15 mars 2007
Le seigneur des anneaux
Hiver 2001. J’avais fait la connaissance de Marianne sur le forum Aventures d'auFeminin. Nous y avions échangé quelques messages, sur le ton d'une badinerie érotique qui devint rapidement d'une sensualité si affolante que je sautai dans un TGV, afin de rencontrer ma muse à la terrasse d’un restaurant lyonnais. L'objectif avoué était de réaliser son fantasme, flirter au cinéma, ce qui avait alors pour moi valeur de défi, avant que je ne fasse la connaissance de Sarah. Marianne était le stéréotype de la beauté méditérannéenne: Des yeux noirs charbonneux, une peau mate, et des formes féminines qu'elle savait mettre en valeur. Je ne garde pas de ce repas le souvenir de la fameuse gastronomie lyonnaise, mais la perspective de son décolleté plongeant, auréolé d'une bouche particulièrement sensuelle dont les lèvres couleur carmin semblaient me susurrer "luxure". Après le repas, il nous fallut un bon moment avant de trouver le fameux cinéma qui abriterait notre première étreinte, et pressés par le temps, nous dûmes opter pour le seul film dont la séance venait de commencer : « Le seigneur des anneaux ».
Inutile de dire que la salle était bondée. Cupidon doit cependant être un libidineux, il sourit même aux aventuriers déguisés en cinéphiles. Nous trouvâmes quatre sièges libres au tout dernier rang, juste assez pour nous asseoir, et poser nos manteaux sur les sièges de part et d’autre afin de délimiter un semblant de territoire. A peine étions nous assis que les hostilités commencèrent: Une bande de nains était poursuivie par des chevaliers ténébreux; Nos baisers affectueux l’étaient de plus en plus; Les nains escaladaient une colline; Mes doigts caressants s’étaient aventurés sur ses flancs, s’attardèrent sur l’affolant surplomb côté 95C, dégrafèrent toutes les sécurités et sautèrent sans élastique dans la faille de son irrésistible décolleté. C’était chaud, moelleux, divin. Taquin, je poussai l’audace jusqu’à sortir un sein de son écrin de dentelle. Dans la salle obscure, l’écran trépidant jetait un éclairage crépusculaire sur son mamelon dressé.
Mon aventurière n’était cependant pas femme à se contenter d’émotions impressionnistes. Elle avait déjà posé sa main sur mon entrejambe pour tâter de mon piolet. Je glissai mon autre main sous sa courte jupe. Mes doigts parvinrent rapidement à la lisière de ses bas, là où le satin laisse place à la peau nue. Ils musardèrent un moment tout en haut de ses cuisses jusqu’à l’ultime frontière de dentelle déjà bien humide. De deux doigts j’en tâtai les rondeurs, avant de l’écarter pour pénétrer sa touffeur. Je crois bien que nous arrivâmes ex æquo au terme de cette course haletante, car à ce moment là, elle avait déjà découvert mon pic dressé qu’elle tenait d’une main à la fois ferme et branlante. Dans un sursaut de pudeur, nous nous couvrîmes de nos longs manteaux pour mieux nous tripoter par en dessous, au cas où un des spectateurs hypnotisés par le film vint à détourner son regard vers nous. Mais non, rien ne les distrayait des trolls et autres monstres qui s'étripaient à l’écran.
Je pus donc poursuivre mon exploration en toute quiétude. Je glissai deux, puis trois doigts dans son intimité ardente. Elle était gorgée de sucs capiteux. J’en fis un tour exhaustif, de mouvements circulaires en lents va et viens, en insistant tout particulièrement sur les muqueuses parcheminées, ce qui lui arrachait à chaque fois un râle étouffé, avant de ressortir mes doigts trempés pour mieux les faire glisser autour de son bourgeon tuméfié. Inexorablement, son souffle se faisait plus court, son bassin se rapprochait du bord du fauteuil, sa jupe remontait le long de ses cuisses qui s’ouvraient toujours d’avantage à mes doigts capricieux. Soudain son corps se contracta et elle expira sa jouissance en un soupir irrépressible. D’horribles trolls qui chevauchaient des hyènes se faisaient décapiter à coups de hache dans un vacarme assourdissant. Personne n’entendait rien de nos ébats. Nous partageâmes le goût du pêché, comme deux garnements dégustent sur leurs doigts la crème chantilly chapardée au fond de la cuisine.
