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12 novembre 2007

Mission libertine - V (1)

   La seconde enveloppe matelassée que venait de lui remettre Marina était déformée par son contenu : un objet violet en latex, ainsi qu’une lettre que Sarah lut d’une main tremblante d’excitation :

   Très chère Sarah,

   Vous avez avec succès réussi le premier test, le plus facile. Le suivant est un peu plus corsé. Vous avez vu un bien étrange objet dans le paquet que notre agent vous a remis. C'est un prototype de papillon vibrant à porter sur vous, entre les cuisses, le petit phallus bien enfoncé dans votre intimité. Les lanières pour le fixer à votre bassin ne sont pas encore au point, et vous allez devoir faire preuve de bon sens pour le maintenir, ce en quoi le jean étroit ou la culotte boxer que je vous avais demandé de porter pourront vous être utiles. Vous serez peut être étonnée de ne pas trouver d’interrupteur sur ce gadget sophistiqué. Il est en effet en ma possession, et je ferai vibrer ce papillon radio commandé de temps à autre pour vous faire sentir ma  proche présence, afin de compenser le fait de ne pas pouvoir être à vos côtés tout au long de cette journée.

   Dès que vous serez dans votre vestiaire, fixez le papillon et rendez-vous au restaurant de la mosquée à midi au plus tard, en compagnie de Marina alias PetitNénuphar si vous le souhaitez. Sachez que je l’ai recrutée exclusivement pour cette mission, et qu’elle n’est en rien impliquée dans les activités de notre service. Ne perdez donc pas votre temps à essayer de lui tirer les vers du nez, elle me connaît à peine et ne pourra pas vous en dire plus sur la suite de votre journée. Il pourrait aussi vous être agréable de savoir qu’elle fréquente assidûment le forum bisexualité d’auFeminin.com. Continuez la lecture, ou plutôt le décryptage de cette lettre au cours de votre déjeuner inclus dans la formule orientale. Vous vous installerez en terrasse si le temps le permet.

   Sarah interrompit là sa lecture pour contempler les lanières élastiques du papillon avec une perplexité qui se mua en fou rire.

- Crois-tu que le concepteur de ce machin sait qu’une femme à deux jambes et une taille ?
- En tous cas, il semble savoir qu’elle a un clitoris.
- Attention, on nous regarde !

   À l’entrée du vestiaire, une femme brune, élancée, au teint halé, regardait Sarah de ses grands yeux ténébreux dont l’expression était si indéfinissable qu’elle en devenait inquiétante. Soudain, son oeil gauche cligna et ses lèvres d’un rouge carmin esquissèrent un sourire complice. Sarah, elle, vira au rouge pivoine. Elle alla s’enfermer aux toilettes où elle parvint à mettre tant bien que mal l’appareil. L’abdomen du papillon, qui avait la forme d’un petit phallus, venait boucher l’entrée du vagin tandis que sa tête venait se loger contre son clitoris et ses ailes se déployer entre ses cuisses. Si Sarah comparait son godemiché préféré à un clou à tête fine, qu’elle plantait volontiers au cœur de son intimité pour tenter en vain de fixer sa libido galopante, ce nouveau jouet évoquait un clou de tapissier, à la tête plus large que la pointe n’est longue, en tous cas pas assez longue pour atteindre le point le plus sensible de son vagin. Elle enfila son jean par-dessus tout ce harnachement qui ne lui laissait qu’une sensation déplaisante entre les jambes, et elle rejoignit Marina qui l’attendait pour aller au restaurant.
   Assise devant un succulent couscous, Sarah entreprit de lire, ou plutôt de déchiffrer la fin de cet étrange message…

