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31 août 2016

Il est à la maison

Je décide de rentrer chez moi par la route des falaises. C’est un petit détour, mais ce chemin est si joli et il fait si beau, me dis-je sans laisser remonter jusqu’à ma conscience l’envie inavouable qui me tenaille déjà les entrailles. En vérité, peu m’importe le paysage. Il y a longtemps que je suis lasse du spectacle de la mer, et je ne l’observe plus que dans l’espoir de voir une voile sur la peau ridée de ma rivale. Je regarde plutôt les potagers avec leurs légumes qui me font bien envie, en particulier les concombres et les courgettes, qui doivent être tout chauds sous le soleil de midi. J’en viens à comparer leur forme oblongue au souvenir du sexe de John, taille mise à part. Ce n’est pas que je veuille vraiment imaginer tout ça. Mais je ne peux pas m’en empêcher. Alors, évidemment, mon ventre finit par tressaillir et je sens fondre ma féminité entre mes cuisses. J’ai l’impression de devenir folle tant ça me manque ! Inutile de me raconter des histoires, je sais déjà que je ne résisterai pas à la tentation au croisement du chemin Sherburne.

Arrivée là, je vérifie que personne ne m’a suivie et je m’enfonce brusquement dans le bosquet. J’enjambe quelques ronces, et je m’agenouille parmi les feuillages, toujours au même endroit, à l’abri d’éventuels regards indiscrets. Je ne tarde pas à avoir à portée de main le fruit de mes désirs. Elle est énorme. Sa peau tendue, d’un rouge carmin, brille sous les rayons du soleil. Je retire mon chapeau de paille pour pouvoir avancer mon visage entre les feuilles, jusqu’à ce qu’elle soit juste sous mon nez. Je remarque une goutte de sucs, luisante à son extrémité. Elle est irrésistible. Mes lèvres s’ouvrent, presque malgré moi. Je tends la langue et darde la pointe brillante de sève, qui semble frémir sous le souffle de ma gourmandise. Je finis par la gober tout entière, sans même m’aider de la main. Elle m’apparaît si grosse que pour un peu, elle remplirait presque ma petite bouche. J’accentue la pression de ma langue en la faisant rouler contre mon palais, jusqu’à la faire exploser. Elle se répand dans ma gorge en un jus épais, onctueux, et délicieusement acidulé. J’avale tout goulûment, les yeux mi-clos, savourant ma jouissance égoïste quand l’image de John s’impose à mon esprit. Je sais que c’est honteux, toutefois je ne ressens pas de culpabilité au fond de mon cœur. Comment le pourrais-je, puisque mon mari est pour moi indissociable de mon plaisir ? Je sais bien que je devrais penser à lui en termes de devoir, de respect et de chasteté, mais c’est plus fort que moi, lorsque je songe à John, je le revois cet après-midi-là, juste avant son départ, torse nu en train de couper du bois au fond du jardin. Il était si beau que je n’ai pu résister à l’envie de toucher son corps musclé, luisant de sueur. Après tout, nous avions le droit, nous étions mariés. C’est la seule fois où j’ai vu son sexe dressé en pleine lumière. J’ouvre les yeux et je vois une autre mûre, tout aussi grosse que la première. Oui, j’en suis certaine maintenant, son gland gorgé de désir avait bien cette couleur-là. Quant au goût de sa semence, ma foi, je n’en sais rien, mais je meurs d’envie de le connaître, quoi que puisse en penser le révérend Smith. Je me dépêche de cueillir toutes les mûres à ma portée, je les dépose dans mon chapeau, et je sors de ma cachette. Pourvu que personne ne m’ait vu ! Je crois bien être la seule à avoir repéré ce mûrier sauvage.

ErotismeJ’espère que vous aurez apprécié cet extrait de ma nouvelle intitulée Il est à la maison, qui m’a été inspirée par un article sur les godemichets qu’auraient utilisés les femmes de marin sur l’île de Nantucket au 19ème siècle. J’ai ainsi inventé l’histoire de l’horrible dildo de Connie Congdon, dans la veine de mes nouvelles érotiques historiques, telles que celle sur le fauteuil de volupté dans Les mystères du Chabanais. Ne vous inquiétez pas pour votre libido, la suite de cette nouvelle est plus salée que les mûres sauvages, et vous pourrez la découvrir dans Osez 20 histoires d’obsessions sexuelles publié par La Musardine, où je ne suis pas peu fier d’être parvenu à glisser des références bibliques. A chacun ses challenges…

23 juin 2016

Les mystères du Chabanais

Vous vous souvenez peut-être que je m’étais posé maintes questions quant à l’utilisation du fauteuil de volupté, dans une note consacrée à cet étrange objet l’année dernière. Aucune étude, aucun article, pas le moindre document n’expliquait l’utilisation de ce meuble plusieurs fois exposé à Paris, les historiens jetant un voile pudique sur les pratiques sexuelles auxquelles se livrait le prince de Galles sur son fauteuil au Chabanais, pour les laisser à l’imagination d’un public ignorant.

De tels faits historiques ne pouvaient rester plus longtemps dans l’ombre. N’écoutant que notre courage et bravant tous les interdits, Clarissa et moi-même avons décidé de concentrer nos recherches pour faire toute la lumière sur les abominables déviances princières, le stupre et la luxure où se roulait une des plus célèbres têtes couronnées. Ainsi avons-nous déniché au fin fond d’archives poussiéreuses de nombreuses lettres que nous avons patiemment déchiffrées, ce qui nous a permis de percer un des derniers mystères du Chabanais !

Bandeau-EDL-Mysteres-Chabanais.jpg

En lisant cet ouvrage de la plus haute importance historique, vous découvrirez trois nouvelles :
-    Une petite bonne, de Clarissa Rivière, retrace les pérégrinations sexuelles d’une petite bonne dans les maisons closes parisiennes.
-    Avec Les mystères du Chabanais de Clarissa et moi-même, vous retrouverez notre petite bonne confrontée à son ancienne maîtresse en présence du prince de Galles, et vous verrez se muer la lutte des classes en luxurieuse collaboration à chaque étage du fauteuil de volupté.
-    Enfin, je vous laisserai découvrir quels sont les véritables personnages historiques qui se cachent dans Une femme libre.

Je terminerai cette présentation de ce recueil par la couverture, signée Rita Renoir, qui vous donnera un avant-goût de l’usage de ce fauteuil pervers révélé dans Les mystères du Chabanais.

11 février 2016

Osez 20 histoires de correspondance érotique

Osez20HistoiresDeCorrespondanceErotique.jpegCette fois-ci, j’ai impatiemment attendu de recevoir mon exemplaire du dernier recueil de la collection Osez 20 histoires dans ma boîte à lettres, avant de me jeter dessus comme la petite vérole sur le bas clergé. J’ai été agréablement surpris par la diversité du traitement du thème. La correspondance apparaît parfois dans la forme épistolaire de la nouvelle, que ce soit à une voix, deux voix, voire plus si affinités. Mais elle en est parfois l’objet, voire à la fois la forme et le fond, comme dans cette remarquable Correspondances de John Elliott. Je vais, à la différence de ma dernière chronique, vous donner un aperçu plus exhaustif de cet opus, parce ce que c’est selon moi un grand cru. Je vous prie donc de me pardonner la taille excessive de cette note. En la matière, plus c’est bon, plus c’est long.

Avec La reine des abeilles, Axelle F. nous sert l’histoire fort agréable de la seule serveuse d’un grand restaurant qui reçoit des avances rédigées sur le bloc de commande. Je regrette la position du narrateur omniscient alors que l’auteur décrit uniquement le point de vue de la serveuse, mais le rythme est relevé par l’échange épistolaire pétillant aux réparties audacieuses :

« Petite garce. Tu veux me rendre fou. Et puis ce sillage, ton parfum mêlé à ta transpiration. Ça m’a mis la bite en feu, ça. Au bar, j’étais comme un lion en cage. Peux-tu t’imaginer ce que c’est pour un mâle en rut d’avoir le désir qui piétine ? Je te regardais virevolter en salle, les nichons expressifs dans ton décolleté. Il m’a fallu tirer plusieurs fois sur ma tige pour la remettre en place. »

Mélanie et Geek82 d’Anne-Charlotte Tunroc nous plonge dans les pensées d’une jeune thésarde qui se soumet aux ordres pervers d’un inconnu d’internet :

« C’était absurde car j’aurais pu répondre oui sans le faire. Mais je le fis car j’aimais sa manière de me donner des ordres. J’étais fatiguée, mais ma curiosité était éveillée, et j’aimais cette demi-passivité où j’étais plongée. Ça me plaisait d’être sa marionnette. Je laissais ma nuisette tomber sur mon ventre. Je regardais mes seins et je constatais qu’ils pointaient. »

J’aime beaucoup Vincent Rieussec. Avec L’été de l’hirondelle, il nous propose une délicieuse nouvelle épistolaire du seul point de vue d’une femme adultère, qui écrit ses aveux complaisants à son mari cocu. Les hésitations du premier rendez-vous sont décrites avec autant de finesse que sa pornographie délicate :

« Jason a contemplé un instant ma vulve entrouverte nappée de sécrétions poisseuses. Puis il s’est allongé, et des deux mains, il a déployé les petites lèvres trempées d’un jus oncteux. Longuement, il a respiré ma chatte s’enivrant de son fumet. Sa verge se dressait comme un mât de cocagne. Avec application, en gourmet, il a léché le fouillis des muqueuses brûlantes. Soûlé par les vapeurs de mes chairs, il a plongé plus profond sa bouche dans la vulve ouverte et fouillé de la langue mon vagin à la recherche de la mouille grasse qu’il adore tant déguster. »

Je ne connaissais pas John Elliott mais j’ai été tout simplement bluffé par sa nouvelle épistolaire intitulée Correspondances. Elle n’est certes pas aussi excitante que celle de Vincent Rieussec, mais elle est structurée avec une intelligence telle qu’il est parvenu à enchâsser deux correspondances et nous tenir en haleine. On retrouve une même maîtrise chez Clarissa Rivière, dont les Défis épistolaires sont, je dois l’avouer, particulièrement bandants. Il est vrai que cette situation, celle d’un homme qui séduit une femme par écrit pour l’enjoindre à coucher dans les draps ce qu’ils ont couché sur le papier, ne m’est pas inconnue. Je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer un passage, où on reconnaîtra l’usage si particulier du verbe aimer cher à l’auteur, mais aussi l’apparition du verbe baiser. Oh ! Clarissa !

« Son maître ne l’a pas fouettée, ni frappée ce soir-là. Il a fait bien pire. Il s’est contenté de l’ignorer pendant qu’il me déshabillait, me caressait. Il m’a aimée longuement, avec feu, sans fatigue apparente. Il s’arrangeait pour me baiser tout près de Marie, qu’elle puisse voir nos sexes s’emboîter malgré ses yeux baissés, sentir l’odeur de nos désirs. Il lui a ensuite ordonné de me faire plaisir, d’un ton sans réplique, et Marie s’est aussitôt exécutée. Elle s’est mise à me lécher tendrement le clitoris tandis que je me faisais prendre vigoureusement par-derrière. Oh, le contraste entre la douceur de sa langue et les coups de boutoir dans ma chatte ! »

La correspondance se prend en queue, de Nicolas Touky, est elle aussi un petit bijou d’originalité qui me rappelle les délices du vouvoiement érotique. Imaginez mesdames, qu’un inconnu dans le métro glisse son adresse dans votre petite culotte. La correspondance qui s’en suit ne manque pas de saveur :

« Mes narines frétillent encore au parfum subtil que vous avez eu la délicieuse audace d’apposer sur ce petit papier. J’ai bandé, madame, en le humant, les yeux fermés. Je bande encore en pensant à la source originelle qui a su produire ce fumet évocateur des sous-bois fleuris de mon enfance, d’un printemps précoce, d’une rosée abondante, chauffée au soleil de mai et qui exhale les parfums enfouis d’un humus généreux. On en mangerait.»

Avec Le secret de tante Anne, Amandine Gantois nous propose, à l’instar de John Elliott, le scénario de la découverte d’une ancienne correspondance aux accents romanesques, entre une bourgeoise visiteuse de prison et un détenu gitan :

« Anne, si je vous avoue sans pudeur mes pensées, c’est pour que vous ne perdiez pas de vue qui je suis. Je vous souillerais comme une vulgaire poupée de chiffon. Je vous baiserais sans ménagement, et une fois repu, je vous laisserais là. Est-ce vraiment cela que vous voulez ? »

Raphael Boudin joue la carte d’une relation atypique entre une femme âgée et un adonis imbu de sa jeunesse dans Vous ne retrouverez jamais plus, une nouvelle aussi intelligente que cruelle :

« Vous n’êtes plus jeune. Vous n’êtes plus ni baisée ni baisable depuis des décennies. Et pourtant, vous souhaitez l’être, de tout votre corps. Vous ne pensez qu’à ça. Vous vivez dans le regret. Ce don rare, ou plutôt cette dépendance à l’amour physique qu’il vous reste, je l’aime. Car cela vous met à ma merci… »

Je n’étais pas parvenu à lire Julien Ligny dans le précédent recueil et j’ai abordé à reculons sa dernière nouvelle intitulée Le rouge de ta queue. On retrouve toujours le thème de l’homosexualité masculine qui ne m’excite pas personnellement, mais j’ai trouvé cette nouvelle aussi bien écrite que bien construite. La juxtaposition de la correspondance et des pensées du protagoniste principal est particulièrement réussie. Entre amis, de Louise Laëdec joue la carte de l’erreur de destinataire dans une correspondance subtile et excitante, pleine de sous-entendus, qui entraîne des amis vers l’adultère et la trahison :

« Chère Anna, Théo a beau être mon meilleur ami, il n’en reste pas moins que je t’apprécie énormément, et que je suis navré qu’il ne parvienne pas à te satisfaire. Votre vie sexuelle ne me regarde pas, en effet, mais quelque part, je ne peux pas m’empêcher de penser que ton erreur de destinataire est un acte manqué… En tant qu’homme, peut-être pourrais-je t’aider… »

Encore une nouvelle épistolaire avec Un seul être vous manque de Jean Darmen où une femme attend son amant et découvre… mais que découvre-t-elle au juste ? On ne le sait qu’à la fin de ce texte bien mené mais si soft qu’il n’est peut-être pas aussi excitant qu’il aurait pu l’être. On ne peut pas en dire autant du texte d’Aude Dite Orium intitulé Lettre ouverte à Colette James auteur de nouvelles érotiques, qui est ni plus ni moins que la description d’un viol collectif. Je déteste être excité par l’abject, même s’il me faut bien reconnaître ce talent à l’auteur. Ce recueil se termine par ma nouvelle préférée, Des mots de feu de Julie Derussy. L’auteure est parvenue à allier le souffle romanesque à un érotisme torride, tout en distillant des phrases remarquables que je ne citerai pas pour ne pas dévoiler l’intrigue. J’ajouterai simplement que le prénom de la principale protagoniste a été judicieusement choisi.

MensongesAuParadis.pngQuant à moi, je vous propose Mensonges au paradis, une nouvelle épistolaire perverse, à plusieurs voix, inspirée par le modèle indépassable des liaisons dangereuses, bien que son ton soit résolument moderne. Sur ces encouragements à lire cet opus, je vais me remettre à l’ouvrage car j’ai une histoire de vestiaires sur le feu…

13:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : écriture, erotisme

04 février 2016

Vagant le terrible

J’ai rencontré Carole il y a plus de quinze ans, sur le forum Aventures d’auFeminin. Je serais bien en peine de vous retracer les détails de nos conversations, mais elles ont assez rapidement dérivé sur le terrain érotique où Carole avait un talent certain. C’est avec elle que j’avais signé In Clito Veritas. Pharmacienne de son état, mariée depuis quelques années, elle était globalement heureuse dans son couple, comme on peut l’être après avoir voulu devenir mère, mais sans parvenir à redevenir femme auprès d’un mari assoupi. Ainsi avait-elle cédé au désir de prendre un amant. Le parjure consommé, elle finit par prendre goût à l’illégitimité et en prit un second. Il n’y a que le premier pas qui coûte. Quand j’ai connu Carole, elle en avait déjà trois, très différents les uns des autres. Elle décida que je serai le quatrième point cardinal nécessaire à son équilibre.

Accorder nos agendas pour une première rencontre ne fut pas le plus simple, mais je m’engageai le cœur battant dans un périple de six heures de train pour quatre heures d’amour. Je résistais encore au téléphone portable à cette époque, et lorsque je suis arrivé à la gare de notre rendez-vous, j’ai suivi le protocole que nous avions mis au point. Je l’ai appelée à partir d’une cabine téléphonique qu’elle m’avait indiquée, et j’ai attendu qu’elle m’autorise à me retourner pendant qu’elle approchait derrière moi. Nous n’avions jamais échangé la moindre photo. J’ai été surpris de voir une petite femme pétillante d’une trentaine d’années, aux cheveux roux et frisés. Très franchement, ce n’est pas le genre de femme sur lequel je me serais retourné dans la rue, d’autant que ce n’est guère mon style de me comporter de façon aussi ostentatoire. Mais lorsqu’elle m’a littéralement pris par la main en me disant « Allez, vient ! », j’ai senti aussitôt mon sexe gonfler dans mon pantalon.

Je la suis dans un hôtel de l’autre côté de la place. Avis de tempête dès notre arrivée dans la chambre. Nous nous jetons l’un sur l’autre. Je l’embrasse goulûment tandis qu’elle m’attire sur le lit. Nos vêtements volent. Mes lèvres découvrent ses petits seins aux pointes tendues alors qu’elle me griffe le dos. J’esquive son string. Sa chatte épilée ruisselle sous mes doigts. Je crois bien ne pas avoir pris le temps de lui ôter sa lingerie avant de la prendre, en urgence. J’étais un amant particulièrement fougueux à cette époque, doué d’une belle capacité à bander, éjaculer, et bander de nouveau, cinq ou six fois de suite. Intensité est le meilleur qualificatif de notre étreinte.

Vers midi, pose sandwich. Adam et Ève pique-niquent sur le lit, la pomme croquée jusqu’au trognon. Je me souviens alors du petit paquet apporté à l’intention de Carole. Je la savais gourmande, et je suis sûr de mon choix. Elle déchire l’emballage et fait la moue devant le godemichet noir. Elle avait prévu pour moi quelque code de plus délicat en m’offrant un stylo. Notre rencontre est définitivement sous l’égide de l’érotisme. Quelques minutes plus tard, en soixante-neuf, elle apprécie pourtant que je lui glisse dans la chatte ce godemichet tout en lui léchant le clitoris. « Tu es un gang-bang à toi tout seul ! » me souffle-t-elle entre deux gémissements. Les orgasmes se succèdent et je me sens pousser des ailes. Combien de temps cela pourrait-il durer ? Sa langue magique me redresse une fois de plus. Elle m’enjambe et, cuisses écartées, genoux fléchis, en équilibre sur les pieds, elle me sort « Six ans de danse classique ! » avant de s’empaler sur mon dard et remonter à la seule force des jambes. Cette fois-ci, c’est elle qui me baise, jusqu’à ce que je n’y tienne plus, que mes hanches percutent les siennes, et que nos sexes encastrés nous projettent dans notre dernier orgasme.

Seconde rencontre quelques semaines plus tard. J’entre dans la chambre d’hôtel où Carole m’a promis deux cadeaux intimes. Le premier m’attend sur la chaise, tout enrubanné de satin et de dentelles. Je me demande encore comment Carole est parvenue à s’attacher ainsi, les yeux bandés. Ce jour-là, elle m’offre son anus. Je le prends en douceur. « Qu’est-ce que c’est bon de se faire enculer », me souffle-t-elle quand j’explose en elle. C’est ma première sodomie. L’autre cadeau est plus intime encore, c’est une bouteille dont l’étiquette représente un château bordelais. Elle me montre du doigt une des fenêtres et me dit que c’était celle de sa chambre. J’ai longtemps gardé le cadavre.carole,erotisme

C’est à la fin de ce second rendez-vous que Carole a pris cette photo. Elle décida que parmi ses quatre amants, j’étais indubitablement le sud. Quelques semaines plus tard, elle ne suivait plus que ma direction, mais ça, c’est une autre histoire.

00:08 Publié dans Défis | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : carole, erotisme

13 janvier 2016

La calèche

calecheVoici bien trop longtemps que je n’ai pas publié de nouvelle érotique sur ce blog, et ce n’est pas vraiment aujourd’hui que je vais m’y remettre. D’une part parce je l'ai fait hier, et d’autre part par ce qu’elle vous attend sur le blog LELO qui me fait l’honneur de la publier.

Vous constaterez aussi, fidèle ami lecteur, que cet article n’est pas catégorisé. Est-ce donc une histoire vraie, ou bien une vraie histoire inventée de toutes pièces ? Je vous propose de donner votre avis sur twitter avec ce sondage.

 

Vous avez une journée pour le faire, et je répondrai à vos éventuelles questions ici même en commentaire.
Au plaisir de vous lire !

00:00 Publié dans Défis | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : fiona, erotisme

29 juin 2015

Invitation au voyage

DesirsDevasions.jpgSplendeur orientale, aimer à loisir, charmes mystérieux, aimer et mourir… on ne relira jamais assez Baudelaire mais je vous invite aujourd’hui à découvrir d’autres horizons.

Désirs d’évasion, tel est le titre d’un recueil de nouvelles  qui vous mènera de Marakech à Falkland, auprès de six auteurs associés pour vous transporter sur les rives du plaisir. Julie Derussy vous embarquera dans une aventure marocaine aussi romantique que métissée. Noann Lyne vous conduira sur les sentiers tortueux d’une délicieuse vengeance sexuelle dans les bas quartiers de São Paulo, et Jerk vous sèmera dans une course onirique au cœur de de l’Ouest sauvage. Enfin, Alexandrine d’Aumale vous perdra dans une fantastique aventure celtique.

Ma préférence va tout de même à Julie-Anne de Sée qui sait toujours aussi habilement mêler les références littéraires à l’érotisme le plus débridé, en nous faisant vivre cette fois-ci une étreinte sauvage dans un aéroport moscovite tout en citant Pouchkine. Vous en doutez ? Jugez plutôt :

Ce fut Lyudmila qui relança leur joute littéraire, toujours en citant le romancier :
Qui donc es-tu, es-tu ange ou un démon au charme étrange ? Résous le doute qui me prend.
Décidément, non seulement elle pouvait réciter son Pouchkine par cœur, mais encore les morceaux choisis laissaient à penser qu’elle le provoquait… Amusé, Alexandre allait répliquer quand il sentit soudain une main remonter doucement sur sa cuisse sous l’écran du vêtement qui la couvrait. Avec un tressaillement de surprise, il leva un regard interrogateur vers la jeune femme. Celle-ci sourit, posa l’index de sa main libre sur ses lèvres, lui intimant ainsi le silence. Elle se rapprocha de lui jusqu’à poser sa tête sur son torse, la main curieuse poursuivant son chemin. Après avoir agacé l’intérieur des cuisses du bout des ongles, les forçant à s’écarter, la petite main s’était insinuée juste sous les couilles.

Quant à moi, j’ai rassemblé quelques souvenirs d’expatriation au Japon pour vous inviter dans les arcanes d’un jeu pervers à Kyoto. Bien entendu, toute ressemblance bla bla bla...

08:10 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : erotisme, japonaise

03 janvier 2015

Le fantasme de l’escort-girl

De l’extérieur, l’hôtel n’a rien d’exceptionnel. Un de ces immeubles haussmanniens classiques, avec toutefois quelques éléments décoratifs assez discrets qui ne contrastent pas trop sur la façade de pierre. A l’intérieur, c’est autre chose. On comprend qu’on est dans un de ces luxueux boutiques-hôtels dès lors qu’on entre dans le hall du Seven. Mais quand nous pénétrons dans la chambre réservée pour l’après-midi, où nous avons bien l’intention de nous adonner à de langoureux massages mutuels, nous sommes franchement impressionnés par ce lit et cette baignoire qui semblent léviter dans la pièce.

HotelSeven.jpg

Mon amante règle l’éclairage, mode plafond en ciel étoilé, et avance vers le fauteuil d’un pas hésitant. Elle porte sa nouvelle petite robe noire qui la moule à souhait, à mes souhaits. Elle n’a pas sorti l’huile de massage.

« Tu te souviens du fantasme de l’escort-girl ? » me dit-elle avec un regard appuyé et une moue sensuelle aux lèvres. Je lis sur son visage tous les signes imperceptibles qui annoncent l’imminent déferlement charnel. Je m’approche et je lui demande :

-    La chambre te plait ?
-    Oui, et toi ?
-    Oui…
-    Autant que la petite pute que tu as louée ? me demande-t-elle.
-    Répète ?
-    Autant que la petite pute que tu as louée ?
-    Répète encore !
-    Autant que la petite pute que tu as louée ?

Je l’invite à se lever et je prends sa place dans le fauteuil du client. Je la toise, dans sa petite robe noire, debout, au pied du lit. Je lui réponds enfin :

-    Oui, l’agence ne m’a pas menti.
-    Ah oui ?
-    J’ai demandé une jolie fille bien vicieuse. J’ai déjà la jolie fille. Reste à voir le vice.
-    Qu’est-ce que tu veux que je te fasse ?
-    Déshabille-toi comme une belle salope !

Elle me tourne le dos, se déhanche, grimpe sur le lit, à quatre pattes elle me fait son show. Moi j’ai commencé à bander dès qu’elle m’a fait son regard luxurieux, alors j’ouvre ma braguette et j’exhibe mon émotion dans mon poing serré. Un peu comme un applaudissement, mais en plus intime. La voilà qui se roule sur le lit, se cambre, m’ouvre son cul, tend les jambes au firmament, saute du lit à moitié nue, fait sa chienne à quatre pattes sur la moquette. Je lui claque les fesses. Elle ne se dérobe pas. Je sens qu’elle va jouer le jeu jusqu’au bout quand elle se jette sur mon sexe comme une affamée. « Ferme les yeux, je te dirai quand les ouvrir », m’ordonne-t-elle avant de m’avaler encore. Quand elle m'ordonne de la regarder, elle ne porte plus qu’un body qui s’ouvre entre les cuisses sur sa vulve humide. « Qu’est-ce que tu veux que je te fasse ? Demande, j’exauce ! ». Ma douce amante me ferait-elle son numéro de pute parce qu’elle veut du trash ? Il ne s’agirait pas de la décevoir. Je la fais s’allonger sur le lit, sur le dos, la tête en arrière tourné vers moi, qui suis debout au pied du lit, complètement nu maintenant. « Je vais te baiser la bouche » que je lui dis, en joignant le geste à la parole. D’une main, j’accède à sa chatte trempée tout en soumettant sa bouche ouverte à un va et vient régulier.

Qu’est-ce qui lui plait à être rudoyée ainsi, à s’abandonner à ma lubricité ? Veut-elle voir jusqu’où je peux aller ? Veut-elle me creuser au plus sombre ?  Ou tout simplement me montrer qu’elle est toujours à la hauteur de ma luxure ? Elle finit par n’en plus pouvoir d’avoir la tête en bas, alors je l’allonge sur le lit et je me mets sur elle, en soixante-neuf. Je lui mange tout, et le con et le cul tandis qu’elle me lappe les couilles, et puis demi-tour pour l’embrasser tendrement, mes lèvres toutes barbouillées de ses sucs. Un « ma chérie » m’échappe alors qu’elle a totalement embrassé son rôle de prostituée vicieuse, en acceptant mes baisers parfumés à sa mouille. Je me reprends : « lèche-moi le cul ! » J’ai lâché mon ordre sans appel en m’allongeant sur le ventre, les reins cambrés, prêt à tout. Je sens bientôt sa langue glisser entre mes fesses, titiller mon anus. Et puis son doigt qui m’ouvre, me pénètre. Je lâche un « Oui ! Défonce-moi le cul ! » pour l’encourager à me sodomiser avec ses doigts. Elle y va à cœur joie et puis s’allonge sur moi :

-    Alors ça te plait ?
-    Oui. Tu es vraiment vicieuse. Dis-moi, tu as déjà sodomisé un de tes clients ?
-    Avec un gode ceinture ? Bien sûr !
-    Tu me le feras ?
-    Si tu veux...

J’ai maintenant envie de baiser ma petite pute. Allongée sur le dos, ses mollets sur mes épaules, je déroule un préservatif sur mon érection. Je la pénètre lentement, et quand mon sexe est bien ancré au sien, je bascule en arrière tout en l’attirant à moi. L’angle de pénétration est tel que dès mes premiers coups de reins qui la font tressauter sur mes cuisses, je la catapulte à l’orgasme, sans que je n’atteigne la jouissance. Elle reste sur moi à me chevaucher tout en reprenant son souffle. Je veux encore jouer et non pas jouir tout de suite. Je ne sais pas trop ce qui me passe par la tête, mais je lui dis :

-    Je ne suis qu’un salaud !
-    Ah oui ?
-    Oui, un sale mec bourré de fric et qui te baise. Je mérite des baffes. Gifle-moi !
-    Qu’est-ce que t’a encore fait comme saloperie hein ? et elle m’en colle une.
-    Je baise tout ce qui bouge.
-    Salaud ! Salaud ! me lance-t-elle, ponctuant chaque insulte d’une bonne gifle.

J’encaisse, perdu dans ses yeux furieux. Elle retire son body d’un geste, l’enroule autour de mon cou, et elle commence à serrer. Je devine qu’elle n’a qu’à m’imaginer en baiser une autre pour que monte en elle des bouffées de tristesse rageuse. Elle arrête soudain, comme éperdue d’avoir été si loin. L’imminence de ma jouissance s’est éloignée sans me faire débander, alors j’enchaine avec une lente levrette tout en lui caressant le petit trou. « Je vais t’enculer ! » annoncé-je, certain que ma petite pute sans tabou ne peut rien me refuser. « Vas-y doucement, me demande-t-elle, laisse mon anus se dilater ». Je sens ses sphincters s’ouvrir lentement à mon passage, et une fois bien engagé, elle me supplie de lancer l’hallali : « Vas-y maintenant ! Prends-moi fort ! » Je ne me le fais pas dire deux fois pour m’enfoncer de tout mon long dans son petit trou. Debout sur le matelas instable, les cuisses semi-fléchies, un bras tendu vers le mur pour tenir l’équilibre, je regarde ma tige creuser ses reins cambrés. Je pourrais jouir ainsi, seul. Sans doute éprouverait-elle un certain plaisir mais pas d’orgasme. J’ai envie d’arrêter le jeu sur une jouissance simultanée. Je m’extrais de sa croupe accueillante, je change de préservatif, et je la reprends aussitôt en levrette. Ses gémissements de plaisir accueillent mon assaut sans la moindre retenue désormais, et il ne nous faut pas beaucoup de va-et-vient pour exploser dans une jouissance commune.

Le jeu est terminé, la petite pute s’est évaporée au profit de mon amante aimante. « Tu sais ce que tu mérites maintenant ? Un gros câlin plein d’amour ! » lui dis-je, tout en me demandant comment on a pu tenir nos rôles si longtemps, et nous profitons de notre tendresse retrouvée après ce déchaînement sexuel.  Le contraste est divin. La tendresse sans sexe est ennuyeuse, le sexe sans tendresse nous est juste impossible. Entre deux baisers langoureux, elle m'avoue : « Tu sais, j’ai dit des trucs tout à l’heure au cours du jeu, mais je ne pense pas pouvoir te sodomiser avec un gode ceinture. »

19 décembre 2014

Jérôme le magnifique

Voici quelques semaines, j’ai écrit deux longues nouvelles érotiques pour le concours B Sensory. Pour tout vous dire, ma participation à ce concours n’était pas très sérieuse, non pas que j’ai bâclé ces textes, mais le parti pris de mes personnages a pu agacer, comme me l'a confirmé ChocolatCannelle dernièrement. Car toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé est loin d’être fortuite, et vous reconnaitrez probablement le premier rôle masculin dans ma nouvelle intitulée Jérôme le magnifique, publiée en quatre épisodes sur Nouvelles Érotiques ce mois-ci...

erotisme

23:39 Publié dans Roman feuilleton | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : erotisme

05 décembre 2014

Le sexe en cache pudeur

Il fait nuit. Nous entrons dans ce bureau dont j’ai la clef, sans allumer la lumière, presque comme deux voleurs. Tout au moins deux complices. Sitôt la porte refermée derrière nous, je l’étreins et l’embrasse fougueusement. Maintenant, on dirait plutôt deux rescapés. Il faut dire qu’on revient de loin. Il n’y a pas vraiment d’urgence, on aurait bien le temps, mais c’est le désir qui nous presse. Je l’assoie sur la banquette en cuir tout en lui mangeant les lèvres. Elle, elle se jette fébrilement sur ma braguette, détache ma ceinture, et fait sauter le bouton du jean. Mon sexe l’attend au garde à vous. Elle l’attrape à pleine main. J’adore ce moment où elle prend mon sexe entre ses doigts, sans que je n’aie à le lui demander. C’est là que je sens le mieux son désir pour moi, et son désir, c’est ma dope. Elle attrape donc mon érection et l’embouche sans autre forme de procès. Elle relâche mon sexe pour me dire :

-    Il y avait un peu de sperme au bout, non ?
-    Oui. Quand je t’ai dit que le contact de ta main dans la mienne m’avait fait sérieusement bander, je ne racontais pas d’histoire.

Je n’ai pas le temps de lui demander si ça ne la dérange pas, qu’elle engouffre à nouveau mon dard pour le sucer furieusement. En vérité, ce sont ses larmes qui m’avaient fait bander plus dur encore, je ne sais pas trop pourquoi, et vous encore moins parce que ça, c’est intime.

Elle est assise, moi debout, mon jean aux chevilles, mes mains sous son pull, sur ses seins pointus. Elle a abandonné ma hampe pour s’attaquer aux couilles à coups de langue farouches. La vision de ma queue qui lui barre le visage me rend dingue. J’ai l’impression d’être un hardeur, et ce n’est pas mauvais pour mon égo vieillissant. Je m’accroupis à ses pieds. J’abaisse son jean et son string jusqu’à ses chevilles entravées par tout ce tissu en accordéon. Avec ses jambes sur mes épaules, qui se rejoignent derrière ma nuque, j’ai sa chatte en sautoir. Elle est trempée et je la lape. Ma langue glisse sur ses lèvres bien épilées. Elle m’en fait la remarque entre deux gémissements. Moi ça m’est égal, mais elle, elle préfère pour les sensations. Prends-moi ! Qu’elle me dit. Elle me désigne le fauteuil, juste à côté et je l’embarque jusque-là. Elle s’y agenouille, ses fesses tendues vers moi, le visage contre le dossier. Juste derrière, le store vénitien devant la fenêtre, dessine sur ses reins les ombres et les lumières de la nuit. Je suis en balance entre le noir et blanc photographique et l'éminemment sulfureux. Si j’étais photographe je la prendrais là. Je la prends sans cliché.

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Tout cela vous semblera à juste titre bien banal. Le principal est ailleurs. La transgression n’est même pas esquissée, les sentiments en pagaille non plus. Tout est pourtant là, dans le non-dit de l’amour à fleur de peau, avec  le sexe en cache pudeur.

12 septembre 2014

Les choses de la vie

Je me souviens de l’hôtel. Il était situé non loin de l’aéroport de Genève, j’avais atterri là en début de soirée, je devais repartir le lendemain matin, je n’aurais qu’une nuit à y passer, seul. Pas le temps d’aller en ville, Jeanne n’avait pas le temps, juste celui de dîner avec moi au restaurant de l’hôtel. Au fond, je savais que c’était la dernière fois. Je ne me berçais plus trop d’illusion, je savais bien que c’était terminé entre nous. Il fallait qu’elle prenne une décision, j’avais été l’homme de la transition. Je me souviens vaguement que c’est ce qu’elle me disait, tandis que nous dinions, entre deux reproches sur son mari qu’elle ne supportait définitivement plus du tout. Le mari, les collègues, les hommes, tous dans le même panier de linge sale et son regard furieux me donnait l’impression d’y être une vieille chaussette. Pour moi qui avais espéré faire l’amour avec elle, sans doute pour la  dernière fois, c’était mal parti. Je ne m’en souviens plus clairement mais c’est probablement ce que je pensais encore tandis que nous remontions dans la chambre où elle avait laissé son sac en arrivant.

Ce dont je me souviens très bien en revanche, c’est de son profil, quand Jeanne s’est plantée devant la fenêtre de la chambre d’hôtel pour regarder dehors comme s’il s’y passait quelque chose d’important. Je me suis approché. Il y avait là son parfum, sa voix devenue plus douce. Tout a été très vite. Je ne sais plus trop comment nous en sommes arrivés là, mais l’image d’après, c’est sur le lit à moitié nus.  Juché entre ses cuisses ouvertes, je la prenais, fort, en urgence. « Tu te souviens ? » que je lui disais « Dis-moi que tu t’en souviens quand je t’ai prise dans le pré ! », et j’ai ponctué ma question d’un grand coup de rein qui a converti son acquiescement en râle de plaisir. Et quand tu t’es jetée sur moi en entrant dans la chambre de cet hôtel où je m’étais assoupi à force de t’attendre, tu te souviens comme on a baisé ? Encore un coup de rein avec son « oui ! » étouffé en écho. Et dans ta voiture, sur les sièges arrière, avant que tu m’entraines dehors pour que je te prenne en levrette sur le capot, tu t’en souviens, dis ? Et quand je t'ai sodomisée dans la cabine de ce sauna libertin tandis que les hommes seuls se bousculaient pour voir à la porte close. Les miroirs qui tapissaient les murs de la pièce étaient couverts de buée, tu t'en souviens ? Et notre premier après-midi dans cet hôtel proche de la porte Maillot où je t’avais prise cinq ou six fois, mais qu’il t’avait encore fallu te faire baiser par ton ex-collègue le soir même, tu t’en souviens ? Et quand je t’ai enculée dans ce club pendant qu’un autre te prenait par devant, tu t’en souviens aussi ? Et Jeanne criait « Oui ! Oui ! Oui ! » tandis que je martelais sa chatte.

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Je ne me souviens plus de toutes les images qui s’imposèrent à mon esprit ce soir-là. Tout défilait devant mes yeux dans le dernier carambolage de nos corps. Il parait qu’on voit ainsi défiler toute sa vie quand on en est au seuil. Pour moi, ce n’étaient que des petits bouts de vie et une petite mort. Quant à Jeanne, je ne l’ai plus jamais revue, et c’est sans doute mieux comme ça. Ainsi soit-il.

15 août 2014

Post-it !

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Quand Art Fry et Spencer Silver inventèrent le Post-it© en 1974, ils réalisèrent dès les premiers essais qu’ils n’avaient pas simplement trouvé un nouveau-marque page adhésif mais un tout nouveau mode de communication. Toutefois, ils n’imaginaient pas que leur invention serait quinze ans plus tard l’enjeu d’un cruel vaudeville au fin fond de la bibliothèque d’Annecy ! De la folle passion d’un couple improbable à leur haine farouche, (re)découvrez cette nouvelle éroticomique au format pdf.

20 juillet 2014

Un apéritif littéraire et érotique

Un ami m’a demandé, je cite : « des idées de jeux littéraires et érotiques à pratiquer lors d’un apéritif entre adultes consentants ». Ceux qui me connaissent savent qu’il n’en fallait pas tant pour mettre en branle mon imagination lubrique, d’autant plus qu’elle avait déjà été émoustillée sur ce thème à la lecture de ce chaste récit, ainsi que par ces fameuses vidéos de Clayton Cubitt qu’on ne présente plus. Ainsi ai-je élaboré tout un programme que je soumets à votre sagacité.

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L’invitation
On demande préalablement aux invités de se munir d’une page de littérature érotique de leur choix, dont la lecture durerait moins de cinq minutes, et d’autre part d’avoir réfléchi à une situation sensuelle, voire sexuelle, qui puisse être décrite en quelques paragraphes.

L’accueil
À l’arrivée des invités, l’organisateur offre à chacun, en plus des boissons, cocktails ou entremets susceptibles d’aiguiser tous les appétits, un bloc note format A4 et un stylo identiques. Une fois les invités confortablement installés et les présentations faites, car tous ne se connaissaient peut-être pas, l’organisateur énonce les règles du premier jeu.

L’improvisation personnalisée – la consigne
Le premier jeu est une improvisation littéraire telle qu’on la pratique dans les ateliers d’écritures, mais dont les consignes favoriseront les interactions entre les invités au cours de la soirée…

1/ Le texte doit être écrit à la première personne du singulier.
2/ Le texte doit avoir pour protagonistes l’auteur (je) et un ou plusieurs autres invités à cet apéritif.
3/ Le texte doit commencer par une phrase-seuil énoncée par l’organisateur.
4/ Le texte doit être écrit lisiblement et ne pas dépasser une page.
5/ Le texte doit être anonyme. Il ne doit pas être signé et ne doit pas permettre d’identifier son auteur.
6/ Bien entendu, le texte doit être érotique, voire pornographique…

Il ne s’agira pas de se lancer dans cette improvisation dès le début de la soirée, fut-elle déjà préparée après l’invitation qui demandait aux participants d’avoir préalablement réfléchi à la description d’une situation sensuelle. Ce travail d’écriture se déroulera au rythme de chacun tout au long de l’apéritif, et l’organisateur peut d’ores et déjà annoncer le second jeu.

Le texte à trous
L’organisateur remet à chaque invité une feuille sur laquelle est imprimé un texte érotique tiré d’une œuvre classique, dont cinq mots manquent. Chaque invité remplit les trous tandis que l’organisateur lit le texte hormis les mots manquants, puis donne sa copie à son voisin pour la correction… et les gages !
Alors que l’organisateur lit maintenant le texte complet, à chaque erreur relevée par le voisin correcteur, l’invité doit, au choix, abandonner un vêtement ou bien ses lèvres au baiser sensuel que lui donnera un autre invité qui avait le bon mot.
Lorsque les invités se sont remis de leurs émotions, sans pour autant remettre leurs vêtements, l’organisateur peut annoncer le troisième jeu.

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Le concours de lecture expressive
A tour de rôle, chaque invité lit le texte érotique qu’il a choisi avec le plus d’expressivité possible. Tous les coups sont permis, des vocalises féminines aux turgescences masculines, mais sans vulgarité et dans le respect du texte ! Après chaque lecture, les autres invités donnent quelques pièces symboliques au lecteur. Le meilleur sera celui, ou celle, qui aura récolté la plus grosse somme.
Durant ce concours, qui pourra durer une heure avec une dizaine d’invités, les participants essaieront de rédiger leur improvisation personnalisée.

L’improvisation personnalisée – la lecture
Il est temps de relever les copies, les textes des participants sont remis à l’organisateur qui les mélange et les distribuent au hasard aux invités. Chacun lit à haute voix le texte qui lui a été remis. Les protagonistes de ces histoires peuvent alors découvrir les divers fantasmes qu’ils suscitent, tout en essayant d’en deviner les auteurs…

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Ami lecteur, il ne me semble pas utile d’épiloguer sur la fin de la soirée qui dépendrait des invités, mais je vous invite à commenter ce programme à propos duquel toute suggestion sera la bienvenue !

13 juin 2014

À force de céder sur les mots

« Quoiqu’elle vive par ailleurs, son amour pour Thomas demeurait intact, elle savait le lui dire et surtout le lui montrer. Ainsi, se savoir être toujours le roi de cœur de sa femme rassurait assez Thomas pour juguler d’éventuels accès de jalousie. La jalousie, c’est la peur de perdre l’être aimé quand on n’a pas confiance en soi. Judith avait si bien su rassurer Thomas que le récit de ce vernissage avait fini par émoustiller son époux imaginatif et éveiller chez lui quelques idées coquines. De là à lui faire rencontrer Fabien, il y avait un pas qu’elle n’était pas prête à faire. Mais à force de céder sur les mots…»

Les chemins du désir sont parfois bien sinueux. Une rencontre impromptue, des envies réprimées, une résurgence de tentations et des mots à la clef. Ces mots composent aujourd'hui ma dernière nouvelle publiée sur nouvelles-erotiques.fr , illustrée autant qu’inspirée par une œuvre de Joël Person.

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05 juin 2014

Proposition délicieuse - 5

Le scénario était au point, le timing impeccable. Le rendez-vous avait été fixé, tu avais reçu par mail le lieu, l’heure, et les modalités de ton arrivée.

Il faisait horriblement froid, la nuit tombait, la pluie aussi. En moto, tu avais essayé de ne pas tomber à ton tour. Bien que ma réputation t’avait inspiré confiance, tu avais un peu angoissé à l’idée que Sylvie décidât au dernier moment de ne pas venir, même si je t'avais prévenu une trentaine de minutes auparavant qu’elle était bien montée dans le train pour Paris. Tu craignais aussi qu’elle n’appréciât pas ta présence, ou que tout simplement l’ambiance, le contexte ou toute autre raison ne vienne gâcher la soirée.

A ton arrivée à l’hôtel, personne à la réception. Tant mieux. Tu avais sauté dans l’ascenseur et demandé le quatrième étage. À peine arrivé dans le couloir, tu avais aperçus la chambre, porte entrouverte, comme prévu. Tu t’étais éloigné jusqu’au fond du couloir, où se trouvait l’escalier de secours. C’est là que tu avais ôté silencieusement gants et sac à dos, grosse veste de moto et polaire. Sur la pointe des pieds tu t’étais approché de la chambre dont tu avais poussé la porte. Elle résistait un peu, à cause du “Canal+ Magazine” plié en quatre destiné à retenir le groom automatique censé la maintenir fermée.

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Tu as failli éclater de rire mais tu savais qu’il ne fallait faire aucun bruit. En aucun cas Sylvie ne devait percevoir ta présence. Seulement, avec ton son sac à dos, ta lourde veste de moto aux multiples velcros, et la porte qui résistait, tu craignais de ne pas être très discret. Tu parvins pourtant à entrer, poser tes affaires et même retirer tes chaussures sans éveiller de soupçon. Un vrai miracle. Dans la chambre, un spectacle hors du commun : Sylvie allongée, presque nue, vêtue seulement d’un soutien-gorge noir. En bas, rien. Enfin, presque…

Je me tenais assis sur le lit, avec ma machine infernale qui vibrait entre ses cuisses. Avoues que tu as été éberlué à la vue de cet outil destiné certes au plaisir sexuel, mais un outil high-tech, mécanique, électronique avec des petites lumières multicolores qui clignotaient à la base de l’engin. Un clin d’œil complice, un doigt sur les lèvres, un geste : nous nous saluâmes et communiquâmes en silence. C'est ainsi que je te reconnus, Guillaume. Nous nous étions déjà rencontrés, un an auparavant, en d'autres circonstances, ce que je ne savais pas lorsque je t’avais fait cette audacieuse proposition quelques semaines plus tôt.

Tu t’approchas et observas la scène, debout, tandis que je modifiais le réglage de mon vibro-masseur en utilisant de petits boutons cachés à sa base. Sylvie, les yeux bandés, bougeait légèrement, ondulant vaguement le bassin, ou tirant en vain sur ses poignets attachés. Soudain, elle leva les fesses, et, comme prise de spasmes, commença à perdre tout contrôle…

Sylvie savait que sa défaite était imminente, que le plaisir allait l'emporter malgré toute sa volonté pour ne pas jouir, qu'elle n'aurait pas pu résister infiniment contre la mécanique qui lui creusait inlassablement le vagin. Quand elle entendit Lettre à Elise de Beethoven, elle pensa que sa mère jouait ce morceau autrefois. Émerveillée, elle regardait alors les doigts agiles courir sur les touches blanches et noires, et, le soir venu, lorsqu'elle était dans son lit, seule avec les ombres de la nuit, il lui suffisait d'entendre cette sonate sur le piano du salon pour que le sommeil l'emporte malgré elle. Peut-être est-ce pour cela que le plaisir l'a définitivement emportée à ce moment-là.

Je retirai délicatement le lapin de son fourreau de chair extatique, et je te fis signe de t'approcher. Je te cédai aussitôt la place entre ses cuisses ruisselantes, avant de m'adresser à la jeune femme encore pantelante de plaisir:

-    Pour que ma victoire soit totale, je vais maintenant revenir aux bonnes vielles méthodes traditionnelles !
-    Il me semblait que tu ne devais ni me toucher, ni me sucer ?
-    Mais tu as d'ores et déjà perdu ce défi, non ?
-    Si...

Tu n’attendais que ce moment là pour entrer en action, pour lui prodiguer cette caresse qui était devenue ta signature. Avec Proposition délicieuse pour pseudonyme, Propo pour les intimes, tu proposais un cunnilingus aux femmes susceptibles de te charmer par leur plume, ce qui n’était d’ailleurs pas si facile, et rien de plus. Toutefois tu étais grand, tu étais beau, tu sentais bon le sable chaud, et la plupart des femmes qui se laissaient aller sous ta langue ne demandaient ensuite qu’à connaitre d’autres aspects de ta personnalité. Même ma douce Mathilde avait failli craquer devant ton charme irrésistible, mais tu avais eu la délicatesse de ne pas doubler un bon copain. Je me suis souvent demandé pourquoi tu aimais tant procurer aux femmes ce plaisir là. Était-ce le pouvoir du plaisir que tu exerçais alors sur elles ? Toujours est-il que tu sus faire surfer la bienheureuse perdante sur les vagues de l’orgasme que tu déclenchais si bien, de la pointe de la langue...

Le jeu était arrivé à son terme, et je détachais silencieusement les poignets de ma prisonnière alors que tu poursuivais, insatiable, ton ouvrage éphémère. Je lus l'incompréhension et le doute qui envahissait peu à peu le visage de Sylvie. Elle se demandait comment je pouvais la détacher tout en continuant de m’abreuver à sa source, perplexité qui atteignit son paroxysme lorsque je retirai son bandeau. Sylvie ouvrit les yeux lentement. La lumière de la lampe de chevet était éblouissante. La révélation l'était encore plus. Sylvie se redressa d'un seul coup pour trouver un homme entre ses cuisses, qui posait sur son visage éberlué des yeux bleus pétillants et sur ses petites lèvres ruisselantes une langue agile.

Sylvie ne te reconnut pas tout de suite tant elle ne s'attendait pas à te voir. Malgré les bruits étranges qu'elle avait cru percevoir entre Rachmaninov et Herbbie Hancock, elle n'avait jamais pensé qu'il y avait un autre homme dans la chambre. Et quel homme: un de ses amants, grand amateur de cunnilingus, préliminaire dont tu avais fait ton étendard ! Nous bavardâmes alors un bon moment, le temps que Sylvie retrouve tous ses esprits, et puis nous éteignîmes la lumière décidément trop éblouissante.

Je ne sais pas à quelles combinaisons nous nous livrâmes dans l’obscurité totale qui régnait maintenant dans la chambre. Après de tels préliminaires et auprès de deux amants chauffés à blanc, Sylvie était encline à des étreintes plus traditionnelles dans la limite de notre indécrottable hétérosexualité, si tant est qu’on puisse parler de traditions à trois dans un même lit. C’est ce soir-là qu’est née notre complicité. Entre nous, Sylvie était la reine, alors qu’entre deux rivaux, elle aurait été l’arène. Un détail me revient à l’esprit: entre caresses et baisers, j'ai senti une douce main frôler mon visage, et j’ai happé aussitôt les doigts furtifs pour les sucer avec sensualité. On a bien rigolé quand tu m’as dit d’arrêter parce que ces doigts-là n’étaient pas ceux de Sylvie.

Je ne pense pas que tu me lises encore, mais tu te souviens peut-être de toutes nos folies ? Des femmes, on en aura rendues quelques-unes heureuses, même si d’autres en furent malheureuses. De mon côté, j’ai depuis su me faire pardonner. En tous cas, nombreuses t’ont regretté. Je ne sais pas si tu t’en es rendu compte, mais il y avait de bien jolies femmes la dernière fois, seules et apitoyées, qui regardaient les autres d’un air méfiant. Peut-être se demandaient-elles lesquelles avaient cédé à ton charme. Le plus dur pour moi, c’est quand j’ai vu ta photo, celle qui illustrait ton profil Messenger et ton blog sur auFeminin, avec ton sourire lumineux sur fond de mer Egée. Quand j’ai vu cette photo sur cette grande boite en bois, c’est là que j’ai réalisé que ce n’était pas une mauvaise plaisanterie. Cela ne m’a pas empêché, quelques jours plus tard, de t’appeler, au cas où tu décrocherais. C’est idiot, je sais bien que ça capte mal par chez toi. Et je ne te parle pas des motards, que j’ai longtemps regardés à la dérobée pendant des mois, en espérant voir tes yeux bleus rieurs quand ils soulevaient leur visière. Peu à peu, je me suis fait une raison, même si je n’ai jamais compris pourquoi. De raisons, tu devais avoir les tiennes, mauvaises, sans aucun doute. Tu me manques, copain.

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Le début de cette histoire vraie...


 

08 mai 2014

Proposition délicieuse - 2

A 15h31, je n'étais toujours pas à l'horizon. Il était maintenant temps d'ouvrir le paquet. Sylvie en déchira délicatement l'extrémité, d'une main légèrement tremblante, au beau milieu de la gare. Le paquet rouge contenait un livre érotique dont la couverture suggérait la nature du contenu. Et puis une lettre:

Bonne année ma belle !

Je te souhaite une bonne année, pleine d'orgasmes débridés dont j'espère être un des premiers instigateurs ! Et oui, je compte bien gagner ce défi, celui de te faire jouir malgré tous tes efforts pour résister au plaisir !
J'aime bien ce petit roman érotique de Françoise Rey. Presque un classique. Je te défie de le lire ouvertement dans le TGV 6624 qui part pour paris à 16h. En matière de défi impudique, avoue que tu craignais pire ! Un message secret y est caché. Si tu me décris cette contrainte, tu augmenteras tes chances de gagner la seconde partie du défi !
Arrivée à Paris, tu iras à l'hôtel selon le plan ci joint.