Si vous croyez que la belle était de celles qui se satisfont d’un orgasme furtif sous des doigts inquisiteurs, vous vous trompez lourdement. Lorsque Marianne se pencha vers moi après avoir repris son souffle, elle ne se contenta pas de me voler un baiser carnassier. Elle écarta prestement mon manteau qui cachait mon phallus qu’elle n’avait pas lâché, et elle l’engloutit entre ses lèvres pulpeuses. Sa position ne lui aurait pas permis d’avoir le bénéfice du doute face à un enquêteur de la police des mœurs, et elle mit en œuvre tout son art pour m’achever au plus vite. Sous l’effet conjugué de ses lèvres qui coulissaient sur mon membre, et de ses doigts qui dessinaient des arabesques sur mes testicules, je ne tardai pas à me répandre dans sa bouche. L’hémoglobine arrosait l’écran. La coquine avala mon nectar. Je surpris le regard éberlué d’une spectatrice assise à quelques sièges de moi. Nous n’attendîmes pas la fin du film pour fuir la salle en pouffant de rire.
J’ai perdu tout contact avec Marianne pendant des années. Je la gardais bien au chaud au fond de mes souvenirs, en me disant qu'après le sucre, l’adultère avait parfois un arrière goût amer. Et puis elle m'a recontacté l'été dernier.
07:45 Publié dans Défis | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : erotisme, expériences, cinéma, marianne, fellation, exhibition, libertinage, histoire erotique
12 février 2007
L'enfer - Epilogue
Ami lecteur, je dois vous avouer quelque chose: cette histoire n'est pas totalement vraie. Bien qu'elle soit classée dans la catégorie "défis", tout ne s'est pas passé exactement comme ça. Disons que pendant tout le temps où j'ai attendu Catherine à la sortie du cinéma (car jusque là, tout est véridique), j'ai imaginé ce qui pouvait se passer à l'intérieur. Catherine s'était-elle jetée au cou - enfin, quand je dis au cou, c'est une façon de parler - de son voisin en le prenant pour Vagant ? Allait-elle sortir au bras d'un jeune premier et m'ignorer superbement ? Allait-elle passer devant moi comme une étoile filante, mais une étoile du type naine rouge de confusion après avoir réalisé sa méprise ? Bref, pendant que Catherine, entre un strapontin vide et un grand chauve, se morfondait devant son film, je me faisais le mien avec ma pancarte à la main. Ce que je ne me suis jamais expliqué, c'est comment nous avons pu nous louper. Comment ne m'a t'elle pas vu à la sortie de la salle avec ma grosse pancarte ?
Ami dragueur, sache que le coup de la pancarte est un très bon plan: J'ai perçu quelques regards intéressés, et une femme s'est même plantée devant moi, avec ses yeux bleus pétillants. "C'est moi, Catherine !", qu'elle me dit avec un grand sourire, alors que sa bonne copine hilare regardait la scène en retrait. Je l'ai dévisagée des pieds à la tête, et j'ai répondu "non, je ne crois pas". Elle avait le crane complètement rasé.
Lorsque je suis rentré chez moi, à la fois déçu est frustré, j'avais le message suivant:
"Cher C***,
Bien sûr, j'ai envisagé -je pense- toutes les possibilités...
1- le nombre de personnes aux files d'attente ne permettait pas à nos regards de se croiser
2- la petitesse et la configuration de la salle ne permettaient pas à nos regards de se croiser
3- nos regards se sont croisés, et tu as pris tes jambes à ton cou
4- tu as eu un empêchement (et là je te maudis de ne pas avoir de portable, le film était chiant au possible !)
Quoi qu'il en soit, j'espère savoir un jour...
Bisous
Catherine"
Je lui ai alors expliqué ma mésaventure, et Catherine m'a écrit ce qui c'était vraiment passé dans la salle:
"Bon, quelque part ce mail me rassure, moi qui n'en menais vraiment pas large en voyant l'heure passer, puis les bandes-annonces arriver (je n'ai pas la moindre idée de ce qui est passé, j'avais les yeux rivés sur l'entrée), puis la place que je t'avais "réservée" prise d'assaut (j'avais néanmoins gardé l'option "strapontin" juste à côté de moi, mais il semble qu'ils ne l'acceptent plus...), puis l'extinction des feux... et le début du film...
Je suis sincèrement navrée que tu aies dû subir l'épreuve (involontaire, donc beaucoup moins drôle) de la "pancarte"... Sortie à 22H24... de la salle 8, latérale, par l'étage supérieur au niveau des caisses... Je dois avouer que parmi les options envisagées, celle de la prise de (tes) jambes à ton cou me semblait la plus réaliste (eh oui, j'ai encore des problèmes avec mon image dans certains moments :-(...) En repassant devant les caisses je regardais donc, au cas où, on ne sait jamais... mais sans y croire du tout... Je n'ai donc pas tardé à filer vers le métro la queue entre les jambes (si je puis m'exprimer ainsi...)"