   Je [a5 horizontalement] sais pas ce qu’il en [i1 verticalement] pour vous, mais j’ai trouvé le temps d’[b3 verticalement] propice à la promenade. [d8 verticalement] partant du [c8 horizontalement] place Monge, j’ai pris la [b6 horizontalement] Lacepède [d8 verticalement] passant devant [e7 horizontalement] l’épicier, j’ai continué jusqu’à traverser la [b6 horizontalement] Mouffetard et ses restos pas toujours [f6 horizontalement], la rue d’[c6 verticalement] et sa fameuse école, avant de descendre le boulevard [h7 horizontalement] Michel, tourner à gauche pour lécher quelques vitrines du boulevard [h7 horizontalement] Germain, et enfin tourner à droite pour m’enfoncer au cœur du quartier [e7 verticalement] finir, presque par hasard [b6 horizontalement] [h7 horizontalement] [f5 verticalement] [a7 verticalement] [h 4 verticalement], plus précisément au numéro [g1 verticalement] [d5 horizontalement] où [a9 horizontalement] cache une sorte de « [a3 horizontalement] [e1 verticalement] » : [a1 horizontalement]. [g8 verticalement] je dois bien avouer que j’avais déjà entendu parler de ce lieu dédié à la gloire d’[f9 horizontalement], [e7 verticalement] je [a5 horizontalement] résistai pas bien longtemps à l’envie de le découvrir par moi-même, mettant [d8 verticalement] pratique cette citation que vous connaissez bien «La meilleure façon de [a9 horizontalement] libérer d’une tentation, c’[i5 verticalement] d’y céder».
   Après m’être acquitté du droit d’entrée, je descendis les escaliers qui menaient à une petite cave voûtée aménagée en une chambre improbable, recouverte de tentures luxurieuses, décorée de miroirs dorés, traversée en son centre par une barre en acier verticalement phallique, franchement incongrue dans une chambre classique, mais qui donnait tout de suite une idée de l’usage de cette pièce au spectateur averti. Les quelques spectateurs assis sur des banquettes semblaient d’ailleurs avertis depuis quelques décennies, et je m’installais entre deux papys visiblement ravis de mon arrivée. L’entrée en scène de la superbe brune aux longs cheveux frisés qui m’avait subrepticement suivi, me rassura aussitôt sur leurs goûts hétérosexuels.
   Avec son arrosoir [e7 verticalement] son chapeau de paille genre « belle [a7 verticalement] champs », sa petite robe en [a1 verticalement] bien sage était bien un [a7 verticalement] seuls attributs de l’[a4 horizontalement] blanche qu’elle était sensée jouer, et ses premiers déhanchements au rythme soutenu de la musique syncopée corroborèrent mon analyse. De cambrure suggestive [d8 verticalement] pose [c1 verticalement], elle finit par faire tomber sa robe à la fin de la première danse, pour se retrouver dévêtue de dentelles sophistiquées qui contrastaient avec son chapeau rustique enfoncé jusqu’au [g2 horizontalement] des yeux. Cet accoutrement qui aurait été grotesque avec une fermière rustique s’avérait délicieusement obscène sur cette jeune femme sculpturale, et aurait donné à quiconque quelques émotions quelque soit son [d5 verticalement].

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   Je vous laisse découvrir la suite du spectacle par vous-même, ce pourquoi vous trouverez 50 euros dans cette lettre, et je vous propose de vous rendre à cette adresse en utilisant le chemin par lequel vous êtes venue. Prenez le temps de terminer votre repas, mais ne quittez pas le restaurant après 13h15, heure à partir de laquelle je vous communiquerai l’adresse si vous n’avez pas encore trouvé le nom de la rue où vous devez vous rendre. N’oubliez pas d’éteindre votre téléphone mobile avant d’entrer dans la salle de spectacle, puis de le rallumer en sortant. Quoi qu’il arrive lors de ce spectacle, sortez de la salle avant 14h30.

   Au plaisir de ce chaud show hot,

Vagant

À suivre…

Commentaires

Le lundi 12/11/2007 à 20:42 par françoise :

Je ne sais ce qu'en a pensé votre complice, suite au prochain épisode, mais personnellement, je n'ai pas été convaincue par les télécommandes des vibreurs, hormis le plaisir cérébral de se sentir à la merci du pilote. En effet, il est très difficile de bien positionner le papillon, et pour peu qu'il se déplace lorsqu'on marche, la vibration se déclenche rarement sur les points sensibles. J'ai cependant retrouvé avec plaisir ce papillon, évoqué dans ma nouvelle "la gloire du monarque" in "Autres désirs, autres hommes". Nous devons avoir les mêmes fournisseurs! Chez qui vous trouverez un pivert extrêmement efficace.