Baisers dévorant,

Vagant

sylvie, Expériences, proposition délicieuseSylvie découvrit dans l'enveloppe un plan de Paris annoté et un billet de train, départ pour Paris à 16 h, retour le soir même à 23h59, juste avant que son carrosse ne se transforme en citrouille. Si quelqu'un lui avait dit une minute auparavant qu'elle allait monter dans un train pour Paris, elle ne l'aurait jamais cru. Quelques minutes plus tard, elle y était pourtant confortablement installée. Le train s'ébranla doucement, et elle plongea dans ce roman. A côté d'elle, un homme jetait régulièrement un coup d'œil indiscret sur ce livre érotique qu'elle lisait ouvertement, conformément à mes instructions. En face, un jeune homme charmant lui adressait des sourires complaisants. Sylvie se demanda si je n'avais pas tout mis en œuvre pour qu'elle se fasse draguer dans le train ?

Comme elle me le dit plus tard, jamais Sylvie ne m'aurait fait l'affront de ne pas venir. Elle avait en moi une confiance aveugle, même si je lui demandais de foncer dans le noir avec un roman érotique en guise de canne blanche. D'ailleurs, cette histoire torride au vocabulaire bien salé lui faisait craindre le pire. Avais-je eu l'idée d'adapter un épisode de cette chronique sulfureuse ? Soudain, l'histoire érotique que j'avais moi-même récemment postée sur un forum féminin s'imposa à son esprit. Une histoire d'exhibition au bois de Boulogne, dont elle ne s'était pas du tout imaginée pouvoir en être l'héroïne lorsqu'elle l'avait lue. L'aurais-je fait venir à Paris pour ça ? Avais-je déjà écrit tout le scénario qu'elle était en train de vivre sur un forum public, parmi les autres fictions que je commettais de temps en temps ? J'en aurais été bien capable ! Sans parler de cette histoire de pièces d'identité que j'avais évoquée voici quelques jours sur MSN ! Sylvie plongea alors dans le roman à la recherche d'un indice. Enfin un mot souligné, et puis une lettre un peu plus loin, et encore un mot. Sylvie repéra tous les passages concernés:

Je dois bredouiller des trucs incompréhensibles au téléphone car on me demande de répéter. On ne joue pas comme çà avec une femme toute tendue, toute mouillée et qui se donne si fort ! Je vais te dire comment çà s'est passé.[...] Je ne me toucherai pas une seule seconde. Tu veux des images, des paroles, des histoires qui te feront d'autant plus bander que tu en connaîtras l'auteur ? [...] Toi, tu semblais amusé, peut-être un peu attendri. J'ai écarté d'une main la fente complaisante du sous-vêtement pour bien tout te faire voir, et, du bout des doigts, j'ai écarté aussi celle, plus intime, qui partage le bas de mon ventre. Et tu as contemplé, déjà allumé, ce jeu télescopique et voluptueux de failles, la blanche autour de la noire, et la noire servant d'écrin à la rose, plus vivante, plus nacrée, plus palpitante. Mes doigts ouvraient pour toi un passage dans un fruit délicat et juteux, accueillant comme une pêche qui vient d'éclater au soleil, vibrant comme un coquillage dont on a forcé le secret [...] Je me branle le con avec cette putain de bougie qui tombait à pic, et je m'applique à bouleverser le sens de cette ridicule expression "tenir la chandelle", qui voudrait dire qu'on assiste sans participer [...] Parce qu'elle t'avait manifesté clairement un intérêt plus que flatteur, et parce qu'elle ne te laissait pas indifférent non plus, je me retrouvai, ce fameux mercredi, seule avec elle pour t'attendre.[...] J'éprouvais un plaisir double, et quelque part très ambigu : celui de te sucer, et celui de manger après elle.

À suivre…

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Le début de cette histoire vraie...

28 avril 2014

Proposition délicieuse - 1

Sylvie avait un rendez-vous. Un rendez-vous un certain jeudi 5 janvier à 15h30 précise, gare de Lyon-Part-Dieu, au beau milieu du hall. Mini jupe, bas résilles, veste de cuir noir sur laquelle tombait en cascade ses cheveux dorés, Sylvie portait une tenue sexy comme je le lui avais demandé, tout en gardant cette distinction naturelle qu'elle ne pouvait pas perdre. Le cœur battant, elle s'avança dans le hall en dévisageant les passagers pressés qui filaient comme des flèches. Surtout les hommes. Certains lui jetaient des regards égrillards, à la dérobée, avant de sauter dans leur train à la ponctualité insensible au charme féminin. Sylvie ne reconnut aucun visage. En vérité, elle ne savait même pas avec qui elle avait rendez-vous, hormis ce petit paquet rouge qu'elle tenait dans sa main. Elle l'avait reçu par la poste quelques jours auparavant, et une des deux choses qu'elle savait quant à ce défi, c'est qu'elle devait ouvrir ce paquet, dans cette gare, maintenant. L'autre chose était une injonction, un ordre qui tenait en trois mots: "Ne pas jouir !"

Proposition délicieuse, sylvie, Expériences

Tout avait commencé après le défi qu'elle m'avait elle-même lancé: lui prouver que j'étais un amant à la hauteur de ma réputation. Après une nuit convaincante, je lui avais écrit ceci:

Ma tendre Sylvie,

Voici le nouveau défi que je te propose de relever le 5 Janvier. Globalement, il tient en trois mots: Ne pas jouir ! Je t'invite à un voyage impudique et sensuel, tout en surprises et émotions fortes, où tu devras me suivre les yeux fermés. Tout sera mis en oeuvre pour ton plaisir, rien que ton plaisir, auquel tu devras vaillamment résister, jusqu'à ce que je t'autorise à te laisser aller. L'enjeu sera bien entendu un gage, que le gagnant pourrait aussitôt imposer au perdant ! Le jeu durera toute la soirée, et telle cendrillon, tu pourras retrouver ton carrosse avant qu'il ne se transforme en citrouille ! Acceptes-tu ce défi ?

Je te ferai parvenir le matériel nécessaire et plus de détails les jours prochains...

Vagant

Sylvie avait accepté. Après ne m’avoir connu que de réputation, aussi bonne que sulfureuse, la première nuit qu’elle avait passée dans mes bras l’avait poussée à me suivre dans mes jeux cérébraux et sensuels. A son retour de vacances, elle trouva dans sa boite aux lettres une enveloppe épaisse, en papier kraft, avec son nom et son adresse au stylo bleu, écrits en lettres amples et nerveuses. Pas d'expéditeur.

Sylvie ouvrit l'enveloppe et trouva un petit paquet cadeau rouge, accompagné d'un mot :

Douce Sylvie,

J'espère que tu as passé un joyeux Noël, et bien que tu ne lui aies pas envoyé ta liste,  voici de sa part un modeste présent. Cependant, ne l'ouvre pas avant le Jeudi 5 Janvier à 15h30 précise dans le hall de la gare de Lyon-Part-Dieu ! C'est ainsi que commencera ton défi impudique. Je compte sur ta ponctualité, condition sine qua non de ce défi !

Ah, j'allais oublier... Je te demande de porter une tenue plutôt sexy, mais assez confortable pour marcher dehors quelques minutes en cette saison. Côté lingerie, je te fais confiance pour qu'elle soit diablement tentatrice.

Vagant

D'un simple coup d'œil sur le paquet, Sylvie se douta que je ne lui avais pas envoyé une boite de chocolats belges, sans pour autant pousser davantage ses investigations, pour ne pas gâcher la surprise que je lui préparais. Quelques jours plus tard, je croisai Sylvie sur messenger où nous clavardions parfois jusqu'à pas d'heure. Une fois de plus, je parvins à exciter sa curiosité à propos de ce mystérieux rendez-vous imminent.

-    J'ignore en effet complètement quelles sont tes intentions !
-    Tu risques d'être surprise. Dire que tout est dans un petit paquet rouge que tu ne peux pas ouvrir...
-    Je pourrais... cesse donc de me tenter !!!
-    Ce serait dommage, tu perdrais ton défi ! Mais tu pourrais tricher, ne rien me dire, et l'ouvrir. D'un autre coté, qui sait si je ne me débrouillerai pas pour te voir l'ouvrir, ce paquet, au beau milieu de la gare de Lyon-Part-Dieu.
-    Tu ferais çà ?!
-    Va savoir. Tu n'imagines donc pas tout ce que je peux échafauder ?
-    Maintenant que tu m'as dit çà, je vais me sentir observée quand j'ouvrirai le paquet rouge ! Tu arriveras à Lyon à quelle heure ?
-    Pourquoi ? Pour savoir si je risque de t'épier dans la gare dès ton arrivée ? De te prendre en filature ?
-    Pour savoir si tu vas m'observer pendant que je déballerai le paquet rouge ! C'est terrible de se sentir observée ! Ça me trouble!
-    Dans quel sens ? Excitation ? Peur ?
-    Les deux mon capitaine ! C'est le fait de ne pas savoir si on est observée ou pas qui est troublant à ce point, il me semble...
-    Si tu faisais l'amour avec un homme, sans savoir si quelqu'un d'autre t'observe, tu serais excitée davantage, ou complètement inhibée ?
-    J'avoue ne pas le savoir ! Je constate que tu esquives ma question. Toujours charmant, mais cruel !
-    Je t'avais promis du suspens pour compenser la relativement faible fréquence de nos rencontres. J'espère que cette charmante cruauté te plait !
-    Je crois que oui ! Je dois te quitter maintenant. A jeudi, je ne sais pas quelle heure pour toi, mais moi à 15h30, c'est çà ?
-    Oui, gare de Lyon-Part-Dieu, avec ton petit paquet, et tes pièces d'identité, on ne sait jamais...
-    Mes  pièces d'identité ? On va finir en garde à vue ?
-    Je ne pense pas qu'on finira en garde à vue, mais ça pourrait être utile...

À suivre…
 

31 mars 2014

L'attribut du sujet - 1

Raide comme la justice, je regarde cet inconnu dont je devine l’identité. Masqué d’un loup à l’instar des autres convives, il avance à pas félins vers la jeune soumise offerte à mes pieds. Entièrement nue, sa tête renversée en arrière, la bouche ouverte, déjà pleine, elle est agenouillée aux pieds de son maître. À deux pas de ce couple, derrière un rideau de bougies, j’attends avec mes attributs, dont un plateau d’accessoires à présenter respectueusement aux convives, et ce masque qui me recouvre entièrement le visage. J’attends avec la patience feinte du majordome dont le rôle m’a été échu.

Par un de ces hasards inaccessibles au romancier mais que la vie seule peut susciter, j’ai la fonction de serviteur comme je l’avais écrit quelques semaines auparavant dans le récit imaginaire d’une des fameuses soirées de C***, fiction inspirée des notes de CUI dont cette illustration d’Alex Szekely intitulée le buffet dinatoire :

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Au premier plan de cette scène grivoise, un serveur nu est l’objet de l’attention de plusieurs femmes, sans se départir de son professionnalisme ni masquer le plaisir d’être un objet de désir, plaisir qu’on attribue traditionnellement à la gent féminine, mais auquel un homme hétérosexuel peut aussi être sensible. Les femmes intéressées par le sexe du serveur sont certes nues dans ce tableau, mais leur posture dominatrice de cliente face au serveur soumis à sa fonction, avait immédiatement réveillé mes vieux fantasmes CFNM, où la nudité de l’homme face à la femme habillée caractérise la relation de Domination/soumission. J’avais aussitôt synthétisé ces éléments en un récit aussi onirique qu’ironique à propos de ces mystérieuses soirées dont je ne savais presque rien, mais auxquelles je rêvais pourtant de participer. J’étais sur le point de publier cette fiction extravagante lorsque Mathilde et moi avions été réellement conviés à une de ces soirées, et maintenant que j’y joue le rôle d'humble serviteur, les premiers paragraphes de cette fantasmagorie me reviennent à l’esprit tel un songe quand il s’avère prémonitoire :

Qui a bien pu dire que le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte les escaliers ? Encore faut-il avoir le regard vissé au postérieur de la jolie femme qui nous précède, alors que moi, j’ai le cœur haletant et l’angoisse pour seule perspective. Voilà, je suis arrivé au seuil de l’aventure, devant la porte d’entrée de l’appartement bourgeois où je sonne, en essayant de me composer un visage festif pour masquer mes appréhensions.

-    Pile à l’heure, me dit C*** en ouvrant la porte.
-    Oui, assez en avance pour mettre la tenue du personnel.
-    La mettre, façon de parler, me dit C*** avec un sourire en coin. La voici, ajoute-t-il narquois en me tendant un nœud papillon.
-    Je me change où ?
-    Dans le vestiaire, première chambre à gauche dans le couloir.
-    Je suis le premier ?
-    Non, une soubrette est déjà arrivée. Tu m’excuseras, je ne peux pas t’introduire, j’ai un souci avec les huitres…

Je pousse la porte entrouverte de la première chambre de gauche. La soubrette prête à l’emploi qui ajuste sa coiffe se tourne vers moi en m’adressant un sourire gêné.  De taille moyenne, la trentaine et les joues roses, elle ne porte essentiellement qu’un tablier qui surligne sa nudité, des bas noirs soutenus par l’incontournable porte jarretelle, des escarpins vernis, et quelques colifichets, dont le plus amusant est un nœud papillon entre ses seins nus, à la croisée d’une sorte de soutien-gorge sans bonnet ni autre fonction qu’un érotisme canaille.

-    Bonjour, excusez-moi de vous déranger, je me présente: Vagant. Je vous fais la bise confraternelle…
-    Moi c’est F***, me dit-elle en rougissant de plus belle, vous faites aussi partie du… personnel ?
-    Oui…
-    Je me demande comment est votre costume ?
-    On ne peut plus simple, lui dis-je en lui montrant le nœud papillon.
-    Je vois… glousse-t-elle avec un air faussement apitoyé.
-    Pas encore, mais ça ne va pas tarder. C’est plutôt amusant, en fin de compte…
-    Oui, on peut dire ça, mais c’est tout de même très gênant, ajoute-t-elle en me regardant distraitement tandis que je me déshabille. Pour moi c’est un défi que j’ai décidé de relever. Je sais que je pourrai refuser les propositions licencieuses, qui ne manqueront pas, sans doute, enfin, j’ose l’espérer avec cette tenue ridicule…
-    Mais non, vous êtes parfaite et, pardonnez-moi cette grivoiserie, bandante, ajoutai-je sur un ton aussi neutre que possible tout en achevant de me déshabiller.
-    Oui… je vois… où en étais-je... Ah oui, je pourrai refuser les propositions licencieuses, bien que les invités se feront un devoir de m’en faire, mais mon rôle suggère qu’à priori, je devrais m’y soumettre, ce qui m’inquiète, mais… m’excite aussi terriblement !
-    A qui le dites-vous !
-    Ah, on sonne ! Sans doute les premiers invités. Je vous laisse pour aller les accueillir…

A suivre…

19 mars 2014

Tutoiement-2

«   C’est tout ? qu’elle me dit, je voulais me faire défoncer le cul et la chatte !
-    Tu veux que j’aille chercher les deux grands blacks sur le parking ? »

Sarah pose sur moi un regard interrogateur. J’embraye aussitôt : « tu n’avais pas pour fantasme de te faire un black ? Tu en auras deux pour le prix d’un ! » et j’ajoute le mot magique « Chiche ? ».  « Chiche ! » me répond-t-elle, le défi aux yeux. Je me lève, me rhabille en vitesse et sort de la chambre sans un regard pour elle. Les deux africains sont toujours là.

Je m’approche d’eux tandis qu’ils sont penchés sur le capot d'une voiture à remplir un certificat de cession. Ils palabrent en Nouchi mâtiné de Verlan du neuf trois, surtout pour le plus jeune des deux qui ne doit pas avoir trente ans. Le plus âgé porte des bracelets et des bagues en argent typiques des Sahéliens. Il a la quarantaine, peut-être. Une quarantaine usée aux mains calleuses.
-    Salut !  que je leur dis.
-    Bonjour, me répondent-ils avec un air méfiant.
-    Il fait pas chaud, hein ? J’ai pris une chambre avec ma copine, si vous voulez vous réchauffer un peu…
-    Non… Non… Ça va comme ça, me dit le plus vieux de plus en plus méfiant.
-    Vous avez peut-être vu ma copine, c’est la jolie blonde qui attendait sur le parking. Elle vous trouve mignons.

Mignon. Franchement, je me demande où j’ai été cherché cet adjectif en voyant le plus âgé écarquiller les yeux, mais je perçois dans le visage du plus jeune l'esquisse d’un sourire et un regard en coin. Si les femmes ont un radar pour détecter leurs rivales potentielles, les hommes voient le vice de leurs pairs à trois kilomètres. Je m’approche du jeune et joue mon va-tout : « elle aime les beaux blacks ». Le gars me sourit plus franchement puis s’adresse à son acolyte toujours sur la défensive. Je ne comprends pas tout, mais je saisis les grandes lignes de l’argumentaire : Primo, un coup gratuit ça ne se refuse pas, et les épouses du vieux restées au village seront bien contentes de recevoir, en plus des économies sur son maigre salaire, le prix de la passe mensuelle avec Fatoumata du foyer Sonacotra. Secundo, il passerait vraiment pour un con s’il rentrait au pays en ayant joué du marteau-piqueur sur tous les chantiers d’Île-de-France sans jamais s’être tapé une toubab. Tertio, il fait froid dêh. Le jeune se tourne vers moi : « OK, on te suit, mais papiers là, on pourra remplir ça dans la chambre ?
-    Sans aucun souci que je lui réponds » en sentant maintenant monter la pression sur mes frêles épaules.

loup.pngEn entrant dans la chambre, je suis saisi par l’atmosphère surchauffée d’effluves de baise. Sarah est sous les draps. Malgré la pénombre, je saisis une lueur d’inquiétude dans son regard en me voyant entrer suivi des deux compères. Je me demande si je n’ai pas poussé le curseur un peu trop loin, mais maintenant que le vin est tiré… Sarah se redresse d’un coup d’orgueil et lance un « salut les gars » qui m’épate de bravache. «  Moi c’est Jennifer ! » poursuit-elle en ponctuant sa présentation d’une moue suggestive qui ne lui ressemble guère. Elle a remis sa lingerie avantageuse et j’ai l’impression d’avoir à mes côté deux mimes du loup de Tex Avery. « Bonjour ma gazelle, moi c’est Boubakar, mais tu peux m’appeler Boub ! » dis le plus jeune des deux en s’approchant. » Il s’assied au chevet de Sarah et soupèse directement ses seins plantureux :  « Eh la go t’es seincère dêh !
-    Tu m’as l’air bien gréé toi aussi, mais tu ne veux pas prendre une douche pour être plus à l’aise ?
-    Tout de suite ma colombe. T’envole pas ! »

aya3.jpgEn quelques secondes, je suis passé de Tex Avery à Aya de Yopougon. Tandis que Boubakar se précipite dans le cabinet de toilette, son acolyte reste pétrifié au pied du lit, son certificat de cession toujours en main. « ça va ? lui lance Jennifer,  tu ne serais pas un peu timide ?
-    Oui…
-    Comment tu t’appelles ?
-    Dramane.
-    J’ai l’impression que je ne te plais pas !
-    Si… mais… je sais pas ô… j’ai pas trop l’habitude…
-    Crois-moi, moi non plus ! Assieds-toi, mets-toi à l’aise, on va voir si je te plais ou non, puisque tu ne sais pas… »

Éberlué à mon tour, je vois Sarah se redresser, à genoux sur le lit, prendre des poses provocantes, offrant aux yeux exorbités de Dramane une vue plongeante sur son décolleté, à quatre pattes, ses fesses rebondies entre lesquelles disparait le liseré de son string pourpre, sur le dos, ses jambes gainées de bas nylon dressées vers le ciel. Le pauvre homme, bouche bée, n’en perd pas une miette, esquissant pour seul mouvement celui de sa verge qui déforme peu à peu son pantalon. « On dirait que je te plais » annonce Jennifer en terminant son show tandis que Boubakar sort de la douche. Il est nu, avec une serviette blanche autour des reins, tendue comme une grand-voile bordée sur son phallus en bôme. Bien gréé, c’était le mot.

Boubakar ne tarde pas à rejoindre Sarah sur le lit, plonge son nez entre les seins offerts alors qu’elle découvre la mâture du bout des doigts. Elle me jette un regard ambigu tandis que je me déshabille à mon tour, et que Dramane opère un repli stratégique dans le cabinet de toilette. Je crois qu’il ne faudra pas trop compter sur lui pour faire le troisième. Boubakar est au contraire tout feu tout flammes. Sarah doit tempérer ses ardeurs pour qu’il n’escamote pas les préliminaires, mais en entrant à mon tour dans la danse, tout s’emballe : à peine a-t-elle commencé à me sucer, à quatre pattes, qu’il la prend en levrette. « T’inquiète pas ma gazelle, j’ai mis le protège tibia » lance-t-il en lui enfonçant profondément son chibre. Elle gémit, se mort les lèvres, ses yeux perdus dans les miens. Je vois poindre des larmes à la commissure de ses paupières. Des larmes de bonheur, sans doute.

À suivre…

03 mars 2014

Tutoiement - 1

Sarah et moi nous sommes toujours vouvoyés. Notre relation épistolaire était emprunte d’un dandysme suranné, que nous avions su conserver aux moments les plus doux, au point que ce vouvoiement était devenu naturel entre nous. Ami lecteur, si vous voulez comprendre comment peut s’instaurer une telle communication entre amants, je vous invite à lire « sans vain cœur ni vain cul », mais autant vous prévenir tout de suite, c’est une longue histoire.

Toute règle ayant son exception, Sarah m’impose un jour d’y renoncer le temps d’un jeu de rôle : Elle me donne rendez-vous sur le parking de l’hôtel Première Classe de Plaisir (ça ne s’invente pas) avec Jennifer, une salope de bas étage qui, je cite : « attendra son beauf pour satisfaire ses pulsions animales, voire bestiales, le temps d'un coït à l'extrême ». Le défi est clair : s’abandonner au sexe brut, sans limite, sans la moindre tendresse ni ce vouvoiement désuet que nous avions adopté depuis le début de notre liaison.

premiereclasse.png

Ce Vendredi 7 janvier 2005, j’arrive sur le parking presque désert. Deux africains palabrent autour d’un vieux tacot, et Sarah m’attend quelques mètres plus loin, jupe en cuir et veste assortie. Je me gare, sors de ma voiture et m’approche de Sarah.

«   Jennifer ?
-    Salut ! C’est donc toi Vagant ? On va voir ce que t’as dans la culotte !
-    T’inquiète ma salope, tu vas en prendre pour ton grade. »

Le ton est donné. On monte les escaliers extérieurs et on entre dans la chambre minimaliste. Là, tout se passe très vite. En quelques secondes, nous sommes à moitié nus, son téton dans ma bouche, ma queue dans sa main. Quelques minutes en plus et quelques vêtements en moins, ma queue dans sa bouche et ma langue dans sa chatte, elle arrête de me sucer pour me dire « mets la moi dans le cul ! ».  Je ne me le fais pas dire deux fois. Un moment après, allongé sur le dos et ma verge au zénith, j’encule Jennifer suspendue par les bras au lit en mezzanine qui surplombe le nôtre. « Tu aimes te faire défoncer le cul, hein ? Salope ! » que je lui dis. « Je vais essorer ta gosse bite de queutard » qu’elle me répond, avant d’entamer une danse du bas ventre endiablée qui, effectivement, vient vite à bout de mon plaisir.

Elle s’écroule sur moi tandis que je reprends mon souffle.

«   C’est tout ? qu’elle me dit, je voulais me faire défoncer le cul et la chatte !
-    Tu veux que j’aille chercher les deux grands blacks sur le parking ? »

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Ami lecteur, j'aimerais lire pour commentaire la suite potentielle de cette histoire bien réelle. Jennifer a-t-elle joué le rôle jusqu'au bout et m'a dit "banco" ? Me suis-je dégonflé ou ai-je ramené les deux gars dans la chambre ? Ont-ils accepté ou refusé cette offre ? Au plaisir de vous lire...


A suivre…

06 janvier 2014

Bleu comme l’enfer ?

Les apparences sont trompeuses, pour le meilleur comme pour le pire. On s’attendait à une cascade de plaisirs luxurieux ? On ne trouve qu’ennui et dépit. On imaginait des cris et des larmes ? Ce sont des cris de plaisir et des larmes de jouissance dont on s’abreuve. Ainsi n’imaginiez-vous probablement pas que le paradis se cache dans une sordide ruelle de Paris. Pour le trouver, il faut écarter le rideau pourpre d’un sex-shop, essuyer le regard cupide des professionnelles du sexe, ignorer les moues concupiscentes des clients, arriver jusqu’au comptoir entre les godemichés et les vidéos pornos, et demander une heure au paradis. On vous conduit alors dans un improbable dédale de couloirs et d’escaliers, jusqu’à une petite porte noire qu’on ouvre prestement, celle du paradis. En vérité, ce n’en est que l’antichambre bleu azur. Les portes du paradis terrestre, les vraies, il n’y avait que Mathilde pour me les ouvrir.

Quelques années auparavant, c’est sous la voute étoilée d’une chambre rococo de la villa-royale que nous touchâmes l’extase pour la première fois. La chambre paradis-tentation du love hôtel de la rue St Denis n’a certes pas le même faste, mais la décoration de cette alcôve providentielle, découverte au hasard de notre irrépressible désir, présageait aussi du septième ciel.

hôtel, paradisMathilde et moi nous assîmes sur le lit, presque timidement, avant que nos lèvres pèlerines retrouvent le chemin du plaisir. Les miennes se perdirent d’abord sur son épaule dénudée, et mes doigts à l’orée de son soutien-gorge vivement dégrafé, tandis que ses lèvres ardentes me brûlaient le cou et qu’elle déboutonnait ma chemise. A peine avais-je eu ses seins pointus dressés entre mes doigts que nos vêtements volèrent dans la pièce parmi les angelots et les nuages en cœur. Qu’il était bon de retrouver ma fervente amante, tremblante de désir et bientôt de plaisir quand je lui butinai la vulve puis y plongeai une langue goulue. Mathilde retourna rapidement la situation de peur de jouir trop vite, et elle me prit en bouche avec gourmandise, son intimité hors de portée de mes audacieuses caresses. Allongé sur le dos, je sentais les cheveux de Mathilde me caresser le ventre pendant qu’elle me suçait alternativement le gland et les couilles, tout en jouissant du spectacle de son corps élancé que me renvoyait le miroir accroché au plafond.

Je brulais d’envie de planter mon dard dans sa petite chatte crémeuse et mes yeux dans les siens. Je la pénétrai doucement, nos regards émus d’amour sur nos visages éperdus de plaisir. Mon Dieu qu’elle était belle quand elle me regardait comme ça ! Mon Dieu qu’elle était belle avec ces yeux-là ! Ils me donnaient une énergie d’éphèbe, à moi le vétéran de la baise. Quand on aime, on a toujours vingt ans. Le tenon de ma queue mortaisé à ses hanches, je la taraudais de jouissance tout en interprétant le Kamasutra sans nous déprendre, du bateau ivre à l’andromaque, du lotus au compas grand ouvert, inventaire à la pervers qui s'acheva en tendres petites cuillères pour accueillir notre orgasme. Je repris mon souffle tout en achevant de lui faire perdre le sien, d’un doigt dressé à débusquer son clitoris turgescent aussi surement qu’un chien d’avalanche retrouve les skieurs ensevelis. Le moins que je puis dire est qu’elle n’était pas de glace, et si j’étreignis entre mes bras son corps tremblant, c’était de l'extase que je venais de lui donner.

Les cérébraux insatisfaits pensent que « le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier » ; pour les hommes de peu d’esprit, ce n’est ni avant, ni après, mais pendant, et certains mufles vont droit à leur pauvre but avant de jeter leur proie comme un kleenex usagé; pour les amoureux c’est dans la tendresse juste après. Non pas parce que ce serait enfin terminé, mais au contraire parce que le désir qui se nourrit l’un de l’autre peut renaitre de ses cendres. Ainsi  sentis-je ma Naïade se faire de plus en plus chatte au creux de mes bras, frottant ses fesses contre mes hanches tout en minaudant avec des regards de braise, alors que je m’interrogeais sur l’étrange volet roulant situé à la tête du lit Ce volet s’ouvrait-il sur une fenêtre donnant sur l’extérieur ? J’appuyai sur le bouton de commande et ma belle sur d’autres organes sensibles : le volet, pour ainsi dire la jalousie, s’ouvrit sur l’enfer.


hôtel, enferDe l’autre côté de la fenêtre inamovible, une autre antichambre similaire à la nôtre mais inversement décorée en suite infernale, invitait succubes et incubes à la débauche. Je ne restai toutefois pas longtemps à contempler cette géhenne de pacotille, car mon attention fut captivée par un horizon autrement plus excitant au paradis : Mathilde, agenouillée sur le lit, les cuisses écartées et les bras en croix sur le matelas, m’invitait à la luxure :

-    Et mes fesses ? Elles te plaisent mes fesses ?
-    Elles sont somptueuses ma chérie.
-    Et mon petit trou aussi ?
-    A croquer !
-    N’hésites pas à joindre le geste à la parole !

Ma langue se jeta sur son œillet froncé comme la petite vérole sur le bas clergé, ce qui ne fit pas pour autant taire ma Naïade particulièrement bien inspirée : « Mouille le, oui, mouille bien ! Tu sais qu’il est à toi, rien qu’à toi ? L’entrée des artistes t’est exclusivement réservée… tu vas venir t’y produire, hein mon chéri ? Dis-moi que tu vas passer par là… dis-moi que tu vas y pénétrer… que tu vas me dilater… m’ouvrir comme un fruit mûr… regarde c’est déjà ouvert pour toi… viens ! N’attends pas, j’en peux plus… Encule-moi ! »

02 juillet 2008

La nuit démasque (6)

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    - Je ferai avec ces hommes ce que tu me diras, lui dit-elle de sa bouche incendiaire avec un délicieux accent italien, je ferai tout ce qu’il te plaira !

    Alexandre accepta volontiers le rôle de dominateur dont il venait d’être investi. Grâce au tutoiement qu’elle venait d’utiliser – mais pourquoi cette petite garce s’était-elle ainsi adressée à lui, et en Français de surcroît ? - il imagina qu’elle n’était autre que sa femme. Mais une femme générique, sans identité véritable, légère et interchangeable. Pas Aurore. L’ombre d’un instant, l’espace d’un jeu, sa femme était devenue cette libertine excitante en diable qui s’abandonnait à plusieurs hommes à la fois. Sans même s’en rendre compte, il avait exclu Aurore du champ de sa pensée, pour pouvoir jouer au candauliste avec cette inconnue qui adoptait si bien le rôle d’épouse lubrique, et fuir lâchement ses angoisses dans l’obscénité du sexe.

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12 mai 2008

La nuit démasque (5)

Masquerade par ~mythfairy sur DeviantART
 
    L’inconnue leva les yeux et tendit une main tremblante vers le nouveau venu qui se penchait vers elle. Il avait les mains jointes en avant, prêtes à accueillir celle de cette martyre avec toute la compassion que lui permettait sa lâcheté naturelle. Dans cette posture, il avait l’air patelin du prêtre qui donne les derniers sacrements au condamné. La suppliciée ne s’y trompa pas en dédaignant ce bouclier de bonne conscience. Elle esquiva les mains d’Alexandre pour l’atteindre à l’endroit qui faisait de lui un homme, un vrai. D’un geste leste, elle eut son sexe en main. Alexandre constata avec horreur qu’il bandait plus que jamais. Face à lui, l’autre homme lui adressa un sourire coquin tout en faisant coulisser la tige de la cravache dans la raie de la victime qui, dans un même mouvement, fit coulisser ses lèvres humides tout au long de la hampe d’Alexandre, de son gland arrogant jusqu’à ses couilles molles.

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05 mai 2008

La nuit démasque (4)

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    Instinctivement, il se massa les couilles à travers le pantalon de son costume tout en regardant une jeune coquine au corps de liane. Sur un lit de fortune, tout juste couverte par un déshabillé de dentelles rouges, elle goûtait l’imposante queue d’un hidalgo passablement excité, tandis qu’un marquis avide étanchait sa soif entre les cuisses de la jeune fille gracile. Survolté comme il l’était, on l’entendait grogner de plaisir tandis qu’il enfonçait sa langue inquisitrice.

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28 avril 2008

La nuit démasque (3)

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    Alexandre ne refoule pas l’idée que Daniel touche Aurore. Sa langue glisse sur ses lèvres, intimes. Daniel la lèche plus qu’il ne l’embrasse. Sa langue coule dans la fente ruisselante aux replis de nacre pourpre. Aurore gémit, elle dit « non » tout doucement, elle dit « c’est mal », accentuant le ‘a’ trop grave pour être honnête. Alexandre la rassure, susurre des mots sirupeux : parenthèse, plaisir, ouverture. Il lui donne les excuses qu’elle attend autant que de la verge raide dans sa croupe fendue. Pousser par derrière tandis que Daniel lèche par devant, dedans et aux abords, farfouille dans toutes les encoignures, engloutis des flots de cyprine et une couille de temps en temps. Déraper dans la mollesse du cul qui s’encastre comme sur un platane. S’arrêter de pousser pour essayer de sentir les froncements de l’œillet sur le gland. Reprendre. S’enfoncer millimètre par millimètre. Enculer Aurore en lui disant combien il l’aime…

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21 avril 2008

La nuit démasque (2)

c8c7d8772c370a77fe486bdd2c4a5b84.jpg    Alexandre s’était attendu à voir un lieu de ténèbres et d’obscurité ; mais il fut surpris d’en voir un bien éclairé, d’un seul tenant et sans colonne, dont les murs peints d’une couleur blanc crème donnaient une atmosphère apaisante typique à l’esthétique palladienne. Les fenêtres en demi-lune, le long du bord du plafond, dispensaient un flot de lumière propre à flatter les tableaux qui y étaient accrochés. Les yeux d’Alexandre ne furent malheureusement pas captivés par la vue d’Aurore, mais par une toile inquiétante de Giambattista Tiepolo : le martyre de St Bartholomé, dans laquelle l’énorme couteau de l’exécuteur forme un contraste dramatique avec la pâle chair vulnérable de la victime. Alexandre courut hors de l’église avant même que de sinistres pensées ne soient parvenues à sa conscience.

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14 avril 2008

La nuit démasque (1)

1ba7119075da1900ab16c67c96d29a1a.jpg    Son visage de pâtre grec encadré de boucles brunes respire la sérénité de l’atmosphère douce et feutrée. Son bras droit, replié au dessus de sa tête, se perd dans la mollesse des coussins à franges. Le gauche sort timidement de sous les draps. Il se tend lentement vers la droite dans un mouvement imperceptible. Son index qui semble glisser langoureusement entre les étoffes soyeuses évoquerait presque celui de l’Homme au plafond de la chapelle sixtine. Sauf que lui ne rencontre rien. Le vide. L’absence. Ni Dieu ni femme.

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09 avril 2008

Un vague amant (6)

Dunes_02 par Declic95 sur Deviant ART

   Gatwick au petit matin. Ninon est encore endormie. Ma main flotte sur son pubis, s'enfonce dans sa forêt soyeuse, explore son intimité tranquille. Mon doigt glisse sur sa vulve, entre ses lèvres, tout doucement, dans un lent va et vient. Chaque phalange de mon doigt effleure son clitoris quand il plonge en elle. Dans son demi sommeil, Ninon soupire d'aise, ouvre les cuisses à ma caresse. Mais ma main continue patiemment, sans s'affoler, confiante de détenir enfin la clef de son plaisir. Ma caresse se fait plus profonde, plus pénétrante, mais toujours aussi légère quand, au reflux, mon doigt mouillé titille son clitoris incrusté entre les plis de ses chairs. Ses gémissements de plaisir confirment mon intuition. Réveillée pour de bon, elle m'attire entre ses cuisses. Je caresse son visage, elle suce mon doigt, j'ai compris le message : à ma langue de poursuivre. Elle décharge son orgasme dans ma bouche avide de jouissance.
   Si ma bouche est gourmande, la sienne est savante : c’est avec ses lèvres qu’elle enfile mon préservatif. Elle me demande de la prendre tout de suite, en levrette. Je m’apprête à la pénétrer doucement quand elle s'empale d'un coup de reins. C’est elle qui mène la danse en me guidant par la verge, balançant ses hanches au rythme de son plaisir, un coup à droite, un coup à gauche. Elle a le cul rock’n’roll. Elle me baise gaiement, c'est délicieux et j’en ris, d'un rire enfantin en découvrant comment elle me fait l'amour. C’est si ludique, avec une sensualité si différente de celle à laquelle j’ai trop l’habitude. En changeant de femme, j’ai l’impression de perdre un nouveau pucelage.
   Je reprends la main d’une claque sur ses fesses. Je glisse un doigt dans son anus, pour sentir mon phallus à travers elle. Pour la première fois, je touche du doigt les sensations que peuvent procurer le va et vient de mon sexe, de plus en plus rapide, de plus en plus profond, là où j'explose.

 À suivre…

07 avril 2008

Un vague amant (5)

In Bed Massage by ~photophiend sur Deviant ART

   Gatwick, en pleine nuit. Nous rentrons enfin au Bed & Breakfast après une épuisante odyssée ferroviaire. Arrivés dans la chambre à la fois kitch et cosy, en un mot british, nous décidons qu’un petit massage nous fera le plus grand bien.
   Quand je sors de la douche, vêtu d'une simple serviette autour de la taille, Ninon est déjà étendue sur le ventre dans la même tenue. Elle me propose d'abord de "faire la crêpe", selon son expression, et puis nous inverserons les rôles. J'étale l'huile de massage parfumée sur son dos. Elle soupire au contact du liquide froid, soupirs d'aise lorsque je commence à étreindre ses épaules, sa nuque, massant systématiquement chaque vertèbre, descendant de plus en plus bas, jusqu'au coccyx, avant de remonter le long de ses flancs, pour recommencer encore et encore. Ensuite je masse langoureusement ses jambes, ses mollets, ses cuisses, toujours plus haut. Je finis par ôter la serviette pour masser ses fesses rondes et fermes. Je les malaxe à pleines mains, découvrant à l’envie son oeillet rosacé à chaque fois que j’ouvre sa croupe. Je me demande si je vais y connaître pour la première fois les joies de la sodomie. Comme elle se cambre, je vois même sa petite forêt grise qui envahit son intimité lippue. Je n'irai pas plus loin.
   Rétrospectivement, je réalise en écrivant ces lignes que j'aurais dû masser la vulve qu'elle me tendait. Mes gestes n'ont pas coulé comme ils auraient dû, dans le tempo du désir.
   Comme convenu, elle me prodigue un délicieux massage où elle étale autant d’huile que de talent. À sa demande je lui masse longuement les pieds, et finalement, ma langue maladroite s’aventure dans son intimité.

- Tu connais la rape à fromage ? me demande-t-elle en rigolant.
- C’est une position du kamasoutra ?
- Non, c’est l’impression que me donnent tes poils de barbe contre ma vulve.
- Ah ! Désolé… il est tard, ça a poussé depuis ce matin…
- Tu ne veux pas te raser ?
- Si… j’y vais.

   Quand je reviens de la salle de bain, l’ambiance est un poil retombée. Nous nous caressons mutuellement et je finis par la prendre, bêtement, en missionnaire. Je jouis tout seul, comme un con. Elle s'endormira dans mes bras sans que j’aie su lui donner le plaisir attendu.

 À suivre…

05 avril 2008

Un vague amant (4)

Waiting at the pole by *film400 sur Deviant ART

    Shoreditch, 21h. La devanture du Metropolis plaquée sur une terne façade de brique rouge me fait penser à un string à paillettes sur les fesses d’une vieille dame. Immanquable. À peine avons-nous franchi le sas d'entrée de cette boîte de strip-tease, que nos yeux sont captivés par une rousse sculpturale dont la nudité est offerte à des dizaines de regards blasés.
   Ninon, subjuguée, prend ses quartiers devant la scène pour ne plus en bouger, pendant que je lutte parmi des yuppies en costume pour récupérer deux bières. Je la rejoins pour contempler les effeuillages dont la variété me laisse pantois : lascifs ou acrobatiques, érotiques ou esthétiques, aussi variés que les beautés qui se succèdent sans répit, ils suscitent nos commentaires goguenards ou admiratifs, qualifiant la courbe d'un sein, le galbe d'une cuisse, le grain d'une peau, la souplesse des reins ou les poses suggestives. Ces numéros confortent Ninon dans sa bisexualité, d'autant plus que toutes les artistes la gratifient d'un sourire dont l’apparente complicité masque bien leurs attentes commerciales.
   Nous sommes particulièrement impressionnés par une métisse au corps de liane, qui effectue un strip-tease acrobatique digne d'un programme de gymnastique, virevoltant autour d'une barre verticale promue au rang d'agrès, mais qui me suggère plus d'émotions esthétiques qu'érotiques, et davantage d'admiration que d'excitation. Nous ne la quittons pas des yeux alors qu'elle quitte la scène dans l'indifférence générale. Quelques instants plus tard, elle vient nous saluer et nous propose une séance de table dance. « OH YES ! » s'écrie Ninon avec un enthousiasme surprenant .
   Nous suivons la danseuse dans une salle à l’écart. Sur une scène miniature, une jeune blonde s'exhibe face à un homme d'affaires bien mûr. Notre belle métisse monte sur la scène qui jouxte notre banquette. J'avoue ne plus avoir d'yeux que pour cette jeune femme à la peau tabac, qui se dénude avec sensualité, exhibant ses charmes les plus intimes dans des postures acrobatiques à quelques pouces de nos visages vermillons d’émotion. Elle conclue son chaud show par sa spécialité : tout en nous regardant entre ses jambes écartées, elle parvient à faire cliqueter comme des clochettes les piercing qui ornent ses lèvres intimes. L’originalité vient de basculer dans le grotesque.
   Nous quittons la boîte quelques minutes plus tard. Ninon me prend par le bras, ravie du spectacle, mais toutefois déçue de ne pas avoir revu la belle rousse. Son contact me fait plus bander que toutes les créatures que nous venons de croiser.

 À suivre…

02 avril 2008

Un vague amant (3)

0e22c41a6860607aed956e7aaffd215c.jpg   Knightsbridge, 17h. Après avoir fait quelques boutiques à la recherche de je ne sais quel accessoire de mode, Ninon me dit avoir envie de jouer à la pretty woman. Elle joint le geste à la parole en s’engouffrant aussitôt dans une boutique où je la suis comme un mari improbable. Sur les cintres, des robes de soirée clinquantes en côtoient d’autres d’un mauvais goût extravagant. Elle finit par en choisir quelques-unes. J’espère que c’est pour le seul plaisir de m’entraîner vers les cabines d’essayage. À peine a-t-elle fermé le rideau de la cabine que je m’effondre dans un fauteuil club, sans doute installé là pour éviter que les hommes ne se blessent en tombant à la renverse devant les étiquettes. Dans cette boutique, tout est bien au-delà de mes moyens.
   Ninon m’interpelle. Je m’approche du rideau que j’écarte d’une main. Elle tient devant elle une robe scintillante encore sur son cintre, que je regarde à peine. Derrière Ninon, dans le reflet du miroir, la peau blanche de son dos nu est barrée par les bretelles de son soutien gorge, couleur crème. Plus bas, sa petite culotte assortie souligne la rondeur de ses fesses et la pâleur de ses cuisses jusqu’aux mi-bas de nylon. « Je commence par celle-ci ? » me demande-t-elle avec une lueur coquine dans le regard, tout en écartant la robe avec une fausse ingénuité. Aux commissures de ses cuisses, de part et d’autre du triangle de satin, dépassent deux belles touffes de poils.

 À suivre…

31 mars 2008

Sans vain cœur ni vain cul (chapitre 26)

    Inondés de sueur et de sperme, arrimés l’un à l’autre dans l’obscurité silencieuse, nous entendons à peine le monde gronder au loin. Nous, nous glissons l’un sur l’autre comme deux lutteurs huileux, sans vainqueur ni vaincu. Nous vivons une utopie libertine, celle du sexe comme un jeu qui n’influerait pas la relation humaine, aux antipodes du sentimentalisme pour prétexte à un assouvissement sexuel bâclé : sans vain cœur ni vain cul.  

Sans vain coeur ni vain cul - p. 119

wet nudity par ~LaPerleNoire sur Deviant ART
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Cette note termine cette (trop) longue série commencée avec Mission Libertine. Ce n’est pas le point final de ce roman, mais la fin de sa première partie. La suite ne sera pas publiée en ligne pour diverses raisons, dont celle de ne pas ennuyer mes lecteurs avec des textes longs inadaptés au blog. Quant au format pdf, je crois que les 120 pages de la première partie dépassent ce qu’on peut lire sur un écran. En conclusion, ceux et celles qui ont aimé le début liront l’intégralité de ce roman au format papier si je parviens à le terminer, et à le faire publier…

29 mars 2008

Un vague amant (2)

   Oxford Street, 15h. Le froid glacial nous jette dans un bus bien anglais, rouge et à deux étages. Animée par la curiosité, Ninon monte au premier étage où nous avons l'heureuse surprise de ne trouver qu'un passager distrait. Nous nous asseyons au premier rang avec vue panoramique sur cette avenue commerçante. Nous nous en fichons éperdument.
   Je la prends enfin par les épaules pour l’embrasser langoureusement. Elle n'attendait que ça. Je sens sa langue glisser entre mes lèvres. J'y échappe pour perdre ma bouche dans son cou, lui mordiller l'oreille au passage, caresser son visage d’une main. L’autre remonte entre ses cuisses, jusqu'à son entrejambe. Je la masse au travers de son jean. Mes doigts s'attaquent au tissu épais, y ouvrent une brèche, et s'aventurent sur son ventre. Là, ils contournent l'ultime rempart de dentelle, et explorent sa petite forêt. Elle est bien plus touffue que je ne l’imaginais. Ninon soupire d'aise, elle écarte les cuisses, elle tente de s'ouvrir à ma caresse. Mais je n'ai pas les clefs de son plaisir. Le trousseau en main, j’ai beau fouiller, je ne parviens qu'à l'exciter. Notre pittoresque situation, à la vue de tous et de personne à la fois n’est sans doute pas étrangère à ce demi échec.
   Un autre bus nous croise en sens inverse. À l’étage, une vielle dame perdue dans ses pensées. Elle passe à quelques pieds de nous, sans nous voir. « Hello ! » dis-je en levant la main. Ninon sursaute, s'inquiète, rit à ma plaisanterie et s'abandonne à nouveau. Plus pour longtemps : le bus a atteint son terminus bien avant que Ninon atteigne celui de son plaisir. Nous sortons du bus encore plus rapidement que nous y sommes montés. Ninon finit de se rhabiller dans la rue.

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 À suivre…

25 mars 2008

Comment décrire une double pénétration ?

Au vu de la levée de boucliers suite au premier paragraphe de ma dernière note, j’aimerais vous poser une question, ami lecteur : Comment décrire une double pénétration ?
Vous me direz que le cadre ainsi posé est un cliché pornographique en lui-même, ce qui est absolument exact. Mais l’effet cliché est-il pour autant inévitable ? Peut-on écrire quelque chose à la fois excitant sans tomber dans la plus basse vulgarité, relativement original tout en évitant la pseudo poésie et son effet « gnan-gnan » ?
Il me semble que j’ai le choix entre le ressenti « hautement érotique » (si tant est que je puisse espérer tutoyer ces sommets) ou la description « bassement pornographique » dans laquelle je semble m’être vautré, en passant par diverses périphrases entre autres métaphores.
Je vais donc m’essayer à cet exercice « littéraire » et demander aux lecteurs de juger les versions suivantes. J’invite aussi tous ceux qui souhaitent descendre avec moi dans cette arène glissante à écrire leur version en commentaire !

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Description purement pornographique : « Je m’enfonçai lentement dans son orifice anal lubrifié, savourant chaque centimètre de ma poussée inexorable dans son boyau. Lorsque que fus bien au fond, je sentis Yann reprendre sa vigoureuse pénétration vaginale. Prise de toutes parts, Sarah perdait tout contrôle. »

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Ressenti subjectif métaphorique : « Sarah m’ouvrait son corps comme on ouvre son âme, au plus intime. Je ne la prenais pas, non, c’est elle qui m’emportait au cœur d’une excitation irrésistible. Au travers de ses chairs extatiques, je sentis la présence de Yann toute proche. Lui et moi glissions bord à bord sur une mer de sensations, prêts à régater sur une mer bientôt démontée.»

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Images : « J’investis la cave par le soupirail, glissant précautionneusement à l’intérieur tout en savourant chaque centimètre de ma progression. Arrivé au fond, je sentis Yann traverser l’entrée principale pour l’envahir complètement. Remuée de fond en comble, Sarah perdait pied. »

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Ressenti subjectif réaliste : « Sarah sentit son anus lubrifié se dilater lentement sous la pression de mon gland, avant de se sentir possédée par derrière. Elle se savait sodomisée, et cela l’excitait plus que la sensation forte qui n’était pas encore franchement agréable. Toutefois, une douce chaleur l’envahissait peu à peu comme elle imprimait de petit mouvement de va et vient, emportant ma verge dans une valse hésitation. C’est le moment ou Yann guida son phallus imposant à l’orée de sa vulve et poussa à son tour. Sarah eut l’impression qu’elle ne pourrait jamais l’accueillir, que je prenais déjà toute la place. Mais il se glissa en elle malgré tout, au point de l’envahir complètement. Entre nous, Sarah se sentit clouée sur place, incapable du moindre mouvement. Pourtant, elle sentait au fond de ses chairs distendues un plaisir intense, prêt à jaillir au premier mouvement. À peine avions nous commencé à bouger en elle qu’il l’envahit, en un frisson remontant du bas ventre à l’échine, jusqu'à lui faire perdre tout contrôle d’elle-même. »

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Deux blogueurs ont déjà répondu à ma question et ont tenté l’expérience :

Maintenant, à vous de jouer !

24 mars 2008

Sans vain cœur ni vain cul (chapitre 25 - suite)


Nude, Malibu, 2007 by ~DaveR99 on deviantART     Son cul lubrifié accueillit mon vit à fesses ouvertes. Je m’y enfonçai lentement, inexorablement, savourant chaque centimètre de ma poussée. Lorsque que fus bien au fond, je sentis Yann reprendre son vigoureux pilonnage de l’autre côté. Envahie de toutes parts, Sarah se sentit définitivement perdre pied. Son fantasme prenait corps, les deux étalons auparavant sans visage avaient désormais les nôtres, et elle abandonna définitivement tout contrôle. Elle eut l’impression que tout son être se concentrait dans son bas ventre, qu’elle n’était plus que deux orifices labourés en profondeur, plus qu’une déferlante de jouissance qui s’écrasait entre nous comme sur des rochers. C’est lui que j’entendis jouir en premier dans un cri étranglé, et j’éjaculai à mon tour en gémissant. Entre les lèvres de Sarah filait une longue mélopée inarticulée.

     Un peu plus tard, Sarah me rejoignit dans la salle de bain, vibrante d’émotion et de reconnaissance. Elle se lova dans mes bras pour une dernière étreinte, la bouche pleine de sentiments indicibles qui lui sortaient par les yeux.

-  Merci. Merci infiniment Christophe. Vous avez mis la barre si haut… comment, comment pourrai-je….
- Je suis certain que vous saurez me surprendre. Vous gagnerez même nos prochaines joutes, une fois de plus. Vous savez bien que vous êtes la meilleure, de nous deux.

Sans vain coeur ni vain cul - p. 115

Lire la version corrigée et la suite...

17 mars 2008

Sans vain cœur ni vain cul (chapitre 25)

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    En voyant Sarah sucer Yann avec application, je ne ressentis rien d’autre qu’un surcroît d’excitation sexuelle. Ses lèvres ourlées semblaient s’apprêter à donner un baiser au bout du gland incarnat, mais elles s’ouvraient lentement au fur et à mesure qu’elle le gobait, jusqu’à avoir la bouche grande ouverte pour enfourner son pieu autant qu’elle le pouvait. Au retrait, ses joues se creusaient et ses lèvres s’agrippaient à la colonne de chair comme une ventouse, laissant derrière elles un filet de salive luisante. Elle alternait ces sucions profondes avec le léchage du gland en exhibant sa langue rose, comme une gamine vicieuse lèche un cornet glacé, le plus salement possible, tout en nous regardant alternativement droit dans les yeux. Yann retenait son souffle. Moi, j’étais au spectacle.

- Ça à l’air bon ! dis-je.
- Vous voulez goûter ? répondit-elle du tac au tac en me tendant la verge raide dont elle tenait la base.
 

Sans vain coeur ni vain cul - p. 111

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12 mars 2008

Suggestions et stéganographie érotiques

    Le docteur Cénas jouissait d’une notoriété départementale. On peut même affirmer qu’il était une véritable célébrité communale, et à ce titre le convive le plus en vue aux dîners mondains du sous-préfet. C’était en ces mémorables occasions que le pétulant docteur Cénas donnait toute la mesure de sa Science, dont les traitements de chocs si imaginatifs étaient illustrés d’anecdotes croustillantes qui n’épargnaient que les convives présents. Tenu au secret médical, il ne révélait pas les noms de ses patients, mais il n’était pas nécessaire de s’appeler Sherlock Holmes pour deviner quelle comtesse avait été guérie de sa constipation légendaire grâce à des lavements au bicarbonate de soude. Il y avait toutefois un cas qu’il ne mentionnait jamais, bien qu’il le préoccupât constamment, celui de Madame Auber, épouse de Monsieur Auber, pharmacien à Saint-Victor-sur-Loire.

