfaites et étouffées par mon sexe. Car telle est la seconde partie du traitement, une vigoureuse masturbation doublée d’une fellation brûlante. A vrai dire, au lieu de me guérir, j’ai l’impression de lui avoir communiqué ma fièvre, et pour en avoir le cœur net, je saisis le thermomètre laissé sur ma tablette et je l’enfonce dans son anus palpitant. Je vois alors la colonne de mercure dépasser une à une toutes les graduations, atteindre les limites ultimes du tube, et j’éjacule dans sa bouche ma lave brûlante…

« Température ! » J’ai à peine ouvert les yeux que l’aide-soignante ventrue s’est jetée sur mon lit et a écarté les draps sans autre forme de procès, avant de me juger d’un regard outré : « Mr Vagant, à votre âge, et dans un lit d’hôpital ! Vous n’avez pas honte ! »

09 mai 2007

Plongeon

Attention, c'est hard! Si vous n’avez pas 10 minutes tranquilles devant vous pour lire ça, ami lecteur, revenez plus tard.
C’est bon ? Prêt pour les émotions fortes ? Attachez votre ceinture ! Maintenant jouez le podcast et lisez lentement. Le morceau dure 9 minutes, assez pour vous raconter ma plongée du jacuzzi à la plonge...

podcast

 

Il est seize heures et j’ai encore les mains dans l’eau. À ma gauche, les assiettes sales. À ma droite, les propres. Bientôt ce sera le tour des tasses à café et des petites cuillères. Une bonne vingtaine, correspondant au nombre de mes amis réunis. Ils sont tous là, j’entends leurs rires d’ici, de ce recoin où je fais la vaisselle. Cependant, je ne reconnais plus très bien leur voix. Dans mon esprit, elles se sont comme dissociées de leur visage dont je me souviens encore, ou de leur prénom qui me rappellent toujours, mais toujours un peu moins, mes plaisirs futiles. Les tasses arrivent. Lib les dépose au bord de l’évier avant de retrouver mes amis. Elle va leur servir sa farigoule dans des verres à cognac, et puis sa dernière histoire, en avant première, avant de la publier sur son blog. J’espère que mes amis lui feront bon accueil. Une petite standing ovation serait idéale. Il faut dire que la suite de ma journée en dépend.


Je plonge les tasses dans l’eau avant que le sucre ne colle au fond. Toutes sauf trois sur lesquelles il y a des traces de rouge à lèvre. Je les regarde d’un peu plus près, espérant reconnaître l’empreinte de lèvres que j’aurais baisées. Je jette un bref coup d’œil vers l’entrée de la cuisine pour m’assurer que Lib ne revient pas, et je goutte une des tasses. Je colle mes lèvres juste sur la trace de rouge, comme un chien abandonné mordille un os trouvé dans une poubelle dans l’espoir déçu de recueillir sur ses babines le goût du temps où il était aimé. Ça n’a qu’un goût de cosmétique. Là bas, dans la salle, quelques applaudissements affables ponctuent la lecture de Lib. Elle ne leur a pas servi son meilleur cru. D’ailleurs les verres de farigoule reviennent à moitié pleins. Sans même tourner la tête vers elle, à la violence froide du cliquetis des verres au bord de l’évier, je sais que Lib est en rogne. Je ne les plonge pas dans l’eau. Ils attendront là, jusqu’à ce qu’elle les vide. Un à un.

J’ai entendu la porte se refermer. Mes amis sont partis. J’écoute avec appréhension les pas de Lib qui revient vers la caisse. Elle tapote fébrilement sur sa calculette, et puis elle soupire en venant lentement vers moi. Je crains le pire.

- Tes pâtes étaient trop cuites, mon bichon.
- Ah... Je suis désolé, ce n’est pas facile depuis que le sixième feu est mort...
- Je ne veux pas le savoir, tu prends tes dispositions c’est tout. Que ça ne se reproduise pas ! menace-t-elle en s’enfilant le premier verre de farigoule.
- Oui Lib.
- Oui Lib... Oui Lib... C’est tout ce que tu sais dire ? Je t’avais dit que mon restaurant n’est pas prévu pour les groupes !
- T’es quand même bien contente que mes amis y organisent des déjeuners de temps en temps, non ?
- Tes ââââmis... tes ââââmis... parlons en de tes ââââmis! Qui t’est venu en aide quand tu t’es fait virer de ta boite pour faute lourde parce que tu dragouillais tes fameuses amies sur le net ? Et qui t’a recueilli quand c’est ta femme qui t’a lourdé parce que tu ne t’étais pas contenté du net ? QUI ? éructe Lib qui ponctue sa question par le second verre de farigoule. Cul-sec.
- C’est toi Lib...
- Et qu’est-ce que j’ai en compensation ? Un plongeur qui me casse la moitié de ma vaisselle...
- Oh! Au début, plus maintenant...
- Un cuisinier qui fait trop cuire mes pâtes quand elle ne sont pas trop salées...
- J’ai été débordé, tout le monde a choisi un plat différent...
- Et un homme de ménage pas foutu de nettoyer la salle convenablement après le service ! maugrée-t-elle en sirotant le troisième verre de farigoule.
- T’oublies que je suis bénévole ! Ça fait trois mois que je travaille ici, et tu ne m’as  pas payé...
- Bénévole ? Nourri, logé, blanchi ! T’appelles ça du bénévolat, toi ? Tu sais ce que ça coûte un loyer à Paris ? Tu veux faire un stage chez mes potes SDF ? hurle-t-elle en brandissant la bouteille de farigoule aux trois-quarts vide.
- Oh non Lib, je t’en prie... Dis-je en la regardant un instant dans les yeux, avant que mon regard ne fuie la lueur salace qui brille déjà dans le sien.

