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02 juillet 2008

La nuit démasque (6)

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    - Je ferai avec ces hommes ce que tu me diras, lui dit-elle de sa bouche incendiaire avec un délicieux accent italien, je ferai tout ce qu’il te plaira !

    Alexandre accepta volontiers le rôle de dominateur dont il venait d’être investi. Grâce au tutoiement qu’elle venait d’utiliser – mais pourquoi cette petite garce s’était-elle ainsi adressée à lui, et en Français de surcroît ? - il imagina qu’elle n’était autre que sa femme. Mais une femme générique, sans identité véritable, légère et interchangeable. Pas Aurore. L’ombre d’un instant, l’espace d’un jeu, sa femme était devenue cette libertine excitante en diable qui s’abandonnait à plusieurs hommes à la fois. Sans même s’en rendre compte, il avait exclu Aurore du champ de sa pensée, pour pouvoir jouer au candauliste avec cette inconnue qui adoptait si bien le rôle d’épouse lubrique, et fuir lâchement ses angoisses dans l’obscénité du sexe.

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12 mai 2008

La nuit démasque (5)

Masquerade par ~mythfairy sur DeviantART
 
    L’inconnue leva les yeux et tendit une main tremblante vers le nouveau venu qui se penchait vers elle. Il avait les mains jointes en avant, prêtes à accueillir celle de cette martyre avec toute la compassion que lui permettait sa lâcheté naturelle. Dans cette posture, il avait l’air patelin du prêtre qui donne les derniers sacrements au condamné. La suppliciée ne s’y trompa pas en dédaignant ce bouclier de bonne conscience. Elle esquiva les mains d’Alexandre pour l’atteindre à l’endroit qui faisait de lui un homme, un vrai. D’un geste leste, elle eut son sexe en main. Alexandre constata avec horreur qu’il bandait plus que jamais. Face à lui, l’autre homme lui adressa un sourire coquin tout en faisant coulisser la tige de la cravache dans la raie de la victime qui, dans un même mouvement, fit coulisser ses lèvres humides tout au long de la hampe d’Alexandre, de son gland arrogant jusqu’à ses couilles molles.

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05 mai 2008

La nuit démasque (4)

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    Instinctivement, il se massa les couilles à travers le pantalon de son costume tout en regardant une jeune coquine au corps de liane. Sur un lit de fortune, tout juste couverte par un déshabillé de dentelles rouges, elle goûtait l’imposante queue d’un hidalgo passablement excité, tandis qu’un marquis avide étanchait sa soif entre les cuisses de la jeune fille gracile. Survolté comme il l’était, on l’entendait grogner de plaisir tandis qu’il enfonçait sa langue inquisitrice.

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28 avril 2008

La nuit démasque (3)

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    Alexandre ne refoule pas l’idée que Daniel touche Aurore. Sa langue glisse sur ses lèvres, intimes. Daniel la lèche plus qu’il ne l’embrasse. Sa langue coule dans la fente ruisselante aux replis de nacre pourpre. Aurore gémit, elle dit « non » tout doucement, elle dit « c’est mal », accentuant le ‘a’ trop grave pour être honnête. Alexandre la rassure, susurre des mots sirupeux : parenthèse, plaisir, ouverture. Il lui donne les excuses qu’elle attend autant que de la verge raide dans sa croupe fendue. Pousser par derrière tandis que Daniel lèche par devant, dedans et aux abords, farfouille dans toutes les encoignures, engloutis des flots de cyprine et une couille de temps en temps. Déraper dans la mollesse du cul qui s’encastre comme sur un platane. S’arrêter de pousser pour essayer de sentir les froncements de l’œillet sur le gland. Reprendre. S’enfoncer millimètre par millimètre. Enculer Aurore en lui disant combien il l’aime…

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21 avril 2008

La nuit démasque (2)

c8c7d8772c370a77fe486bdd2c4a5b84.jpg    Alexandre s’était attendu à voir un lieu de ténèbres et d’obscurité ; mais il fut surpris d’en voir un bien éclairé, d’un seul tenant et sans colonne, dont les murs peints d’une couleur blanc crème donnaient une atmosphère apaisante typique à l’esthétique palladienne. Les fenêtres en demi-lune, le long du bord du plafond, dispensaient un flot de lumière propre à flatter les tableaux qui y étaient accrochés. Les yeux d’Alexandre ne furent malheureusement pas captivés par la vue d’Aurore, mais par une toile inquiétante de Giambattista Tiepolo : le martyre de St Bartholomé, dans laquelle l’énorme couteau de l’exécuteur forme un contraste dramatique avec la pâle chair vulnérable de la victime. Alexandre courut hors de l’église avant même que de sinistres pensées ne soient parvenues à sa conscience.