    Lorsque Monsieur Auber fit appel au docteur Cénas, c’est parce que ce médecin était assez proche pour que sa brillante réputation lui parvînt, et assez éloigné pour qu’on ne jasât pas plus qu’on ne le faisait déjà. L’affaire était délicate, et Monsieur Auber ne savait plus par quel bout la prendre : menaces, injonctions, douches glacées, bromure et narcotiques réunis, le pharmacien avait tout essayé pour tenter de guérir son épouse, rien n’y faisait, elle demeurait insatiable. S’il ne l’avait pas aimée, l’affaire aurait été vite réglée et le divorce prononcé aux torts de la nymphomane. Mais voilà, non seulement il n’avait jamais eu la preuve qu’elle l’eût trompé, et quand bien même eût il su une telle infidélité, il l’aurait bien pardonnée tant que tous ne la sussent pas. Car Monsieur Auber avait fait un mariage d’amour maquillé en mariage de raison.

    Issu de la petite bourgeoisie Stéphanoise, Monsieur Auber venait d’ouvrir une modeste officine lorsqu’on lui avait présenté Mademoiselle Clémence de St Hilaire, un parti plus beau qu’il ne pouvait en espérer. Non seulement cette fille unique était issue d’une vieille et riche famille de propriétaires terriens, mais elle avait reçu la meilleure éducation dans un strict pensionnat catholique et surtout, elle était d’une grande beauté. Lui n’était pas laid, mais il était si gourmand que l’embonpoint avait fini par déformer ses traits.
    La première fois qu’il vît Mademoiselle de St Hilaire, il fut bien sur frappé par sa carnation pâle, ses traits de porcelaine, ses cheveux de jais ramassés en un chignon délicat qui mettait en valeur la finesse de sa nuque, et toute la noblesse de son allure. Mais il fut littéralement envoûté par ses grands yeux tristes, d’un noir profond, qui brillaient néanmoins d’un éclat fascinant. Quelques semaines plus tard, les noces étaient expédiées. Il en gardait un souvenir ému, non pas pour les sobres festivités mais pour la nuit nuptiale.

    Contre toute attente, ses rares expériences préalables et tarifées lui apparurent incomparablement plus fades que les transports trépidants de sa nuit de noce, au cours de laquelle son épouse montra un goût prononcé pour les mots autant que pour la chose. L’éventail de son champ lexical était aussi large que celui des pratiques auxquelles elle se livra, ainsi que les voies pour mener à bien ses aspirations sensuelles désormais légitimes. Le moraliste arguerait sans doute qu’elles étaient bien au-delà du devoir conjugal, fût-il accompli avec tout le zèle qu’autorisent les saints sacrements du mariage, mais le jeune pharmacien n’était pas fâché que son épouse ne lui refusât rien qu’il pût imaginer. Enivré de désirs, il but le nectar de leur union au calice de son égérie, jusqu’à la lie. Six mois plus tard naquit un robuste petit garçon.

    En pénétrant dans la pénombre de la chambre à coucher des Auber, dont les volets étaient clos et la porte fermée à clef, le docteur Cénas s’attendait à trouver une jeune mère neurasthénique. Madame Auber gisait dans son lit, à peine recouverte d’une chemise de nuit défaite qui s’ouvrait sur sa gorge haletante. Le drap repoussé dévoilait ses jambes jusqu’aux cuisses frémissantes, dont la peau glabre semblait luire d’une mauvaise fièvre.
    Lorsqu’il s’assit au chevet de la malheureuse, celle-ci tourna vers lui un visage si pâle, aux yeux charbonneux si luisants, un visage si touchant en vérité que le docteur en fut tout ému. D’une main fébrile mais étonnement forte, elle saisit le poignet du docteur en le suppliant de la soulager du feu qui la consumait de l’intérieur, qui n’avait de cesse de la tourmenter, elle et son brave époux épuisé, et tout en disant cela, elle attirait vers elle le bon docteur pour qu’il l’examinât en profondeur. Il interrogea du regard le pharmacien abattu au pied du lit, fit mettre un peu de lumière et il palpa tant et si bien sa patiente gémissante qu’elle se répandit en chaleureuses effusions.
    Malheureusement, son soulagement fut de courte durée, et le docteur s’était à peine rhabillé que la pauvre femme était prise de nouveaux tremblements sous le regard accablé de son mari. Le docteur Cénas tenta alors de masquer son impuissance à combler de telles attentes avec un lieu commun énoncé sur un ton docte : « Il faut combattre le mal par le mal ». « Oui, le mâle ! » renchérit Madame Auber avec un tel accent de sincérité que le docteur Cénas ne trouva pas l’idée si mauvaise. Il s’en félicita même, tandis qu’un nom lui venait à l’esprit : Paul Duboeuf, dit Paulo le Boucher.
    « Il va falloir être courageux » dit le docteur Cénas plein de compassion envers le pharmacien amaigri par les soucis et les efforts déjà fournis.

    Les doigts des bouchers ont parfois une certaine ressemblance avec les saucisses qu’ils manipulent. Cylindriques, les phalanges à peine marquées, les ongles engoncés dans une chair exubérante, chacun des doigts de Paul Duboeuf ressemblait déjà à une saucisse de Francfort. Mais Paulo le Boucher poussait le zèle jusqu’à incarner tout son fond de commerce : des cuisses épaisses comme des jambons de Bayonne, un poitrail de bœuf, une encolure de taureau, et une tête de veau où roulaient ses gros yeux humides au regard bovin. S'il eût pu inscrire sa colossale carcasse au concours agricole, il aurait remporté le premier prix dans toutes les catégories.
    Le docteur Cénas avait rencontré ce phénomène au début de sa carrière, quand il faisait ses premières armes en tant que médecin militaire. Le colosse avait été mis au trou pour avoir littéralement démonté toutes les filles à soldat qui avaient eu le malheur de croiser sa route. L’expertise médicale du docteur Cénas avait été déterminante pour sortir Paulo de ce mauvais pas : non seulement le pauvre garçon soufrait de priapisme, mais la nature facétieuse l’avait pourvu d’un organe calibré comme un saucisson à l’ail, dont le fougueux jeune homme ne savait tempérer les ardeurs.
    Afin de s’amender lorsqu’il eut repris la boucherie de son père à Besançon, Paulo s’était lancé dans la fabrication des préservatifs en boyau d’ovins au profit de la maison close locale. Il avait fini par en épouser la tenancière, une veuve qui en avait vu d’autres, et qui avait aussi vu l’intérêt qu’elle pouvait tirer de cette union : elle organisait de célèbres bacchanales estivales dans le jardin de son établissement, dont Paulo pouvait assurer l’approvisionnement.
    Fidèle en amitié, Paul Duboeuf se sentait encore redevable envers le docteur Cénas. Ce n’est pourtant pas la seule raison qui poussa les Duboeuf à accepter sa curieuse proposition.

recto...    Quelques jours plus tard, les Auber étaient plongés en pleine cure de chair : pendant que Madame était livrée aux mains du boucher, Monsieur était aux bons soins de la tenancière. Bienheureuse de ne pas avoir à endurer quotidiennement son char d’assaut de mari, Madame Duboeuf avait tout le loisir de s’adonner sans retenue à son péché mignon : la cuisine. Attablé du matin au soir en attendant les rares apparitions de son épouse, le pharmacien devait affronter les extravagances culinaires de son hôtesse.

    Rien que le petit déjeuner aurait rassasié un ogre: de la chiffonnade de jambon, des dentelles de gruyère, du lait frais à peine jaillit de la mamelle, l’orange aussitôt pressée, du rocamadour moulé à pleines mains ainsi que les miches de pain encore chaudes. Cela ne marquait que le début des hostilités, car pendant qu’il croquait tout cela avec un certain plaisir, surtout pour le croissant, elle lui préparait des œufs qu’elle saisissait à feux vif, ou plus délicatement : ses fameux œufs mollets aux lardons, avec lesquels il pouvait faire une mouillette à la confiture en attendant que la saucisse soit cuite à point. Car à peine avait-il terminé qu’elle préparait déjà la table pour midi. Lorsqu’elle était bien dressée, elle retournait en cuisine tandis qu’il se suçait encore le bout des doigts, salivant malgré lui pendant qu’elle chantonnait à la simple évocation du plaisir qu’elle allait prendre à tout lui faire engouffrer !

    Dès qu’il était midi, le déjeuner était prêt, et il était temps de passer aux choses sérieuses : après les petites bouchées financières et autres mignardises, crevettes au beurre, turbot sauce mousseline… peu à peu, Auber sentait qu’il s’enfonçait lentement, entre les cuisses de cailles à l’orange et les huîtres ouvertes, comme dans une douce béatitude, en remplissant la béance de son gosier extatique. Cela n’était pourtant que le coup d’envoi de va-et-vient effrénés entre la salle à manger et la cuisine, véritable marathon gastronomique qui se poursuivait tout au long de l’après-midi. Il ne cessait que pour dilater son estomac à l’occasion d’un petit trou normand, dans le seul but de mieux le lui remplir par la suite.

    Le soir venu, les filles sortaient de leur tanière avec l’arrivée des clients réguliers, ou d’autres hommes. Madame Duboeuf, même si elle était abondamment sollicitée, ne délaissait pas sa cuisine pour autant: pintade sautée au fenouil sur canapé, truite saumonée arrosée de chablis, consommé de crème d’asperge entre autres plats jaillissaient de ses fourneaux, sans qu’elle ne ressente rien d’autre qu’une folle allégresse à faire la cuisine comme son époux à faire l’amour. Auber, en revanche, était au bord du renvoi tant il l’avait avalée, cette cuisine  pantagruélique, de la poularde fourrée jusqu’à la crème de marron à la moelle. Parfois, une des filles venait lui tenir compagnie tandis qu’il s’attaquait aux desserts, Saraudin de fraises glacées ou pièce montée mousseline bourguignonne, et qui l’achevait d’une langue de chat.

verso    Après trois semaines de ce régime, les Auber prirent congé, définitivement guéris de leur penchant : ils avaient atteint l’indigestion escomptée.

 

 

 

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Cette nouvelle est ma réponse au défi lancé par le Cartophile : écrire une nouvelle inspirée par la carte postale qui illustre cette note. Je m’en suis imposé un autre : écrire un texte dont l’érotisme n’est que suggéré, voire même caché.

Je vous invite à lire les autres histoires à partir de là…

Toutes les histoires de la carte 22


 

11 février 2008

Mission libertine - XIII

    En tout et pour tout, Sarah en avait pour une heure. Elle devait sortir du parking, prendre le boulevard Saint Germain, tourner au carrefour de l’Odéon et filer sur les quais tout au long de la Seine jusqu’au pont de la Concorde. À partir de là, elle devrait traverser la place du même nom, puis celle de la Madeleine, et aussi tout le Boulevard Malesherbes jusqu’au périphérique à prendre porte d’Asnières avant de plonger en banlieue où trouver à se garer…
    Sarah blêmit devant la véritable épreuve que constituait ce parcours du combattant automobiliste parisien. Assise dans sa voiture, le regard perdu sur le plan, elle se demanda si elle n’allait pas abandonner. Eprouvée par toutes ces émotions, elle ressentit le besoin impérieux de se détendre un instant, autant que d’échapper au parking glauque dont les haut-parleurs crachotaient une musique de superette. Elle bascula son siège en arrière, enclencha un CD dans l’autoradio, et prit machinalement ses boules de geisha qu’elle fit rouler dans la paume de ses mains. La voix jazzy du groupe tok tok tok envahit l’habitacle pour lui souffler une réponse subliminale tandis qu’elle fermait les yeux.

 

podcast


How, can I feel complete,
When there is something restless deep inside of me?

    Ce que Sarah ressentait profondément en elle, c’était le petit godemiché, mais il était désormais inerte et elle devait le retirer. Elle se couvrit le bas du corps avec son blouson, ses doigts détachèrent le bouton de son jean, ouvrirent la glissière, et elle fit glisser le pantalon le long de ses cuisses. À tâtons, elle baissa son slip, fit sauter les boutons pression qui fixaient les élastiques du papillon à ses hanches, et elle libéra son calice de l’emprise du butineur. A sa grande surprise, elle était encore humide. Machinalement, elle laissa son doigt glisser sur sa vulve vide.

Once in your life, you want to hear the call,
Or you’ll find that the time is a…

Sous la caresse de la musique et de son doigt, Sarah se détendait peu à peu, tandis que son esprit vagabondait vers celui qui lui faisait vivre cette folle journée. Depuis des mois, il avait rempli sa messagerie, son imaginaire érotique, ses désirs charnels, jusqu’à remplir sa chatte et son cul. À cette évocation, elle sentit son intimité se contracter sur son doigt trop mince. Faute de mieux, elle y fit glisser sans difficulté les boules de geisha qu’elle tenait encore dans l’autre main.

I simply want to leave,
But sometime it’s hard when you can’t begin.
Laid in your life: you gonna miss it all,
You’ll find that the time has flown away
And it’s never ever coming back!

    Le claquement d’une portière la ramena brutalement sur terre, ou plus précisément sous terre. Elle remonta son slip, boutonna son jean et redressa son siège.
    Une heure plus tard, incrédule, Sarah vérifia une fois de plus l’adresse en se demandant comment elle était parvenue entière devant cet immeuble inconnu. Le cœur battant, elle composa le code de la porte d’entrée qui s’ouvrit comme par magie. Elle pénétra dans la fraîcheur d’un hall ténébreux, et entreprit l’ascension d’un escalier en colimaçon avec les boules de geisha qui roulaient dans son intimité. Au premier palier, elle commença à sentir leur pression sur la face antérieure de son vagin. Au second, elle se mordit les lèvres pour juguler un gémissement intempestif. Arrivée au troisième, elle était à bout de souffle, le visage cramoisi. Accroché à la poignée de la porte de gauche l’attendait un petit sac en papier. À l’intérieur, elle trouva un foulard rouge emballé dans du papier de soie, et bien entendu une lettre qu’elle lut d’une main tremblante.

Très chère Sarah,

Toutes nos félicitations pour être enfin arrivée à la dernière étape de cet examen. C’est maintenant l’heure de vérité. Prenez le foulard dans l’enveloppe, bandez-vous les yeux, puis poussez la porte entrouverte, celle d’où provient cette musique lancinante qui met votre sens auditif à l’épreuve. Entrez, et claquez la porte derrière vous. Sentez-vous ma présence ? Je vais venir vous chercher pour m’acquitter du gage que vous m’aviez donné : vous déshabiller sans l’aide de mes mains, avec ma bouche, mes pieds, ou tout autre outil dont je pourrais disposer. Ensuite, je vous indiquerai oralement quelle est l’ultime épreuve qui testera vos quelques sens qui ne l’ont pas encore été.
Si les surprises que je vous ai réservées jusqu’à présent furent bonnes, la dernière le sera plus encore. Je sais quelles sont vos limites et j’ai conscience de flirter avec elles en vous demandant de passer le pas de cette porte. Sachez seulement qu’au delà vous attend le plaisir, rien que le plaisir, dans une configuration dont la perspective vous a toujours enchantée.

À tout de suite,

Vagant

    À peine Sarah avait-elle terminé de lire cette lettre qu’elle entendit tourner une poignée de porte.

À suivre…

28 janvier 2008

Mission libertine - XI

    « Allo, chérie ? »
    La voix de son mari lui fit l’effet d’une douche froide. Sarah s’attendait tellement à entendre la voix de Vagant en décrochant le téléphone, qu’elle ne put murmurer qu’un faible « oui » malhabile à masquer sa déception. Cela raviva l’inquiétude de son mari, voire ses soupçons exprimés le matin même.

- Ça va Sarah ?
- Oui, oui, ça va.
- Où es-tu ? j’entends des voix…
- Dans la rue, il y a du monde.
- Bon, je voulais juste te rappeler de bien poster la lettre pour les impôts fonciers en recommandé. N’oublie pas surtout !
- Non, je vais le faire tout de suite.
- Et ce soir je rentre tard, ne m’attends pas pour dîner.
- Oui Marc. À ce soir.
- Tu es sûre que ça va ? Tu as une drôle de voix.
- Tout va bien ! Tu sais, j’ai perdu l’habitude de venir à Paris faire les courses, avec cette foule, c’est tout…
- D’accord. Un petit bisou quand même ?
- Bisou !
- Ne fais pas trop de folies. Bisous. Je t’aime.

    Sarah songea qu’il avait fallu qu’il sorte ces mots là à ce moment là, comme pour donner à l’amour un goût amer. Le goût de ses dimanches adolescents passés à jouer au scrabble avec sa mère. Elle n’eut même pas besoin de fermer les yeux pour voir les lettres défiler, et elle sourit malgré elle. De « aimer » à « amer », il n’y à qu’un petit « i » d’écart: celui de la trahison sans doute. Mais qui trahissait qui ? Qui trahissait quoi ? N’avait-elle pas sacrifié ses études pour que Marc puisse terminer les siennes ? N’avait-elle pas été une mère irréprochable avec leurs deux enfants ? N’avait-elle pas assez sclérosé sa sexualité auprès d’un époux surmené ? Quand elle faisait le point, Sarah comprenait qu’elle s’était trahie elle-même. « Ne remets pas à demain ce qui doit être fait le jour même » lui répétait sa mère. Sarah l’avait prise au mot : elle avait claqué la porte le jour de ses dix-huit ans pour bouffer de la vache enragée avec Marc, et depuis, elle avait toujours scrupuleusement respecté cet adage. Sauf pour une chose : vivre. Vivre était chaque jour remis à demain, au lendemain qui chante, au rêve. La vie comme un mirage au bout d’une existence désertique, quand on réalise qu’une famille modèle nichée dans un pavillon au Vésinet ne saurait étancher certaines soifs inextinguibles.
    Tout en retournant vers le parking où était garée sa voiture, sans bien savoir ce qu’elle allait faire, Sarah se remémora ses confidences intimes.

    Très cher Vagant,

    Hier soir mon mari est rentré d'un déplacement de quelques jours. Comme à chacune de ses escapades professionnelles, il est rentré tard dans la soirée, ne trouvant pour l'accueillir que son épouse déjà fatiguée par la journée qui s'achevait.

9d2c29a7b2ad6830b239e4677dc44e9b.jpg    Il vide tranquillement sa valise tout en me faisant part du budget de l’année, de ses fournisseurs pas trop arrangeants, d'un collègue qu'il va falloir motiver. Je l'écoute, je lui réponds, je lui donne mon avis, puis je m'éclipse au salon pour finir un courrier à poster le lendemain. Ses affaires rangées, il revient vers moi, me laisse passer devant lui pour chercher une enveloppe et un timbre, et il pose une main décidée sur mes fesses ! Tiens, je pensais que depuis tout ce temps il ne savait plus où celles-ci se trouvaient ! Je lui fais face pour découvrir, amusée, son regard pétillant. La séparation de nos corps aura sans doute augmenté son désir pour moi et il m'embrasse fougueusement en me prenant par la taille. Je goûte avec plaisir ce baiser si longtemps souhaité et je sens monter en moi l'envie. Ses mains parcourent mon corps, défont un à un les boutons de mon chemisier, caressent mes cuisses, massent mes seins, me frôlent le visage. Pour bien connaître ce qui me fait fondre, mon officiel passe doucement, très légèrement, à peine, ses doigts à l'orée de ma fente déjà humide. Un appel à l'amour auquel je réponds en lui baissant sa braguette et en lui ôtant son pantalon. Son sexe m'apparaît tendu, gorgé de désir déjà. Il m'invite à le saluer comme il se doit. Je ne peux donc que me pencher vers lui pour l'embrasser, pour le lécher, et rendre ainsi l'objet de ma convoitise plus tentant encore.
    D'une main experte je le masturbe pendant que ma langue titille le bout de son gland, il aime cette façon de procéder, je le sais, et la fellation a le pouvoir de m'exciter davantage. Je prends au fond de ma bouche le pénis en érection, puis j’accomplis un va et vient au rythme assez lent pour décupler les sensations. Il gémit, en oublie ses mains baladeuses pour mieux savourer cet instant de plénitude. Ma main libre va de ses fesses appétissantes à ses testicules laissées pour compte, je les enserre dans ma paume, je les palpe jouant ainsi avec elles pour éviter la formation de grumeaux ! Vous savez Vagant, je ne suis pas mauvaise en pâtisserie non plus.
    Je continue encore l'irrésistible gâterie qui fait chavirer la gent masculine, en soutenant un peu plus la cadence. Ma bouche gobe entièrement ce dard turgescent pour se retirer quasi complètement et revenir enfin de plus belle à la charge de ce sexe. Un instant je le sens presque faillir, il se retient, ne veut pas jouir tout de suite. Il me soulève, je m'accroche à lui les mains derrière sa nuque et les jambes autour de sa taille, puis il m’installe sur la table de la salle à manger ! Il m'étonne de plus belle, car le lit est le seul et unique lieu de nos ébats habituels.
    Il a vite fait d'ôter mon string n'ayant que ma jupe à soulever pour y parvenir. Le postérieur sur le bord de la table je bascule mon buste en arrière prenant appui sur mes coudes et je relève mes cuisses sur ma poitrine offrant à l'homme de ma vie la vision de cette vulve qui n'attend que lui. Il prend son temps, la regarde, la caresse presque timidement, promène ses doigts de mon clitoris à mon vagin sans oublier mon anus qui me fait monter au septième ciel. Les effleurements ainsi prodigués me font perdre mon latin, je halète, j'ai envie qu'il me prenne, qu'il possède mon corps, je veux  le sentir en moi. Lui, au contraire, semble avoir décidé de me faire languir au sens propre du terme: c’est sa langue qu’il fait glisser derrière mon genoux, puis tout au long de ma cuisse, jusqu'à aboutir, enfin, sur mon sexe. Je défaille presque. De la langue encore, il s'empare de mon anatomie intime, la touchant de la pointe et d’estoc en se laissant guider par son instinct de mâle en rut. Je sens ce muscle chaud et moelleux me parcourir les lèvres, taquiner mon bouton d'amour. Il y ajoute un doigt au gré de ses envies, dans l'un ou l'autre orifice qui lui est offert. Sa langue s'immisce dans mon vagin recueillant ainsi quelques gouttes du nectar dont je lui fais cadeau. Il me redresse vers lui, nous nous enlaçons debout l'un contre l'autre.
    Tendrement il m'invite à faire un demi-tour sur moi même, il couche mon buste sur la table, et j'écarte les cuisses pour l'inviter à me prendre en levrette. Il relève ma jupe sur mes reins, et ma respiration s'intensifie quand je sens son sexe s'introduire en moi. J'aime cette position, la pénétration est plus profonde, plus intense et m'entraîne à un orgasme plus puissant. Il va et vient en moi, les mains sur ma croupe, admirant mes fesses, les caressant aussi. D'abord d'un rythme régulier, le coït s'accélère faisant monter en moi l'extase, elle n'est plus très loin, je ferme les yeux, pour mieux l'accueillir, mieux la vivre, mieux m'en délecter. Mon mari auquel je tourne le dos poursuit sa vigoureuse fornication. Moi, je me laisse aller à l'exaltation, je m'abandonne à l'orgasme qui me fait gémir de bien-être.
    À peine ai-je repris esprits que je sens, aux coups de reins saccadés de mon mari, qu'il n'est pas loin de jouir. Dans un seul mouvement je me retourne sur lui, je prends son gland en bouche, et puis tout son sexe. Je m'applique à le masturber à la base de la verge en gardant le même rythme pour recueillir tout son sperme dans ma bouche. Une contraction de son corps, et je sais que le liquide séminal est en route pour l'emmener surfer avec l'extase, et c'est avec enchantement que je reçois son sperme au plus profond de ma gorge. Je me régale de cette semence qu'il a bien voulu m'offrir. Pour ne pas en perdre une seule goutte, je poursuis la fellation, mais sur un rythme plus nonchalant maintenant. Il me relève vers lui, il m'embrasse amoureusement en me prenant dans ses bras, et nous restons ainsi tout les deux silencieux, à savourer ce moment magique. Plus tard nous nous endormons serrés l'un contre l'autre, presque le sourire aux anges mais de toute façon la tête dans les étoiles…

    Hier soir mon mari est rentré d'un déplacement de plusieurs jours. Il  s'est écroulé sur le lit, éreinté après une trop longue journée de boulot, me laissant seulement rêver la scène que je viens de vous raconter… et en plus c'est moi qui me suis tapée la valise à vider !

    Sur ces paroles pleines de promesses (surtout pour moi) je vous laisse à la relecture du dernier paragraphe, ce que, je le sais, vous ne manquerez pas de faire.
 
    Baisers chimériques,

Sarah

À suivre…

21 janvier 2008

Mission libertine - X

005d0482d3f7d25878689b1d8fa101ca.jpg    La nuit n’est plus ce qu’elle était. En moins d’un siècle, l’obscurité, l’effrayante obscurité qui terrorisait les enfants s’est retranchée à l’ombre des ampoules blafardes. La nuit sauvage qui ne se laissait pénétrer que par les plus audacieux lorsqu’elle était bien lunée, n’est plus que la vieille compagne des noctambules, une nuit domestique, parfois putassière quand elle se farde de néons multicolores. Une nuit qui se donne à tout le monde. L’obscurité  est pourchassée partout où elle se cache, l’ombre est cernée de toutes parts, jusqu’à sa part de mystère qui lui donne sa substance. On veut tout éclairer alors tout est vu, au risque de ne plus rien distinguer. Même l’aventure est balisée de photos, jalonnée de contrôles téléphoniques, bardée de procédures épistolaires. Aseptisée. Ainsi l’inconnu est livré aux factures, au kilométrage des voitures, aux mouchards sur disque dur. Disséqué au grand jour. Et tout finit par être su à défaut d’être compris.

    Ce jour là, il faisait nuit. Il faisait nuit dans la chambre d’hôtel que j’avais réservée sous un faux nom, une nuit noire en plein après midi après avoir fichu dehors un soleil de Juillet. Il cognait aux volets métalliques bien fermés, s’immisçait dans les jalousies, chauffait les rideaux hermétiquement clos par des épingles à nourrice, mais laissait la chambre où j’attendais dans une obscurité totale. Ou presque. Mes yeux avaient fini par s’habituer à la noirceur ambiante, et dans l’écran de la télévision éteinte, je distinguais le reflet d’un rai de lumière traîtresse sous la porte d’entrée de la chambre, qui donnait sur un corridor éclairé au rythme des allées et venues des locataires. Assis à la tête du lit, je sentais la température monter dans la chambre non climatisée avant même la venue de l’inconnue.

    Soudain on pousse la porte et je vois un instant se découper une ombre dans le reflet de l’écran, avant que la porte ne soit aussitôt refermée. Je ne pourrais dire qui, d’un homme ou d’une femme, vient d’entrer. Il me semble entendre un souffle, quelques pas hésitants, et une vague silhouette traverse la chambre à tâtons, pour s’immobiliser au pied du lit. J’attends quelques secondes avant de me lever, et d’avancer vers elle tout aussi silencieusement. Je m’arrête juste à côté, assez prêt pour entendre sa respiration s’affoler, et frôler ses cheveux mi-longs en tendant la main. Le bout de mes doigts effleurent sa nuque, glissent sur son épaule dénudée jusqu’au chandail échancré, et mes lèvres embrassent son visage, au hasard, alors que ses mains découvrent mon corps, mes bras d’abord, mes épaules et puis mes flancs qu’elle attire vers elle à son tour, jusqu’à ce que nos bouches se trouvent enfin. Et c’est sans dire un mot que nos langues expriment tout le désir que nous contenions l’un pour l’autre.
    D’un geste ferme, je la fais pivoter face au lit. Mes mains fébriles caressent ses seins lourds de promesses au travers de son chandail, les malaxent même, tandis que je me frotte contre sa croupe, autant pour mon plaisir que pour lui faire sentir une érection à la hauteur de mes intentions. Par derrière, ses mains agrippent mes fesses pour augmenter la friction. Le chandail est vite enlevé, le soutien-gorge arraché. En la courbant sur le lit, je sens ses seins peser comme des fruits mûrs dans la paume de mes mains. Je m’agenouille derrière elle tout en abaissant son jean à ses chevilles pour mordiller ses fesses pleines, tel un chiot affamé. Mes vêtements rejoignent les siens en désordre sur la moquette. En quelques minutes, la température est montée de plusieurs crans, au sens propre comme au figuré. Alors je me désaltère à elle, à la salive de sa bouche, à celle que je laisse sur ses tétins en les faisant gonfler entre mes dents, à la liqueur de sa chatte, lisse et onctueuse, après avoir fait rouler son clitoris entre mes lèvres. Je crois bien l’avoir fait jouir à force de m’abreuver à son puits. J’ai si soif que je ne la lâche pas pendant qu’elle me malaxe les couilles d’une main au travers de mon slip, et que de l’autre fourrée sous le tissus élastique, elle branle furieusement ma verge raide  avant de me prendre en bouche. Je ne m’y enfonce pas, non, j’y suis happé, absorbé dans la touffeur de son entre cuisse, dans la moiteur de sa bouche avide, mes doigts, ma langue, ma bite, tout glisse dans ses muqueuses humides, au point que j’ai l’impression d’y fondre comme un sucre. Tout au bout de l’étreinte, je ne lâche qu’une giclée de foutre entre ses seins. La première.

    Trempés de sueur, de cyprine et de sperme, nos corps battus par de vagues draps soulevés par le souffle du plaisir, arrimés l’un à l’autre au milieu du lit radeau dans la nuit silencieuse, on pouvait tout de même entendre le monde terre à terre gronder au loin, dehors. Nous, nous glissions l’un sur l’autre comme deux lutteurs huileux, sans vaincu ni vainqueur, à l’image de notre utopie libertine : ni vain cœur, ni vain cul.

    Dès que j’ai repris un peu de force, c’est tout de même elle qui a prit le dessus et les choses en main, si j’ose dire, puisque c’est entre ses cuisses orageuses qu’elle engouffre mon phallus et sa pèlerine de latex. Elle me chevauche aussitôt, au triple galop, mes hanches coincées dans l’étau de ses cuisses, ses mains agrippées à mes épaules, imprimant elle-même le rythme d’un furieux va-et-vient, non pas de haut en bas mais d’avant en arrière et de droite et à gauche. Ma queue essorée comme dans le tambour d’une machine à laver me procure de violentes sensations dont je suis néanmoins incapable de jouir. Elle s’arrête tout à coup, les cuisses crispées sur mes flancs, la respiration bloquée pour réprimer un gémissement guttural, et elle s’effondre sur ma poitrine en sueur. Pas question de la laisser reprendre son souffle ! Je me dégage de son corps haletant pour la prendre par derrière, en levrette, son cul tendu vers ma grenade dégoupillée, et le haut de son corps gisant sur les draps comme celui d’un pantin désarticulé. Je plante mon dard sans égard dans sa vulve molle, et j’assène autant de claques sonores que de coups de reins sauvages à ses hanches rondes, ahanant au dessus d’elle comme un jockey monte une pouliche à Longchamp. Je ne sais pas lequel de nous deux est arrivé le premier à l’orgasme fulgurant.
    Chaleur étouffante, torpeur envahissante, sueur dégoulinante, mais l’envie toujours présente, comme si l’inconfort et le silence abondaient à la débauche qui se fait plus salace à l’orée de sa croupe. Elle invite ma bouche et ma langue. Enfoncer mon visage dans sa raie mouillée pour lui laper l’anus m’apporte une fraîcheur inattendue, et les lobes de ses fesses comme un subtil massage de la face. J’y mets un doigt aussi, et puis deux qui coulissent dans son orifice anal apparemment plus habitué à recevoir un hommage que je ne suis à le donner. Mais je ne me fais pas prier. Mon gland à l’entrée du petit trou, je n’ai qu’à le pousser pour qu’il l’ouvre, qu’il s’y enfonce, qu’il le creuse, qu’il s’épanouisse dans ce terrain, et à chaque fois que je fais mine de le retirer, il s’accroche et pénètre son trou plus profondément encore : chaque coup de mes reins m’enracine aux siens. Son cul ne relâche ma verge qu’exsangue, à bout de frissons et de foutre.

    Quand nous eûmes repris nos souffles, peau contre peau, l’inconnue fouilla dans son sac à main laissé au bord du lit. Elle en sortit un téléphone portable sur lequel elle écrivit un message, et elle me tendit l’appareil pour me faire lire : «  Je peux vous poser une question ? ».
    Malgré tous nos efforts pour que nous ne connaissions ni nos voix ni nos visages, elle entendit mon éclat de rire et j’avais vu son profil à la lueur du portable. Je lui répondis de la même manière, sur son propre téléphone avant de le lui rendre, et entamer avec elle un curieux dialogue écrit, comme sur une messagerie alors que nous étions encore côte à côte:
- Oui.
- Nous n’avions pas prévu de protocole pour aller à la salle de bain.
- Allez-y la première.
- Lorsque vous en sortirez à votre tour, je serai partie. Merci. Pour tout.
- Tout le plaisir fut pour moi, Sarah.
- Non, certainement pas !

    Je n’ai pas connu Sarah ce jour là : elle était restée dans la nuit, une nuit d’encre silencieuse pour que nos mots restent couchés. C’était pourtant notre premier rendez-vous clandestin.

À suivre…

14 janvier 2008

Mission libertine - IX (2)

    Après quelques va-et-vient langoureux, Cat sortit son doigt du fourreau de chair humide, et elle le tendit vers le public dont elle sembla désigner un membre digne de ce nom, puisqu’il disposait visiblement de toutes ses capacités érectiles. C’était un tout jeune homme assis à quelques pas de Sarah, légèrement en retrait, aux grands yeux roulant dans un visage vermeille d’excitation et d’acné. Cat fit quelques pas vers lui jusqu’à ce qu’il puisse humer le parfum de son doigt luisant de cyprine. Il en ferma les yeux d’émotion, à moins que ce fût pour mieux fixer dans sa mémoire de puceau le bouquet évanescent de son premier cul, classer ce parfum de sexe avant de pouvoir en jouir pleinement. Et peut-être, sans doute même, cela influencera-t-il à jamais l’accomplissement de sa vie sexuelle, dont un calice bouillonnant de nectar aux effluves luxurieuses lui fera revivre bien malgré lui ce premier émoi : tandis qu’il plongera son biscuit dans l’intimité de sa tendre fiancée qui lui demandera « À quoi tu penses ? » pour s’assurer qu’elle occupe ses pensées autant qu’il investit son sexe accueillant, tandis qu’il s’apprêtera à exprimer des lèvres et des reins toute la vigueur de son amour, sa mémoire facétieuse fera apparaître à ses yeux ébahis le souvenir de ce qu’il vit ce jour là lorsqu’il les ouvrit enfin : Un décor de théâtre foisonnant de dorures, avec au premier plan une jeune femme noire plus que nue, accroupie face à lui, les cuisses ouvertes sur un gros manque de vertu. À chacun sa madeleine.
    Dans ce lieu de rendez-vous pour désirs inassouvis, ceux qui sont à jamais flétris et ceux qui n’ont pas encore éclos, un lieu de commémoration en somme, que ce soit celui des émotions passées ou de celles à venir, seul le plaisir de Sarah semblait fleurir. Elle ne réprimait plus que les gémissements qui affleuraient sur ses lèvres entrouverte, livrée à la caresse secrète du petit godemiché caché à l’orée de son vagin, tandis que Yoko dardait de la pointe de la langue un de ses tétons tendus et qu’elle faisait tourner l’autre, encore humide de salive, entre le pouce et l’index. Apparemment satisfaite par cette scène lesbienne improvisée, Cat s’approcha de Sarah dont les paupières papillonnaient sur ses pupilles vacillantes. Aussi lestement qu’elle avait levé la jambe le long la barre de pole dance, Cat enfonça le talon pointu de sa chaussure dans le dossier de l’ottomane, un genou replié frôlant les cheveux de Sarah, l’autre jambe tendue plantée au sol, les cuisses écartées comme en grand écart facial. Intimidée, les yeux de Sarah esquivèrent l’exhibition, avant de s’y accommoder progressivement. Son regard suivit d’abord la courbe de la cuisse élancée sous le cuir tendu aux reflets irisés, les plis de la combinaison qui s’ouvrait en un drapé bordé d’acier, dont la dentelure projetait son ombre sur la peau nue, fine, lisse à l’aine de la jeune femme. Un peu plus bas, le profil de son impudeur se découpait en ombres chinoises sur l’arrière plan du décor chatoyant : ses fesses galbées se rejoignaient en un sillon épanoui, ouvert sur un précipice vertigineux qui attira irrésistiblement le regard de Sarah.
des orchidees qui donnent des idees...    Coiffées d’un petit triangle de poils drus et courts, les grandes lèvres ourlées de la danseuse laissaient s’échapper un drapé de chaires brunes et luisantes qui couronnaient son gouffre, avec son clitoris encapuchonné pour diadème. Cat glissa deux doigts aux ongles nacrés de part et d’autres de sa fente qu’elle écarta lentement, laissant apparaître ses chairs corail et son gros clitoris turgescent. « Made in Nigeria », dit-elle dans un feulement rauque.
    Sarah n’eut pas à réprimer l’envie d’explorer cette intimité féminine. Non seulement ses mains étaient toujours maintenues derrière son dos, mais Yoko confirma autant qu’elle devança les désirs saphiques de Sarah, en levant son visage empourpré vers le calice qui la surplombait. Elle combla d’un coup de langue la distance de cette coupe à ses lèvres. Sous le regard hagard de Sarah, la jeune Japonaise léchait la vulve de l’Africaine, elle la lapait avec gourmandise de la pointe du clitoris jusqu’au périnée d’ébène. Son souffle saccadé se mêlait à l’arôme musqué qu’exhalait la vulve brune, se mélangeait au parfum poivré de l’une, s’unissait aux fragrances ambrées de l’autre en subtiles volutes enlacées, enchevêtrées, qui fusionnaient en une effluve capiteuse pour subjuguer Sarah. L’ombre d’un instant, elle n’était plus au spectacle mais au cœur d’un trio pervers à la sensualité affolante, les poignets liés derrière le dos, un godemiché planté sans la vulve, les seins nus livrés aux caresses expertes d’une geisha soumise qui gratifiait d’un cunnilingus sa dominatrice noire, dont la badine flattait sa croupe cambrée, ouverte, jusqu’à coulisser au fin fond de sa raie…
    D’un coup sec sur les fesses de Yoko, Cat apporta la touche finale à ce délicieux tableau saphique, et les deux femmes abandonnèrent aussitôt Sarah pantelante pour aguicher les autres spectateurs. Sarah entendit aussitôt la musique entraînante qui n’avait pourtant jamais cessé, elle ressentit les regards lubriques braqués sur ses seins nus, elle fut replongée dans un environnement importun d’où elle avait été extraite pendant quelques secondes, des secondes qui lui avaient semblé être des minutes tant elles étaient intenses. Tandis que Sarah se rhabillait précipitamment, Yoko était retournée auprès du rustique sexagénaire à casquette auquel elle avait laissé son chemiser en gage. Elle s’assit sans façon sur ses genoux, face à lui, cuisses écartées, et, dans un lent mouvement descendant, elle  fit glisser sur son visage ses seins plantureux pour lui clore les paupières. Nul ne sait s’il lui adressa ensuite un regard émerveillé parce qu’elle avait fait surgir en lui le souvenir de la mère nourricière ou celui de ses belles vaches normandes. Quant à Cat, elle avait jeté son dévolu sur le jeune puceau. Elle glissa sa cravache entre les cuisses du jeune homme, avant de la coincer entre son menton et le siège sur lequel il était assis, l’obligeant ainsi à se tenir bien droit et la tête si haute qu’il ne pouvait voir ce qu’elle lui faisait, agenouillée entre ses cuisses. Elle n’eut qu’à mimer une fellation en faisant vibrer ses lèvres tendues contre la bosse outrageuse qui déformait le pantalon du pauvre garçon, pour qu’il éjacule au fond de sa culotte en s’imaginant au paradis.
    Pourtant, à chaque fois que la géométrie le leur permettait, les deux effeuilleuses adressaient à Sarah des oeillades discrètes, et lorsqu’elles s’allongèrent l’une sur l’autre, en soixante-neuf, le dos de la Japonaise sur les genoux d’un contrôleur fiscal tiré à quatre épingles comme un papillon, chacune d’entre elles parvint, entre deux lapements de chattes, à poser sur Sarah des regards lourds de promesses équivoques, au point qu’elle eut l’impression qu’entre ces liens subtils, tout ce spectacle lui était intimement dédié. Profondément troublée, et horrifiée à l’idée d’affronter les regards des hommes dès la fin du spectacle, elle n’en attendit pas la fin et prit la fuite à la suite du puceau tout penaud. En haut des escaliers, le guichetier l’interpella.

- Mademoiselle !
- Oui ?
- J’ai une enveloppe à vous remettre.
- Ah… je vous remercie.
- De rien, ce fut pour moi un plaisir ! Revenez quand vous voulez !

    Sur le trottoir, Sarah ouvrit l’enveloppe et lu les instructions relatives à la suite de sa mission, comme d’habitude - on constate à quelle vitesse les habitudes s’installent, jusqu’au cœur même des aventures les plus échevelées.

    Très chère Sarah,

    Je pense que votre sens visuel n’aura pas été trop mis à l’épreuve par ce petit spectacle qui, je l’espère, fut à votre goût. Retournez maintenant à votre voiture. Glissez alors les boules de geisha dans votre vagin qui devrait être bien humide, puis partez sans tarder au […]. Le code d’entrée de cet immeuble est le […]. Montez au 3ème étage, et vous trouverez sur la porte de gauche une enveloppe à votre intention. Ouvrez la et suivez les instructions.

    Aux intenses plaisirs imminents,

Vagant

    PS : Vous trouverez ci-joint une suggestion d’itinéraire.

    En voyant la carte de l’itinéraire suggéré traverser tout Paris, Sarah pensait que ce devait bien être l’épreuve la plus difficile lorsque son téléphone sonna. Ce qu’elle entendit la fit brutalement atterrir.

À suivre…

06 janvier 2008

Clothed Female Nude Male

l'homme objet    Catherine s’est soustraite à nos caresses et a remis sa robe en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire ! C’est ainsi que je me suis retrouvé nu comme un ver, sabre au clair, parmi trois femmes habillées qui papotaient comme si de rien était. Elles m’ont instamment invité à ne pas me rhabiller, mais à m’asseoir bien sagement sur la banquette à coté de Marie, afin de prendre part à la conversation le plus naturellement du monde. Cette situation surréaliste m’excitait profondément. Je n’en débandais pas. De temps en temps, une des filles posait sur moi un regard circonspect en devisant de l’intérêt décoratif d’avoir un homme nu dans son salon. J’étais devenu un homme objet, et le pire, c’est que ça me plaisait.

Clothed Female, Nude Male - p. 3

Lire la suite...

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Aujourd’hui, je vous propose la reprise d’une ancienne note sur une soirée CFNM improvisée, sous la forme d’une courte nouvelle érotique au format PDF. Le texte a été largement remanié, j’espère qu’il vous plaira.

03 janvier 2008

La voie lactée (1)

Pour ma première note de l'année, jouez les étoiles et filez chez Ysé : la voie lactée vous y attend !

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Au fait, meilleurs voeux etc...

31 décembre 2007

Mission libertine - IX (1)

a502baf9013016f749ee5520cd26a822.jpg    Sarah n’eut pas le temps de se retourner qu’une créature longiligne, revêtue d’une combinaison de cuir rutilante, avait enjambé l’ottomane rose sur laquelle Sarah était installée. C’était une femme noire, de ses bottes à plateforme jusqu’au bout de ses cheveux crépus, aux yeux félins et à la bouche immense qui s’ouvrait en un large sourire carnassier sur un cortège d’ivoire. Au bout de ses doigts fins tournait une cravache comme un bâton de majorette, et dont l’extrémité badina avec la jupe de Yoko qu’elle releva d’un coup sec, dévoilant la croupe joufflue de la japonaise au public qui retenait son souffle. Bien qu’elle n’avait ni fouet, ni masque, et que son teint était bien plus sombre que celui de Hall Berry dans Catwoman, c’est cette image là qui s’imposa à l’esprit de Sarah tandis qu’elle regardait cette danseuse féline évoluer sur la scène. Cat venait de s’accrocher à la barre de Pole dance, et elle tournoyait maintenant, la tête à l’envers mais les yeux fixés sur Sarah. Sous l’emprise de ce regard vert hypnotique – sans doute portait-elle des lentilles de contact colorées - c’est tout juste si Sarah sentit les mains de Yoko glisser sur ses jambes, et dont les seins lourds vinrent se lover contre ses cuisses. Tout ce qu’elle sentait, c’était une chaleur animale irradier son bas ventre.
    Cat glissa de la barre jusqu’au sol et marcha sur Sarah avec la souplesse d’une panthère noire. Elle s’assit sur l’ottomane, tout contre Sarah figée par l’angoisse et l’excitation, partagée entre l’envie de toucher ces corps alanguis et désirables qui venaient se frotter contre elle, et la crainte du ridicule en répondant à ces sollicitations, sans parler de la gêne à se laisser aller à des privautés devant un tel public. Aux prises avec une honte ambiguë qui multipliait son désir autant qu’elle bridait son plaisir, Sarah n’osait plus regarder l’asiatique à ses pieds - dont elle sentait pourtant les seins rouler contre ses cuisses ouvertes – et encore moins la femme noire qui approcha son visage au point qu’elle sentit son parfum poivré. Ce qu’elle sentit aussi, c’est la rougeur envahir son visage quand Cat lui murmura à l’oreille, d’une voix grave à l’accent indéfinissable tout en désignant la poitrine de Sarah du bout de sa cravache : « C’est tellement rare d’avoir un public féminin qu’on ne va pas se priver ! »
    Yoko obtempéra immédiatement à l’ordre silencieux. Avec un sourire équivoque, elle déboutonna le blouson de Sarah tétanisée, et l’abaissa d’un geste ferme derrière son dos, ce qui eut pour effet de maintenir les bras de Sarah le long de son corps, la poitrine bombée. Contrainte à la passivité, Sarah se trouva paradoxalement libérée d’une angoissante décision : elle n’avait plus à se demander si elle pouvait, ou si elle devait toucher ces femmes. Elle n’avait désormais plus rien d’autre à faire qu’à jouir du spectacle visuel, et même tactile qu’on lui offrait. Car de ses petites mains douces, Yoko avait entrepris de lui masser les seins au travers de son chemisier, tandis que sur la scène, Cat se déshabillait avec sensualité.
    La combinaison de Cat qui l’enveloppait jusqu’au cou, s’ouvrit grâce à une longue fermeture éclair qui descendait jusqu’aux enfers. Pour éviter de gémir sous la caresse experte de Yoko dont les doigts s’immisçaient entre les boutons de son chemisier, Sarah s’abandonna dans la contemplation du zip qui glissait irrémédiablement vers le bas, et qui ouvrait les yeux sur la peau veloutée de Cat, au creux de la vallée que formaient ses petits seins nus sous la combinaison qui s’ouvrait sur son ventre plat, sur un nombril à la carnation un peu plus sombre que le reste de sa peau tabac, mais au cœur duquel brillait un diamant de cristal à l’éclat rehaussé par son bas ventre glabre...
    Soudain, Cat leva la jambe droite à la verticale et la plaqua tout au long de la barre de pole dance, exhibant ainsi au public la fin de la course de la fermeture éclair qui n’avait jamais si bien porté son nom : La combinaison s’ouvrit d’un seul coup entre les jambes en grand écart, jusqu’au coccyx. Le mouvement avait été si rapide qu’un œil distrait n’aurait pas remarqué que Cat ne portait pas de petite culotte.
    Le chemisier de Sarah aussi était largement ouvert. La geisha en avait fait sauter les boutons, un à un, et les seins de Sarah n’étaient plus protégés des regards que par son soutient gorge que pétrissait Yoko, sans vergogne. Sarah n’osait pas regarder dans la salle, mais elle sentait bien que pour tous les hommes présents, elle faisait partie du spectacle. Elle chassa de son esprit le regard libidineux des petits vieux, faute de pouvoir les chasser de sa peau dénudée, et se concentra à nouveau sur Cat qui offrait le spectacle officiel : derrière la geisha dont Sarah sentait le souffle accéléré contre sa poitrine, Cat avait glissé sa cravache dans le string de Yoko. Plaqué contre sa vulve par l’élastique tendu, la tige y coulissait comme un archet sur la corde d’un violoncelle, sauf que les petits gémissements que poussait la japonaise étaient sur une octave nettement plus aigue. Cat tira sur le string qui tomba aux genoux de Yoko, et brandit la cravache sous le nez de Sarah et de sa comparse. Elle était luisante de cyprine. Sans trop modifier sa position, Yoko qui était à genoux, penchée en avant, le buste sur les cuisses de Sarah et les fesses entièrement nue, sa jupe d’écolière retroussée jusqu’à la taille, Yoko donc tourna un visage implorant vers Cat la dominatrice, les mains jointes dans un geste de pantomime assez explicite pour ne pas avoir besoin d’y joindre la parole. Cat désigna à nouveau la poitrine de Sarah qui vit Yoko faire prestement glisser une des bretelles de son soutient gorge, libérer son sein gauche avant de le saisir à deux mains et d’en porter le téton à ses lèvres assoiffées.
    Sarah fut si surprise qu’elle ne put retenir un petit cri. Les yeux clos, Yoko lui suçait le tétin avec un plaisir évident et communicatif. Comme pour mieux s’offrir aux caresses et aux baisers de l’asiatique, Sarah se pencha instinctivement en avant ce qui augmenta la pression du petit godemiché fiché dans son vagin. Cuisses écartées, elle ne pouvait pas le contrôler aussi bien que dans le métro, mais elle était maintenant si humide que sa vulve poisseuse engouffrait tout le corps du papillon, qui roulait à droite et à gauche comme s’il était animé d’une vie propre. Cat s’agenouilla derrière Yoko, dont elle écarta les fesses pour exhiber ses trous aux yeux exorbités de l’assistance masculine. Sans retirer ses gants, elle appliqua son majeur tout au long de la vulve de sa partenaire, avant de le faire peu à peu disparaître à l’intérieur. Sans pouvoir voir cette pénétration, Sarah la ressentit dans son propre corps à l’accélération de la succion de Yoko, à son bras droit qui l’enlaçait fermement par la taille, et à sa main gauche qui la dépoitraillait fébrilement.

À suivre…

21 décembre 2007

Sept

Sept au format PDFMes sept péchés capiteux - une longue nouvelle érotique aux accents gargantuesques, à consommer sans modération en cas de grosse faim -  rééditée au format pdf.

17 décembre 2007

Mission libertine - VII (2)

    Yoko pivota sur elle-même et, sans cesser de frotter sa croupe contre le sexe éteint du septuagénaire qui retrouvait au moins ses esprits faute de retrouver sa vigueur, elle ôta son chemisier qui ne cachait plus rien. Deux sièges plus loin, un sexagénaire rougeaud roulait vers elle des yeux gourmands. Avec sa casquette vissée sur la tête et son gilet de laine tendu d’embonpoint sous sa veste à carreaux, il avait l’allure du rural prospère qui vient de s’échapper du salon de l’agriculture entre deux poignées de main ministérielles. Yoko lui adressa un sourire enjôleur en s’approchant, et lui laissa son chemisier en gage en passant. Sarah songea que cet établissement nuisait gravement à la santé des cardiaques, tandis que Yoko venait vers elle selon un parcours érotique aussi erratique qu’une bille sur la roulette d’un casino, qui flirte avec tous les numéros avant d'en choisir un.
    Sans quitter Sarah des yeux, tout en évitant de croiser son regard, la strip-teaseuse ondulait maintenant sur la scène contre la barre de pole dance, verticale et inflexible, l’objet de toutes ses attentions. Dos au public, jambes tendues légèrement écartées, Yoko appuya ses fesses cambrées contre la barre qui souleva au passage sa minijupe bleu marine, et elle fléchit les genoux tout en se baissant davantage. Le spectacle était saisissant : Le tube qui s’était logé dans sa raie y coulissait comme un phallus d’acier inoxydable, tandis que dans le reflet du miroir, les seins de Yoko se balançaient sans plus de retenue qu’un rien de dentelle tendue. Quand ses genoux touchèrent le sol, quand ses seins s’aplatirent par terre sur la peau de bête, Yoko tendit les bras en arrière et plaqua une main sur chaque fesse. Ses ongles carmins parfaitement manucurés s’enfonçaient légèrement dans la chair ocre et dodue, tandis qu’elle ouvrait son cul à la barre métallique. Les globes charnus l’enveloppèrent presque complètement lorsque Yoko les relâcha. Elle garda quelques instants sa position de chienne en levrette. Dans la salle, la tension était montée d’un cran. Sarah serra ses cuisses humides. Les vibrations venaient de reprendre.
6bc2bdc588839ba76552314e9f7a9977.jpg    Yoko opéra un retournement acrobatique. Suspendue au milieu de la barre coincée entre ses cuisses puissantes, face au public lui-même suspendu au moindre de ses gestes, elle se caressait maintenant les seins de la paume des mains au travers de son soutien-gorge symbolique. Elle porta son index à sa bouche, le suça, et elle le glissa sous le bonnet droit pour titiller son téton dressé, her great tit, sa mésange apprivoisée. Puis, comme mue par une pulsion irrésistible, elle balaya d’un geste la bretelle de son soutient gorge pigeonnant pour libérer l’oiseau de sa cage de dentelle : entre ses deux mains en conque, son sein aussi gros qu’une colombe. Finalement, c’est son soutient gorge qui s’envola à travers la pièce pour retomber aux pieds de Sarah, comme un gant à relever. Libre de tout textile, la généreuse poitrine de Yoko englobait déjà la barre chromée. Quand elle retira le pic qui maintenait son chignon, la cascade de ses longs cheveux noirs jeta un voile impudique sur ses seins nus.381b6913c149cdb08da3347e34b53075.jpg
    Captivée par le spectacle, Sarah avait la vague impression qu’elle n’allait pas s’en tirer en tant que simple spectatrice, d’autant plus qu’elle sentait de temps à autres ma présence vibrante se manifester entre ses cuisses. Depuis que Yoko était montée sur scène, Sarah n’avait pas prêté attention aux nouveaux clients pour une escapade illicite hors de l’ennui matrimonial quotidien, qui étaient entrés aussi furtivement que des passagers clandestins et dont elle faisait elle-même partie. Tandis que Yoko était maintenant allongée sur le lit, cuisses écartées, la main droite fourrée dans sa petite culotte et la gauche occupée à titiller ses seins ballottés par la houle d’un plaisir que Sarah commençait à sentir monter dans son propre bas ventre, Sarah sentit un souffle sur sa nuque. « Vagant est juste est derrière-moi, je le sens ! » s’imposa à son esprit. L’ombre d’un instant, elle hésita à se retourner, au risque de rompre le charme, mais elle se ravisa en voyant Yoko descendre du lit, et arriver sur elle, comme une chatte, à quatre pattes. Sarah se sentit aussi pétrifiée que le vieux cacique qui avait eu droit aux faveurs de la jeune japonaise. Les vibrations du papillon qui venaient de reprendre firent chavirer les yeux bleus de Sarah, tandis qu’entre ses jambes, la geisha obscène allait avancer son visage. Sarah ne put réprimer un sursaut : une main gantée de cuir noir venait de se poser sur son épaule.