Je prends les verres à cognac qu’elle a vidés, histoire de me donner une contenance, et je commence à les laver. Mais elle s’est plantée derrière moi maintenant. Tout contre moi. Elle achève la bouteille de farigoule. Au goulot. Je sens son haleine lourde avant d’entendre sa voix râpeuse qui se veut enjôleuse.

- Alors mon bichon, il va peut-être falloir songer à me remercier.
- Merci Lib...
- Mieux que ça mon bichon, glousse-t-elle en me serrant contre elle par derrière.

Sans relâcher sa prise, elle déboutonne la ceinture de mon pantalon, et elle glisse sa main dans mon slip.

- Ben alors mon Bichon, ta nouille est trop cuite ?
- Lib, j’ai les mains dans l’eau et...
- Tsss... tsss... tsss.... Bien loin est le temps où Vagant se vantait de ne pas retirer son pantalon sans que ne jaillisse une érection. « Comme un diable qui sort de sa boite », qu’il disait le Vagant. Tout se perd ma p’tite dame, moi j’vous l’dit ! Claironne-t-elle avant de faire tomber le pantalon sur mes chevilles.
- Ma p’tite dame ?
- T’es devenu une vraie gonzesse Vagant. Même pas une gonzesse, une serpillière. Rien dans le froc et pas de chatte à prendre. Un eunuque comme on dit dans la littérature. Tu devrais le savoir, Vagant, toi qui citait Montesquieu à tout bout de champ.
- C’est juste une petite panne Lib. J’ai pas trop le moral...
- Soit tu bandes, soit tu me donnes ton p’tit cul Vagant. T’as le choix ! menace Lib avant de lécher les dernières gouttes au goulot de la bouteille de farigoule, à moins que ce soit pour mieux me la mettre.
- Lib, je t’en prie, dis-je d’une voix suppliante.

medium_farigoule.2.jpgInflexible, Lib glisse le goulot de la bouteille entre mes fesses. Je sens le verre dur et froid buter contre mon petit trou crispé. Pourvu qu’elle ne casse pas la bouteille ! J’essaie de me détendre en minaudant des fesses pour tenter de l’amadouer. Si seulement je pouvais bander. Lib glousse, ça a l’air de l’amuser, ça va peut-être finir par la détendre. Elle me triture les couilles avec l'autre main. Ses ongles me blessent un peu. Si seulement je pouvais bander. Il faut que je fasse diversion.

- Je vais te sucer Lib !
- Si je veux ! Tu vas déjà me laper le cul comme la chienne que tu es. Si tu le fais bien, t’auras le droit de me sucer le clito.
- Merci Lib...
- Tu me prends pour une idiote ? Tu t’imagines que ton petit cul va m’échapper ? Pose la bouteille par terre et assieds-toi dessus !
- Quoi ?
- Assieds-toi dessus, je te dis! Que je vois le goulot de cette bouteille te percer le cul pendant que tu suces le mien avec délicatesse !

Elle me tend la bouteille et elle attrape la cravache avec laquelle elle me menace régulièrement. Je pose la bouteille par terre, je m’accroupis dessus, et mon anus vient à nouveau buter contre le goulot dur et froid. Lib me regarde avec un sourire sadique tout en déboutonnant son jean qu’elle laisse glisser à ses pieds, suivi aussitôt de sa petite culotte. Elle se retourne et, souple comme un serpent, elle se penche en avant jusqu’à ce que sa tête apparaisse à l’envers, entre ses genoux. Elle est aux premières loges. Impossible de lui échapper. "Lèche !" ordonne-t-elle d’un ton sans appel.


Lib a un corps élancé à la croupe somptueuse. Ronde, évasée juste comme il faut, on dirait qu’elle a été taillée pour faire de la pub weight watcher. Y faire courir ma langue n’est pas déplaisant. J’adorais ce genre de truc, avant. D’ailleurs ça finit par m’exciter un peu, je le sens, ça va venir. Si seulement il n’y avait pas cette maudite bouteille qui me fait mal. J’ai mal aux cuisses à force de résister à mon propre poids. Je vais finir par m’empaler dessus.

- Pas mal Vagant. Si t’as un poil dans la main, t’as toujours la langue bien pendue. Et la bouteille, ça avance ?
- Laisse moi te lécher la chatte Lib, je t’en prie, tu verras, ça va te plaire.
- Pas avant d’avoir vu ton cul ouvert à travers le verre de cette bouteille !

J’essaie de me détendre, mais rien à faire, je suis trop crispé. Il faut que je me concentre sur ses fesses à elle, il faut que je la désire, ou que je pense à une autre, ou à n’importe quoi pourvu que je bande. Avant, avant, tout aurait été autrement. Avant ça m’aurait excité de la lécher dans sa cuisine et de la baiser sur l’évier. Il faut juste que je me dise que rien n’a changé pour que je bande comme avant. Rien n’a changé! J’ai toujours un bon job bien payé qui me laisse le temps de séduire de jolies filles avec lesquelles je me prélasse dans les jacuzzis d'hôtels de charme. Elles aiment ça, être traitées comme des reines, et puis baiser comme des bêtes. J’excite Lib parce que j’ai la réputation d'être un bon coup, alors elle m’a invité à lui en donner, un petit coup de main dans sa cuisine. Moi, j’aime faire plaisir, c’est ma raison d’être. Donner du plaisir. Alors je lui lape le cul parce que c’est mon bon vouloir, mon bon pouvoir. Après elle n’en pourra plus. Elle sera asservie à ma langue, elle ne pourra plus s’en passer, et elle m’aimera. Oui, elle m’aimera, comme les autres, comme toutes les autres qui sont dingues de moi, et je régnerai sur elle, comme je règne sur elles toutes, asservies à mes mains qui les fouillent, à ma bouche qui les baise, à ma langue qui les suce, à ma queue qui les prend et qui les fait jouir. Ah, elle n’y a pas encore goûté à ma queue, elle ne sait pas ce que c’est que de l’avoir dans la chatte, dure, raide comme une saillie, elle ne sait pas ce que c’est que de se faire sillonner l’entrecuisse par mon soc de charrue, elle ne sait pas ce que c’est que de se la faire remuer en profondeur, se faire retourner le ventre... Elle ne sait pas ce que c’est que de se faire prendre par Vagant. Attends un peu Lib, ce n’est pas pour rien que je te lèche le petit trou. Attends donc, tu ne perds rien pour attendre, je vais te la mettre bien profond, bien fort, bien plus fort que cette putain de bouteille... Non ! Pas de bouteille ! Pas penser à la bouteille qui me fait mal, non, pas la bouteille, sinon je ne vais plus bander... Je te lèche le petit trou Lib, parce que c’est ma destinée. Je te lèche l’anus parce que je vais t’enculer !

