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25 octobre 2015

Le jour d’après

Je n’ai pas dormi la nuit dernière, ou si peu. Se coucher à 23h et se lever en sursaut cinquante minutes plus tard ne peut pas être décemment appelé une nuit de sommeil. Lorsque je suis arrivé sur mon ordinateur, la nouvelle venait de tomber et j’ai tout de suite su que je ne dormirai plus :

Suite au tirage au sort réalisé en présence Marie Barbusse de l'étude SCP ROUGE BLONDEAU, huissier de justice à Nîmes, nous vous prions de bien vouloir trouver ci-après la DOUBLE CONTRAINTE qui doit encadrer la rédaction de votre nouvelle inédite concourant au 1er PRIX DE LA NOUVELLE ÉROTIQUE. 

CONTRAINTE DE SITUATION :

JAMAIS SANS TOI, PEUT-ÊTRE AVEC UN AUTRE…

MOT FINAL :

ANCRE

Nous vous rappelons que vous devez envoyer votre nouvelle inédite au plus tard avant 7h00 du matin, ce dimanche 25 octobre 2015 (cachet du mail faisant foi)

PrixNouvelleErotique.jpgJ’allais passer ma nuit seul avec ces contraintes, et 8h pour rendre ma copie. Ça me laissait un peu de temps pour ne pas me précipiter tout de suite sur l’écriture. La contrainte de situation a immédiatement évoqué pour moi... la passion ! Quant au mot final, j’ai commencé par chercher ses synonymes. J’ai ainsi découvert le principe de l’ancre en horlogerie, tout à fait dans le contexte de cette nuit sous l’égide de Chronos, redécouvert l’ancre de marine, avec sa verge et son mouillage, et bien entendu l’encre homonyme de la nuit à la fois noire et blanche. Allez savoir par quelle alchimie tout ça m’a donné d’étranges personnages… mais mieux vaut ne pas en dire plus pour ne pas mettre en péril l’anonymat requis par le jury.

Je me suis lancé dans l’histoire avec mes personnages sans trop savoir où j’allais en venir. Retors, ils résistaient à l’épreuve. Je ne jetais que des sucres dans ma tasse de café noir. L’encre et l’ancre demeuraient sèches. De temps en temps j’allais voir sur twitter où en étaient d’autres concurrents devenus camarades d’infortune dans la même galère littéraire. Les quelques photos qu’évoquaient le sujet confirmaient mon manque d’originalité. Mais à force d’avancer péniblement, sans trop d’inspiration, le dénouement a fini par se dessiner et j’ai su, à peu près vers cinq heures, que j’allais aboutir à temps. Ce ne serait sans doute pas mon meilleur cru, mais quelque chose d'assez décent, enfin je crois car je n’ai pas encore osé me relire. Au moment de l’envoyer ne subsistait plus que l’exaltation d’avoir relevé le défi et surmonté mes doutes.

Nous étions hier 338, nous sommes 242 aujourd’hui. Maintenant commence la longue attente avant les résultats. D’ici là, ne serait-il pas dommage de ne pas exploiter tout cet enthousiasme, toute cette synergie ? Et je me prends à rêver d’une soirée littéraire érotique avec des lectures publiques qui se termineraient toutes par le mot ancre.

 

05 juin 2014

Proposition délicieuse - 5

Le scénario était au point, le timing impeccable. Le rendez-vous avait été fixé, tu avais reçu par mail le lieu, l’heure, et les modalités de ton arrivée.

Il faisait horriblement froid, la nuit tombait, la pluie aussi. En moto, tu avais essayé de ne pas tomber à ton tour. Bien que ma réputation t’avait inspiré confiance, tu avais un peu angoissé à l’idée que Sylvie décidât au dernier moment de ne pas venir, même si je t'avais prévenu une trentaine de minutes auparavant qu’elle était bien montée dans le train pour Paris. Tu craignais aussi qu’elle n’appréciât pas ta présence, ou que tout simplement l’ambiance, le contexte ou toute autre raison ne vienne gâcher la soirée.

A ton arrivée à l’hôtel, personne à la réception. Tant mieux. Tu avais sauté dans l’ascenseur et demandé le quatrième étage. À peine arrivé dans le couloir, tu avais aperçus la chambre, porte entrouverte, comme prévu. Tu t’étais éloigné jusqu’au fond du couloir, où se trouvait l’escalier de secours. C’est là que tu avais ôté silencieusement gants et sac à dos, grosse veste de moto et polaire. Sur la pointe des pieds tu t’étais approché de la chambre dont tu avais poussé la porte. Elle résistait un peu, à cause du “Canal+ Magazine” plié en quatre destiné à retenir le groom automatique censé la maintenir fermée.

moto.jpg


Tu as failli éclater de rire mais tu savais qu’il ne fallait faire aucun bruit. En aucun cas Sylvie ne devait percevoir ta présence. Seulement, avec ton son sac à dos, ta lourde veste de moto aux multiples velcros, et la porte qui résistait, tu craignais de ne pas être très discret. Tu parvins pourtant à entrer, poser tes affaires et même retirer tes chaussures sans éveiller de soupçon. Un vrai miracle. Dans la chambre, un spectacle hors du commun : Sylvie allongée, presque nue, vêtue seulement d’un soutien-gorge noir. En bas, rien. Enfin, presque…

Je me tenais assis sur le lit, avec ma machine infernale qui vibrait entre ses cuisses. Avoues que tu as été éberlué à la vue de cet outil destiné certes au plaisir sexuel, mais un outil high-tech, mécanique, électronique avec des petites lumières multicolores qui clignotaient à la base de l’engin. Un clin d’œil complice, un doigt sur les lèvres, un geste : nous nous saluâmes et communiquâmes en silence. C'est ainsi que je te reconnus, Guillaume. Nous nous étions déjà rencontrés, un an auparavant, en d'autres circonstances, ce que je ne savais pas lorsque je t’avais fait cette audacieuse proposition quelques semaines plus tôt.

Tu t’approchas et observas la scène, debout, tandis que je modifiais le réglage de mon vibro-masseur en utilisant de petits boutons cachés à sa base. Sylvie, les yeux bandés, bougeait légèrement, ondulant vaguement le bassin, ou tirant en vain sur ses poignets attachés. Soudain, elle leva les fesses, et, comme prise de spasmes, commença à perdre tout contrôle…

Sylvie savait que sa défaite était imminente, que le plaisir allait l'emporter malgré toute sa volonté pour ne pas jouir, qu'elle n'aurait pas pu résister infiniment contre la mécanique qui lui creusait inlassablement le vagin. Quand elle entendit Lettre à Elise de Beethoven, elle pensa que sa mère jouait ce morceau autrefois. Émerveillée, elle regardait alors les doigts agiles courir sur les touches blanches et noires, et, le soir venu, lorsqu'elle était dans son lit, seule avec les ombres de la nuit, il lui suffisait d'entendre cette sonate sur le piano du salon pour que le sommeil l'emporte malgré elle. Peut-être est-ce pour cela que le plaisir l'a définitivement emportée à ce moment-là.

Je retirai délicatement le lapin de son fourreau de chair extatique, et je te fis signe de t'approcher. Je te cédai aussitôt la place entre ses cuisses ruisselantes, avant de m'adresser à la jeune femme encore pantelante de plaisir:

-    Pour que ma victoire soit totale, je vais maintenant revenir aux bonnes vielles méthodes traditionnelles !
-    Il me semblait que tu ne devais ni me toucher, ni me sucer ?
-    Mais tu as d'ores et déjà perdu ce défi, non ?
-    Si...

Tu n’attendais que ce moment là pour entrer en action, pour lui prodiguer cette caresse qui était devenue ta signature. Avec Proposition délicieuse pour pseudonyme, Propo pour les intimes, tu proposais un cunnilingus aux femmes susceptibles de te charmer par leur plume, ce qui n’était d’ailleurs pas si facile, et rien de plus. Toutefois tu étais grand, tu étais beau, tu sentais bon le sable chaud, et la plupart des femmes qui se laissaient aller sous ta langue ne demandaient ensuite qu’à connaitre d’autres aspects de ta personnalité. Même ma douce Mathilde avait failli craquer devant ton charme irrésistible, mais tu avais eu la délicatesse de ne pas doubler un bon copain. Je me suis souvent demandé pourquoi tu aimais tant procurer aux femmes ce plaisir là. Était-ce le pouvoir du plaisir que tu exerçais alors sur elles ? Toujours est-il que tu sus faire surfer la bienheureuse perdante sur les vagues de l’orgasme que tu déclenchais si bien, de la pointe de la langue...

Le jeu était arrivé à son terme, et je détachais silencieusement les poignets de ma prisonnière alors que tu poursuivais, insatiable, ton ouvrage éphémère. Je lus l'incompréhension et le doute qui envahissait peu à peu le visage de Sylvie. Elle se demandait comment je pouvais la détacher tout en continuant de m’abreuver à sa source, perplexité qui atteignit son paroxysme lorsque je retirai son bandeau. Sylvie ouvrit les yeux lentement. La lumière de la lampe de chevet était éblouissante. La révélation l'était encore plus. Sylvie se redressa d'un seul coup pour trouver un homme entre ses cuisses, qui posait sur son visage éberlué des yeux bleus pétillants et sur ses petites lèvres ruisselantes une langue agile.

Sylvie ne te reconnut pas tout de suite tant elle ne s'attendait pas à te voir. Malgré les bruits étranges qu'elle avait cru percevoir entre Rachmaninov et Herbbie Hancock, elle n'avait jamais pensé qu'il y avait un autre homme dans la chambre. Et quel homme: un de ses amants, grand amateur de cunnilingus, préliminaire dont tu avais fait ton étendard ! Nous bavardâmes alors un bon moment, le temps que Sylvie retrouve tous ses esprits, et puis nous éteignîmes la lumière décidément trop éblouissante.

Je ne sais pas à quelles combinaisons nous nous livrâmes dans l’obscurité totale qui régnait maintenant dans la chambre. Après de tels préliminaires et auprès de deux amants chauffés à blanc, Sylvie était encline à des étreintes plus traditionnelles dans la limite de notre indécrottable hétérosexualité, si tant est qu’on puisse parler de traditions à trois dans un même lit. C’est ce soir-là qu’est née notre complicité. Entre nous, Sylvie était la reine, alors qu’entre deux rivaux, elle aurait été l’arène. Un détail me revient à l’esprit: entre caresses et baisers, j'ai senti une douce main frôler mon visage, et j’ai happé aussitôt les doigts furtifs pour les sucer avec sensualité. On a bien rigolé quand tu m’as dit d’arrêter parce que ces doigts-là n’étaient pas ceux de Sylvie.

Je ne pense pas que tu me lises encore, mais tu te souviens peut-être de toutes nos folies ? Des femmes, on en aura rendues quelques-unes heureuses, même si d’autres en furent malheureuses. De mon côté, j’ai depuis su me faire pardonner. En tous cas, nombreuses t’ont regretté. Je ne sais pas si tu t’en es rendu compte, mais il y avait de bien jolies femmes la dernière fois, seules et apitoyées, qui regardaient les autres d’un air méfiant. Peut-être se demandaient-elles lesquelles avaient cédé à ton charme. Le plus dur pour moi, c’est quand j’ai vu ta photo, celle qui illustrait ton profil Messenger et ton blog sur auFeminin, avec ton sourire lumineux sur fond de mer Egée. Quand j’ai vu cette photo sur cette grande boite en bois, c’est là que j’ai réalisé que ce n’était pas une mauvaise plaisanterie. Cela ne m’a pas empêché, quelques jours plus tard, de t’appeler, au cas où tu décrocherais. C’est idiot, je sais bien que ça capte mal par chez toi. Et je ne te parle pas des motards, que j’ai longtemps regardés à la dérobée pendant des mois, en espérant voir tes yeux bleus rieurs quand ils soulevaient leur visière. Peu à peu, je me suis fait une raison, même si je n’ai jamais compris pourquoi. De raisons, tu devais avoir les tiennes, mauvaises, sans aucun doute. Tu me manques, copain.

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Le début de cette histoire vraie...


 

24 mai 2014

Proposition délicieuse - 4

Un mois auparavant, tu avais reçu le message suivant:

Bonjour Guillaume,

Ne cherche pas, nous ne nous connaissons pas, peut être nous sommes nous croisés sur un forum, tout au plus. Je suis pourtant tes aventures avec intérêt, ton blog audacieux, ton approche franche mais néanmoins cérébrale. J'ai aussi constaté que ton offre tient toujours, alors j'aimerais te prendre au mot. Ne t'inquiète pas, je ne te demanderai pas de me faire une fellation ! J'aime exclusivement les femmes, au point que j'aimerais offrir ta prestation raffinée à une de mes amies, une très jolie femme, grande amatrice de cette gâterie.
Le jeu est subtil: elle aura les yeux bandés, elle pensera que je suis seul à m'occuper d'elle, et lorsque son plaisir sera à son paroxysme, je retirerai le bandeau... Qui sait ce que seront alors ses désirs ? Qui le vivra verra ;-)

Serais-tu motivé par un tel jeu le 5 Janvier 2006 en début de soirée à Paris ?

Amicalement,

Vagant

PS: Si tu acceptais ma délicieuse proposition, merci de ne pas la mentionner dans ton blog pour l'instant afin de ménager la surprise

Ta réponse fut claire : Pourquoi  pas ?

Êtes-vous déjà passé, ami lecteur, devant une chambre d'hôtel dont la porte est entrebâillée? Du couloir vous n'entendez rien. Pas un bruit. Non, jamais n'avez-vous jamais été dans une telle situation? Ou bien avez-vous refoulé l'idée de pousser cette porte avant même qu'elle n'atteigne votre conscience, et renoncé à une aventure bien trop grande pour vous ? C'est pourtant un grand classique du polar. Le privé pousse la porte, et trouve immanquablement une chambre dévastée au milieu de laquelle un cadavre étendu sur la moquette attendait d'être découvert. Peut-être est-ce la raison pour laquelle vous ne pousseriez jamais cette porte. Lorsque j'ai poussé la porte de la chambre 402, et que j'ai regardé à l'intérieur, j'ai senti mon cœur faire un bond dans ma poitrine.

lit.jpg

Au milieu de la chambre, pas encore dévastée, une jeune femme étendue attendait plus que nue. Sa lingerie noire qui tranchait sur sa peau claire soulignait le galbe de sa débauche. Les yeux bandés, elle attendait, offerte au premier venu assez téméraire pour saisir sa chance. Alors je me suis approché, lentement, presque cérémonieusement, aussi ému qu’un premier communiant devant le calice. Je me suis penché sur elle et j'ai posé mes lèvres sur les siennes. Elle suspendit son souffle au tendre baiser et esquissa un sourire.

-    Bonsoir Sylvie. Tu as fait bon voyage ?
-    Bonsoir! Oui, inattendu mais excellent !
-    As-tu trouvé le message secret dans "la femme de papier" ?
-    Oui, "je ne vais pas te toucher ni te sucer".
-    Exactement ! Tu dois te demander comment je vais bien pouvoir m'y prendre.
-    Ah oui alors !
-    Un peu de musique ? Je te propose le piano dans tous ses états !
-    D'accord.

J'ouvris l'armoire et saisis le lecteur MP3. J'avais prévu une petite compilation, du classique qu'elle aime tant, au jazz que j'adore. Je lui mis délicatement les oreillettes, avec un volume assez fort pour l'isoler des bruits de la chambre. Aussitôt, Dave Brubeck percuta son unsquare dance. Le ton était donné. Je saisis les deux boucles au bout des sangles cachées sous l'oreiller et j'attachai légèrement les poignets de la belle captive à la tête de lit. Enfin, je pris dans l'armoire une boite que je déposai à côté du lit. D'un souffle, je lui écartai les cuisses. D'un frôlement je lui ôtai son string. Mes yeux humides se perdirent à l'horizon de la fine toison qui auréolait le pubis qui s'offrait à mes yeux, comme l'aurore sur l'origine du monde. Dieu que j'aime explorer ce monde là, le pénétrer, y aller et y venir à ma guise jusqu'à m'y perdre, m'y oublier. M'abolir. Mais j'ouvris la boite et en sortis un lapin.

Je mis et un peu de gel intime au bout du mystérieux appareil, et par petites touches impressionnistes sur le ventre de Sylvie, sur ses cuisses, sur son sexe, j'ébauchais en pointillisme le plaisir que je m'apprêtais à lui donner. Chaque fois que cette chose entrait en contact avec sa peau, Sylvie sursautait, puis elle s'habitua au contact furtif. Je mis alors en marche les vibrations. Sylvie esquissa un sourire. Elle savait maintenant à quelle torture elle allait être soumise. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que je tenais entre mes mains le future tech rabbit, avec sept niveaux de vibrations pour l'excitation clitoridienne, une tête tournante à vitesse variable pour la fouille vaginale, et des billes en acier inoxydable pour la stimulation des petites lèvres. De quoi damner de plaisir la plus ascétique des nonnes ! Pour l'instant, je me contentais de frôler la vulve offerte avec les oreilles vibrantes du lapin, du clitoris au périnée, pour humidifier un peu l'intimité encore austère. Rapidement, je sentis que ma victime serrait les dents pour endiguer le bien-être qui l'envahissait malgré elle. Puis, lorsque je la sentis assez imprégnée de ce plaisir têtu, je lui introduisis lentement le vibromasseur. Bientôt, les oreilles du lapin titillèrent à nouveau le clitoris farouche, et je pus mettre en marche la tête pivotante de mon engin de plaisir qui commença ainsi sa fouille implacable. Elle était prise. L'ennemi était au cœur de la forteresse. A la vue du ventre tendu de la pauvre Sylvie, à son souffle qui s'accélérait inexorablement, je savais qu'elle ne résisterait pas à ce traitement. Déjà, ses muqueuses suintaient d’excitation sur l’engin qui la creusait. Ce n'était qu'une question de temps.

C'est alors que j'entendis le bruit de la porte de la chambre qu'on poussait subrepticement. Je ne l'avais pas fermée !

À suivre…

 

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Le début de cette histoire vraie...

16 mai 2014

Proposition délicieuse - 3

Sylvie mit bout à bout les mots et les lettres soulignés, et lu sans difficulté le message secret: "Je ne vais pas te toucher ni te sucer". Telle était la contrainte que je m'imposais. Vagant compte donc me faire jouir malgré moi sans me toucher ni me sucer ! Mais qu'a-t-il donc bien pu encore inventer ? songea Sylvie en regardant glisser le paysage dans la nuit.

Arrivée à Paris, il n'y avait qu'un froid vif pour l'accueillir. Sylvie ne prit pas le temps de scruter la foule des voyageurs. Elle savait que si j'étais là à l'épier, je me serais bien caché. Elle se dirigea immédiatement vers l'hôtel selon le plan donné dans mon dernier message. Vite. Je crois qu'à ce moment là, nous avions autant envie l'un de l'autre. Son portable sonna. C'était moi.

sylvie,expériences,proposition délicieuse-    Où es-tu ?
-    Dans la rue, je me dirige vers l'hôtel.
-    Parfait ! J'ai eu peur que tu ne puisses pas venir. On ne sait jamais, une phobie ferroviaire passagère…
-    Non! J'arrive !
-    Retrouve-moi à la chambre 402. A tout de suite !

Je raccrochai et je composai immédiatement un autre numéro.

-    Sylvie arrive !
-    Elle est venue, alors ?
-    Oui ! Chambre 402. A tout à l'heure.

Avant de fermer la porte, je jetai un dernier regard sur la chambre minuscule. Ce serait un miracle que Sylvie ne se rende compte de rien. En quelques secondes, je récapitulai mentalement les préparatifs: les deux sangles accrochées à mon sac à dos caché sous le lit; à l'autre bout de chacune d'elles, deux boucles cachées sous les oreillers; mon lecteur MP3 et le reste du matériel dans l'armoire; Le bandeau et mon dernier message sur le lit défait; le programme Canal + plié en quatre pour laisser la porte entrebâillée. Tout était en ordre. J'avais réussi à mettre en place tous les accessoires de la scène finale alors que je venais d'arriver de Londres depuis moins d'une heure. Je me hâtai vers mon poste d'observation, à l'autre bout du couloir, dans l'escalier en colimaçon.

J'avais eu bien du mal à franchir la douane anglaise avec tout mon matériel. Mon sac à malice n'était pas passé inaperçu au scanner, et je n'avais pas pu retenir mon sourire lorsque l'employé à la sécurité d'Eurostar avait déballé tout mon attirail cérémonieusement. "Faites attention, lui avais-je dit, n'ouvrez pas cette boite devant tout le monde !". "Je sais", avait répondu l'employé au flegme tout britannique.

Je fus soudain tiré de ma rêverie par le bruit de l'ascenseur qui venait de s'ouvrir...

Sylvie frappa à la porte de la chambre 402. Pas de réponse. La porte était entrebâillée. Elle la poussa. Personne. Elle s'attendait à me trouver là, mais c'est un nouveau rebondissement qui l'attendait. Sur le lit défait, un bandeau de soie, et une lettre:

Sylvie,

Tout d'abord bravo pour ta bravoure, et merci pour ta confiance. Te voici parvenue à la dernière étape préliminaire, et le défi va enfin pouvoir commencer. Tes nerfs ont-ils été mis à rude épreuve ? Suis-je parvenu à te surprendre par toute cette mise en scène ? A t'exciter quelque peu, au moins ta curiosité ? Non ? Tu ne perds rien pour attendre, tu n'es pas au bout de tes surprises...

Déshabille-toi s'il te plait. Non, pas complètement, enfin, pas forcément. Je te laisse le choix de l'indécence la plus outrageuse. Me permettras-tu d'immortaliser la scène ? Accepteras-tu d'être prise en photo dans toute ton impudeur ? Libre à toi de me dire oui ou non, c'est indépendant de ce défi qui consiste uniquement pour toi à ne pas jouir.

Lorsque tu seras prête, laisse la porte de la chambre entrouverte. Bande-toi alors les yeux avec ce petit masque de soie posé sur le lit. Tu n'auras alors plus qu'à prendre une pose lascive et confortable pour m'attendre. Détends-toi. Ne t'inquiète pas, je vais venir. Je vais venir, je vais t'attacher les poignets, et je vais te faire jouir. Tu vas jouir malgré toi, même si tu as trouvé la règle supplémentaire qui me rendra cette tâche presque impossible. Il te suffira de me la dire et je m'y conformerai. Le défi se poursuivra jusqu'à ce que tu le perdes, ou que je renonce à le gagner. Mais ne triche pas ! Tu ne dois jamais regarder sous le bandeau pour chercher à savoir comment je vais m'y prendre ! Banco ?

Baisers déments,

Vagant

Il était trop tard pour reculer. Sylvie savait que j'étais là, quelque part. Elle m'avait entendu au téléphone. J'allais venir. Je l'avais écrit. Elle se déshabilla rapidement. Elle fut bientôt presque nue. Sa lingerie noire qui tranchait sur sa peau claire soulignait ses formes sensuelles. Elle s'approcha de la porte, l'ouvrit à peine, et elle mit le masque de soie. Rien. Elle ne voyait absolument rien. Elle retourna vers le lit, à tâtons, s'y allongea sur le dos, tout simplement, en repliant sa jambe gauche, et elle attendit. Elle attendit des secondes qui semblaient des minutes et des minutes qui semblaient des heures. Elle attendit la peur au ventre à l'idée qu'un inconnu entre dans la chambre. Elle attendait encore lorsque la porte de la chambre finit par s'ouvrir lentement. Quelqu'un y pénétra doucement. On marchait sur la moquette à pas feutrés. Les pas s'arrêtèrent juste au bord du lit.

À suivre…

 

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Le début de cette histoire vraie...

08 mai 2014

Proposition délicieuse - 2

A 15h31, je n'étais toujours pas à l'horizon. Il était maintenant temps d'ouvrir le paquet. Sylvie en déchira délicatement l'extrémité, d'une main légèrement tremblante, au beau milieu de la gare. Le paquet rouge contenait un livre érotique dont la couverture suggérait la nature du contenu. Et puis une lettre:

Bonne année ma belle !

Je te souhaite une bonne année, pleine d'orgasmes débridés dont j'espère être un des premiers instigateurs ! Et oui, je compte bien gagner ce défi, celui de te faire jouir malgré tous tes efforts pour résister au plaisir !
J'aime bien ce petit roman érotique de Françoise Rey. Presque un classique. Je te défie de le lire ouvertement dans le TGV 6624 qui part pour paris à 16h. En matière de défi impudique, avoue que tu craignais pire ! Un message secret y est caché. Si tu me décris cette contrainte, tu augmenteras tes chances de gagner la seconde partie du défi !
Arrivée à Paris, tu iras à l'hôtel selon le plan ci joint.