À suivre…

10 décembre 2007

Mission libertine - VII (1)

    L’entrée de la boite de strip-tease était aussi discrète que son intitulé digne d’une boutique de lingerie fine. Mais si la lingerie était bien mise en valeur chez « Chochotte », il était plutôt question de l’ôter que de la porter. Se fiant plus à moi qu’à son courage définitivement muet, Sarah avança dans le petit couloir avec une assurance fallacieuse, au bout duquel elle donna au guichet le billet qu’elle avait trouvé dans l’enveloppe remise par Marina au hammam. Un homme entre deux âges lui rendit en échange un ticket, avec en prime l’esquisse d’un sourire amusé. Il était plus habitué aux sémillants retraités qu’aux jeunes femmes seules, mais il n’était pas aussi surpris qu’il l’aurait été si je ne l’avais pas prévenu de la venue d’une jolie spectatrice blonde. « C’est par ici », lui dit-il en désignant un étroit escalier en colimaçon qui s’enfonçait dans une cave aux exhalaisons de parfums suaves et de lumières chaudes.
    Au fur et à mesure qu’elle descendait précautionneusement les marches métalliques, Sarah ressentit un faisceau de regards braqués sur ses escarpins, qui remontèrent sur le galbe de ses mollets, jusqu’à ses genoux au dessus desquels flottait sa jupe, mais sous laquelle se perdaient des yeux inquisiteurs. En bas, elle comprit la raison de sa sensation prémonitoire : son corps essuyait le feu des regards lubriques d’une demi-douzaine d’hommes seuls qui la déshabillaient d’avance. « Ah ! Une nouvelle ! » semblaient penser ces habitués installés sur leur siège comme de vielles bouteilles oubliées au creux d’une antique cave voûtée. Sarah les balaya du regard sans même songer que j’aurais pu être un d’entre eux. Ces spectateurs avaient l’air presque aussi vieux que la crypte réaménagée en un minuscule théâtre dont la scène au mobilier hétéroclite évoquait davantage l’arrière boutique d’un antiquaire, que la chambre coquette qu’elle était supposée représenter : des peaux de bêtes disputaient le peu de surface aux tapis persans tandis qu’une opulence de coussins chatoyants s’amoncelait des divans luxurieux au lit à baldaquin dont les tentures damassées rivalisaient de dorures avec un miroir baroque qui multipliait des fresques kitsch… Le souffle coupé par ce concentré luxurieux, Sarah prit une longue inspiration tout en se demandant, entre la scène sardanapalesque et les petits vieux concupiscents, où poser les yeux et les fesses. Elle opta pour une ottomane rose qui l’accueillit au premier rang, espérant oublier regards licencieux en leur tournant le dos. Derrière elle, trois rangées de confortables sièges disposés en gradins donnaient aux autres spectateurs une vue plongeante sur la scène, et donc sur elle en attendant les professionnelles.
    Tout en s’efforçant d’adopter l’impassibilité des deux Sphinx en onyx qui semblaient monter la garde aux pieds de l’escalier, Sarah commençait à se demander si ce n’était pas à elle d’assurer le spectacle – ce dont elle se sentait parfaitement incapable – lorsque le son d’un clavecin annonça l’entrée de l’artiste. Soulagée, Sarah put a son tour assister au spectacle qu’elle venait de donner malgré elle dans l’escalier, celui d’un corps qu’on déshabille du regard des pieds à la tête. C’était en l’occurrence un corps revêtu par une parodie d’uniforme scolaire : souliers vernis à talons compensés sur lesquels coulaient des chaussettes blanches façon grunge ; jupe bleu marine sagement plissée mais bien trop courte pour être honnête ; chemisier dont la blancheur virginale soulignait un décolleté infernal, au tréfonds duquel deux hémisphères ocres surlignées de dentelle blanche semblaient se rejoindre sous un bouton prêt à craquer. Enfin, on put découvrir le visage de la jeune effeuilleuse asiatique, dégagé par un chignon sophistiqué, aux pommettes hautes qui bridaient ses yeux noirs et qui évoquait la tête triangulaire d’une mente religieuse. Son sourire poli masquait bien sa vocation de croqueuse de mâle tandis qu’elle marchait vers la scène.
    Le clavecin synthétique laissa l’animation musicale aux premières mesures sirupeuses d’un jazz dont la langueur avait le mérite d’accompagner les gestes mesurés de la strip-teaseuse mais qui, à première vue, ne collait ni avec le décors kitsch, ni avec le type oriental de cette fille à l’allure de Yoko Matsugane. Car ce n’est pas des jardins zen de Kyoto aux camélias évanescents et à la mousse intemporelle, ce n’est pas d’un film d’Ozu que semblait surgir la friponne nipponne, mais d’une trépidante boite de nuit de Shinjuku, des tréfonds d’un manga pornographique, sans avoir perdu pour autant les minauderies ataviques des geishas ancestrales. Quelque soit la nationalité de Yoko, elle était d’essence japonaise : elle incarnait tous les mondes flottants juxtaposés, comme étaient surnommés les maisons de plaisir de Tokyo au 17ème siècle.


fafb777440f833fe5b52780a9d62107f.jpg    Au 7ème siècle, les japonais qui ne possédaient pas l’écriture adoptèrent les idéogrammes chinois : les kanji. Mais ils les dévoyèrent en les utilisant non pas pour le concept que chaque kanji représente intrinsèquement, mais selon leur prononciation. Ainsi apparurent les kana à la calligraphie simplifiée, qui remplacèrent peu à peu les kanji, et qui constituent aujourd’hui deux syllabaires : les hiragana réservés aux mots d’origine japonaise, et les katakana réservés à la transcription phonétique des mots étrangers - principalement anglais. En Japonais, une même phrase peut donc comporter kanji, hiragana et katakana juxtaposés.


    Quand elle dégrafa le bouton en sursis de son chemisier tendu, Yoko tournait le dos au public. Non pas par pudibonderie déplacée en ces lieux - ce qu’un regard raffiné aurait pu trouver excitant à cause de l’apparente transgression d’une pudeur malmenée - mais pour dévoiler sa nuque, ce que les geishas considéraient comme la partie la plus érotique du corps féminin, et que les kimonos mettent aujourd’hui encore si bien en valeur. Dans les yeux d’esthète orientaliste égaré chez Chochotte, c’est alors un fantôme d’Edo qui se serait imprimé comme une estampe érotique représentant un antique lupanar. Il suffit pourtant à Sarah de détourner le regard pour qu’il croise celui de Yoko dans le miroir rococo, et qu’il tombe inéluctablement entre les seins monumentaux de la jeune femme dont le chemisier sous pression s’était ouvert comme un air bag. Tout était là, juxtaposé, à embrasser d’un regard : Une nuque délicate et une paire de seins digne d’un film de Russ Meyer, un uniforme scolaire dévoyé et sa charge transgressive, un mobilier kitch et un jazz au rythme emballant.
    Tout était là, juxtaposé comme un sushi.
    Lorsque Yoko se retourna vers un petit vieux pétrifié sur son siège, ce fut pour fondre sur lui au pas cadencé d’un défilé de mode. Arrivée face au fossile congestionné, Yoko se glissa entre ses jambes flageolantes, elle se pencha vers lui, et elle fit sauter le dernier bouton de son chemisier, dont les pans flottaient maintenant comme des drapeaux blancs. Mais Yoko n’était pas du genre à épargner les clients. Encore maintenus par une microscopique dentelle envers et contre toutes les lois de la physique, ses globes mammaires se trouvaient à quelques centimètre du visage de sa proie. Elle l’assomma d’un crochet du sein droit.

Yoko Matsugane

À suivre…

26 novembre 2007

Mission libertine - VI

e89c3febe9d02a8b7cf622148dd4b7d9.jpg    Tranquillement assis sur le quai de la station Jussieu, ma discrète télécommande en main, je regardais s’éloigner le métro qui emportait Sarah vers de nouvelles aventures. Tandis que je montais dans la rame suivante, j’avais la certitude que Sarah n’était pas en mesure de me reconnaître, ce qui était moins surprenant que cela l’aurait été pour des amants ordinaires : si un bandeau avait recouvert la moitié de mon visage au cours de notre troisième rencontre, c’est la pénombre qui l’avait enveloppé tout au long de notre second rendez-vous.

    Le défi de cette seconde rencontre, c’est Sarah qui me l’avait lancé. Il tenait en quelques tabous : « Notre seul droit sera de nous parcourir avec nos doigts et nos mains ; l'usage de la bouche quel qu'il soit nous sera interdit ; il nous sera également défendu de toucher le sexe ou la poitrine de notre partenaire ».
    La veille de ce rendez-vous dans une chambre hôtel où nous nous apprêtions à passer toute une nuit blanche dans le noir, la débauche et un silence monacal, Sarah m’avait fait part d’un souci typiquement féminin, et elle m’avait proposé d’ajourner notre « entrevue » si je le souhaitais. J’avais immédiatement répondu que je lui laissais le choix dans la date, qu’elle pouvait l’ajuster à sa convenance, masquant au mieux ma déception de devoir patienter quelques jours de plus ou bien de ne pouvoir jouir l’un de l’autre autant que nous le souhaitions. Et puis j’avais réalisé tout le piquant que pouvait m’offrir cette restriction physiologique, et que Sarah insinuait en me laissant ce choix qui aurait dû lui revenir. Aussi lui avais-je concocté une réponse aussi diplomatique que suggestive :

    Ma chère Sarah,

    Je pense avoir répondu un peu trop rapidement à votre message ce matin, sans avoir bien pesé le choix que vous me donnez. Si votre état supposé (je note le conditionnel que vous avez employé) me frustrerait de ne pouvoir partager avec vous une grande partie des plaisirs escomptés, la frustration serait bien plus grande pour vous que pour moi.
    En effet, cet état ne nous interdirait pas d’autres pratiques dont nous sommes tous deux friands, et si vous les aimez au point de les pratiquer abondamment - car c’est abondamment que je voulais vous honorer - alors je ne serais frustré que du plaisir que je ne vous aurais pas donné.
    Je vous renvoie donc la balle et je vous laisse décider selon votre agenda, vos possibilités physiques, et surtout vos envies. Sachez seulement que votre indisposition ne diminue pas le désir que j’ai de vous.

    Dans l’impatience de vous lire, entre autres choses…

Vagant

    Sarah, dont la souplesse anale était plus grande que celle de son agenda conjugal, avait finalement confirmé notre rendez-vous. Deux jours plus tard, je lui écrivais ceci :

    Très chère Sarah,

    Vous avez gagné ! Pour la seconde fois vous avez remporté la victoire, vous êtes la meilleure ! « Sarah ! Sarah ! » Crie la foule extatique devant vos exploits sensuels ! J’ai bien compris que la victoire était votre seule motivation pour me voir, j’ai vu les trésors d’imagination que vous avez su déployer pour arriver à vos fins, moi qui croyais naïvement que vous souhaitiez juste apprendre les courbes de mon corps, par cœur, sur le bout des doigts. A vous la victoire, donc à vous d’en choisir les fruits. Vous avez décidé de me laisser choisir le prochain défi, qu’il en soit ainsi, je vous laisse en retour me donner un gage. Je trouve d’ailleurs cette règle plus équitable. Au perdant de proposer le défi suivant, contre un gage imposé par le vainqueur.
    Laissez-moi cependant revenir sur les délices de notre nuit passée, pour le plaisir de les revivre encore un peu, avec en point d’orgue l’enfilage de vos gants en latex ! Tout cela pour pouvoir me toucher partout tout en respectant les règles de votre jeu, et me faire découvrir au passage la sensualité affolante de cette matière. Que de savantes caresses avez-vous ainsi su me procurer, du frôlement de vos cheveux lâchés sur mon corps énervé, à votre souffle brûlant sur ma peau préalablement aspergée d’eau tiède par vos soins sadiques. Devant un tel déploiement de sensualité perverse, je ne pouvais que rendre les armes, après une héroïque résistance convenez-en, moi qui n’avais pour botte secrète que l’idée de vous taquiner de mon souffle sur vos lèvres ourlées que j’imaginais blanchies par l’écume de vos désirs. Je me souviens avec émotion du baiser libérateur qui signa ma perte, baiser rageur, ravageur, cannibale tant mon désir de vous était violent. Et après cette attente délicieusement exaspérante, combien fût-il doux de vous demander de poser vos lèvres sur mon sexe embrasé, de le lécher jusqu’à tirer mon nectar, pour le partager aussitôt avec moi dans un baiser sirupeux. Il serait fastidieux d’énumérer toutes les escarmouches qui suivirent, les assauts de vos seins sur ma verge dressée, les attaques de mes doigts sur votre intimité, votre langue tendue en guet-apens sur mes couilles, l’offensive déterminante de ma bouche dans votre raie, tranchée abandonnée, offerte à ma vindicte, copieusement embrassée, léchée en un ample mouvement de mon visage entre vos fesses écartées, et qui me procuraient un doux massage autant que je vous baisais. Mais comment pourrai-je ne pas citer l’invasion qui suivit, celle de ma queue dans votre cul souple et gourmand.
    Je n’ai pas tenu le compte de nos orgasmes - mes doigts étaient bien trop occupés - mais je garde en mémoire le jour qui s’est levé sur vous. Vous m’aviez rejoint la nuit tombée dans une chambre totalement obscure, et au petit matin, entre chaque étreinte, la pénombre pâlissante vous révélait un peu plus. J’aime avoir ainsi découvert vos traits, avoir constaté combien vous aviez tort de les trouver quelconques, bref, avoir été en tous points ravi de me réveiller à vos côtés, à l’inverse de ces amants éthyliques honteux de découvrir leur partenaire au petit matin blême. Notre rencontre - inversée puisque nous avons découvert ce qui est le plus souvent couvert avant de découvrir ce qui l’est plus rarement - s’avère définitivement délicieuse, et je ne répéterai pas davantage combien je m’en félicite. […]

    La réponse de Sarah avait été à la mesure de notre première nuit d’amour et de nos conventions épistolaires délirantes:

    Très cher Vagant,
 
    Lentement, peu à peu, je sors de ma torpeur moelleuse, souvenir d'une nuit remplie de délices tous plus audacieux les uns que les autres, et je mets ainsi mon esprit à peine rétabli à votre service pour vous écrire sans détour.
Vous souvenez-vous que je vous avais avoué avoir rencontré un amant exquis dans des conditions nébuleuses pour une étreinte torride ? C'est ce même homme qui m'amène à vous confier ma débauche, parce que je vous sais d'une oreille réceptive et compatissante. Aussi, c'est dans les mêmes conditions que les premières, à quelques détails près, que je me suis rendue le coeur léger dans une chambre d'hôtel où régnait, en plus de son parfum enivrant qui flottait dans l'air, une obscurité digne de ce nom. Il était là, dans cette même pièce, à m'attendre comme nous l'avions convenu. Aussitôt, nous avons mis en pratique ce gage dont je vous ai touché un mot, vous savez, cette mise en jambe du bout des doigts...
    Je le désirais ardemment, j'avais une telle envie de goûter à nouveau ses lèvres, son corps et sa peau qu'il était évident que je ne pourrai me contenir très longtemps. C'est du moins ce que je croyais. Alors que le jeu prenait tout son sens sous nos lascives caresses, c'est à mon grand étonnement qu'il m'avoua, dans un fougueux baiser, que l'envie était si forte qu’il ne pouvait plus supporter ce qui lui semblait déjà du le domaine de l'insupportable ! Enfin je le retrouvai, lui et ses envies lubriques, son être et les folies grisantes qui en découlent, son corps enfin offert à mes caprices audacieux. Après une double attente, nous prenions à nouveau possession de nos convoitises sans autre restriction que l'obscurité imposée, et  une indisposition qui ne me permettait pas de jouir de son sexe en chacun des passages que je pouvais lui offrir. Nous ponctuâmes donc nos ébats, ô combien torrides, par une succession de sodomies plus qu'exaltantes. Mon anus lui était dédié avec toute l'envie qu'il pouvait y glisser. C'est avec volupté que j'accueillis son sexe dans mon orifice sûrement étroit un jour précédent. J'aimai le sentir s'y introduire doucement dans un premier temps, puis prendre possession de ce domaine si convoité dans une palette de rythmes aussi différents qu'envoûtants. Tantôt langoureux, tantôt bestial, son assaut rectal me fit jouir plus d'une fois. Ses mains kleptomanes volèrent toutes mes gourmandises. Sa bouche insatiable vint explorer chaque parcelle de ma peau, en apprit le grain, en dégusta la saveur. Je ne me lassais pas de ses caresses aussi délicates qu'insolentes, de ses baisers sensuellement amoureux, de son souffle posé sur ma féminité ruisselante. Chacune de ses tendresses est tatouée sur mon corps, chaque émotion est gravée dans mon âme, qui me rendent encore plus libertine...
    Je suis sûre que ces mots attisent vos envies naissantes, comme ce fut le cas avec mon amant mystérieux puisque nous décidâmes de ne plus garder le silence complet mais de joindre la parole au geste à des fins purement sexuelles. C'est sans complexe que nous ajoutâmes des mots crus à nos ébats pour le moins passionnés : Je lui avouai aimer sentir sa verge bien au fond de mon cul puisqu'elle ne pouvait se trouver ailleurs, avant qu'il ne me demande de boire son foutre puis d'en partager le goût si particulier. Je criai mon orgasme quand il prenait possession de la chienne que j'étais devenue pour lui.
    J'ignore pourquoi nos mots ne se limitèrent pas à des paroles obscènes entrecoupées de souffles courts. C'est presque naturellement que nous nous laissâmes aller à des propos qui tenaient plus de la confidence sur l'oreiller que du "suce-moi salope". Bien que ce soit un écart par rapport à nos conventions d'origine, je lui fis assez confiance pour le laisser me glisser des mots doux au creux de l'oreille, et même pour le suivre dans cette nouvelle voie qui levait un peu de son mystère.
    Pourvu que cela n’entâche notre correspondance.
    Parce que l'essentiel, pour lui et moi, est bien là. […]

    Oui, l’essentiel était là, le mystérieux mobile qui donnait à notre adultère ce double parfum d’interdit, et qui poussait Sarah à parler de moi à la troisième personne du singulier lorsqu’elle évoquait nos étreintes, comme si elle pouvait ainsi prendre une distance salvatrice. J’en étais à cette réflexion rétrospective lorsque je réalisai que mes pas m’avaient mené à la devanture d’une boite de strip-tease, Chochotte, située au trente-quatre rue Saint-André des Arts.

À suivre…

19 novembre 2007

Mission libertine - V (2)

    Les yeux dans le vague mais le sourire aux lèvres, Sarah vit le garçon s’approcher et déposer sur la table une soupière brûlante qui exhalait des parfums d’agneau grillé et de poivron vert.

- Désirez-vous quelque chose d’autre, mesdemoiselles ?
- Je vous remercie, c’est bon, répondit Marina.
- Oh oui ! c’est bon ! renchérit Sarah.

    En pouffant de rire, elles regardèrent le garçon s’éloigner. Marina interrogea Sarah du regard.

- Les vibrations viennent de s’arrêter. C’est surprenant au début, mais pas désagréable en fin de compte.
- Je me demande jusqu’à quelle distance il peut les déclencher.
- Tu crois qu’il est dans la salle ?
- Je ne le vois pas en tous cas.
- Ça recommence…

76408151e143da59d28aa4a02615c0e4.jpg    Elles balayèrent du regard le restaurant aux murs décorés de faïence et de bois sculpté aux motifs hispano mauresques. Pas un seul homme solitaire n’était assis aux petites tables rondes avoisinantes, où couscous, tagines et thé à la menthe offraient l'opulence de leurs appâts aux papilles des gourmandes, sur des plateaux de cuivre ouvragés. Sarah n’était pas en mesure de poursuivre davantage ses investigations. Elle ferma les yeux et mordit sa lèvre inférieure tout en se dandinant sur sa chaise. Lorsqu’elle portait son corps vers l’avant, la pression de la tête du papillon s’intensifiait sur son clitoris au point que les vibrations devenaient insoutenables. Elle se rejetait alors en arrière jusqu’à s’appuyer sur le dossier de son siège, et c’est alors le petit pénis bourdonnant qui s’immisçait profondément entre ses lèvres humides, au cœur de ses chairs déjà suintantes de plaisir. Sa vulve ouverte, aux lèvres épanouies, lui donnait l’impression d’être une fleur aux pétales épaisses, et au calice gorgé de sucs qu’un bourdon vibrant venait butiner sans vergogne. Des ondes de plaisir irradiaient de son bas ventre en langoureux frissons qui lui remontaient jusqu’à l’échine, en passant par sa poitrine dont elle sentait les tétons durcir. Les vibrations cessèrent enfin et Sarah put répondre à Marina d’une voix qui ne risquait plus de se muer en feulement lascif.

- C’est si bon que ça, Sarah ?
- Tu n’imagines pas.
- Dis moi, comment en es tu arrivée là, avec Vagant. Ce n’est pas banal de se prêter à de tels scenarii avec un homme dont on n’a jamais vu le visage !
- C’est vrai. Sans doute pour inscrire notre relation dans le domaine de l’irréel... Comme si le jeu pouvait nous protéger… n’as-tu jamais eu envie de vivre une autre vie Marina ?
- Vous protéger de quoi ?
- Enfantin, en deux lettres.
- Pardon ?
- J’ai deux définitions supplémentaires en post-scriptum. g-4 horizontalement : enfantin ; h-1 verticalement : pronom qui nous est indicible.
- C’est tout ?
- Oui, tout le reste est dans le message codé. Tu m’aides ? Oh, voilà que ça recommence…

    Sarah avait esquivé la question de Marina, mais en connaissait-elle seulement la réponse, au-delà de l’angoissante sensation que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain si cette liaison devenait plus conventionnelle ? Après avoir commencée sur des bases aussi étranges, Sarah était convaincue que cette relation ne survivrait pas à la perte de ses atours oniriques, tel un mirage qui disparaît lorsqu’on tente de le toucher. Elle en jouissait éperdument comme sous une épée de Damoclès, refusant de mettre des mots sur son angoisse de la rupture par peur de la déclencher ainsi.
    Marina et Sarah se concentrèrent tant bien que mal sur l’énigme, entre les bouchées de couscous aux merguez et les rafales vibratoires aussi piquantes les unes que les autres, qui maintenaient toutes leurs muqueuses humides sans pour autant assouvir tous leurs appétits. Elles en étaient au thé à la menthe lorsque Sarah fût à peu près certaine de l’adresse où elle devait se rendre, et elles durent expédier le dessert bien plus rapidement que ses douces saveurs ne le méritaient. Elles quittèrent le restaurant avec une bonne demi-heure de retard, remontèrent côte à côte la rue Geoffroy Saint Hilaire sans que le papillon ne se manifeste, et elles se séparèrent à l’entrée du métro Jussieu en se promettant de se donner des nouvelles mutuelles, mais sans s’engager à se revoir. Sarah avait trouvé Marina fort sympathique, mais pas assez attirante pour aborder avec elle les plaisirs saphiques qui titillaient sa curiosité, à moins qu’elle ne fût pas dans les meilleures conditions pour apprécier son charme, car l’homme qui la faisait vibrer à loisir captivait toute son attention.
    Lorsque Sarah monta dans la rame, le papillon la fit à nouveau frémir. Elle balaya d’un regard éperdu les voyageurs tranquilles, et les vibrations s’interrompirent lorsque les portes se refermèrent derrière elle. Sarah jaugea chaque homme présent dans la voiture, partagée entre le désir de voir le visage de celui qui la soumettait à cette torture, et l’envie de laisser encore un peu le mystère envelopper cet homme qui lui faisait subtilement – mais si efficacement – sentir sa présence. Assise en face d’elle, une sémillante sexagénaire savourait une revue de potins mondains. Sur la banquette voisine, un barbu lisait l’Humanité en face d’un ado en plein Sudoku. « Vagant est-il assis juste derrière moi ? », songeait Sarah tandis que les vibrations du papillon avaient été relayées par celles du métro, dont les cahots imprévisibles qui frottaient sporadiquement le jouet contre sa vulve à vif lui faisaient à chaque fois pousser un petit gémissement incontrôlable ? Allait-elle satisfaire sa curiosité après des mois de correspondance avec ce mystérieux inconnu, ou bien les besoins impérieux de son corps tendu par une jouissance imminente ? Était-elle vraiment obligée de choisir ? Elle se retourna et vit un homme brun, en blouson de cuir, qui lui tournait les dos. Le seul Vagant potentiel. Alors s’imposa l’idée folle d’aller jouir devant lui, sans un mot, sans un geste ambigu sinon le balancement de son corps sur la banquette, avec un regard de bête traquée pour seul aveu de son plaisir clandestin.
    Sarah se leva, s’agrippa aux barres et fit quelques pas maladroits en direction de l’homme impassible. Tandis qu’elle s’assit juste en face de lui dans la voiture presque déserte, l’homme ne leva pas les yeux de son roman dont la couverture était cachée par ses mains fines, comme s’il était tout entier absorbé par une lecture inavouable. Sarah s’installa juste au bord de la banquette, là où sa rotondité est la plus marquée, afin d’en augmenter la pression sur le papillon, et mieux le planter dans son sexe trempé. En croisant les jambes et en se cambrant un peu, elle parvenait à contrôler le mouvement du petit pénis dans ses chairs extatiques. Accélérations et freinages successifs la massait comme la main d’un amant aux doigts inquisiteurs, bien qu’un peu courts. Ses mains à plat sur ses genoux, haletante et les narines frémissantes, Sarah sentait les pointes de ses seins saillir de son corsage blanc tant sa poitrine était bombée par les larges goulées d’air qu’elle inspirait pour ne pas perdre tout contrôle. Elle fixait l’homme impassible entre ses paupières à demi closes, à la fois vexée qu’il ne lui accordât pas le moindre regard et surprise que cela ne brisât pas l’ascension de son plaisir. En vérité, elle ruisselait à un point tel qu’elle s’attendait à ce que le jouet en latex couinât sur sa vulve à l’unisson des pneus du métro sur les rails. Son regard s’échappa vers le tunnel obscur. Le reflet de la vitre lui renvoya l’image d’un visage dévasté. Elle était prise au piège, clouée sur son siège comme un papillon en vitrine, incapable de décoller son cul de la banquette telle une pucelle qui fait tapisserie – elle songea alors brièvement à sa comparaison du papillon avec un clou de tapissier, mais elle n’était pas en état d’en rire – quand un freinage intempestif l’amena au bord de l’orgasme. L’homme leva les yeux de son livre et sortit précipitamment. Elle réalisa que c’était aussi sa station et elle sauta juste à temps de la rame, aussi rouge de honte que de jouissance inassouvie. L’homme au blouson de cuir avait disparu. Le temps de reprendre son souffle, elle se rendit au trente-quatre rue Saint André des Arts et pénétra, non sans une certaine appréhension, dans l’établissement luxurieux.

À suivre…

12 novembre 2007

Mission libertine - V (1)

   La seconde enveloppe matelassée que venait de lui remettre Marina était déformée par son contenu : un objet violet en latex, ainsi qu’une lettre que Sarah lut d’une main tremblante d’excitation :

   Très chère Sarah,

   Vous avez avec succès réussi le premier test, le plus facile. Le suivant est un peu plus corsé. Vous avez vu un bien étrange objet dans le paquet que notre agent vous a remis. C'est un prototype de papillon vibrant à porter sur vous, entre les cuisses, le petit phallus bien enfoncé dans votre intimité. Les lanières pour le fixer à votre bassin ne sont pas encore au point, et vous allez devoir faire preuve de bon sens pour le maintenir, ce en quoi le jean étroit ou la culotte boxer que je vous avais demandé de porter pourront vous être utiles. Vous serez peut être étonnée de ne pas trouver d’interrupteur sur ce gadget sophistiqué. Il est en effet en ma possession, et je ferai vibrer ce papillon radio commandé de temps à autre pour vous faire sentir ma  proche présence, afin de compenser le fait de ne pas pouvoir être à vos côtés tout au long de cette journée.

   Dès que vous serez dans votre vestiaire, fixez le papillon et rendez-vous au restaurant de la mosquée à midi au plus tard, en compagnie de Marina alias PetitNénuphar si vous le souhaitez. Sachez que je l’ai recrutée exclusivement pour cette mission, et qu’elle n’est en rien impliquée dans les activités de notre service. Ne perdez donc pas votre temps à essayer de lui tirer les vers du nez, elle me connaît à peine et ne pourra pas vous en dire plus sur la suite de votre journée. Il pourrait aussi vous être agréable de savoir qu’elle fréquente assidûment le forum bisexualité d’auFeminin.com. Continuez la lecture, ou plutôt le décryptage de cette lettre au cours de votre déjeuner inclus dans la formule orientale. Vous vous installerez en terrasse si le temps le permet.

   Sarah interrompit là sa lecture pour contempler les lanières élastiques du papillon avec une perplexité qui se mua en fou rire.

- Crois-tu que le concepteur de ce machin sait qu’une femme à deux jambes et une taille ?
- En tous cas, il semble savoir qu’elle a un clitoris.
- Attention, on nous regarde !

   À l’entrée du vestiaire, une femme brune, élancée, au teint halé, regardait Sarah de ses grands yeux ténébreux dont l’expression était si indéfinissable qu’elle en devenait inquiétante. Soudain, son oeil gauche cligna et ses lèvres d’un rouge carmin esquissèrent un sourire complice. Sarah, elle, vira au rouge pivoine. Elle alla s’enfermer aux toilettes où elle parvint à mettre tant bien que mal l’appareil. L’abdomen du papillon, qui avait la forme d’un petit phallus, venait boucher l’entrée du vagin tandis que sa tête venait se loger contre son clitoris et ses ailes se déployer entre ses cuisses. Si Sarah comparait son godemiché préféré à un clou à tête fine, qu’elle plantait volontiers au cœur de son intimité pour tenter en vain de fixer sa libido galopante, ce nouveau jouet évoquait un clou de tapissier, à la tête plus large que la pointe n’est longue, en tous cas pas assez longue pour atteindre le point le plus sensible de son vagin. Elle enfila son jean par-dessus tout ce harnachement qui ne lui laissait qu’une sensation déplaisante entre les jambes, et elle rejoignit Marina qui l’attendait pour aller au restaurant.
   Assise devant un succulent couscous, Sarah entreprit de lire, ou plutôt de déchiffrer la fin de cet étrange message…

   Je [a5 horizontalement] sais pas ce qu’il en [i1 verticalement] pour vous, mais j’ai trouvé le temps d’[b3 verticalement] propice à la promenade. [d8 verticalement] partant du [c8 horizontalement] place Monge, j’ai pris la [b6 horizontalement] Lacepède [d8 verticalement] passant devant [e7 horizontalement] l’épicier, j’ai continué jusqu’à traverser la [b6 horizontalement] Mouffetard et ses restos pas toujours [f6 horizontalement], la rue d’[c6 verticalement] et sa fameuse école, avant de descendre le boulevard [h7 horizontalement] Michel, tourner à gauche pour lécher quelques vitrines du boulevard [h7 horizontalement] Germain, et enfin tourner à droite pour m’enfoncer au cœur du quartier [e7 verticalement] finir, presque par hasard [b6 horizontalement] [h7 horizontalement] [f5 verticalement] [a7 verticalement] [h 4 verticalement], plus précisément au numéro [g1 verticalement] [d5 horizontalement] où [a9 horizontalement] cache une sorte de « [a3 horizontalement] [e1 verticalement] » : [a1 horizontalement]. [g8 verticalement] je dois bien avouer que j’avais déjà entendu parler de ce lieu dédié à la gloire d’[f9 horizontalement], [e7 verticalement] je [a5 horizontalement] résistai pas bien longtemps à l’envie de le découvrir par moi-même, mettant [d8 verticalement] pratique cette citation que vous connaissez bien «La meilleure façon de [a9 horizontalement] libérer d’une tentation, c’[i5 verticalement] d’y céder».
   Après m’être acquitté du droit d’entrée, je descendis les escaliers qui menaient à une petite cave voûtée aménagée en une chambre improbable, recouverte de tentures luxurieuses, décorée de miroirs dorés, traversée en son centre par une barre en acier verticalement phallique, franchement incongrue dans une chambre classique, mais qui donnait tout de suite une idée de l’usage de cette pièce au spectateur averti. Les quelques spectateurs assis sur des banquettes semblaient d’ailleurs avertis depuis quelques décennies, et je m’installais entre deux papys visiblement ravis de mon arrivée. L’entrée en scène de la superbe brune aux longs cheveux frisés qui m’avait subrepticement suivi, me rassura aussitôt sur leurs goûts hétérosexuels.
   Avec son arrosoir [e7 verticalement] son chapeau de paille genre « belle [a7 verticalement] champs », sa petite robe en [a1 verticalement] bien sage était bien un [a7 verticalement] seuls attributs de l’[a4 horizontalement] blanche qu’elle était sensée jouer, et ses premiers déhanchements au rythme soutenu de la musique syncopée corroborèrent mon analyse. De cambrure suggestive [d8 verticalement] pose [c1 verticalement], elle finit par faire tomber sa robe à la fin de la première danse, pour se retrouver dévêtue de dentelles sophistiquées qui contrastaient avec son chapeau rustique enfoncé jusqu’au [g2 horizontalement] des yeux. Cet accoutrement qui aurait été grotesque avec une fermière rustique s’avérait délicieusement obscène sur cette jeune femme sculpturale, et aurait donné à quiconque quelques émotions quelque soit son [d5 verticalement].

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   Je vous laisse découvrir la suite du spectacle par vous-même, ce pourquoi vous trouverez 50 euros dans cette lettre, et je vous propose de vous rendre à cette adresse en utilisant le chemin par lequel vous êtes venue. Prenez le temps de terminer votre repas, mais ne quittez pas le restaurant après 13h15, heure à partir de laquelle je vous communiquerai l’adresse si vous n’avez pas encore trouvé le nom de la rue où vous devez vous rendre. N’oubliez pas d’éteindre votre téléphone mobile avant d’entrer dans la salle de spectacle, puis de le rallumer en sortant. Quoi qu’il arrive lors de ce spectacle, sortez de la salle avant 14h30.

   Au plaisir de ce chaud show hot,

Vagant

À suivre…

05 novembre 2007

Mission libertine – IV (2)

    Me voilà donc étendu, entièrement nu, les yeux bandés et les poignets attachés à la tête de lit. Mon cœur bat déjà la chamade rien qu’à imaginer ce qu’il va se passer dans les prochaines secondes. Je n’en ai qu’une vague idée et le paroxysme de mon excitation est là, à cet instant précis, après sa lente montée à lui suggérer mes désirs pervers sans jamais les écrire clairement. Voilà ! On vient de s’asseoir à mes côtés, et une main à la douceur toute féminine court sur ma peau, de mon cou à mes cuisses, de la pointe de mon glaive au pommeau de mes couilles. Je bande. Je suis moins excité par ma situation d’apparente soumission qu’à savoir Sarah tout près de moi, ou tout au moins de l’imaginer dans le rôle de composition que je lui impose. Car je ne suis pas sûr que ce soit bien elle qui est entrée dans la chambre jusqu’à ce que je reconnaisse sa voix.

- Bonjour Vagant.
- Bonjour Sarah.
- Je vois que vous êtes prêt.
- Oui. Je crois que vous l’êtes aussi. Il me semble vous avoir entendue poser un sac lourd de… comment dire…
- Quincaillerie. Je vais mettre un peu de musique pour vous détendre, et couvrir vos cris.

    Mozart entre dans la chambre. Son concerto pour clarinette l’inonde de sérénité apparente : la douceur d’une plume vient frôler mon gland aux muqueuses gonflées d’excitation. Est-ce donc ainsi qu’elle compte me faire capituler ? Probablement pas. Même si je n’ai encore jamais vu son visage, je sais, déjà par expérience, combien Sarah est imaginative. J'ai la certitude qu’elle saura faire durer le plaisir en jouant avec moi comme le chat avec la souris.

- Alors Vagant, avez-vous reconnu ce qui vient de passer sur votre jolie queue ?
- Une plume ?
- Perdu !

    Soudain, un vif tiraillement foudroie mon entre cuisse. La peine s’évanouit presque aussi rapidement qu’elle est apparue : Sarah vient de m’arracher un poil de testicules, probablement avec une pince a épiler. Je n’ai pas débandé d’un iota. Je suis toujours aussi excité de la voir, ou plutôt de la savoir aussi bien entrée dans mon jeu : ce qu’elle vient de m’infliger m’a étonné autant que la douleur associée, aussitôt calmée par le doux frôlement qui a repris tout au long de ma hampe qui hisse toujours aussi haut le pavillon de mes envies perverses.
    Sarah saute du lit, je l’entends ouvrir son sac, je distingue des bruits indéfinissables au dessus de mon corps offert aux vicissitudes que je provoque, et c’est maintenant une sensation de douceur aussitôt suivie d’une chaleur brûlante qui inonde ma verge. J’halète un instant, plus sous le coup de la surprise que de la brûlure qui s’atténue, pour ne laisser place qu’à la caresses de ses délicieuses lèvres tièdes et de sa langue encore chaude.

- Et maintenant, avez-vous reconnu ce que je vous ai fait ?
- Une fellation au thé chaud !
- Oui, je vous l’accorde, même si le thé n’a pas eu le temps d’infuser.

    Sans transition, c’est à la morsure de la glace que mon gland turgescent est soumis. Je ne peux retenir un cri affolé. Mes doigts se crispent sur mon ceinturon qui enserre mes poignets jusqu’à ce que je m’habitue tant bien que mal à l’étrange sensation. Sarah laisse fondre la glace sur mon ventre frémissant et me demande si j’ai su identifier le dernier de ses sévices.

- Une fellation au glaçon !
- Laquelle préférez-vous ?
- Au naturel.
- Je ne suis pas là pour votre plaisir, à moins que vous ne me demandiez grâce dès maintenant ?
- Vous plaisantez ?
- Non !

    Sans me laisser le temps de répondre, elle me glisse deux doigts dans la bouche pour barbouiller mes gencives de harissa. C’est infâme, mais ce n’est pas ça qui aura raison de ma persévérance ni de mon excitation : Que va-t-elle encore pouvoir inventer ? Voilà toute ma motivation : savoir jusqu’où je peux la pousser. La réponse tombe aussitôt sous la forme d’une autre question :

- Deux couples libertins se rencontrent. Combien de trios distincts peuvent-ils former ?
- Quatre.
- Bien. Quelle position est la réponse à l’énigme suivante : « Deux pénètrent et deux sont pénétrés, et pourtant ils ne sont que trois » ?
- Le sandwich.
- C’est juste.
- Qui a dit : « L’amour est un esclavage consenti » ?
- Sacha Guitry ?

    Je reconnais les questions de mon petit jeu de société libertin, ainsi que l’affreux tiraillement sur mes testicules qui m’arrache un bref gémissement.

- Non, c’est Roland Jacard ! Vous devriez le savoir, c’est tout de même vous qui avez mis au point toutes ces questions. Bon, poursuivons donc avec Sacha Guitry puisque vous y tenez : De quel livre de Sacha Guitry est tiré cet extrait : « Etre marié ! Ca, ça doit être terrible. Je me suis toujours demandé ce qu'on pouvait bien faire avec une femme en dehors de l'amour. » ?
- Je… Je ne sais plus.
- Faisons… un… rêve !

    Telle une institutrice perverse, Sarah m’a arraché un poil à chaque mot de la bonne réponse. La douleur n’avait pas le temps de disparaître qu’elle était aussitôt ravivée, et il me semble que ma peau en a gardé la mémoire lorsqu’une terrible morsure m’arrache un râle : celle d’un glaçon appliqué sur mes bourses encore endolories. Pour la première fois, le doute s’insinue dans mon esprit. Vais-je tenir ? La raideur infaillible de ma verge me donne la réponse : je sais le meilleur encore à venir.
    L’avantage d’avoir les poignets liés ensembles est de pouvoir se retourner, ce que me demande Sarah. J’obtempère le cœur battant à l’idée de ce qui m’attend : voir assouvies mes envies inavouées. Avec les genoux repliés sous mon buste, j’imagine très bien le spectacle que je lui offre. J’en ai la certitude lorsque je sens ses mains écarter la raie de mes fesses pour dévoiler mon anus à ses yeux et ses doigts inquisiteurs. L’un d’entre eux vient déposer une noix de gel sur mon petit orifice encore clos, et il en force l’entrée avec le doigté d’un cambrioleur expérimenté. Je sens mon petit trou s’ouvrir facilement sous la pression du doigt qui s’immisce, toujours plus profondément, jusqu’à la garde, avant de ressortir, phalange après phalange. Encore un peu de gel et il revient à la charge, brusquement. Il s’enfonce d’un coup, ressort, rentre à nouveau, et finit par coulisser dans mon cul ajusté comme un tube sur son piston. Mais je me doute que Sarah a prévu une autre cylindrée. Je n’ai pas longtemps à attendre pour qu’entre mes fesses vienne se loger quelque chose de souple, oblong, et conséquent.

- Alors Vagant, vous me demandez grâce ?
- Enculez-moi !

    Sarah fait pointer le bout apparemment conique de l’objet qu’elle veut m’introduire à l’entrée de mon orifice presque vierge. La pression s’accentue. Je ne parviens pas à me détendre. Au contraire, je serre les dents. Elle me force, elle me fait mal, mais elle m’ouvre malgré tout. L’oreiller écrasé contre mon visage étouffe mes gémissements, quand elle m’enfonce petit à petit sa chose dans le rectum. C’est loin d’être aussi agréable que je ne l’imaginais, et le retrait s’avère pénible. Sarah arrose mon anus à peine dilaté d’une bonne giclée de gel pour me pénétrer à nouveau avec son gode, encore plus profondément. J’essaie de résister à la déferlante sensationnelle tandis qu’elle accélère ses va et vient dans mon cul, entre excitation cérébrale à me faire sodomiser par une femme et l’inconfort de mon petit orifice tout dilaté. Malgré toute l’intensité de ces nouvelles sensations anales, je sens la tête de Sarah s’immiscer entre mes cuisses, son souffle chaud sur mes couilles qui ballottent au dessus de son visage, sa bouche qui vient s’emparer de ma verge tendue, et la morsure de ses dents sur mon sexe qui me fait hurler ! Stop ! J’abandonne, vous avez gagné ! Comme la dernière fois...

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    Un coup d’œil à ma montre me tira de ma rêverie dont les effets gonflaient encore mon pantalon. Nous étions un peu en retard sur l’horaire et j’hésitai à appeler Marina à laquelle j’avais remis la seconde enveloppe quelques jours plus tôt. Je décidai de ne pas risquer de les déranger à un moment délicat, mais de m’approcher de l’entrée du restaurant de la mosquée où j’allai soumettre Sarah à une épreuve particulièrement vicieuse qui,  déjà, m’avait pris des heures de mise au point.

À suivre…

29 octobre 2007

Mission libertine – IV (1)

l'origine de cette photo...    C’est pour ainsi dire une question de vie ou de mort : je dois prendre la première qui se présente.
    Elle arrive bourrée comme une bavaroise à la fête de la bière. Tant pis. Je joue des coudes pour m’en approcher, être le premier à m’y enfoncer, comme une brute. Elle se traîne jusqu’au bout du quai noir de monde, s’arrête enfin, semble hésiter, et elle vomit un flot de voyageurs exténués. La rame en ingurgite aussitôt une autre rasade dont j’ai su faire partie.
    Le métro m’éructe à Wagram. J’ai trente-cinq minutes pour trouver une bouteille de champagne, un plateau de petits fours, et l’hôtel Mercedes à la façade Art Déco et aux vitraux géométriques. Hôtel de charme côté face. Cathédrale luxurieuse côté pile. Quarante minutes plus tard, je monte les escaliers quatre à quatre jusqu’à la porte de ma chambre. Toujours la même, curieusement, comme si je faisais du sur place. En luxure comme en art, le renouveau n’est qu’un éternel recommencement.
    Je me déshabille intégralement. Une douche, une goutte de parfum… et je réalise que j’ai oublié un élément fondamental de mon scénario : le bandeau ! Tant pis, j’en improviserai un avec une serviette de bain. Je retourne dans la chambre, j’attache le bout de mon ceinturon à la tête de lit et je forme un nœud coulant avec la boucle.
    C’est maintenant l’instant crucial : j’ai cinq minutes pour ouvrir la porte de la chambre, la laisser entrebâillée, m’allonger dans le lit, nouer la serviette autour de ma tête, glisser mes mains jointes dans la boucle du ceinturon et tirer un coup sec.
    Voilà. Mes poignets sont pris. Il ne me reste plus qu’à l’attendre. Oh, je n’ai pas peur de rester accroché là si elle ne venait pas : je pourrais me détacher tout seul sans trop de difficulté. J’ai simplement peur qu’elle ne vienne pas, tout comme j’appréhende son arrivée. La tension monte, impérieuse, dans tous mes membres, tous… Ça y est ! Ma tortionnaire vient d’entrer ! La porte claque derrière elle. Je l’entends poser un sac lourd de brûlantes promesses. Elle s’approche de mon corps étendu, à demi nu, au point que ses doigts frôlent mon buste dans un silence sensationnel. Ils repoussent la lisière de ma nudité jusqu’à s’octroyer ma virilité orgueilleuse. Enfin ! À moi la grande vie et la petite mort !

    J’avais quelques heures à attendre Sarah aux alentours de la mosquée, et mon esprit vagabondait dans les souvenirs cuisants laissés par ma dernière nuit avec elle : un vrai défi, pour la troisième fois, lancé par écrit quelques jours auparavant…

Très chère Sarah,

    Après avoir versé un peu de piment sur une blessure encore vive, ou tout au moins sur une certaine irritation de vos muqueuses, entre autre, je vous offre le baume de la vengeance : Je vais m’offrir à vous. Non pas comme une femme s’offre à un homme, dans l’attente d’un plaisir partagé, mais comme un esclave s’offre à son maître, dans l’attente du seul plaisir pervers du maître aux dépends des supposées souffrances de l’esclave. Pratiquement, nous allons nous donner rendez-vous dans une chambre d’hôtel où je vous attendrai, en pleine lumière, presque nu, les yeux bandés et les poignets liés à la tête du lit. Offert et soumis, vous pourrez faire de moi ce que vous voudrez. Oui, vous avez bien lu, vous avez carte blanche, je vous fais confiance pour être une dominatrice vicieuse, perverse, sadique. Vous pourrez donc me faire subir tous les sévices, toutes les humiliations, jusqu’à ce que je demande grâce, jusqu’à ce que je dise stop, ce qui mettrait immédiatement fin au jeu et vous ferait gagner ce défi.
    Je laisse à votre imagination débordante le soin de choisir ce que vous allez me faire subir, le plus évident consistant à vous équiper afin d’appliquer les préceptes de Vatyayana, auteur du Kamasutra : « Quelque chose que l’un des amants fasse à l’autre, celui-ci doit lui rendre la pareille : baiser pour baiser, caresse pour caresse, coup pour coup ». Quoi que vous me fassiez, je vous demanderai seulement la faveur d’être progressive, pour ne pas m’infliger de blessures qui certes me feraient rendre grâce, mais risqueraient aussi de terminer brutalement et prématurément notre rencontre. D’un autre côté, je vous promets de ne pas tricher en me masturbant pour vous imputer ensuite ma jouissance.
    En effet, toute médaille a un revers : Si au cours de cette séance je venais à jouir, si vous veniez à faire couler mon sperme, volontairement ou non, alors cela mettrait fin au jeu en me faisant gagner la partie. Le chocolat que je vous offre est donc bien amer, car vous ne pourrez en aucun cas jouir de ma virilité sans risquer de me faire jouir aussi. Par ailleurs, je garderai le bandeau tout au long de notre entrevue, je ne croiserai pas votre regard, et ce n'est pas encore cette fois-ci que je verrai votre visage en pleine lumière. Tel sera le seul tabou de ce jeu. De votre côté, vous pourrez vous repaître du spectacle de ma nudité - hormis le bandeau qui cachera le haut de mon visage - et même l’immortaliser si l’envie vous en passait par la tête, vous avez carte blanche vous dis-je, avec la liberté de me détacher, de me ligoter davantage, ou d’inviter un bataillon pour participer à ma reddition si cela vous chante ! L’enjeu de ce défi sera un gage auquel le perdant devra se soumettre, et une proposition de jeu pour la rencontre suivante. Je pense que vous accepterez ce défi, dont la victoire ou la défaite ne se joue qu’à un mot ou un geste. Il va sans dire que je serais très déçu que vous le refusiez. 
    Enfin, je ne résiste pas au plaisir de citer Beigbeder : « Les hommes craignent la vie de couple pour une seule raison : La peur de la routine. Cette peur en cache une autre : celle de la monogamie. Les types n’arrivent pas à admettre qu’ils puissent rester toute leur vie avec la même femme. La solution est simple : il faut qu’elle soit bonniche et putain, vamp et Lolita, bombe sexuelle et vierge effarouchée, infirmière et malade ».

    Au plaisir de tout,

Vagant

À suivre…

25 octobre 2007

Mission libertine - III

    Sarah s’enfonça, avec une certaine appréhension, dans l’étroit boyau caché aux confins de la rue Larrey. Elle déboucha dans la rue Georges Desplas, contourna la mosquée par la rue Daubenton, pénétra dans un petit patio décoré d’émaux polychromes avant de s’infiltrer dans le café mauresque. Là, elle présenta son sésame pour le bien être au guichet du hammam, caché derrière le présentoir de pâtisseries orientales. La caissière l’ensevelit aussitôt sous une avalanche de détails indispensables sur l’art et la manière de profiter pleinement des soins proposés, et Sarah se retrouva, un paréo en main et quelques débris d’explications à l’esprit, face à une paire de prunelles qui la dévisageaient de la tête aux pieds. Elle traversa lentement une salle à colonne, fontaine et matelas sur lesquels s’allonger, en direction de la jeune femme aux cheveux noirs qui ne cessait de la fixer depuis les vestiaires. Des gouttes perlaient dans ses cheveux bruns bouclés, glissaient tout au long de sa gorge, s’enfonçaient entre ses seins recouverts d’un paréo plaqué sur sa peau par l’atmosphère saturée d’humidité. La jeune femme aborda Sarah :

fb5edbe3b29ec77b7dc9afb0df752818.jpg- Bonjour, je suis Petit Nénuphar.
- Oui… et alors ?
- Je suis là de la part de Vagant qui m’a demandée de passer cette matinée, ou tout au moins ce qu’il en reste, avec vous…
- Ah… vous êtes donc l’agent secret, Petit Nénuphar 007 ?
- Oui, mais entre nous, vous pouvez m’appeler Marina, dit-elle d’une voix suave et les paupières en papillons.