- Alors Vagant, on dirait que la farigoule te donne des forces ? Il faudra recommencer !

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"Ami" lecteur, Si vous voulez comprendre comment tout cela m'est arrivé, comment je me suis retrouvé dans cette situation, c’est là…
 

13 avril 2007

In Clito Veritas (2)

La courtisane contacta en grand secret cinq de ses intimes. Elle les choisit pour leur rouerie, bien sûr, mais surtout pour leur silhouette proche de la sienne, élancée et gracile. Elle leur apprit le jeu, leur donna le secret de ses parfums et crèmes, pour que toutes fussent enveloppées du même nuage odorant. Toutes s'épilèrent de la même manière. Perfectionniste, la courtisane organisa des soirées où ses amies purent voir sa façon de bouger, d'onduler sur les corps masculins. Amusées, elles copièrent ses mouvements de hanches, ses indéfinissables langueurs, ses abandons et ses reprises. En quelques jours d'essais assidus, la coquine cohorte connaissait tous les vices et artifices de la taquine maîtresse.

La petite courtisane n'avait pas eu une vie facile, luttant de ses seuls charmes pour être partout la première. Très vite, elle avait compris le pouvoir du sexe sur la gent masculine, appris les secrets de la séduction. Elle avait conquis les plus grands, mis à ses pieds les plus riches, au prix de parjures et de trahisons qui ne lui importaient pas. Elle ne connaissait ni l'amour, ni le remords. L'œnologue fut une proie en vogue pour ses compagnes, elle décida donc de l'avoir. Par jeu, par provocation, par fierté.

Elle l'eut donc, avant de comprendre que la réciproque était vraie, pour la première fois. Il refusait de lui donner son nom. Et elle dissimula sous une apparente indifférence ce qui n'était que sa première douleur de femme amoureuse. Elle organisa donc ce jeu, mettant au défi son talent, pour enfin, espérer être à lui sous le prétexte avouable d'un accomplissement social qui soudain lui semblait vain. Sa moue à lui devant sa proposition montra qu'il fut dupe, il la crut vénale, et ce regard glacé manqua la faire tituber de douleur. Ils ne s'étaient jamais avoués leur amour, par fierté, par peur de n'être chéris en retour.

Le cœur du château de Castignac n'est pas la majestueuse salle de réception, ornée des armoiries séculaires, ni les cuisines médiévales, ni les multiples chambres dont les noms évoquent tout l'arc en ciel. Non, le cœur du château, ce sont ses fondations, les antiques caves voûtées, le repère de monsieur l'œnologue, le centre de son monde. Et ce soir, sur l'imposante table en chêne massif qui accueille la dégustation des meilleurs crûs, ce ne sont pas de précieux millésimes qui sont alignés, mais monsieur l'œnologue lui-même qui est enchaîné, allongé, les yeux bandés, attendant patiemment le début de la dégustation.

Enfin, projetée par les torches suspendues, une ombre s'avance, dansante, tremblante, déformée jusqu'à être grotesque, mais néanmoins émouvante, plus précise lorsque celle qui en est la cause se glisse sur la table, écarte les cuisses pour enjamber le visage du dégustateur, silencieusement. Monsieur l'œnologue perçoit la douce chaleur de l'intimité offerte, un parfum artificiel masquant le bouquet intime, ténu, imperceptible au commun des mortels, mais qui se révélera au cours de la dégustation.

Méthodiquement, de la pointe de la langue, son seul organe libre de mouvement, il parcourt le pourtour des lèvres offertes, du périnée au clitoris, pour jauger la forme et la taille de ce calice. Fin, allongé, apparemment étroit, celui ci lui évoque immédiatement une flûte à champagne. A ce subtil contact la belle émoustillée libère tous ses arômes, légèrement fruités bien qu'encore fermés, qu'il hume, alternant les inhalations courtes, puis profondes, en douceur puis insistantes, alliant bientôt la langue au nez pour libérer la divine liqueur, s'apprêtant à la tirer du cœur de l'intimité offerte. Mais c'est elle qui vient à lui, abondante, satinée voire festive, dans un orgasme explosif qui retentit en un rire cristallin. Il s'en délecte. S'impose alors à lui le portrait d'une jeune fille, blonde, fine, exubérante jusqu'à l'effervescence, et qu'il se plait à imaginer champenoise. Assurément, ce n'est pas elle.

Ainsi continue cette étrange dégustation, de filles en femmes, d'extases en ivresses, Sud- Africaine callipyge et charnue, Savoyarde lippue et longue en bouche, Australienne ouverte et souple, Alsacienne fraîche et capiteuse, imperturbable défilé dont monsieur l'œnologue sort excité mais épuisé, au bord de la rupture mais frustré, surtout de ne pas avoir encore reconnu sa belle parmi celles qu'il a dégusté. Il en reste une, ce ne peut être qu'elle.

Au rythme de ses pas élégants et racés, à peine s'est-elle approchée qu'il l'a reconnu. A ses arômes complexes aux notes exotiques d'épices et d'herbes, à peine s'est-elle installée qu'il en est sûr. Il ne la dégustera pas. Non. Il savourera sa volupté sensuelle et décadente, jusqu'à la jouissance, les larmes aux yeux. Il doit maintenant donner son choix puisque l'heure du verdict a sonné...