Baisers dévorant,

Vagant

sylvie, Expériences, proposition délicieuseSylvie découvrit dans l'enveloppe un plan de Paris annoté et un billet de train, départ pour Paris à 16 h, retour le soir même à 23h59, juste avant que son carrosse ne se transforme en citrouille. Si quelqu'un lui avait dit une minute auparavant qu'elle allait monter dans un train pour Paris, elle ne l'aurait jamais cru. Quelques minutes plus tard, elle y était pourtant confortablement installée. Le train s'ébranla doucement, et elle plongea dans ce roman. A côté d'elle, un homme jetait régulièrement un coup d'œil indiscret sur ce livre érotique qu'elle lisait ouvertement, conformément à mes instructions. En face, un jeune homme charmant lui adressait des sourires complaisants. Sylvie se demanda si je n'avais pas tout mis en œuvre pour qu'elle se fasse draguer dans le train ?

Comme elle me le dit plus tard, jamais Sylvie ne m'aurait fait l'affront de ne pas venir. Elle avait en moi une confiance aveugle, même si je lui demandais de foncer dans le noir avec un roman érotique en guise de canne blanche. D'ailleurs, cette histoire torride au vocabulaire bien salé lui faisait craindre le pire. Avais-je eu l'idée d'adapter un épisode de cette chronique sulfureuse ? Soudain, l'histoire érotique que j'avais moi-même récemment postée sur un forum féminin s'imposa à son esprit. Une histoire d'exhibition au bois de Boulogne, dont elle ne s'était pas du tout imaginée pouvoir en être l'héroïne lorsqu'elle l'avait lue. L'aurais-je fait venir à Paris pour ça ? Avais-je déjà écrit tout le scénario qu'elle était en train de vivre sur un forum public, parmi les autres fictions que je commettais de temps en temps ? J'en aurais été bien capable ! Sans parler de cette histoire de pièces d'identité que j'avais évoquée voici quelques jours sur MSN ! Sylvie plongea alors dans le roman à la recherche d'un indice. Enfin un mot souligné, et puis une lettre un peu plus loin, et encore un mot. Sylvie repéra tous les passages concernés:

Je dois bredouiller des trucs incompréhensibles au téléphone car on me demande de répéter. On ne joue pas comme çà avec une femme toute tendue, toute mouillée et qui se donne si fort ! Je vais te dire comment çà s'est passé.[...] Je ne me toucherai pas une seule seconde. Tu veux des images, des paroles, des histoires qui te feront d'autant plus bander que tu en connaîtras l'auteur ? [...] Toi, tu semblais amusé, peut-être un peu attendri. J'ai écarté d'une main la fente complaisante du sous-vêtement pour bien tout te faire voir, et, du bout des doigts, j'ai écarté aussi celle, plus intime, qui partage le bas de mon ventre. Et tu as contemplé, déjà allumé, ce jeu télescopique et voluptueux de failles, la blanche autour de la noire, et la noire servant d'écrin à la rose, plus vivante, plus nacrée, plus palpitante. Mes doigts ouvraient pour toi un passage dans un fruit délicat et juteux, accueillant comme une pêche qui vient d'éclater au soleil, vibrant comme un coquillage dont on a forcé le secret [...] Je me branle le con avec cette putain de bougie qui tombait à pic, et je m'applique à bouleverser le sens de cette ridicule expression "tenir la chandelle", qui voudrait dire qu'on assiste sans participer [...] Parce qu'elle t'avait manifesté clairement un intérêt plus que flatteur, et parce qu'elle ne te laissait pas indifférent non plus, je me retrouvai, ce fameux mercredi, seule avec elle pour t'attendre.[...] J'éprouvais un plaisir double, et quelque part très ambigu : celui de te sucer, et celui de manger après elle.

À suivre…

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Le début de cette histoire vraie...

23 mars 2014

Tutoiement – 3

«   C’est tout ? qu’elle me dit, je voulais me faire défoncer le cul et la chatte !
-    Tu veux que j’aille chercher les deux grands blacks sur le parking ? »

Sarah pose sur moi un regard interrogateur. L’espace d’une seconde qui me semble être une éternité, je m’imagine aller brancher les deux types sur le parking si elle venait à me dire « chiche ! » ou peut-être tricher pour la première fois avec elle, lui dire qu’ils n’ont pas voulu venir alors que je ne me serais même pas approché d’eux, quand elle me répond: « Peut-être pas aujourd’hui. »

J’étreins Sarah, soulagé de ne pas avoir dû improviser un petit gang-bang avec les premiers venus. Jennifer est aux oubliettes. Je n’ai pas à ouvrir la bouche pour que la tendresse succède au sexe brut, une simple caresse suffit.
-    Ce que c’est bon de vous retrouver, me dit Sarah, je n’en pouvais plus de cette pétasse de Jennifer.
-    Je vous préfère aussi au naturel.
-    Vous auriez été cherché les deux types sur le parking si j’avais accepté votre proposition ?
-    Je ne sais pas. Je ne sais même pas pourquoi je vous ai proposé ça. Sans doute parce que j’ai pensé que cela correspondait bien aux rôles que nous nous étions donnés, sans penser aux conséquences.
-    Vous n’êtes pas déçu de ma réserve au moins ?
-    Absolument pas. Nous avons assez tutoyé le sordide. Je me sens soulagé plutôt, d’autant plus que cette pose câline m’a bien ragaillardi et je vais pouvoir vous combler par tous les orifices !

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J’ai trouvé, dans les Chroniques du Plaisir, un très bel éloge du vouvoiement :


Mais pourquoi diable, vouloir toujours emprunter les raccourcis, couper à travers champs et brûler les étapes ? C’est bien le vouvoiement ! Cela crée cette délicieuse distance entre les êtres qui matérialise l’effort de conquête amoureuse à venir, les charmants obstacles qu’il faudra franchir, le saut du loup des sentiments qu’il faudra surpasser, toutes ces tendres barricades qu’il faudra abattre. Il y a toujours une vraie sensualité dans ce « vous » qui se prolonge alors même que la connaissance de l’autre se fait plus profonde, plus complète, une sorte de respect, une préciosité peut-être. Entre Valmont et Guitry.

Conserver ce vouvoiement, c’est aussi se réserver le plaisir d’un moment merveilleux à venir, toujours imprévisible, où l’on basculera vers le « tu », un passage comme un abandon, le moment de rendre enfin mutuellement les armes. Lorsque les mains se toucheront ou que les corps se seront embrasés. Ce moment si pur et éphémère où toute l’intimité se cristallise sur un seul mot. « Tu ».


Cette vision d’un « vous » transitoire, voué inéluctablement à se muer en « tu » dès que les corps s’embrasent, m’apparait toutefois restrictive à la lumière de ma liaison avec Sarah. Le vouvoiement exprimait bien « cette délicieuse distance entre les êtres qui matérialise l’effort de conquête amoureuse à venir » alors que nous nous interdisions l’amour pour cristalliser notre liaison dans la séduction épistolaire et les plaisirs charnels. Sans l’abandon des âmes, sans rendre les armes, notre tutoiement ne pouvait être qu’un éphémère jeu sexuel.

18 février 2008

Mission libertine - XIV

    Très cher Christophe,

    C'est à la va-vite que je couche – notez l’absence primordiale de virgule à cet endroit précis - quelques mots qui ne suffiront pas à combler le lecteur assidu et attentif que vous êtes.
    D'avance je vous présente mes excuses pour la brièveté de mon message, j'ai bien reçu le vôtre et je comprends pour l'avoir lu en diagonale que vous croyez en la réincarnation, que votre maîtresse a écrit un livre autobiographique, que vous me proposez un trio avec mon amant, que vous auriez bien aimé vous avoir à vos côtés mercredi dernier lors de cette soirée libertine, que vous ne voudrez jamais me rencontrer parce que vous me pensez belle et séduisante et qu'une fois le virtuel au placard vous me trouverez banale et finalement très peu intéressante… Mais qui dit que cette aura disparaîtrait ? (Pas de réponse SVP)
    Trêve de plaisanterie, pour ce qui est de me savoir entre de bonnes mains libertines, je remets en doute considérablement l'homme avisé que j'ai pu voir en mon amant. Il m'a menti et je vais lui prouver que je le sais. Je déteste le mensonge et je préfère un sentiment ou une critique exprimée même si elle n'est pas agréable à entendre, plutôt que la trahison du mensonge. Je monte peu à peu le scénario qui me permettra de lui faire savoir que je ne suis pas dupe, et une fois devant le fait établi je ne pourrai plus que lui présenter mes adieux...
    Je me doute que cette histoire ne vous importe pas le moins du monde, mais l'écrire et libérer un peu mon âme me fait du bien. Finalement je crois que je suis certainement plus éprise de lui que je ne veux l’admettre, ou le faire croire aux autres !
    Je ne manquerai pas de répondre à votre long message, mais je suis aux prises avec des valises récalcitrantes et les heures passent à une vitesse folle. Comment aborder la chair sans rompre le charme épistolaire ? Voilà une très belle question et je pense avoir la réponse vu que j'ai pu vivre cette magnifique aventure avec mon (ex) amant, tout comme je crois qu'il en est de même avec votre liaison actuelle.

    Au plaisir de vous écrire,

Sarah

    ________________________________


    Très chère Sarah,

    Ne vous excusez pas, je comprends fort bien que la préparation de votre déplacement ne vous laisse pas le loisir d’écrire comme vous le souhaiteriez, mais permettez-moi quelques remarques pour mieux aiguiller votre réponse que je saurai attendre patiemment, tout au moins jusqu’au 25 Juillet, date à laquelle je commencerai ma migration estivale pour m’envoler sous d’autres cieux.
    Je suis fort attristé de savoir la fin de votre liaison. A mon humble avis, toute vérité n’est pas toujours bonne à dire, et on peut omettre certaines choses par amour. Par ailleurs, je pense qu’il faut laisser aux autres le loisir de vivre leur vie privée, et ne pas prendre pour argent comptant les mots doux qui peuvent largement dépasser des intentions plus prosaïques, surtout lorsqu’ils sont prononcés dans le feu de l’action amoureuse. Ces généralités énoncées, je ne sais pas quelle est la nature de ce mensonge, et vous avez toute la sagacité pour juger de sa gravité, au point de cesser une liaison qui semblait vous apporter satisfaction. Vous pouvez m’en parler davantage si vous le souhaitez, ou pour le simple soulagement de l’écrire.38cd3441866d27c2645a40b79bf071a2.jpg
    Je ne crois pas que la réponse à ma question soit affaire de généralités, et encore moins de réponse toute prête. J’ai avec ma maîtresse une liaison amoureuse charnelle, qui a depuis longtemps pris le pas sur toute considération littéraire, alors que je partage avec vous une liaison épistolaire charmante, qui ne pourrait plus être ce qu’elle est si nous nous connaissions au sens biblique du terme. D’autre part, je ne sais pas combien de temps pourrons-nous encore continuer de jouer au chat et à la souris, sachant que le moteur de notre correspondance n’est pas le macramé, ni les fiches de cuisine, mais est bien libidinal.
    Je renouvelle donc ma question « Comment aborder la chair sans rompre le charme épistolaire ? », non pas à la manière d’un philosophe devisant sur les rapports humains, mais plutôt celle du Zèbre d’Alexandre Jardin : Par quel stratagème peut-on goûter aux joies de la chair sans rompre le mystère de l’inconnu(e), comment connaître la jouissance charnelle sans la trivialité des rapports amoureux, comment jouir de nos corps en ne connaissant que nos mots ?

    Au plaisir de lire votre réponse,

Christophe

À suivre…

11 février 2008

Mission libertine - XIII

    En tout et pour tout, Sarah en avait pour une heure. Elle devait sortir du parking, prendre le boulevard Saint Germain, tourner au carrefour de l’Odéon et filer sur les quais tout au long de la Seine jusqu’au pont de la Concorde. À partir de là, elle devrait traverser la place du même nom, puis celle de la Madeleine, et aussi tout le Boulevard Malesherbes jusqu’au périphérique à prendre porte d’Asnières avant de plonger en banlieue où trouver à se garer…
    Sarah blêmit devant la véritable épreuve que constituait ce parcours du combattant automobiliste parisien. Assise dans sa voiture, le regard perdu sur le plan, elle se demanda si elle n’allait pas abandonner. Eprouvée par toutes ces émotions, elle ressentit le besoin impérieux de se détendre un instant, autant que d’échapper au parking glauque dont les haut-parleurs crachotaient une musique de superette. Elle bascula son siège en arrière, enclencha un CD dans l’autoradio, et prit machinalement ses boules de geisha qu’elle fit rouler dans la paume de ses mains. La voix jazzy du groupe tok tok tok envahit l’habitacle pour lui souffler une réponse subliminale tandis qu’elle fermait les yeux.

 

podcast


How, can I feel complete,
When there is something restless deep inside of me?

    Ce que Sarah ressentait profondément en elle, c’était le petit godemiché, mais il était désormais inerte et elle devait le retirer. Elle se couvrit le bas du corps avec son blouson, ses doigts détachèrent le bouton de son jean, ouvrirent la glissière, et elle fit glisser le pantalon le long de ses cuisses. À tâtons, elle baissa son slip, fit sauter les boutons pression qui fixaient les élastiques du papillon à ses hanches, et elle libéra son calice de l’emprise du butineur. A sa grande surprise, elle était encore humide. Machinalement, elle laissa son doigt glisser sur sa vulve vide.

Once in your life, you want to hear the call,
Or you’ll find that the time is a…

Sous la caresse de la musique et de son doigt, Sarah se détendait peu à peu, tandis que son esprit vagabondait vers celui qui lui faisait vivre cette folle journée. Depuis des mois, il avait rempli sa messagerie, son imaginaire érotique, ses désirs charnels, jusqu’à remplir sa chatte et son cul. À cette évocation, elle sentit son intimité se contracter sur son doigt trop mince. Faute de mieux, elle y fit glisser sans difficulté les boules de geisha qu’elle tenait encore dans l’autre main.

I simply want to leave,
But sometime it’s hard when you can’t begin.
Laid in your life: you gonna miss it all,
You’ll find that the time has flown away
And it’s never ever coming back!

    Le claquement d’une portière la ramena brutalement sur terre, ou plus précisément sous terre. Elle remonta son slip, boutonna son jean et redressa son siège.
    Une heure plus tard, incrédule, Sarah vérifia une fois de plus l’adresse en se demandant comment elle était parvenue entière devant cet immeuble inconnu. Le cœur battant, elle composa le code de la porte d’entrée qui s’ouvrit comme par magie. Elle pénétra dans la fraîcheur d’un hall ténébreux, et entreprit l’ascension d’un escalier en colimaçon avec les boules de geisha qui roulaient dans son intimité. Au premier palier, elle commença à sentir leur pression sur la face antérieure de son vagin. Au second, elle se mordit les lèvres pour juguler un gémissement intempestif. Arrivée au troisième, elle était à bout de souffle, le visage cramoisi. Accroché à la poignée de la porte de gauche l’attendait un petit sac en papier. À l’intérieur, elle trouva un foulard rouge emballé dans du papier de soie, et bien entendu une lettre qu’elle lut d’une main tremblante.

Très chère Sarah,

Toutes nos félicitations pour être enfin arrivée à la dernière étape de cet examen. C’est maintenant l’heure de vérité. Prenez le foulard dans l’enveloppe, bandez-vous les yeux, puis poussez la porte entrouverte, celle d’où provient cette musique lancinante qui met votre sens auditif à l’épreuve. Entrez, et claquez la porte derrière vous. Sentez-vous ma présence ? Je vais venir vous chercher pour m’acquitter du gage que vous m’aviez donné : vous déshabiller sans l’aide de mes mains, avec ma bouche, mes pieds, ou tout autre outil dont je pourrais disposer. Ensuite, je vous indiquerai oralement quelle est l’ultime épreuve qui testera vos quelques sens qui ne l’ont pas encore été.
Si les surprises que je vous ai réservées jusqu’à présent furent bonnes, la dernière le sera plus encore. Je sais quelles sont vos limites et j’ai conscience de flirter avec elles en vous demandant de passer le pas de cette porte. Sachez seulement qu’au delà vous attend le plaisir, rien que le plaisir, dans une configuration dont la perspective vous a toujours enchantée.

À tout de suite,

Vagant

    À peine Sarah avait-elle terminé de lire cette lettre qu’elle entendit tourner une poignée de porte.

À suivre…

04 février 2008

Mission libertine - XII

    Trop facile. Il est trop facile de justifier ses désirs par ses frustrations, comme si le désir était défini par le manque, ou les manquements des autres. Le désir est intrinsèque à la nature humaine, il s’impose même aux rassasiés, pensai-je en sortant de la station de métro. Faut-il donc qu’il y ait une quête secrète, un vide intérieur pour que Don Juan se cogne de femmes en femmes, ou bien n’est-il que la bienheureuse victime d’un excès d’appétit ? Tout en marchant sur les trottoirs déserts d’un quartier résidentiel, je ne pus que songer à cet échange de lettres avec Sarah qui avait déclenché l’épopée sensuelle dont nous allions vivre un nouvel épisode. Après une rupture de quelques mois, notre liaison épistolaire avait repris au tout début du mois de Juillet.

    Cher Christophe,
 
    Je peux vous assurer qu'entretenir cette relation épistolaire avec vous ces derniers mois n’a pas été pour moi une perte de temps. Même si un jeu de séduction était bel et bien le but de nos premiers écrits, je ne le considère pas stérile, loin de là. Il a été pour moi fort attrayant et si votre esprit n'avait pas déjà succombé aux charmes indéniables de votre sublime maîtresse, je peux vous avouer qu'en plus de me réjouir de vos écrits, j'en serais peut-être (certainement ?) venue à partager un peu plus que des mots avec vous.
    Ceci dit, dès le départ vous m’aviez annoncé la couleur, ce qui ne m'a pas empêché d'entrer dans ce jeu au charme captivant sans vouloir pour autant faire de l'ombre à Jeanne, votre princesse. Connaissant mon goût pour les femmes - ou tout au moins ma curiosité pour les relations saphiques qui, à ce jour, demeurent encore inconnues – vous avez essayé de nous présenter l’une à l’autre dans l’espoir d’en tirer, si j’ose dire, un plaisir charnel personnel… Cette approche s’est soldée par un échec, un peu par votre faute, beaucoup par la mienne, au point que la correspondance artificielle que vous avez essayé d’initier entre elle et moi aura sonné le glas de la nôtre… mais n’en parlons plus je vous prie, et réjouissons-nous de nous écrire de nouveau !
    Au chapitre de mes soirées parisiennes avec mon amant, puisque vous me posez la question, elles n'avaient rien de si extravagant. Nous avons plutôt plongé dans l'assurément romantique qui n'impose pas d'être vécu forcément à Paris. Mise à part ce dîner croisière sur la Seine, le reste aurait très bien pu se passer à Metz, Los Angeles, ou Argelès…Des moments forts en émotions diverses et variées qui ne sont pas prêts de s'échapper de ma mémoire. Au fait, je viens d’apprendre à ma grande surprise que mon compagnon illégitime a entrepris de me chercher une partenaire féminine, lui aussi. Un cadeau qu'il tente de m’offrir, rien que pour moi. Il ne serait qu'un intermédiaire pour combler sa maîtresse. Il y a indubitablement des attentions qui touchent profondément.
    Vous vous demandez si je suis une professionnelle de l’écriture ? Je crois que ce serait de notoriété publique, même si je me souviens vous avoir effectivement tenu quelques propos du genre que vous avancez, mais peut-être ai-je trop sous-entendu certaines idées qui auront émoustillé votre imaginaire débordant. Vous interprétez encore très rapidement certains de mes propos et les considérez ensuite comme fait établit.  Qui vous dit par exemple que les autres expériences fabuleuses que je vous avouais avoir vécues étaient d’ordre sexuelles ? J'aurais très bien pu faire allusion à une partie de pêche au gros au milieu de l'Atlantique, un tour de manège qui m'aurait retournée dans tous les sens du terme, une nouvelle recette de la confection d'une tarte aux pommes ! Mais bien sûr, cher Christophe, en plus d'être rapide vous êtes perspicace et ces évènements formidables étaient bien entendu libidineux. Ceci dit, ils ont été rares et n'ont jamais été dans le but d'entraver ma relation avec mon délicieux amant (pour reprendre votre terme et parce qu'il me plaît) qui demeure ma priorité.
    J'ai ainsi passé une nuit d'amour avec un homme que je ne connaissais que très peu finalement. Plusieurs échanges de mails, deux rencontres avant de mettre en pratique la théorie, car je ne pensais pas pouvoir un jour m'abandonner corps et âme aux côtés d'un individu qui m'était presque inconnu. Une nuit de plaisir et rien de plus était notre « contrat moral », si tant est qu’on puisse évoquer la moralité compte tenu de notre statut matrimonial : mariés lui et moi mais pas avec les même personnes. Nous partagions cependant l'envie de nous offrir une nuit complète, de nous donner l'un à l'autre sans à priori, sans jugement, et sans plus rien après. Bien qu’intense, nous nous sommes peu investit dans ce contacts charnel, car nous savons que la véritable communion des corps passe aussi par l'esprit. Cependant, un certain feeling nous a permis de vivre presque sans arrêt -  je sous-estimais considérablement mon endurance en la matière - des ébats torrides et sensuels du soir au matin. Un baiser en guise d'adieu sur le parking de l'hôtel, - on se reverra ?- oui bien entendu, alors que nous pensions tous les deux l'inverse : Il nous fallait garder ce souvenir impérissable et le réitérer aurait sans nul doute brisé la magie qui nous a accompagnée plusieurs heures durant. Nous ne souhaitions, ni l'un ni l'autre, revivre ces instants charnels. Les suivants n'auraient pu être aussi bons, puissants, envoûtants, fascinants que le premier. Oui j'ai été gourmande dans ce cas précis, mais ce devait être un soir de pleine lune dirons-nous…
    Enfin je terminerai par répondre à votre invitation à vous rejoindre vous et votre amante mercredi prochain au cours de cette soirée libertine, en tout bien tout honneur bien sûr… Je reconnais que l'idée m'avait effleuré mais je suis cependant au regret de décliner votre sollicitation.
    Et oui, mercredi je fais mon repassage et pas un autre jour, je ne serais pas épilée, mon rendez-vous chez le coiffeur est prévu dans 15 jours, il faut que je change l'eau du bocal de mon poisson rouge, je dois téléphoner à ma soeur, j'ai un bouton sur le nez, ce n'est pas mon jour de sortie, je suis chiante comme la mort, il faut que je plante mes salades au fond de mon jardin…
    Ca c'est pour les excuses bidons. Par contre les deux vraies raisons sont que j'ai prévu une nuit avec mon amant cette même date, et que j'ai une peur bleue de vous rencontrer. Que peut bien faire une pauvre femme au foyer avec des libertins cultivés et intellectuels de surcroît ?
    Cette question n'attend pas non plus de réponse mais la pression de notre société vis à vis de ces femmes qui ont décidé de rester dans leurs quatre murs pour voir s'épanouir leurs progénitures est très pesante : nous ne sommes que des bonnes à rien si ce n'est à lire les derniers potins de Voilà en regardant les "feux de l'amour" et en faisant le ménage du matin au soir. Je me demande si cette image n’est pas justifiée lorsque je vais chercher mes loulous à l'école, en voyant le tableau pitoyable de ces mamans qui s'habillent comme des sacs et qui n'ont d'autres conversations que les promos à Carrefour, la dent de leur dernier qui vient de tomber, sans oublier les commérages sur les "pétasses bourgeoises et hautaines" de mon espèce qui osent venir en talons hauts à la sortie de l'école et qui n'adressent la parole à personne de peur d'être contaminées par leurs tristes distractions. Je préfère me laisser vilipender, continuer à lire les essais de Montaigne si ça me chante, et oser faire attention à mon apparence puisque je ne veux pas me résoudre à ressembler au stéréotype de la ménagère de moins de cinquante ans !
 
    Je vous souhaite un agréable week-end.
    Au plaisir de vous lire encore.