    Sarah se déshabilla dans le couloir qui faisait office de vestiaire, sous le regard de Marina qui n’en perdait pas une miette. Elles éclatèrent de rire en constatant que le haut du bikini rose barbie que j’avais préparé à l’attention de Sarah ne contenait guère plus que les mamelons de son opulente poitrine, ce qui aurait été parfait pour jouer les James Bond girls sur une plage de Copacabana, mais flirtait avec l’attentat à la pudeur parmi les opulentes matrones maghrébines venues pour leur séance de papotage hebdomadaire. Sarah opta donc pour le maillot que je lui avais demandé d’emporter avec elle, car je n’étais pas du tout sûr de ses mensurations. Il faut dire que je n’avais vu ses seins que du creux de la main.
    Dans la salle de transpiration, Marina étala le savon noir sur le dos de Sarah avec autant de sensualité que d’application. Avec cette atmosphère saturée d’humidité, le savon se transformait en pâte onctueuse qui se liquéfiait entre les doigts et s’infiltrait dans tous les pores de la peau. Sarah sentait de douces mains se promener sur tout son dos, qui  insistaient sur ses épaules, tout au long de sa colonne vertébrale, jusqu’aux reins. Chaque geste distillait une langueur qui envahissait sa conscience. Marina lui fit pourtant remarquer qu’une certaine tension subsistait dans le corps de Sarah : son esprit s’était abandonné plus vite que son corps n’avait pu suivre. Sarah enfila un gant de gommage pour le passer lentement sur ses jambes. Qu’il était bon de pouvoir enfin s’occuper de soi ! La caresse du gant sur son corps acheva de la détendre, de ralentir enfin le rythme de sa respiration, et elle proposa à Marina de lui passer le gant sur les jambes. Sans attendre sa réponse, Sarah commença par les mollets de son accompagnatrice. Assise les jambes pliées, légèrement écartées, les pieds à plat sur la dalle de marbre où elles étaient installées, Marina était parfaitement détendue, le buste en appui sur ses mains derrière elle. Sarah remonta jusqu’aux genoux pour redescendre le long des cuisses, sans s’aventurer trop près du maillot de Marina, mais en exerçant une pression modérée, quoique de plus en plus accentuée à chaque passage sur l’intérieur de ses cuisses.
    Enfin s’allongèrent-elles sur leur serviette étalées côte à côte. Marina ôta discrètement son maillot, le haut et puis le bas, pour mieux profiter de la vapeur d’eau sur tout son corps. Entre ses paupières à demi closes, Sarah caressa du regard la peau luisante de son guide dont les petits seins oscillaient au rythme de sa respiration paisible. Son ventre avait conservé les stigmates de la vie qu’il avait dû porter, et son pubis dont la toison était entretenue comme un jardin a la francaise ne cachait aucun mystère. Sans réfléchir, Sarah abandonna ses derniers complexes avec son maillot, et elle savoura à son tour la sensation de liberté, d’unité du corps, comme si son maillot avait matérialisé des frontières désormais abolies. Elles restèrent ainsi allongées, entièrement nues, avant d’essayer la dernière salle, chaude jusqu’à l’insupportable. Enfin vint le massage, un massage ferme, pour ainsi dire viril s’il n’avait pas été dispensé par des femmes employées du hammam. Tandis que l’heure tournait au point que Sarah commençait à s’en inquiéter, Marina lui proposa de retourner encore quelques minutes dans la salle de transpiration.
    Il y avait un peu moins de monde qu’auparavant, tout au plus une douzaine de personnes dans la pénombre de la pièce baignée de vapeur, ce qui lui conférait une atmosphère plus intime. Tout en bavardant de choses et d’autres, Marina commença à masser Sarah qui s’était allongée sur le dos. D’abord au niveau des épaules, ses mains descendirent sur la poitrine tout en prenant soin de contourner les seins : elles ne pouvaient s’empêcher de guetter les réactions des autres femmes malgré la buée qui les transformaient en vagues silhouettes alanguies, et qui ne semblaient manifester que de l’indifférence à voir deux amies se masser mutuellement. Les mains de Marina allaient et venaient sur le ventre de Sarah, s’approchaient toujours un peu plus près de son pubis tout en accentuant leur pression, et glissèrent subrepticement sur l’aine pour s’attaquer aux cuisses, touchant ainsi du doigt l’ambiguïté de la situation : Elles papotaient sur un ton badin au cours d’un massage dont la sensualité confinait à l’érotisme, comme on jette un voile pudique sur les chairs exacerbées. Enfin, les paroles s’éteignirent sous le souffle du désir et Sarah ferma les yeux sur son consentement. Encouragée par un sourire esquissé, Marina caressa enfin les seins convoités, chacun selon une spirale culminant au tétin. Sarah se serait abandonnée au trouble qui l’envahissait si elle ne s’était pas souvenue du temps qui passait. Il lui fallait rapidement se remettre les idées en place, et elle alla s’immerger dans la vasque d’eau froide au cœur de la pièce la plus chaude. Seule dans l’eau, les deux femmes présentes dans la pièce ne purent s’apercevoir que Sarah se pinçait les tétons, titillait son clitoris et caressait ses grandes lèvres imberbes après l’épilation de la veille.
    À peine soulagée, Sarah dût néanmoins retourner au vestiaire, où Marina lui remit une seconde enveloppe. Elle l’ouvrit aussitôt, et la curiosité laissa place à la stupréfaction.

À suivre…

19 octobre 2007

Mission libertine - II

    En planque à l’entrée des arènes de Lutèce, je distinguais tant bien que mal ma cabine téléphonique dans la foule des passants pressés. Entre deux visages blafards et un camion Picard, j’avais été rassuré de constater que mon affichette « hors service » décourageait les derniers adversaires du téléphone portable d’utiliser ma cabine. Jusqu’à ce qu’une jeune femme y entre malgré tout. Je ne l’avais pas vue découvrir mon enveloppe, mais je devinais cette femme la décacheter fébrilement, lire mon message secret, avant de la voir ressortir de la cabine. Elle était vêtue d’une courte jupe noire qui dévoilait ses jambes fuselées, et d’un blouson de daim sur son chemisier blanc. Lorsque je fus à peu près certain d’avoir identifié Sarah, ma jubilation qui s’était un instant transformée en sourde inquiétude, se mua en exultation silencieuse à l’idée de la prendre en filature. Elle potassa un instant son plan avant de disparaître parmi les passants.
    Bien que je l’aie perdue de vue, elle devait sans doute se diriger vers le Métro Cluny-la-Sorbonne, c'est-à-dire droit sur moi. Je me cachai donc derrière un kiosque à journaux à l’angle des boulevards St Germain & St Michel, avec une vue imprenable sur le ressac des piétons qui traversaient l’avenue. À chaque instant, je m’attendais à la voir tourner au coin de la rue, se diriger vers moi, se planter devant mes yeux ébahis pour m’enfoncer au fond des prunelles son regard d’acier, et me dire d’un ton narquois « alors monsieur Vagant, on joue les espions ? »...
- Que faites-vous là ?
    Le vendeur ventru avait bondi de son kiosque et me jetait des regards soupçonneux tout en vérifiant qu’aucun de ses journaux n’avait disparu.
- J’attends quelqu’un ! répliquai-je sèchement, le regard toujours rivé sur l’horizon étriqué du passage piétons, en vain.
    Mais où était-elle donc passée ? Comment avais-je pu la perdre aussi facilement ? Je sortis de ma pauvre cachette pour m’approcher à pas de loup du croisement, et j’hasardai un œil sur le boulevard d’où je m’attendais à la voir surgir… Rien. Pas l’ombre d’une Sarah à l’horizon, ou peut-être au loin, sur le point d’arriver à la station Odéon. Sprint ! Je déboule dans les escaliers du métro, je passe les portillons à la vitesse d’un fraudeur, j’arrive sur ses pas au détour d’un couloir, lorsqu’elle fait demi tour et se retrouve face à moi !
    Elle me croisa sans ciller.
    J’aurais probablement été vexé en une autre occasion, mais là, je ne fus pas mécontent de ne pas avoir éveillé de plus vifs souvenirs visuels chez Sarah. Quelques flashs de notre dernière nuit s’imposèrent à ma mémoire. Des sensations surtout. Celle des glaçons m’avait laissé un souvenir particulièrement cuisant, puisque Sarah me les avait appliqués sur les testicules alors que j’étais livré à ses sévices, les yeux bandés et les poignets attachés à la tête de lit. Cette nuit là, si elle avait enfin pu voir mon corps sous toutes les coutures, elle avait à peine pu distinguer mon visage dans la pénombre. Car depuis des mois, nous entretenions le mystère…
27c6921ffcf7c989db74896599c1af58.jpg    Je continuai mon chemin, aussi impassible que mes pulsations cardiaques me le permettaient, priant tous les Dieux, ou plutôt tous les diables qu’elle ne m’ait pas reconnu. Je risquai un regard derrière moi : personne. Je fis demi-tour, repris ma course effrénée dans les corridors encombrés et je vis Sarah monter dans une rame qui venait juste d’arriver à quai. Je sautai juste à temps dans la voiture adjacente et je pris un immense plaisir à découvrir ma maîtresse au travers de la vitre de l’issue de secours en bout de voiture : Mon regard remonta le long de ses jambes croisés, glissa dans la pénombre sous sa jupe, remonta sur son blouson vert bouteille, et caressa ses cheveux blonds mi-longs ramassés en un chignon retenu par un chouchou noir. Cette femme à l’allure BCBG étudiait son plan de Paris pour mieux s’y perdre. C’était maintenant au tour de Marina d’entrer en jeu, la seule femme assez aventureuse pour avoir répondu positivement à une annonce laissée sur le forum homosexualité d’auFeminin :

Soins de beauté au hammam de la mosquée de Paris par Zebra75

Après avoir lu le Zèbre d’Alexandre Jardin, j’ai décidé de dynamiser ma vie de couple. Je ne vais pas jusqu’aux extrémités de ce roman, mais j’ai proposé à ma femme quelques jeux sensuels auxquels elle se prête avec bonheur. Notre prochaine aventure sera une sorte de jeu de piste, dont la première étape, très soft, sera une matinée au hammam de la mosquée de Paris. Je vais lui offrir des soins de beauté (hammam + gommage + savon noir + massage) dans un cadre dépaysant et exclusivement féminin. Ce qui serait top, c’est qu’une jolie jeune femme lui donne à cette occasion une enveloppe contenant les instructions pour une seconde étape de ce petit jeu de piste, ainsi qu’un petit gadget intime…

Seriez-vous prête à être cette complice, avec pour rôle d’aborder ma femme et de lui donner une lettre dans les vestiaires ? Mon épouse est une jolie trentenaire, très timide mais qui caresse depuis longtemps quelques fantasmes homosexuels inassouvis, et qui serait certainement ravie d’un tel premier contact. Bien entendu, je vous offrirai la formule comprenant l’entrée au hammam ainsi que les soins de beauté. Si vous êtes intéressée, je vous prie de me contacter par email sur Zebra75@aufeminin.com

À suivre…

13 octobre 2007

Mission libertine - I

   Sarah avait l’œil rivé sur la pendule de sa voiture et sur l’horizon bouché d’une banlieue parisienne. Elle conduisait depuis plus d’une heure, et elle avait horreur de ça. Surtout de se retrouver prise dans la transhumance quotidienne des banlieusards qui convergeaient sur Paris tous les matins. Elle se disait qu’une fois de plus elle serait en retard à son rendez-vous, lorsque son portable claironna.

- Bonjour Sarah, comment allez-vous ?
- Très bien, je suis en route…
- Vous en êtes où ?
- J’arrive sur le périphérique.
- Parfait, vous serez bientôt là, presque à l’heure.
- Oui, je me dépêche !
- Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas à un quart d’heure prêt, et je préfère vous voir arriver entière. A tout de suite !


7593e025fdf99b3f745cef9826547c52.jpg   Sarah parcourut mentalement la check-list qu’elle connaissait déjà par cœur. Elle ne le faisait pas pour s’assurer qu’elle n’avait rien omis, mais pour se rassurer. Pour plonger dans l’ambiance. Oublier au plus vite son quotidien. Oublier surtout l’image de son mari qui l’avait regardée partir ce matin là, après lui avoir lancé en guise d’ultime recommandation un soupçonneux : « Je te fais confiance. ». Elle avait ressenti cela comme une sourde menace. A la réflexion s’était plutôt un aveu d’impuissance. Que pouvait-il lui faire sinon confiance. Mentalement, elle répéta sa liste à la Prévert : Un plan de paris, un stylo bille, un maillot de bain, un jean, un slip boxer, des boules de geisha.
   Avec vingt minutes de retard, elle gara sa voiture au parking de l’école de médecine, selon les instructions qu'on lui avait donnée. Son plan en main, elle sortit du parking pour affronter l’air vif de cette matinée automnale. Il ne pleuvait pas, et même si le soleil n’était pas vraiment au rendez-vous, la certitude de vivre une nouvelle aventure suffit à lui donner une humeur primesautière. Elle se rendit d’un pas alerte au 77 Bd St Germain. Comme prévu, une cabine téléphonique l’y attendait à l’image de son sentiment éphémère : enfin libre. Sur le combiné, une feuille de papier blanc manuscrite mentait :  « Hors Service ». Sous la plaquette en alu, elle trouva le paquet scotché laissé à son attention. Une grosse enveloppe blanche, plastifiée et matelassée. Sarah la détacha. Elle n’était pas sensée en connaître le contenu, mais elle s’en doutait un peu après avoir lu les messages du mystérieux Zebra75 sur le forum Bisexualité d’auFeminin, dont le style ne lui avait pas échappé.

   AuFeminin.com était un des rares sites internet à avoir survécu à la bulle économique virtuelle des années 90. Il avait été un des premiers à avoir su ferrer les lecteurs, ou plutôt les lectrices, jusqu’à en faire malgré elles des éditrices de contenu. Premier magazine féminin en ligne, à une époque où l’immense majorité des internautes étaient des hommes, auFeminin avait misé sur les femmes qui finiraient bien par surmonter leur répulsion face à la technicité du web de l’époque pour pouvoir s’adonner à leur péché préféré : le bavardage. Son fer de lance était donc les forums de discussion thématiques. Comme prévu, le contenu s’assimilait à du papotage, mais des liens se nouaient entre les internautes au fil de discussions sans queue ni tête, au gré de débats virtuels dignes d’un salon de coiffure. Dans cet univers typiquement féminin, quelques hommes avaient fait le pari d’y séduire. À ce jeu là, je m’étais révélé assez doué.

   Sarah décacheta l’enveloppe, et lut le message qu’elle refermait:

Très chère Sarah,

Vous souvenez-vous avoir lu dans un de mes mails que vous aviez le profil d’une espionne ? Je vous propose d’intégrer nos services de renseignement, et d’en passer aujourd’hui l’examen d’entrée ! Nous vous avons concocté une succession de tests tout au long de cette journée, qui mettront à l’épreuve votre vivacité d’esprit, votre courage, votre abnégation, tous vos sens ainsi que votre soumission à nos consignes. La réussite de chaque test vous mènera au test suivant, et vous devrez donc tous les réussir, jusqu’au dernier, pour gagner ce défi. Chiche ?

Pour commencer, je vais mettre à l’épreuve votre sens… de l’orientation. Rendez-vous aussi vite que possible au Hammam de la grande mosquée de Paris, au 39 rue Geoffroy Saint-Hilaire dans le 5eme. Entrez-y, et profitez sans tarder des massages, gommages et autres soins de beauté. Un de nos agents vous y contactera. Vous trouverez dans cette enveloppe un ticket de métro, le billet d’entrée au hammam (formule orientale tout compris), et un magnifique maillot de bain rose barbie. Vous devrez impérativement être sortie du hammam avant midi !

Au plaisir du votre,

Vagant

À suivre…

23 août 2007

Erreur de jeunesse

Au hasard des liens, je suis tombé sur une note amusante qui m’a rappelé de vieux souvenirs. On en fait des conneries quand on est jeune, et avec l’âge ça ne s'arrange pas…

Un jour, une fessue me tenta l’impudeur. Cela faisait quelques jours que je l'avais repérée. Elle était assez grosse, mûre mais encore ferme, et sans doute bien juteuse. Belle à croquer, bonne à baiser. J’attendis la bonne occasion, qu’il n’y ait personne dans les parages pour saisir ma proie et m’isoler avec elle. Je n’y allai pas par quatre chemins: Je pris mon opinel, je le lui enfonçai dans le trognon, et je lui évidai le fondement en un tournemain ! La salope coulait déjà sur mes doigts. Son cul ouvert à ma mesure, je m’enfermai avec elle dans les toilettes. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, j’avais la culotte aux chevilles. Je bandais comme un gamin de seize ans, avec une perle de sève printanière au bout du gland, prête à couler encore et plus encore. Je m’assis sur la cuvette, face à la chasse, cuisses écartées, et je plantai ma victime sur mon pieu comme un bonnet phrygien au quatorze juillet de l’an I. Il n’y eut pas de feu d’artifice. Non seulement elle était glacée - elle sortait du frigo - mais impossible de lui mettre plus que le bout de ma queue : déjà je cognais au fond ! Moi qui croyais m’envoyer en l’air avec une bonne grosse un peu mûre, j’avais l’impression de me taper une petite pucelle frigide ! Je la forçai. Ce fut le drame. Ses chairs éclatèrent sous la pression, s’ouvrirent entre mes mains et coulèrent tout au long de ma hampe jusqu’au fond de la cuvette. À la fin, j’en étais réduit à me masturber avec ses bouts de peau pendant que ma mère tambourinait à la porte : "t'es pas malade ?"

Quand j’étais adolescent, j’avais des fantasmes primeurs. Après tout, pourquoi n’y en aurait-il que pour les gourmandes de gros concombres ? Mais les poires, vraiment, ça ne tient pas ses promesses.

19 août 2007

Equations à plusieurs inconnues

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En Avril 2006, mon ami Guillaume et moi-même avions organisé une soirée très spéciale qui avait réservé bien des surprises à ses participantes.

En voici le récit sous la forme d’une nouvelle érotique au format pdf, déjà publié en plusieurs épisodes sur ce blog.

15 août 2007

Entre ses cuisses

cliquez ici pour lire ma note...

Aujourd’hui, je suis sur le gril.

Venez m’assaisonner tel une tranche d’aloyau chez Aloysius Chabossot

(mais vous pouvez aussi venir y tailler une bavette).

11 août 2007

L’enfer

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En 2006, je fis sur Internet la connaissance d’une jeune femme à laquelle je fixai un rendez-vous dans l’obscurité d’une salle de cinéma sans que nous nous soyons jamais vus auparavant. Il s’agissait pour elle de me deviner à mon seul regard parmi les quelques hommes seuls présents, et de me reconnaître à mon caleçon noir lorsqu’elle s’attaquerait à ma braguette. Mais elle n’était pas au bout de ses surprises…

Ce défi avait fait l’objet d’un récit entre fiction et réalité, publié sur Extravagances et aujourd’hui disponible en pdf après quelques modifications.

08 août 2007

Suggestion érotique

« Viens sur moi ! »
Mathilde portait une jupe à volants qui semblait conçue pour être troussée. Elle glissa ses mains par en dessous et fit glisser son string tout au long de ses jambes fuselées. Moi, j’étais assis, les cuisses très écartées, et j’avais ouvert la braguette de mon jean pour brandir à la verticale ma verge déjà raide. Sa chatte s’y ajusta comme une pièce de Lego. Mathilde me tournait le dos, légèrement penchée en avant, ses mains en appui sur mes genoux. Sous sa jupe, mes mains plaquées sur ses fesses nues marquaient le rythme. Je finis par retrousser sa jupe complètement pour voir les va et vient de son petit cul avec, juste en dessous, ma queue qui s’enfonçait dans l’ombre de sa chatte. Cela devait être aussi un bien joli spectacle par devant. Quelqu’un qui serait passé s’en serait repu. « Parle-moi !» m'ordonna-t-elle.
Mathilde voulait toujours que je lui parle pendant l’amour, peut-être parce que l’ouverture des chairs ouvre l’âme un peu plus, sans rien d’autre que les lèvres pour empêcher tout l’intérieur de se renverser dehors. Peut-être est-ce pour cela que j’avais du mal à les ouvrir, car j’avais beau m’y attendre, j’étais toujours pris au dépourvu et je ne savais jamais quoi répondre, comme quand elle me disait « à quoi tu penses ? » ce qui était plus ou moins la même question. « Que veux-tu que je te dise ? Des mots crus ?
- Oh oui ! Dis moi des mots crus !
- Vraiment ?
- Dis-moi des cochonneries !
- Très cochonnes ?
- Des saloperies ! »

b1ddd18888fdfb620a098341d276fa5a.jpgJe n’avais pas à chercher bien loin, la scène était pour ainsi dire devant moi : « Je te baise à l’arrêt de bus ! Je voulais te baiser dans la forêt juste à côté, mais il pleut…
- Tu me baises comment ?
- Comme une salope !
- Comme ta petite pute ?
- Oui…  Je vois ta chatte coulisser sur ma bite que je sors presque complètement à chaque fois. Si une voiture passait devant nous, ses passagers verraient comment je te baise. D’ailleurs, j’entends un moteur ronronner au loin. En voilà une qui approche. On va te voir !
- Oh non !
- Si ! On va te voir !
- Coquin !
- La voilà qui passe ! Tu as vu comment le conducteur nous a regardés ?
- Il avait un regard libidineux.
- Attend ! Il freine ! Il fait demi-tour !
- Arrête !
- Non, il vient je te dis. J’ai envie qu’il nous voit. Ça ne t’excite pas qu’il nous voit !
- Je ne sais pas.
- Il vient de s’arrêter, de l’autre côté de la route. Il ouvre sa portière pour mieux nous regarder. Et pour nous montrer sa queue aussi. Regarde. Elle est grosse. Il se branle. Ça t’excite ?
- Je ne sais pas… C’est ta queue dans ma chatte qui m’excite. C’est si bon !
- Voilà une autre voiture !
- Ah oui !
- Il s’est arrêté avant d’arriver jusqu’à nous celui-là. Il nous éclaire avec ses phares.
- Ça me fait un peu peur.
- Je suis là, je vais te protéger.
- Hummmm…
- Le premier est sorti de la voiture, il traverse la route, il s’approche. Il est tout prêt maintenant ! Ses yeux sont rivés sur nos sexes emboîtés.
- Oh !
- Regarde sa grosse queue, tu ne veux pas le branler un peu ?
- Non !
- Allez Mathilde, tend ta main vers son sexe devant toi, il n’attend que ça !
- Non ! Je ne veux pas !
- Vas-y ! Sinon j’arrête de te baiser comme une chienne ! »

Mes mains en appuis sur ses fesses maintinrent le corps de Mathilde en avant, et donc mon sexe en retrait, la pointe du gland à l’orée de sa vulve molle dont la sève coulait tout au long de ma hampe déjà luisante de mouille.

Il était temps de faire une mise au point : La paume de ma main droite s’exclama sur sa fesse en suspension.

« Oh non ! Oh non ! » répétait Mathilde tandis que je la maintenais dans sa position d’une main et que je la fessais vigoureusement  de l’autre tant qu’elle n’obéissait pas à mon ordre, tant qu'elle ne branlait pas cet inconnu au regard lubrique. Mathilde éclata en sanglots : « oui… je vais le faire… je vais le faire… ». Je relâchai la pression de ma main sur ses hanches et elle s’enfonça d’un coup sur mon pieu. Je l’enlaçai tendrement. « Pardonne-moi, Mathilde, pardonne-moi ! Ce n’est qu’un jeu, un fantasme, tu le sais !
- Oui je sais, mais tout d’un coup cela m’a semblé si réel que je me suis à nouveau vue à l’arrêt de bus où je m’étais assise sur tes genoux… comme je me frottais contre ta queue raide… avec ces voitures qui passaient … et leur conducteur au regard lubrique quand ils nous regardaient nous embrasser… Ce sont eux que je voyais quand tu me parlais, et ils ne me plaisaient pas !
- Je comprends…
- Et puis après, tu m’aurais demandé de les sucer… Tu aurais voulu qu’ils me jouissent dessus…
- Je ne sais pas, je n’en étais pas là. »


Même si je ne savais pas trop où cette histoire nous aurait menés, même si je n’en étais pas encore là, Mathilde avait sans doute raison. Elle avait aussi pressenti qu’elle devait se protéger face à ce fantasme exprimé avec tant de réalisme, de crainte qu’il finisse par s’y inviter, justement, dans la réalité. Dans l’intimité de la chambre de Mathilde, je la consolais comme je le pouvais, séchant ses larmes du haut avec de tendres baisers, provoquant celles du bas avec de vigoureux coups de rein. Mathilde sanglotait encore un peu, maintenant moins à cause de la vive émotion procurée par mon évocation réaliste, que par dépit de ne pas avoir su jouer le jeu jusqu’au bout. Mais comment pouvait-elle se reprocher, après avoir adhéré au fantasme de faire l’amour à l’extérieur – fantasme qui s’appuyait sur une situation vécue quelques heures auparavant - de ne pas parvenir à prendre subrepticement le recul nécessaire lorsque le rêve s’est malicieusement transformé en cauchemar voyeuriste ? Autant essayer de rêver éveillé. Moi, je n’étais pas du tout déçu. Pourquoi ai-je préféré cent fois qu’elle s’immerge ainsi dans mon fantasme, quitte à refuser le tour qu’il prenait comme on se réveille brutalement, plutôt que de simuler l’acceptation de toutes ses turpitudes ?

On ne mesure pas toujours combien le partage d’un fantasme sexuel participe à sa réalisation charnelle. Le simple fait de mettre des mots sur ses envies, et surtout de les partager, prépare le passage à l’acte. J’en avais plus d’une fois constaté les effets après les séances « d’amour virtuel » sur messenger avec des femmes que je rencontrais par la suite : la conclusion charnelle n’était jamais aussi facile qu’après des galipettes virtuelles partagées. La puissance de ces évocations est telle que de ces jeux sexuels et cérébraux ne me semblent pas innocents. Avec Mathilde, la force des mots nous a frappés de plein fouet, au point que je me demande si cela ne s’est pas rapproché d’un processus hypnotique. Je ne parle pas d’hypnose de cabaret mais d’hypnose Ericksonienne dont le sujet garde un certain contrôle de la situation et la mémoire de la séance. Les psychothérapies systémiques utilisent parfois ces techniques hypnotiques, ce qui modifie durablement l’état mental du patient. Je me demande ainsi si le sacro-saint libre arbitre – celui  là même brandi par les tenants du « tout est permis entre adultes consentants » en guise de morale sexuelle - n’est pas parfois obtenu au prix d’une subtile manipulation mentale ?
Alors, où se trouve la liberté dans tout ça ?

05 août 2007

Les charmes de l'Orient

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En Mai 2006, après avoir lu quelques-uns uns de mes textes érotiques, une jeune inconnue me contacta directement sur ma messagerie sous le prétexte de discuter de choses et d’autres. Il s’avéra qu’il s’agissait plus de la chose que d’autres chose, et moins des mots que de la chose elle-même…

 

 

Le récit véridique du défi que j’ai alors lancé à cette jeune Libanaise avait fait l’objet de 3 notes publiées ici. J’ai complètement remanié ce texte afin d’aboutir à cette nouvelle érotique au format pdf.

29 juillet 2007

Le gage

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Après avoir perdu un défi, une jeune femme est contrainte de relever un gage imposé par son amant : s’exhiber en voiture à la nuit tombée devant un groupe de voyeurs lubriques.

 

Cette fiction érotique avait été publiée sur Extravagances sous forme d’un petit feuilleton. La voici revue et corrigée au format pdf.

 

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Cette note est la première de la nouvelle rubrique « nouvelles érotiques » où je vais (ré)éditer quelques histoires érotiques au format pdf afin d’en faciliter l’impression et la lecture partout où cela vous fera plaisir, de la cuisine à la salle de bain en passant par vos draps roses, bande de petites canailles !

13 juillet 2007

La Bambouseraie (3)

C’est un labyrinthe au sol dallé qui serpente entre des parois de bambous, souples, impénétrables. Elles bruissent au moindre souffle, et sont par endroit si hautes qu’elles semblent s’effondrer sur nous. Malheur à celui qui s’en approcherait de trop près. Les feuilles sont coupantes. Au détour d’un chemin, une voix, ou plutôt un gémissement nous confirme que la bambouseraie est dédiée aux jeux de l’amour et du hasard. Tout excités, nous pressons le pas, main dans la main, et nous finissons par tomber nez à nez - façon de parler - sur un couple très expressif. Ici, les parois de bambous forment une sorte d’alcôve, avec un profond hamac pour tout mobilier. Une petite rousse y est étendue, sur le dos, les cuisses repliées sur son ventre pour mieux offrir sa vulve aux lèvres gourmandes de son compagnon, un grand brun dégarni aux épaules puissantes. Accroupi sous le hamac, la queue dressée prête à l’attaque, sa tête traverse littéralement le filet astucieusement fendu à l’endroit stratégique. La femme nous sourit, nous constatons que la chaîne signifiant « occupé », pendouille à l’entrée de ce « coin câlin » au lieu d’en barrer l’accès. Le code est explicite. Nous pourions nous approcher, participer peut-être à leur jeu... J’échange un regard avec Mathilde, nous rendons un sourire complice à la femme alanguie, et nous continuons notre exploration.

Les tours et détours du labyrinthe se succèdent sans nous donner le moindre repère, jusqu’à nous mener à une nouvelle attraction qui n’attendait plus que nous. C’est une balançoire malicieuse dont l’assise est une sorte de bouée. Lorsque Mathilde s’y installe en riant, ses fesses s’y enfoncent et toute son intimité s’en trouve largement ouverte. De la voir ainsi offerte à mes poussées, j’ai le ferme désir d’en profiter, dans tous les sens du terme. Je me place derrière elle pour impulser quelques va et vient. À chaque oscillation, mon sexe érigé frôle sa croupe tendue, comme le battant d’une cloche qui sonnerait le tocsin de notre union imminente...

La suite n’appartient qu’à nous et n’a pas grand chose à voir avec les prestations de cet hôtel, hormis le dîner correct sans plus. Toujours est-il qu’après une nuit riche en émotions, je remets les clefs au réceptionniste.
- Que pensez-vous de notre vidéo interne ? S’enquiert-il en me donnant la facture ?
- Je ne sais pas ? Qu’est-ce que c’est ?
- C’est un système que nous avons acheté au Japon, me répond-il fièrement. Là bas, ça fait fureur dans les Love-Hotels. On l’a installé ici la semaine dernière. Toutes les chambres en sont équipées, et les images prises dans les chambres sont diffusées dans les autres chambres de l’hôtel. Vous n’avez pas remarqué la petite caméra au pied de votre lit ?
- ...
so sorry...- Ne vous inquiétez pas ! Aucune image n’a été prise à votre insu ! Cette vidéo interne permet aux couples libertins de s’exhiber, et de prendre contact avec un autre couple de l’hôtel. C’est bien fait. Pour voir, il faut montrer. Et pour pouvoir contacter un autre couple avec la ligne téléphonique interne de l’hôtel, il faut qu’il y ait intérêt mutuel. C’est basé sur un système d’options... Mais j’espère que vous reviendrez pour essayer !
- Oui... peut être... je vais déjà regarder sur le net, il doit probablement y avoir un descriptif technique. Comment s’appelle ce système ?
- Surprise sur prise.

 

11 juillet 2007

La Bambouseraie (2)

Nous traversons un grand salon, avec bar rutilant et billard américain, ouvert sur le reste du jardin, au centre duquel trône une piscine, pulpeuse tant ses formes sont arrondies. Autour du bassin, 3 couples étendus, entièrement nus, lézardent au soleil. L’un d’eux, la quarantaine affirmée, se lève et disparaît dans ce qui semble être une bambouseraie. « Toute cette zone est naturiste, nous dit le réceptionniste très content de lui. Elle est exclusivement réservée aux clients de l’hôtel. Vous pouvez en profiter à discrétion. Nous servons des repas légers au bar et autour de la piscine entre 20h et 23h. Vous voyez, il y a un labyrinthe végétal derrière la piscine. C’est la bambouseraie. Je vous conseille d’aller vous y promener. » Nous remontons immédiatement dans notre chambre pour nous déshabiller intégralement, nous résistons héroïquement à l’appel luxurieux des coussins, nous enfilons nos peignoirs à l’effigie de l’hôtel, et nous filons dans le jardin.

Il n’y a plus qu’un couple étendu au bord de la piscine. Ils nous regardent passer avec des regards appuyés. Nos peignoirs glissent le long de nos peaux qui ne demandent qu’à bronzer. J’aventure un orteil dans la piscine et je comprends pourquoi personne ne s’y baigne. Un peu tôt dans la saison peut être. Nous nous allongeons à notre tour dans des chaises longues, côte à côte, et j’éprouve le plaisir d’offrir toute l’étendue de mon corps au soleil couchant sans que le moindre textile s’oppose à ses rayons. J’ai envie d’en profiter pleinement : « Un petit massage, Mathilde ? J’ai emporté un peu d’ambre solaire…
- Ah oui, je ne dis pas non ! »

c0076fb2a276275ab0549fdbe3cc9c3f.jpgAllongée sur le ventre, je sème sur sa peau nue quelques gouttes du liquide onctueux, de sa nuque frémissante au creux de ses reins. Mes doigts suivent le même chemin, tel un petit poucet pour ne pas se perdre dans les bosquets du désir qui va éclore bien plus vite que la bambouseraie qui nous entoure. Mes mains glissent sur le dos de Mathilde, en massent chaque vertèbre, étreignent sa peau, ses muscles, ses os, de plus en plus bas. Immobile, les paupières closes. Immobile, les paupières closes, elle ne peut réprimer quelques soupirs impudiques, ni le flot de désir qui coule déjà entre ses cuisses. Mes mains poursuivent leur chemin, toujours plus bas, massent ses lombaires au creux des reins, remontent vers sa croupe. Rien n’arrêtera mon zèle, certainement pas son fragile coccyx. Ses fesses nues, vibrantes de désir, sont soumises à mes mains. Je les étreins, je les malaxe, je les écarte avec force et sensualité, exhibant toute son intimité sans pour autant la toucher. Je sens que Mathilde n'en peut plus. Les sens chauffés à blanc par tant de chatteries, ses soupirs sont autant de prières au désir exaucé, à une caresse intime, enfin, ne serait-ce qu'un frôlement.

Alors que mes cuisses enserrent maintenant ses flancs, mes mains étreignent ses cuisses, les écartent pour en masser l’intérieur, et remontent, remontent pour atteindre finalement son intimité. Les vœux de Mathilde sont exaucés au delà de ses espérances. Ma main puissante est à nouveau légère comme une plume. Mon doigt effleure le contour de sa vulve luisante de rosée, en écarte les pétales pour atteindre le fruit de son désir et masse enfin son clitoris palpitant. Le massage intime se fait plus pressant, son petit bouton d'or roule entre mes doigts, pressé, malaxé, jamais malmené, jusqu’à ce que sa jouissance inonde mes doigts aventureux. Allongé à ses côtés, je la laisse reprendre son souffle. Sous la douce chaleur du soleil couchant, pour un peu je somnolerais, si le bruit des voix qui proviennent de la bambouseraie ne venait aiguillonner notre curiosité, et Mathilde me propose d’aller jouer les Indiana Jones dans la bambouseraie enchantée.

À suivre…

09 juillet 2007

La Bambouseraie (1)

9099a1d86628cc6d0d2df9ece726e1cc.jpgJ’ai un peu hésité à révéler publiquement une adresse qui ne s’échange actuellement que de bouches à oreilles, mais moi qui suis toujours friand de bonnes adresses « non-conformistes », j’ai décidé de vous révéler un scoop. Car s’il est un endroit non conformiste dans un libertinage codifié, cet hôtel atypique en mérite vraiment le titre.

C’était un jeudi après midi, je n’avais pas vu Mathilde depuis de trop longues semaines, et j’avais décidé de lui offrir une soirée mémorable. De cet hôtel choisi pour abriter nos ébats, je ne savais pas grand chose à part ce qu’on avait bien voulu m’en révéler: « Un hôtel de charme à trente kilomètres de Paris. Un charmant parc clos arboré. Une petite piscine entourée d’un jardin particulièrement attrayant. Chambres à thèmes, louables à la demi-journée. Exclusivement réservé aux adultes. Discret, tout récent, succès fulgurant. » Je pris donc le risque d’y inviter Mathilde au vu du sourire radieux de celle qui m’avait donné cette adresse, même si la réponse à mes questions était invariablement « vas-y, tu ne seras pas déçu ».

Nous arrivons en fin d’après midi devant le portail du mystérieux hôtel la Bambouseraie, ouvert sur un son parc clôturé par un haut mur de pierres. Au centre, une maison bourgeoise style 19ème s’élève sur deux étages. Je gare la voiture sur le petit parking aménagé sur le côté, nous prenons nos bagages avant de monter les quelques marches du perron, et je sonne, le coeur battant. J’avoue que j’étais un peu angoissé à l’idée de devoir trouver un autre hôtel en catastrophe après avoir rebroussé chemin devant une chambre calamiteuse. La porte s’ouvre. Un charmant majordome moustachu nous fait entrer dans un hall cosy, style art déco, aux antipodes du lupanar dans lequel je craignais de tomber. Après avoir vérifié notre réservation, il nous donne le choix entre trois chambres : La chambre "Sherazade", déco orientaliste style mille et une nuit ; La chambre "Excalibur", médiévale avec (fausses) pierres apparentes et lit à baldaquin ; Enfin la chambre "Proust", style 19ème cosy avec bibliothèque de classiques érotiques. Les quatre autres chambres thématiques "Louis XV", "Titanic" (cabine de paquebot style art-déco), "Peplum" (style antique, toges fournies), la suite "Poséidon" (luxueuse chambre pour quatre personnes avec Jacuzzi privatif) ainsi que les trois chambres standards sont déjà prises. Nous optons pour Sherazade (145 euros la nuit, de midi à midi, mais il est aussi possible de la louer pour 75 euros de 12h à 17h, ou 115 euros de 18h à midi !) et nous suivons le réceptionniste qui emporte galamment nos valises vers notre nid douillet.

Murs ocres, tentures rouges, arabesques décoratives, lampes en cuir et léger parfum d’encens, la chambre chaleureusement accueillante offre un lit irrésistible recouvert de coussins qui appelle nos galipettes. « Je vous laisse défaire vos bagages et je vous invite à me retrouver dans le hall lorsque vous souhaiterez visiter toutes les installations à votre disposition », nous dit-il avec un large sourire. Avec ce début de canicule, nous optons pour une bonne douche dans la large salle de bain joliment décorée avec sa robinetterie en cuivre. Enfin, vous vous doutez bien qu’à ce moment là je n’étais guère attentif à la plomberie. Les fesses pleines de mousse de Mathilde se frottaient par inadvertance contre mon sexe turgescent, à moins que ce soit l’inverse. Bientôt, ses hanches cambrées vinrent percuter mon phallus dressé au gland rougeoyant, avec la régularité des vagues qui s’écrasent contre un phare juste avant la tempête, nos reins ceints de mousse et d’écume et nos baisers en embrun. Et d’un ras de marée Mathilde à fini par engloutir l’orgueilleux feu de mon désir. Nous ne descendons dans le hall qu’une heure plus tard, nos sens exaucés mais encore taraudés par la curiosité.

Nous y trouvons le réceptionniste en compagnie d’un jeune couple qui vient visiblement d’arriver, une jolie blondinette et un grand frisé, la petite trentaine. Nous attendons qu’il termine avec eux. « ... toute heure commencée est due. Vous pouvez donc rester une heure, ou deux heures car il faudra absolument libérer le cabinet de gynécologie avant 20h. Il est réservé pour 21h. Vous comprenez, le temps de désinfecter les accessoires... ». J’avoue avoir du mal à masquer mon étonnement devant cette conversation surréaliste, et je regarde stupéfait le couple qui s’éloigne dans le couloir en pouffant de rire. Ravi de son effet, le réceptionniste se tourne vers nous et nous explique la nature des fameuses installations à notre disposition: « La Bambouseraie offre des prestations uniques. Vous pouvez louer des coins câlins thématiques, à l’heure, et jouir de leurs installations en toute intimité. Nous disposons d’un salon gynécologique, avec table d’examen, blouse blanche, spéculum et autres gadgets paramédicaux. Un bureau avec fauteuil en cuir à bascule et photocopieuse, idéal pour un entretien de débauche. Un donjon SM avec liens, chaînes et martinets. Et enfin deux Jacuzzis, un petit et un grand pouvant accueillir six personnes! ». Nous qui rêvions de faire l’amour dans l’eau ! Mathilde a visiblement la même idée que moi et nous sommes sur le point d’opter pour le petit Jacuzzi (30 euros la première heure puis 8 euros l’heure supplémentaire) mais le gérant nous répond que nous ne pourrions en profiter qu’une demi-heure car il est déjà réservé. « Avec ce beau temps, il serait dommage de ne pas profiter de notre piscine découverte naturiste, ajoute-t-il. Suivez-moi ! »

À suivre…

05 juillet 2007

L’amour en miettes

Il y a, au coeur de Genève, une île. Un îlot tout au bout du lac Léman, cerné par les cygnes et les canards. L’eau y est si claire qu’on peut voir le fond bleu, tout proche de la surface, lorsque le soleil a fini de jouer à cache-cache avec les nuages. On y accède en traversant un petit pont réservé aux piétons. Ce jour là, j’y marchais derrière Jeanne en tirant ma valise derrière moi. Jeanne m’a montré l’enclos grillagé qui ceinturait cette presqu’île, à peine plus grosse que la pile de ce petit pont qui enjambe le bout du lac. L’enclos, à l’intérieur duquel pataugeaient les canards, est toujours ouvert. On se demande bien à quoi il sert, si ce n’est de perchoir aux pigeons qui viennent s’y aligner. Sur notre île, il y a deux bancs. Ils étaient pris par des petits vieux venus quémander des miettes de soleil. Alors avec Jeanne, on s’est assis sur le rebord du bac à sable déserté par les enfants. J’étais un peu triste. Pas vraiment déçu puisque je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre avec elle ce jour là. Bien sûr j’étais content de retrouver ma maîtresse, tout au moins celle que je considérais comme telle depuis quelques années. Même si nous ne nous étions pas vus depuis des mois. Même si notre liaison n’en finissait pas d’agoniser depuis les Chandelles et le reste. Elle était toujours aussi séduisante. J’avais longtemps espéré pouvoir passer avec elle cette journée à la montagne dont elle m’avait parlé depuis plus d’un an, journée sans cesse repoussée jusqu’à ce que la neige fonde complètement, et qu’on atteigne le mois de Mai où elle avait finalement pu prendre une demi-journée de congés pour me voir cette après-midi là. C’était déjà pas mal. J’avais donc pris le train de Paris pour Genève le matin même, et j’avais tiré ma valise jusqu’au rebord du bac à sable d’où nous pouvions voir les canards, et un moineau aussi, qui venait mendigoter quelques miettes à nos pieds. J’ai passé ma main sur la nuque de Jeanne.

- Tu ne me facilites pas les choses tu sais, me dit-elle en fixant l’eau du lac.

J’ai retiré ma main. Elle avait des choses à me dire. Des choses délicates. J’ai toujours eu du mal à comprendre les choses délicates. Je les écoute, je les entends, mais j’ai du mal à les retenir, un peu comme si mon esprit sombrait dans la brume. Elle me disait donc ces choses délicates et je regardais le moineau, tout près.

- Je n’ai rien à te donner ! Rien ! Va-t-en ! Disait-elle au moineau qui ne comprenait rien du tout, lui.

Moi, j’ai compris que nos chemins risquaient de diverger. Jeanne m’a dit qu’elle avait beaucoup avancé ces derniers mois. Elle savait maintenant ce qu’elle voulait faire de sa vie. D’abord, quitter son mari. C’était inéluctable, elle ne l’aimait plus. Après, elle vivrait seule un moment, et puis elle referait sa vie car il lui faudrait une relation stable. Moi, je ne savais même pas si j’aimais encore ma femme. En tous cas, je n’avais pas trouvé la réponse entre les cuisses des autres. Toujours est-il que je n’étais certainement pas un modèle de stabilité affective.

- Je ne peux rien te promettre Jeanne! Ai-je conclu.

Le vent était frais et Jeanne s’est rapprochée de moi. À son contact, j’ai étouffé un sanglot. Ca m’a pris sans prévenir, comme un éternuement, mais j’ai réussi à retenir le deuxième. Jeanne m’a attiré contre elle. Elle m’a regardé droit dans les yeux. Ses cheveux noirs battaient son visage sous les rafales du vent frais. Ils contrastaient merveilleusement avec les reflets moirés du soleil sur sa peau claire et ses yeux bleu acier. Jeanne était atrocement belle.

- Si tu as quelque chose à dire, c’est maintenant ! M’a-t-elle dit.

Je n’avais rien d’autre à dire. Rien à dire du tout. Je crois qu’elle m’a demandé si je l’aimais, ou si je l’avais aimé, je ne sais plus trop. Elle se demandait sans doute si je l’aimerai. J’ai toujours eu du mal à conjuguer ce verbe aux relents d’éternité. J’ai éludé la question en répondant que je ne savais pas comment appeler ces sentiments qui me submergeaient parfois. Elle voulait quitter son mari après dix ans de vie commune et deux jeunes enfants. Il en faut du courage. Moi, je n’avais pas la moindre miette d’engagement à lui donner, rien, pas même l’ombre d’un mensonge. Je ne sais pas pourquoi elle m’a embrassé à ce moment là. Peut-être pour aller chercher avec ses lèvres ce que les miennes ne savaient pas dire. Peut être parce qu’elle en a eu envie. Peut être par pitié. Ou tout simplement parce que j’avais réussi à lui dire qu’elle avait tout pour plaire, en tous cas pour me plaire. Toujours est-il que moi je lui ai rendu, son baiser, avec les lèvres et la langue, depuis le temps que j’en avais envie ! Et voilà qu’elle m’embrassait comme avant, comme au début, comme quand on se contentait d’un peu de présent volé entre l’imparfait et le futur simple. Je me suis levé pour mieux l’étreindre, pour sentir sa chaleur, et lui faire sentir ma bandaison contre son ventre. C’était bien ma seule promesse ferme.

J’ai pris tout ce qu’elle m’a donné, timidement, de peur que tout s’arrête. Sa taille d’abord, avec mon bras. J’en ai fais le tour pour mieux la serrer contre moi. Et puis j’ai hasardé ma main sur son sein. Jeanne m’a saisi le poignet. Je m’attendais à ce qu’elle repousse ma main, mais elle l’a glissée dans son décolleté, tout contre sa peau. J’ai fait rouler son téton entre mes doigts. Jeanne m’a touché les cuisses, et puis entre les cuisses, avec des regards coquins tout en surveillant du coin de l’oeil les passants sur le pont. Comme ils ne pouvaient rien voir, elle a commencé à jouer avec ma braguette, à la descendre, à la remonter, rien que pour m’exciter encore plus. Je la retrouvais diablesse et j’étais aux anges.

- Qu’est-ce que tu ferais si on était tout seul, qu’elle me dit ?
- Je te prendrais contre l’arbre, là, debout, avec tes cuisses enroulées autour de ma taille.
- Et si c’était la nuit ?
- Peut-être en levrette, tes mains sur la rambarde, toute dépoitraillée face au lac. Ça te plairait, hein, petite vicieuse ? Tu mouilles comme je bande ?
- Va savoir...

Avec le sexe, j’étais plus loquace qu’avec le coeur. Jeanne a glissé sa main dans ma braguette. J’ai senti ses doigts palper ma verge dure. J’étais à point. Elle a fini par retirer sa main à cause des gens qui se promenaient un peu trop près. Nous nous sommes assis de nouveau au bord du bac à sable.

- La prochaine fois peut-être... je te laisserai décider.
- Oui... J’ai envie de te reconquérir Jeanne.
- C’est pas gagné.

On s’est embrassés encore, et nous sommes revenus aux choses sérieuses. Jeanne m’a dit qu’elle ne voulait pas me forcer à quoi que ce soit. Que j’étais un papillon. Elle, elle allait suivre son chemin. Libre à moi de la suivre ou pas. En tous cas, lorsqu’elle aurait quitté son mari, elle rencontrerait quelqu’un, tôt ou tard, quelqu’un qu’elle ne connaissait pas encore, quelqu’un d’autre avec lequel refaire sa vie. Avec moi, elle aurait tout de même passé de bons moments. Elle avait les yeux un peu rouges. Comme j’avais un peu froid, nous nous sommes levés et nous avons quitté l’île. Quelques heures plus tard, en rentrant dans ma chambre d’hôtel où j’allais devoir tuer seul la nuit, j’ai souri en repensant au moineau. J’avais eu plus de chance que lui.
Moi, je les avais eues, mes miettes.

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05 juin 2007

Traitement de choc

medium_infirmiere.jpgJ’ai chaud et je grelotte. Etendu entre des draps trempés, courbaturé par la fièvre, je somnole depuis des heures sans vraiment trouver le sommeil. Je viens d’être admis au service des maladies tropicales de l’hôpital. Crise de palu, Halfan en intraveineuse. Quitte à être sérieusement malade, c’est bien le palu. Ce n’est pas contagieux, il n’y a pas de séquelles quand c’est soigné à temps, et ça fait baroudeur. Définitivement plus sexy que la fièvre jaune. On frappe à la porte, trois petits coups qui résonnent comme le tocsin dans mon crâne douloureux. J’émerge juste assez de ma torpeur pour bredouiller un « Entrez » bien tardif, car déjà la fine silhouette d’une infirmière s’approche de moi dans la pénombre de la chambre. Mince, les cheveux noirs mi-longs, les yeux clairs, son uniforme blanc et court dévoile des jambes dont la finesse est rehaussée par des escarpins à talons hauts qui ne semblent pas très appropriées pour arpenter les couloirs d’un hôpital. Je ne reconnais décidément pas la matrone bourrue à laquelle j’avais eu à faire jusqu’à présent, et lorsqu’elle pose délicatement sa main sur mon front, je tente de me présenter aussi bien que la situation me le permet.

- Bonjour… moi c’est Vagant… mais vous le savez sans doute… c’est sur mon dossier… et vous ?
- Eva. Mais vous êtes brûlant. Retournez-vous, je vais prendre votre température.
- Mais… pas dans la bouche aujourd’hui ?
- Non, il ne nous reste plus que des thermomètres anaux. Détendez-vous…

Ses mains fines baissent la culotte de mon pyjama, dévoilent mon pauvre postérieur livré à ses mains douces qui écartent les lobes charnus avant d’y glisser le thermomètre. Curieusement, elle semble avoir du mal à le poser correctement car elle doit s’y reprendre à plusieurs fois, le fait entrer et sortir tout en flattant doucement mes fesses de la paume de la main, en disant d’une voix suave « détendez–vous… ça ne fera pas mal… détendez-vous » Je me détends, et me soumet de bonne grâce à ces va-et-vient, de plus en plus amples et profonds, qui risquent fort de faire grimper en flèche ma température. Son autre main qui s’est glissée entre mes cuisses n’arrange rien à l’affaire. « Voulez vous écarter les cuisses, il me semble que vous avez des ganglions » Je m’exécute, un peu gêné à l’idée qu’elle découvre l’excitation que sa prise de température a provoquée, et j’offre mon entrejambe à ses palpations thérapeutiques. « Vous êtes sûre que ce sont les ganglions ? » Dis-je dans un souffle alors qu’elle me masse doucement les testicules. Elle ôte alors le thermomètre et s’exclame « 39.5 ! Je dois vous faire un examen approfondi ! » Joignant aussitôt le geste à la parole elle glisse prestement sa main sous mon ventre pour empoigner mon phallus.

- C’est bien ce qui me semblait, vous êtes atteint d’une violente crise d’érection fébrile. Retournez-vous que je vois ça d’un peu plus prêt !
- Oui mais le thermomètre me dérange en peu...
- Ce n’est plus le thermomètre cher Monsieur !

Je me retourne donc, pendant qu’elle poursuit sans vergogne ses attouchements qui ne me semblent plus très médicaux, livrant maintenant mon érection fébrile à son examen attentif. « Hummmm… vous êtes bien atteint » dit-elle avec la joie du médecin sûr de son diagnostic, le refoulement en moins, avant de faire glisser son doigt le long de mon sexe tout en énumérant les symptômes dont je suis supposé souffrir. « Gonflement des tissus… dilatation de la verge… gland rouge et turgescent… au bout duquel pointe une petite goutte translucide »  Elle cueille la goutte au bout d’un doigt et le porte à ses lèvres, comme ces médecins du 17ème siècle qui n’hésitaient pas à goûter les sécrétions de leur patient, mais sans leur jeter pour autant des regards lubriques. « Liqueur séminale de première qualité !» s’exclame Eva en ouvrant sa blouse sur des dessous qui ne cachent rien. « Il vous faut un traitement de choc cher Monsieur ! »

J’ai beau ne plus avoir tous mes esprits, je crois savoir où elle veut en venir et je me prête bien volontiers à son traitement de choc, qui commence par la vue de son corps de liane, à la féminité exaltée par un ensemble de dentelle pourpre assorti à la croix rouge de son couvre chef, le dernier attribut de sa fonction puisque sa blouse vient de glisser à ses pieds dans un bruissement délicieux. Sans perdre une once de son sérieux uniquement trahi par son regard brillant, elle monte sur mon lit, enjambe mon visage et écarte sous mes yeux ébahis sa vulve épilée. « Il faut combattre le feu par le feu » dit-elle dans un accès de lyrisme hospitalier « Vous allez absorber une bonne rasade de liqueur féminine pendant que je vais soigner votre turgescence. Allez-y, sucez bien la petite pilule rouge, sans la croquer, et lapez tout ce que vous pouvez, ouiiiiiii, comme çaaaaaa, c’est trèèèèèès bien… continuez… ne vous arrêtez surtout paaaaaaas… »

Comme un bon malade, j’obéis aux injonctions de l’infirmière et suce vigoureusement sa petite pilule qui ne fond ni dans la main ni dans la bouche, bien au contraire, avant de laper à la source sa liqueur qui inonde mon visage. Par goût de ce traitement plus que par le seul désir de guérir, je m’y astreins scrupuleusement bien que les directives d’Eva se soient depuis longtemps transformées en une succession d’onomatopées satisfaites et étouffées par mon sexe. Car telle est la seconde partie du traitement, une vigoureuse masturbation doublée d’une fellation brûlante. A vrai dire, au lieu de me guérir, j’ai l’impression de lui avoir communiqué ma fièvre, et pour en avoir le cœur net, je saisis le thermomètre laissé sur ma tablette et je l’enfonce dans son anus palpitant. Je vois alors la colonne de mercure dépasser une à une toutes les graduations, atteindre les limites ultimes du tube, et j’éjacule dans sa bouche ma lave brûlante…

« Température ! » J’ai à peine ouvert les yeux que l’aide-soignante ventrue s’est jetée sur mon lit et a écarté les draps sans autre forme de procès, avant de me juger d’un regard outré : « Mr Vagant, à votre âge, et dans un lit d’hôpital ! Vous n’avez pas honte ! »

03 juin 2007

Lettre d’amour

Mars 2004. Autre hôtel, toujours Jeanne. Elle avait les cheveux assez courts, raides, auburn. Elle revenait des sports d’hiver, le visage halé, avec la marque des lunettes de ski comme un bandeau clair où étincelait le bleu de ses yeux. Je crois ne l’avoir jamais trouvée aussi belle que ce jour là. J’avais eu envie d’immortaliser quelques scènes, et j’ai posé la web cam reliée au PC sur le bureau dans la chambre de l’hôtel. Quelques mois plus tard, j’ai évoqué ce moment là lorsque que je lui ai écrit cela :

Te souviens-tu mon tendre amour, du jour où tu m'as demandé de t'attacher ? Tu voulais être dominée, soumise à mes caprices les plus extravagants. Tu me voulais sévère, inflexible, si loin de la tendresse habituelle de nos ébats amoureux. Ce rôle ne m'est pas familier, mais je me suis piqué au jeu. J'avais sous la main quelques accessoires faciles à pervertir, mon ceinturon, une bouteille de champagne, et je me suis composé le personnage du maître auquel on venait d'offrir une belle esclave. Je t'ai déshabillée, avec la lenteur calculée de celui qui ouvre un paquet cadeau, et qui jouit d'avance de découvrir une offrande bien connue mais dont il ne se lasse pas, la douceur de ta peau et ton parfum enivrant. Toi, tu me regardais avec tes grands yeux bleus, un sourire à peine esquissé au coin des lèvres, et j'ai du me retenir pour ne pas te serrer tendrement dans mes bras.