Elle avait regardé ses compagnes chevaucher son amant, offrir leurs croupes affriolantes, le cœur battant. Au fond d'elle-même, elle souhaitait tellement qu'il la reconnût, qu'elle fût unique à son âme. Elle s'était approchée, tremblante, avait senti ses caresses adorées, eut envie de cesser ce jeu idiot pour le serrer contre son cœur. Mais déjà, il avait fallut partir, écouter le verdict.

"La première" dit-il d'une voix étranglée.

La douleur qui la transperça dépassa la joie d'être enfin l'épouse. Les larmes coulèrent, brûlantes, et toutes ses complices furent bouleversées de son émotion de jeune mariée. L'œnologue, lui, avait quitté la salle.

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J'ai écrit ce texte en 2001 avec Carole. Je ne peux songer à elle sans émotion, pensez-donc, une de mes premières amantes et sans doute ma première liaison. Chacun d'entre-nous avait écrit quelques paragraphes de cette courte nouvelle. Ces paragraphes apparaissent avec une couleur de fond différente selon son auteur. Saurez-vous retrouver qui a écrit quoi ?

11 avril 2007

In Clito Veritas (1)

Debout dans cette pièce au charme tamisé, les yeux bandés, l'homme se tait. Il se concentre sur la délicate mission qui s'offre à lui. Des trois somptueuses beautés qu'on va lui présenter, trois amours parmi tant d'autres, saura-t-il retrouver pour chacune, son nom ? Saura-t-il se remémorer dans quelles conditions il les a connues ? Comment elles ont, de leur charme insolent ou discret, su conquérir ses sens? Certaines sont encore brûlantes à son esprit, d'autres plus floues, toutes l'ont ému. Et aujourd'hui, aujourd'hui, il va revivre ses passions.

D'une voix neutre, le Juge lui ordonne de s'approcher du premier calice. Timidement, il s'approche d'elle, les lèvres tendues, la narine aux aguets. Il manque défaillir... ce parfum, cette volupté ! Il ne connaît qu'elle. Il est avide maintenant, boit son nectar, se délecte de cette divine liqueur, essence de l'amour... Il sait qui elle est, et il revoit l'ivresse délicieuse de l'instant passé auprès d'elle. Tremblant, il prononce son nom du bout des lèvres, et le Juge ne peut que sourire devant son talent. "Qu'on amène la seconde !"

L'homme, bouleversé encore des effluves de son premier émoi, titube vers la deuxième épreuve. Et là encore, la magie opère. En lui aussitôt, il se remémore la divine robe veloutée de ce soir de juillet, son émotion à peine contenue de toute la soirée, jusqu'à, enfin, tout savoir d'elle, qui elle était, ce qu'elle faisait en ces lieux, tellement médiocres pour elle. Là encore, son nom sort dans un souffle, épris d'amour éperdu. Le Juge jette un regard aux autres membres de ce curieux jury, on y lit de l'admiration. L'homme voudrait rester encore auprès de sa conquête retrouvée, lui crier son bonheur, mais il lui faut déjà découvrir la troisième identité.

Encore une fois, à tâtons, il goûte à même ce temple du plaisir, s'adonne à l'ivresse de la volupté. Et là encore, c'est le déclic. Comment le Jury a-t-il pu réunir les trois grâces qui ont bouleversé sa vie ? L'Homme manque défaillir, s'approche encore de la belle, laisse glisser sur sa langue les saveurs adorées, brûle de la posséder... Il n'en peut plus, la jouissance est trop forte.

"Château Petrus, 1985" murmure enfin l'œnologue, dans un souffle.

Monsieur l'œnologue n'avait pas atteint sa renommée pour son un profil d'oiseau de proie, mais pour les qualités concentrées entre son menton fuyant et son nez crochu, une bouche aux lèvres pleines dessinant en permanence un sourire carnassier. Bien sûr, ce n'était point l'apparence de cette bouche qui était remarquable mais bien ce qu'elle renfermait, un palais exceptionnel capable de disséquer les saveurs les plus subtiles, servie par une langue acerbe toujours prête à empaler ses ennemis au pilori de ses bons mots.

Pourtant, ce que les hommes ignoraient, et que bien des femmes savaient, était le miel que cette bouche savait distiller à la gent féminine, sa promptitude à embrasser et embraser les sens, sa capacité à faire naître le plaisir même dans les cas les plus désespérés. Ainsi, les mauvaises langues de la bourgeoisie provinciale se complaisaient en gorges chaudes, expliquant à mots à peine couverts comment sa langue agile avait su convaincre la veuve de Castignac de le coucher dans son lit et son testament, ce qui lui avait permis de devenir propriétaire d'un des plus beaux châteaux bordelais à la mort de la vieille dame dont, dit-on, le cœur n'aurait pas survécu à la chamade qu'il devait battre chaque nuit.

Monsieur l'œnologue, ainsi veuf, n'avait pourtant pas souhaité unir son cœur à celui d'une des jeunes filles de bonnes familles, dont les mains tendues étaient prêtes à panser sa plaie supposée, et saisir sa fortune nouvelle. Non, il préféra unir son corps à ceux des courtisanes qui voletaient sans répit autour de lui. Et parmi elles, il finit par en préférer une. Non pas qu'elle fût particulièrement belle, mais elle avait ce charme inimitable et cet esprit de libertinage qui lui plaisait tant, lorsque, en sa demeure seigneuriale, il organisait ces mystérieuses fêtes galantes.

Un jour, ou plutôt une nuit, alors qu'il psalmodiait à l'oreille de sa belle une improbable litanie d'amour, elle lui lança un défi. Un défi à sa qualité et son organe le plus remarquable, un défi à l'amour du corps qu'il encensait sans cesse, puisqu'il n'était point question de cœur. Serait-il seulement capable de la reconnaître, elle, avec pour seuls sens ceux qui lui avaient apporté fortune et célébrité, la reconnaître parmi une demi-douzaine d'autres avec sa seule bouche. S'il y parvenait, elle serait son esclave. Sinon elle deviendrait sa femme.