Sarah

____________________________________

    Chère Sarah,

    J’ai la conviction que bon nombre de professionnels de l’écriture n’ont pas la notoriété que vous feignez d’imaginer. En matière de lettres, le talent ne paie plus, pas même en nature, vous savez, ces fruits amers que sont glorioles et célébrité, si prompts à griser, surtout les tempes. Alors je m’étais imaginé qu’entre un amant et une sortie d’école, vous endossiez le costume de l’obscur(e) nègre(sse) payée aux pages et pour se taire. C’est y pas bête d’être si romanesque ! Vu votre goût pour la précision et les explications de texte, je me demande d’ailleurs si en fin de compte, vous n’avez pas été prof de lettre dans une vie professionnelle antérieure.
3765f5e23a17542046633022af696db1.jpg    Ah, le fantasme du bel inconnu, celui que l’on ne verra qu’une fois. Au risque de vous surprendre, je ne l’ai jamais conjugué au féminin. J’ai certes connu des femmes que je n’ai pas revues, de mon fait ou du leur, mais ce ne fut jamais prémédité. Dans une logique épicurienne cherchant à maximiser les plaisirs et minimiser les déplaisirs, j’ai toujours considéré ces rencontres éphémères comme des erreurs de parcours. Car soit le plaisir n’était pas au rendez-vous, soit la belle a pris ses jambes à son cou et mon ego en a pris un coup. Bref, dans tous les cas l’abstinence aurait été préférable. Apparemment votre expérience d’un véritable contrat hédoniste à durée déterminée vous aura apporté les vifs plaisirs annoncés sans les frustrations redoutées, et je devrais songer à mettre en pratique mes lectures philosophiques actuelles. Je viens de découvrir Michel Onfray par sa « Théorie du corps amoureux », sorte de traité du libertinage dans la lignée d’un épicurisme hédoniste, et je me suis surpris à faire un raid à la fnac avec pour objectif Ovide et son « art d’aimer », les œuvres complètes d’Horace, tout en me laissant malgré tout aller à quelques romans érotisants… A propos de pratique philosophique, j’ai récemment lu « aimer plusieurs hommes » de Francoise Simpère, y reconnaissant presque trait pour trait mon amante Jeanne, à juste titre comme elle me l’a confirmé, et que vous ayez encore quelques remords ou pas, je vous conseille aussi cet essai qui fait l’apologie des fidélités contre l’exclusivité.10d0430e7ddd479aff55a50b6fa64fa6.jpg
    Je suis heureux de vous savoir en de bonnes mains libertines, car seul un homme avisé prendra soin de vous trouver une partenaire de jeux saphiques, dont il pourrait aussi goûter ultérieurement les faveurs. Vous vous en doutez sans doute car je vous sais perspicace. Ce qui me surprend davantage chez vous, c’est la légèreté avec laquelle vous abordez votre liaison avec votre amant, sans vous encombrer des sentimentaleries d’usage, avec cette juste distance qui vous permet d’aborder les douceurs romantiques avec lui et des escapades romanesques avec d’autres, sans le vain cœur du jeu de qui-perd-gagne auquel excellent les sentimenteurs. Je ne peux donc que vous féliciter sur votre lucidité, qui parfois me manque.
    Jeanne a regretté votre absence Mercredi dernier, dont les débats auraient assurément bénéficié de votre contribution, et elle fut particulièrement surprise par la raison que vous avez invoquée. Elle me connaît assez pour m’avoir démystifié, et à la réflexion, il ne me déplait pas de garder auprès de vous cette aura virtuelle qui risquerait fort de disparaître dès notre première rencontre réelle. Comment aborder la chair sans rompre le charme épistolaire ? Voilà un sujet de dissertation autrement plus excitant qu’une explication de texte et à laquelle je vous invite…

    Au plaisir assuré de vous lire,

    Christophe

À suivre…

28 janvier 2008

Mission libertine - XI

    « Allo, chérie ? »
    La voix de son mari lui fit l’effet d’une douche froide. Sarah s’attendait tellement à entendre la voix de Vagant en décrochant le téléphone, qu’elle ne put murmurer qu’un faible « oui » malhabile à masquer sa déception. Cela raviva l’inquiétude de son mari, voire ses soupçons exprimés le matin même.

- Ça va Sarah ?
- Oui, oui, ça va.
- Où es-tu ? j’entends des voix…
- Dans la rue, il y a du monde.
- Bon, je voulais juste te rappeler de bien poster la lettre pour les impôts fonciers en recommandé. N’oublie pas surtout !
- Non, je vais le faire tout de suite.
- Et ce soir je rentre tard, ne m’attends pas pour dîner.
- Oui Marc. À ce soir.
- Tu es sûre que ça va ? Tu as une drôle de voix.
- Tout va bien ! Tu sais, j’ai perdu l’habitude de venir à Paris faire les courses, avec cette foule, c’est tout…
- D’accord. Un petit bisou quand même ?
- Bisou !
- Ne fais pas trop de folies. Bisous. Je t’aime.

    Sarah songea qu’il avait fallu qu’il sorte ces mots là à ce moment là, comme pour donner à l’amour un goût amer. Le goût de ses dimanches adolescents passés à jouer au scrabble avec sa mère. Elle n’eut même pas besoin de fermer les yeux pour voir les lettres défiler, et elle sourit malgré elle. De « aimer » à « amer », il n’y à qu’un petit « i » d’écart: celui de la trahison sans doute. Mais qui trahissait qui ? Qui trahissait quoi ? N’avait-elle pas sacrifié ses études pour que Marc puisse terminer les siennes ? N’avait-elle pas été une mère irréprochable avec leurs deux enfants ? N’avait-elle pas assez sclérosé sa sexualité auprès d’un époux surmené ? Quand elle faisait le point, Sarah comprenait qu’elle s’était trahie elle-même. « Ne remets pas à demain ce qui doit être fait le jour même » lui répétait sa mère. Sarah l’avait prise au mot : elle avait claqué la porte le jour de ses dix-huit ans pour bouffer de la vache enragée avec Marc, et depuis, elle avait toujours scrupuleusement respecté cet adage. Sauf pour une chose : vivre. Vivre était chaque jour remis à demain, au lendemain qui chante, au rêve. La vie comme un mirage au bout d’une existence désertique, quand on réalise qu’une famille modèle nichée dans un pavillon au Vésinet ne saurait étancher certaines soifs inextinguibles.
    Tout en retournant vers le parking où était garée sa voiture, sans bien savoir ce qu’elle allait faire, Sarah se remémora ses confidences intimes.

    Très cher Vagant,

    Hier soir mon mari est rentré d'un déplacement de quelques jours. Comme à chacune de ses escapades professionnelles, il est rentré tard dans la soirée, ne trouvant pour l'accueillir que son épouse déjà fatiguée par la journée qui s'achevait.

9d2c29a7b2ad6830b239e4677dc44e9b.jpg    Il vide tranquillement sa valise tout en me faisant part du budget de l’année, de ses fournisseurs pas trop arrangeants, d'un collègue qu'il va falloir motiver. Je l'écoute, je lui réponds, je lui donne mon avis, puis je m'éclipse au salon pour finir un courrier à poster le lendemain. Ses affaires rangées, il revient vers moi, me laisse passer devant lui pour chercher une enveloppe et un timbre, et il pose une main décidée sur mes fesses ! Tiens, je pensais que depuis tout ce temps il ne savait plus où celles-ci se trouvaient ! Je lui fais face pour découvrir, amusée, son regard pétillant. La séparation de nos corps aura sans doute augmenté son désir pour moi et il m'embrasse fougueusement en me prenant par la taille. Je goûte avec plaisir ce baiser si longtemps souhaité et je sens monter en moi l'envie. Ses mains parcourent mon corps, défont un à un les boutons de mon chemisier, caressent mes cuisses, massent mes seins, me frôlent le visage. Pour bien connaître ce qui me fait fondre, mon officiel passe doucement, très légèrement, à peine, ses doigts à l'orée de ma fente déjà humide. Un appel à l'amour auquel je réponds en lui baissant sa braguette et en lui ôtant son pantalon. Son sexe m'apparaît tendu, gorgé de désir déjà. Il m'invite à le saluer comme il se doit. Je ne peux donc que me pencher vers lui pour l'embrasser, pour le lécher, et rendre ainsi l'objet de ma convoitise plus tentant encore.
    D'une main experte je le masturbe pendant que ma langue titille le bout de son gland, il aime cette façon de procéder, je le sais, et la fellation a le pouvoir de m'exciter davantage. Je prends au fond de ma bouche le pénis en érection, puis j’accomplis un va et vient au rythme assez lent pour décupler les sensations. Il gémit, en oublie ses mains baladeuses pour mieux savourer cet instant de plénitude. Ma main libre va de ses fesses appétissantes à ses testicules laissées pour compte, je les enserre dans ma paume, je les palpe jouant ainsi avec elles pour éviter la formation de grumeaux ! Vous savez Vagant, je ne suis pas mauvaise en pâtisserie non plus.
    Je continue encore l'irrésistible gâterie qui fait chavirer la gent masculine, en soutenant un peu plus la cadence. Ma bouche gobe entièrement ce dard turgescent pour se retirer quasi complètement et revenir enfin de plus belle à la charge de ce sexe. Un instant je le sens presque faillir, il se retient, ne veut pas jouir tout de suite. Il me soulève, je m'accroche à lui les mains derrière sa nuque et les jambes autour de sa taille, puis il m’installe sur la table de la salle à manger ! Il m'étonne de plus belle, car le lit est le seul et unique lieu de nos ébats habituels.
    Il a vite fait d'ôter mon string n'ayant que ma jupe à soulever pour y parvenir. Le postérieur sur le bord de la table je bascule mon buste en arrière prenant appui sur mes coudes et je relève mes cuisses sur ma poitrine offrant à l'homme de ma vie la vision de cette vulve qui n'attend que lui. Il prend son temps, la regarde, la caresse presque timidement, promène ses doigts de mon clitoris à mon vagin sans oublier mon anus qui me fait monter au septième ciel. Les effleurements ainsi prodigués me font perdre mon latin, je halète, j'ai envie qu'il me prenne, qu'il possède mon corps, je veux  le sentir en moi. Lui, au contraire, semble avoir décidé de me faire languir au sens propre du terme: c’est sa langue qu’il fait glisser derrière mon genoux, puis tout au long de ma cuisse, jusqu'à aboutir, enfin, sur mon sexe. Je défaille presque. De la langue encore, il s'empare de mon anatomie intime, la touchant de la pointe et d’estoc en se laissant guider par son instinct de mâle en rut. Je sens ce muscle chaud et moelleux me parcourir les lèvres, taquiner mon bouton d'amour. Il y ajoute un doigt au gré de ses envies, dans l'un ou l'autre orifice qui lui est offert. Sa langue s'immisce dans mon vagin recueillant ainsi quelques gouttes du nectar dont je lui fais cadeau. Il me redresse vers lui, nous nous enlaçons debout l'un contre l'autre.
    Tendrement il m'invite à faire un demi-tour sur moi même, il couche mon buste sur la table, et j'écarte les cuisses pour l'inviter à me prendre en levrette. Il relève ma jupe sur mes reins, et ma respiration s'intensifie quand je sens son sexe s'introduire en moi. J'aime cette position, la pénétration est plus profonde, plus intense et m'entraîne à un orgasme plus puissant. Il va et vient en moi, les mains sur ma croupe, admirant mes fesses, les caressant aussi. D'abord d'un rythme régulier, le coït s'accélère faisant monter en moi l'extase, elle n'est plus très loin, je ferme les yeux, pour mieux l'accueillir, mieux la vivre, mieux m'en délecter. Mon mari auquel je tourne le dos poursuit sa vigoureuse fornication. Moi, je me laisse aller à l'exaltation, je m'abandonne à l'orgasme qui me fait gémir de bien-être.
    À peine ai-je repris esprits que je sens, aux coups de reins saccadés de mon mari, qu'il n'est pas loin de jouir. Dans un seul mouvement je me retourne sur lui, je prends son gland en bouche, et puis tout son sexe. Je m'applique à le masturber à la base de la verge en gardant le même rythme pour recueillir tout son sperme dans ma bouche. Une contraction de son corps, et je sais que le liquide séminal est en route pour l'emmener surfer avec l'extase, et c'est avec enchantement que je reçois son sperme au plus profond de ma gorge. Je me régale de cette semence qu'il a bien voulu m'offrir. Pour ne pas en perdre une seule goutte, je poursuis la fellation, mais sur un rythme plus nonchalant maintenant. Il me relève vers lui, il m'embrasse amoureusement en me prenant dans ses bras, et nous restons ainsi tout les deux silencieux, à savourer ce moment magique. Plus tard nous nous endormons serrés l'un contre l'autre, presque le sourire aux anges mais de toute façon la tête dans les étoiles…

    Hier soir mon mari est rentré d'un déplacement de plusieurs jours. Il  s'est écroulé sur le lit, éreinté après une trop longue journée de boulot, me laissant seulement rêver la scène que je viens de vous raconter… et en plus c'est moi qui me suis tapée la valise à vider !

    Sur ces paroles pleines de promesses (surtout pour moi) je vous laisse à la relecture du dernier paragraphe, ce que, je le sais, vous ne manquerez pas de faire.
 
    Baisers chimériques,

Sarah

À suivre…

21 janvier 2008

Mission libertine - X

005d0482d3f7d25878689b1d8fa101ca.jpg    La nuit n’est plus ce qu’elle était. En moins d’un siècle, l’obscurité, l’effrayante obscurité qui terrorisait les enfants s’est retranchée à l’ombre des ampoules blafardes. La nuit sauvage qui ne se laissait pénétrer que par les plus audacieux lorsqu’elle était bien lunée, n’est plus que la vieille compagne des noctambules, une nuit domestique, parfois putassière quand elle se farde de néons multicolores. Une nuit qui se donne à tout le monde. L’obscurité  est pourchassée partout où elle se cache, l’ombre est cernée de toutes parts, jusqu’à sa part de mystère qui lui donne sa substance. On veut tout éclairer alors tout est vu, au risque de ne plus rien distinguer. Même l’aventure est balisée de photos, jalonnée de contrôles téléphoniques, bardée de procédures épistolaires. Aseptisée. Ainsi l’inconnu est livré aux factures, au kilométrage des voitures, aux mouchards sur disque dur. Disséqué au grand jour. Et tout finit par être su à défaut d’être compris.

    Ce jour là, il faisait nuit. Il faisait nuit dans la chambre d’hôtel que j’avais réservée sous un faux nom, une nuit noire en plein après midi après avoir fichu dehors un soleil de Juillet. Il cognait aux volets métalliques bien fermés, s’immisçait dans les jalousies, chauffait les rideaux hermétiquement clos par des épingles à nourrice, mais laissait la chambre où j’attendais dans une obscurité totale. Ou presque. Mes yeux avaient fini par s’habituer à la noirceur ambiante, et dans l’écran de la télévision éteinte, je distinguais le reflet d’un rai de lumière traîtresse sous la porte d’entrée de la chambre, qui donnait sur un corridor éclairé au rythme des allées et venues des locataires. Assis à la tête du lit, je sentais la température monter dans la chambre non climatisée avant même la venue de l’inconnue.

    Soudain on pousse la porte et je vois un instant se découper une ombre dans le reflet de l’écran, avant que la porte ne soit aussitôt refermée. Je ne pourrais dire qui, d’un homme ou d’une femme, vient d’entrer. Il me semble entendre un souffle, quelques pas hésitants, et une vague silhouette traverse la chambre à tâtons, pour s’immobiliser au pied du lit. J’attends quelques secondes avant de me lever, et d’avancer vers elle tout aussi silencieusement. Je m’arrête juste à côté, assez prêt pour entendre sa respiration s’affoler, et frôler ses cheveux mi-longs en tendant la main. Le bout de mes doigts effleurent sa nuque, glissent sur son épaule dénudée jusqu’au chandail échancré, et mes lèvres embrassent son visage, au hasard, alors que ses mains découvrent mon corps, mes bras d’abord, mes épaules et puis mes flancs qu’elle attire vers elle à son tour, jusqu’à ce que nos bouches se trouvent enfin. Et c’est sans dire un mot que nos langues expriment tout le désir que nous contenions l’un pour l’autre.
    D’un geste ferme, je la fais pivoter face au lit. Mes mains fébriles caressent ses seins lourds de promesses au travers de son chandail, les malaxent même, tandis que je me frotte contre sa croupe, autant pour mon plaisir que pour lui faire sentir une érection à la hauteur de mes intentions. Par derrière, ses mains agrippent mes fesses pour augmenter la friction. Le chandail est vite enlevé, le soutien-gorge arraché. En la courbant sur le lit, je sens ses seins peser comme des fruits mûrs dans la paume de mes mains. Je m’agenouille derrière elle tout en abaissant son jean à ses chevilles pour mordiller ses fesses pleines, tel un chiot affamé. Mes vêtements rejoignent les siens en désordre sur la moquette. En quelques minutes, la température est montée de plusieurs crans, au sens propre comme au figuré. Alors je me désaltère à elle, à la salive de sa bouche, à celle que je laisse sur ses tétins en les faisant gonfler entre mes dents, à la liqueur de sa chatte, lisse et onctueuse, après avoir fait rouler son clitoris entre mes lèvres. Je crois bien l’avoir fait jouir à force de m’abreuver à son puits. J’ai si soif que je ne la lâche pas pendant qu’elle me malaxe les couilles d’une main au travers de mon slip, et que de l’autre fourrée sous le tissus élastique, elle branle furieusement ma verge raide  avant de me prendre en bouche. Je ne m’y enfonce pas, non, j’y suis happé, absorbé dans la touffeur de son entre cuisse, dans la moiteur de sa bouche avide, mes doigts, ma langue, ma bite, tout glisse dans ses muqueuses humides, au point que j’ai l’impression d’y fondre comme un sucre. Tout au bout de l’étreinte, je ne lâche qu’une giclée de foutre entre ses seins. La première.

    Trempés de sueur, de cyprine et de sperme, nos corps battus par de vagues draps soulevés par le souffle du plaisir, arrimés l’un à l’autre au milieu du lit radeau dans la nuit silencieuse, on pouvait tout de même entendre le monde terre à terre gronder au loin, dehors. Nous, nous glissions l’un sur l’autre comme deux lutteurs huileux, sans vaincu ni vainqueur, à l’image de notre utopie libertine : ni vain cœur, ni vain cul.

    Dès que j’ai repris un peu de force, c’est tout de même elle qui a prit le dessus et les choses en main, si j’ose dire, puisque c’est entre ses cuisses orageuses qu’elle engouffre mon phallus et sa pèlerine de latex. Elle me chevauche aussitôt, au triple galop, mes hanches coincées dans l’étau de ses cuisses, ses mains agrippées à mes épaules, imprimant elle-même le rythme d’un furieux va-et-vient, non pas de haut en bas mais d’avant en arrière et de droite et à gauche. Ma queue essorée comme dans le tambour d’une machine à laver me procure de violentes sensations dont je suis néanmoins incapable de jouir. Elle s’arrête tout à coup, les cuisses crispées sur mes flancs, la respiration bloquée pour réprimer un gémissement guttural, et elle s’effondre sur ma poitrine en sueur. Pas question de la laisser reprendre son souffle ! Je me dégage de son corps haletant pour la prendre par derrière, en levrette, son cul tendu vers ma grenade dégoupillée, et le haut de son corps gisant sur les draps comme celui d’un pantin désarticulé. Je plante mon dard sans égard dans sa vulve molle, et j’assène autant de claques sonores que de coups de reins sauvages à ses hanches rondes, ahanant au dessus d’elle comme un jockey monte une pouliche à Longchamp. Je ne sais pas lequel de nous deux est arrivé le premier à l’orgasme fulgurant.
    Chaleur étouffante, torpeur envahissante, sueur dégoulinante, mais l’envie toujours présente, comme si l’inconfort et le silence abondaient à la débauche qui se fait plus salace à l’orée de sa croupe. Elle invite ma bouche et ma langue. Enfoncer mon visage dans sa raie mouillée pour lui laper l’anus m’apporte une fraîcheur inattendue, et les lobes de ses fesses comme un subtil massage de la face. J’y mets un doigt aussi, et puis deux qui coulissent dans son orifice anal apparemment plus habitué à recevoir un hommage que je ne suis à le donner. Mais je ne me fais pas prier. Mon gland à l’entrée du petit trou, je n’ai qu’à le pousser pour qu’il l’ouvre, qu’il s’y enfonce, qu’il le creuse, qu’il s’épanouisse dans ce terrain, et à chaque fois que je fais mine de le retirer, il s’accroche et pénètre son trou plus profondément encore : chaque coup de mes reins m’enracine aux siens. Son cul ne relâche ma verge qu’exsangue, à bout de frissons et de foutre.

    Quand nous eûmes repris nos souffles, peau contre peau, l’inconnue fouilla dans son sac à main laissé au bord du lit. Elle en sortit un téléphone portable sur lequel elle écrivit un message, et elle me tendit l’appareil pour me faire lire : «  Je peux vous poser une question ? ».
    Malgré tous nos efforts pour que nous ne connaissions ni nos voix ni nos visages, elle entendit mon éclat de rire et j’avais vu son profil à la lueur du portable. Je lui répondis de la même manière, sur son propre téléphone avant de le lui rendre, et entamer avec elle un curieux dialogue écrit, comme sur une messagerie alors que nous étions encore côte à côte:
- Oui.
- Nous n’avions pas prévu de protocole pour aller à la salle de bain.
- Allez-y la première.
- Lorsque vous en sortirez à votre tour, je serai partie. Merci. Pour tout.
- Tout le plaisir fut pour moi, Sarah.
- Non, certainement pas !

    Je n’ai pas connu Sarah ce jour là : elle était restée dans la nuit, une nuit d’encre silencieuse pour que nos mots restent couchés. C’était pourtant notre premier rendez-vous clandestin.