Catherine et moi avons donc décidé de renouveler l'expérience, mais selon ses règles: Elle choisissait le film, j'arrivais dans la salle avant elle, je m'y bandais les yeux (!), elle venait s'asseoir à mes côtés, et quoi qu'il advienne je ne devais pas poser ma main sur elle. J'avais l'air malin avec mon cache-yeux Air France au fond de la salle de cinéma. Probablement m'a t'on pris pour un abonné qui venait piquer son roupillon. J'ai entendu quelqu'un s'asseoir à côté de moi, j'ai senti une main explorer mon corps, et j'ai entendu sa voix très suave. J'ai respecté notre contrat à la lettre. Je n'ai pas posé ma main sur elle: j'ai fourré mon nez dans son décolleté prodigieux...
J'ai ainsi imaginé un scénario de rencontre original: Libertins qui nous ne nous se connaissons pas "de visu", donnons-nous rendez-vous dans un cinéma, sans autre moyen de nous reconnaître que le jeu des regards et l'expression non verbale. A nous de nous découvrir dans la pénombre de la salle, sans demander explicitement à celui ou celle auquel nous faisons du genou s'il fait partie ou non de cet extravagant défi !
10:10 Publié dans Défis (suite) | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : cinéma, expériences, l'enfer, catherine, littérature, erotisme
11 février 2007
L'enfer (2)
Catherine dut se battre bec et ongles pour conserver la place libre à côté d'elle. Mais la salle se remplissait inéluctablement, et de guère lasse, elle dut laisser la place à un jeune homme. La séance venait juste de commencer et dans la soudaine obscurité, elle ne pouvait pas bien distinguer ses traits. Il retira son manteau, et posa un sac entre ses jambes. Lorsque les pupilles de Catherine se furent accommodés à l'obscurité, elle jeta un timide coup d'oeil à son voisin. Il lui sembla moins jeune qu'elle l'avait pensé au départ. Une petite trentaine, tout au plus. Et si c'était lui ? Sentit-il la pression du regard de Catherine, ou attendait-il de tourner furtivement ses yeux vers elle, toujours est-il que leurs regards ne se croisèrent pas mais s'accrochèrent comme deux voitures à un carrefour. Ils esquissèrent un sourire gêné avant que leurs yeux ne s'échappent dans la contemplation d'une publicité insipide. "Et si c'était lui ?" se répétait Catherine qui n'osait plus tourner la tête. Elle ne s'était pas imaginé que Vagant put être plus timide qu'elle, à moins qu'il la mette à l'épreuve du premier pas, à moins que ce jeune homme ne soit pas lui, à moins qu'il pense qu'elle n'était pas elle, à moins qu'elle ne lui plaise pas...
Le film commença sans elle. Elle ne percevait que des tâches de lumières qui dansaient sur l'écran et qui se reflétaient sur le visage impassible de son charmant voisin qu'elle regardait maintenant à la dérobée. Il lui aurait bien plu, lui. Et si c'était Vagant ? Il fallait qu'elle en ait le coeur net. Elle finit par opter pour la stratégie du paresseux. Elle allait entamer un langoureux mouvement du genou qui sortirait de sa zone pour empiéter ostensiblement sur celle de son voisin, jusqu'à, suprême audace, le toucher, lorsque le seul rebondissement du film fit tressaillir toute la salle, sursaut qui fit soudainement bouger les jambes du fameux voisin jusqu'à percuter le sournois genou féminin en embuscade. "Excusez-moi" marmonna l'homme tout penaud. "Ce n'est rien" répondit Catherine avec son plus beau sourire sans perdre contact avec la jambe de l'homme en léger repli. Elle crut voir passer un voile devant les yeux de cet homme, et l'esquisse d'un sourire gourmand sur ses lèvres. Il était temps. L'homme finit de se dévoiler par une éloquente pression accentuée de son mollet contre celui de Catherine. En sentant sa chaleur à travers le tissu, Catherine eut l'intime conviction que c'était bien lui.