A suivre...

21 mars 2007

Quand j'étais un fake (3)

medium_Sherazade.jpgAoût 2006. Après une unique rencontre mémorable, j'ai retrouvé Marianne sur un forum de discussion. Retrouvé n'est pas le mot juste. L'incroyable séductrice m'y avait plutôt attiré, ainsi que mon vieux complice Guillaume, et elle avait animé mon mois d'Août solitaire à grand renfort de mystères et énigmes au cours desquelles j'avais croisé Mathilde. Par jeu, Mathilde en vint à me proposer une rencontre, à condition que je parvienne à séduire un homme en me faisant passer pour une femme. D'autre part, j'avais promis à Marianne de lui offrir une nuit avec Guillaume, une nuit digne des mille et une nuits. Pour résoudre ce double défi, je décidai donc de séduire Guillaume en me faisant passer pour une femme, au point de lui donner un rendez-vous dans une chambre d'hôtel obscure auquel Marianne irait à ma place.

Pour commencer, j'écrivis une petite fiction sous le pseudonyme Tessa, fiction dont la supposée beauté littéraire me permettrait peut-être d'exciter la curiosité de mon camarade de jeu. Échec total: je ne parvins à intéresser que quelques femmes et travestis. J'optai alors pour une plus approche directe sur une discussion ayant trait à la grande passion de Guillaume: le cunnilingus.

 

16 Août

Tessa: Sans vouloir être indiscrète, combien de cunnis as-tu réalisés depuis le début de ta carrière cunnilinguale ? Y a t'il des trous dans ton cunniculum vitae ? Quelles sont les principales qualités d'un cunniphile: avoir la langue bien pendue, ne pas avoir la langue dans sa poche, ou bien être doué pour les langues vivantes ? Et enfin, comment bénéficier de ton offre alléchante ?

Guillaume: Peut-être qu'en allant lire (depuis le début, cela va de soi pour une meilleure compréhension) le blog dont le lien est attaché à ma signature (en tout petit en bas de ce mail) vous découvrirez la clé de votre interrogation... 

Tessa: Tout d'abord, je vous prie de me pardonner ma familiarité. Après tout, nous n'avons pas gardé les clitoris ensemble, et vous avez bien fait de corriger mon intempestif tutoiement. Guillaume, si j'ai eu le plaisir de parcourir votre blog, je n'ai pas eu le courage de compter vos conquêtes. De surcroît, rien ne dit que ce blog est exhaustif. Et puis, pour tout vous dire, j'espérais surtout attirer votre attention avec mes calembours pour sortir du lot des foufounes baveuses qui attendent votre liquette. Malheureusement pour moi, vous semblez déjà avoir de remarquables partenaires de jeu qui ont su retenir toute votre attention, et à côté desquelles je fais pale minette. Devrais-je donc vous écrire un email qui sera dûment classé et auquel vous répondrez par ordre d'arrivée ?

Guillaume: Les "foufounes baveuses" apprécieront...
Pour ce qui est de l'avant dernière phrase de votre missive, je ne peux malheureusement que vous donner raison... [ndlr: smiley qui pleure]

Tessa: Vos messages ont pour signature: "J'aime l'humour, ça me fait rire".
Ma tentative vous aura fait pleurer, mais pas de rire malheureusement...

Guillaume: Ben oui... J'aime l'humour !
En revanche, votre remarque était -je trouve- irrespectueuse pour toutes celles qui se plaisent à faire vivre cette belle aventure...
Et j'accorde trop d'importance au respect pour parvenir à m'en moquer...

Tessa: On peut rire de tout mais pas avec tout le monde. J'ai eu le tort de penser nous pouvions plaisanter au sujet du sexe féminin, mais visiblement, l'adoration que vous lui portez semble vous empêcher de prendre le recul nécessaire. C'est un petit peu le problème avec cunni, on ne voit même pas jusqu'au bout de son nez ! (c'est de l'humour caustique et je ne sais même pas faire les smileys qui rigolent, scrogneugneu)

Guillaume: Je confirme...
Les "foufounes baveuses", ça ne me fait pas rire...
Pas plus que Bigard, même pas plus...
Désolé...

Tessa: Ah non, ça c'est Pierre Desproges ! Je ne citerais pas Bigard à un homme de votre goût. Au fait, vous êtes plutôt salé ou sucré ?

Guillaume: Mon bon goût est proverbial. Pour l'instant, j'avoue ne pas encore juger du vôtre...

Tessa: pour juger du mien il faudrait que vous daigniez vous pencher sur mon cas.

Guillaume: Reconnaissez que vous avez quelque peu raté votre entrée...
Comme lors d'un premier rendez-vous, certaines phrases ou attitudes peuvent plomber une rencontre...

Tessa: Oui, j'ai raté mon entrée parce que je me suis mal positionnée. Vous n'imaginez pas combien cela peut être instructif pour moi. J'aime les hommes qui me le rendent mal, car j'ai une approche beaucoup trop cérébrale. Je suis entré en contact avec vous comme un homme l'aurait fait. Une approche qui se voulait humoristique et qui ne s'est avérée que caustique et incisive. Vous y avez donc réagit comme à une agression. Maintenant je suis désemparée. Vous ne voulez pas m'aider un peu ?

 

Malgré les encouragements de Mathilde et Catherine censées suivre nos roucoulements, et qui assistaient plutôt à une lutte homérique, je ne voyais pas trop comment me sortir de cette situation. Catherine m'avait ainsi conseillé de prendre l'attitude plus humble que j'avais adopté dans mon dernier billet, m'affirmant que chez les femmes, l'humour caustique ne paie pas. J'attendis donc, le cœur battant comme une jouvencelle, une réponse qui ne viendrait que le lendemain

À suivre...