À suivre…

14 janvier 2008

Mission libertine - IX (2)

    Après quelques va-et-vient langoureux, Cat sortit son doigt du fourreau de chair humide, et elle le tendit vers le public dont elle sembla désigner un membre digne de ce nom, puisqu’il disposait visiblement de toutes ses capacités érectiles. C’était un tout jeune homme assis à quelques pas de Sarah, légèrement en retrait, aux grands yeux roulant dans un visage vermeille d’excitation et d’acné. Cat fit quelques pas vers lui jusqu’à ce qu’il puisse humer le parfum de son doigt luisant de cyprine. Il en ferma les yeux d’émotion, à moins que ce fût pour mieux fixer dans sa mémoire de puceau le bouquet évanescent de son premier cul, classer ce parfum de sexe avant de pouvoir en jouir pleinement. Et peut-être, sans doute même, cela influencera-t-il à jamais l’accomplissement de sa vie sexuelle, dont un calice bouillonnant de nectar aux effluves luxurieuses lui fera revivre bien malgré lui ce premier émoi : tandis qu’il plongera son biscuit dans l’intimité de sa tendre fiancée qui lui demandera « À quoi tu penses ? » pour s’assurer qu’elle occupe ses pensées autant qu’il investit son sexe accueillant, tandis qu’il s’apprêtera à exprimer des lèvres et des reins toute la vigueur de son amour, sa mémoire facétieuse fera apparaître à ses yeux ébahis le souvenir de ce qu’il vit ce jour là lorsqu’il les ouvrit enfin : Un décor de théâtre foisonnant de dorures, avec au premier plan une jeune femme noire plus que nue, accroupie face à lui, les cuisses ouvertes sur un gros manque de vertu. À chacun sa madeleine.
    Dans ce lieu de rendez-vous pour désirs inassouvis, ceux qui sont à jamais flétris et ceux qui n’ont pas encore éclos, un lieu de commémoration en somme, que ce soit celui des émotions passées ou de celles à venir, seul le plaisir de Sarah semblait fleurir. Elle ne réprimait plus que les gémissements qui affleuraient sur ses lèvres entrouverte, livrée à la caresse secrète du petit godemiché caché à l’orée de son vagin, tandis que Yoko dardait de la pointe de la langue un de ses tétons tendus et qu’elle faisait tourner l’autre, encore humide de salive, entre le pouce et l’index. Apparemment satisfaite par cette scène lesbienne improvisée, Cat s’approcha de Sarah dont les paupières papillonnaient sur ses pupilles vacillantes. Aussi lestement qu’elle avait levé la jambe le long la barre de pole dance, Cat enfonça le talon pointu de sa chaussure dans le dossier de l’ottomane, un genou replié frôlant les cheveux de Sarah, l’autre jambe tendue plantée au sol, les cuisses écartées comme en grand écart facial. Intimidée, les yeux de Sarah esquivèrent l’exhibition, avant de s’y accommoder progressivement. Son regard suivit d’abord la courbe de la cuisse élancée sous le cuir tendu aux reflets irisés, les plis de la combinaison qui s’ouvrait en un drapé bordé d’acier, dont la dentelure projetait son ombre sur la peau nue, fine, lisse à l’aine de la jeune femme. Un peu plus bas, le profil de son impudeur se découpait en ombres chinoises sur l’arrière plan du décor chatoyant : ses fesses galbées se rejoignaient en un sillon épanoui, ouvert sur un précipice vertigineux qui attira irrésistiblement le regard de Sarah.
des orchidees qui donnent des idees...    Coiffées d’un petit triangle de poils drus et courts, les grandes lèvres ourlées de la danseuse laissaient s’échapper un drapé de chaires brunes et luisantes qui couronnaient son gouffre, avec son clitoris encapuchonné pour diadème. Cat glissa deux doigts aux ongles nacrés de part et d’autres de sa fente qu’elle écarta lentement, laissant apparaître ses chairs corail et son gros clitoris turgescent. « Made in Nigeria », dit-elle dans un feulement rauque.
    Sarah n’eut pas à réprimer l’envie d’explorer cette intimité féminine. Non seulement ses mains étaient toujours maintenues derrière son dos, mais Yoko confirma autant qu’elle devança les désirs saphiques de Sarah, en levant son visage empourpré vers le calice qui la surplombait. Elle combla d’un coup de langue la distance de cette coupe à ses lèvres. Sous le regard hagard de Sarah, la jeune Japonaise léchait la vulve de l’Africaine, elle la lapait avec gourmandise de la pointe du clitoris jusqu’au périnée d’ébène. Son souffle saccadé se mêlait à l’arôme musqué qu’exhalait la vulve brune, se mélangeait au parfum poivré de l’une, s’unissait aux fragrances ambrées de l’autre en subtiles volutes enlacées, enchevêtrées, qui fusionnaient en une effluve capiteuse pour subjuguer Sarah. L’ombre d’un instant, elle n’était plus au spectacle mais au cœur d’un trio pervers à la sensualité affolante, les poignets liés derrière le dos, un godemiché planté sans la vulve, les seins nus livrés aux caresses expertes d’une geisha soumise qui gratifiait d’un cunnilingus sa dominatrice noire, dont la badine flattait sa croupe cambrée, ouverte, jusqu’à coulisser au fin fond de sa raie…
    D’un coup sec sur les fesses de Yoko, Cat apporta la touche finale à ce délicieux tableau saphique, et les deux femmes abandonnèrent aussitôt Sarah pantelante pour aguicher les autres spectateurs. Sarah entendit aussitôt la musique entraînante qui n’avait pourtant jamais cessé, elle ressentit les regards lubriques braqués sur ses seins nus, elle fut replongée dans un environnement importun d’où elle avait été extraite pendant quelques secondes, des secondes qui lui avaient semblé être des minutes tant elles étaient intenses. Tandis que Sarah se rhabillait précipitamment, Yoko était retournée auprès du rustique sexagénaire à casquette auquel elle avait laissé son chemiser en gage. Elle s’assit sans façon sur ses genoux, face à lui, cuisses écartées, et, dans un lent mouvement descendant, elle  fit glisser sur son visage ses seins plantureux pour lui clore les paupières. Nul ne sait s’il lui adressa ensuite un regard émerveillé parce qu’elle avait fait surgir en lui le souvenir de la mère nourricière ou celui de ses belles vaches normandes. Quant à Cat, elle avait jeté son dévolu sur le jeune puceau. Elle glissa sa cravache entre les cuisses du jeune homme, avant de la coincer entre son menton et le siège sur lequel il était assis, l’obligeant ainsi à se tenir bien droit et la tête si haute qu’il ne pouvait voir ce qu’elle lui faisait, agenouillée entre ses cuisses. Elle n’eut qu’à mimer une fellation en faisant vibrer ses lèvres tendues contre la bosse outrageuse qui déformait le pantalon du pauvre garçon, pour qu’il éjacule au fond de sa culotte en s’imaginant au paradis.
    Pourtant, à chaque fois que la géométrie le leur permettait, les deux effeuilleuses adressaient à Sarah des oeillades discrètes, et lorsqu’elles s’allongèrent l’une sur l’autre, en soixante-neuf, le dos de la Japonaise sur les genoux d’un contrôleur fiscal tiré à quatre épingles comme un papillon, chacune d’entre elles parvint, entre deux lapements de chattes, à poser sur Sarah des regards lourds de promesses équivoques, au point qu’elle eut l’impression qu’entre ces liens subtils, tout ce spectacle lui était intimement dédié. Profondément troublée, et horrifiée à l’idée d’affronter les regards des hommes dès la fin du spectacle, elle n’en attendit pas la fin et prit la fuite à la suite du puceau tout penaud. En haut des escaliers, le guichetier l’interpella.

- Mademoiselle !
- Oui ?
- J’ai une enveloppe à vous remettre.
- Ah… je vous remercie.
- De rien, ce fut pour moi un plaisir ! Revenez quand vous voulez !

    Sur le trottoir, Sarah ouvrit l’enveloppe et lu les instructions relatives à la suite de sa mission, comme d’habitude - on constate à quelle vitesse les habitudes s’installent, jusqu’au cœur même des aventures les plus échevelées.

    Très chère Sarah,

    Je pense que votre sens visuel n’aura pas été trop mis à l’épreuve par ce petit spectacle qui, je l’espère, fut à votre goût. Retournez maintenant à votre voiture. Glissez alors les boules de geisha dans votre vagin qui devrait être bien humide, puis partez sans tarder au […]. Le code d’entrée de cet immeuble est le […]. Montez au 3ème étage, et vous trouverez sur la porte de gauche une enveloppe à votre intention. Ouvrez la et suivez les instructions.

    Aux intenses plaisirs imminents,

Vagant

    PS : Vous trouverez ci-joint une suggestion d’itinéraire.

    En voyant la carte de l’itinéraire suggéré traverser tout Paris, Sarah pensait que ce devait bien être l’épreuve la plus difficile lorsque son téléphone sonna. Ce qu’elle entendit la fit brutalement atterrir.

À suivre…

31 décembre 2007

Mission libertine - IX (1)

a502baf9013016f749ee5520cd26a822.jpg    Sarah n’eut pas le temps de se retourner qu’une créature longiligne, revêtue d’une combinaison de cuir rutilante, avait enjambé l’ottomane rose sur laquelle Sarah était installée. C’était une femme noire, de ses bottes à plateforme jusqu’au bout de ses cheveux crépus, aux yeux félins et à la bouche immense qui s’ouvrait en un large sourire carnassier sur un cortège d’ivoire. Au bout de ses doigts fins tournait une cravache comme un bâton de majorette, et dont l’extrémité badina avec la jupe de Yoko qu’elle releva d’un coup sec, dévoilant la croupe joufflue de la japonaise au public qui retenait son souffle. Bien qu’elle n’avait ni fouet, ni masque, et que son teint était bien plus sombre que celui de Hall Berry dans Catwoman, c’est cette image là qui s’imposa à l’esprit de Sarah tandis qu’elle regardait cette danseuse féline évoluer sur la scène. Cat venait de s’accrocher à la barre de Pole dance, et elle tournoyait maintenant, la tête à l’envers mais les yeux fixés sur Sarah. Sous l’emprise de ce regard vert hypnotique – sans doute portait-elle des lentilles de contact colorées - c’est tout juste si Sarah sentit les mains de Yoko glisser sur ses jambes, et dont les seins lourds vinrent se lover contre ses cuisses. Tout ce qu’elle sentait, c’était une chaleur animale irradier son bas ventre.
    Cat glissa de la barre jusqu’au sol et marcha sur Sarah avec la souplesse d’une panthère noire. Elle s’assit sur l’ottomane, tout contre Sarah figée par l’angoisse et l’excitation, partagée entre l’envie de toucher ces corps alanguis et désirables qui venaient se frotter contre elle, et la crainte du ridicule en répondant à ces sollicitations, sans parler de la gêne à se laisser aller à des privautés devant un tel public. Aux prises avec une honte ambiguë qui multipliait son désir autant qu’elle bridait son plaisir, Sarah n’osait plus regarder l’asiatique à ses pieds - dont elle sentait pourtant les seins rouler contre ses cuisses ouvertes – et encore moins la femme noire qui approcha son visage au point qu’elle sentit son parfum poivré. Ce qu’elle sentit aussi, c’est la rougeur envahir son visage quand Cat lui murmura à l’oreille, d’une voix grave à l’accent indéfinissable tout en désignant la poitrine de Sarah du bout de sa cravache : « C’est tellement rare d’avoir un public féminin qu’on ne va pas se priver ! »
    Yoko obtempéra immédiatement à l’ordre silencieux. Avec un sourire équivoque, elle déboutonna le blouson de Sarah tétanisée, et l’abaissa d’un geste ferme derrière son dos, ce qui eut pour effet de maintenir les bras de Sarah le long de son corps, la poitrine bombée. Contrainte à la passivité, Sarah se trouva paradoxalement libérée d’une angoissante décision : elle n’avait plus à se demander si elle pouvait, ou si elle devait toucher ces femmes. Elle n’avait désormais plus rien d’autre à faire qu’à jouir du spectacle visuel, et même tactile qu’on lui offrait. Car de ses petites mains douces, Yoko avait entrepris de lui masser les seins au travers de son chemisier, tandis que sur la scène, Cat se déshabillait avec sensualité.
    La combinaison de Cat qui l’enveloppait jusqu’au cou, s’ouvrit grâce à une longue fermeture éclair qui descendait jusqu’aux enfers. Pour éviter de gémir sous la caresse experte de Yoko dont les doigts s’immisçaient entre les boutons de son chemisier, Sarah s’abandonna dans la contemplation du zip qui glissait irrémédiablement vers le bas, et qui ouvrait les yeux sur la peau veloutée de Cat, au creux de la vallée que formaient ses petits seins nus sous la combinaison qui s’ouvrait sur son ventre plat, sur un nombril à la carnation un peu plus sombre que le reste de sa peau tabac, mais au cœur duquel brillait un diamant de cristal à l’éclat rehaussé par son bas ventre glabre...
    Soudain, Cat leva la jambe droite à la verticale et la plaqua tout au long de la barre de pole dance, exhibant ainsi au public la fin de la course de la fermeture éclair qui n’avait jamais si bien porté son nom : La combinaison s’ouvrit d’un seul coup entre les jambes en grand écart, jusqu’au coccyx. Le mouvement avait été si rapide qu’un œil distrait n’aurait pas remarqué que Cat ne portait pas de petite culotte.
    Le chemisier de Sarah aussi était largement ouvert. La geisha en avait fait sauter les boutons, un à un, et les seins de Sarah n’étaient plus protégés des regards que par son soutient gorge que pétrissait Yoko, sans vergogne. Sarah n’osait pas regarder dans la salle, mais elle sentait bien que pour tous les hommes présents, elle faisait partie du spectacle. Elle chassa de son esprit le regard libidineux des petits vieux, faute de pouvoir les chasser de sa peau dénudée, et se concentra à nouveau sur Cat qui offrait le spectacle officiel : derrière la geisha dont Sarah sentait le souffle accéléré contre sa poitrine, Cat avait glissé sa cravache dans le string de Yoko. Plaqué contre sa vulve par l’élastique tendu, la tige y coulissait comme un archet sur la corde d’un violoncelle, sauf que les petits gémissements que poussait la japonaise étaient sur une octave nettement plus aigue. Cat tira sur le string qui tomba aux genoux de Yoko, et brandit la cravache sous le nez de Sarah et de sa comparse. Elle était luisante de cyprine. Sans trop modifier sa position, Yoko qui était à genoux, penchée en avant, le buste sur les cuisses de Sarah et les fesses entièrement nue, sa jupe d’écolière retroussée jusqu’à la taille, Yoko donc tourna un visage implorant vers Cat la dominatrice, les mains jointes dans un geste de pantomime assez explicite pour ne pas avoir besoin d’y joindre la parole. Cat désigna à nouveau la poitrine de Sarah qui vit Yoko faire prestement glisser une des bretelles de son soutient gorge, libérer son sein gauche avant de le saisir à deux mains et d’en porter le téton à ses lèvres assoiffées.
    Sarah fut si surprise qu’elle ne put retenir un petit cri. Les yeux clos, Yoko lui suçait le tétin avec un plaisir évident et communicatif. Comme pour mieux s’offrir aux caresses et aux baisers de l’asiatique, Sarah se pencha instinctivement en avant ce qui augmenta la pression du petit godemiché fiché dans son vagin. Cuisses écartées, elle ne pouvait pas le contrôler aussi bien que dans le métro, mais elle était maintenant si humide que sa vulve poisseuse engouffrait tout le corps du papillon, qui roulait à droite et à gauche comme s’il était animé d’une vie propre. Cat s’agenouilla derrière Yoko, dont elle écarta les fesses pour exhiber ses trous aux yeux exorbités de l’assistance masculine. Sans retirer ses gants, elle appliqua son majeur tout au long de la vulve de sa partenaire, avant de le faire peu à peu disparaître à l’intérieur. Sans pouvoir voir cette pénétration, Sarah la ressentit dans son propre corps à l’accélération de la succion de Yoko, à son bras droit qui l’enlaçait fermement par la taille, et à sa main gauche qui la dépoitraillait fébrilement.

À suivre…

24 décembre 2007

Mission libertine - VIII

    J’entrai chez Chochotte sans savoir si Sarah y était déjà, et j’allai me renseigner au guichet.

- Bonjour monsieur. J’étais venu il y a quelques temps à propos d’un défi que je comptais lancer à une de mes amies, vous vous souvenez ?
- Oui, oui je me souviens.
- Normalement, elle devrait être arrivée.
- Une femme blonde est descendue il y a quelques minutes. Je la vois dans la vidéo de surveillance. Tout se passe bien. Très bien même.

    Je me tordis le coup dans l’espoir de la voir dans la salle sur les écrans de surveillance, sans succès.

- C’est parfait. Pourriez-vous lui remettre cette enveloppe quand elle ressortira ?
- Qu’est-ce que c’est ? Demanda-t-il quelque peu soupçonneux.
- Une simple lettre, vous voyez, l’enveloppe n’est même pas cachetée.
- Aucun problème, répondit-il un peu gêné par la méfiance qu’il venait de me témoigner.
- Vous permettez que je reste quelques instants dans l’entrée ?
- Si vous voulez, me dit-il sans me poser plus de question.

    J’actionnai discrètement la télécommande du papillon en espérant qu’elle fonctionne à cette distance, tout en laissant mon esprit vagabonder au gré de la correspondance que nous avions échangée les jours derniers.


    Ma très chère Sarah,

    Sachez que le portrait de votre folle passion ne m’importune pas le moins du monde, car je partage en tous points une passion similaire. Une passion charnelle et cérébrale pour une femme qui m’a prodigué ses mots raffinés, qui m’a offert son corps torride, et dont je ne connais toujours pas ce qu’elle offre au moindre passant : la vue de son visage. Je l’ai certes deviné dans la pénombre, mais je redoute de le voir devant moi dans un cadre social classique. Non, je ne crains pas de m’évanouir face à un quasimodo au féminin, je crains seulement que le mystère que nous entretenons ne s’évanouisse, et que notre liaison si particulière sombre dans la trivialité des relations illégitimes.
    J’ai joué de maladresse dans ma préparation d’un nouveau défi avec Yann, qui brûle d’être le skipper plutôt que de se contenter du rôle d’équipier. Après vous avoir contacté en privé, je sais que ce séducteur impénitent aura tout fait pour vous faire tomber dans son escarcelle autrement plus profonde que la mienne, même si j’avais d’autres projets… Si vous souhaitez vous offrir un moment de plaisir avec lui sans plus attendre, je ne peux vous en empêcher, et cela ne devrait pas nuire à notre relation. Soyez tout de même bien consciente de son inconstance, au point qu’après avoir eu une aventure avec vous, il pourrait ne plus envisager les combinaisons sensuelles dont je lui avais fait part. J’espère donc que vous continuerez à m’accorder votre confiance pour nous mener au terme des plaisirs que j’escomptais. Je suis bien conscient que vous ne pourrez pas maintenir éternellement ce feu follet en veilleuse, et je ne vous demande que quelques mois pour mener mystérieux projet à son terme. Oui, j’ai conscience que ce délai est bien long, mais songez que sa ferveur sera probablement proportionnelle à l’attente que vous lui imposerez. Je vous laisserai ensuite jouir de ses atouts comme il vous plaira. Aussi, vous pouvez considérer la chasteté que je vous demande envers lui comme un nouveau défi. […]

2ac816edd6b5c9d4f7be3343dae3264c.jpg    J’avais rencontré Yann quelques mois plus tôt. Dès que je l’avais vu arriver dans le café où nous nous étions donnés rendez-vous, j’avais reconnu le séducteur impénitent : Casque à la main, combinaison de cuir et gueule d'amour, il avait une allure tout à fait conforme à son incroyable tableau de chasse. Jeune trentenaire, journaliste, récemment divorcé, il était alors en pleine tourmente sexuelle et existentielle. Adepte de tantrisme et de rencontres éphémères, il jouissait d'un certain succès auprès des femmes et j'avais flairé en lui le partenaire de débauche idéal : nous comblâmes ensemble une amatrice d’émotions fortes ce qui nous lia aussi d’amitié. C’est ainsi que j’appris qu’il était entré en contact avec Sarah. Elle ne s’était pas montrée insensible à sa cour assidue, contre laquelle je l’avais mise en garde tout en demandant à Yann de réfréner ses ardeurs, sans trop y croire : autant demander à un lion de ne pas croquer la gazelle qui gambade sous ses yeux. C’était bien le cas de le dire.
   

    Très cher Vagant,

    Une fois de plus, je pense être sortie victorieuse du défi de chasteté que vous m’aviez lancé, et sans ceinture s’il vous plait. Ce n’est pas à vous que j’apprendrai qu’« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », ni que j’aime vivre dangereusement. J’ai donc accepté l’invitation à déjeuner de votre ami Yann, en tout bien tout honneur avait-il insisté, mais dans un contexte dont je n’avais pas mesuré la dangerosité pour ma vertu avant de me retrouver comme une gazelle face au lion dans la savane : rien qu’à suivre son regard, il était facile de comprendre que ses appétits ne se réduisaient pas à mon petit pot de rillettes. Vous l’avez compris, j’ai accepté une invitation à pique-niquer en sa très charmante compagnie hier midi, au bois de Vincennes, étendus côte à côte sur une couverture à même le sol.
    Heureusement, j’avais mon sac à malice. Je suppose que vous vous souvenez de ce lourd sac que j’avais péniblement traîné dans la chambre d’hôtel ce soir où vous vous étiez offert à mes vices et sévices ? Et bien je l’avais avec moi hier, non pas pour transporter un fouet afin de dompter le fauve, ni même des menottes pour lui attacher les poignets derrière le dos et transformer le lion en oisillon auquel donner la becquée, non, je n’avais que quelques provisions et un ruban rose.
    Avant même de m’étendre sur la couverture, j’y ai déroulé le ruban dans la longueur afin de  la partager en deux zones égales : À chacun la sienne, comme les pupitres à l’école primaire ! Avec interdiction formelle de traverser la ligne rose en aucune manière. Nous avons installé nos sandwichs, salades, quiches et autres victuailles tout au long du ruban, comme des postes de douane sur la frontière, et j’ai pu prendre mes aises en toute quiétude. Il faisait très beau hier, particulièrement chaud pour la saison, et vous avouerez avec moi qu’il aurait été dommage de ne pas dévoiler ma peau aux premiers rayons d’un soleil primesautier. Je portais donc une jupe assez courte, et un simple chemisier après avoir retiré mon pull. Devant son échancrure, je peux vous avouer que votre ami Yann a bien tenté quelques incursions en territoire ennemi, mais je lui opposais une défense de fer. Jusqu’au moment où il s’est dressé face à moi, juste à la limite du ruban ! Il a avancé sa main… qui s’est heurtée contre une vitre invisible à l’aplomb du ruban rose ! Il semblait en chercher les contours, un passage à tâtons. Alors je l’ai aidé à chercher la faille, et nous avons entrepris un vrai numéro de mime marceau, simultanément et chacun de notre côté du ruban. Nous nous sommes frôlés pendant quelques minutes, mais sans nous toucher, sa main à un centimètre de mon sein, la mienne aussi près de ses hanches, nos lèvres proches au point que nos souffles se mélangent…
    Et rien de plus.
    Comme je vous l'ai maintes fois répété, j'ai une confiance aveugle en vous Vagant, c'est pourquoi cet entracte burlesque s’est arrêté là, et je m'en remets à vos moindres désirs. Votre ami Yann, aussi séduisant soit-il, ne m'attire quand même pas autant que vous, il est loin de déployer autant d’efforts pour moi - et pour lesquels je ne sais toujours pas comment vous remercier - et je n'ai pour l'heure pas trouvé un autre amant que vous qui recherchait ce que moi-même espérais vivre en secret, et qui me fait chavirer. Je lui laisse donc cette place d'équipier et ne vous démets nullement de vos fonctions de skipper car je souhaiterais vous garder comme un précieux trésor que je possèderais au creux de la main...
Je le tiendrai donc en haleine le temps qu'il faudra, et je ne lui soufflerai mot de ce que je sais […]

 

    Je jetai un coup d’œil à ma montre. 14h30. Il était grand temps de quitter la boite de strip-tease avant que Sarah n’en sorte, et je me précipitai vers le métro. Mais auparavant, il me fallait encore donner un coup de téléphone.

À suivre…

17 décembre 2007

Mission libertine - VII (2)

    Yoko pivota sur elle-même et, sans cesser de frotter sa croupe contre le sexe éteint du septuagénaire qui retrouvait au moins ses esprits faute de retrouver sa vigueur, elle ôta son chemisier qui ne cachait plus rien. Deux sièges plus loin, un sexagénaire rougeaud roulait vers elle des yeux gourmands. Avec sa casquette vissée sur la tête et son gilet de laine tendu d’embonpoint sous sa veste à carreaux, il avait l’allure du rural prospère qui vient de s’échapper du salon de l’agriculture entre deux poignées de main ministérielles. Yoko lui adressa un sourire enjôleur en s’approchant, et lui laissa son chemisier en gage en passant. Sarah songea que cet établissement nuisait gravement à la santé des cardiaques, tandis que Yoko venait vers elle selon un parcours érotique aussi erratique qu’une bille sur la roulette d’un casino, qui flirte avec tous les numéros avant d'en choisir un.
    Sans quitter Sarah des yeux, tout en évitant de croiser son regard, la strip-teaseuse ondulait maintenant sur la scène contre la barre de pole dance, verticale et inflexible, l’objet de toutes ses attentions. Dos au public, jambes tendues légèrement écartées, Yoko appuya ses fesses cambrées contre la barre qui souleva au passage sa minijupe bleu marine, et elle fléchit les genoux tout en se baissant davantage. Le spectacle était saisissant : Le tube qui s’était logé dans sa raie y coulissait comme un phallus d’acier inoxydable, tandis que dans le reflet du miroir, les seins de Yoko se balançaient sans plus de retenue qu’un rien de dentelle tendue. Quand ses genoux touchèrent le sol, quand ses seins s’aplatirent par terre sur la peau de bête, Yoko tendit les bras en arrière et plaqua une main sur chaque fesse. Ses ongles carmins parfaitement manucurés s’enfonçaient légèrement dans la chair ocre et dodue, tandis qu’elle ouvrait son cul à la barre métallique. Les globes charnus l’enveloppèrent presque complètement lorsque Yoko les relâcha. Elle garda quelques instants sa position de chienne en levrette. Dans la salle, la tension était montée d’un cran. Sarah serra ses cuisses humides. Les vibrations venaient de reprendre.
6bc2bdc588839ba76552314e9f7a9977.jpg    Yoko opéra un retournement acrobatique. Suspendue au milieu de la barre coincée entre ses cuisses puissantes, face au public lui-même suspendu au moindre de ses gestes, elle se caressait maintenant les seins de la paume des mains au travers de son soutien-gorge symbolique. Elle porta son index à sa bouche, le suça, et elle le glissa sous le bonnet droit pour titiller son téton dressé, her great tit, sa mésange apprivoisée. Puis, comme mue par une pulsion irrésistible, elle balaya d’un geste la bretelle de son soutient gorge pigeonnant pour libérer l’oiseau de sa cage de dentelle : entre ses deux mains en conque, son sein aussi gros qu’une colombe. Finalement, c’est son soutient gorge qui s’envola à travers la pièce pour retomber aux pieds de Sarah, comme un gant à relever. Libre de tout textile, la généreuse poitrine de Yoko englobait déjà la barre chromée. Quand elle retira le pic qui maintenait son chignon, la cascade de ses longs cheveux noirs jeta un voile impudique sur ses seins nus.381b6913c149cdb08da3347e34b53075.jpg
    Captivée par le spectacle, Sarah avait la vague impression qu’elle n’allait pas s’en tirer en tant que simple spectatrice, d’autant plus qu’elle sentait de temps à autres ma présence vibrante se manifester entre ses cuisses. Depuis que Yoko était montée sur scène, Sarah n’avait pas prêté attention aux nouveaux clients pour une escapade illicite hors de l’ennui matrimonial quotidien, qui étaient entrés aussi furtivement que des passagers clandestins et dont elle faisait elle-même partie. Tandis que Yoko était maintenant allongée sur le lit, cuisses écartées, la main droite fourrée dans sa petite culotte et la gauche occupée à titiller ses seins ballottés par la houle d’un plaisir que Sarah commençait à sentir monter dans son propre bas ventre, Sarah sentit un souffle sur sa nuque. « Vagant est juste est derrière-moi, je le sens ! » s’imposa à son esprit. L’ombre d’un instant, elle hésita à se retourner, au risque de rompre le charme, mais elle se ravisa en voyant Yoko descendre du lit, et arriver sur elle, comme une chatte, à quatre pattes. Sarah se sentit aussi pétrifiée que le vieux cacique qui avait eu droit aux faveurs de la jeune japonaise. Les vibrations du papillon qui venaient de reprendre firent chavirer les yeux bleus de Sarah, tandis qu’entre ses jambes, la geisha obscène allait avancer son visage. Sarah ne put réprimer un sursaut : une main gantée de cuir noir venait de se poser sur son épaule.