Il n'y a que le premier pas qui coûte. Il ne s'était pas passé une minute après ce premier contact que leurs mains s'étaient invitées à la fête balbutiante. Celle de Catherine, d'abord, s'était posée sur le genou de son voisin. Elle sentait sous le jean la chaleur de cet homme, ses tressaillements quand ses doigts timides se perdirent entre ces jambes inconnues. Lui, il avait posé sa main sur la cuisse de Catherine, à la lisière de sa jupe. Pas une main conquérante, lourde de velléités libidinales, mais une main timide, une main comme par hasard, une main prête à s'excuser, une main incertaine jusqu'à l'improbable, une main l'air de rien, une main coupable. L'alliance à son doigt brillait comme le réquisitoire d'un procureur. Il osait cependant; de plus en plus même. Il faut dire qu'elle l'encourageait, Catherine, avec ses yeux mi-clos, son souffle court et surtout ses doigts qui s'encanaillaient peu à peu. Après l'avoir effleurée, elle avait finit par lui tâter la bosse, comme on jauge un fruit mûr; et mûr il l'était, tendu, gorgé de jus, plein de sucs qu'il lui tardait de déguster. Leurs regards s'emboîtèrent, brillants, humides, et leurs lèvres s'agrafèrent dans un baiser mordant. La messe était dite. Catherine eu juste le temps de cacher leur étreinte sous son manteau, que les mains de son charmant voisin troussaient sa jupe sans vergogne. Elles s'aventurèrent dans la touffeur de son entre cuisse, au-delà du nylon de ses bas, sur la chair frissonnante déjà, comme prise d'une fièvre tropicale. Là, tout n'était que langueur, furie de volupté. Toute cette envie impérieuse difficilement contenue par un triangle de soie, il la toucha du bout du doigt. A peine avait-il frôlé son bouton qu'un flux de plaisir secoua Catherine en un spasme incontrôlable. Elle échappa à cette main de peur de ne pouvoir retenir ses râles, et elle se pencha sur la braguette qu'elle venait d'ouvrir. Elle y trouva un sexe dur, épais, noueux comme un bâton de berger, dont elle caressa les contours à travers un caleçon aux motifs hawaïens. L'ombre d'un doute s'insinua dans son esprit. "Tu n'as pas mis le boxer de la photo ?" s'interrogea t'elle la bite au poing. "Quelle photo ?" répondit l'ingénu.
- C'est complet.
- Je vous demande pardon ?
- Je vous dis que la séance est complète !
- Mais comment vais-je faire ? J'ai rendez-vous avec une amie à l'intérieur.
Le guichetier me répondit d'un haussement d'épaule qui me laissa pantois à l'entrée du cinéma. J'eus beau plaider ma cause auprès de l'ouvreur, rien n'y fit, je n'avais plus qu'à espérer que la mystérieuse Catherine n'était pas entrée dans la salle, ou à l'attendre à la sortie. Je pris mon courage à deux mains pour aborder une improbable Catherine en lui disant que j'avais rendez-vous avec une inconnue, ce à quoi elle répondit en riant que ce n'était pas elle. Je finis par me résoudre à improviser une pancarte sur laquelle j'écrivis "CATHERINE" comme d'autres écrivent "j'ai faim". Le cri du bas ventre au lieu du cri du ventre, dirons les mauvaises langues. Si ma triste situation n'attira aucun apitoiement de la part de mes congénères de sexe masculin, ma petite pancarte attira l'attention de quelques femmes qui me soutinrent d'un sourire, voire même de quelques mots d'encouragement pour ma démarche courageusement désespérée. Quelques minutes avant la fin de la séance, je décidai d'attendre Catherine à quelques mètres de là, juste à la sortie de cette maudite salle obscure. Avec ma nouvelle position stratégique, aucun spectateur ébloui ne pouvait me louper. Je scrutais le visage de toutes les femmes qui sortaient, et toutes lisaient ma pancarte avec un air amusé.
Toutes sauf une. Les yeux brillants et les joues rouges, elle marqua un temps d'arrêt, à peine perceptible, juste assez pour me jeter un regard apitoyé. L'homme qui l'accompagnait glissa entre les cheveux de la jeune femme un baiser qui atterrit juste sous le lobe de son oreille. Un baiser irrésistible. Elle rit en posant sur lui un regard brillant. Un jeune couple, sans aucun doute.