Le lundi 12/11/2007 à 22:55 par Vagant pour Françoise :

Absolument Françoise, le papillon s’avère en fin de compte assez décevant d’un point de vue strictement physiologique. L’œuf vibrant semble plus efficace. Il faudrait inventer un système mixte, mais cela existe probablement déjà. Je vous remercie pour l’information quant au pivert, mais je suis surtout enchanté de vous compter parmi les lectrices de ma longue nouvelle érotique ! Alors, qu’en pensez-vous, en fin de compte, vous qui étiez plutôt opposée au principe du roman feuilleton sur blog ? Avez-vous par ailleurs des pulsions cruciverbistes ?

Le mercredi 14/11/2007 à 02:03 par tiniak :

CECI EST UN MESSAGE LIVRE PAR MAINATE-EXPRESS

LE VOLUBILISME N'EXISTE PAS.
LES VOLUBILISTES, OUI!

Donnez-en la preuve irréfutable sur 'pavupapri'.
Répondez à cette simple QUESTION :
VOLUBILISTE, COMMENT ES-TU ARRIVE LA ?

Racontez COMMENT vous avez découvert l'un ou l'autre des blogs de VOLUBILIS (un pti comm ou une grosse bafouille au choix)

Une note vous est spécialement réservée sur 'pavupapri...tag/kilavolulahu'

Faîtes taire la rumeur!

CECI EST UN MESSAGE LIVRE PAR MAINATE-EXPRESS

(merci de faire passer à d'autres volubilistes, je crois qu'il est un peu naze, le mainate, là)

Le mercredi 14/11/2007 à 11:07 par françoise :

Il y autant de différences entre votre récit et un roman, voire une nouvelle, qu'entre une émission de télé-réalité et une fiction TV. Je lis vos aventures de la même façon que je lirai la lettre de quiconque me racontant les siennes, je veux dire avec curiosité et amusement mais sans y trouver la moindre ambition littéraire. Il ne suffit pas de changer les noms et d'avoir du style pour faire de la littérature, il y aussi des questions de fond que je n'ai pas le temps de détailler ici, et ça pourrait ennuyer vos lecteurs.

Le mercredi 14/11/2007 à 11:48 par Vagant pour Françoise :

En un mot, tout ce que j’écris là est strictement impubliable pour la simple raison que c’est du vécu ? Ou bien parce que cela a été publié sur un blog ? Y a-t-il autre chose d’intrinsèque au texte, ou est-ce seulement une question de procédé ? Vous savez que votre point de vue de professionnelle est toujours le bienvenu pour le modeste (mais têtu) amateur que je suis, que ce soit en commentaire ou en privé.

Le mercredi 14/11/2007 à 12:15 par Fée d'Hiver :

Je déplace la dame de deux cases... Ah, il n'est pas question d'échecs ! Pourtant ...
Bref ! Moi c'est mappy (oui, parce que le bonhomme michelin, il est un peu trop enrobé !!!) qui va me guider dans mes périgrinations aujourd'hui ! Moins charmant et moins sensuel !

Le mercredi 14/11/2007 à 17:38 par Madeleine :

Pas besoin d'avoir des talents de cruciverbiste pour savoir où ses pas doivent la guider ! mais l'idée est très belle...

Le mercredi 14/11/2007 à 20:02 par A.D. :

Verbicruciste, voilà un métier qui se perd (au même titre qu'équarisseur, paraît-il, mais je m'égare, je m'égare).

La suite!!!

Le mercredi 14/11/2007 à 21:38 par françoise :

Pas parce que c'est vécu, pas parce que c'est sur un blog, mais impubliable en tant que roman, que texte littéraire, certainement. Oui, il y a une question de fonds. Cela étant, comme "récit" ou "témoignage", le genre est en vogue, vous trouveriez à le publier, mais ce serait dommage, vous pouvez sûrement faire mieux. Réfléchissez à pourquoi la pièce de E-E Schmidt (Le libertin) ou "les misérables", ou "Belle du Seigneur" sont de la littérature.