À suivre…

10 décembre 2007

Mission libertine - VII (1)

    L’entrée de la boite de strip-tease était aussi discrète que son intitulé digne d’une boutique de lingerie fine. Mais si la lingerie était bien mise en valeur chez « Chochotte », il était plutôt question de l’ôter que de la porter. Se fiant plus à moi qu’à son courage définitivement muet, Sarah avança dans le petit couloir avec une assurance fallacieuse, au bout duquel elle donna au guichet le billet qu’elle avait trouvé dans l’enveloppe remise par Marina au hammam. Un homme entre deux âges lui rendit en échange un ticket, avec en prime l’esquisse d’un sourire amusé. Il était plus habitué aux sémillants retraités qu’aux jeunes femmes seules, mais il n’était pas aussi surpris qu’il l’aurait été si je ne l’avais pas prévenu de la venue d’une jolie spectatrice blonde. « C’est par ici », lui dit-il en désignant un étroit escalier en colimaçon qui s’enfonçait dans une cave aux exhalaisons de parfums suaves et de lumières chaudes.
    Au fur et à mesure qu’elle descendait précautionneusement les marches métalliques, Sarah ressentit un faisceau de regards braqués sur ses escarpins, qui remontèrent sur le galbe de ses mollets, jusqu’à ses genoux au dessus desquels flottait sa jupe, mais sous laquelle se perdaient des yeux inquisiteurs. En bas, elle comprit la raison de sa sensation prémonitoire : son corps essuyait le feu des regards lubriques d’une demi-douzaine d’hommes seuls qui la déshabillaient d’avance. « Ah ! Une nouvelle ! » semblaient penser ces habitués installés sur leur siège comme de vielles bouteilles oubliées au creux d’une antique cave voûtée. Sarah les balaya du regard sans même songer que j’aurais pu être un d’entre eux. Ces spectateurs avaient l’air presque aussi vieux que la crypte réaménagée en un minuscule théâtre dont la scène au mobilier hétéroclite évoquait davantage l’arrière boutique d’un antiquaire, que la chambre coquette qu’elle était supposée représenter : des peaux de bêtes disputaient le peu de surface aux tapis persans tandis qu’une opulence de coussins chatoyants s’amoncelait des divans luxurieux au lit à baldaquin dont les tentures damassées rivalisaient de dorures avec un miroir baroque qui multipliait des fresques kitsch… Le souffle coupé par ce concentré luxurieux, Sarah prit une longue inspiration tout en se demandant, entre la scène sardanapalesque et les petits vieux concupiscents, où poser les yeux et les fesses. Elle opta pour une ottomane rose qui l’accueillit au premier rang, espérant oublier regards licencieux en leur tournant le dos. Derrière elle, trois rangées de confortables sièges disposés en gradins donnaient aux autres spectateurs une vue plongeante sur la scène, et donc sur elle en attendant les professionnelles.
    Tout en s’efforçant d’adopter l’impassibilité des deux Sphinx en onyx qui semblaient monter la garde aux pieds de l’escalier, Sarah commençait à se demander si ce n’était pas à elle d’assurer le spectacle – ce dont elle se sentait parfaitement incapable – lorsque le son d’un clavecin annonça l’entrée de l’artiste. Soulagée, Sarah put a son tour assister au spectacle qu’elle venait de donner malgré elle dans l’escalier, celui d’un corps qu’on déshabille du regard des pieds à la tête. C’était en l’occurrence un corps revêtu par une parodie d’uniforme scolaire : souliers vernis à talons compensés sur lesquels coulaient des chaussettes blanches façon grunge ; jupe bleu marine sagement plissée mais bien trop courte pour être honnête ; chemisier dont la blancheur virginale soulignait un décolleté infernal, au tréfonds duquel deux hémisphères ocres surlignées de dentelle blanche semblaient se rejoindre sous un bouton prêt à craquer. Enfin, on put découvrir le visage de la jeune effeuilleuse asiatique, dégagé par un chignon sophistiqué, aux pommettes hautes qui bridaient ses yeux noirs et qui évoquait la tête triangulaire d’une mente religieuse. Son sourire poli masquait bien sa vocation de croqueuse de mâle tandis qu’elle marchait vers la scène.
    Le clavecin synthétique laissa l’animation musicale aux premières mesures sirupeuses d’un jazz dont la langueur avait le mérite d’accompagner les gestes mesurés de la strip-teaseuse mais qui, à première vue, ne collait ni avec le décors kitsch, ni avec le type oriental de cette fille à l’allure de Yoko Matsugane. Car ce n’est pas des jardins zen de Kyoto aux camélias évanescents et à la mousse intemporelle, ce n’est pas d’un film d’Ozu que semblait surgir la friponne nipponne, mais d’une trépidante boite de nuit de Shinjuku, des tréfonds d’un manga pornographique, sans avoir perdu pour autant les minauderies ataviques des geishas ancestrales. Quelque soit la nationalité de Yoko, elle était d’essence japonaise : elle incarnait tous les mondes flottants juxtaposés, comme étaient surnommés les maisons de plaisir de Tokyo au 17ème siècle.


fafb777440f833fe5b52780a9d62107f.jpg    Au 7ème siècle, les japonais qui ne possédaient pas l’écriture adoptèrent les idéogrammes chinois : les kanji. Mais ils les dévoyèrent en les utilisant non pas pour le concept que chaque kanji représente intrinsèquement, mais selon leur prononciation. Ainsi apparurent les kana à la calligraphie simplifiée, qui remplacèrent peu à peu les kanji, et qui constituent aujourd’hui deux syllabaires : les hiragana réservés aux mots d’origine japonaise, et les katakana réservés à la transcription phonétique des mots étrangers - principalement anglais. En Japonais, une même phrase peut donc comporter kanji, hiragana et katakana juxtaposés.


    Quand elle dégrafa le bouton en sursis de son chemisier tendu, Yoko tournait le dos au public. Non pas par pudibonderie déplacée en ces lieux - ce qu’un regard raffiné aurait pu trouver excitant à cause de l’apparente transgression d’une pudeur malmenée - mais pour dévoiler sa nuque, ce que les geishas considéraient comme la partie la plus érotique du corps féminin, et que les kimonos mettent aujourd’hui encore si bien en valeur. Dans les yeux d’esthète orientaliste égaré chez Chochotte, c’est alors un fantôme d’Edo qui se serait imprimé comme une estampe érotique représentant un antique lupanar. Il suffit pourtant à Sarah de détourner le regard pour qu’il croise celui de Yoko dans le miroir rococo, et qu’il tombe inéluctablement entre les seins monumentaux de la jeune femme dont le chemisier sous pression s’était ouvert comme un air bag. Tout était là, juxtaposé, à embrasser d’un regard : Une nuque délicate et une paire de seins digne d’un film de Russ Meyer, un uniforme scolaire dévoyé et sa charge transgressive, un mobilier kitch et un jazz au rythme emballant.
    Tout était là, juxtaposé comme un sushi.
    Lorsque Yoko se retourna vers un petit vieux pétrifié sur son siège, ce fut pour fondre sur lui au pas cadencé d’un défilé de mode. Arrivée face au fossile congestionné, Yoko se glissa entre ses jambes flageolantes, elle se pencha vers lui, et elle fit sauter le dernier bouton de son chemisier, dont les pans flottaient maintenant comme des drapeaux blancs. Mais Yoko n’était pas du genre à épargner les clients. Encore maintenus par une microscopique dentelle envers et contre toutes les lois de la physique, ses globes mammaires se trouvaient à quelques centimètre du visage de sa proie. Elle l’assomma d’un crochet du sein droit.

Yoko Matsugane

À suivre…

26 novembre 2007

Mission libertine - VI

e89c3febe9d02a8b7cf622148dd4b7d9.jpg    Tranquillement assis sur le quai de la station Jussieu, ma discrète télécommande en main, je regardais s’éloigner le métro qui emportait Sarah vers de nouvelles aventures. Tandis que je montais dans la rame suivante, j’avais la certitude que Sarah n’était pas en mesure de me reconnaître, ce qui était moins surprenant que cela l’aurait été pour des amants ordinaires : si un bandeau avait recouvert la moitié de mon visage au cours de notre troisième rencontre, c’est la pénombre qui l’avait enveloppé tout au long de notre second rendez-vous.

    Le défi de cette seconde rencontre, c’est Sarah qui me l’avait lancé. Il tenait en quelques tabous : « Notre seul droit sera de nous parcourir avec nos doigts et nos mains ; l'usage de la bouche quel qu'il soit nous sera interdit ; il nous sera également défendu de toucher le sexe ou la poitrine de notre partenaire ».
    La veille de ce rendez-vous dans une chambre hôtel où nous nous apprêtions à passer toute une nuit blanche dans le noir, la débauche et un silence monacal, Sarah m’avait fait part d’un souci typiquement féminin, et elle m’avait proposé d’ajourner notre « entrevue » si je le souhaitais. J’avais immédiatement répondu que je lui laissais le choix dans la date, qu’elle pouvait l’ajuster à sa convenance, masquant au mieux ma déception de devoir patienter quelques jours de plus ou bien de ne pouvoir jouir l’un de l’autre autant que nous le souhaitions. Et puis j’avais réalisé tout le piquant que pouvait m’offrir cette restriction physiologique, et que Sarah insinuait en me laissant ce choix qui aurait dû lui revenir. Aussi lui avais-je concocté une réponse aussi diplomatique que suggestive :

    Ma chère Sarah,

    Je pense avoir répondu un peu trop rapidement à votre message ce matin, sans avoir bien pesé le choix que vous me donnez. Si votre état supposé (je note le conditionnel que vous avez employé) me frustrerait de ne pouvoir partager avec vous une grande partie des plaisirs escomptés, la frustration serait bien plus grande pour vous que pour moi.
    En effet, cet état ne nous interdirait pas d’autres pratiques dont nous sommes tous deux friands, et si vous les aimez au point de les pratiquer abondamment - car c’est abondamment que je voulais vous honorer - alors je ne serais frustré que du plaisir que je ne vous aurais pas donné.
    Je vous renvoie donc la balle et je vous laisse décider selon votre agenda, vos possibilités physiques, et surtout vos envies. Sachez seulement que votre indisposition ne diminue pas le désir que j’ai de vous.

    Dans l’impatience de vous lire, entre autres choses…

Vagant

    Sarah, dont la souplesse anale était plus grande que celle de son agenda conjugal, avait finalement confirmé notre rendez-vous. Deux jours plus tard, je lui écrivais ceci :

    Très chère Sarah,

    Vous avez gagné ! Pour la seconde fois vous avez remporté la victoire, vous êtes la meilleure ! « Sarah ! Sarah ! » Crie la foule extatique devant vos exploits sensuels ! J’ai bien compris que la victoire était votre seule motivation pour me voir, j’ai vu les trésors d’imagination que vous avez su déployer pour arriver à vos fins, moi qui croyais naïvement que vous souhaitiez juste apprendre les courbes de mon corps, par cœur, sur le bout des doigts. A vous la victoire, donc à vous d’en choisir les fruits. Vous avez décidé de me laisser choisir le prochain défi, qu’il en soit ainsi, je vous laisse en retour me donner un gage. Je trouve d’ailleurs cette règle plus équitable. Au perdant de proposer le défi suivant, contre un gage imposé par le vainqueur.
    Laissez-moi cependant revenir sur les délices de notre nuit passée, pour le plaisir de les revivre encore un peu, avec en point d’orgue l’enfilage de vos gants en latex ! Tout cela pour pouvoir me toucher partout tout en respectant les règles de votre jeu, et me faire découvrir au passage la sensualité affolante de cette matière. Que de savantes caresses avez-vous ainsi su me procurer, du frôlement de vos cheveux lâchés sur mon corps énervé, à votre souffle brûlant sur ma peau préalablement aspergée d’eau tiède par vos soins sadiques. Devant un tel déploiement de sensualité perverse, je ne pouvais que rendre les armes, après une héroïque résistance convenez-en, moi qui n’avais pour botte secrète que l’idée de vous taquiner de mon souffle sur vos lèvres ourlées que j’imaginais blanchies par l’écume de vos désirs. Je me souviens avec émotion du baiser libérateur qui signa ma perte, baiser rageur, ravageur, cannibale tant mon désir de vous était violent. Et après cette attente délicieusement exaspérante, combien fût-il doux de vous demander de poser vos lèvres sur mon sexe embrasé, de le lécher jusqu’à tirer mon nectar, pour le partager aussitôt avec moi dans un baiser sirupeux. Il serait fastidieux d’énumérer toutes les escarmouches qui suivirent, les assauts de vos seins sur ma verge dressée, les attaques de mes doigts sur votre intimité, votre langue tendue en guet-apens sur mes couilles, l’offensive déterminante de ma bouche dans votre raie, tranchée abandonnée, offerte à ma vindicte, copieusement embrassée, léchée en un ample mouvement de mon visage entre vos fesses écartées, et qui me procuraient un doux massage autant que je vous baisais. Mais comment pourrai-je ne pas citer l’invasion qui suivit, celle de ma queue dans votre cul souple et gourmand.
    Je n’ai pas tenu le compte de nos orgasmes - mes doigts étaient bien trop occupés - mais je garde en mémoire le jour qui s’est levé sur vous. Vous m’aviez rejoint la nuit tombée dans une chambre totalement obscure, et au petit matin, entre chaque étreinte, la pénombre pâlissante vous révélait un peu plus. J’aime avoir ainsi découvert vos traits, avoir constaté combien vous aviez tort de les trouver quelconques, bref, avoir été en tous points ravi de me réveiller à vos côtés, à l’inverse de ces amants éthyliques honteux de découvrir leur partenaire au petit matin blême. Notre rencontre - inversée puisque nous avons découvert ce qui est le plus souvent couvert avant de découvrir ce qui l’est plus rarement - s’avère définitivement délicieuse, et je ne répéterai pas davantage combien je m’en félicite. […]

    La réponse de Sarah avait été à la mesure de notre première nuit d’amour et de nos conventions épistolaires délirantes:

    Très cher Vagant,
 
    Lentement, peu à peu, je sors de ma torpeur moelleuse, souvenir d'une nuit remplie de délices tous plus audacieux les uns que les autres, et je mets ainsi mon esprit à peine rétabli à votre service pour vous écrire sans détour.
Vous souvenez-vous que je vous avais avoué avoir rencontré un amant exquis dans des conditions nébuleuses pour une étreinte torride ? C'est ce même homme qui m'amène à vous confier ma débauche, parce que je vous sais d'une oreille réceptive et compatissante. Aussi, c'est dans les mêmes conditions que les premières, à quelques détails près, que je me suis rendue le coeur léger dans une chambre d'hôtel où régnait, en plus de son parfum enivrant qui flottait dans l'air, une obscurité digne de ce nom. Il était là, dans cette même pièce, à m'attendre comme nous l'avions convenu. Aussitôt, nous avons mis en pratique ce gage dont je vous ai touché un mot, vous savez, cette mise en jambe du bout des doigts...
    Je le désirais ardemment, j'avais une telle envie de goûter à nouveau ses lèvres, son corps et sa peau qu'il était évident que je ne pourrai me contenir très longtemps. C'est du moins ce que je croyais. Alors que le jeu prenait tout son sens sous nos lascives caresses, c'est à mon grand étonnement qu'il m'avoua, dans un fougueux baiser, que l'envie était si forte qu’il ne pouvait plus supporter ce qui lui semblait déjà du le domaine de l'insupportable ! Enfin je le retrouvai, lui et ses envies lubriques, son être et les folies grisantes qui en découlent, son corps enfin offert à mes caprices audacieux. Après une double attente, nous prenions à nouveau possession de nos convoitises sans autre restriction que l'obscurité imposée, et  une indisposition qui ne me permettait pas de jouir de son sexe en chacun des passages que je pouvais lui offrir. Nous ponctuâmes donc nos ébats, ô combien torrides, par une succession de sodomies plus qu'exaltantes. Mon anus lui était dédié avec toute l'envie qu'il pouvait y glisser. C'est avec volupté que j'accueillis son sexe dans mon orifice sûrement étroit un jour précédent. J'aimai le sentir s'y introduire doucement dans un premier temps, puis prendre possession de ce domaine si convoité dans une palette de rythmes aussi différents qu'envoûtants. Tantôt langoureux, tantôt bestial, son assaut rectal me fit jouir plus d'une fois. Ses mains kleptomanes volèrent toutes mes gourmandises. Sa bouche insatiable vint explorer chaque parcelle de ma peau, en apprit le grain, en dégusta la saveur. Je ne me lassais pas de ses caresses aussi délicates qu'insolentes, de ses baisers sensuellement amoureux, de son souffle posé sur ma féminité ruisselante. Chacune de ses tendresses est tatouée sur mon corps, chaque émotion est gravée dans mon âme, qui me rendent encore plus libertine...
    Je suis sûre que ces mots attisent vos envies naissantes, comme ce fut le cas avec mon amant mystérieux puisque nous décidâmes de ne plus garder le silence complet mais de joindre la parole au geste à des fins purement sexuelles. C'est sans complexe que nous ajoutâmes des mots crus à nos ébats pour le moins passionnés : Je lui avouai aimer sentir sa verge bien au fond de mon cul puisqu'elle ne pouvait se trouver ailleurs, avant qu'il ne me demande de boire son foutre puis d'en partager le goût si particulier. Je criai mon orgasme quand il prenait possession de la chienne que j'étais devenue pour lui.
    J'ignore pourquoi nos mots ne se limitèrent pas à des paroles obscènes entrecoupées de souffles courts. C'est presque naturellement que nous nous laissâmes aller à des propos qui tenaient plus de la confidence sur l'oreiller que du "suce-moi salope". Bien que ce soit un écart par rapport à nos conventions d'origine, je lui fis assez confiance pour le laisser me glisser des mots doux au creux de l'oreille, et même pour le suivre dans cette nouvelle voie qui levait un peu de son mystère.
    Pourvu que cela n’entâche notre correspondance.
    Parce que l'essentiel, pour lui et moi, est bien là. […]

    Oui, l’essentiel était là, le mystérieux mobile qui donnait à notre adultère ce double parfum d’interdit, et qui poussait Sarah à parler de moi à la troisième personne du singulier lorsqu’elle évoquait nos étreintes, comme si elle pouvait ainsi prendre une distance salvatrice. J’en étais à cette réflexion rétrospective lorsque je réalisai que mes pas m’avaient mené à la devanture d’une boite de strip-tease, Chochotte, située au trente-quatre rue Saint-André des Arts.

À suivre…

19 novembre 2007

Mission libertine - V (2)

    Les yeux dans le vague mais le sourire aux lèvres, Sarah vit le garçon s’approcher et déposer sur la table une soupière brûlante qui exhalait des parfums d’agneau grillé et de poivron vert.

- Désirez-vous quelque chose d’autre, mesdemoiselles ?
- Je vous remercie, c’est bon, répondit Marina.
- Oh oui ! c’est bon ! renchérit Sarah.

    En pouffant de rire, elles regardèrent le garçon s’éloigner. Marina interrogea Sarah du regard.

- Les vibrations viennent de s’arrêter. C’est surprenant au début, mais pas désagréable en fin de compte.
- Je me demande jusqu’à quelle distance il peut les déclencher.
- Tu crois qu’il est dans la salle ?
- Je ne le vois pas en tous cas.
- Ça recommence…

76408151e143da59d28aa4a02615c0e4.jpg    Elles balayèrent du regard le restaurant aux murs décorés de faïence et de bois sculpté aux motifs hispano mauresques. Pas un seul homme solitaire n’était assis aux petites tables rondes avoisinantes, où couscous, tagines et thé à la menthe offraient l'opulence de leurs appâts aux papilles des gourmandes, sur des plateaux de cuivre ouvragés. Sarah n’était pas en mesure de poursuivre davantage ses investigations. Elle ferma les yeux et mordit sa lèvre inférieure tout en se dandinant sur sa chaise. Lorsqu’elle portait son corps vers l’avant, la pression de la tête du papillon s’intensifiait sur son clitoris au point que les vibrations devenaient insoutenables. Elle se rejetait alors en arrière jusqu’à s’appuyer sur le dossier de son siège, et c’est alors le petit pénis bourdonnant qui s’immisçait profondément entre ses lèvres humides, au cœur de ses chairs déjà suintantes de plaisir. Sa vulve ouverte, aux lèvres épanouies, lui donnait l’impression d’être une fleur aux pétales épaisses, et au calice gorgé de sucs qu’un bourdon vibrant venait butiner sans vergogne. Des ondes de plaisir irradiaient de son bas ventre en langoureux frissons qui lui remontaient jusqu’à l’échine, en passant par sa poitrine dont elle sentait les tétons durcir. Les vibrations cessèrent enfin et Sarah put répondre à Marina d’une voix qui ne risquait plus de se muer en feulement lascif.