09:05 Publié dans Défis (suite) | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : expériences, erotisme, cinéma, l'enfer, catherine, exhibition, libertinage
10 février 2007
L'enfer (1)
Printemps 2006. Catherine était ravie. Depuis le temps qu'elle voulait rencontrer "Ze (in)famous Vagant", elle tenait son rendez-vous, et quel rendez-vous ! Jusqu'alors, elle n'avait aperçu de lui que des bouts de corps, certes prometteurs, sans pour autant porter l'estocade à ses désirs puisqu'elle n'avait ni les oreilles, ni la queue. Il lui avait ainsi lancé le défi de le reconnaître à son supposé regard pétillant dans la file d'attente d'un cinéma, ce dont elle se sentait déjà incapable. De plus, elle devrait oser le toucher sans autre forme de procès, jusqu'à le déshabiller dans la salle pour le reconnaître à son boxer noir avant d'avoir échangé un seul mot, ce qui était une véritable épreuve pour sa timidité naturelle. Même si, portée par le courant des mots qu'ils échangeaient sur messenger, elle avait été jusqu'à lui suggérer qu'elle pourrait lui faire une fellation dans cette salle de cinéma, le soir venu, elle n'en menait pas large. La sourde inquiétude qu'elle sentait au creux de l'estomac n'égalait pourtant pas les troubles sensuels qu'elle faisait naître, et la perspective de ce rendez-vous nourrissait les masturbations nocturnes dont elle ne se privait pas, entre autres récits d'expériences érotiques extravagantes que son correspondant distillait savamment.
Les jours passèrent, l'angoisse montait mais l'excitation plus encore. Mercredi finit par arriver et Catherine se précipita dans son kiosque habituel pour acheter l'officiel des spectacles. Plusieurs séances semblaient convenir au fameux rendez-vous, dont une histoire de geisha vaguement érotique qui ferait bien l'affaire. Elle envoya un mail à Vagant pour lui faire part de sa trouvaille, mais il proposa un autre film, un navet interdit au moins de 12 ans, qui ne drainerait probablement pas les foules. Catherine qui avait lu le roman avait bien envie d'en voir l'adaptation cinématographique. Ca tombait bien. Le rendez-vous fût donc pris au cinéma du forum des halls, 20h35 pour le film Hell.
Catherine prit soin d'arriver bien avant le début de la séance afin d'avoir le temps d'observer tous les hommes seuls de la file d'attente. Ils étaient peu nombreux. La plupart des hommes étaient accompagnés, et les rares solitaires qui se présentaient à la caisse faisaient d'improbables Vagant. Même si certains auraient pu le faire, comme on dit, ils ne la regardaient pas ostensiblement, et si leur regard croisait celui de Catherine, ils posaient sur elle celui de tout homme sur une jolie femme, pas celui d'un Vagant qui s'apprête à trousser vos jupes. Et puis des indices les trahissaient: le portable à la sonnerie intempestive alors que Vagant n'en avait pas, l'absence d'alliance alors que Vagant était marié mais pas trop, ou une queue de cheval dont elle aurait probablement entendu parler si Vagant en avait eu une. Il faut dire que Catherine avait un peu triché. Elle n'avait pas loupé une occasion de demander aux copines du forum à quoi il pouvait bien ressembler, ce Vagant, mais elle recevait toujours la même réponse: un mec sympa, normal, sans autre précision utile. Elle était bien avancée avec ça. A 20h25 elle décida d'entrer dans la salle déjà pleine aux trois quarts. Elle ne voulait pas changer de place pour aller s'asseoir à côté de lui. Elle préférait qu'il vienne à elle. Autant qu'elle lui réserve une place aussi discrète que possible.
Ce jeudi là, mon Eurostar arriva gare du Nord avec 35 minutes de retard. La porte du train fut à peine ouverte que j'en jaillis comme la semence d'un éjaculateur précoce. Je me mis aussitôt à courir dans la foule comme un spermatozoïde en pleine compétition spermatique. Je dévalai les escaliers du métro, je me ruai sur le quai du RER qui s'apprêtait à partir. J'échappai de justesse au couperet des portes qui claquèrent derrière moi. Arrivé à Châtelet, avec mon sac sur le dos, je repris ma course effrénée dans les couloirs et les escalators, je traversai le forum des halles comme une balle perdue et j'arrivai à bout de souffle devant le cinéma. Comme je m'y étais attendu, mon coeur battait la chamade, mais je n'avais pas imaginé que ce fût déjà pour des raisons sportives. La séance allait commencer dans quelques minutes et je pris aussitôt place dans la file d'attente, en accrochant un sourire à mes lèvres au cas où Catherine serait dans les parages. Je repensais aux indices que nous avions évoqués afin de nous reconnaître, de ces regards croisés et décroisés qui trahissaient toujours les éventuels futurs amants, et j'essayais d'en gratifier ostensiblement la population féminine aux alentours. Je ne reçu en retour que quelques regards mornes. Il y avait très peu de jeunes femmes temporairement seules. Arrivé au guichet, je demandai ma place pour l'enfer.
08:40 Publié dans Défis | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : erotisme, expériences, cinéma, l'enfer, catherine, libertinage, histoire erotique