J'ai décidé de ne pas te déshabiller complètement, mais de te faire garder tes sous-vêtements, un délicieux petit ensemble de dentelle noire. Je t'ai ordonné de te retourner, pour que j'apprécie bien la marchandise dont j'allais jouir, et je t'ai lié les poignets dans le dos avec ma ceinture. Tu n'as pas pu réprimer ton sourire. Je t'ai ordonné de me sucer, et tu t'es exécutée de bonne grâce, à genoux sur le lit. Je vois encore tes lèvres fines coulisser sur la verge alors que mes mains extrayaient tes seins de leurs écrins de dentelle. Il me semble encore sentir la pression de ta bouche sur mon sexe, et au creux de ma main le poids de tes seins dont je torturais tendrement les tétons pointus.

J'ai gratifié d'un langoureux baiser la docile esclave que tu avais décidé d'être, et j'ai apaisé ta soif en offrant à tes lèvres avides mes doigts et ma langue mouillés de champagne. J'entends encore ton cri de surprise lorsque j'en ai versé un verre sur tes seins, tes gémissements de plaisir quand je les ai longuement malaxés, assis derrière toi, ma queue raide contre tes mains liées. Mais si je t'avais attachée, c'était pour mieux te donner la correction que tu appelais de tous tes voeux. Je t'ai couchée sur le ventre pour malaxer tes fesses, j'ai écarté ton string pour me repaître de la vue de ton intimité, et j'y ai versé un peu de champagne. Il t'inonda de partout, t'arracha des soupirs, et ma bouche gourmande pompa l'inondation pétillante.

Clac ! La surprise t'arracha un cri quand ma main s'abattit sur ta fesse droite, alors que mes lèvres câlines picoraient ta nuque pour faire diversion. Clac ! La gauche maintenant, et toujours ce petit cri. Tu ne t'y attendais donc pas ? Et clac ! À nouveau la droite ! Clac ! Encore la gauche ! Avec ce traitement, tes fesses prirent rapidement des couleurs, et il était grand temps de les rafraîchir. Une bonne rasade de champagne fit l'affaire, et je ne pus à nouveau résister au plaisir de laper les bulles sur tes fesses endolories. Cette alternance de douceurs et de sévérité eut tôt fait de te mettre dans tous tes états et tes petits cris de surprise se muèrent en longs soupirs d'un plaisir sans compromission, sous l'action conjuguée de mes doigts et de ma langue qui allaient et venaient dans tous tes orifices.

Bientôt la bouteille fût vide, ce qui la rendit paradoxalement bien plus utile. Cambrée au maximum, tu m'offrais sans pudeur le spectacle de ta vulve ruisselante de nectar, et elle accueillit le goulot de la bouteille que je vissai lentement dans ton sexe. Face à ce spectacle irrésistible, j'enjambai tes fesses qui pointaient en l'air, pour m'enfoncer à la verticale dans ton anus palpitant. Cette double pénétration te coupa le souffle, mais nous emporta rapidement vers une jouissance effrénée. Te souviens-tu mon amour combien tu as aimé ? Combien tu as aimé me donner carte blanche, te donner complètement, te livrer à mes fantaisies, puisque tu avais confiance en moi ?

Moi aussi j'aimerais vivre ces sensations là l'espace d'un moment, alors, pour nos retrouvailles nous inverserons les rôles. Je m'offrirai à toi sans réserve, et je te propose même un scénario comme cadre à ce fantasme, celui d'être le gigolo dont tu te paieras les services. Ton petit gigolo faute de pouvoir être ta petite pute à cause de ce que j'ai entre les jambes, un petit gigolo débutant, officiellement masseur, mais prêt à tout pour satisfaire ses clientes les plus exigeantes, et dont tu abuseras sans vergogne.

Tout d'abord, tu me paieras, histoire de donner le ton. Un petit passage sous la douche où tu inspecteras la marchandise d'un oeil critique, et puis le massage que je te procurerai avec application. Mon amateurisme n'échappera pas à ta sévérité, et ce ne sont pas mes éloges sur ta beauté plastique qui calmeront ton mécontentement, ni ta fureur qui ne tardera pas à éclater. Je te laisserai l'exprimer comme il te plaira, complètement soumis à tes désirs pervers, n'opposant qu'une fausse résistance pour t'exciter d'avantage. Inflexible, impitoyable, tu feras de moi tout ce que tu veux, tu pourras m'attacher fermement, me bander les yeux, me fesser brutalement, barbouiller mon visage de ta mouille pendant que je te laperai comme un chien, me déflorer l'anus avec le gode ceinture que tu viendras d'acquérir, ou me soumettre à d'inimaginables caprices. Mes "Non !" seront autant de "Oui !", mes "assez !" signifieront "plus fort !", toute ma virilité sera étouffée, réduite à mon seul phallus dressé, turgescent baromètre de mon plaisir, selon lequel tu pourras aller aussi loin que tu veux. Tu as carte blanche mon amour, montre moi ce dont tu es capable, je sais déjà la tendresse de notre étreinte à la fin de ce jeu.

Tout ce qui me reste du film de notre étreinte de ce jour là, ce sont quelques clichés, très tendres. J’ai détruit tout le reste pour ne garder que le principal, l’émotion.
En fin de compte, je n’aurai jamais été son gigolo servile.

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31 mai 2007

Quand je faisais du X (2)

B*** fût satisfait de ma première histoire malgré son second degré humoristique, et il me proposa de me les payer quelques euros chacune, par chèque bancaire lorsque j’atteindrai le solde de 50 euros. Cela ne m’arrangeait pas trop. D’une part parce que je serais obligé de lui révéler ma véritable identité et d’autre part j’ai beau avoir de l’imagination, je ne voyais pas comment expliquer à mon épouse l’encaissement de chèques bancaires sur notre compte commun. Il m’envoya en même temps une nouvelle série de photos où deux femmes s’enfilaient des godes. J’ai rapidement torché une petite histoire intitulée « La démonstration » - qui fût publiée sous le titre grotesque de « Une démonstration godesque » - dont voici une version avec quelques coquilles en moins et la concordance des temps en plus :

Cela faisait une heure que je cherchais en vain un bon plan de razzia, lorsque je suis tombé par hasard sur un de mes vieux carnets d'adresse. Je l'ai ouvert machinalement, j'ai égrené quelques prénoms oubliés avant de tomber sur celui que je cherchais inconsciemment. Mina ! Ce nom a aussitôt exhumé quelques vieux souvenirs, si doux que j'en ai eu la larme à l'œil et l’érection violente. Mina ! Il fallait absolument que je la contacte pour avoir de ses nouvelles après... après... si longtemps !

Par une chance inouïe, elle répondait toujours à son ancien numéro : « Allô, Mina ? C'est chris, le photographe, tu sais celui qui t'avait pris en stop sur la côte il y a euh... quelques années.
- Je ne me souviens pas...
- Moi je reconnais ta voix Mina, et ton délicieux accent slave. Tu travailles toujours dans le prêt à porter ?
- Ah non, moi ça serait plutôt le prêt à enfiler. Ecoutez, vous avez une voix sympathique, alors je vous propose de me rafraîchir la mémoire. Venez avec votre appareil photo, je présente ma nouvelle collection à une très bonne cliente, vos photos seront les bienvenues. »

Et me voici lancé sur mon scooter, espérant arriver à temps pour pouvoir voler quelques photos d'essayage, bien que je n'avais jamais entendu parler de « prêt à enfiler » Enfin, Mina était si imaginative qu'elle pouvait bien avoir inventé une nouvelle mode probablement aussi déshabillée que la jeune fille de mes souvenirs, du moins l'espérais-je. J’ai donc monté quatre à quatre les escaliers qui m’ont mené jusqu'à chez elle et j’ai frappé haletant à sa porte. Elle s'est ouverte toute seule, alors j’ai pénétré dans un appartement aux allures orientales, et j’ai entendu des gloussements provenant de la chambre à coucher.

« Entre Chris, Entre ! Et prépare ton matériel, je viens de commencer la démonstration ». J’ai du saisir le chambranle de la porte pour ne pas vaciller sous l'effet de la surprise. Mina, entièrement nue, caressait sa cliente avec lubricité tout en lui enfilant un gode en caoutchouc et aluminium dans la chatte. C'est en voyant tous les godemichés, vibromasseurs, boules de geisha et autres gadgets que j’ai compri le sens de "prêt à enfiler". Mina n'avait pas changé. Rousse, le visage allongé, un nez un peu long, elle avait toujours une ligne impeccable et cette lueur taquine dans les yeux. Quant à la cliente, jolie petite blonde aux yeux bleus, elle ne cachait pas son émerveillement face aux gadgets de Mina qui en faisait l'article : « Voyez-vous Mlle Lesly, vous permettez que je vous appelle Lesly ?
- Ouiiiiiiiiii allez-y....
- Ce vibromasseur glisse très bien dans votre intimité, on dirait qu'il a été fait pour vous.
- Aaaaaaaaah en effet
- Ni trop étroit, ni trop large, on peut l'enfoncer à fond pour un maximum de sensations vaginales
- Ooooooooh je le sens ouiiiiii, mais est-ce qu'il prend bien le clitoooooo...
- Oui, car le gland en aluminium vibre sur la verge en caoutchouc, voyez-vous...
- Arrrrrgh comme ça c'est si bon...
- Mais pour obtenir un effet maximum, je vous conseille d'en prendre deux, un devant, un derrière. Laissez vous faire.
- Oh ! Allez-y doucement, dans l'anus, je n'ai pas l'habitude. Hummmmmm...
- Alors qu'en pensez-vous, cela vous plait il ?
- Oooaaaoooaoaoaoao... »

J'ai eu bien du mal à déballer mon appareil face à ce spectacle délirant. Jamais je n'avais imaginé pareil essayage, et cela dépassait de très loin mes espérances. Mon minolta a crépité sur la blonde en plein orgasme qui se faisait bourrer par tous les trous, avant que Mina retire les godemichés de ses orifices dilatés. Elle a ajouté, en me faisant un clin d'œil : « Et vous avez remarqué, chère mademoiselle, la fine texture de ces phallus encore plus vrais que nature ». Mlle Lesly m'a alors adressé un sourire carnassier. « Je ne demande qu’à voir », a-t-elle répondu. À vrai dire, je ne demandais pas mieux non plus.

C'est avec le plus grand plaisir que j'ai payé de ma personne ces 23 photos, où Mina et Lesly font une démonstration qui ne vous laissera pas de bois.

B*** en fût moyennement satisfait, ce qui ne l’empêcha pas de m’envoyer deux nouvelles séries de clichés. À la différence des gentillettes photos pornographiques précédentes, ces dernières photos me posèrent un cas de conscience : Non pas qu’elles étaient particulièrement osées, mais elles semblaient manifestement volées. Cela cadrait certes bien avec le thème de site voyeur, mais je n’eu pas envie de participer à  ce qui pouvait être une basse vengeance envers des jeunes femmes véritablement innocentes. Ainsi, décidai-je d’arrêter là ma brève collaboration avec paparazzix.

medium_Venus_Erotica.jpgDepuis quelques jours, j’ai commencé la lecture de Vénus Erotica d’Anaïs Nin. Le contexte dans lequel ont été écrites ces nouvelles est en fin de compte assez voisin de celui de ma collaboration avec paparazzix : rémunérée 1 dollar la page d’érotisme par un mystérieux collectionneur, elle dût se concentrer sur l’aspect sexuel de ses nouvelles et y gommer toute poésie afin de satisfaire les désirs pornographiques du collectionneur, ce qui lui avait causé une certaine frustration. Mais lorsqu’elle s’est replongée dans ces textes quelques années plus tard, elle y retrouva son style - pour ainsi dire son âme - entre les lignes de "lubricité" imposée, et elle décida de les publier. De la même manière, Ysé a perçu l’humour et le second degré dont je n’avais pu me départir en écrivant ces deux pauvres récits. N’est pas John Flaherty Cox qui veut !

29 mai 2007

Quand je faisais du X (1)

Mai 2002. J’ouvris ma messagerie et y lu un message étonnant :

Bonjour,

Je suis B***, manager de la société D*** SARL, qui gère notamment le site Paparazzix.com.
Je vous contacte personnellement car j'ai vu que vous aviez publié sur un ou plusieurs sites, des histoires érotiques extrêmement bien écrites.

Paparazzix.com est un site qui a besoin d'histoires érotiques très petites, environ entre 30 et 60 lignes sous Word, pour vous donner un exemple.
Le but serait de vous donner une liste d'images, et de créer une histoire dessus.

Nous sommes prêt à vous rémunérer, de la façon dont vous le souhaitez (rémunération monétaire, accès à des sites privés, autre ?).

Si vous êtes intéressé ou souhaitez avoir plus d'informations, n'hésitez pas à me contacter pour en parler […]

Cordialement,
B***
www.paparazzix.com

Plutôt sensible à l’éloge, je répondis que j’étais prêt à faire un essai, et B*** m’envoya aussitôt une série de clichés improbables : un quadragénaire bedonnant glissait son sexe dans le trou d’une cloison de fortune, devant laquelle des femmes se succédaient pour lui lécher la verge. Pathétique. C’est cette véritable épreuve « littéraire » qui me donna l’idée d’un scénario que j’intitulai l’examen oral, mais que mon éditeur changea en  l’épreuve buccale :

medium_paprazzix.jpgLorsque Sébastien m'a proposé de le remplacer chez Paparazzix, je me suis dit qu'il suffirait de prendre quelques seins nus sur une plage et l'affaire serait faite. C'est en regardant les photos du site que j'ai compris l'ampleur de la tâche qui m’incombait pendant que Sébastien se ferait dorer la pilule à Ibiza, avant de revenir avec les photos de toutes ses conquêtes bien sûr.

Toujours est-il que j'avais la difficile mission de trouver de quoi épater mon nouveau chef, et ce ne serait pas facile. Sébastien ne m'avait pourtant  pas proposé le job pour rien, il savait que j'avais mes entrées dans le milieu échangiste, où il y a toujours de bons coups à faire dans tous les sens du terme. Et parmi les bons coups, un des meilleurs était sans aucun doute Jacqueline.

Quand je l'ai appelée, je tombais plutôt mal. Elle était en pleine scène de ménage avec Jean-Paul, son mari, parce qu'il prenait davantage son pied avec les autres qu'avec elle, parce qu'il ne la reconnaissait pas dans la mêlée tous feux éteints, parce qu'il n'était même pas capable de reconnaître ses caresses à elle, la légitime. Quant à Jean-paul, un brave bougre rudement bien monté, il jurait ses grands dieux du contraire, qu'il la reconnaîtrait les yeux fermés dans n'importe quelle partouze. C'est alors que j'eus une inspiration que j'aurais qualifié de divine dans un autre contexte : Une ordalie sexuelle pour départager les deux époux. En clair, Jean-Paul devrait glisser son gros mandrin au travers d'une cloison à trou, et se le faire sucer en aveugle par plusieurs femmes successivement, dont la sienne qu'il devrait désigner par un bon jet de sperme.

Le rendez-vous fût aussitôt pris afin d'immortaliser cette expérience, pour preuve indiscutable de la mauvaise foi de Jacqueline ou de la muflerie de Jean-Paul. Dès que je suis arrivé chez eux, j'ai vu que Jacqueline n'avait pas fait les choses à moitié. Non seulement elle aurait fait bander un eunuque avec sa jupe écossaise sexy et son chemisier blanc, mais elle n'avait pas non plus invité sa concierge moustachue ni sa voisine édentée pour opérer sur le membre de Jean-Paul. Au contraire, elle avait sélectionné deux filles superbes, aux lèvres charnues, aux gorges profondes et qui étaient déjà en tenue de combat.

A peine avais-je eu le temps de déballer mon matériel que Jacqueline a commencé à entreprendre son mari caché derrière la cloison à trou. Elle l'a magistralement pompé et a su redresser son étendard en un tourne main, avant de laisser la place à Marianne - une jolie brune frisée avec pour toute tenue un porte jarretelle noir - et dont je voyais les petits seins nus tressauter à chaque va et vient de ses lèvres sur la verge de Jean-Paul. Ce fût ensuite le tour de Sylvie une jeune fille blonde, bien pulpeuse comme je les aime, à peine vêtue d'une nuisette blanche, qui a littéralement avalé le phallus turgescent. Quel suspens de voir ces trois filles lubriques engouffrer tour à tour la queue de Jean-Paul qui gémissait tous les prénoms de la terre derrière sa cloison, se demandant bien quelle langue agile était celle de sa femme.

Ce que Jean-Paul ne pouvait pas voir, c'est que ces trois gourmandes assoiffées de sperme n'auraient su se contenter d'un seul sucre d'orge, aussi gros fût-il. Je m'en suis rendu compte dès les premiers clichés, quand  Jacqueline tourna vers moi son regard lubrique qui visait un autre objectif que celui de mon minolta. À la faveur des gémissements de Jean-paul sous l'emprise des lèvres de Marianne, Jacqueline se glissa derrière moi et, d'une main experte, elle déballa mon gros zoom dont elle sût aussitôt se servir, faisant glisser la bague entre ses doigts agiles, n'hésitant pas à payer de sa personne pour en  lubrifier tous les recoins. Elle fût d'ailleurs rejointe par Marianne qui décida elle aussi de goûter à mon organe pendant que Sylvie engloutissait à son tour la bite de Jean-Paul avec un plaisir non dissimulé. Et pensez donc au mien qui devait  prendre toutes ces photos, avec deux diablesses déchaînées entre mes cuisses. Mais on est paparazzi ou on ne l'est pas !

Je vous laisse découvrir laquelle de ces trois gourgandines a eu droit à la magistrale giclée de foutre de Jean-Paul, et par laquelle un des deux époux triompha de cette terrible épreuve. Une chose est sûre, le vainqueur a tenu à vous dévoiler sa victoire avec ces 33 clichés bien juteux !

À suivre

25 mai 2007

La vendeuse

medium_galeries.jpgJ’ai rencontré Irène il y a une semaine. Elle vendait des maillots de bain pour hommes aux galeries Lafayette, entre les serviettes de plage et les lunettes de soleil. Je ne sais pas trop pourquoi je suis entré dans ce magasin d’ailleurs, car j’avais tout ce qu’il me fallait, même du temps à tuer. Je ne l’ai pas vue arriver derrière moi. « Je peux vous aider Monsieur ? » me proposa-t-elle d’une voix douce et chaude. « Heu... non, merci, je regardais simplement », dis-je en levant les yeux vers elle, un sourire de circonstance agrafé sur mon visage, sourire qui se transfigura en une expression béate : son physique qui s’accordait parfaitement à sa voix sensuelle me fit aussitôt regretter d’avoir refusé son aide. « N’hésitez pas à faire appel à moi si vous avez besoin de quelque chose », ajouta-t-elle avec une moue ingénue.

Est-ce le trouble de mon regard qui lui avait fait ajouter cette formule commerciale, ou bien son sourire était-il trop candide pour être honnête ? Comme d’habitude, j’étais en train de m’embourber dans mes questions masculines existentielles, les yeux rivés sur son postérieur qui tanguait au rythme de sa démarche chaloupée, mais qui s’éloignait inexorablement vers tous ces hommes qui brandissent leurs chiffons par-dessus les cabines d’essayage, sous prétexte d’avoir une autre taille ou un autre modèle. « Mademoiselle ! Mademoiselle ! » L’interpellai-je sur un ton déjà pitoyable. Elle fit aussitôt volte-face pour revenir vers moi, le port altier, le regard plongé dans mes yeux éblouis, tel un model de chez Channel qui fixe l’objectif du photographe, avant de se planter devant moi, la pointe de ses seins au point de tutoyer ma poitrine : « Vous voulez essayer un maillot ? » Me demanda-t-elle d’une voix à la fois rauque et suave. « Heu, oui, celui-ci… » répondis-je en prenant le premier qui me tombait sous la main, mon regard perdu dans le décolleté plongeant qui s’ouvrait sous mes yeux comme un abîme de luxure. J’eu à peine le temps de lire son prénom sur son badge, « Irène », que la sculpturale vendeuse se retournait déjà en m’ordonnant « Suivez-moi ! » tout en me lançant par-dessus son épaule un regard alléchant comme une fausse promesse électorale.

J’avais beau savoir que je n’avais rien à espérer de cet essayage, je la suivis quand même, hypnotisé par sa croupe émouvante qui se dandinait sous mes yeux, mu par l’envie de la caresser tel un tantale lubrique assoiffé de désirs charnels.  Mais elle écarta le rideau de la cabine, autel de mes fantasmes sacrifiés, où je n’avais plus qu’à prier pour son prompt retour : elle était déjà partie vers d’autres tentures de velours, derrière lesquelles grondaient des clients impatients. Il ne me resta donc plus qu’à me déshabiller et enfiler le maillot choisi au hasard, par-dessus mon slip hygiène oblige. Horreur ! J’étais tombé sur un string rouge dont la ficelle avait un effet du plus ridicule entre mes fesses, surtout sur mon slip vert. J’en étais à me demander comment me dépêtrer de cette situation grotesque lorsque Irène écarta le rideau pour me demander si tout allait bien. J’étais cramoisi, plus de honte qu’à retenir ma respiration pour garder la poitrine bombée. D’autant plus que je n’avais pas retiré mes chaussettes. Néanmoins, il ne me sembla percevoir pour tout jugement qu’une lueur amusée dans son regard : « Ce string est fait pour vous, me mentit-elle effrontément, vous allez le prendre n’est-ce pas ?
- Moui… c’est que…
- Dans ce cas, je vous conseille de l’essayer normalement, sans votre slip vert, je reviens tout de suite, j’aimerais vraiment vous voir le porter… »

J’avoue que je n’étais pas mécontent de la tournure que prenaient les évènements. Certes, j’en serais quitte pour acheter un string que je n’oserais plus jamais remettre, mais pour le plaisir de faire le beau devant une jolie demoiselle… En quelques secondes j’étais fin prêt. La ficelle me gênait un peu entre les fesses, mais au moins il semblait être à ma taille. Je pris soin de retirer mes chaussettes.

J’attendais donc Irène, lorsque mon attention fut attirée par de légers gémissements provenant de la cabine à droite de la mienne, qui semblait bien abriter deux personnes. Soudain, un petit rire cristallin que je reconnu immédiatement : ma vendeuse ! Je commençais à trouver mon string un peu juste lorsqu’elle écarta les rideaux et surgit dans ma cabine. « Voilà qui est beaucoup mieux, dit-elle avec une moue coquine. Laissez-moi l’ajuster comme il faut, ajouta-t-elle en s’agenouillant sans façon devant moi. » Ses ongles carmins frôlèrent la peau de mon ventre, ajustèrent délicatement les élastiques sur mes hanches, poursuivirent leur course sur mes fesses, s’engagèrent dans leur sillon, prêts à suivre la couture de nylon au plus profond de mon intimité, mais s’arrêtèrent aux extrêmes limites de la décence. Je sentis son souffle sur mon nombril, sur mon sexe qui déformait outrageusement le string que je sentais désormais bien trop juste. Mais je ne le regardais pas, ni le visage d’Irène à quelques centimètres de ma bosse outrageuse : j’avais fermé les yeux depuis un moment, comme dans l’attente d’une délivrance. « Vous êtes très émotif, me dit-elle en faisant semblant d’ajuster au millimètre près mon string devenu microscopique. Je vous conseille un autre modèle, plus enveloppant, je vais vous le chercher !
- Mais… c’est que… vous êtes sûre ?
- Ne vous inquiétez pas, je vais vous aider à l’enfiler » conclu-t-elle avec une œillade provocante.

Irène referma le rideau pendant que mon sexe surgit du string comme la flèche d’un arc. Je retirai ce bout de nylon inutile, tournant le dos à l’ouverture au cas où Irène ferait une nouvelle entrée intempestive, et je me concentrais pour faire retomber mon excitation en entonnant un mantra yogi « Ahuuuuuuuuum…. »
Schliiiiiik fit le rideau derrière moi et Irène déboula à nouveau dans la cabine, un maillot bermuda bleu de grande marque à la main. Je me retournais vers elle, mes mains croisée sur mon bas ventre comme un footballeur face au coup franc, protégeant mon érection opiniâtre de son regard qui avait pourtant du en voir bien d’autres. « Mais… mademoiselle… ce maillot est hors de prix ! M’exclamai-je devant l’étiquette.
- Vous le valez bien », rétorqua-t-elle avec aplomb.

Elle se pencha en avant, la bouche en cœur, ouvrant largement ce maillot comme la gueule d’un loup, et je m’y jetai avec le soulagement d’y abriter ma fausse pudeur. En vain. Car Irène n’hésita pas à plonger la main dans mon maillot pour me faire une démonstration de ses exclusives poches et coutures spécialement conçues pour cacher les manifestations intempestives du désir masculin ! Ses doigts me palpèrent sans vergogne, glissèrent tout au long de ma verge, se jouèrent de mes testicules, revinrent exciter mon gland turgescent sans entamer le calme olympien avec lequel elle me décrivait les savantes fonctionnalités de ce maillot : « Voyez-vous cher Monsieur, cette petite poche anti-tâche à été spécialement conçue pour les éjaculateurs précoces.
- Hummmmmm… je vois…
- Mais visiblement cette fonctionnalité est pour vous inutile, ajouta-t-elle à deux doigts d’avoir tort.
- MADEMOISELLE !!!! Hurla l’homme dans la cabine de gauche, venez vous occuper de moiiiii !
- Vous prenez ce maillot n’est-ce pas ? me dit-elle hâtivement. D’ailleurs, on peut dire que vous avez de la chance aujourd’hui, les galeries Lafayette offrent trois maillots pour le prix de deux, et vous allez voir celui que je vous prépare, vous ne serez pas déçu, ajouta-t-elle précipitamment sans me donner le temps de répondre, avec pour ultime argument sa main toujours dans mon slip.
- Groumph… inarticulai-je.
- Parfait ! Je reviens tout de suite…

Voilà comment je me suis retrouvé au bord de l’explosion dans la poche anti-tâche, pris au piège dans une cabine des galeries Lafayette, soumis au bond vouloir d’une vendeuse perverse qui tenait au creux de sa main une demi-douzaine de mâles en rut. Je voulais me révolter mais je ne le pouvais pas, pris au piège par mon propre désir. Je ne pus qu’ôter mon slip de bain et le faire tournoyer comme un lasso au bout de mon doigt au dessus de la porte de la cabine, en scandant frénétiquement son prénom : IRENE !

23 mai 2007

I got to see you again



C’est cette note d’Ysé qui m’y a fait penser, alors j’ai fouillé dans les cartons pour retrouver le vieux CD. Lorsque je l’ai glissé dans mon PC, les souvenirs ont afflué comme une bouffée de chaleur.

podcast

Novembre 2003. J’avais proposé à Jeanne de tourner un film porno. Quelque chose d’intime et minimaliste, par et pour nous deux, avec ma web cam pour tout matériel de prise de vue. Jeanne m’avait semblé excitée par cette idée, et j’avais même imaginé un petit scénario éculé, celui de l’entretien d’embauche bidon où la pauvre candidate est contrainte de se masturber avec une carotte. Rien ne s’est passé comme prévu. Jeanne est arrivée très en retard à l’hôtel. Elle avait fait plus de 400 kilomètres en voiture pour me retrouver à Paris. Elle a pris un bain pour se détendre. Ensuite, elle est venue s’allonger sur le lit, nue. C’est là que j’ai commencé à filmer. Ma web cam à la main, je me suis approché d’elle.

Jeanne est étendue sur le ventre, hilare de se voir en même temps sur l’écran de mon PC. On entend ma voix.

- On va faire le tour, lui dis-je, on va faire le tour du propriétaire !
- Oh non ! Quelle horreur !
- Si ! si ! Hum…

L’image glisse tout au long de son dos pour terminer sa course sur ses fesses rondes.

- Je ne me suis jamais vue sous cet angle là, s’étonne-t-elle.
- Alors je vais bien te prendre sous cet angle inavouable !
- Mais ce n’est pas inavouable !
- L’angle est inavouable. Non ?
- Non, ce n’est pas inavouable. Tu en vois autant sur les peintures. Tu prends un Boucher, elles ne sont pas plus habillées que moi en ce moment. Bon, je suis moins ronde…
- Et voilà !
- Tu as fais le tour du propriétaire ? me demande Jeanne en se tournant vers moi.

Sa voix se fait moins ironique, plus enjôleuse. Son sein gauche apparaît à l’image.

- Ah non, je n’avais pas complètement terminé, dis-je.
- Et bien tant qu’à faire…

Jeanne s’étend sur le flanc droit, les bras levés au dessus de sa tête. Travelling arrière.

- On va prendre une vue panoramique ! Magnifique !
- Je ne sais pas, je ne vois pas.
- On regardera tout à l’heure, ça va être rigolo. Ça va trembler ! Ça va bouger !
- Et tu vas le garder ? demande Jeanne en éclatant de rire alors qu’elle reprend sa position initiale.

Plan de coupe en noir et blanc en guise de réponse: une photo du visage de Jeanne, les yeux clos et la bouche ouverte. On entend un accord de piano. Oui Jeanne, je l’ai gardé.

- Non, ça m’est égal, tu peux faire ce que tu veux, me dit-elle sur une octave alanguie.
- C’est vrai ?
- Hummmm…

Plan fixe, plein champ sur le visage de Jeanne de trois-quarts. Elle ferme les yeux, et gémit de plaisir. Elle reprend son souffle un instant, regarde derrière elle, et j’apparais à l’image, mon buste chevauchant le sien. Je l’embrasse. Seules les ondulations de mon corps (dont seule la partie supérieure est visible) et nos visages extatiques suggèrent ma pénétration. Personne ne voit ma verge coulisser dans ses chairs mouillées. Reprise du même plan de coupe en noir et blanc, avec fondu enchaîné sur l’image vivante, en couleur : son visage aux traits tirés, aux yeux fermés, avec un de ses doigts sur sa bouche entrouverte. Elle soupire. Elle gémit. Défigurée par la jouissance, elle hurle maintenant face à la caméra. Le son est complètement saturé, insoutenable. Au vu de cette seule séquence, on pourrait croire qu’elle accouche. Personne ne peut savoir que je lui mets une main dans la chatte alors que de l’autre je filme son visage dévasté. Sans le son, avec certaines images et un peu d’imagination, on pourrait croire qu’elle chante. En se donnant à fond. Alors je n’ai gardé que ces plans là, j’ai coupé ses cris au montage que j’ai remplacés par la voix de Norah Jones dans I got to see you again. En guise de film porno, on ne peut guère trouver plus pudique. Ce qui devait être montré est resté caché.

Je ne sais pas si je reverrai Jeanne un jour. Il me reste ces souvenirs là, et ceux que j’ai gravés au fond de ma mémoire. Lorsque nous nous sommes réveillés le lendemain matin, je l’ai prise debout, contre la fenêtre entrouverte de la chambre d’hôtel. Nous n’étions qu’au premier étage avec une vue imprenable sur la place de la République. On gémissait de plaisir en regardant les parisiens pressés, leur nez rivé au sol. Il aurait suffit qu’un d’entre eux lève la tête, pour voir. Ce qui devait rester caché a été montré, mais personne n’a rien vu non plus.

21 avril 2007

Les charmes de l'Orient (3)

Qu'à cela ne tienne, ce n'est pas une punition qui empêche un garnement de faire l'école buissonnière, nous avons sauté dans un taxi et j'ai raccompagné Roxane chez elle. J'ai mis en marche le vibreur dans le taxi, pour ne plus l'arrêter. Roxane ne me lâchait pas des yeux. J'ai posé ma main sur sa cuisse. Je sentais le trouble l'envahir de plus en plus. Lorsque nous sommes sortis du taxi, devant chez elle, j'ai marqué un temps d'arrêt. Le dernier scrupule du bourreau des corps avant la mise à petite mort.

- Je crois que c'est le moment où on propose de prendre un dernier verre, lui dis-je entre embarras et excitation ?
- Oui !
- Tu as envie ?
- Oui !

Nous nous sommes embrassés à pleine bouche. Arrivés chez elle, il s'est avéré que nous avions plus envie l'un de l'autre que d'un verre.

- Tu veux quelque chose de spécial, lui ai-je demandé ?
- Non...
- Attends, tu vas voir !

Je lui ai bandé les yeux au milieu de son salon. Je me suis éloigné pour qu'elle ne puisse pas m'attraper avec ses bras tendus, et j'ai commencé à tourner autour d'elle, comme un loup autour de sa proie. De temps en temps, je m'approchais pour lui voler un baiser, une caresse, faire glisser une bretelle de soutien gorge... J'ai cru qu'elle allait défaillir lorsque j'ai commencé à mordiller les tétons dressés de ses seins ronds, lourds, pulpeux et hypersensibles. J'ai ainsi compris pourquoi elle voulait toucher aux seins d'une autre femme. Comme elle me le confirmerait plus tard, elle voulait voir si, d'instinct, elle saurait ainsi donner du plaisir à une autre, en imaginant à tort que toutes les femmes avaient les seins aussi sensibles que les siens. Je l'ai guidée vers sa banquette où je l'ai installée, à quatre pattes. Au contact de ma langue sur ses fesses, j'ai entendu ses soupirs gutturaux accompagner ses frissons de plaisirs, qui se sont mués en gémissements rauques lorsque mes lèvres ardentes ont dardé sa chatte velue.

Dans bien des contes pour enfants issus des siècles révolus, le chaste baiser de la princesse au crapaud transforme instantanément l'immonde créature en prince charmant, ce qui est sans doute une allégorie qui préparait les jeunes esprits féminins aux épousailles de raison avec des vieillards édentés mais bien dotés. Dans ce conte pour adulte, j'ai eu l'impression que mes vicieux baisers transformaient la princesse en fauve lubrique. Ce n'étaient plus des gémissements, mais des rugissements de plaisir que poussaient Roxane. Pendant que je j'embrasais son clitoris de mes baisers enflammés, deux de mes doigts fouillaient son anus, débusquaient le vibreur au travers des fines chairs qui séparaient le bout de mes doigts de son vagin extatique, et, de l'autre main, je tirais malicieusement sur la cordelette de l'œuf vibrant afin d'en accentuer la pression sur son point G. A ce régime, la jouissance n'a pas tardé à la submerger.

Certaines femmes, même en proie aux plaisirs les plus intenses, gardent une certain maintient, une réserve distinguée qui donne l'impression qu'elles ne se donnent jamais complètement. D'autres, au contraire, s'abandonnent sans la moindre retenue. Comme pour la couleur de la peau, des cheveux ou la conformation des vulves, je n'ai aucune préférence quant à ces comportements. J'apprécie toutes ces variétés chez les femmes, selon les circonstances, un peu comme les styles culinaires, du plus raffiné des cocktails parisiens, à la plus solide des cuisines rustiques. La sensualité de Roxane m'est apparue franchement roborative. Dès qu'elle en a eu l'occasion, Roxane a happé mon dard entre ses lèvres, et elle me l'a aspiré avec une telle conviction que je n'ai pas pu me retenir, et j'ai lâché sans en jouir d'amples giclées de sperme sur ses seins. Nous l'avons l'étalé sur sa généreuse poitrine, avant que je la pénètre furieusement, ses jambes potelées sur mes épaules, pour jouir d'elle à mon tour.

medium_feline.jpgAprès quelques minutes d'un tendre repos, je m'apprêtais à m'éclipser quand le fauve Roxane m'a fait comprendre qu'elle ne l'entendait pas de cette oreille. Ses chauds baisers n'ont pas tardé pas à réchauffer mes ardeurs, et c'est en me tenant littéralement par la queue qu'elle m'a reconduit vers la banquette. Roxane avait pris les choses en main au sens propre comme au figuré. Elle m'a allongé sur le dos, mes cuisses bien écartées, et sans me quitter des yeux, elle a fait glisser sa langue de la pointe vermillon de mon glaive jusqu'au pommeau de mes couilles rasées de près. Puis, tout en me branlant furieusement, elle s'est attaquée à mon petit trou et elle l'a soumis à de frénétiques va-et-vient. Je naviguai entre douleur et plaisir. Je lui ai demandé combien de doigts elle m'avait enfoncé. "Un seul, m'a-t-elle répondu, mais à fond! Tu en veux un autre ?" J'ai décliné l'offre. Raide et dur, mais incapable de jouir ainsi, je lui ai proposé de me chevaucher. Elle a accepté avec une moue carnassière. Elle s'est allongée de tout son long sur mon corps dans une position que je ne connaissais pas, face à moi, les jambes à peine écartées, semi fléchies, de sorte qu'elle parvenait à frotter son clitoris sur mon pubis alors que je la pénétrais. Il m'était cependant totalement impossible de bouger, et j'aurais été réduit à une totale passivité si elle ne m'avait pas demandé de lui torturer les seins. "Prends mes tétons dans ta bouche ! Suces-les ! Têtes-les ! Oui ! Tu peux les mordiller ! Les deux en même temps ! Fais-moi mal !" J'ai malmené ses tétons turgescents, sans toutefois les blesser, tout en lui claquant violemment les fesses de la paume de mes mains. Alors, de sa voix grave aux accents chargés d'orient, elle a soufflé entre deux râles: "Ca vient! Ca va être forrrrrt!". La violence de l'orgasme nous a submergés en même temps.

Je n'ai jamais revu Roxane. Nous avons correspondu un moment, de plus en plus rarement, pour finir par nous perdre de vue totalement. Mais il me reste de cette magnifique aventure un goût, celui des charmes de l'Orient.

19 avril 2007

Les charmes de l'Orient (2)

Roxane s'imaginait donc être assise derrière moi alors que Guillaume la promenait sur les Champs-Elysées, insistant bien sur les secteurs pavés pour provoquer les plus agréables sensations à sa passagère. Il l'a fait descendre au 23 rue de Berry, où je l'attendais. Roxane était complètement sidérée de voir la moto repartir. Elle ne s'attendait pas du tout à ce changement de partenaire. Je l'ai entraînée dans le club qui venait d'ouvrir, et où nous étions les premiers clients. Assis devant un cocktail, j'ai découvert la beauté ténébreuse de cette jeune femme que je n'avais pu, jusqu'alors qu'imaginer. Une carnation mate, des yeux sombres, une cascade de cheveux noirs et bouclés qui coulait sur ses épaules, et cet accent rauque indéfinissable déjà perçu dans le message téléphonique qu'elle m'avait laissé quelques jours auparavant pour me confirmer sa présence à mes côtés ce soir là. medium_hustler.2.jpgC'est en discutant du statut de la femme dans les diverses cultures, de Simone de Beauvoir, et des attraits de l'expatriation sur divers continent que j'ai deviné ses origines libanaises. Elle m'a alors regardé avec ses grands yeux surpris, sous les seins des femmes à moitié nues qui se dandinaient sur le podium à quelques centimètres devant nous. Nous étions au Hustler Club, haut lieu parisien du strip-tease à l'américaine.

Roxane appréciait la lascivité du spectacle, dédaignant les blondes et préférant les brunes, par fraternité sans doute, et je lui ai donné l'œuf vibrant que j'avais glissé dans ma poche afin de remplacer ses boules de geisha qui l'avaient déjà bien émoustillée, vibrations de la moto de Guillaume à l'appui. Elle a aussitôt compris que je devais avoir avec moi une télécommande, et quelques minutes plus tard, elle s'est éclipsée en direction des toilettes pour glisser l'œuf en elle. J'en ai profité pour prendre deux billets de lap dance. Lorsqu'elle est revenue, je lui ai demandé ce qui lui plaisait chez les femmes.

- Je me demande si une femme saurait d'instinct ce qui plait à une autre, me dit l'ingénue.
- Tu t'imagines donc plus en position passive qu'active avec une autre femme ?
- Oui.
- Et tu n'es pas spécialement attirée par le fait de goûter au miel d'une autre fille ?
- Non, pas spécialement.
- Tu sais Roxane, toutes les femmes sont différentes, il n'y en pas deux semblables. La conformation des vulves le montre déjà, entre les grosses lèvres charnues, les petites délicates, les clitoris hypertrophiés et ceux bien cachés au fond des chairs roses, il y a déjà une énorme variété. Tout cela influe sur les goûts et une sensualité très variable d'une femme à l'autre, entre celles qui ne supportent pas qu'on leur glisse un doigt et celles auxquelles il en faut au moins trois, les clitoris des unes qu'on doit lécher de la pointe de la langue, et puis ceux de celles qu'on doit aspirer entre les lèvres, ceux dont on doit faire le tour et ceux qu'il faut frotter, par en dessous pour les unes, par-dessus pour les autres... il n'y a pas de recette miracle pour faire jouir une femme Roxane, il faut être à l'écoute de ses sens, attentionné, et trouver le fonctionnement de son plaisir. Je pense que c'est plus une question d'expérience que d'appartenance à un sexe ou à l'autre.
- Alors dans ce cas, une femme ne m'intéresse pas, m'a-t-elle répondu en me dévorant des yeux.

Roxane a tout de même trouvé une grande Italienne à son goût, et j'ai pu lui offrir le lap-dance que j'avais prévu pour elle. Le vibreur a fonctionné à merveille alors que la danseuse se trémoussait sur les genoux de ma Libanaise. Elle ne put toucher avec les mains, mais avec le nez, lorsque l'Italienne fit glisser sa poitrine siliconée sur le visage de Roxane, visiblement émoustillée par la situation à moins que ce soit par les vibrations répétées que je déclenchais au cœur de son intimité. À la fin de la séance, elle m'a confié avoir été séduite par le parfum suave de cette femme, dont la sensualité lui avait ouvert d'autres perspectives.

- Pourquoi m'avais-tu proposé de venir en jupe, en fin de compte, m'a-t-elle demandé ?
- Parce que nous aurions pu aller dans un autre club autrement plus chaud.
- Ah oui ?
- Mais le dress-code impose une jupe.
- Tu crois que c'est incontournable ?
- Essayons, nous verrons bien !

Il me restait un ticket de lap dance et Roxane m'a proposé de choisir à mon tour une danseuse pour moi, pour voir, ce que j'ai expédié entre les bras d'une grande Tchèque sous le regard brillant de la jeune Libanaise. J'avais hâte de passer aux choses sérieuses. Adieux mes résolutions frustrantes, Roxane partait définitivement pour New-York dès le lendemain, et je n'étais pas du tout certain de la revoir. Je l'ai donc conduite au No Comment qui a eu l'amabilité de me remettre sur la voie que j'avais initialement prévue: Refoulés ! Roxane ne portait pas l'uniforme de la parfaite petite libertine...

À suivre...

 

17 avril 2007

Les charmes de l'Orient (1)

medium_BenWa.jpgMai 2005. Après avoir lu quelques-uns uns de mes textes érotiques, une inconnue m'avait contacté. Elle me fit part de son désir de toucher les seins d'une autre femme, pour une raison que je comprendrai plus tard, et nous échangeâmes bientôt une correspondance dont vous pouvez imaginer l'érotisme. Je ne savais presque rien d'elle, hormis sa grande taille (1m72), son jeune age (25 ans), le timbre grave de sa voix suave (je lui avais demandé de me laisser un message sur une boite vocale pour m'assurer que j'avais bien affaire à une femme), et son ingénuité en matière de libertinage lorsque je lui écrivis ceci:

"Il était une fois une belle princesse qui ne souhaitait pas rencontrer de prince charmant. Elle s'appelait Roxane, elle était grande, elle était belle, de ces beautés ténébreuses qu'on attribue souvent aux hommes. Sa voix grave, suave, qui faisait pourtant battre bien des cœurs, dressait aussi quelques velléités libidinales qu'elle devinait derrière les braguettes magiques, ce qui la fascinait au plus au point. Peu à peu elle caressa, entre autres douceurs, le souhait d'explorer le vaste monde de la volupté, jusqu'à devenir une fée libertine. Ainsi s'en était-elle acheté les attributs: une baguette magique vibrante dernier cri avec laquelle elle s'ensorcelait elle-même, et des boules de cristal miniatures qui lui promettaient de bien belles excitations, ce en quoi elles n'avaient jamais tort. Mais malgré toute sa bonne volonté, elle se rendit compte qu'elle ne pourrait aller plus loin toute seule. Elle devait rencontrer le magicien qui l'initierait aux arcanes du stupre et de la luxure. Bien des fois, elle crut l'avoir trouvé sous les traits de preux chevaliers, mais ils se révélèrent être des apprentis sorciers de faible envergure dont la magie ne dépassait pas la chambre à coucher.

Un jour, Roxane tomba par hasard sur la prose malicieuse d'un supposé magicien de l'école libertine, et elle prit son courage à deux mains pour lui dévoiler son voluptueux projet. Le moins que l'on puisse dire est qu'il ne sauta pas sur l'occasion de la connaître au sens biblique du terme. Bien au contraire, il éprouva son désir par mille et une circonvolutions, avant de lui donner sa première leçon. Au programme, désir, plaisir, et frustration. C'est ainsi qu'il lui demanda de se rendre au 118 Avenue des Champs Elysées, juste à l'entrée du métro Georges V, à 22 heures exactement, le 11 Mai de l'an de grâce 2006. Il avait bien insisté pour qu'elle arrive exactement à l'heure, ni avant, ni après, au risque de rompre le sortilège qu'il avait préparé. Elle devait porter le pantalon noir seyant qu'elle garde pour ces magiques occasions, des chaussures confortables ni trop fragiles, ainsi que ses boules de cristal au cœur de son intimité. Elle avait beau y avoir plongé son regard avant de les glisser entre ses lèvres humides, elle n'avait pas la moindre idée de ce qui l'attendait au cours de cette soirée.

Enfin, Roxane arriva au lieu de rendez-vous, pile à l'heure. Il faisait beau en ce mois de mai, le soleil primesautier avait laissé place à la lune ensorcelante. Elle balaya du regard la foule des manants en goguettes, et elle reconnut immédiatement le chevalier noir. Il l'attendait, son heaume sur la tête, assis sur son fidèle destrier. Elle s'approcha du chevalier impassible. A travers sa visière baissée, elle crut percevoir un sourire au coin de ses yeux bleus pétillants. Sans dire un mot, il lui tendit un casque. Elle le mit tout aussi silencieusement, et elle s'assit derrière lui sur la selle, comme convenu. C'est ainsi que le chevalier noir emporta la princesse Roxane sur les chemins lumineux et aventureux, jusqu'au palais de la tentation."

Ce 11 Mai 2006 à 22 heures, à la sortie du métro Georges V, Roxane a vu arriver vers elle une moto qui lui a fait un appel de phare comme on fait un clin d'œil. Roxane a reconnu le chevalier noir qu'elle a pris pour moi, et elle est montée derrière Guillaume sans se poser plus de questions. On n'imagine pas les folies dont sont capables les femmes pour assouvir leurs fantasmes. Cette ballade en moto, Guillaume la raconte ici.

À suivre...

13 avril 2007

In Clito Veritas (2)

La courtisane contacta en grand secret cinq de ses intimes. Elle les choisit pour leur rouerie, bien sûr, mais surtout pour leur silhouette proche de la sienne, élancée et gracile. Elle leur apprit le jeu, leur donna le secret de ses parfums et crèmes, pour que toutes fussent enveloppées du même nuage odorant. Toutes s'épilèrent de la même manière. Perfectionniste, la courtisane organisa des soirées où ses amies purent voir sa façon de bouger, d'onduler sur les corps masculins. Amusées, elles copièrent ses mouvements de hanches, ses indéfinissables langueurs, ses abandons et ses reprises. En quelques jours d'essais assidus, la coquine cohorte connaissait tous les vices et artifices de la taquine maîtresse.

La petite courtisane n'avait pas eu une vie facile, luttant de ses seuls charmes pour être partout la première. Très vite, elle avait compris le pouvoir du sexe sur la gent masculine, appris les secrets de la séduction. Elle avait conquis les plus grands, mis à ses pieds les plus riches, au prix de parjures et de trahisons qui ne lui importaient pas. Elle ne connaissait ni l'amour, ni le remords. L'œnologue fut une proie en vogue pour ses compagnes, elle décida donc de l'avoir. Par jeu, par provocation, par fierté.

Elle l'eut donc, avant de comprendre que la réciproque était vraie, pour la première fois. Il refusait de lui donner son nom. Et elle dissimula sous une apparente indifférence ce qui n'était que sa première douleur de femme amoureuse. Elle organisa donc ce jeu, mettant au défi son talent, pour enfin, espérer être à lui sous le prétexte avouable d'un accomplissement social qui soudain lui semblait vain. Sa moue à lui devant sa proposition montra qu'il fut dupe, il la crut vénale, et ce regard glacé manqua la faire tituber de douleur. Ils ne s'étaient jamais avoués leur amour, par fierté, par peur de n'être chéris en retour.

Le cœur du château de Castignac n'est pas la majestueuse salle de réception, ornée des armoiries séculaires, ni les cuisines médiévales, ni les multiples chambres dont les noms évoquent tout l'arc en ciel. Non, le cœur du château, ce sont ses fondations, les antiques caves voûtées, le repère de monsieur l'œnologue, le centre de son monde. Et ce soir, sur l'imposante table en chêne massif qui accueille la dégustation des meilleurs crûs, ce ne sont pas de précieux millésimes qui sont alignés, mais monsieur l'œnologue lui-même qui est enchaîné, allongé, les yeux bandés, attendant patiemment le début de la dégustation.

Enfin, projetée par les torches suspendues, une ombre s'avance, dansante, tremblante, déformée jusqu'à être grotesque, mais néanmoins émouvante, plus précise lorsque celle qui en est la cause se glisse sur la table, écarte les cuisses pour enjamber le visage du dégustateur, silencieusement. Monsieur l'œnologue perçoit la douce chaleur de l'intimité offerte, un parfum artificiel masquant le bouquet intime, ténu, imperceptible au commun des mortels, mais qui se révélera au cours de la dégustation.

Méthodiquement, de la pointe de la langue, son seul organe libre de mouvement, il parcourt le pourtour des lèvres offertes, du périnée au clitoris, pour jauger la forme et la taille de ce calice. Fin, allongé, apparemment étroit, celui ci lui évoque immédiatement une flûte à champagne. A ce subtil contact la belle émoustillée libère tous ses arômes, légèrement fruités bien qu'encore fermés, qu'il hume, alternant les inhalations courtes, puis profondes, en douceur puis insistantes, alliant bientôt la langue au nez pour libérer la divine liqueur, s'apprêtant à la tirer du cœur de l'intimité offerte. Mais c'est elle qui vient à lui, abondante, satinée voire festive, dans un orgasme explosif qui retentit en un rire cristallin. Il s'en délecte. S'impose alors à lui le portrait d'une jeune fille, blonde, fine, exubérante jusqu'à l'effervescence, et qu'il se plait à imaginer champenoise. Assurément, ce n'est pas elle.

Ainsi continue cette étrange dégustation, de filles en femmes, d'extases en ivresses, Sud- Africaine callipyge et charnue, Savoyarde lippue et longue en bouche, Australienne ouverte et souple, Alsacienne fraîche et capiteuse, imperturbable défilé dont monsieur l'œnologue sort excité mais épuisé, au bord de la rupture mais frustré, surtout de ne pas avoir encore reconnu sa belle parmi celles qu'il a dégusté. Il en reste une, ce ne peut être qu'elle.

Au rythme de ses pas élégants et racés, à peine s'est-elle approchée qu'il l'a reconnu. A ses arômes complexes aux notes exotiques d'épices et d'herbes, à peine s'est-elle installée qu'il en est sûr. Il ne la dégustera pas. Non. Il savourera sa volupté sensuelle et décadente, jusqu'à la jouissance, les larmes aux yeux. Il doit maintenant donner son choix puisque l'heure du verdict a sonné...

Elle avait regardé ses compagnes chevaucher son amant, offrir leurs croupes affriolantes, le cœur battant. Au fond d'elle-même, elle souhaitait tellement qu'il la reconnût, qu'elle fût unique à son âme. Elle s'était approchée, tremblante, avait senti ses caresses adorées, eut envie de cesser ce jeu idiot pour le serrer contre son cœur. Mais déjà, il avait fallut partir, écouter le verdict.

"La première" dit-il d'une voix étranglée.

La douleur qui la transperça dépassa la joie d'être enfin l'épouse. Les larmes coulèrent, brûlantes, et toutes ses complices furent bouleversées de son émotion de jeune mariée. L'œnologue, lui, avait quitté la salle.

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J'ai écrit ce texte en 2001 avec Carole. Je ne peux songer à elle sans émotion, pensez-donc, une de mes premières amantes et sans doute ma première liaison. Chacun d'entre-nous avait écrit quelques paragraphes de cette courte nouvelle. Ces paragraphes apparaissent avec une couleur de fond différente selon son auteur. Saurez-vous retrouver qui a écrit quoi ?

11 avril 2007

In Clito Veritas (1)

Debout dans cette pièce au charme tamisé, les yeux bandés, l'homme se tait. Il se concentre sur la délicate mission qui s'offre à lui. Des trois somptueuses beautés qu'on va lui présenter, trois amours parmi tant d'autres, saura-t-il retrouver pour chacune, son nom ? Saura-t-il se remémorer dans quelles conditions il les a connues ? Comment elles ont, de leur charme insolent ou discret, su conquérir ses sens? Certaines sont encore brûlantes à son esprit, d'autres plus floues, toutes l'ont ému. Et aujourd'hui, aujourd'hui, il va revivre ses passions.

D'une voix neutre, le Juge lui ordonne de s'approcher du premier calice. Timidement, il s'approche d'elle, les lèvres tendues, la narine aux aguets. Il manque défaillir... ce parfum, cette volupté ! Il ne connaît qu'elle. Il est avide maintenant, boit son nectar, se délecte de cette divine liqueur, essence de l'amour... Il sait qui elle est, et il revoit l'ivresse délicieuse de l'instant passé auprès d'elle. Tremblant, il prononce son nom du bout des lèvres, et le Juge ne peut que sourire devant son talent. "Qu'on amène la seconde !"