- C’est si bon que ça, Sarah ?
- Tu n’imagines pas.
- Dis moi, comment en es tu arrivée là, avec Vagant. Ce n’est pas banal de se prêter à de tels scenarii avec un homme dont on n’a jamais vu le visage !
- C’est vrai. Sans doute pour inscrire notre relation dans le domaine de l’irréel... Comme si le jeu pouvait nous protéger… n’as-tu jamais eu envie de vivre une autre vie Marina ?
- Vous protéger de quoi ?
- Enfantin, en deux lettres.
- Pardon ?
- J’ai deux définitions supplémentaires en post-scriptum. g-4 horizontalement : enfantin ; h-1 verticalement : pronom qui nous est indicible.
- C’est tout ?
- Oui, tout le reste est dans le message codé. Tu m’aides ? Oh, voilà que ça recommence…

    Sarah avait esquivé la question de Marina, mais en connaissait-elle seulement la réponse, au-delà de l’angoissante sensation que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain si cette liaison devenait plus conventionnelle ? Après avoir commencée sur des bases aussi étranges, Sarah était convaincue que cette relation ne survivrait pas à la perte de ses atours oniriques, tel un mirage qui disparaît lorsqu’on tente de le toucher. Elle en jouissait éperdument comme sous une épée de Damoclès, refusant de mettre des mots sur son angoisse de la rupture par peur de la déclencher ainsi.
    Marina et Sarah se concentrèrent tant bien que mal sur l’énigme, entre les bouchées de couscous aux merguez et les rafales vibratoires aussi piquantes les unes que les autres, qui maintenaient toutes leurs muqueuses humides sans pour autant assouvir tous leurs appétits. Elles en étaient au thé à la menthe lorsque Sarah fût à peu près certaine de l’adresse où elle devait se rendre, et elles durent expédier le dessert bien plus rapidement que ses douces saveurs ne le méritaient. Elles quittèrent le restaurant avec une bonne demi-heure de retard, remontèrent côte à côte la rue Geoffroy Saint Hilaire sans que le papillon ne se manifeste, et elles se séparèrent à l’entrée du métro Jussieu en se promettant de se donner des nouvelles mutuelles, mais sans s’engager à se revoir. Sarah avait trouvé Marina fort sympathique, mais pas assez attirante pour aborder avec elle les plaisirs saphiques qui titillaient sa curiosité, à moins qu’elle ne fût pas dans les meilleures conditions pour apprécier son charme, car l’homme qui la faisait vibrer à loisir captivait toute son attention.
    Lorsque Sarah monta dans la rame, le papillon la fit à nouveau frémir. Elle balaya d’un regard éperdu les voyageurs tranquilles, et les vibrations s’interrompirent lorsque les portes se refermèrent derrière elle. Sarah jaugea chaque homme présent dans la voiture, partagée entre le désir de voir le visage de celui qui la soumettait à cette torture, et l’envie de laisser encore un peu le mystère envelopper cet homme qui lui faisait subtilement – mais si efficacement – sentir sa présence. Assise en face d’elle, une sémillante sexagénaire savourait une revue de potins mondains. Sur la banquette voisine, un barbu lisait l’Humanité en face d’un ado en plein Sudoku. « Vagant est-il assis juste derrière moi ? », songeait Sarah tandis que les vibrations du papillon avaient été relayées par celles du métro, dont les cahots imprévisibles qui frottaient sporadiquement le jouet contre sa vulve à vif lui faisaient à chaque fois pousser un petit gémissement incontrôlable ? Allait-elle satisfaire sa curiosité après des mois de correspondance avec ce mystérieux inconnu, ou bien les besoins impérieux de son corps tendu par une jouissance imminente ? Était-elle vraiment obligée de choisir ? Elle se retourna et vit un homme brun, en blouson de cuir, qui lui tournait les dos. Le seul Vagant potentiel. Alors s’imposa l’idée folle d’aller jouir devant lui, sans un mot, sans un geste ambigu sinon le balancement de son corps sur la banquette, avec un regard de bête traquée pour seul aveu de son plaisir clandestin.
    Sarah se leva, s’agrippa aux barres et fit quelques pas maladroits en direction de l’homme impassible. Tandis qu’elle s’assit juste en face de lui dans la voiture presque déserte, l’homme ne leva pas les yeux de son roman dont la couverture était cachée par ses mains fines, comme s’il était tout entier absorbé par une lecture inavouable. Sarah s’installa juste au bord de la banquette, là où sa rotondité est la plus marquée, afin d’en augmenter la pression sur le papillon, et mieux le planter dans son sexe trempé. En croisant les jambes et en se cambrant un peu, elle parvenait à contrôler le mouvement du petit pénis dans ses chairs extatiques. Accélérations et freinages successifs la massait comme la main d’un amant aux doigts inquisiteurs, bien qu’un peu courts. Ses mains à plat sur ses genoux, haletante et les narines frémissantes, Sarah sentait les pointes de ses seins saillir de son corsage blanc tant sa poitrine était bombée par les larges goulées d’air qu’elle inspirait pour ne pas perdre tout contrôle. Elle fixait l’homme impassible entre ses paupières à demi closes, à la fois vexée qu’il ne lui accordât pas le moindre regard et surprise que cela ne brisât pas l’ascension de son plaisir. En vérité, elle ruisselait à un point tel qu’elle s’attendait à ce que le jouet en latex couinât sur sa vulve à l’unisson des pneus du métro sur les rails. Son regard s’échappa vers le tunnel obscur. Le reflet de la vitre lui renvoya l’image d’un visage dévasté. Elle était prise au piège, clouée sur son siège comme un papillon en vitrine, incapable de décoller son cul de la banquette telle une pucelle qui fait tapisserie – elle songea alors brièvement à sa comparaison du papillon avec un clou de tapissier, mais elle n’était pas en état d’en rire – quand un freinage intempestif l’amena au bord de l’orgasme. L’homme leva les yeux de son livre et sortit précipitamment. Elle réalisa que c’était aussi sa station et elle sauta juste à temps de la rame, aussi rouge de honte que de jouissance inassouvie. L’homme au blouson de cuir avait disparu. Le temps de reprendre son souffle, elle se rendit au trente-quatre rue Saint André des Arts et pénétra, non sans une certaine appréhension, dans l’établissement luxurieux.

À suivre…

12 novembre 2007

Mission libertine - V (1)

   La seconde enveloppe matelassée que venait de lui remettre Marina était déformée par son contenu : un objet violet en latex, ainsi qu’une lettre que Sarah lut d’une main tremblante d’excitation :

   Très chère Sarah,

   Vous avez avec succès réussi le premier test, le plus facile. Le suivant est un peu plus corsé. Vous avez vu un bien étrange objet dans le paquet que notre agent vous a remis. C'est un prototype de papillon vibrant à porter sur vous, entre les cuisses, le petit phallus bien enfoncé dans votre intimité. Les lanières pour le fixer à votre bassin ne sont pas encore au point, et vous allez devoir faire preuve de bon sens pour le maintenir, ce en quoi le jean étroit ou la culotte boxer que je vous avais demandé de porter pourront vous être utiles. Vous serez peut être étonnée de ne pas trouver d’interrupteur sur ce gadget sophistiqué. Il est en effet en ma possession, et je ferai vibrer ce papillon radio commandé de temps à autre pour vous faire sentir ma  proche présence, afin de compenser le fait de ne pas pouvoir être à vos côtés tout au long de cette journée.

   Dès que vous serez dans votre vestiaire, fixez le papillon et rendez-vous au restaurant de la mosquée à midi au plus tard, en compagnie de Marina alias PetitNénuphar si vous le souhaitez. Sachez que je l’ai recrutée exclusivement pour cette mission, et qu’elle n’est en rien impliquée dans les activités de notre service. Ne perdez donc pas votre temps à essayer de lui tirer les vers du nez, elle me connaît à peine et ne pourra pas vous en dire plus sur la suite de votre journée. Il pourrait aussi vous être agréable de savoir qu’elle fréquente assidûment le forum bisexualité d’auFeminin.com. Continuez la lecture, ou plutôt le décryptage de cette lettre au cours de votre déjeuner inclus dans la formule orientale. Vous vous installerez en terrasse si le temps le permet.

   Sarah interrompit là sa lecture pour contempler les lanières élastiques du papillon avec une perplexité qui se mua en fou rire.

- Crois-tu que le concepteur de ce machin sait qu’une femme à deux jambes et une taille ?
- En tous cas, il semble savoir qu’elle a un clitoris.
- Attention, on nous regarde !

   À l’entrée du vestiaire, une femme brune, élancée, au teint halé, regardait Sarah de ses grands yeux ténébreux dont l’expression était si indéfinissable qu’elle en devenait inquiétante. Soudain, son oeil gauche cligna et ses lèvres d’un rouge carmin esquissèrent un sourire complice. Sarah, elle, vira au rouge pivoine. Elle alla s’enfermer aux toilettes où elle parvint à mettre tant bien que mal l’appareil. L’abdomen du papillon, qui avait la forme d’un petit phallus, venait boucher l’entrée du vagin tandis que sa tête venait se loger contre son clitoris et ses ailes se déployer entre ses cuisses. Si Sarah comparait son godemiché préféré à un clou à tête fine, qu’elle plantait volontiers au cœur de son intimité pour tenter en vain de fixer sa libido galopante, ce nouveau jouet évoquait un clou de tapissier, à la tête plus large que la pointe n’est longue, en tous cas pas assez longue pour atteindre le point le plus sensible de son vagin. Elle enfila son jean par-dessus tout ce harnachement qui ne lui laissait qu’une sensation déplaisante entre les jambes, et elle rejoignit Marina qui l’attendait pour aller au restaurant.
   Assise devant un succulent couscous, Sarah entreprit de lire, ou plutôt de déchiffrer la fin de cet étrange message…

   Je [a5 horizontalement] sais pas ce qu’il en [i1 verticalement] pour vous, mais j’ai trouvé le temps d’[b3 verticalement] propice à la promenade. [d8 verticalement] partant du [c8 horizontalement] place Monge, j’ai pris la [b6 horizontalement] Lacepède [d8 verticalement] passant devant [e7 horizontalement] l’épicier, j’ai continué jusqu’à traverser la [b6 horizontalement] Mouffetard et ses restos pas toujours [f6 horizontalement], la rue d’[c6 verticalement] et sa fameuse école, avant de descendre le boulevard [h7 horizontalement] Michel, tourner à gauche pour lécher quelques vitrines du boulevard [h7 horizontalement] Germain, et enfin tourner à droite pour m’enfoncer au cœur du quartier [e7 verticalement] finir, presque par hasard [b6 horizontalement] [h7 horizontalement] [f5 verticalement] [a7 verticalement] [h 4 verticalement], plus précisément au numéro [g1 verticalement] [d5 horizontalement] où [a9 horizontalement] cache une sorte de « [a3 horizontalement] [e1 verticalement] » : [a1 horizontalement]. [g8 verticalement] je dois bien avouer que j’avais déjà entendu parler de ce lieu dédié à la gloire d’[f9 horizontalement], [e7 verticalement] je [a5 horizontalement] résistai pas bien longtemps à l’envie de le découvrir par moi-même, mettant [d8 verticalement] pratique cette citation que vous connaissez bien «La meilleure façon de [a9 horizontalement] libérer d’une tentation, c’[i5 verticalement] d’y céder».
   Après m’être acquitté du droit d’entrée, je descendis les escaliers qui menaient à une petite cave voûtée aménagée en une chambre improbable, recouverte de tentures luxurieuses, décorée de miroirs dorés, traversée en son centre par une barre en acier verticalement phallique, franchement incongrue dans une chambre classique, mais qui donnait tout de suite une idée de l’usage de cette pièce au spectateur averti. Les quelques spectateurs assis sur des banquettes semblaient d’ailleurs avertis depuis quelques décennies, et je m’installais entre deux papys visiblement ravis de mon arrivée. L’entrée en scène de la superbe brune aux longs cheveux frisés qui m’avait subrepticement suivi, me rassura aussitôt sur leurs goûts hétérosexuels.
   Avec son arrosoir [e7 verticalement] son chapeau de paille genre « belle [a7 verticalement] champs », sa petite robe en [a1 verticalement] bien sage était bien un [a7 verticalement] seuls attributs de l’[a4 horizontalement] blanche qu’elle était sensée jouer, et ses premiers déhanchements au rythme soutenu de la musique syncopée corroborèrent mon analyse. De cambrure suggestive [d8 verticalement] pose [c1 verticalement], elle finit par faire tomber sa robe à la fin de la première danse, pour se retrouver dévêtue de dentelles sophistiquées qui contrastaient avec son chapeau rustique enfoncé jusqu’au [g2 horizontalement] des yeux. Cet accoutrement qui aurait été grotesque avec une fermière rustique s’avérait délicieusement obscène sur cette jeune femme sculpturale, et aurait donné à quiconque quelques émotions quelque soit son [d5 verticalement].

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   Je vous laisse découvrir la suite du spectacle par vous-même, ce pourquoi vous trouverez 50 euros dans cette lettre, et je vous propose de vous rendre à cette adresse en utilisant le chemin par lequel vous êtes venue. Prenez le temps de terminer votre repas, mais ne quittez pas le restaurant après 13h15, heure à partir de laquelle je vous communiquerai l’adresse si vous n’avez pas encore trouvé le nom de la rue où vous devez vous rendre. N’oubliez pas d’éteindre votre téléphone mobile avant d’entrer dans la salle de spectacle, puis de le rallumer en sortant. Quoi qu’il arrive lors de ce spectacle, sortez de la salle avant 14h30.

   Au plaisir de ce chaud show hot,

Vagant

À suivre…

05 novembre 2007

Mission libertine – IV (2)

    Me voilà donc étendu, entièrement nu, les yeux bandés et les poignets attachés à la tête de lit. Mon cœur bat déjà la chamade rien qu’à imaginer ce qu’il va se passer dans les prochaines secondes. Je n’en ai qu’une vague idée et le paroxysme de mon excitation est là, à cet instant précis, après sa lente montée à lui suggérer mes désirs pervers sans jamais les écrire clairement. Voilà ! On vient de s’asseoir à mes côtés, et une main à la douceur toute féminine court sur ma peau, de mon cou à mes cuisses, de la pointe de mon glaive au pommeau de mes couilles. Je bande. Je suis moins excité par ma situation d’apparente soumission qu’à savoir Sarah tout près de moi, ou tout au moins de l’imaginer dans le rôle de composition que je lui impose. Car je ne suis pas sûr que ce soit bien elle qui est entrée dans la chambre jusqu’à ce que je reconnaisse sa voix.

- Bonjour Vagant.
- Bonjour Sarah.
- Je vois que vous êtes prêt.
- Oui. Je crois que vous l’êtes aussi. Il me semble vous avoir entendue poser un sac lourd de… comment dire…
- Quincaillerie. Je vais mettre un peu de musique pour vous détendre, et couvrir vos cris.

    Mozart entre dans la chambre. Son concerto pour clarinette l’inonde de sérénité apparente : la douceur d’une plume vient frôler mon gland aux muqueuses gonflées d’excitation. Est-ce donc ainsi qu’elle compte me faire capituler ? Probablement pas. Même si je n’ai encore jamais vu son visage, je sais, déjà par expérience, combien Sarah est imaginative. J'ai la certitude qu’elle saura faire durer le plaisir en jouant avec moi comme le chat avec la souris.

- Alors Vagant, avez-vous reconnu ce qui vient de passer sur votre jolie queue ?
- Une plume ?
- Perdu !

    Soudain, un vif tiraillement foudroie mon entre cuisse. La peine s’évanouit presque aussi rapidement qu’elle est apparue : Sarah vient de m’arracher un poil de testicules, probablement avec une pince a épiler. Je n’ai pas débandé d’un iota. Je suis toujours aussi excité de la voir, ou plutôt de la savoir aussi bien entrée dans mon jeu : ce qu’elle vient de m’infliger m’a étonné autant que la douleur associée, aussitôt calmée par le doux frôlement qui a repris tout au long de ma hampe qui hisse toujours aussi haut le pavillon de mes envies perverses.
    Sarah saute du lit, je l’entends ouvrir son sac, je distingue des bruits indéfinissables au dessus de mon corps offert aux vicissitudes que je provoque, et c’est maintenant une sensation de douceur aussitôt suivie d’une chaleur brûlante qui inonde ma verge. J’halète un instant, plus sous le coup de la surprise que de la brûlure qui s’atténue, pour ne laisser place qu’à la caresses de ses délicieuses lèvres tièdes et de sa langue encore chaude.

- Et maintenant, avez-vous reconnu ce que je vous ai fait ?
- Une fellation au thé chaud !
- Oui, je vous l’accorde, même si le thé n’a pas eu le temps d’infuser.

    Sans transition, c’est à la morsure de la glace que mon gland turgescent est soumis. Je ne peux retenir un cri affolé. Mes doigts se crispent sur mon ceinturon qui enserre mes poignets jusqu’à ce que je m’habitue tant bien que mal à l’étrange sensation. Sarah laisse fondre la glace sur mon ventre frémissant et me demande si j’ai su identifier le dernier de ses sévices.

- Une fellation au glaçon !
- Laquelle préférez-vous ?
- Au naturel.
- Je ne suis pas là pour votre plaisir, à moins que vous ne me demandiez grâce dès maintenant ?
- Vous plaisantez ?
- Non !

    Sans me laisser le temps de répondre, elle me glisse deux doigts dans la bouche pour barbouiller mes gencives de harissa. C’est infâme, mais ce n’est pas ça qui aura raison de ma persévérance ni de mon excitation : Que va-t-elle encore pouvoir inventer ? Voilà toute ma motivation : savoir jusqu’où je peux la pousser. La réponse tombe aussitôt sous la forme d’une autre question :

- Deux couples libertins se rencontrent. Combien de trios distincts peuvent-ils former ?
- Quatre.
- Bien. Quelle position est la réponse à l’énigme suivante : « Deux pénètrent et deux sont pénétrés, et pourtant ils ne sont que trois » ?
- Le sandwich.
- C’est juste.
- Qui a dit : « L’amour est un esclavage consenti » ?
- Sacha Guitry ?

    Je reconnais les questions de mon petit jeu de société libertin, ainsi que l’affreux tiraillement sur mes testicules qui m’arrache un bref gémissement.

- Non, c’est Roland Jacard ! Vous devriez le savoir, c’est tout de même vous qui avez mis au point toutes ces questions. Bon, poursuivons donc avec Sacha Guitry puisque vous y tenez : De quel livre de Sacha Guitry est tiré cet extrait : « Etre marié ! Ca, ça doit être terrible. Je me suis toujours demandé ce qu'on pouvait bien faire avec une femme en dehors de l'amour. » ?
- Je… Je ne sais plus.
- Faisons… un… rêve !

    Telle une institutrice perverse, Sarah m’a arraché un poil à chaque mot de la bonne réponse. La douleur n’avait pas le temps de disparaître qu’elle était aussitôt ravivée, et il me semble que ma peau en a gardé la mémoire lorsqu’une terrible morsure m’arrache un râle : celle d’un glaçon appliqué sur mes bourses encore endolories. Pour la première fois, le doute s’insinue dans mon esprit. Vais-je tenir ? La raideur infaillible de ma verge me donne la réponse : je sais le meilleur encore à venir.
    L’avantage d’avoir les poignets liés ensembles est de pouvoir se retourner, ce que me demande Sarah. J’obtempère le cœur battant à l’idée de ce qui m’attend : voir assouvies mes envies inavouées. Avec les genoux repliés sous mon buste, j’imagine très bien le spectacle que je lui offre. J’en ai la certitude lorsque je sens ses mains écarter la raie de mes fesses pour dévoiler mon anus à ses yeux et ses doigts inquisiteurs. L’un d’entre eux vient déposer une noix de gel sur mon petit orifice encore clos, et il en force l’entrée avec le doigté d’un cambrioleur expérimenté. Je sens mon petit trou s’ouvrir facilement sous la pression du doigt qui s’immisce, toujours plus profondément, jusqu’à la garde, avant de ressortir, phalange après phalange. Encore un peu de gel et il revient à la charge, brusquement. Il s’enfonce d’un coup, ressort, rentre à nouveau, et finit par coulisser dans mon cul ajusté comme un tube sur son piston. Mais je me doute que Sarah a prévu une autre cylindrée. Je n’ai pas longtemps à attendre pour qu’entre mes fesses vienne se loger quelque chose de souple, oblong, et conséquent.

- Alors Vagant, vous me demandez grâce ?
- Enculez-moi !

    Sarah fait pointer le bout apparemment conique de l’objet qu’elle veut m’introduire à l’entrée de mon orifice presque vierge. La pression s’accentue. Je ne parviens pas à me détendre. Au contraire, je serre les dents. Elle me force, elle me fait mal, mais elle m’ouvre malgré tout. L’oreiller écrasé contre mon visage étouffe mes gémissements, quand elle m’enfonce petit à petit sa chose dans le rectum. C’est loin d’être aussi agréable que je ne l’imaginais, et le retrait s’avère pénible. Sarah arrose mon anus à peine dilaté d’une bonne giclée de gel pour me pénétrer à nouveau avec son gode, encore plus profondément. J’essaie de résister à la déferlante sensationnelle tandis qu’elle accélère ses va et vient dans mon cul, entre excitation cérébrale à me faire sodomiser par une femme et l’inconfort de mon petit orifice tout dilaté. Malgré toute l’intensité de ces nouvelles sensations anales, je sens la tête de Sarah s’immiscer entre mes cuisses, son souffle chaud sur mes couilles qui ballottent au dessus de son visage, sa bouche qui vient s’emparer de ma verge tendue, et la morsure de ses dents sur mon sexe qui me fait hurler ! Stop ! J’abandonne, vous avez gagné ! Comme la dernière fois...

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    Un coup d’œil à ma montre me tira de ma rêverie dont les effets gonflaient encore mon pantalon. Nous étions un peu en retard sur l’horaire et j’hésitai à appeler Marina à laquelle j’avais remis la seconde enveloppe quelques jours plus tôt. Je décidai de ne pas risquer de les déranger à un moment délicat, mais de m’approcher de l’entrée du restaurant de la mosquée où j’allai soumettre Sarah à une épreuve particulièrement vicieuse qui,  déjà, m’avait pris des heures de mise au point.

À suivre…

29 octobre 2007

Mission libertine – IV (1)

l'origine de cette photo...    C’est pour ainsi dire une question de vie ou de mort : je dois prendre la première qui se présente.
    Elle arrive bourrée comme une bavaroise à la fête de la bière. Tant pis. Je joue des coudes pour m’en approcher, être le premier à m’y enfoncer, comme une brute. Elle se traîne jusqu’au bout du quai noir de monde, s’arrête enfin, semble hésiter, et elle vomit un flot de voyageurs exténués. La rame en ingurgite aussitôt une autre rasade dont j’ai su faire partie.
    Le métro m’éructe à Wagram. J’ai trente-cinq minutes pour trouver une bouteille de champagne, un plateau de petits fours, et l’hôtel Mercedes à la façade Art Déco et aux vitraux géométriques. Hôtel de charme côté face. Cathédrale luxurieuse côté pile. Quarante minutes plus tard, je monte les escaliers quatre à quatre jusqu’à la porte de ma chambre. Toujours la même, curieusement, comme si je faisais du sur place. En luxure comme en art, le renouveau n’est qu’un éternel recommencement.
    Je me déshabille intégralement. Une douche, une goutte de parfum… et je réalise que j’ai oublié un élément fondamental de mon scénario : le bandeau ! Tant pis, j’en improviserai un avec une serviette de bain. Je retourne dans la chambre, j’attache le bout de mon ceinturon à la tête de lit et je forme un nœud coulant avec la boucle.
    C’est maintenant l’instant crucial : j’ai cinq minutes pour ouvrir la porte de la chambre, la laisser entrebâillée, m’allonger dans le lit, nouer la serviette autour de ma tête, glisser mes mains jointes dans la boucle du ceinturon et tirer un coup sec.
    Voilà. Mes poignets sont pris. Il ne me reste plus qu’à l’attendre. Oh, je n’ai pas peur de rester accroché là si elle ne venait pas : je pourrais me détacher tout seul sans trop de difficulté. J’ai simplement peur qu’elle ne vienne pas, tout comme j’appréhende son arrivée. La tension monte, impérieuse, dans tous mes membres, tous… Ça y est ! Ma tortionnaire vient d’entrer ! La porte claque derrière elle. Je l’entends poser un sac lourd de brûlantes promesses. Elle s’approche de mon corps étendu, à demi nu, au point que ses doigts frôlent mon buste dans un silence sensationnel. Ils repoussent la lisière de ma nudité jusqu’à s’octroyer ma virilité orgueilleuse. Enfin ! À moi la grande vie et la petite mort !

