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31 août 2016

Il est à la maison

Je décide de rentrer chez moi par la route des falaises. C’est un petit détour, mais ce chemin est si joli et il fait si beau, me dis-je sans laisser remonter jusqu’à ma conscience l’envie inavouable qui me tenaille déjà les entrailles. En vérité, peu m’importe le paysage. Il y a longtemps que je suis lasse du spectacle de la mer, et je ne l’observe plus que dans l’espoir de voir une voile sur la peau ridée de ma rivale. Je regarde plutôt les potagers avec leurs légumes qui me font bien envie, en particulier les concombres et les courgettes, qui doivent être tout chauds sous le soleil de midi. J’en viens à comparer leur forme oblongue au souvenir du sexe de John, taille mise à part. Ce n’est pas que je veuille vraiment imaginer tout ça. Mais je ne peux pas m’en empêcher. Alors, évidemment, mon ventre finit par tressaillir et je sens fondre ma féminité entre mes cuisses. J’ai l’impression de devenir folle tant ça me manque ! Inutile de me raconter des histoires, je sais déjà que je ne résisterai pas à la tentation au croisement du chemin Sherburne.

Arrivée là, je vérifie que personne ne m’a suivie et je m’enfonce brusquement dans le bosquet. J’enjambe quelques ronces, et je m’agenouille parmi les feuillages, toujours au même endroit, à l’abri d’éventuels regards indiscrets. Je ne tarde pas à avoir à portée de main le fruit de mes désirs. Elle est énorme. Sa peau tendue, d’un rouge carmin, brille sous les rayons du soleil. Je retire mon chapeau de paille pour pouvoir avancer mon visage entre les feuilles, jusqu’à ce qu’elle soit juste sous mon nez. Je remarque une goutte de sucs, luisante à son extrémité. Elle est irrésistible. Mes lèvres s’ouvrent, presque malgré moi. Je tends la langue et darde la pointe brillante de sève, qui semble frémir sous le souffle de ma gourmandise. Je finis par la gober tout entière, sans même m’aider de la main. Elle m’apparaît si grosse que pour un peu, elle remplirait presque ma petite bouche. J’accentue la pression de ma langue en la faisant rouler contre mon palais, jusqu’à la faire exploser. Elle se répand dans ma gorge en un jus épais, onctueux, et délicieusement acidulé. J’avale tout goulûment, les yeux mi-clos, savourant ma jouissance égoïste quand l’image de John s’impose à mon esprit. Je sais que c’est honteux, toutefois je ne ressens pas de culpabilité au fond de mon cœur. Comment le pourrais-je, puisque mon mari est pour moi indissociable de mon plaisir ? Je sais bien que je devrais penser à lui en termes de devoir, de respect et de chasteté, mais c’est plus fort que moi, lorsque je songe à John, je le revois cet après-midi-là, juste avant son départ, torse nu en train de couper du bois au fond du jardin. Il était si beau que je n’ai pu résister à l’envie de toucher son corps musclé, luisant de sueur. Après tout, nous avions le droit, nous étions mariés. C’est la seule fois où j’ai vu son sexe dressé en pleine lumière. J’ouvre les yeux et je vois une autre mûre, tout aussi grosse que la première. Oui, j’en suis certaine maintenant, son gland gorgé de désir avait bien cette couleur-là. Quant au goût de sa semence, ma foi, je n’en sais rien, mais je meurs d’envie de le connaître, quoi que puisse en penser le révérend Smith. Je me dépêche de cueillir toutes les mûres à ma portée, je les dépose dans mon chapeau, et je sors de ma cachette. Pourvu que personne ne m’ait vu ! Je crois bien être la seule à avoir repéré ce mûrier sauvage.

ErotismeJ’espère que vous aurez apprécié cet extrait de ma nouvelle intitulée Il est à la maison, qui m’a été inspirée par un article sur les godemichets qu’auraient utilisés les femmes de marin sur l’île de Nantucket au 19ème siècle. J’ai ainsi inventé l’histoire de l’horrible dildo de Connie Congdon, dans la veine de mes nouvelles érotiques historiques, telles que celle sur le fauteuil de volupté dans Les mystères du Chabanais. Ne vous inquiétez pas pour votre libido, la suite de cette nouvelle est plus salée que les mûres sauvages, et vous pourrez la découvrir dans Osez 20 histoires d’obsessions sexuelles publié par La Musardine, où je ne suis pas peu fier d’être parvenu à glisser des références bibliques. A chacun ses challenges…

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