L'homme, bouleversé encore des effluves de son premier émoi, titube vers la deuxième épreuve. Et là encore, la magie opère. En lui aussitôt, il se remémore la divine robe veloutée de ce soir de juillet, son émotion à peine contenue de toute la soirée, jusqu'à, enfin, tout savoir d'elle, qui elle était, ce qu'elle faisait en ces lieux, tellement médiocres pour elle. Là encore, son nom sort dans un souffle, épris d'amour éperdu. Le Juge jette un regard aux autres membres de ce curieux jury, on y lit de l'admiration. L'homme voudrait rester encore auprès de sa conquête retrouvée, lui crier son bonheur, mais il lui faut déjà découvrir la troisième identité.

Encore une fois, à tâtons, il goûte à même ce temple du plaisir, s'adonne à l'ivresse de la volupté. Et là encore, c'est le déclic. Comment le Jury a-t-il pu réunir les trois grâces qui ont bouleversé sa vie ? L'Homme manque défaillir, s'approche encore de la belle, laisse glisser sur sa langue les saveurs adorées, brûle de la posséder... Il n'en peut plus, la jouissance est trop forte.

"Château Petrus, 1985" murmure enfin l'œnologue, dans un souffle.

Monsieur l'œnologue n'avait pas atteint sa renommée pour son un profil d'oiseau de proie, mais pour les qualités concentrées entre son menton fuyant et son nez crochu, une bouche aux lèvres pleines dessinant en permanence un sourire carnassier. Bien sûr, ce n'était point l'apparence de cette bouche qui était remarquable mais bien ce qu'elle renfermait, un palais exceptionnel capable de disséquer les saveurs les plus subtiles, servie par une langue acerbe toujours prête à empaler ses ennemis au pilori de ses bons mots.

Pourtant, ce que les hommes ignoraient, et que bien des femmes savaient, était le miel que cette bouche savait distiller à la gent féminine, sa promptitude à embrasser et embraser les sens, sa capacité à faire naître le plaisir même dans les cas les plus désespérés. Ainsi, les mauvaises langues de la bourgeoisie provinciale se complaisaient en gorges chaudes, expliquant à mots à peine couverts comment sa langue agile avait su convaincre la veuve de Castignac de le coucher dans son lit et son testament, ce qui lui avait permis de devenir propriétaire d'un des plus beaux châteaux bordelais à la mort de la vieille dame dont, dit-on, le cœur n'aurait pas survécu à la chamade qu'il devait battre chaque nuit.

Monsieur l'œnologue, ainsi veuf, n'avait pourtant pas souhaité unir son cœur à celui d'une des jeunes filles de bonnes familles, dont les mains tendues étaient prêtes à panser sa plaie supposée, et saisir sa fortune nouvelle. Non, il préféra unir son corps à ceux des courtisanes qui voletaient sans répit autour de lui. Et parmi elles, il finit par en préférer une. Non pas qu'elle fût particulièrement belle, mais elle avait ce charme inimitable et cet esprit de libertinage qui lui plaisait tant, lorsque, en sa demeure seigneuriale, il organisait ces mystérieuses fêtes galantes.

Un jour, ou plutôt une nuit, alors qu'il psalmodiait à l'oreille de sa belle une improbable litanie d'amour, elle lui lança un défi. Un défi à sa qualité et son organe le plus remarquable, un défi à l'amour du corps qu'il encensait sans cesse, puisqu'il n'était point question de cœur. Serait-il seulement capable de la reconnaître, elle, avec pour seuls sens ceux qui lui avaient apporté fortune et célébrité, la reconnaître parmi une demi-douzaine d'autres avec sa seule bouche. S'il y parvenait, elle serait son esclave. Sinon elle deviendrait sa femme.

A suivre...

19 mars 2007

Quand j'étais un fake (2)

Moi si j'étais un homme
Je serais capitaine
D'un grand bateau, vert et blanc...

Ce matin, face à mon miroir, cette vieille chanson trotte dans ma tête. Ce matin, face à mon miroir, comme tous les matins, je me maquille. Ce matin, comme tous les matins, j'ai passé plus d'une heure devant ce miroir. Je suis presque prête maintenant. Il ne me reste plus qu'à apporter la touche finale à mon maquillage: un rouge à lèvre vermillon de chez Loréal. Une couche épaisse et onctueuse, que j'étale lentement sur mes lèvres pulpeuses en prenant garde de ne pas déborder. C'est primordial. Ma bouche, c'est mon plus bel atoût de femme. Surtout lorsque mes lèvres sont entrouvertes, comme en attente d'un baiser. C'est fini. Devant le dernier miroir sur le pas de ma porte, je prends le temps de vérifier mes charmes féminins, incrédule devant ma beauté comme un papillon qui déploie ses ailes au premier petit matin. Mon soutien gorge accentue le galbe de mes seins qui pointent sous mon chemisier blanc, dont le décolleté laisse entrevoir un peu de dentelle ivoire. Ma jupe courte souligne la longueur de mes jambes bronzées, fuselées dans mes bas satinés. Mes escarpins à talons hauts accentuent ma cambrure et la rondeur de mes fesses musclées. Mes longs cils noirs papillonnent dans la moue irrésistible que je m'offre avant de refermer la porte de ma chambre de bonne au dernier étage d'un immeuble haussmanien, et j'abandonne ma chrysalide pour dévaler les escaliers et profiter des premiers rayons de soleil de la journée.


 
Il faut dire que les choses ont changé,
De nos jours, c'est chacun pour soi...


 
Le fond de l'air est frais en ce petit matin d'août et Diane Tell chante toujours dans ma tête. J'allonge le pas. Mes talons qui claquent sur le macadam égrainent les secondes qui me séparent de lui. Je traverse la rue de Provence en diagonal, d'une démarche chaloupée digne d'un défilé de Jean-Paul Gautier. Les piétons se retournent sur mon passage. Les yeux rivés sur mes cuisses, un employé de la voirie n'a pas pu se retenir de siffler, et en l'entendant le conducteur du camion benne a abandonné le pauvre gars en pensant que c'était le signal. Je jette à son dépit un sourire narquois, fière de mes effets, sûre de mon charme. Devant une vitrine, je ralentis le pas. Mon regard balaye les articles que je ne vois pas, irrésistiblement attirée par mon reflet, par la cascade de mes cheveux blonds qui coule sur mes épaules et vole au vent. A votre avis, suis-je une femme fatale ?


 
Et pourtant, moi j'aurais bien aimé
Un peu plus d'amour et de tendresse.
Si les hommes, n'étaient pas si pressés, 
De prendre maîtresse...

 

Je pousse les portes du grand magasin. Je fais partie des premières clientes. Dans les rayons, quelques vendeuses s'activent comme des abeilles dans une ruche. Je déambule un moment au rayon des parfums et cosmétiques. Dans leurs petits stands, de jolies filles bien mises et bien maquillées attendent les clientes. Je les envie. J'aimerais travailler là où je passe mes jours de congés, et faire un métier qui me ressemble vraiment. Mais faut pas rêver, ce n'est pas pour moi. Pas encore. Je prends l'escalator pour monter à l'étage supérieur. Derrière moi, un vigile, un grand black, regarde sous ma jupe l'air de rien. Je la rabats sur mes cuisses en souriant. Il n'est pas mon genre mais sous le regard des hommes, je me sens femme, et j'aime ça. Me voici arrivée au rayon de la lingerie fine. Enfin. Je regarde avec envie toutes ces dentelles, si fines, si féminines, en particulier ce petit bustier que j'essaierais bien. Mes yeux dérivent irrésistiblement, presque malgré moi, vers le rayon des cravates de l'autre côté de l'allée. Le vendeur est là. Elancé, costume chic déstructuré, les mains parfaitement manucurées, le visage halé et rasé de près, encadré d'une crinière de cheveux noirs et bouclés qui soulignent son charme méditerranéen, et où brille un regard ténébreux qui me fixe comme un papillon sur une planche.


 
Mais je suis femme et quand on est femme,
Ces choses là ne se font pas...
 

Ses yeux noirs me déshabillent et me brûlent. Entre mes cuisses, je sens mon sexe se gorger de désir. Je minaude un instant, qu'il ne croie pas que je suis venu exprès pour lui, mais inutile de penser à résister à mes pulsions. J'embarque le bustier chiffonné entre mes mains moites et je me dirige vers les cabines d'essayage en roulant des fesses comme une femelle en chaleur, son regard planté dans mes reins. Arrivée dans la cabine, je suspends le bustier au crochet, et je l'attends. Il va venir, je le sens, il va venir, comme à chaque fois. Soudain, il tire le rideau et il s'engouffre dans la cabine. Il me plaque violemment le dos contre la paroi en collant ses lèvres cruelles aux miennes. Sa langue me fouille et je fonds. Ses mains glissent sous ma jupe et empoignent mes fesses pour les malaxer. Mes ongles carmins s'enfoncent dans ses cheveux bouclés, l'attirent à moi, plus bas, entre mes seins siliconés, et encore plus bas. Il a compris. Il s'agenouille, arrache mon string, empoigne ma queue, et il me fait une fellation phénoménale.


 
Moi si j'étais un homme,
je me ferais femme par amour des hommes.

Tessa

medium_tessa.jpg


 

15 mars 2007

Le seigneur des anneaux

Hiver 2001. J’avais fait la connaissance de Marianne sur le forum Aventures d'auFeminin. Nous y avions échangé quelques messages, sur le ton d'une badinerie érotique qui devint rapidement d'une sensualité si affolante que je sautai dans un TGV, afin de rencontrer ma muse à la terrasse d’un restaurant lyonnais. L'objectif avoué était de réaliser son fantasme, flirter au cinéma, ce qui avait alors pour moi valeur de défi, avant que je ne fasse la connaissance de Sarah. Marianne était le stéréotype de la beauté méditérannéenne: Des yeux noirs charbonneux, une peau mate, et des formes féminines qu'elle savait mettre en valeur. Je ne garde pas de ce repas le souvenir de la fameuse gastronomie lyonnaise, mais la perspective de son décolleté plongeant, auréolé d'une bouche particulièrement sensuelle dont les lèvres couleur carmin semblaient me susurrer "luxure". Après le repas, il nous fallut un bon moment avant de trouver le fameux cinéma qui abriterait notre première étreinte, et pressés par le temps, nous dûmes opter pour le seul film dont la séance venait de commencer : « Le seigneur des anneaux ».

medium_theatrical_poster.jpgInutile de dire que la salle était bondée. Cupidon doit cependant être un libidineux, il sourit même aux aventuriers déguisés en cinéphiles. Nous trouvâmes quatre sièges libres au tout dernier rang, juste assez pour nous asseoir, et poser nos manteaux sur les sièges de part et d’autre afin de délimiter un semblant de territoire. A peine étions nous assis que les hostilités commencèrent: Une bande de nains était poursuivie par des chevaliers ténébreux; Nos baisers affectueux l’étaient de plus en plus; Les nains escaladaient une colline; Mes doigts caressants s’étaient aventurés sur ses flancs, s’attardèrent sur l’affolant surplomb côté 95C, dégrafèrent toutes les sécurités et sautèrent sans élastique dans la faille de son irrésistible décolleté. C’était chaud, moelleux, divin. Taquin, je poussai l’audace jusqu’à sortir un sein de son écrin de dentelle. Dans la salle obscure, l’écran trépidant jetait un éclairage crépusculaire sur son mamelon dressé.

Mon aventurière n’était cependant pas femme à se contenter d’émotions impressionnistes. Elle avait déjà posé sa main sur mon entrejambe pour tâter de mon piolet. Je glissai mon autre main sous sa courte jupe. Mes doigts parvinrent rapidement à la lisière de ses bas, là où le satin laisse place à la peau nue. Ils musardèrent un moment tout en haut de ses cuisses jusqu’à l’ultime frontière de dentelle déjà bien humide. De deux doigts j’en tâtai les rondeurs, avant de l’écarter pour pénétrer sa touffeur. Je crois bien que nous arrivâmes ex æquo au terme de cette course haletante, car à ce moment là, elle avait déjà découvert mon pic dressé qu’elle tenait d’une main à la fois ferme et branlante. Dans un sursaut de pudeur, nous nous couvrîmes de nos longs manteaux pour mieux nous tripoter par en dessous, au cas où un des spectateurs hypnotisés par le film vint à détourner son regard vers nous. Mais non, rien ne les distrayait des trolls et autres monstres qui s'étripaient à l’écran.

Je pus donc poursuivre mon exploration en toute quiétude. Je glissai deux, puis trois doigts dans son intimité ardente. Elle était gorgée de sucs capiteux. J’en fis un tour exhaustif, de mouvements circulaires en lents va et viens, en insistant tout particulièrement sur les muqueuses parcheminées, ce qui lui arrachait à chaque fois un râle étouffé, avant de ressortir mes doigts trempés pour mieux les faire glisser autour de son bourgeon tuméfié. Inexorablement, son souffle se faisait plus court, son bassin se rapprochait du bord du fauteuil, sa jupe remontait le long de ses cuisses qui s’ouvraient toujours d’avantage à mes doigts capricieux. Soudain son corps se contracta et elle expira sa jouissance en un soupir irrépressible. D’horribles trolls qui chevauchaient des hyènes se faisaient décapiter à coups de hache dans un vacarme assourdissant. Personne n’entendait rien de nos ébats. Nous partageâmes le goût du pêché, comme deux garnements dégustent sur leurs doigts la crème chantilly chapardée au fond de la cuisine.

Si vous croyez que la belle était de celles qui se satisfont d’un orgasme furtif sous des doigts inquisiteurs, vous vous trompez lourdement. Lorsque Marianne se pencha vers moi après avoir repris son souffle, elle ne se contenta pas de me voler un baiser carnassier. Elle écarta prestement mon manteau qui cachait mon phallus qu’elle n’avait pas lâché, et elle l’engloutit entre ses lèvres pulpeuses. Sa position ne lui aurait pas permis d’avoir le bénéfice du doute face à un enquêteur de la  police des mœurs, et elle mit en œuvre tout son art pour m’achever au plus vite. Sous l’effet conjugué de ses lèvres qui coulissaient sur mon membre, et de ses doigts qui dessinaient des arabesques sur mes testicules, je ne tardai pas à me répandre dans sa bouche. L’hémoglobine arrosait l’écran. La coquine avala mon nectar. Je surpris le regard éberlué d’une spectatrice assise à quelques sièges de moi. Nous n’attendîmes pas la fin du film pour fuir la salle en pouffant de rire.

J’ai perdu tout contact avec Marianne pendant des années. Je la gardais bien au chaud au fond de mes souvenirs, en me disant qu'après le sucre, l’adultère avait parfois un arrière goût amer. Et puis elle m'a recontacté l'été dernier.

14 mars 2007

Le supplice de l'esthéticienne

chez camille...Je suivais Sarah le coeur battant. Je venais de la retrouver sur les marches d'une église où nous nous étions donné rendez-vous pour le défi qu'elle m'avait lancé: la suivre comme une escort-girl qui fait visiter le Paris underground au gagnant d'un concours improbable. Il pleuvait, nous étions réfugiés sous son parapluie, et nous marchions d'un pas alerte. Elle tenait bien son rôle, faisant preuve d'une retenue à la hauteur des débordements sensuels dont elle me gratifiait dans l'intimité. Seuls ses yeux bleus pétillants et son sourire en coin trahissaient une excitation contenue. Elle s'arrêta d'un seul coup à l'entrée d'un salon de beauté, et elle me tendit une enveloppe artisanale réalisée avec une page de magazine patiemment découpée et pliée, qui représentait un couple mixte enlacé. Sarah  était une femme de détails. L'enveloppe était cachetée avec un autocollant numéroté: le chiffre 1. J'ouvris l'enveloppe pour découvrir la première épreuve de la journée: "Avant de sortir de l'institut de beauté, remercier chaleureusement votre esthéticienne en l'embrassant"

J'ai tout de suite compris ce qui m'attendait. Sarah entra victorieusement dans la boutique, et je la suivis, hagard comme un condamné son bourreau. J'allais subir une épilation des testicules à la cire chaude, et je n'étais pas fier d’être livré tel un cobaye à une spécialiste des interrogatoires raffinés, fût-elle déguisée en jeune esthéticienne au profond décolleté pigeonnant. La porte claqua derrière moi, je fus entraîné dans les tréfonds du salon par la jeune beauté ricanante, pendant que Sarah montait la garde dans la salle d’attente. Fait comme un rat !

La libido masculine est certainement plus ambiguë qu'on veut bien le croire: j'ai été incapable de maîtriser une incontrôlable érection en me déshabillant face à ma future tortionnaire qui en avait certainement vu d’autres. L'esthéticienne me proposa alors un cache sexe bleu qui ne cachait pas grand chose mais donnait une touche cocasse à ma tragique situation. Le dialogue qui suivit s'inscrit d'ailleurs dans le grand comique avec répliques à la Audiard telles que : "Pouvez-vous soulever ces testicules s’il vous plait ?".
Un poil douillet, l’épilation acheva de me faire débander, en particulier les derniers poils arrachés à la pince à épiler. L’esthéticienne alla ensuite chercher Sarah comme un tortionnaire zélé va chercher l’officier lorsque sa victime semble prête à tout avouer. Sarah entra, impassible. Elle jeta sur mon corps nu et mutilé de sa pilosité un regard satisfait. L’ombre d’un instant, j'eus l’étrange impression d’être un homme objet, réduit à un sexe apprêté par une femme pour le plaisir d’une autre, comme s’il ne m'appartenait plus. J'étais dépossédé de ma virilité velue, les couilles aussi lisses que la peau d'une volaille déplumée, prête à cuir. En l'occurrence, c'était plutôt du prêt à jouir.

Sous le coup de l'émotion - et taraudé par une angoissante question: "Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter à ma femme pour expliquer mon sexe déplumé" - je suis me suis rhabillé rapidement, et je suis sorti un peu honteux de la boutique. Sarah s'est alors tournée vers moi et m'a signifié l'échec de ma première épreuve: Qu'importe ma "bravoure" - celle-ci était naturellement due - j'avais oublié d'embrasser l'esthéticienne !

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Tous mes remerciements à Camille pour avoir illustré cette note par un des ses sulfureux croquis.

12 mars 2007

Éloge des femmes mûres

Je les entends d'ici, celles qui grincent des dents, et j'imagine aussi le sourire esquissé sur le visage de celles qui ne s'avouent par encore mûres, mais qui apprécient déjà que je prenne leur parti. Stop ! Au royaume des amantes, la guerre des générations n'aura pas lieu, tout au moins pas dans ma province: chaque âge a ses charmes que je déguste assidûment. Éloge des femmes mûres est le titre du best-seller de Stephen Vizinczey, que vous avez probablement déjà lu. Inutile de dire combien je l'ai apprécié, avoir recopié une substantielle partie de son second chapitre - intitulé De la guerre et de la prostitution - est plus éloquent que toutes mes éloges. Laissez-moi vous en brosser rapidement le contexte: Au cœur de la Hongrie déchirée par de la seconde guerre mondiale, Andras Vajda se retrouve livré à lui-même après de douloureuses pérégrinations, et il est recueilli affamé par une caserne américaine en mai 1945. Adopté par les soldats, il apprend alors assez d'anglais pour devenir médiateur et interprète entre les GIs et les réfugiées hongroises qui en sont à se prostituer pour des pommes de terre ou des boites de corned-beef. Andras n'a pas encore douze ans...

"Le premier enseignement que je tirai de cette audacieuse activité fut que tout le discours moralisateur sur le sexe n'avait absolument aucun fondement dans la réalité. Ce fut aussi une révélation pour toutes ces bonnes petites bourgeoises étonnées, respectables, parfois même assez snob, que j'allais chercher dans le camp hongrois surpeuplé et misérable pour les amener à la caserne. À la fin de la guerre, alors que les Autrichiens eux-mêmes étaient dans un besoin extrême, les centaines de milliers de réfugiés arrivaient à peine à subsister - et leur situation était d'autant plus pitoyable que la plupart d'entre eux étaient habitués au confort d'un mode de vie bourgeois. La fierté et la vertu, qui avaient tant d'importance pour ces femmes dans leur ancien cadre de vie, n'avait plus aucun sens dans le camp des réfugiés. Elles me demandaient - en rougissant mais souvent en présence de leur mari muet et de leurs enfants - si les soldats avaient des maladies vénériennes et ce qu'ils avaient à offrir.

Je me souviens avec émotion d'une dame belle et bien née qui prenait la chose avec une dignité extraordinaire. C'était une femme brune avec de gros seins palpitants et un visage osseux rayonnant d'orgueil - tout juste la quarantaine dirais-je. Son mari était comte, chef d'une des familles les plus anciennes et les plus distinguées de Hongrie. Son nom et son grade dans l'armée, fût elle l'armée défaite de l'amiral Horthy, avaient encore assez de poids pour leur assurer une baraque en bois à l'écart des autres réfugiés. Ils avaient une fille d'environ dix-huit ans qui avaient de longs cheveux et ricanait sottement chaque fois que je pénétrais chez eux pour m'acquitter de ces missions relativement peu fréquentes, La comtesse S. n'acceptait le marché qu'avec un officier, et seulement à condition d'être payée deux ou trois fois le tarif habituel. Le comte détournait toujours la tête quand il me voyait. Il portait encore le bas de son uniforme d'apparat - un pantalon noir avec un large galon doré sur le côté -, mais par-dessus, au lieu de la veste à épaulettes frangée d'or, il mettait un vieux pull-over dépenaillé. [...] Il répondait rarement à mes salutations, et son épouse m'accueillait toujours comme une surprise désagréable - on n'aurait jamais cru que c'était elle-même qui me demandait de la prévenir chaque fois que j'avais des demandes de la part d'officiers bien propres n'ayant pas trop d'exigences.

"Encore lui!" s'écriait-elle d'une voix chagrine et exaspérée. Puis elle se tournait vers son époux avec un geste tragique. "Avons-nous absolument besoin de quelque chose aujourd'hui? Ne puis-je pas, pour une fois, envoyer au diable ce gamin immoral ? Sommes-nous vraiment si totalement démunis ?" En principe, le général ne répondait pas, il se contentait de hausser les épaules d'un air indifférent; mais il lui arrivait tout de même de répliquer sèchement: "C'est vous qui faites la cuisine, vous devriez savoir ce dont nous avons besoin.
- Si vous étiez passé du côté des russes avec vos troupes, je j'en serais pas réduite à cette souillure, à ce péché mortel, pour que nous puissions manger !" S'écria-t-elle un jour dans un soudain accès d'hystérie.

Je ne fais que traduire leur dialogue, mais c'est bien en ces termes désuets de "souillure", de "péché mortel", et de "gamin immoral" (ce qui me plaisait bien) que s'exprimait la comtesse. Outre le vocabulaire, elle avait aussi le maintien d'une dame formidablement vertueuse, et je la plaignais presque, devinant combien elle avait dû se faire violence pour s'abaisser à se "souiller". Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de trouver qu'elle exagérait quelque peu son malheur, d'autant plus qu'elle rejouait si fidèlement la scène que je croyais entendre une actrice dans une pièce de théâtre. Le mari ne relevait jamais le défi rituel qu'elle lui lançait, mais, curieusement, la fille était toute prête à décharger sa mère et à assurer elle-même une part du sacrifice. "Mère, laissez-moi y aller - vous semblez bien lasse", disait-elle. Mais la comtesse ne voulait rien entendre.
"Plutôt mourir de faim!" déclarait-elle rageusement. "Plutôt te voir morte qu'en train de te vendre!" Et parfois, avec l'humour du désespoir, elle ajoutait: "Rien ne peut plus me corrompre, j'ai passé l'âge; ce que je fais n'a plus d'importance."
Nous attendions tous en silence tandis qu'elle se reprenait, se maquillait, et puis se levait en observant son époux, ou simplement en promenant son regard autour de leur petite pièce. "Priez pour moi en mon absence", disait-elle habituellement quand nous sortions, et je la suivais, presque persuadé qu'elle aurait volontiers accepté de mourir pour échapper au supplice qui l'attendait.

Pourtant, quand nous arrivions à la voiture, elle parvenait à sourire courageusement, et parfois, quand c'était un certain jeune capitaine qui l'attendait, elle riait joyeusement et sans contrainte pendant le trajet jusqu'au camp militaire. Mais quand soudain son visage s'assombrissait et devenait pensif, il me semblait que j'allais prendre feu rien qu'à être assis auprès d'elle. À ces moments là il était visible qu'elle avait une bouche très sensuelle. J'ai souvent observé de ces changements d'humeur chez les femmes que j'accompagnais à la caserne: elles quittaient leur famille en déesse de vertu partant pour le sacrifice, et puis, sans aucun doute, elles prenaient du bon temps avec les Américains, souvent plus jeunes et plus beaux que leur mari. Un bon nombre d'entre elles, je crois bien, n'étaient pas fâchées de  pouvoir se considérer comme de nobles et généreuses épouses et mères prêtes à tous les sacrifices,  alors qu'en fait il leur plaisait assez d'échapper un moment à l'ennui conjugal.[...]

Plusieurs jours s'écoulèrent avant que je ne recommence à cogiter sur le moyen de faire l'amour avec une des dames qui profitaient de mes services.

Mes pensées tournaient autour de la comtesse. Elle avait beau me traiter de "gamin immoral", elle ne pouvait, me semblait-il, que me préférer à ce lieutenant - un type du Sud avec de fausses dents - qu'elle allait voir quelques fois. Je ne pouvais pas espérer rivaliser avec le jeune et beau capitaine, mais je me disais qu'après une nuit avec le lieutenant j'avais peut-être mes chances. Un matin, le voyant partir en voiture, je restai à roder autour de ses quartiers jusqu'au lever de la dame. Quand j'entendis qu'elle faisait couler la douche, j'entrais tout doucement. Elle ne m'entendit pas. Entrouvrant discrètement la porte de la salle de bains, je la vis sous le jet, nue - À vous couper le souffle ! À la caserne, j'avais vu de nombreuses photos de pin up sur les murs, mais c'était la première fois que je voyais une femme nue en chair et en os. Non seulement c'était différent, c'était miraculeux."

A la FNAC...Seriez-vous frustré, ami lecteur ? Vous aimeriez donc connaître la suite de l'aventure du petit Andras auprès de la comtesse S., dont il est si plaisant d'imaginer le nom d'origine hongroise... Alors faîtes un geste pour la littérature ! Quitte à acheter un roman érotique dans une gare, ce best-seller disponible dans tous les relais H vaut mieux qu'un JFC, non ?

10 mars 2007

Alter Ego (10)

Camille Claudel...- J'ai envie de quelque chose, me dit-elle.
- Tout ce que tu veux.
- Ça !

Elle m'a tourné le dos, elle a basculé en arrière, et elle a posé sa nuque sur mes cuisses. Le dernier baiser est exquis.


J'ai plus de quarante ans, elle en a une petite vingtaine, mais le temps s'est arrêté derrière une pendule. Tout est aboli, les préjugés, les scrupules, les stigmates de l'âge qu'avait dû oublier Camille Claudel, avant qu'elle ne s'en souvienne.

08 mars 2007

Alter Ego (9)

Toute ressemblance avec des personnes existantes serait purement fortuite...- Donne moi ton string !
- Tu veux mon string ? Maintenant ?
- Oui ! Donne-le moi s'il te plaît.
- Tu me le rendras ?
- Oui, lorsque nous nous reverrons.
- J'étais sûre que tu me le demanderais.

Elle était assise dans ma voiture qui titubait en plein Paris. Elle a rougi, mais ses mains ont glissé sous sa jupe, et elle a fait glisser la dentelle mauve convoitée. Elle me l'a tendue. Elle était trempée. Tout en traversant le Boulevard St Michel, je l'ai portée à mon nez, pour m'enivrer du parfum entêtant de ses envies inassouvies. Dehors, les Parisiens pressés couraient, sans imaginer la bulle de désirs fiévreux qui circulait parmi eux. J'ai glissé le string dans ma poche, et ma main a repris sa place entre ses cuisses ouvertes, offertes à ma caresse. Je ne sais pas comment nous sommes parvenus sains et saufs dans sa rue. Je me suis garé en double file devant chez elle.

À suivre...

chez Ysé...

06 mars 2007

Alter Ego (8)

medium_tuileries.jpgEn sortant du musée, l'air frais n'a pas remis nos idées en place.

Sur le pont Solferino, mes baisers se sont perdus dans ses cheveux.

Au jardin des tuileries, mes doigts se sont égarés sur son sein pointu.

Au café du sud-ouest, ma main fiévreuse a divagué sous la table jusqu'à son entre cuisse, jusqu'à repousser les limites de sa pudeur et sa dentelle humide.


À suivre...

chez Ysé

05 mars 2007

De l'ondinisme

Lorsque j'ai lu son annonce sur le forum Aventures d'auFeminin, je n'aurais jamais cru rencontrer Céline. Elle cherchait deux inconnus pour une première expérience de trio, en insistant sur le côté strictement sexuel de sa quête, à l'exclusion de tous sentiments. J'y ai répondu par une boutade sous le pseudonyme de lucky-luke: "desperados du sexe prêt à toutes les chevauchées sauvages, dégainera son six coups plus vite que son ombre, mais ne le déchargera pas sans avoir bien ajusté sa cible". Je ne m'attendais qu'au petit délire habituel entre habitués des plaisanteries en rase-mottes. Au lieu de cela, la belle a répondu avec un ton aussi badin que déterminé. Après quelques échanges, j'ai compris qu'elle était sérieuse, sans pour autant manquer d'humour, et j'ai contacté Yann avec lequel je n'avais eu que quelques échanges virtuels.

Jeune trentenaire, journaliste, récemment divorcé, il était en pleine tourmente sexuelle et existentielle. Adepte de tantrisme et de rencontres éphémères, il semblait jouir auprès des femmes d'un certain succès et j'avais flairé en lui le partenaire de débauche idéal. Je l'ai immédiatement branché sur l'annonce de Céline. Il a aussitôt mis en branle tout son arsenal de séduction. Le lendemain, l'animal avait les photos de la belle en lingerie fine, ainsi que son numéro de portable. Pour éviter toute fausse note, Yann et moi avions convenu d'une rencontre préalable. Dès que je le vis arriver dans le café où nous nous étions donnés rendez-vous, je sus que c'était lui. Casque à la main, pantalon de cuir et gueule d'amour, il m'avoua aussitôt que notre rencontre le soulageait puisqu'il craignait de tomber sur le gros vicelard rompu à toutes les dépravations. Il s'avéra qu'avec un seul trio féminin à son actif, ce bourreau des cœurs avait alors bien plus d'expérience que moi ! Réciproquement rassurés sur notre hétérosexualité commune, nous organisâmes un rendez-vous avec la belle dès la semaine suivante, dans un café parisien. Si le feeling était toujours au rendez-vous, nous passerions toute la journée ensemble dans un charmant hôtel voisin. Au programme: sexe, champagne et petits fours.

Le jour J, Yann avait un bouquet de roses à la main. Il embrassa Céline langoureusement. Le séducteur patenté avait visiblement poussé son art bien plus loin que je ne l'avais imaginé. C'est ainsi que je connus Céline, une charmante mère de famille en pleine crise de la trentaine. Elle était encore mariée à cette époque, au sein d'un couple qui battait de l'aile sous l'alibi de la liberté. Elle qui avait proclamé le désir d'une sexualité sans sentiments amoureux - et pour cause -, elle semblait ravie de l'effusion de tendresse que lui prodiguait Yann. Moi, je ne lui fis que les 4 bises parisiennes d'usage entre bons amis. Le ton était donné: je serai le troisième. Yann et moi étions au goût de Céline, elle se sentait bien avec nous. Le mari de Céline appela son épouse pour s'assurer que tout se passait bien. Elle le rassura brièvement. L'intrusion du mari me donna envie de tout arrêter, par pitié pour lui. Enfin, ce fut un sentiment fugitif: Céline m'excitait déjà. Nous ne nous éternisâmes pas dans le café.

Dès que nous arrivâmes dans la chambre, Céline embrassa à nouveau Yann. Je me mis derrière elle pour la caresser, elle m'embrassa à mon tour sans perdre le contact avec Yann, et nous nous déshabillâmes mutuellement. Petite rousse aux cheveux courts et au corps agréable, Céline se révéla être d'une sensualité affolante. De caresses en tête à queue, elle ne tarda pas à se retrouver à quatre pattes sur le lit, Yann derrière, moi devant. Il lui introduisit doucement son imposante membrure dans la chatte pendant qu'elle engouffrait mon phallus avec gourmandise. Yann la besognait lentement, tout en maîtrise et techniques respiratoires, et Céline me répercutait les coups de reins qu'elle recevait avec un plaisir communicatif. Je dois avouer que ce fut probablement une des meilleures fellations qu'on ne m'ait jamais faites. Sa technique était si affûtée, sa gorge si profonde, que je me tortillais en tous sens en gémissant, tant et si bien que je ne tardai pas à lâcher ma semence dans sa bouche avec un râle extatique. "C'est si bon que ça ?", me demanda Yann en me lançant une poignée de main virile. "T'imagines pas!", répondis-je en tapant dans sa main comme deux complices du neuf-trois pendant que Céline pompait mes dernières gouttes de jus, visiblement ravie de nos commentaires élogieux. Un peu plus tard, il ressentit à son tour la raison de mon émoi. Je garde de ce moment de fraternité masculine autour de la femme aimée un souvenir impérissable.

Pour une femme gourmande et sensuelle, le trio masculin offre toujours au moins un phallus fonctionnel, ce qui lui permet de surfer entre des plaisirs variés. Lorsque les deux hommes sont vaillants, on peut alors aborder le grand classique auquel elle rêvait de goutter. J'étais allongé sur le dos lorsqu'elle se mit à califourchon sur mon ventre pour s'empaler sur ma verge dressée. Loin du galop frénétique, nous entamâmes un petit trot qui la faisait frétiller du cul, appel insistant aux ardeurs attendues. Imaginatif, Yann la dilata au vibro. Ce fut pour moi une nouvelle expérience inoubliable: Ressentir les vibrations du gode sur mon sexe au travers de la chair féminine dilatée, mariait les sensations de la pénétration et celles jusqu'alors inconnues de la vibration, sans parler de la troublante excitation cérébrale de savoir Céline prise de toute part, ni de celle non moins troublante d'être indirectement branlé par un homme... Paradoxalement, lorsque Yann la sodomisa, le plaisir fût pour moi moins vif. A part le fait d'être complètement écrasé, je ne le sentit pas directement s'introduire en elle, mais je sus aux râles de Céline qu'il la prenait par derrière, jusqu'à l'orgasme déchirant qui ne tarda pas à la submerger.

Je ne me souviens plus de tous nos assauts, de toutes nos jouissances, mais je garde le souvenir, malgré le but avoué et atteint d'une sexualité débridée, du béguin naissant de Céline pour Yann. Lovée dans les bras de Yann, lui et moi caressions de concert le dos de Céline, de la nuque à la croupe.

- Ferme les yeux! lui dis-je, et dis-nous si tu reconnais nos mains ?
- C'est évident, répondit-elle. Il y en a un qui me caresse avec amour !

medium_Champagne.jpgYann m'adressa un rictus craintif, aussi expressif que s'il m'avait dit à haute voix "Aie! Aie! Aie! Où est-ce que je me suis embarqué". Peut-être le fit-il dans le seul but d'atténuer la violence de la remarque de Céline à mon égard. C'est pourtant moi qu'elle  choisit de chevaucher une dernière fois. C'était la fin de l'après midi, le soleil se couchait, Yann se douchait, Céline me touchait, je ne sais pas trop comment cette diablesse était parvenue à me faire bander une fois de plus, mais après avoir joui trois ou quatre fois, je savais qu'il me faudrait un intense plaisir pour éjaculer mes dernières gouttes de sperme; Un plaisir qui confine à la douleur. Elle me chevaucha encore une fois, mais une chevauchée sauvage, un triple galop, moi sur le dos, elle sur les pieds, accroupie, son équilibre maintenu par ma queue dans sa chatte. Je jetai toute mon énergie dans cette ultime cavalcade. Je lui assenais de véritables coups de boutoir qu'elle accueillait avec entrain, sans rien dire, en me fixant d'un regard halluciné. Soudain, elle m'inonda le ventre d'un liquide chaud et abondant en souriant béatement. De quoi remplir un verre et rendre le lit définitivement hors d'usage. Le plaisir avait été tel qu'elle avait du perdre le contrôle de ses sphincters, pensai-je alors, assez fier d'avoir été l'auteur d'une jouissance aussi dévastatrice, et plutôt amusé par cette séance d'ondinisme impromptue, qui m'inspirait d'autant moins de dégoût que je ne sentais aucune odeur d'urine. C'est en racontant cette anecdote quelques années plus tard qu'on m'expliqua que j'avais vraisemblablement déclenché l'éjaculation d'une femme fontaine.

Je ne suis pourtant pas convaincu par cette explication à la lumière de la seule véritable éjaculation féminine dont j'ai été l'artisan qui se révéla être un liquide blanchâtre plus proche du sperme que de l'urine. J'ai revu Céline quelques années plus tard, à l'occasion d'un dîner mémorable. Nous avons brièvement évoqué cette expérience, et je lui ai posé la question. Elle-même fût incapable de me répondre: Cette expérience fut pour elle unique, et demeure totalement incompréhensible. De là à parler d'hermétisme...

04 mars 2007

Alter Ego (7)

medium_l_air_du_soir.jpgNous avons poursuivi assidûment notre découverte mutuelle, et tant bien que mal la visite du musée, à la recherche des salles les plus désertes pour nous y embrasser d'autant plus ardemment. Les impressionnistes célèbres n'eurent droits qu'à de chastes baisers. Les architectes oubliés à mes mains baladeuses, qui remontaient en tremblant le chemin velouté de ses cuisses concupiscentes. Autour de nous, les étrangers qui nous regardaient sans nous voir ne risquaient guère de nous entendre.

- J'ai envie de ta petite chatte Ysé, dis-je le plus naturellement du monde.
- Pardon ? Répondit-elle ébahie par mon audace.
- Oui, j'ai envie de ta petite chatte, de la goutter, de la laper. Je suis sûr qu'elle est toute mouillée.
- Tu es fou, on pourrait nous entendre !
- Et alors, je suis sûr que tu es trempée, n'est-ce pas ?
- Oui...
- J'ai envie de m'abreuver à ta source de jouvence, de me rafraîchir de ta mouille.
- Moi aussi...
- De boire ta jouissance jusqu'à la lie, et d'en partager la saveur avec toi en un baiser goulu !
- Oh ! On s'en va ?

chez Ysé...À suivre...

02 mars 2007

Alter Ego (6)

medium_clock.jpgElle a ainsi accepté d'accompagner Jean-Jacques de Nemours dans sa visite culturelle, et nos pas nous ont menés derrière l'immense cadran.
C'est quand Chronos a eu le dos tourné qu'elle m'a volé ce baiser, à l'abri des regards et du temps dépassés. Et puis, voler n'est pas le mot juste. J'attendais tant qu'elle me le prenne que je lui ai tout donné, et ma bouche et ma langue, et des caresses fébriles. La seule aiguille qui comptait était désormais celle dressée dans ma culotte. Quand on bande, on a toujours vingt ans.


À suivre...chez Ysé...

28 février 2007

Alter Ego (5)

Elle n'a pas répondu à ma question. Même si je sentais qu'elle était à peu près certaine que j'étais son rendez-vous mystère, elle espérait que je l'avoue avant de me donner le baiser qui engagerait ses lèvres, voire plus si affinités. Elle voulait un signe. Je ne lui en donnerai pas. Je voulais que son baiser soit l'expression de sa liberté, de son désir, tout en lui laissant la latitude de partir si je ne lui plaisais pas. Je voulais qu'elle me montre qu'elle croyait au plaisir qu'elle pourrait partager avec un homme tel que moi, avec un homme de mon âge. J'attendais d'elle un acte de foi, en somme.

Devant moi, la sculpture confortait ma ligne de conduite avec éloquence: Claudel était belle et fraîche, Rodin était déjà usé. Il y avait autant d'écart entre ce couple là qu'entre mon interlocutrice et moi.

medium_gare_orsay.2.jpgSous l'égide de la monumentale horloge qui n'avait jamais cessé de rythmer des rencontres à l'abri de l'immense hall de gare reconverti en musée, nous avons continué à bavarder jusqu'à ce que le rendez-vous de mon interlocutrice soit trop en retard pour être attendu davantage.
chez Ysé

À suivre...

27 février 2007

De la domination

- Relève ta jupe !

Sylvie venait de son travail. Elle portait l'uniforme asexué de la working girl: un chemisier blanc, strict, sur lequel coulait la cascade de ses cheveux blonds, et une jupe grise qui ne laissait admirer que le galbe de ses hanches et le satin des bas sur ses mollets. Sa tenue austère était aux antipodes de celles sur lesquels le commun des hommes projette des perversions commerciales et formatées. Peut-être était-ce justement ce qui plaisait à l'homme assis face à elle, confortablement installé dans le fauteuil de la chambre d'hôtel où elle venait de rentrer. Il la regardait avec un sourire carnassier esquissé sur ses lèvres. Sylvie releva lentement sa jupe jusqu'en haut de ses cuisses, jusqu'à dévoiler la lisière de ses bas et de sa petite culotte blanche.

- Plus haut !

La voix de l'homme avait claqué comme un coup de fouet. Elle obtempéra en posant sur lui un regard un peu gêné. La lingerie qu'elle exhiba n'avait rien d'aguichante. C'était une petite culotte digne d'une première communiante.

- Fais un tour sur toi-même que je vois un peu ton cul !

Sylvie obtempéra sans broncher, en maintenant sa jupe relevée, comme intégralement soumise aux quatre volontés d'un homme qui aurait tous pouvoirs sur elle. Quand elle se retrouva de nouveau face à lui, il gloussa d'un rire narquois.

- Mais c'est mignon comme tout, tout ça. Tu vois la petite bouteille de miel sur la table ? Prends-la, et arrose ta petite culotte.
- Dessus ?
- Dedans, contre ta chatte. Je veux que ça dégouline.

Sylvie hésita l'ombre d'une seconde, puis elle prit la bouteille et fit couler le miel liquide à l'intérieur de son slip. Elle tressaillit au contact du liquide froid et onctueux lorsqu'elle relâcha l'élastique de sa culotte. Le tissu poisseux colla aussitôt à sa peau.

- Tu n'as pas honte de te comporter comme ça ?
- Si, un peu, souffla-t-elle.
- Je vais te faire rougir plus que ça. Tu sais comment j'ai décidé de t'appeler ?
- Non...

Sylvie avait répondu avec une assurance feinte. Elle mobilisait toutes ses ressources pour masquer son trouble.

- Ma petite chienne. Ca te plait ?
- Oui... murmura-t-elle.
- Et tu sais comment se déplacent les petites chiennes ? A quatre pattes !

Cette fois-ci, Sylvie ne put juguler le sentiment de révolte qu'elle sentit sourdre en elle. "Oh non..." était-elle sur le point de murmurer. Elle en esquissa le mouvement de la tête sans contenir la rougeur qui lui montait aux joues, avant de croiser le regard dur qui ne la lâchait pas. Elle s'agenouilla sur la moquette.

- A quatre pattes ! Répéta-t-il sur un ton autoritaire.

Elle posa ses mains par terre. Sa jupe relevée qui pendait sous son ventre ajoutait à la scène une obscénité dont elle n'avait que trop conscience.

- C'est bien ! Tu es une brave petite chienne bien obéissante ! Gloussa l'homme toujours assis dans le fauteuil. Regarde ce que ton maître a pour toi !

L'homme défit les boutons de sa braguette. Il en sortit sa verge raide au gland vermillon. Il enchaîna d'une voix gouailleuse.

- Viens ma petite chienne, viens ! Viens lécher la petite friandise que je t'ai apportée !

Sylvie approcha, à quatre pattes, et vint se placer entre les cuisses écartées de son maître. Elle se redressa pour prendre son sexe en main.

- Bas les pattes ! Prends-moi dans ta gueule et suce comme une bonne petite chienne !

Sylvie reposa ses mains par terre et goba le gland chaud qui palpitait sous son nez. Elle suça le phallus avec application. L'homme posa sa main sur la tête de Sylvie pour jouer avec ses longs cheveux blonds et lui caresser la nuque, tout en encourageant la belle jeune femme de la voix, comme si elle avait été un animal de compagnie. Soudain, il tira la tête de Sylvie en arrière pour échapper à ses lèvres gourmandes.

- C'est bien ma petite chienne. Maintenant, monte sur le lit, et toujours à quatre pattes !

Sylvie s'exécuta sans dire un mot. L'homme se leva à son tour, et il fit glisser son épais ceinturon des passants de son pantalon.

- Même si tu es une petite chienne bien obéissante, je crois qu'il faut quand même te dresser.

A ces mots, elle ne put retenir un frisson, mais elle garda la pose comme une chienne de race sur le podium d'un concours canin. Même asservie, elle gardait une distinction naturelle qu'il ne pourrait jamais lui arracher. Il fit glisser le cuir noir de son ceinturon sur la peau de sylvie. Il oscillait lentement et battait mollement contre ses fesses tendues.

- C'est très gentil... osa-t-elle dire d'un ton moqueur.

Clac ! Elle sursauta à peine au claquement sec de la ceinture sur ses fesses. Clac ! Cette fois-ci, c'était la main de l'homme qui s'était abattue sur sa croupe, qu'il malaxa aussitôt en prenant soin d'écarquiller la raie des fesses où s'enfonçait le slip souillé. Il glissa sa main sous le ventre de sylvie. Ses doigts s'attaquèrent aux boutons du chemisier, et il dégagea un de ses mamelons qu'il fit rouler entre son pouce et l'index.

- C'est bien, c'est bien disait-il, pourquoi devrais-je punir une petite chienne si docile.

Sylvie restait impassible. L'augmentation du rythme de sa respiration ne fût perceptible que lorsqu'il lui lia les poignets avec la ceinture. "J'ai encore une friandise pour toi", dit l'homme en se déshabillant. Il monta sur le lit, debout face à elle, et il fit couler quelques gouttes du miel au bout de son gland.

- Allez, fais la belle et suce !

Elle se redressa et suça à nouveau le gland, plus gonflé que jamais. Elle sentit qu'il était à point lorsqu'il se retira pour ouvrir le tiroir de la table de chevet. Il en sortit une lame de rasoir. Sylvie avala sa salive, mais n'esquissa pas le moindre mouvement de fuite. L'homme glissa ses doigts sous l'élastique de sa culotte, et elle entendit le bruit du tissu découpé. D'un coup, elle sentit que son slip souillé venait d'abdiquer sous la morsure de la lame. Le souffle chaud de l'homme se rapprocha.

- Je suis toute sale, toute collante, c'est horrible...
- Je vais te nettoyer.

Les lèvres de l'homme se posèrent à l'intérieur de ses cuisses, puis sa langue se mis à courir sur sa peau. Elle entendait l'homme gémir de contentement pendant qu'il la lapait à son tour, comme un chien. Sa langue inquisitrice s'immisça dans la vulve frémissante, et remplaçait le miel séché par un mélange de salive et de mouille qu'elle ne retenait plus. La langue glissait partout, dans tous les recoins les plus intimes, tant et si bien que ses gémissements à elle vinrent se mêler à ceux de son maître. Puis ils se transformèrent en râles lorsqu'il se mit à sucer son bouton avec avidité. Elle se concentra sur la houle de plaisir qui allait s'abattre au point que ses cuisses en tremblaient. Elle lâcha un cri en se sentant défaillir sous une vague de plaisir.

- Qui t'a autorisé à jouir ?

L'homme avait retiré son visage pour la laisser pantelante en plein plaisir ardent, mais inassouvi.

- J'ai trouvé une bonne raison de te punir ! Ajouta-t-il en riant.

Il ouvrit à nouveau la table de nuit pour en sortir un jouet étrange, violet, brillant, en caoutchouc très souple, comme un godemiché pointu qui s'élargissait vers la base en une succession de boules de plus en plus grosses. Il enfila un préservatif sur l'appareil.

- Tu vas avoir ce que tu mérites pour avoir désobéi à ton maître, vilaine petite chienne !

Les doigts de l'homme étalèrent une généreuse rasade de gel intime entre les fesses de Sylvie. Elle tressaillit sous la fraîcheur du liquide, à moins que ce fût sous la peur de ce qu'il annonçait, la peur d'avoir mal. Lorsqu'elle sentit la pointe du plug contre son anus, Sylvie essaya de se détendre, sans grand succès. La toute première boule était cependant si petite, que l'homme n'eut pas à appuyer pour l'enfoncer sans la moindre difficulté dans l'oeillet luisant de la belle captive. La seconde boule, à peine plus grosse, suivit le même chemin que la première, et pour la troisième, déjà plus conséquente, l'homme joua de sa langue habile contre le clitoris de la jeune femme afin de faciliter sa détente et la progression du godemiché. Lorsque la troisième boule fut entrée à son tour, l'homme enclencha  le vibreur de l'appareil sans cesser ses ardents baisers intimes. Sylvie avait beau être réfractaire à l'analité, elle dut admettre le plaisir envahissant que l'homme lui procurait en guise de punition. Il retira cependant l'engin de torture pour en remplacer le préservatif et glisser maintenant l'appareil dans l'antre de son sexe brûlant. Là, le plaisir était indubitable. Elle en dégoulinait. Il se déchaîna lorsqu'elle sentit le sexe de l'homme se présenter à l'entrer de sa vulve en même temps que les boules vibrantes. Tout cela glissa en elle sans la moindre difficulté, et l'emporta très loin dans un orgasme que l'homme hurla à son tour derrière elle.

medium_beads.jpg

Lorsqu'elle en revint, je la serrai dans mes bras et la couvris de baisers. Je sentis l'impérieux besoin de l'envelopper de tendresse. Le sourire sur ses lèvres répondait à toutes mes inquiétudes. Mon regard égaré tituba pourtant dans la chambre dévastée. Il s'accrocha à une enveloppe argentée. Dans l'enveloppe, une carte. Sur la carte, quatre fantasmes inavouables, mais confessés de ma main voici plus d'un mois. Quelques semaines plus tard, Sylvie avait choisi le fantasme qu'elle souhaitait assouvir sans connaître le contenu de cette enveloppe. C'était un de ceux que j'avais moi-même rédigés. Lorsqu'elle était entrée dans la chambre d'hôtel, elle m'avait confirmé qu'elle était prête à jouer ce jeu dangereux. J'avais alors ouvert l'enveloppe pour lui montrer qu'il lui suffisait d'aller jusqu'au bout de ses envies pour gagner ce défi. Elle y était parvenue avec maestria, et un plaisir évident à être mon esclave sexuelle le temps d'une étreinte.

Après avoir mûri pendant plusieurs semaines les limites des actes que j'allais poser, après avoir minutieusement défini le rôle de composition auquel j'avais pensé ne prendre aucun plaisir, après les plaisirs troubles et pénétrants, alors vint le temps de l'introspection.

- Qu'est-ce qui fût le plus difficile pour toi ?
- Le pire pour moi, c'est quand tu m'as demandé de m'exhiber devant toi. Je suis pudique et çà, je trouve çà dur. Quand on est deux à être nus, c'est différent.
- Le plus dur pour moi, ça a été de t'appeler "ma petite chienne". Tu vois, il me faut mettre des guillemets pour prendre de la distance. Mais pouvoir dire ça sans me prendre une paire de gifles m'a donné un sentiment de pouvoir... terrible.
- Je comprends.
- En fait, c'est un plaisir un peu honteux. Comment dire... j'ai honte d'avoir éprouvé tant d'excitation à me comporter ainsi ! C'est un aspect de ma personnalité que je n'avais jamais mis à jour. Je suis content d'avoir maîtrisé tout cela, mais il n'empêche que je n'imaginais pas que cela m'exciterait autant...
- Je comprends... Je pourrais dire la même chose de moi. Des tas de femmes ont honte d'avouer des fantasmes de soumission.
- Oui, ça renvoie à des modèles machistes que je récuse, et c'est pourquoi j'en ai honte.
- Complètement! Mais on peut être excité sexuellement par des choses qu'on déteste dans la vraie vie. Par exemple, le viol fait horreur à toutes les femmes, mais le fantasme du viol est l'un des plus répandus !
- Oui, je crois qu'il faut accepter le fait que la sexualité fait appel à des pulsions profondes, à des envies brutales, plus ou moins bien policées par l'éducation. Il reste difficile d'ouvrir la boite de ces envies là, et j'ai un peu peur que ce soit la boite de Pandore.
- Je suis féministe et voue une haine terrible aux violeurs et agresseurs de femmes... et il m'est arrivé de me sentir excitée par une scène de viol dans un film ! La même scène va me faire horreur quand je vais y repenser quelques jours plus tard, dans un autre contexte.
- Ce qui me fait horreur, c'est ce sentiment fugitif qu'on a éprouvé, même si on l'a refoulé.
- Il faut juste avoir conscience que les fantasmes n'ont rien à voir avec la réalité. Ce qui est terrible, c'est les gens qui n'ont plus conscience de la différence.
- J'ai pourtant pris plaisir à te mettre dans cette situation humiliante alors que je ne pensais pas que ce serait le cas, et j'en ai un peu honte, ce qui me pousserait à me confondre en excuses alors que tu étais consentante, voire demandeuse!
- Saches que j'ai horreur de çà d'habitude et tu es le premier homme avec qui j'ai voulu jouer le jeu, parce que je sais que tu es quelqu'un de bon dans la vie, rien à voir avec un affreux sexiste.
- Peut être parce que tu sens cette ambivalence chez moi.
- Je ne supporterais pas de jouer à ce jeu avec un homme macho qui prend plaisir à humilier les femmes au quotidien ! Jamais je ne ferai ce plaisir à un tel homme ! Je repousse de toutes mes forces l'image de la femme soumise, mais j'avoue que, sexuellement, je trouve ça très excitant...
- Et c'est la même chose pour moi. Je refuse tellement un tel modèle, que de me voir prendre plaisir dans une telle situation me trouble profondément, et ce trouble, cette culpabilité face à la transgression de mon modèle moral m'excite profondément !
- Tout pareil pour moi.
- Nous avons donc partagé un même plaisir transgressif! On recommence ?
- Je vais te faire une confidence : Je te préfère quand même en homme doux !