Le jeudi 15/11/2007 à 09:43 par Vagant pour Fee d'Hiver :

Votre commentaire est bien mystérieux. Que voulez-vous dire exactement ?
En tous cas, je souhaite bonne chance avec Mappy dont vous risquez d’avoir besoin une fois de plus aujourd’hui.

Le jeudi 15/11/2007 à 09:48 par Vagant pour Madeleine :

Oui mais pour vous c’est différent, vous connaissez déjà ces lieux de perdition. Merci pour la très belle idée, même si la mise en œuvre et surtout son récit peut laisser à désirer, ce qui est le propre de l’érotisme.

Le jeudi 15/11/2007 à 10:00 par Vagant pour Francoise :

Vous êtes bien dure, Françoise, mais je vous remercie de votre franchise. Hormis l’idée des mots croisés qui lui donne un peu de relief, le début de ce chapitre 5 était effectivement très plat. J’ai essayé de le retravailler un peu, j’espère que c’est mieux.
Cela dit, je n’ai pas la folle ambition de jouer dans la même cour qu’Eric Emmanuel Schmitt ou Victor Hugo ! Dans ce feuilleton, je souhaitais juste faire mieux que John Flaherty Cox, c'est-à-dire aussi excitant et un peu moins bête. Comme je suis optimiste, je vais positiver votre commentaire et présumer que j’en ai les moyens.

Le jeudi 15/11/2007 à 10:10 par Vagant pour A.D. :

Merci Arnaud ! Grâce à toi, je sais maintenant que le verbicruciste est au cruciverbiste ce que le pornographe est a l’érotomane (ou ce que l’équarisseur est au bricoleur, on a les références qu’on peut).

Le jeudi 15/11/2007 à 13:56 par françoise :

Je suis désolée, Vagant, si je vous semble dure, ce n'est ni mon propos ni mon intention. Plusieurs fois vous avez semblé demandeur de précisions sur l'écriture littéraire, le blog n'est évidemment pas le meilleur lieu pour en parler cela prendrait trop de place. Mais en vous disant que ce que vous écrivez n'est pas un roman ou une nouvelle- et ce pour des questions de fond surtout et un peu de forme- je ne porte pas de jugement de qualité, c'est une question de définition de genre d'écriture, c'est tout.

Le jeudi 15/11/2007 à 15:23 par Madeleine :

Qu'il s'agisse d'une publication en livre ou sur un blog, un bon indicateur n'est-il pas le plaisir du lecteur ?
Une idée : installez (vous qui êtes si doué pour ces outils) un système qui nous permette de voter entre vos différents textes pour élire nos préférés !

Le vendredi 16/11/2007 à 13:32 par Vagant pour Francoise :

J’espère que nous aurons l’occasion de discuter de ce sujet dans un autre environnement !

Le vendredi 16/11/2007 à 14:22 par Vagant pour Madeleine :

Elire le texte préféré ? Oui c’est une idée. Il faut que je convertisse « Sept » en pdf ainsi que le début de « Mission libertine », et je ferai un sondage « blog-it express », comme tout le monde…

Le vendredi 16/11/2007 à 23:51 par Comme une image :

@ Madeleine & Vagant >
Il y a des plateformes de burps qui permettent le vote pour chaque article. On peut savoir combien de fois il a été lu et comment il a été "évalué".
C'est un peu risqué, à mon avis, pour l'ego.

Et puis faut il faire du démagoburp ? Faut-il donner au lecteur ce qu'il attend ou avoir des objectifs plus ambitieux/personnels... ?
Je mesure, de mon côté, le plaisir de mon lectorat à la « ferveur » des commentaires. C'est un indicateur partiel, qui vaut ce qu'il vaut, mais c'est un indicateur.
Je savais, en l'écrivant, que mon dernier billet en date sur "Dusk" ne provoquerait pas l'enthousiasme des foules, mais je me suis amusé à l'écrire et c'est ça qui comptait.