27 février 2007

De la domination

- Relève ta jupe !

Sylvie venait de son travail. Elle portait l'uniforme asexué de la working girl: un chemisier blanc, strict, sur lequel coulait la cascade de ses cheveux blonds, et une jupe grise qui ne laissait admirer que le galbe de ses hanches et le satin des bas sur ses mollets. Sa tenue austère était aux antipodes de celles sur lesquels le commun des hommes projette des perversions commerciales et formatées. Peut-être était-ce justement ce qui plaisait à l'homme assis face à elle, confortablement installé dans le fauteuil de la chambre d'hôtel où elle venait de rentrer. Il la regardait avec un sourire carnassier esquissé sur ses lèvres. Sylvie releva lentement sa jupe jusqu'en haut de ses cuisses, jusqu'à dévoiler la lisière de ses bas et de sa petite culotte blanche.

- Plus haut !

La voix de l'homme avait claqué comme un coup de fouet. Elle obtempéra en posant sur lui un regard un peu gêné. La lingerie qu'elle exhiba n'avait rien d'aguichante. C'était une petite culotte digne d'une première communiante.

- Fais un tour sur toi-même que je vois un peu ton cul !

Sylvie obtempéra sans broncher, en maintenant sa jupe relevée, comme intégralement soumise aux quatre volontés d'un homme qui aurait tous pouvoirs sur elle. Quand elle se retrouva de nouveau face à lui, il gloussa d'un rire narquois.

- Mais c'est mignon comme tout, tout ça. Tu vois la petite bouteille de miel sur la table ? Prends-la, et arrose ta petite culotte.
- Dessus ?
- Dedans, contre ta chatte. Je veux que ça dégouline.

Sylvie hésita l'ombre d'une seconde, puis elle prit la bouteille et fit couler le miel liquide à l'intérieur de son slip. Elle tressaillit au contact du liquide froid et onctueux lorsqu'elle relâcha l'élastique de sa culotte. Le tissu poisseux colla aussitôt à sa peau.

- Tu n'as pas honte de te comporter comme ça ?
- Si, un peu, souffla-t-elle.
- Je vais te faire rougir plus que ça. Tu sais comment j'ai décidé de t'appeler ?
- Non...

Sylvie avait répondu avec une assurance feinte. Elle mobilisait toutes ses ressources pour masquer son trouble.

- Ma petite chienne. Ca te plait ?
- Oui... murmura-t-elle.
- Et tu sais comment se déplacent les petites chiennes ? A quatre pattes !

Cette fois-ci, Sylvie ne put juguler le sentiment de révolte qu'elle sentit sourdre en elle. "Oh non..." était-elle sur le point de murmurer. Elle en esquissa le mouvement de la tête sans contenir la rougeur qui lui montait aux joues, avant de croiser le regard dur qui ne la lâchait pas. Elle s'agenouilla sur la moquette.

- A quatre pattes ! Répéta-t-il sur un ton autoritaire.

Elle posa ses mains par terre. Sa jupe relevée qui pendait sous son ventre ajoutait à la scène une obscénité dont elle n'avait que trop conscience.

- C'est bien ! Tu es une brave petite chienne bien obéissante ! Gloussa l'homme toujours assis dans le fauteuil. Regarde ce que ton maître a pour toi !

L'homme défit les boutons de sa braguette. Il en sortit sa verge raide au gland vermillon. Il enchaîna d'une voix gouailleuse.

- Viens ma petite chienne, viens ! Viens lécher la petite friandise que je t'ai apportée !

Sylvie approcha, à quatre pattes, et vint se placer entre les cuisses écartées de son maître. Elle se redressa pour prendre son sexe en main.

- Bas les pattes ! Prends-moi dans ta gueule et suce comme une bonne petite chienne !

Sylvie reposa ses mains par terre et goba le gland chaud qui palpitait sous son nez. Elle suça le phallus avec application. L'homme posa sa main sur la tête de Sylvie pour jouer avec ses longs cheveux blonds et lui caresser la nuque, tout en encourageant la belle jeune femme de la voix, comme si elle avait été un animal de compagnie. Soudain, il tira la tête de Sylvie en arrière pour échapper à ses lèvres gourmandes.

- C'est bien ma petite chienne. Maintenant, monte sur le lit, et toujours à quatre pattes !

Sylvie s'exécuta sans dire un mot. L'homme se leva à son tour, et il fit glisser son épais ceinturon des passants de son pantalon.

- Même si tu es une petite chienne bien obéissante, je crois qu'il faut quand même te dresser.

A ces mots, elle ne put retenir un frisson, mais elle garda la pose comme une chienne de race sur le podium d'un concours canin. Même asservie, elle gardait une distinction naturelle qu'il ne pourrait jamais lui arracher. Il fit glisser le cuir noir de son ceinturon sur la peau de sylvie. Il oscillait lentement et battait mollement contre ses fesses tendues.

- C'est très gentil... osa-t-elle dire d'un ton moqueur.

Clac ! Elle sursauta à peine au claquement sec de la ceinture sur ses fesses. Clac ! Cette fois-ci, c'était la main de l'homme qui s'était abattue sur sa croupe, qu'il malaxa aussitôt en prenant soin d'écarquiller la raie des fesses où s'enfonçait le slip souillé. Il glissa sa main sous le ventre de sylvie. Ses doigts s'attaquèrent aux boutons du chemisier, et il dégagea un de ses mamelons qu'il fit rouler entre son pouce et l'index.

- C'est bien, c'est bien disait-il, pourquoi devrais-je punir une petite chienne si docile.

Sylvie restait impassible. L'augmentation du rythme de sa respiration ne fût perceptible que lorsqu'il lui lia les poignets avec la ceinture. "J'ai encore une friandise pour toi", dit l'homme en se déshabillant. Il monta sur le lit, debout face à elle, et il fit couler quelques gouttes du miel au bout de son gland.