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14 avril 2008

La nuit démasque (1)

1ba7119075da1900ab16c67c96d29a1a.jpg    Son visage de pâtre grec encadré de boucles brunes respire la sérénité de l’atmosphère douce et feutrée. Son bras droit, replié au dessus de sa tête, se perd dans la mollesse des coussins à franges. Le gauche sort timidement de sous les draps. Il se tend lentement vers la droite dans un mouvement imperceptible. Son index qui semble glisser langoureusement entre les étoffes soyeuses évoquerait presque celui de l’Homme au plafond de la chapelle sixtine. Sauf que lui ne rencontre rien. Le vide. L’absence. Ni Dieu ni femme.

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13 décembre 2007

Le bal des mots dits... (par Ysé)

    Tout commence par un coup de foudre. Un coup de foudre, ça s'abat sur des coeurs prompts à aimer aussi violemment que ça libère les relents de vengeance et de haine. Mais il n'y a pas que le ciel qui déchaîne son courroux...
    Cinq femmes se retrouvent une nuit dans le manoir de la duchesse de Vaubricourt. Un lourd secret, une question de vie ou de mort, voilà ce qui pouvait les réunir.
    Qu'ont en commun une châtelaine rancunière, une comtesse frivole, une religieuse gentiment sotte, une intello revêche se piquant d'écrire des bluettes et une jeune mariée ? Rien, si ce n'est que jadis, elles ont été séduites et abandonnées par Don Juan. Mais ces victimes n'ont rien à voir avec les mille e tre espagnoles que le "vil séducteur" connut au sens biblique du terme. Ces femmes-là ont résisté, et ont ainsi offert à Don Juan ses plus éclatantes conquêtes, tout au moins à en croire le carnet tenu par Sganarelle oscillant entre le livre de comptes et le récit des amours de son maître.
    Bien vite, les victimes, vêtues de blanc et non de candeur, vont troquer leur tunique de martyr contre la robe de juge, et elles sortiront si besoin est, la hâche du bourreau. Ce soir, elles vont sceller le destin du séducteur qui devra épouser et être fidèle à sa dernière conquête en date, Angélique, qui n'est autre que la nièce de la comtesse. S'il refuse, c'est une affaire de duel qui mènera le plus célèbre des sentimenteurs en prison. Lui qui croyait se rendre à un bal, ne sera pas le seul à mener la danse.
2fde15bf9bf98cf551981d34b99efe5c.jpg    On rit, jaune parfois, on se laisse toucher par les escarmouches et l'on se laisse prendre par ce qui est représenté sur scène. Le spectateur ne peut demeurer passif tant la première pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt regorge de joutes verbales et autres stichomythies enlevées. Bref, cette pièce nous interpelle, bouscule valeurs moralistes et idées préconçues tandis qu'elle pose les questions les plus audacieuses avec un cynisme résolument provocant. Si le public ne fait pas de catharsis, du moins voit-il les passions, qu'il s'efforce de museler,  se déchaîner : amour égoïste propre aux enfants, vengeance, trahison, jalousie, tout y est ! Chacun détient une part de vérité, nul n'a entièrement tort. Qui pourrait se vanter de ne s'être jamais trompé ? Don Juan lui-même, n'a pas su reconnaître l'amour véritable qui ne saute pas toujours aux yeux quand il prend une forme inattendue.
    La mise en scène de Régis Santon est magistrale de simplicité et d'efficacité. Le procès de Don Juan se tient à huit clos entre les murs étouffants du château de la duchesse de Vaubricourt. A n'en pas douter, l'auteur de la pièce n'aurait pas renié la scénographie, ni même la musique accompagnant la perte de Don Juan ; car qui mieux que Mozart et son Requiem aurait pu illustrer la force de ce destin ?
    Quant aux acteurs, ils ont campé avec conviction des personnages pouvant paraître, à première vue, caricaturaux. Mais derrière les masques, restent égratignures et plaies loin d'être refermées.
    Le Don Juan d'Eric-Emmanuel Schmitt, tout en étant caustique, toujours aussi libre envers Dieu et les choses de l'amour, accepte son destin, et en cela, il est radicalement différent de celui de Molière qui toisait la statue du Commandeur, avec une effronterie presque puérile. Ici, Don Juan a gagné en sagesse et il lève enfin le voile sur le mystère de sa vie : qu'est-ce qui faisait courir Don Juan ? Fuyait-il ou cherchait-il quelque chose ? Vous aurez la réponse en lisant la pièce ou en allant voir la représentation au théâtre Silvia Monfort, ce que je vous recommande.
    Tout a une fin et le malheur des uns fait le bonheur des autres, et ce n'est pas Sganarelle qui démentirait, lui qui perçoit enfin ses gages !


Ysé

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note :  Une stichomythie est une partie de dialogue d'une pièce de théâtre versifiée où se succèdent de courtes répliques, de longueur à peu près égale, n'excédant pas un vers, produisant un effet de rapidité, qui contribue au rythme du dialogue.

27 octobre 2007

De la débauche et de la volupté

Moi : la Débauche / Elle : la Volupté

Devinez qui a gagné ? La volupté bien sûr !