    J’avais quelques heures à attendre Sarah aux alentours de la mosquée, et mon esprit vagabondait dans les souvenirs cuisants laissés par ma dernière nuit avec elle : un vrai défi, pour la troisième fois, lancé par écrit quelques jours auparavant…

Très chère Sarah,

    Après avoir versé un peu de piment sur une blessure encore vive, ou tout au moins sur une certaine irritation de vos muqueuses, entre autre, je vous offre le baume de la vengeance : Je vais m’offrir à vous. Non pas comme une femme s’offre à un homme, dans l’attente d’un plaisir partagé, mais comme un esclave s’offre à son maître, dans l’attente du seul plaisir pervers du maître aux dépends des supposées souffrances de l’esclave. Pratiquement, nous allons nous donner rendez-vous dans une chambre d’hôtel où je vous attendrai, en pleine lumière, presque nu, les yeux bandés et les poignets liés à la tête du lit. Offert et soumis, vous pourrez faire de moi ce que vous voudrez. Oui, vous avez bien lu, vous avez carte blanche, je vous fais confiance pour être une dominatrice vicieuse, perverse, sadique. Vous pourrez donc me faire subir tous les sévices, toutes les humiliations, jusqu’à ce que je demande grâce, jusqu’à ce que je dise stop, ce qui mettrait immédiatement fin au jeu et vous ferait gagner ce défi.
    Je laisse à votre imagination débordante le soin de choisir ce que vous allez me faire subir, le plus évident consistant à vous équiper afin d’appliquer les préceptes de Vatyayana, auteur du Kamasutra : « Quelque chose que l’un des amants fasse à l’autre, celui-ci doit lui rendre la pareille : baiser pour baiser, caresse pour caresse, coup pour coup ». Quoi que vous me fassiez, je vous demanderai seulement la faveur d’être progressive, pour ne pas m’infliger de blessures qui certes me feraient rendre grâce, mais risqueraient aussi de terminer brutalement et prématurément notre rencontre. D’un autre côté, je vous promets de ne pas tricher en me masturbant pour vous imputer ensuite ma jouissance.
    En effet, toute médaille a un revers : Si au cours de cette séance je venais à jouir, si vous veniez à faire couler mon sperme, volontairement ou non, alors cela mettrait fin au jeu en me faisant gagner la partie. Le chocolat que je vous offre est donc bien amer, car vous ne pourrez en aucun cas jouir de ma virilité sans risquer de me faire jouir aussi. Par ailleurs, je garderai le bandeau tout au long de notre entrevue, je ne croiserai pas votre regard, et ce n'est pas encore cette fois-ci que je verrai votre visage en pleine lumière. Tel sera le seul tabou de ce jeu. De votre côté, vous pourrez vous repaître du spectacle de ma nudité - hormis le bandeau qui cachera le haut de mon visage - et même l’immortaliser si l’envie vous en passait par la tête, vous avez carte blanche vous dis-je, avec la liberté de me détacher, de me ligoter davantage, ou d’inviter un bataillon pour participer à ma reddition si cela vous chante ! L’enjeu de ce défi sera un gage auquel le perdant devra se soumettre, et une proposition de jeu pour la rencontre suivante. Je pense que vous accepterez ce défi, dont la victoire ou la défaite ne se joue qu’à un mot ou un geste. Il va sans dire que je serais très déçu que vous le refusiez. 
    Enfin, je ne résiste pas au plaisir de citer Beigbeder : « Les hommes craignent la vie de couple pour une seule raison : La peur de la routine. Cette peur en cache une autre : celle de la monogamie. Les types n’arrivent pas à admettre qu’ils puissent rester toute leur vie avec la même femme. La solution est simple : il faut qu’elle soit bonniche et putain, vamp et Lolita, bombe sexuelle et vierge effarouchée, infirmière et malade ».

    Au plaisir de tout,

Vagant

À suivre…

25 octobre 2007

Mission libertine - III

    Sarah s’enfonça, avec une certaine appréhension, dans l’étroit boyau caché aux confins de la rue Larrey. Elle déboucha dans la rue Georges Desplas, contourna la mosquée par la rue Daubenton, pénétra dans un petit patio décoré d’émaux polychromes avant de s’infiltrer dans le café mauresque. Là, elle présenta son sésame pour le bien être au guichet du hammam, caché derrière le présentoir de pâtisseries orientales. La caissière l’ensevelit aussitôt sous une avalanche de détails indispensables sur l’art et la manière de profiter pleinement des soins proposés, et Sarah se retrouva, un paréo en main et quelques débris d’explications à l’esprit, face à une paire de prunelles qui la dévisageaient de la tête aux pieds. Elle traversa lentement une salle à colonne, fontaine et matelas sur lesquels s’allonger, en direction de la jeune femme aux cheveux noirs qui ne cessait de la fixer depuis les vestiaires. Des gouttes perlaient dans ses cheveux bruns bouclés, glissaient tout au long de sa gorge, s’enfonçaient entre ses seins recouverts d’un paréo plaqué sur sa peau par l’atmosphère saturée d’humidité. La jeune femme aborda Sarah :

fb5edbe3b29ec77b7dc9afb0df752818.jpg- Bonjour, je suis Petit Nénuphar.
- Oui… et alors ?
- Je suis là de la part de Vagant qui m’a demandée de passer cette matinée, ou tout au moins ce qu’il en reste, avec vous…
- Ah… vous êtes donc l’agent secret, Petit Nénuphar 007 ?
- Oui, mais entre nous, vous pouvez m’appeler Marina, dit-elle d’une voix suave et les paupières en papillons.

    Sarah se déshabilla dans le couloir qui faisait office de vestiaire, sous le regard de Marina qui n’en perdait pas une miette. Elles éclatèrent de rire en constatant que le haut du bikini rose barbie que j’avais préparé à l’attention de Sarah ne contenait guère plus que les mamelons de son opulente poitrine, ce qui aurait été parfait pour jouer les James Bond girls sur une plage de Copacabana, mais flirtait avec l’attentat à la pudeur parmi les opulentes matrones maghrébines venues pour leur séance de papotage hebdomadaire. Sarah opta donc pour le maillot que je lui avais demandé d’emporter avec elle, car je n’étais pas du tout sûr de ses mensurations. Il faut dire que je n’avais vu ses seins que du creux de la main.
    Dans la salle de transpiration, Marina étala le savon noir sur le dos de Sarah avec autant de sensualité que d’application. Avec cette atmosphère saturée d’humidité, le savon se transformait en pâte onctueuse qui se liquéfiait entre les doigts et s’infiltrait dans tous les pores de la peau. Sarah sentait de douces mains se promener sur tout son dos, qui  insistaient sur ses épaules, tout au long de sa colonne vertébrale, jusqu’aux reins. Chaque geste distillait une langueur qui envahissait sa conscience. Marina lui fit pourtant remarquer qu’une certaine tension subsistait dans le corps de Sarah : son esprit s’était abandonné plus vite que son corps n’avait pu suivre. Sarah enfila un gant de gommage pour le passer lentement sur ses jambes. Qu’il était bon de pouvoir enfin s’occuper de soi ! La caresse du gant sur son corps acheva de la détendre, de ralentir enfin le rythme de sa respiration, et elle proposa à Marina de lui passer le gant sur les jambes. Sans attendre sa réponse, Sarah commença par les mollets de son accompagnatrice. Assise les jambes pliées, légèrement écartées, les pieds à plat sur la dalle de marbre où elles étaient installées, Marina était parfaitement détendue, le buste en appui sur ses mains derrière elle. Sarah remonta jusqu’aux genoux pour redescendre le long des cuisses, sans s’aventurer trop près du maillot de Marina, mais en exerçant une pression modérée, quoique de plus en plus accentuée à chaque passage sur l’intérieur de ses cuisses.
    Enfin s’allongèrent-elles sur leur serviette étalées côte à côte. Marina ôta discrètement son maillot, le haut et puis le bas, pour mieux profiter de la vapeur d’eau sur tout son corps. Entre ses paupières à demi closes, Sarah caressa du regard la peau luisante de son guide dont les petits seins oscillaient au rythme de sa respiration paisible. Son ventre avait conservé les stigmates de la vie qu’il avait dû porter, et son pubis dont la toison était entretenue comme un jardin a la francaise ne cachait aucun mystère. Sans réfléchir, Sarah abandonna ses derniers complexes avec son maillot, et elle savoura à son tour la sensation de liberté, d’unité du corps, comme si son maillot avait matérialisé des frontières désormais abolies. Elles restèrent ainsi allongées, entièrement nues, avant d’essayer la dernière salle, chaude jusqu’à l’insupportable. Enfin vint le massage, un massage ferme, pour ainsi dire viril s’il n’avait pas été dispensé par des femmes employées du hammam. Tandis que l’heure tournait au point que Sarah commençait à s’en inquiéter, Marina lui proposa de retourner encore quelques minutes dans la salle de transpiration.
    Il y avait un peu moins de monde qu’auparavant, tout au plus une douzaine de personnes dans la pénombre de la pièce baignée de vapeur, ce qui lui conférait une atmosphère plus intime. Tout en bavardant de choses et d’autres, Marina commença à masser Sarah qui s’était allongée sur le dos. D’abord au niveau des épaules, ses mains descendirent sur la poitrine tout en prenant soin de contourner les seins : elles ne pouvaient s’empêcher de guetter les réactions des autres femmes malgré la buée qui les transformaient en vagues silhouettes alanguies, et qui ne semblaient manifester que de l’indifférence à voir deux amies se masser mutuellement. Les mains de Marina allaient et venaient sur le ventre de Sarah, s’approchaient toujours un peu plus près de son pubis tout en accentuant leur pression, et glissèrent subrepticement sur l’aine pour s’attaquer aux cuisses, touchant ainsi du doigt l’ambiguïté de la situation : Elles papotaient sur un ton badin au cours d’un massage dont la sensualité confinait à l’érotisme, comme on jette un voile pudique sur les chairs exacerbées. Enfin, les paroles s’éteignirent sous le souffle du désir et Sarah ferma les yeux sur son consentement. Encouragée par un sourire esquissé, Marina caressa enfin les seins convoités, chacun selon une spirale culminant au tétin. Sarah se serait abandonnée au trouble qui l’envahissait si elle ne s’était pas souvenue du temps qui passait. Il lui fallait rapidement se remettre les idées en place, et elle alla s’immerger dans la vasque d’eau froide au cœur de la pièce la plus chaude. Seule dans l’eau, les deux femmes présentes dans la pièce ne purent s’apercevoir que Sarah se pinçait les tétons, titillait son clitoris et caressait ses grandes lèvres imberbes après l’épilation de la veille.
    À peine soulagée, Sarah dût néanmoins retourner au vestiaire, où Marina lui remit une seconde enveloppe. Elle l’ouvrit aussitôt, et la curiosité laissa place à la stupréfaction.

À suivre…

19 octobre 2007

Mission libertine - II

    En planque à l’entrée des arènes de Lutèce, je distinguais tant bien que mal ma cabine téléphonique dans la foule des passants pressés. Entre deux visages blafards et un camion Picard, j’avais été rassuré de constater que mon affichette « hors service » décourageait les derniers adversaires du téléphone portable d’utiliser ma cabine. Jusqu’à ce qu’une jeune femme y entre malgré tout. Je ne l’avais pas vue découvrir mon enveloppe, mais je devinais cette femme la décacheter fébrilement, lire mon message secret, avant de la voir ressortir de la cabine. Elle était vêtue d’une courte jupe noire qui dévoilait ses jambes fuselées, et d’un blouson de daim sur son chemisier blanc. Lorsque je fus à peu près certain d’avoir identifié Sarah, ma jubilation qui s’était un instant transformée en sourde inquiétude, se mua en exultation silencieuse à l’idée de la prendre en filature. Elle potassa un instant son plan avant de disparaître parmi les passants.
    Bien que je l’aie perdue de vue, elle devait sans doute se diriger vers le Métro Cluny-la-Sorbonne, c'est-à-dire droit sur moi. Je me cachai donc derrière un kiosque à journaux à l’angle des boulevards St Germain & St Michel, avec une vue imprenable sur le ressac des piétons qui traversaient l’avenue. À chaque instant, je m’attendais à la voir tourner au coin de la rue, se diriger vers moi, se planter devant mes yeux ébahis pour m’enfoncer au fond des prunelles son regard d’acier, et me dire d’un ton narquois « alors monsieur Vagant, on joue les espions ? »...
- Que faites-vous là ?
    Le vendeur ventru avait bondi de son kiosque et me jetait des regards soupçonneux tout en vérifiant qu’aucun de ses journaux n’avait disparu.
- J’attends quelqu’un ! répliquai-je sèchement, le regard toujours rivé sur l’horizon étriqué du passage piétons, en vain.
    Mais où était-elle donc passée ? Comment avais-je pu la perdre aussi facilement ? Je sortis de ma pauvre cachette pour m’approcher à pas de loup du croisement, et j’hasardai un œil sur le boulevard d’où je m’attendais à la voir surgir… Rien. Pas l’ombre d’une Sarah à l’horizon, ou peut-être au loin, sur le point d’arriver à la station Odéon. Sprint ! Je déboule dans les escaliers du métro, je passe les portillons à la vitesse d’un fraudeur, j’arrive sur ses pas au détour d’un couloir, lorsqu’elle fait demi tour et se retrouve face à moi !
    Elle me croisa sans ciller.
    J’aurais probablement été vexé en une autre occasion, mais là, je ne fus pas mécontent de ne pas avoir éveillé de plus vifs souvenirs visuels chez Sarah. Quelques flashs de notre dernière nuit s’imposèrent à ma mémoire. Des sensations surtout. Celle des glaçons m’avait laissé un souvenir particulièrement cuisant, puisque Sarah me les avait appliqués sur les testicules alors que j’étais livré à ses sévices, les yeux bandés et les poignets attachés à la tête de lit. Cette nuit là, si elle avait enfin pu voir mon corps sous toutes les coutures, elle avait à peine pu distinguer mon visage dans la pénombre. Car depuis des mois, nous entretenions le mystère…
27c6921ffcf7c989db74896599c1af58.jpg    Je continuai mon chemin, aussi impassible que mes pulsations cardiaques me le permettaient, priant tous les Dieux, ou plutôt tous les diables qu’elle ne m’ait pas reconnu. Je risquai un regard derrière moi : personne. Je fis demi-tour, repris ma course effrénée dans les corridors encombrés et je vis Sarah monter dans une rame qui venait juste d’arriver à quai. Je sautai juste à temps dans la voiture adjacente et je pris un immense plaisir à découvrir ma maîtresse au travers de la vitre de l’issue de secours en bout de voiture : Mon regard remonta le long de ses jambes croisés, glissa dans la pénombre sous sa jupe, remonta sur son blouson vert bouteille, et caressa ses cheveux blonds mi-longs ramassés en un chignon retenu par un chouchou noir. Cette femme à l’allure BCBG étudiait son plan de Paris pour mieux s’y perdre. C’était maintenant au tour de Marina d’entrer en jeu, la seule femme assez aventureuse pour avoir répondu positivement à une annonce laissée sur le forum homosexualité d’auFeminin :

Soins de beauté au hammam de la mosquée de Paris par Zebra75

Après avoir lu le Zèbre d’Alexandre Jardin, j’ai décidé de dynamiser ma vie de couple. Je ne vais pas jusqu’aux extrémités de ce roman, mais j’ai proposé à ma femme quelques jeux sensuels auxquels elle se prête avec bonheur. Notre prochaine aventure sera une sorte de jeu de piste, dont la première étape, très soft, sera une matinée au hammam de la mosquée de Paris. Je vais lui offrir des soins de beauté (hammam + gommage + savon noir + massage) dans un cadre dépaysant et exclusivement féminin. Ce qui serait top, c’est qu’une jolie jeune femme lui donne à cette occasion une enveloppe contenant les instructions pour une seconde étape de ce petit jeu de piste, ainsi qu’un petit gadget intime…

Seriez-vous prête à être cette complice, avec pour rôle d’aborder ma femme et de lui donner une lettre dans les vestiaires ? Mon épouse est une jolie trentenaire, très timide mais qui caresse depuis longtemps quelques fantasmes homosexuels inassouvis, et qui serait certainement ravie d’un tel premier contact. Bien entendu, je vous offrirai la formule comprenant l’entrée au hammam ainsi que les soins de beauté. Si vous êtes intéressée, je vous prie de me contacter par email sur Zebra75@aufeminin.com

À suivre…

21 avril 2007

Les charmes de l'Orient (3)

Qu'à cela ne tienne, ce n'est pas une punition qui empêche un garnement de faire l'école buissonnière, nous avons sauté dans un taxi et j'ai raccompagné Roxane chez elle. J'ai mis en marche le vibreur dans le taxi, pour ne plus l'arrêter. Roxane ne me lâchait pas des yeux. J'ai posé ma main sur sa cuisse. Je sentais le trouble l'envahir de plus en plus. Lorsque nous sommes sortis du taxi, devant chez elle, j'ai marqué un temps d'arrêt. Le dernier scrupule du bourreau des corps avant la mise à petite mort.

- Je crois que c'est le moment où on propose de prendre un dernier verre, lui dis-je entre embarras et excitation ?
- Oui !
- Tu as envie ?
- Oui !

Nous nous sommes embrassés à pleine bouche. Arrivés chez elle, il s'est avéré que nous avions plus envie l'un de l'autre que d'un verre.

- Tu veux quelque chose de spécial, lui ai-je demandé ?
- Non...
- Attends, tu vas voir !

Je lui ai bandé les yeux au milieu de son salon. Je me suis éloigné pour qu'elle ne puisse pas m'attraper avec ses bras tendus, et j'ai commencé à tourner autour d'elle, comme un loup autour de sa proie. De temps en temps, je m'approchais pour lui voler un baiser, une caresse, faire glisser une bretelle de soutien gorge... J'ai cru qu'elle allait défaillir lorsque j'ai commencé à mordiller les tétons dressés de ses seins ronds, lourds, pulpeux et hypersensibles. J'ai ainsi compris pourquoi elle voulait toucher aux seins d'une autre femme. Comme elle me le confirmerait plus tard, elle voulait voir si, d'instinct, elle saurait ainsi donner du plaisir à une autre, en imaginant à tort que toutes les femmes avaient les seins aussi sensibles que les siens. Je l'ai guidée vers sa banquette où je l'ai installée, à quatre pattes. Au contact de ma langue sur ses fesses, j'ai entendu ses soupirs gutturaux accompagner ses frissons de plaisirs, qui se sont mués en gémissements rauques lorsque mes lèvres ardentes ont dardé sa chatte velue.

Dans bien des contes pour enfants issus des siècles révolus, le chaste baiser de la princesse au crapaud transforme instantanément l'immonde créature en prince charmant, ce qui est sans doute une allégorie qui préparait les jeunes esprits féminins aux épousailles de raison avec des vieillards édentés mais bien dotés. Dans ce conte pour adulte, j'ai eu l'impression que mes vicieux baisers transformaient la princesse en fauve lubrique. Ce n'étaient plus des gémissements, mais des rugissements de plaisir que poussaient Roxane. Pendant que je j'embrasais son clitoris de mes baisers enflammés, deux de mes doigts fouillaient son anus, débusquaient le vibreur au travers des fines chairs qui séparaient le bout de mes doigts de son vagin extatique, et, de l'autre main, je tirais malicieusement sur la cordelette de l'œuf vibrant afin d'en accentuer la pression sur son point G. A ce régime, la jouissance n'a pas tardé à la submerger.

Certaines femmes, même en proie aux plaisirs les plus intenses, gardent une certain maintient, une réserve distinguée qui donne l'impression qu'elles ne se donnent jamais complètement. D'autres, au contraire, s'abandonnent sans la moindre retenue. Comme pour la couleur de la peau, des cheveux ou la conformation des vulves, je n'ai aucune préférence quant à ces comportements. J'apprécie toutes ces variétés chez les femmes, selon les circonstances, un peu comme les styles culinaires, du plus raffiné des cocktails parisiens, à la plus solide des cuisines rustiques. La sensualité de Roxane m'est apparue franchement roborative. Dès qu'elle en a eu l'occasion, Roxane a happé mon dard entre ses lèvres, et elle me l'a aspiré avec une telle conviction que je n'ai pas pu me retenir, et j'ai lâché sans en jouir d'amples giclées de sperme sur ses seins. Nous l'avons l'étalé sur sa généreuse poitrine, avant que je la pénètre furieusement, ses jambes potelées sur mes épaules, pour jouir d'elle à mon tour.

medium_feline.jpgAprès quelques minutes d'un tendre repos, je m'apprêtais à m'éclipser quand le fauve Roxane m'a fait comprendre qu'elle ne l'entendait pas de cette oreille. Ses chauds baisers n'ont pas tardé pas à réchauffer mes ardeurs, et c'est en me tenant littéralement par la queue qu'elle m'a reconduit vers la banquette. Roxane avait pris les choses en main au sens propre comme au figuré. Elle m'a allongé sur le dos, mes cuisses bien écartées, et sans me quitter des yeux, elle a fait glisser sa langue de la pointe vermillon de mon glaive jusqu'au pommeau de mes couilles rasées de près. Puis, tout en me branlant furieusement, elle s'est attaquée à mon petit trou et elle l'a soumis à de frénétiques va-et-vient. Je naviguai entre douleur et plaisir. Je lui ai demandé combien de doigts elle m'avait enfoncé. "Un seul, m'a-t-elle répondu, mais à fond! Tu en veux un autre ?" J'ai décliné l'offre. Raide et dur, mais incapable de jouir ainsi, je lui ai proposé de me chevaucher. Elle a accepté avec une moue carnassière. Elle s'est allongée de tout son long sur mon corps dans une position que je ne connaissais pas, face à moi, les jambes à peine écartées, semi fléchies, de sorte qu'elle parvenait à frotter son clitoris sur mon pubis alors que je la pénétrais. Il m'était cependant totalement impossible de bouger, et j'aurais été réduit à une totale passivité si elle ne m'avait pas demandé de lui torturer les seins. "Prends mes tétons dans ta bouche ! Suces-les ! Têtes-les ! Oui ! Tu peux les mordiller ! Les deux en même temps ! Fais-moi mal !" J'ai malmené ses tétons turgescents, sans toutefois les blesser, tout en lui claquant violemment les fesses de la paume de mes mains. Alors, de sa voix grave aux accents chargés d'orient, elle a soufflé entre deux râles: "Ca vient! Ca va être forrrrrt!". La violence de l'orgasme nous a submergés en même temps.

Je n'ai jamais revu Roxane. Nous avons correspondu un moment, de plus en plus rarement, pour finir par nous perdre de vue totalement. Mais il me reste de cette magnifique aventure un goût, celui des charmes de l'Orient.

19 avril 2007

Les charmes de l'Orient (2)

Roxane s'imaginait donc être assise derrière moi alors que Guillaume la promenait sur les Champs-Elysées, insistant bien sur les secteurs pavés pour provoquer les plus agréables sensations à sa passagère. Il l'a fait descendre au 23 rue de Berry, où je l'attendais. Roxane était complètement sidérée de voir la moto repartir. Elle ne s'attendait pas du tout à ce changement de partenaire. Je l'ai entraînée dans le club qui venait d'ouvrir, et où nous étions les premiers clients. Assis devant un cocktail, j'ai découvert la beauté ténébreuse de cette jeune femme que je n'avais pu, jusqu'alors qu'imaginer. Une carnation mate, des yeux sombres, une cascade de cheveux noirs et bouclés qui coulait sur ses épaules, et cet accent rauque indéfinissable déjà perçu dans le message téléphonique qu'elle m'avait laissé quelques jours auparavant pour me confirmer sa présence à mes côtés ce soir là. medium_hustler.2.jpgC'est en discutant du statut de la femme dans les diverses cultures, de Simone de Beauvoir, et des attraits de l'expatriation sur divers continent que j'ai deviné ses origines libanaises. Elle m'a alors regardé avec ses grands yeux surpris, sous les seins des femmes à moitié nues qui se dandinaient sur le podium à quelques centimètres devant nous. Nous étions au Hustler Club, haut lieu parisien du strip-tease à l'américaine.

Roxane appréciait la lascivité du spectacle, dédaignant les blondes et préférant les brunes, par fraternité sans doute, et je lui ai donné l'œuf vibrant que j'avais glissé dans ma poche afin de remplacer ses boules de geisha qui l'avaient déjà bien émoustillée, vibrations de la moto de Guillaume à l'appui. Elle a aussitôt compris que je devais avoir avec moi une télécommande, et quelques minutes plus tard, elle s'est éclipsée en direction des toilettes pour glisser l'œuf en elle. J'en ai profité pour prendre deux billets de lap dance. Lorsqu'elle est revenue, je lui ai demandé ce qui lui plaisait chez les femmes.

- Je me demande si une femme saurait d'instinct ce qui plait à une autre, me dit l'ingénue.
- Tu t'imagines donc plus en position passive qu'active avec une autre femme ?
- Oui.
- Et tu n'es pas spécialement attirée par le fait de goûter au miel d'une autre fille ?
- Non, pas spécialement.
- Tu sais Roxane, toutes les femmes sont différentes, il n'y en pas deux semblables. La conformation des vulves le montre déjà, entre les grosses lèvres charnues, les petites délicates, les clitoris hypertrophiés et ceux bien cachés au fond des chairs roses, il y a déjà une énorme variété. Tout cela influe sur les goûts et une sensualité très variable d'une femme à l'autre, entre celles qui ne supportent pas qu'on leur glisse un doigt et celles auxquelles il en faut au moins trois, les clitoris des unes qu'on doit lécher de la pointe de la langue, et puis ceux de celles qu'on doit aspirer entre les lèvres, ceux dont on doit faire le tour et ceux qu'il faut frotter, par en dessous pour les unes, par-dessus pour les autres... il n'y a pas de recette miracle pour faire jouir une femme Roxane, il faut être à l'écoute de ses sens, attentionné, et trouver le fonctionnement de son plaisir. Je pense que c'est plus une question d'expérience que d'appartenance à un sexe ou à l'autre.
- Alors dans ce cas, une femme ne m'intéresse pas, m'a-t-elle répondu en me dévorant des yeux.