- Allez, fais la belle et suce !

Elle se redressa et suça à nouveau le gland, plus gonflé que jamais. Elle sentit qu'il était à point lorsqu'il se retira pour ouvrir le tiroir de la table de chevet. Il en sortit une lame de rasoir. Sylvie avala sa salive, mais n'esquissa pas le moindre mouvement de fuite. L'homme glissa ses doigts sous l'élastique de sa culotte, et elle entendit le bruit du tissu découpé. D'un coup, elle sentit que son slip souillé venait d'abdiquer sous la morsure de la lame. Le souffle chaud de l'homme se rapprocha.

- Je suis toute sale, toute collante, c'est horrible...
- Je vais te nettoyer.

Les lèvres de l'homme se posèrent à l'intérieur de ses cuisses, puis sa langue se mis à courir sur sa peau. Elle entendait l'homme gémir de contentement pendant qu'il la lapait à son tour, comme un chien. Sa langue inquisitrice s'immisça dans la vulve frémissante, et remplaçait le miel séché par un mélange de salive et de mouille qu'elle ne retenait plus. La langue glissait partout, dans tous les recoins les plus intimes, tant et si bien que ses gémissements à elle vinrent se mêler à ceux de son maître. Puis ils se transformèrent en râles lorsqu'il se mit à sucer son bouton avec avidité. Elle se concentra sur la houle de plaisir qui allait s'abattre au point que ses cuisses en tremblaient. Elle lâcha un cri en se sentant défaillir sous une vague de plaisir.

- Qui t'a autorisé à jouir ?

L'homme avait retiré son visage pour la laisser pantelante en plein plaisir ardent, mais inassouvi.

- J'ai trouvé une bonne raison de te punir ! Ajouta-t-il en riant.

Il ouvrit à nouveau la table de nuit pour en sortir un jouet étrange, violet, brillant, en caoutchouc très souple, comme un godemiché pointu qui s'élargissait vers la base en une succession de boules de plus en plus grosses. Il enfila un préservatif sur l'appareil.

- Tu vas avoir ce que tu mérites pour avoir désobéi à ton maître, vilaine petite chienne !

Les doigts de l'homme étalèrent une généreuse rasade de gel intime entre les fesses de Sylvie. Elle tressaillit sous la fraîcheur du liquide, à moins que ce fût sous la peur de ce qu'il annonçait, la peur d'avoir mal. Lorsqu'elle sentit la pointe du plug contre son anus, Sylvie essaya de se détendre, sans grand succès. La toute première boule était cependant si petite, que l'homme n'eut pas à appuyer pour l'enfoncer sans la moindre difficulté dans l'oeillet luisant de la belle captive. La seconde boule, à peine plus grosse, suivit le même chemin que la première, et pour la troisième, déjà plus conséquente, l'homme joua de sa langue habile contre le clitoris de la jeune femme afin de faciliter sa détente et la progression du godemiché. Lorsque la troisième boule fut entrée à son tour, l'homme enclencha  le vibreur de l'appareil sans cesser ses ardents baisers intimes. Sylvie avait beau être réfractaire à l'analité, elle dut admettre le plaisir envahissant que l'homme lui procurait en guise de punition. Il retira cependant l'engin de torture pour en remplacer le préservatif et glisser maintenant l'appareil dans l'antre de son sexe brûlant. Là, le plaisir était indubitable. Elle en dégoulinait. Il se déchaîna lorsqu'elle sentit le sexe de l'homme se présenter à l'entrer de sa vulve en même temps que les boules vibrantes. Tout cela glissa en elle sans la moindre difficulté, et l'emporta très loin dans un orgasme que l'homme hurla à son tour derrière elle.

medium_beads.jpg

Lorsqu'elle en revint, je la serrai dans mes bras et la couvris de baisers. Je sentis l'impérieux besoin de l'envelopper de tendresse. Le sourire sur ses lèvres répondait à toutes mes inquiétudes. Mon regard égaré tituba pourtant dans la chambre dévastée. Il s'accrocha à une enveloppe argentée. Dans l'enveloppe, une carte. Sur la carte, quatre fantasmes inavouables, mais confessés de ma main voici plus d'un mois. Quelques semaines plus tard, Sylvie avait choisi le fantasme qu'elle souhaitait assouvir sans connaître le contenu de cette enveloppe. C'était un de ceux que j'avais moi-même rédigés. Lorsqu'elle était entrée dans la chambre d'hôtel, elle m'avait confirmé qu'elle était prête à jouer ce jeu dangereux. J'avais alors ouvert l'enveloppe pour lui montrer qu'il lui suffisait d'aller jusqu'au bout de ses envies pour gagner ce défi. Elle y était parvenue avec maestria, et un plaisir évident à être mon esclave sexuelle le temps d'une étreinte.

Après avoir mûri pendant plusieurs semaines les limites des actes que j'allais poser, après avoir minutieusement défini le rôle de composition auquel j'avais pensé ne prendre aucun plaisir, après les plaisirs troubles et pénétrants, alors vint le temps de l'introspection.

- Qu'est-ce qui fût le plus difficile pour toi ?
- Le pire pour moi, c'est quand tu m'as demandé de m'exhiber devant toi. Je suis pudique et çà, je trouve çà dur. Quand on est deux à être nus, c'est différent.
- Le plus dur pour moi, ça a été de t'appeler "ma petite chienne". Tu vois, il me faut mettre des guillemets pour prendre de la distance. Mais pouvoir dire ça sans me prendre une paire de gifles m'a donné un sentiment de pouvoir... terrible.
- Je comprends.
- En fait, c'est un plaisir un peu honteux. Comment dire... j'ai honte d'avoir éprouvé tant d'excitation à me comporter ainsi ! C'est un aspect de ma personnalité que je n'avais jamais mis à jour. Je suis content d'avoir maîtrisé tout cela, mais il n'empêche que je n'imaginais pas que cela m'exciterait autant...
- Je comprends... Je pourrais dire la même chose de moi. Des tas de femmes ont honte d'avouer des fantasmes de soumission.
- Oui, ça renvoie à des modèles machistes que je récuse, et c'est pourquoi j'en ai honte.
- Complètement! Mais on peut être excité sexuellement par des choses qu'on déteste dans la vraie vie. Par exemple, le viol fait horreur à toutes les femmes, mais le fantasme du viol est l'un des plus répandus !
- Oui, je crois qu'il faut accepter le fait que la sexualité fait appel à des pulsions profondes, à des envies brutales, plus ou moins bien policées par l'éducation. Il reste difficile d'ouvrir la boite de ces envies là, et j'ai un peu peur que ce soit la boite de Pandore.
- Je suis féministe et voue une haine terrible aux violeurs et agresseurs de femmes... et il m'est arrivé de me sentir excitée par une scène de viol dans un film ! La même scène va me faire horreur quand je vais y repenser quelques jours plus tard, dans un autre contexte.
- Ce qui me fait horreur, c'est ce sentiment fugitif qu'on a éprouvé, même si on l'a refoulé.
- Il faut juste avoir conscience que les fantasmes n'ont rien à voir avec la réalité. Ce qui est terrible, c'est les gens qui n'ont plus conscience de la différence.
- J'ai pourtant pris plaisir à te mettre dans cette situation humiliante alors que je ne pensais pas que ce serait le cas, et j'en ai un peu honte, ce qui me pousserait à me confondre en excuses alors que tu étais consentante, voire demandeuse!
- Saches que j'ai horreur de çà d'habitude et tu es le premier homme avec qui j'ai voulu jouer le jeu, parce que je sais que tu es quelqu'un de bon dans la vie, rien à voir avec un affreux sexiste.
- Peut être parce que tu sens cette ambivalence chez moi.
- Je ne supporterais pas de jouer à ce jeu avec un homme macho qui prend plaisir à humilier les femmes au quotidien ! Jamais je ne ferai ce plaisir à un tel homme ! Je repousse de toutes mes forces l'image de la femme soumise, mais j'avoue que, sexuellement, je trouve ça très excitant...
- Et c'est la même chose pour moi. Je refuse tellement un tel modèle, que de me voir prendre plaisir dans une telle situation me trouble profondément, et ce trouble, cette culpabilité face à la transgression de mon modèle moral m'excite profondément !
- Tout pareil pour moi.
- Nous avons donc partagé un même plaisir transgressif! On recommence ?
- Je vais te faire une confidence : Je te préfère quand même en homme doux !

08 janvier 2007

Du Candaulisme

Vous connaissez sans doute la définition du candaulisme qui consiste à aimer regarder son/sa partenaire avoir des relations sexuelles avec une autre personne, sans toutefois y participer. Un débat avait fait rage sur mon forum préféré, afin de savoir quelle pouvait être la motivation du candauliste. Je soupçonnais d'ailleurs l'auteur de ce topic d'avoir à la fois des désirs candaulistes et d'être en même temps sujet à une certaine jalousie. Il faut dire, détail piquant, que nous partagions bon gré mal gré la même maîtresse.

J'ai ainsi écrit, non sans vice, que le candaulisme est à mon avis une forme de pseudoaltruisme, et que cela exprime une sublimation du besoin de contrôle. Le candauliste souffre de savoir sa partenaire prendre du plaisir avec un autre en son absence, alors qu'en sa présence c'est lui qui offre du plaisir à sa partenaire à travers un autre homme. Dans le premier cas, l'autre homme est une menace car il montre au candauliste que ce dernier n'est pas le seul à détenir le pouvoir du plaisir de la partenaire. Dans le second cas, l'autre homme n'est qu'un relais, un objet soumis au désir du candauliste et de sa partenaire. Le fait que le roi Candaule qui est à l'origine de ce mot utilisait des valets pour satisfaire ses pulsions n'est pas anodin: il avait tout pouvoir sur eux.

Je me suis un jour retrouvé dans la position du valet: J'avais pour rôle de sodomiser une très belle femme aux yeux bandés dans une chambre d'hôtel sous les yeux du candauliste. Auparavant, cet homme avait pris soin de me dire l'étendue de son pouvoir: Il était riche et puissant, membre du conseil d'administration d'une société dont j'aurais pu être l'employé, avec la certitude de me tenir par le désir que sa partenaire allait m'inspirer. Lorsque je suis entré dans la chambre, la télé diffusait les jeux olympiques. J'ai salué la jeune femme étendue sur le lit - une très belle fille métisse - conformément au scénario qu'il avait défini, mais il m'a coupé lorsque j'ai entrepris l'embryon d'une conversation avec elle. Il s'est alors assis dans un fauteuil et il a regardé les séries de course de 100m alors que je prodiguais un cunnilingus à la jeune femme. J'ai éprouvé de la haine pour cet homme dont l'irrespect impuni manifestait son pouvoir sur moi et sur elle, et de la pitié pour cette femme qui s'y soumettait aveuglément au sens propre comme au figuré. Le candauliste a interrompu mes préliminaires entre deux courses pour me demander de passer à l'étape suivante. La jeune femme n'était visiblement pas prête à cet acte, et je l'ai prise en levrette sous les encouragements du commentateur sportif qui braillait à la télé. Ni elle ni moi n'avons éprouvé de plaisir. Lorsque ce fut terminé, le candauliste m'a prié de sortir et je ne les ai jamais revus.

Cette triste histoire m'a inspiré un profond dégoût pour une telle situation dont j'avais été le complice servile, et dès lors, j'ai décidé que je ne serai plus jamais le valet. Et pourtant, quelques années plus tard, je me suis retrouvé en quelque sorte dans la situation inverse malgré moi ...