Roxane a tout de même trouvé une grande Italienne à son goût, et j'ai pu lui offrir le lap-dance que j'avais prévu pour elle. Le vibreur a fonctionné à merveille alors que la danseuse se trémoussait sur les genoux de ma Libanaise. Elle ne put toucher avec les mains, mais avec le nez, lorsque l'Italienne fit glisser sa poitrine siliconée sur le visage de Roxane, visiblement émoustillée par la situation à moins que ce soit par les vibrations répétées que je déclenchais au cœur de son intimité. À la fin de la séance, elle m'a confié avoir été séduite par le parfum suave de cette femme, dont la sensualité lui avait ouvert d'autres perspectives.

- Pourquoi m'avais-tu proposé de venir en jupe, en fin de compte, m'a-t-elle demandé ?
- Parce que nous aurions pu aller dans un autre club autrement plus chaud.
- Ah oui ?
- Mais le dress-code impose une jupe.
- Tu crois que c'est incontournable ?
- Essayons, nous verrons bien !

Il me restait un ticket de lap dance et Roxane m'a proposé de choisir à mon tour une danseuse pour moi, pour voir, ce que j'ai expédié entre les bras d'une grande Tchèque sous le regard brillant de la jeune Libanaise. J'avais hâte de passer aux choses sérieuses. Adieux mes résolutions frustrantes, Roxane partait définitivement pour New-York dès le lendemain, et je n'étais pas du tout certain de la revoir. Je l'ai donc conduite au No Comment qui a eu l'amabilité de me remettre sur la voie que j'avais initialement prévue: Refoulés ! Roxane ne portait pas l'uniforme de la parfaite petite libertine...

À suivre...

 

28 mars 2007

Quand j'étais un fake (5)


19 Août


Tessa: Vous n'imaginez pas le plaisir que la lecture de votre message m'a donné. Si votre cunni est à la hauteur de vos aveux, c'est le nirvana que j'ai en perspective !
Je me doutais que chez Guillaume, il y avait plusieurs tailles. Un homme de votre goût ne pouvait habiller la femme en jouissance à taille unique. Mais moi, voyez-vous, je joue ma snobinarde. Il me faut du sur mesures, parce que ma démesure le vaut bien.
Chez Guillaume, pas de promo ? Ca tombe bien. Un plaisir accompli se paye en désir cash!
Votre oreille ne vous a pas trahi. C'est bien la clochette que vous venez d'entendre. Une cliente s'avance silencieusement. Les talons de ses escarpins s'enfoncent dans l'épaisse moquette qui recouvre le sol de votre luxueuse boutique. Vu de votre atelier, vous ne percevez qu'une silhouette qui se détache, des hanches qui se balancent en ombre chinoise, avec en arrière plan les lumières de la rue. Vous n'avez pas reconnu son pas. Ce n'est pas celui de la mère de famille qui vient en catimini, comme une femme au régime achèterait des pâtisseries en rougissant. Ce n'est pas celle de la célibatante qui vient chercher pitance comme on va au fast-food, pour consommer une histoire de cul entre deux histoires de cœur. Non, celle qui vient d'entrer vous considère à votre juste valeur. Celle d'un artiste, et elle n'attend pas moins qu'un chef d'œuvre.

21 Août

Guillaume: [...] J'aime ce que tu m'as écrit, Tessa, même si je te trouve un brin trop caressante, dans le sens du poli, s'entend. Nul besoin de me flatter comme vous le faîtes, je suis insensible à ce jeu là. En revanche, vos mots, votre esprit, et donc votre charme, eux, me séduisent... Nul besoin de me lancer des fleurs, donc. Vous lire, c'est déjà un bouquet... [...]

Contre toute attente, j'appris ce jour là que Marianne m'avait court-circuité: Elle avait passé la nuit avec Guillaume. Le jeu venait de perdre d'un seul coup la moitié de son enjeu.

Tessa: Je vous remercie pour m'associer à vos douces pensées dédiées aux égéries de ce forum, même si je sens qu'en ce qui me concerne, ces pensées ont une saveur douces-amères. Vous aurez sans doute senti, à juste titre, que je m'étais jetée à votre tête (et rien qu'à votre tête, j'insiste sur l'organe visé) alternant de gentilles provocations et de sincères louanges. Que voulez-vous, votre réputation vous précède. 
Je vais donc profiter de votre disparition momentanée pour me mettre aussi au vert, et réfléchir au ton sur lequel reprendre notre petit jeu de séduction, si tant est que vous y donniez suite.
Bonnes vacances / transactions / tournées / étreintes. (rayez les mentions inutiles)

23 Août

Guillaume: Tesss'
Ne prenez pas la mouche(1) à chaque fois que je réponds à vos posts, n'y voyez nulle intention de ma part de mettre un terme à notre discussion, de fermer la porte à quoi que ce soit...
Je me suis sans doute mal exprimé...
Je voulais juste vous dire que j'aime la manière dont vous êtes capable d'écrire, de charmer...
Et puisqu'il est question de charme, sachez que je suis infiniment plus sensible à votre personne qu'aux compliments que vous pourriez me faire...
Parlez-moi de vous, de vos désirs, vos envies, c'est autrement plus intéressant, à mes yeux, et sacrément moins gênant (à cause de vous mes chevilles ont enflé, ma tête a grossi, je ne passe plus les portes ni ne porte de chaussures lol)
Je ne voulais en rien me montrer agressif ou irrespectueux, soyez en assurée...
J'ai rayé les mentions, vous n'avez deviné les raisons de mon absence...
Guillaume
(1) Faîtes moi la mouche, pas la guêpe      

28 Août

Tessa: D'une part on n'attire pas les mouches avec du vinaigre, et qui s'y frotte s'y pique d'autre part. Quoiqu'il en soit, je m'en voudrais de vous agacer avec mes bourdonnements, euh mes bougonnements, moi qui n'ai d'autres vocations que de papillonner au gré de mes envies. Mes envies, parlons en, ne sont certainement pas de faire gonfler les organes que vous avez cités, mais plutôt d'en faire gonfler un autre, sans arriver au point de ne plus passer ces portes qui vous sont déjà ouvertes. Bref, j'ai envie de vous tendre la perche, de vous voir la saisir à pleines mains, pour en faire le meilleur usage. Vous trouvez cela trop direct ? Vous avez bien raison ! Je n'ai pas mentionné les préliminaires dont celui que vous, ou plutôt que nous affectionnons tous et toutes: A votre propos, cela aurait été un pléonasme.
Vous l'aurez compris, mes envies du moment sont de jouer avec vous, de vous séduire avec mes mots et non pas mes atouts féminins, d'aiguiser votre curiosité au point de vous donner envie de me rencontrer, bref, de vous séduire autrement. Et ces mots que j'aime tant, ces mots doux sans être mièvres, percutants comme une langue habile, chauds comme un frisson, je suis prête à vous les susurrer à l'oreille. Pour cela, vous n'avez que quelques chiffres à me donner.
Tesss'
PS: En ce qui concerne les raisons de votre absence, voyons voir... Vous aviez un cunni à St Denis ? Une levrette a Brest ? Un missionnaire au Caire ? Une amazone dans l'hexagone ? Des petites cuillères à St Pierre ? Une chandelle aux Dardanelles ? Une sodo à Maputo ?

29 Août

Guillaume: J'aime mieux quand vous vous exprimez ainsi, je ressens mieux votre présence, votre esprit, ce que vous semblez être réellement : Une intéressante et vive personne.
Tessa, vous devez vous demander la raison de mon absence ces derniers jours.
Rien à voir avec vous, juste une baisse de moral passagère, et quelques menus questionnements qui me hantent.
Je n'ai pas pour habitude de le clamer en public, mais il me semblait correct de vous en tenir informé.
Je reviendrais donc très vite j'espère, je pars du principe que quand on ne se sent pas dans le move, il vaut mieux rester à coté, pour mieux revenir lorsque l'orage est passé.
Je vous salue avec sourires et respect,
Guillaume

J'appris par ailleurs que Guillaume avait des problèmes de cœur d'une part, et j'obtins mon rendez-vous avec Mathilde sans avoir séduit mon homme d'autre part. J'ai à nouveau perdu Marianne de vue. Game over.

23 Mars 2007

- Allô, Guillaume ? C'est Vagant.
- Ah! Ah! Ah! Vagant ! Je me disais que tu finirais bien par m'appeler !
- Alors, tu as lu les dernières notes de mon blog ?
- Oui, excellent !
- Tu ne m'en veux pas ?
- De quoi ?
- Pour le coup de Tessa.
- Je le savais depuis le début !
- Quoi ?
- Depuis tout ce temps, tu n'avais donc pas appris que j'étais au courant de ce stratagème dès le départ ?
- Tu savais donc que c'était moi ?
- Bien sûr, on me l'avait dit. On m'avait d'ailleurs demandé d'être plus gentil avec toi, de ne pas t'envoyer sur les roses tout de suite.
- Incroyable ! Je suis bluffé. On ne sait jamais qui tire vraiment les ficelles, dans ces jeux là...
- Et non, on ne sait jamais.
- Je peux révéler ta véritable identité, et l'adresse de ton blog ?
- Tu peux y aller, mon ami.
- Merci Georges.

medium_ski_fake.jpg



 

23 mars 2007

Quand j'étais un fake (4)

17 Août

Guillaume: "J'aime les hommes qui me le rendent mal".
J'aime bien cette expression. Elle me rappelle une autre, employée par une amie, il n'y a pas longtemps. Elle me parlait de ses aventures, "les mauvaises personnes au mauvais moment" disait-elle...
Je veux bien vous laisser une autre chance, mais laissez moi vous dire que ça ne va pas être facile. J'hésite à vous croire quand vous évoquez une maladresse. J'hésite, l'expression était si mal choisie, peut-être est-elle de celles qui vous font réellement rire!
Et puis, d'entrée de jeu, vous me demandez "combien", combien de femmes! Je n'en sais rien, et je m'en fiche ! L'important, c'est ce que l'on peut apprendre des autres, grâce à cette aventure, des autres et de soi même.
Relisez bien le blog, je vous en prie. Relisez, et dîtes moi quels sont les passages vulgaires, irrespectueux, ou axés sur la performance.
Vous m'avez, je l'avoue, bien énervé hier soir. Mon humeur est redevenue plus sereine à votre égard, votre mea-culpa me touche, même si pour le moment, vous n'avez encore que le bénéfice du doute.
Mais au fait, que me vouliez-vous ?

18 Août

medium_mannequin_vitrine.jpgTessa: Je vous remercie de me laisser une seconde chance.
J'ai lu votre blog, et c'est parce que je l'ai lu jusqu'entre ses lignes, parce que j'ai cru percevoir chez vous une certaine "qualité d'âme", que j'ai voulu entrer en contact avec vous. A vrai dire, ce qui m'a attirée, c'est  l'homme subtil et délicat, le libertin sentimental qui se cache derrière le masque lisse de Guillaume le magnifique. Votre blog est une vitrine à travers laquelle j'ai voulu passer pour vous atteindre "en substance", pour toucher du doigt l'homme, au sens propre mais surtout au figuré. Comprenez-vous ?
Je ne chercherai pas l'excuse du second degré - même si vous pouvez vous douter que lorsque je m'essaye à l'humour Bidochon, il est à prendre au second degré - mon entrée en scène n'était qu'une provocation à l'encontre de Guillaume, à l'encontre de cette vitrine impeccable, pour briser la glace. Et je vous ai égratigné avec les bris de verre, maladroite que je suis !
Ce que je vous voulais ? Que du bien, rassurez-vous. Je voulais vous rencontrer, parce que je crois qu'on ne rencontre pas souvent des gens comme vous. Peu importe le nombre de femmes que vous auriez pu connaître avant ou après, notre rencontre, je l'aurais voulue vraie, éphémère mais entière, franche comme une collision. Je ne voulais pas seulement souscrire à votre proposition, aussi délicieuse fut-elle. Par orgueil, sans doute, c'est mon péché mignon.
Maintenant que je me suis mise à nu devant vous, débarrassée de tous mes haillons, m'aiderez-vous à revêtir une robe de bal ?

Guillaume: Je vois que vous avez changé de tactique, passant soudain de l'attaque au compliment, je découvre ainsi vos multiples talents, même si à n'en point douter, vous en possédez encore bien davantage, peut-être même plus intimes...
Pourquoi parlez-vous de vitrine, de surface lisse et impeccable ?
Pensez-vous vraiment que pour oser offrir mes cunnilingus j'aurais un caractère en apparence aussi lisse et parfait que celui (apparemment lui aussi) de Bree VanDeKamp ?
Si cela peut vous rassurer, je dispose d'autres tours dans mon sac, de diverses aspérités, et même aussi parfois d'une bosse dans mon pantalon.
Voilà que soudain peu vous importe les précédentes rencontres, vous qui lors de votre première approche souhaitiez (au second degré m'avez vous confessé) vouliez tout savoir quant-à leur nombre...
Vous êtes très certainement unique, notre rencontre, si elle devait avoir lieu, le serait tout autant, car nouvelle et forcément différente. Peu importe alors de savoir si d'autres ont eu lieu dans le passé, chaque découverte est à mon sens comme la perte d'une virginité, puisque je me sens vierge de toute relation tant que celle-ci n'est pas consommée...
C'est là sans doute la raison (ou plus exactement l'une des raisons) pour lesquelles j'aime tant ce moment unique, celui où ELLE soulève légèrement le bassin pour me permettre de faire glisser le long de ses jambes le petit vêtement de coton, me laissant pour la première (et donc UNIQUE) fois le plaisir de DÉCOUVRIR son intimité...
Etes vous certaine de vouloir vous habiller ?

Tessa: Après avoir échoué au jeu des provocations et de l'humour bidochon que vous aviez pris au premier degré, il m'a bien fallu changer mon fusil d'épaule. N'aurais-je pas été stupide de persévérer ? Quant à l'étendue de mes talents, je vous en laisserai juge, comme ceux du maçon au pied du mur, ou du Guillaume face à...
Qu'est-ce qu'un blog sinon une vitrine de son intimité à l'attention du monde ? Un blog ne peut pas être qualifié de journal intime, puisqu'il n'a pas vocation à n'être lu que par celui qui l'écrit dans une démarche quasi analytique, mais par le monde entier. S'il a certaines caractéristiques apparentes du journal intime, en particulier dans sa construction au jour le jour, il en diffère par son rapport au lectorat. A la différence du journal intime qui est un "post mortem" vis à vis des expériences qu'il relate, le blog interagit directement avec son lectorat. L'auteur du blog et le lecteur s'influencent mutuellement. Un peu comme le gérant d'un fond de commerce interagit avec ses clients via sa vitrine. La votre, votre blog, est impeccable. Vous y présentez un homme courtois qui procure des cunnilingus aux femmes, dans le but d'en procurer encore davantage. C'est cette vitrine à laquelle je me suis attaquée, parce que c'est vous qui m'intéressez, oui vous qui restez bien planqué au fond de l'arrière boutique. Et puisque vous vous présentez en vitrine, n'était-il pas naturel que je me pose la question du chiffre d'affaire ? Allons, allons, je plaisante, ne vous fâchez donc pas tout rouge! Dieu que vous êtes susceptible... Je sais que vous vous en fichez et moi aussi. Je ne suis pas là pour faire une OPA sur vos activités sensuelles, je viens juste y goûter. Tout comme moi, vous êtes un épicurien et vous considérez chaque relation indépendamment des autres. Si nous venions à nous connaître, je ne chercherais pas à me comparer aux autres femmes dont vous croisez le chemin. Peu m'importe donc leur nombre, ma question à propos de votre cunniculum vitae était une provocation.
Vous parlez d'aspérité ? Ce sont justement vos aspérités qui m'intéressent, toutes vos aspérités, y compris la bosse qui gonflera votre pantalon à l'idée de conquérir l'intello de service, mais pas seulement celle-ci. Je m'intéresse aussi à vos aspirations, toutes vos aspirations, y compris celles qui feront germer le bouton de ma fleur entre vos lèvres, mais pas seulement celles-ci.
Je suis d'ailleurs certaine de vouloir me rhabiller, pour le plaisir de soulever légèrement mon bassin et vous permettre ainsi de faire glisser mon string tout au long de mes jambes, pour le plaisir de sentir vos doigts répandre des frissons sur ma peau alors que ma dentelle glissera avec une infinie lenteur, dévoilant à vos yeux le panorama de ma féminité, des monts dressés à l'horizon de mes seins, au sous bois humide au fond duquel coule la cascade de mes désirs inassouvis.
Vous m'avez tendu une perche, je n'allais pas manquer de la saisir.

Guillaume: Votre analyse de la vitrine est assez juste, je dois l'admettre... Quant-à votre esprit, je dois également le reconnaître : Je m'étais mépris !
Sachez que je ne reste pas planqué dans l'arrière boutique, je distille aussi de menus conseils, je recherche la bonne taille, je propose aussi (souvent, même) un essayage...
Peut-être aussi que ce qui donne cet aspect à la vitrine, c'est que je n'y solde jamais les articles, chez Guillaume pas de promos    
Tiens, j'entends la clochette...
Gling gling, c'est vous qui venez d'entrer ?


À suivre...

21 mars 2007

Quand j'étais un fake (3)

medium_Sherazade.jpgAoût 2006. Après une unique rencontre mémorable, j'ai retrouvé Marianne sur un forum de discussion. Retrouvé n'est pas le mot juste. L'incroyable séductrice m'y avait plutôt attiré, ainsi que mon vieux complice Guillaume, et elle avait animé mon mois d'Août solitaire à grand renfort de mystères et énigmes au cours desquelles j'avais croisé Mathilde. Par jeu, Mathilde en vint à me proposer une rencontre, à condition que je parvienne à séduire un homme en me faisant passer pour une femme. D'autre part, j'avais promis à Marianne de lui offrir une nuit avec Guillaume, une nuit digne des mille et une nuits. Pour résoudre ce double défi, je décidai donc de séduire Guillaume en me faisant passer pour une femme, au point de lui donner un rendez-vous dans une chambre d'hôtel obscure auquel Marianne irait à ma place.

Pour commencer, j'écrivis une petite fiction sous le pseudonyme Tessa, fiction dont la supposée beauté littéraire me permettrait peut-être d'exciter la curiosité de mon camarade de jeu. Échec total: je ne parvins à intéresser que quelques femmes et travestis. J'optai alors pour une plus approche directe sur une discussion ayant trait à la grande passion de Guillaume: le cunnilingus.

 

16 Août

Tessa: Sans vouloir être indiscrète, combien de cunnis as-tu réalisés depuis le début de ta carrière cunnilinguale ? Y a t'il des trous dans ton cunniculum vitae ? Quelles sont les principales qualités d'un cunniphile: avoir la langue bien pendue, ne pas avoir la langue dans sa poche, ou bien être doué pour les langues vivantes ? Et enfin, comment bénéficier de ton offre alléchante ?

Guillaume: Peut-être qu'en allant lire (depuis le début, cela va de soi pour une meilleure compréhension) le blog dont le lien est attaché à ma signature (en tout petit en bas de ce mail) vous découvrirez la clé de votre interrogation... 

Tessa: Tout d'abord, je vous prie de me pardonner ma familiarité. Après tout, nous n'avons pas gardé les clitoris ensemble, et vous avez bien fait de corriger mon intempestif tutoiement. Guillaume, si j'ai eu le plaisir de parcourir votre blog, je n'ai pas eu le courage de compter vos conquêtes. De surcroît, rien ne dit que ce blog est exhaustif. Et puis, pour tout vous dire, j'espérais surtout attirer votre attention avec mes calembours pour sortir du lot des foufounes baveuses qui attendent votre liquette. Malheureusement pour moi, vous semblez déjà avoir de remarquables partenaires de jeu qui ont su retenir toute votre attention, et à côté desquelles je fais pale minette. Devrais-je donc vous écrire un email qui sera dûment classé et auquel vous répondrez par ordre d'arrivée ?

Guillaume: Les "foufounes baveuses" apprécieront...
Pour ce qui est de l'avant dernière phrase de votre missive, je ne peux malheureusement que vous donner raison... [ndlr: smiley qui pleure]

Tessa: Vos messages ont pour signature: "J'aime l'humour, ça me fait rire".
Ma tentative vous aura fait pleurer, mais pas de rire malheureusement...

Guillaume: Ben oui... J'aime l'humour !
En revanche, votre remarque était -je trouve- irrespectueuse pour toutes celles qui se plaisent à faire vivre cette belle aventure...
Et j'accorde trop d'importance au respect pour parvenir à m'en moquer...

Tessa: On peut rire de tout mais pas avec tout le monde. J'ai eu le tort de penser nous pouvions plaisanter au sujet du sexe féminin, mais visiblement, l'adoration que vous lui portez semble vous empêcher de prendre le recul nécessaire. C'est un petit peu le problème avec cunni, on ne voit même pas jusqu'au bout de son nez ! (c'est de l'humour caustique et je ne sais même pas faire les smileys qui rigolent, scrogneugneu)

Guillaume: Je confirme...
Les "foufounes baveuses", ça ne me fait pas rire...
Pas plus que Bigard, même pas plus...
Désolé...

Tessa: Ah non, ça c'est Pierre Desproges ! Je ne citerais pas Bigard à un homme de votre goût. Au fait, vous êtes plutôt salé ou sucré ?

Guillaume: Mon bon goût est proverbial. Pour l'instant, j'avoue ne pas encore juger du vôtre...

Tessa: pour juger du mien il faudrait que vous daigniez vous pencher sur mon cas.

Guillaume: Reconnaissez que vous avez quelque peu raté votre entrée...
Comme lors d'un premier rendez-vous, certaines phrases ou attitudes peuvent plomber une rencontre...

Tessa: Oui, j'ai raté mon entrée parce que je me suis mal positionnée. Vous n'imaginez pas combien cela peut être instructif pour moi. J'aime les hommes qui me le rendent mal, car j'ai une approche beaucoup trop cérébrale. Je suis entré en contact avec vous comme un homme l'aurait fait. Une approche qui se voulait humoristique et qui ne s'est avérée que caustique et incisive. Vous y avez donc réagit comme à une agression. Maintenant je suis désemparée. Vous ne voulez pas m'aider un peu ?

 

Malgré les encouragements de Mathilde et Catherine censées suivre nos roucoulements, et qui assistaient plutôt à une lutte homérique, je ne voyais pas trop comment me sortir de cette situation. Catherine m'avait ainsi conseillé de prendre l'attitude plus humble que j'avais adopté dans mon dernier billet, m'affirmant que chez les femmes, l'humour caustique ne paie pas. J'attendis donc, le cœur battant comme une jouvencelle, une réponse qui ne viendrait que le lendemain

À suivre...

10 mars 2007

Alter Ego (10)

Camille Claudel...- J'ai envie de quelque chose, me dit-elle.
- Tout ce que tu veux.
- Ça !

Elle m'a tourné le dos, elle a basculé en arrière, et elle a posé sa nuque sur mes cuisses. Le dernier baiser est exquis.


J'ai plus de quarante ans, elle en a une petite vingtaine, mais le temps s'est arrêté derrière une pendule. Tout est aboli, les préjugés, les scrupules, les stigmates de l'âge qu'avait dû oublier Camille Claudel, avant qu'elle ne s'en souvienne.

08 mars 2007

Alter Ego (9)

Toute ressemblance avec des personnes existantes serait purement fortuite...- Donne moi ton string !
- Tu veux mon string ? Maintenant ?
- Oui ! Donne-le moi s'il te plaît.
- Tu me le rendras ?
- Oui, lorsque nous nous reverrons.
- J'étais sûre que tu me le demanderais.

Elle était assise dans ma voiture qui titubait en plein Paris. Elle a rougi, mais ses mains ont glissé sous sa jupe, et elle a fait glisser la dentelle mauve convoitée. Elle me l'a tendue. Elle était trempée. Tout en traversant le Boulevard St Michel, je l'ai portée à mon nez, pour m'enivrer du parfum entêtant de ses envies inassouvies. Dehors, les Parisiens pressés couraient, sans imaginer la bulle de désirs fiévreux qui circulait parmi eux. J'ai glissé le string dans ma poche, et ma main a repris sa place entre ses cuisses ouvertes, offertes à ma caresse. Je ne sais pas comment nous sommes parvenus sains et saufs dans sa rue. Je me suis garé en double file devant chez elle.

À suivre...

chez Ysé...

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