26 février 2007

Alter Ego (4)

medium_orsay.5.jpg- Oui, j'ai un peu moins mal à la gorge, sans doute grâce à vous. Vous êtes en visite, lui demandais-je pour détourner la conversation de mon pauvre subterfuge ?
- En fait, j'ai un rendez-vous.
- Quel dommage, nous aurions pu visiter le musée ensemble. A quelle heure aviez-vous rendez-vous ?
- Midi
- Il est déjà midi et quart ! Quel mufle ose venir en retard à un rendez-vous avec une si charmante jeune femme ? A moins que ce soit une de vos amies ?
- Non, c'est un homme.
- Votre petit ami peut-être? Dites-moi si je suis indiscret...
- Non, en fait, je ne le connais pas.
- Voilà qui est amusant... J'imagine que vous avez convenu de quelques indices pour vous reconnaître, comme dans les rencontres par petite annonce: Il aura sous le bras le journal Libération et elle aura autours du cou un foulard à fleurs...
- Et non, pas de signe distinctif. Mais qui vous dit que je réponds à une petite annonce ?
- C'est la raison qui m'est venue à l'esprit pour expliquer un rendez-vous avec un inconnu dans un musée ? D'ailleurs, je suis peut-être votre rendez-vous mystère !
- Oui, peut-être... comment vous appelez-vous ?
- Jean-Jacques, répondis-je après un léger temps d'arrêt.
- Comme le philosophe ?
- Exactement !
- Et vous vous promenez souvent dans ce musée ?
- Non, c'est la première fois. Je suis en congés...
- Pour un parisien...
- J'habite à Nemours.
- Vous seriez donc Jean-Jacques de Nemours, et vous profitez d'une journée de congés pour visiter le musée d'Orsay à Paris. Je ne vous crois pas !
- Et pourtant, c'est bien le cas. Vous avez quelque chose contre les Jean-Jacques ?
- Non, mais je suis certaine que vous me racontez des histoires.
- En attendant, votre rendez-vous n'est toujours pas là. Comment deviez-vous le reconnaître ?
chez Ysé 

À suivre...

25 février 2007

Le gage (2)

Lorsque notre voiture est arrivée au niveau du jeune motard, il s'était déjà avancé entre les voitures, sûr de son fait. Habitué des lieux, il avait sans doute croisé le regard de Sylvie, et y avait lu du désir. J'ai baissé la vitre. Le regard du jeune homme a papillonné sur le visage de Sylvie avant de se poser sur son échancrure.

- Bonsoir, j'ai de la chance ce soir, mademoiselle est vraiment jolie. Je peux vous aider ?
- Bonsoir. On cherche juste une petite exhibition aux abords du bois. Rien de plus. Ca t'intéresse ?
- Oui! Bien sûr! Je vous suis en moto ?
- Ca marche, mais on va voir un autre homme d'abord.

J'ai redémarré pour avancer vers l'homme aux lunettes rondes. Il nous avait probablement vu discuter avec le jeune motard qui nous suivait déjà, et il a semblé à la fois surpris et heureux de voir le grand sourire de Sylvie lorsque notre voiture s'est arrêtée à son niveau.

- Bonsoir, nous a-t-il dit timidement.
- Bonsoir, vous venez souvent dans cette rue ?
- Heu... c'est à dire que... non... c'est la première fois.
- Et ça vous dirait de nous regarder faire l'amour dans la voiture ?
- Heu... oui!
- On va dans le bois. Vous nous suivez ?
- D'accord... Je prends ma voiture. Je suis garé juste là.

Sylvie l'a regardé monter dans sa voiture, en riant de sa timidité, et elle s'est tournée vers moi pour me faire un langoureux baiser. Sa langue a glissé entre mes lèvres, a enlacé ma langue, a fouillé ma bouche passionnément, puis, lentement, ses lèvres se sont détachées des miennes, et elle a plongé dans mes yeux un regard malicieux.

medium_phares.jpg- Ils te plaisent ?
- Oui.
- Tu as envie d'eux ?
- Non, j'ai envie de toi !
- Ca te plait qu'ils nous regardent ?
- Oui, ça me plait.
- Et qu'ils se branlent ?
- Ça, ça m'excite !
- Tu as envie qu'ils te touchent ?
- Je ne sais pas.
- Et de les toucher ?
- Peut-être.
- Et tu veux que je te prenne comment ?
- Fort ! On y va ?

Ces derniers mots m'ont fait bander plus que tout. Sylvie n'était plus la jeune femme craintive qui suit son amant dans ses fantasmes, mais une maîtresse volontaire, prête à assumer la position souveraine de reine de la fête, et peut être même prendre les choses en main.

Nous sommes enfoncés dans le bois ténébreux, où nous avons trouvé une rue calme un peu à l'écart du ballet des voitures autours des travestis qui officiaient à une centaine de mètres de là. A peine avais-je coupé le moteur, que les lèvres de Sylvie se sont posées sur les miennes, comme si, intimidée par la situation, elle voulait se réfugier dans l'action. Nos deux voyeurs étaient à la portière, du côté de Sylvie. Ma main gauche a glissé entre ses cuisses, elle a frôlé ses bas jusqu'à la frontière de la dentelle sur sa peau nue, et elle a remonté sa jupe pour livrer ses cuisses à leurs regards égrillards.

"Il fait chaud, tu ne trouves pas ?" ai-je dit dans un murmure. Sylvie ne m'a pas répondu. Sa bouche avide a glissé le long de mon torse, en direction de mon sexe dur qu'elle a malaxé à travers mon jean. Enfin, elle a fait glisser ma braguette et ma verge raide de désir en est sortie comme un diable de sa boite. Sylvie a lâché un soupir de contentement en prenant mon sexe entre ses doigts, à moins que ce soit le courant d'air frais provenant de la vitre que je venais d'entrouvrir de son côté. Presque rien. Un ou deux centimètres seulement, vers lesquels ses reins se cambraient, comme pour rencontrer le souffle chaud des deux hommes qui se pressaient au carreau. Sylvie m'a pris dans sa bouche et ma main a continué de remonter entre ses cuisses, jusqu'à sa chatte épilée. Elle ne portait pas de culotte ce soir là. J'ai posé ma main droite sur sa tête qui montait et descendait au rythme de la magistrale fellation qu'elle m'administrait. Mes doigts ont caressé ses cheveux, sa nuque, son dos jusqu'à ses reins cambrés, et ont saisi le tissu de sa courte jupe. J'ai tiré dessus très lentement. Peu à peu, j'ai retroussé sa jupe, j'ai livré son sexe lisse à leur regard lubrique. J'ai continué, jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'ils voient bien son petit trou, et de deux doigts, j'ai écarté sa vulve pour leur exhiber son clitoris, avant de le masturber doucement.

Malgré la fenêtre entrouverte, nous avions de plus en plus chaud. Avec notre respiration haletante, de la buée s'était formée sur les vitres et nos deux voyeurs devaient nous regarder à travers la petite ouverture de la fenêtre pour voir quelque chose. J'ai décidé de changer de position et je me suis mis à genoux sur le siège, ce qui a obligé Sylvie à se reculer jusqu'à coller ses fesses nues à la vitre. Ah! Se sont écriés les deux hommes qui ont vu d'un seul coup un cul somptueux plaqué contre le carreau. Sylvie a relâché mon sexe un moment pour regarder derrière elle, et elle n'a pas pu se retenir de rire en voyant le motard caresser, et même lécher la vitre qui les séparait du paradis sensuel qu'elle exhibait. Coquine, elle s'est cambrée au maximum pour plaquer sa vulve toute mouillée contre la vitre. Elle a laissé sur le carreau une traînée baveuse comme celle d'un escargot. Le jeune homme à sortit sa queue et l'a plaquée de l'autre côté de la vitre. Il a suivi la traînée à la trace de la pointe du gland.

D'un seul coup, Sylvie s'est retournée pour leur faire face. De mes mains tremblantes d'émotion, j'ai commencé à malaxer ses seins déshabillés de dentelle dans son soutien gorge pigeonnant. "Prends-moi !" M'a-t-elle alors ordonné, assez fort pour que les deux hommes l'entendent. J'ai lentement glissé mon sexe dans sa chatte brûlante. Le plus jeune des deux tenait sa queue à la main, raide comme un cierge de pâque. Il se masturbait, la pointe de son gland tout contre la vitre, là où Sylvie avait laissé le plus de traces de mouille. L'autre, le timide à lunettes, était plus en retrait. Il regardait la scène en souriant. Dans son pantalon déformé, on devinait un sexe monumental. Sylvie était déchaînée. Elle a d'abord fait glisser la pointe de sa langue sur sa lèvre supérieure. C'est d'une sensualité affolante, et elle le sait. Et puis, en plantant bien son regard dans les yeux du jeune homme, elle a approché sa bouche entrouverte de la vitre, à quelques millimètres de sa queue de l'autre côté, et elle s'est mise à lécher les traces de sa propre mouille sur le carreau. Ça nous a tellement excités que le résultat ne s'est pas fait attendre: Il a éjaculé sur la vitre de longs jets de sperme gluant, au moment même où j'ai joui en elle. "Oh Oui!" a-t-elle crié dans la voiture, elle aussi surprise par l'orgasme. Pendant que mon sexe encore dur allait et venait entre ses reins moelleux, le jeune homme a barbouillé la vitre comme s'il étalait son sperme sur le visage ravagé de plaisir de la belle Sylvie. Ravi, il est parti pendant que nous essayions de reprendre nos souffles dans la voiture surchauffée.

- Ouvre s'il te plait, m'a-t-elle demandé doucement
- De quel côté ?
- Celui-là !

      
Sylvie m'avait désigné la vitre barbouillée de sperme à travers laquelle on ne distinguait plus grand chose, sinon la présence trouble de l'homme timide en costume. J'ai descendu la vitre complètement. Notre voyeur ne disait rien, il nous regardait en souriant, sans oser s'approcher. Son pantalon était si déformé qu'il semblait avoir des balles de tennis dans sa poche. J'ai senti Sylvie à la fois curieuse, et rassurée par sa timidité. Approche, lui ai-je dit gentiment. Il a obéi sans rien dire. Ses hanches ont bientôt été au niveau de la vitre ouverte. Sylvie n'avait qu'à tendre la main pour le toucher. Elle voulait voir. Elle en avait envie. Elle hésitait. Ma main s'est égaré sur son sein, l'a extrait de son écrin de dentelle, et l'a pris dans ma main. J'ai fait rouler son téton entre le pouce et l'index. Elle a tressailli. Lui aussi. "Montre !" A-t-elle alors dit d'une petite voix mal assurée. L'homme timide a rougit, puis d'une main tremblante d'excitation, il a ouvert la ceinture de son pantalon. Il a écarté les cuisses pour que son pantalon ne tombe pas dans le caniveau. Il a défait le bouton, et il a fait glisser la fermeture éclair. Le pantalon est resté en place. Il était suspendu à la bosse qui le déformait. Et puis il est enfin tombé.

Sylvie avait beau s'y attendre, elle n'a pas pu retenir un cri de surprise. Sous ses yeux écarquillés se dressait un membre monstrueux. Long comme un pied, large, épais, au gland pourpre rutilant. A sa base pendait une paire de couilles chevalines.

- Je suis trop gros, a-t-il balbutié, je fais peur aux femmes, mais ce soir, j'ai vraiment trop envie... de... de...
- De jouir ? a répondu Sylvie émue par cet aveu.

Alors, comme dans un rêve, elle a approché sa main tremblante de l'énorme phallus. Elle l'a frôlé doucement. Impossible d'en faire le tour d'une seule main. Sa peau était douce, comme celle d'un petit chat tout chaud qu'elle caresserait doucement. Voir Sylvie toucher cet homme m'a follement excité. Toujours derrière elle, mon sexe avait repris sa vigueur. J'ai approché ma main de sa chatte. Elle gouttait sur mes doigts. C'était un mélange de mon sperme et de sa mouille qui coulait, qui ruisselait, qui inondait ma main et ma queue juste en dessous. Mes doigts ont glissé dans son sexe. Un, et puis deux, et enfin trois qui l'ont pénétré doucement, qui ont massé tendrement son vagin incandescent. Le bout de mes doigts s'est attardé sur son point G, cette petite zone parcheminée au coeur de son plaisir. J'y ai appliqué un massage circulaire qui l'a fait gémir. J'ai senti qu'elle n'était pas loin de la jouissance, à son petit trou qui palpitait tout contre mon gland lubrifié par sa mouille. Sylvie avait cessé de caresser timidement le sexe phénoménal dressé devant elle. Elle le branlait furieusement, à deux mains pour pouvoir en faire le tour. Elle a frotté le gland turgescent sur ses seins à moitié sortis de son soutien gorge. L'homme timide a avancé une main timorée. Il a touché la peau de Sylvie, à l'épaule frissonnante. Ses doigts la frôlaient à peine. Ils sont descendus imperceptiblement, plus bas. Les halètements de Sylvie emplissaient tout l'espace de la voiture. Tout n'était plus que plaisir, imminence de jouissance. Au moment où ses doigts ont atteint son tétin tumescent, d'un coup de rein, elle s'est empalée sur ma queue. Elle s'est enfoncée mon dard dans l'anus alors que me doigts se crispaient dans sa chatte. L'homme et moi l'avons inondée en même temps. Mon sperme entre ses fesses, le sien entre ses seins, et les râles de nos orgasmes se sont mélangés dans la nuit noire.

24 février 2007

Alter Ego (3)

medium_age_mur.jpg- Vous connaissez cette oeuvre ? Me demanda-t-elle d'un trait comme on se jette à l'eau.
- Pas très bien, non, chuchotais-je d'une voix aphone.

Elle a marqué un temps d'arrêt. Alors qu'elle s'attendait à reconnaître ma voix, elle n'avait entendu qu'un chuintement maladif à faire fuir tout interlocuteur en bonne santé. Dans le doute, elle a poursuivit l'exposé qu'elle s'apprêtait à faire malgré mes supposés microbes.

- C'est une oeuvre maîtresse de Camille Claudel. Elle s'est représentée elle-même, agenouillée derrière Rodin qu'elle essaie de retenir. Lui, c'est un homme déjà mûr. La quarantaine. Camille n'a qu'une vingtaine d'années. Il la quitte au profit d'une autre maîtresse plus âgée, qui deviendra par la suite son épouse. Vous voyez comment elle a représenté les stigmates de l'âge ?
- Elle n'a pas été tendre avec sa rivale, soufflais-je sur un ton moribond. Je ne peux pas beaucoup parler, j'ai très mal à la gorge.
- Camille Claudel est sans-doute mon sculpteur préféré. De l'originalité dans le traitement du sujet, et même de l'audace, mais aussi une finesse toute féminine.
- Vous êtes artiste ?
- Non j'ai étudié cette oeuvre. Mais je ne voudrais pas vous faire parler, vous semblez tant souffrir...
- Ne vous inquiétez pas, c'est un plaisir de converser avec vous.
- D'ailleurs, il me semble que ça va déjà mieux, insinua-t-elle.

chez Ysé
À suivre...

23 février 2007

Le gage (1)

Lorsqu'elle est entrée dans la chambre d'hôtel où je lui avais donné rendez-vous, Sylvie n'avait plus tout à fait son aplomb habituel. Sa démarche était certes assurée, son port toujours aussi altier, mais je pouvais lire dans ses yeux l'ombre d'une appréhension, le timbre du doute dans sa voix volontaire. Ce trouble était sans doute dû à la tenue que je lui avais demandée. Elle laissait présager du pire. Sylvie portait un long manteau sur pas grand chose: des bottes de cuir qui accentuaient sa cambrure, une minijupe qui masquait tout juste le galbe de ses délicieuses rondeurs, une lingerie chic et choc qui mettait en relief ses petits seins pointus sous la cascade de ses mèches blondes. C'était aux antipodes de son costume habituel de working girl. Lorsqu'elle m'a vu prendre des clefs de voiture et me diriger vers la porte de la chambre, elle a compris que je ne serais pas le seul à profiter de son impudeur. Les règles du jeu étaient simples. Quand Sylvie gagnait une de nos joutes amoureuses, elle pouvait m'imposer le gage de son choix. Quand elle perdait, elle s'exposait à mon vice. Lors de notre dernier jeu, elle avait perdu.
 
medium_voiture-nuit.jpgNous sommes montés dans la voiture sans dire un mot. A peine installés, je n'ai pas pu m'empêcher de déposer un tendre baiser sur ses lèvres. Ma main entre ses cuisses crissait contre ses bas. Je l'ai sentie se détendre un peu. Mon regard planté dans le sien, je lui ai alors annoncé le programme de la soirée, le gage auquel elle devait se soumettre sous peine de me décevoir. Sous le trait appuyé de ses sourcils noirs, ses yeux irisés d'émeraude n'ont pas cillé, immobiles comme deux taches sur les ailes d'un papillon cloué dans une vitrine. "D'accord" a été sa seule réponse, aussi tranquille que si je lui avais proposé le choix d'un restaurant. La voiture a traversé Paris tambour battant, le long d'un chemin que j'avais appris par coeur, et qui nous rapprochait à chaque instant, du lieu. Une tension presque palpable montait dans la voiture au fur et à mesure que nous avancions. Une tension mâtinée de désir, qui monterait au rythme des passages dans la rue. J'ai bien cru que nos coeurs s'étaient arrêtés de battre lorsque nous nous y sommes engagés.
 
La première passe a été un round d'observation. Il y avait du monde ce soir là et donc du choix. Des visages dissimulés dans la pénombre, qui apparaissaient entre les véhicules en stationnement lorsque des voitures passaient au ralenti. Des hommes. Seulement des hommes sur des centaines de mètres. Des dizaines d'hommes face à quelques couples en voiture, dans une relation en miroir de mateurs et de matés, où le spectacle des uns est les spectateurs des autres. Sylvie semblait plus détendue après ce premier tour d'horizon. Ces hommes n'étaient pas si laids, certains plutôt mignons, et être le point de mire de tous ces regards envieux, bien à l'abri dans une voiture, semblait l'exciter un peu. Je lui ai proposé de poursuivre le jeu.

- On fait un deuxième tour ?
- Oui, j'en ai vu un ou deux assez mignons. Clean. Il y en a un qui m'a envoyé un bisou avec sa main lorsque nous sommes passés à son niveau, tu ne l'as pas vu ?
- Non, je ne l'ai pas remarqué. Tu veux qu'on s'arrête pour lui parler ?
- Oui, pourquoi pas !


Sylvie avait maintenant les yeux brillants, et j'ai perçu toute la provocation de sa remarque malicieuse. Si mon gage était de nature à la déstabiliser, elle pouvait me prendre à mon propre jeu. Nous avons entamé le deuxième tour, beaucoup plus lentement, pour bien contempler la longue file des mateurs. Il y avait de tout. Des jeunes boutonneux, des vieux décatis, des cadres hagards, des manoeuvres rougeauds, tout un échantillon de misère sexuelle, avec, au milieu, quelques profils qui sortaient du lot. Nombreux se masturbaient à notre approche, ils jouaient des coudes et du poignet pour exhiber une érection présentable, la queue dressée comme un oisillon qui attend la béquée. Sylvie, si cérébrale, regardait la vulgarité du geste avec un dédain affiché, mais je sentais chez elle autre chose de plus profond, un mélange de peur et d'excitation.

- Regarde le jeune là bas, en tenue de motard, au carrefour. C'est lui qui m'envoyait des baisers !
- Tu veux qu'on s'arrête ?
- Non, on fera un autre passage plus tard, je veux d'abord voir les autres.
- Tu en veux combien ? Deux ? Trois ? Plus ?
- Je ne sais pas... deux, ça me plairait bien... Sur les deux, il y en aura au moins un qui m'excitera vraiment. Tu es sûr qu'on ne risque rien ?
- Deux mecs, ça devrait être gérable.

À la fin du second tour, Sylvie les avait choisi: Le jeune motard qui lui envoyait des baisers, bottes et blouson de cuir, gueule d'amour et sûr de lui, il avait lancé un "vous êtes magnifique mademoiselle" lorsque la voiture était passée à son niveau; Et puis un autre, la trentaine, mince, visage anguleux, costume anthracite impeccable, lunettes intello, très discret. Le second n'avait rien d'un exhibitionniste. Pour un peu, nous aurions pu croire qu'il était un simple passant. Mais non, il attendait lui aussi, comme les autres. Nous avons entamé le dernier tour. Dans la voiture la tension avait définitivement fait place à l'excitation. Si le regard de Sylvie s'éparpillait toujours dans la rue, il luisait la luxure, et elle a eu du mal à encore jouer les indifférentes lorsque ma main s'est égarée sur sa cuisse. Elle a fini par tourner vers moi son visage souligné par un sourire carnassier, et sa main est venue directement palper la bosse qui déformait mon pantalon.

22 février 2007

Alter Ego (2)

medium_balzac.2.jpgJ'espérais secrètement qu'elle tâtonne, qu'elle hésite, qu'elle me confonde avec un autre homme, pour me délecter du spectacle de ses joues rouges en réalisant sa méprise.

Lorsque je suis arrivé sur le lieu de l'énigme, avant qu'il devienne celui du crime, je fus assez déçu de constater qu'il était aussi le rendez-vous des clubs de retraités et des touristes assoiffés de culture. Dans cette faune prévisible, je l'ai immédiatement reconnue. Je me suis caché derrière un plâtre de Rodin pour la regarder à la dérobée.

Menue et mignonne, elle avait tout de la jeune intello qui a sacrifié ses lunettes sur l'autel de la séduction, et ce profil me ravissait. Je la voyais aller et venir entre les sculptures voisines de "l'Âge mur", comme si ses pas dessinaient sur le sol une étoile invisible dont notre point de rencontre était le centre. Une bonne étoile, sans aucun doute. Nous avons ainsi entrepris un chassé croisé autour du fameux bronze de Claudel, et c'est lorsque je fus face à lui qu'elle s'est décidée à m'aborder.

chez Ysé
À suivre...

 

20 février 2007

Alter Ego (1)

medium_logo_musee_orsay.jpgJ'avais songé lui donner un défi à base de boules de geisha et de filatures, mais j'ai eu pitié de l'innocence de cette jeune femme rencontrée sur le net. Nous avions alors eu la sagesse de ne pas échanger de photos de nos visages, et cela m'a donné une idée de première rencontre originale, assez sage pour ne pas trop l'effaroucher, mais assez vicieuse pour la faire frissonner: Nous nous donnerions rendez-vous au musée d'Orsay, devant "l'âge mûr" de Camille Claudel, sa sculpture préférée, à midi sonnante, et elle devrait me reconnaître, m'aborder, et m'embrasser avant que je ne lui ai dévoilé mon identité. Cela était d'autant plus facile que nous avions déjà bavardé au téléphone, et qu'elle me reconnaîtrait certainement à ma voix. Trop facile, peut-être.chez Ysé

À suivre...

19 février 2007

Chez Pandore (3)

Résumons la situation. J'étais assis dans un siège avec une fille sublime sur les genoux, vêtue d'une veste et d'une petite culotte, rectification, d'une petite culotte seulement, et qui se dandinait face à moi, ses petits seins pointus à quelques centimètres de mon visage cramoisi, sa croupe effectuant d'amples mouvements circulaires alors qu'elle imprimait à son string un va et vient qui le faisait disparaître dans sa motte comme un fil à couper le beurre. Inutile de dire que je bandais comme un cerf. Allais-je faire l'amour à Eva là, dans ce club, sur ce fauteuil ? Sincèrement, j'en mourrais d'envie. Je posai le bout de mes doigts sur ses cuisses sans demander la permission. "On touche avec les yeux !" Son sourire ne parvint pas vraiment à adoucir son regard. Les choses, aussi claires furent-elles, n'émoussaient cependant pas mon désir brûlant. Elle arrêta de se dandiner un moment, me considéra avec une moue enfantine, et se pencha à mon oreille. "20 euros de plus et je te fais un petit cadeau" A ce moment là, j'aurais décroché la lune si elle me l'avait demandé. J'acquiesçai de la tête, incapable d'articuler un mot. Alors elle ôta sa culotte et me l'enfila sur la tête, le pif dans l'entrejambe, un oeil de chaque côté, les élastiques derrière les oreilles. Masqué comme un Zorro libidineux, j'assistais à la fin du spectacle en hyper ventilation, m'enivrant de ses effluves alors qu'elle me faisait un grand écart facial, debout, un pied sur le dossier du fauteuil, ouvrant sa chatte avec ses deux pouces en me disant "made in Italia" C'est ainsi que j'appris ses origines piémontaises. Mais les meilleures choses ont une fin. A peine avais-je ôté le slip de ma figure qu'elle en avait enfilé un autre ainsi que son tailleur. Elle glissa le slip usagé dans ma poche, en souvenir, me fit un bisou sur le nez et le monde chavira à nouveau.
 
Je retournai à ma table en titubant. Eva m'y adressa un clin d'œil complice avant de disparaître. Sauf que ce n'était pas ma table. C'était celle de mon beau-frère. Ce gros porc plein aux as faisait sauter la serveuse sur ses genoux, vous savez celle qui voulait me faire boire du champagne. D'ailleurs, il avait droit à toute la bouteille. Et histoire de me montrer qui il était, il en enfonça le goulot dans le sexe de la serveuse grimaçante. Elle se rattrapa en gloussant de rire jaune pour ne pas se faire virer. Il faut dire qu'il était le nouveau proprio de la boite, et l'idée de l'avoir enrichi du montant de mes consommations me faisait proprement enrager. Il daigna me donner une explication, histoire de prendre sa revanche sur moi qui avais fait des études et qui le faisait savoir. Il venait juste de gagner au loto et, grâce à ses fréquentations louches que j'avais toujours décriées, il avait saisi la bonne affaire : "chez Pandore" était à vendre, et il se l'était offerte, cette boite renommée, et tous les notables avec. Il renvoya la serveuse à ses clients avec une bonne claque sur les fesses avant de me faire une réduction royale de 10% sur ma note. "Quand Martine va savoir ça !" ajouta-t-il en rigolant. Que voulez-vous, la chance sourit aux audacieux.
 
Je quittais la boite, les épaules voûtées et la queue basse. Martine était la sœur jumelle de ma femme. Elle s'était entichée d'un apprenti boucher quand elle avait 16 ans, et cet abruti était devenu mon beau-frère. Notez que je n'ai absolument rien contre les bouchers, mais ce représentant ne faisait pas honneur à sa profession. D'ailleurs il n'était plus boucher depuis longtemps. Il avait aussitôt fait trois mômes à Martine pour toucher les allocs, il avait arrêté de bosser pour avoir le RMI, et il vivotait de petits trafics avec la mafia locale, passait des cigarettes et des prostituées albanaises au travers de la frontière italienne, n'hésitait pas à se faire payer en nature, bref, du genre glorieux. Les rêves adolescents de Martine avaient ainsi été réduits à torcher le cul de ses gosses et se faire sauter par ce sale type quand il n'avait pas de chair plus fraîche à sa disposition. L'acquisition de "chez Pandore" n'allait rien arranger, mais elle aurait au moins les moyens de passer ses nerfs sur une bonne portugaise, ça compense. En tous cas, dès que Martine saurait que j'avais passé la soirée avec une strip-teaseuse, ma femme le saurait aussi et je passerais un sale quart d'heure. Tout juste après avoir poussé la porte de la maison, je compris qu'elle savait déjà. Elle en savait même plus que moi. C'est ainsi que j'appris avoir une maîtresse, une certaine Eva que j'allais voir tous les soirs, une cocotte que j'entretenais depuis des semaines avec l'argent du ménage. Je laissais passer l'orage plutôt que de me confondre en inutiles arguties. C'est alors qu'elle me demanda où en était mon augmentation, parce que Martine, elle roulait en Mercedes classe A métallisée ce qui est très pratique pour faire les courses au supermarché. Je sentis la sueur inonder mon front et je m'épongeais par inadvertance avec le slip d'Eva que j'avais sous la main. C'est là que ma femme a vraiment vu rouge. 
 
Le lendemain matin, j'allais au boulot en bus, pour la première et dernière fois. Ma femme était partie chez sa mère avec ma vieille AX bancale qui était maintenant la sienne. Ma dernière journée fût assez productive. Je parvins à terminer mon CV et à envoyer un mail à tout mon service: tout le monde était invité à un pot de départ informel chez bibi, le café du coin. Personne ne vint, à croire que ma disgrâce pouvait être contagieuse. Personne ne vint à part Jean-paul, cette vieille tantouze alcoolique prêt à braver tous les tabous pour se torcher à l'œil. Non content d'ingurgiter tout ce qui restait de mon budget, il crût la source inépuisable et me proposa de finir la soirée "chez Pandore" Non ! Pas question ! Á cause de cette maudite boite j'avais perdu ma voiture, ma femme, mon job, quelle nouvelle catastrophe allait encore fondre sur moi ? Serais-je contraint d'y accepter un poste de groom aux ordres de mon beau-frère pour entrevoir ma dulcinée, Jean-Paul allait-il me sodomiser en me confondant avec un éléphant rose ou pire encore, Eva serait-elle partie en congés ? Non, je n'irais pas y noyer mon désespoir, car tous mes rêves s'en étaient allés. Envolées mes légitimes aspirations de petit bourgeois dignes d'un discours électoral démocrate chrétien, éteintes mes velléités d'assouvir de sombres désirs illicites, évanoui mon espoir de connaître un jour Eva. Je rentrai dans ma maison vide et m'affalai dans un fauteuil. J'hésitai entre ingurgiter la première bouteille ou le premier bouquin venu. Vu mon état, je décidai de ne pas décider, et je tombai sur une bouteille de whisky et un bouquin sur la mythologie. Au premier verre, j'en étais au talon d'achille. Au deuxième verre, Tantale, ce qui me fit prendre aussitôt le troisième verre pour aborder Eros et Psyché. Je ne comptais plus lorsque je me suis affalé sur la page 134. Il y était question d'une certaine Pandore...

"Un matin, Pandore profita de l'absence de son mari Épiméthée pour se glisser dans la pièce où était dissimulée la boîte. Elle la contempla longuement, puis se décida à l'ouvrir.
Elle brisa la serrure, puis, osant à peine respirer, elle souleva lentement le couvercle. Mais avant même qu'elle puisse regarder à l'intérieur, il s'en échappa un hurlement terrible, un long sanglot de douleur. Elle recula d'un bond, épouvantée. De la boîte se mirent à sortir toutes sortes de calamités: la haine et la jalousie, la cruauté et la colère, la faim, la pauvreté, la douleur, le vice, la vieillesse et la mort. Pandore essaya bien de refermer le couvercle, mais il était trop tard. C'est alors que, discrètement, sans faire de bruit, en sortit l'espérance."

18 février 2007

Chez Pandore (2)

Cette vieille fille frustrée avait ses entrées chez le PDG qui ne l'était pas moins, et ces deux corbeaux passaient une bonne partie de leur temps à faire la chasse aux calendriers playboy qui fleurissaient dans les vestiaires des ouvriers plutôt que de redresser les comptes calamiteux de l'entreprise. Si elle m'avait reconnu, j'étais foutu, le PDG puritain me sabrerait sans état d'âme, invoquant un quelconque écart de conduite. J'adorais les femmes, c'était mal vu, et il ne me restait plus qu'à prier tous les seins de la terre pour que cette vieille pie ne m'ait pas vu. Je rentrai chez moi la bouche pleine d'excuses, et allai me glisser au lit prétextant une migraine. Je dormis mal. Le lendemain matin, il ne me restait de la soirée que l'image de la vulve d'Eva à demi masquée par sa petite culotte, et je me rendis au bureau d'humeur guillerette, fin prêt à reprendre l'exploration exhaustive des sites pornographiques francophones. Quelques regards en coins me restituèrent l'intégralité de mes souvenirs. A mon poste de travail, une lettre avait remplacé mon clavier. L'entretien qui suivit fût pénible. Faute lourde. L'historique des accès internet m'accusait. Je plaidais les circonstances attenuantes. En vain. Demain serait mon dernier jour. Je passai ma journée à taper mon CV. Le soir arriva plus vite que prévu. J'allais devoir rentrer chez moi et expliquer à ma femme ma nouvelle situation de chômeur sans l'ombre d'un droit. Ce serait délicat, et je retardai l'épreuve au maximum. Sans même m'en rendre compte, mes pas me portèrent à l'entrée de "chez Pandore". Le souvenir d'Eva surgit alors comme un bouton de fièvre, et je pénétrai à nouveau dans la boite de strip-tease.
 
Je fus accueilli par une slave d'applaudissement. Il y avait beaucoup plus de monde que la veille et, bizarrement, j'arrivais juste à la fin du show d'Eva, comme si ma vie en dehors de cette boite n'avait été qu'une parenthèse. Si je n'étais pas fâché d'avoir échappé au spectacle des parties génitales du transsexuel, j'étais découragé de ne pas avoir la chance de la revoir, elle. La serveuse me trouva une table dans un coin de la salle, à côté des toilettes. Je m'écroulai dans le siège, vaincu d'avance. Oui, une petite coupe, au point où j'en étais. Et un whisky aussi. Un frisson me parcouru l'échine lorsqu'une femme en tailleur-petite culotte passa à côté de ma table. Eva s'arrêta à une table voisine, obtempérant à l'invitation d'un bel idalgo. De là où j'étais, je ne  pouvais entendre leur conversation. Je ne voyais que son profil, à elle, tout en ombres, et qui masquait une partie de la scène où une chinoise se trémoussait. Il avait l'air exubérant. De loin, on avait l'impression qu'il faisait une chanson de geste. Elle parlait peu, le regardait, en souriant. D'un coup, ils se levèrent et se dirigèrent vers le fond de la salle. Il s'assit sur un étrange fauteuil rond, dos au mur. Elle resta debout, tout près de lui, presque sur ses genoux. Et le fauteuil bascula d'un seul coup, faisant un demi-tour rapide pour ne présenter à la salle que son dossier en demi-cercle, presque aussi haut qu'un homme, formant ainsi une alcôve impénétrable. D'Eva, je ne voyais plus que le sommet des cheveux, qui montait et qui descendait.
 
J'étais hypnotisé par ce va et vient, par ces apparitions capillaires plus ou moins régulières, ignorant complètement les shows qui se succédaient sur scène. Parfois elle disparaissait complètement, avant de refaire surface quelques secondes plus tard. J'avais l'impression d'entendre leurs rires étouffés. Cela dura 5 bonnes minutes qui me semblèrent des heures. Enfin, sans préambule, le siège effectua un nouveau demi-tour, et tout était comme avant. Sauf que le type était rouge écarlate. Il retourna à sa place, suivit d'Eva qui le salua et rejoint le ballet erratique des filles entre les tables. J'attendis patiemment de croiser son regard pour esquisser un geste en sa direction. Elle approcha en souriant. 
 
- Bonsoir dis-je.
 
Ma propre voix me surprit. Je parvenais à peine à articuler.
 
- Bonsoir, repondit-elle, vous voulez un peu de compagnie ?
- Oui
- Moi c'est Eva
- Enchanté. Christophe.
- Vous m'offrez un verre ?
- Heu, Oui, bien sûr... qu'est ce que vous prenez ?
- Une petite coupe
- Et un autre whisky pour moi, mademoiselle...
 
Eva avait une voix chaude et grave. Je vous restitue le dialogue comme ça, en gros, mais il était entrecoupé de silences terribles. J'étais à la fois excité et mal à l'aise. Son regard impénétrable me tenait en respect, la queue en l'air et les mains bien à plat sur la table. Je crevais d'envie de lui demander ce qui se passait derrière les fauteuils ronds, et je ne parvenais qu'à aligner des platitudes. Pour circonstances atténuantes, le galbe de ses seins qui apparaissait entre les pans de son tailleur me déconcentrait considérablement.
 
- Tu veux que je te fasse un show privé ?
 
Je ne fus pas mécontent qu'elle aborde la question cruciale par sa réponse. C'était donc un show privé. Mais je n'en savais guère plus, et les questions qui me brûlaient les lèvres ne passaient pourtant pas leur barrière.
 
- Heu, pourquoi pas
- 40 Euros.
- Ah ?
- On y va ?
- Oui.
 
Ce fût aussi simple que cela. Je la suivis vers le fond de la salle, avec le sentiment étrange que l'histoire était en train de basculer, non pas l'Histoire avec un grand H, juste la mienne, la minuscule. Je m'assis dans le fameux fauteuil, le cœur battant, et elle s'approcha de moi, tout près, si près que ses jambes frôlaient les miennes, si près qu'en fermant les yeux j'aurais sûrement pu sentir le parfum de sa peau. Le monde chavira d'un seul coup.

A suivre...

17 février 2007

Chez Pandore (1)

Il faisait chaud à en suer du vice. D'ailleurs, je le sentais couler entre mes omoplates, glisser dans mon dos comme une sueur froide, mouiller mes fesses et gonfler ma queue. J'étais assis face à l'écran, l'œil hagard et la main moite, tripotant fébrilement du majeur la molette de ma souris comme s'il s'agissait d'un clitoris, faisant défiler des chairs multicolores avec pour seule constante le pourpre des vulves écartelées. Oui, je sais, ces photos ne risquaient pas d'améliorer la situation, mais je n'y pouvais rien, c'était plus fort que moi. La moiteur du soir m'accueillit sur le trottoir en sortant du bureau. J'avalais péniblement ma salive. Je reconnaissais cette sensation d'excitation, lorsqu'elle est encore coincée dans la gorge, avant de descendre dans le bas du ventre en passant par le cœur, le faisant battre un peu plus fort au passage. Elle me donnait soif, envie de boire une bière ou n'importe quoi susceptible de me fournir une mauvaise raison pour franchir rapidement l'entrée de "Chez Pandore", et y assouvir ma curiosité entre autres bas instincts.
 
"Chez Pandore" était, selon ses mœurs, le haut lieu départemental du vice et du stupre, ou ses bas-fonds. Les bourgeois rivalisaient d'indignation à propos de cet établissement, et susurraient à qui voulait l'entendre que bien des notables y avaient leurs entrées lors de soirées infernales, auxquelles ils omettaient de mentionner leur présence. Une bonne partie de la gent masculine locale y avait donc été vue, et c'était là le meilleur rempart contre les calomnies. J'évitais cependant de tergiverser aux portes de cet enfer pour ne pas être remarqué par les vipères du coin qui s'empresseraient d'amplifier mon forfait jusqu'aux oreilles de ma femme. Sitôt la frontière de velours rouge franchie, je fus accueilli par l'odeur caractéristique des lieux pour mâles en perdition, une odeur musquée comme un parfum de femme cueilli au creu des reins, fragrance un rien épicée, dont il devait exister des bombes aérosols à base d'essence de bordel comme il existe des bombes de neuf pour mieux vendre les voitures d'occasion. J'en étais à ces réflexions lorsque je réalisai que mes pas m'avaient mené jusqu'au bar, au cœur de l'antre des femmes légères, pour la première fois.
 
Il n'y avait pas grand monde, trois ou quatre clients au regard blasé et une entraîneuse noire juchée sur un haut tabouret, sa robe longue ouverte sur un gros manque de vertu. Probablement trop tôt dans la soirée. Une jeune femme vêtue de court m'indiqua une place au bord de la scène vide, obscure comme un puits sans fond, avant de me tendre une carte aux prix hallucinants. Je compris rapidement les règles du jeu, et j'optai pour une bière plutôt que la petite coupe de mauvais champagne qui m'était proposée, résistant héroïquement à la serveuse et sa moue équivoque desservie par un regard dédaigneux. Le jeu consisterait à boire le plus lentement possible, afin de ne pas avoir à commander une autre boisson. Je trépignais d'impatience de me rincer l'œil et la gorge. La guerre d'usure avait commencé. Une voix off masculine et empressée ouvrit les hostilités en annonçant le prochain spectacle.
 
Eva apparu dans un halo de lumière rouge projetée sur le nuage d'azote qui se répandait complaisamment autour d'elle. Elle ne portait pas une tenue de scène classique, une de ces robes moulantes en lycra dont les bretelles glissantes auraient rapidement libéré des seins meurtriers comme des obus, ni même une de ses tenues exotiques d'infirmière ou de bonne sœur, blasphème aux soins des âmes aux corps perdus. Non, elle portait un tailleur. Un tailleur strict, gris anthracite, une tenue au classicisme exubérant, une tenue de commerciale innocente, totalement déplacée et d'autant plus excitante. Elle avait même poussé la provocation jusqu'à porter un pantalon. Si ce n'était sa démarche chaloupée sur un air suave de Sade "I Never Thought I'd See The Day", si ce n'était son regard à la fois trouble et résolu, on aurait pu croire qu'elle se rendait à un conseil d'administration. Sauf qu'on était "chez Pandore".
 
Eva esquissa un sourire servile en ôtant sa veste avant de l'accrocher au dos d'un fauteuil de bureau qui apparaissait sous les spots, et dont elle flatta le cuir noir de la paume de la main.

- Vous êtes en retard Eva !

La voix qui résonna dans la salle me fit tressaillir. Une voix féminine, jeune, teintée de ce léger et délicieux accent méridional qui n'entamait pourtant en rien son ton autoritaire et cinglant. La voix renchérit à nouveau
 
- Je ne veux pas entendre vos sempiternelles excuses ! Et quelle est cette tenue ? Vous vous imaginez déjà à ma place, dirigeant cette entreprise en costume Yves St Laurent ?
 
Eva se tenait comme une petite fille, tête baissée, les mains croisées devant elle, le rouge aux joues.
 
- Vous n'êtes que ma secrétaire, ne l'oubliez pas. Et à ma merci ! Déshabillez-vous mon petit...
 
L'ordre avait été donné, sans appel, sur une octave imperceptiblement plus basse, d'une voix légèrement voilée où transparaissait un noir désir, laissant déjà imaginer les turpitudes auxquelles Eva serait soumise. Eva leva un visage larmoyant, j'eus l'impression qu'elle m'implorait du regard comme si cet ordre était le mien, elle fit non de la tête, négation aussi effrayée qu'inutile car déjà capitulaient les premiers boutons de son chemisier blanc sous ses doigts tremblants.
 
- Allons mon petit, détendez-vous, je ne vais pas vous manger, mais ne me décevez pas !
 
Le chemisier s'ouvrit sur une lingerie de dentelle blanche qui moulait de petits seins hauts placés.  Son ongle carmin effleura la lisière de dentelle, repoussant lentement ses limites dévoilant une chair pâle, frissonnante, jusqu'à libérer un téton rose et pointu. De loin, j'eus même l'impression qu'une larme venait de couler sur ce sein émouvant. D'un seul coup, Eva rabattit les pans de sa chemise sur sa poitrine et baissa à nouveau son visage cramoisi de honte.
 
- Maintenant, enlève le bas !
 
Retenant de la main gauche les pans son chemisier fermé sur ses seins, la droite glissa mollement le long de sa cuisse, ses doigts hésitèrent un instant, ouvrirent sa ceinture, firent lentement glisser la fermeture de son pantalon, et avec une infinie langueur, elle le repoussa vers le bas jusqu'à ce qu'il tombe à ses chevilles. Elle n'eut qu'un pas à faire pour laisser les oripeaux de sa pudeur sur le sol, alors que la musique qui s'emballait semblait monter comme un frisson le long de ses cuisses fuselées, achevant de transfigurer l'employée soumise en strip-teaseuse lubrique. La voix off semblait celle d'une fille au bord de l'orgasme.
 
"Caresse-toi !" Les pans de son chemiser s'ouvrirent à nouveau sur son ventre, et ses mains qui glissaient sur sa peau, vers ses seins. Eva dégrafa son soutient gorge par-devant, remplaçant les bonnets par la paume de ses mains caressantes, et puis violentes lorsqu'elle tritura ses tétons entre ses doigts, rejetant sa tête en arrière, avant de me jeter au visage un regard fauve. Je sifflai ma bière d'un seul coup. "Montre-moi ton cul !" Elle se retourna, s'accroupit, releva sa chemise comme si elle allait uriner, avant de la jeter au travers de la salle. Sa petite culotte saillait entre ses fesses rondes, deux globes entre lesquels la dentelle n'en finissait pas de glisser. "Branle-toi !" Elle se dirigea vers le siège à quatre pattes comme une chatte en chaleur, s'y agenouilla face au dossier, cuisses écartées, cambrée au maximum, se penchant toujours plus en avant jusqu'à ce que le siège bascule, sa petite culotte tendue à éclater sous la pression de sa vulve gonflée. Sa main glissa entre ses suisses et elle frôla son entre-jambes d'un doigt taquin, qui jouait à repousser l'élastique, toujours un peu plus loin, faisant saillir ses lèvres gonflées. Je déglutissais la petite coupe de champagne sans même m'en rendre compte.
 
Soudain, un spot éclaira une autre partie de la scène. Derrière un bureau cossu, une blonde platinée fumait un cigarillos, une main enfouie sous sa robe rouge sang qui farfouillait entre ses cuisses. Grande, son visage émacié et sévère était outrageusement maquillé. Une bretelle de sa robe avait glissé, libérant un sein lourd et ferme. La blonde se leva, se dirigea vers Eva qui gardait la pose, et approcha de son visage abandonné sur le cuir du fauteuil. Il écarta les pans de sa robe. "Suce-moi !" Entre ses cuisses pendait une queue de vingt bons centimètres. Je faillis m'étrangler avec le cognac. La lumière s'éteignit sur cette vision infernale qui eut le mérite de me faire débander, me permettant ainsi de me lever en titubant. La note acheva de me remettre les idées en place et je me dirigeai promptement vers la sortie.
 
Je franchis les rideaux rouges comme une balle perdue et percutais une passante qui s'écroula sur le trottoir. Je la regardai se lever, tétanisé avant de tourner les talons et prendre la fuite comme si le diable était à mes trousses. Ce n'était pas complètement faux. Je venais de bousculer Madame Michaud, mon chef comptable, une vraie diablesse.

A suivre...

16 février 2007

Première soirée à l'Overside

Avril 2002. Nous arrivâmes à 23h30 dans un club déjà bondé. Mon accompagnatrice et moi nous faufilâmes entre les couples scellés par un slow sur la piste de danse, à la recherche de deux places confortables pour ne trouver que deux poufs au fond du podium. La faune locale était essentiellement composée de couples trentenaires BCBG, mais "particulièrement ouverts" comme se plaisait à répéter Nathalie devant le spectacle des bas résilles et des mains baladeuses. Quant à moi, c'était plutôt le fait de voir quelques couples de noirs qui me faisait opiner du chef, et pas que du chef d'ailleurs.

Nathalie était mon accompagnatrice, celle qui m'avait fait l'immense honneur d'accepter mon invitation en ce lieu de perdition. Je ne sais pas quel autre mot choisir. Amie est un peu exagéré vu que je ne la connaissais de visu que depuis quelques heures, même si nous entretenions une correspondance décousue depuis plusieurs mois. Et puis, amie avec un 'e', cela insinue une certaine intimité dans la bouche ou sous la plume d'un homme, un peu comme partenaire, alors que Nathalie n'était venue que pour voir, tout comme moi officiellement.

A propos d'ouverture, nous fîmes rapidement connaissance avec nos voisins de table, un couple disparate composé de Sandrine, une jolie grue aux cheveux courts, et d'un frisé dont la maturité n'était que physique. Nathalie exprima un vif intérêt pour le piercing que Sandrine affichait au nombril, et la jeune femme ravie écarta aussitôt les cuisses et son string pour dévoiler fièrement celui qu'elle arborait au clitoris. Le ton était donné. Je ne pus m'empêcher de songer à un distrayant concours de blessures de guerre lorsque Sandrine, Nathalie et son mari exhibèrent leurs tatouages, un papillon sur l'épaule pour l'un, un dragon à la cheville ou un petit serpent sur l'épaule pour l'autre. Dieu merci, le vieux frisé nous épargna son anneau au prépuce. A l'autre bout de la piste un transsexuel opéré exhibait ses petits seins siliconés. Nous étions à l'Overside, club libertin parisien.

medium_overside.jpgLa musique battait son plein et nous nous dandinions sur le podium sous l'emprise de la voix d'Aretha Franklin qui chantait "Freedom" transformé en gospel hédoniste. Nathalie qui n'était venue que pour voir, mais qui avait perdu quelques pudeurs, enlaçait Sandrine avec un plaisir affiché. Un couple de gogos danseurs fit son apparition avec des masques de scream, halloween oblige. Les masques et les capes tombèrent pour dévoiler une strip-teaseuse petit format et un chippendale body-buildé. Nathalie avait envie de tâter de la bête, je suggérai à Sandrine de l'aider un peu à surmonter les vestiges de sa timidité, et leurs mains s'égarèrent de concert sur le fessier convoité. Peut être est-ce cela qui poussa le musculeux viking, vêtu de chaînes et d'un micro string, à sortir de la cage où il jouait de tout ce que la nature lui permettait de gonfler, à s'approcher du couple saphique, et en caresser les rondeurs émouvantes. Aux regards alanguis de la gent féminine, je vis bien que le viking plaisait beaucoup. Avec sa barbe de quelques jours, il incarnait la virilité sauvage, le mâle brut de fonderie sur lequel les femmes fantasment, celui qui les change des dandys publicitairement corrects, rasés de près et bronzés aux UV, ou encore des cadres sous lexomil qu'elles se résignent à épouser. Peut être que la mode va revenir aux poils ? Derrière Nathalie, je n'en étais pas à ses réflexions sur le consumérisme sexuel mais je profitais honteusement de ce cafouillis de caresses pour y glisser les miennes, lorsque soudain un corps se plaqua sur mon dos pour s'en prendre aux boutons de ma chemise.

Ne pouvant voir l'auteur de cette délicieuse agression, et ne voulant me retourner par peur d'en rompre le charme, j'avoue qu'en cet instant je me mis à scruter la salle à la recherche du transsexuel de peur qu'il soit derrière moi. Mais déjà ma chemise était ouverte sur mon torse nu, je remerciais le ciel ou plutôt les enfers de ne pas avoir mis un marcel, et la petite gogo-danseuse en bikini intervertit les positions, plantant sa cambrure sur la bosse outrageuse de mon pantalon. Elle plaqua mes mains sur ses cuisses et ses reins aux miens, leur imprima un air de samba ensorcelant, et je la suivis comme un bateau ivre épouse la mer déchaînée, le mat dressé et toutes voiles abattues. Mes mains se mirent à glisser sur sa peau, ses cuisses, son ventre, sa nuque et ses seins lorsqu'elle eut dégrafé son soutien-gorge et que j'en eus fait glisser les bretelles sur ses épaules. Malgré mon esprit chauffé à blanc, j'avais immédiatement senti les limites du jeu, de cette exhibition qui n'avait d'autres buts que d'échauffer les esprits des clients. Je ne caressai pas ce corps ô combien désirable comme je l'aurais fait pour donner du plaisir à une vraie partenaire sexuelle, mais pour le mettre en valeur tel un acteur de série Z érotique façon M6. J'étais le gogo qui prenait son rôle de faire valoir à bras le corps, et je lui en donnais pour son argent puisqu'en fin de compte c'est elle qui serait payée. En attendant, je mimais une bonne levrette et ça me plaisait, car comme disait Hegel, le vrai est un moment du faux.

C'est ainsi que je me donnai de longues minutes en spectacle sur le podium d'un club échangiste, y trouvant un plaisir plus cérébral que charnel, sans craindre les remarques assassines de mon accompagnatrice qui suffoquait prise en sandwich entre les pectoraux du viking et du gogo danseur. Je ne vous raconterai pas la suite, les fameux salons câlins à la faune aussi dense que sur la piste de danse bien qu'encore moins habillée, leurs soupirs extatiques au lieu des rythmes synthétiques, les lumières rouges qui conféraient aux lieux un air de lupanar, éclairant faiblement les couples entrelacés qui s'accouplaient à la vue des autres, échangeant davantage les regards que les caresses...

Je ne vous raconterai pas la suite parce que je n'y ai pas participé. Cette première soirée en club libertin fut néanmoins une des meilleures que je n'ai jamais vécue, la pire ayant été paradoxalement la plus chaude.
Sexe débridé n'est pas forcément synonyme de bonheur accompli.

14 février 2007

Rêve 911

C'est un rêve.
Toujours le même.
D'abord une brume. Une brume opaque, opalescente, onirique. Il me semble que j'y avance, lentement, bras tendus probablement, mais je ne peux rien distinguer dans cette clarté diffuse, même pas le bout de mes doigts. D'ailleurs je ne sens rien, ni chaud, ni froid, ni aucun obstacle. Je suis le spectateur d'un travelling avant léthargique, jusqu'à ce qu'une forme apparaisse devant moi.
Une forme diffuse, presque une ombre.
J'en distingue à peine les contours, mais cela ressemble à une femme. Une femme de profil, agenouillée. Ou plutôt prosternée, sa longue chevelure jetée en avant sur ses bras tendus. Immobile, comme dans l'attente d'un Dieu jaloux. De sa nuque à ses reins, la ligne rigoureuse de son dos courbé semble tracée au compas, avant de se perdre dans la brume de ce rêve indolent.

Dans mon rêve, toujours le même, depuis des années, depuis mon enfance, ou plutôt mon adolescence, dans mon rêve je m'approche de cette forme féminine, tout en la contournant, les yeux rivés sur elle. Comme si elle était le centre et l'aboutissement d'une longue spirale. Par derrière, je crois discerner le galbe de ses hanches, tendres rondeurs flottantes. Il me semble bien qu'elle est nue, ou peut-être recouverte d'un simple voile, d'une mousse enveloppante, vaporeuse, translucide, qui ne masquerait rien, sinon les angles les plus vifs, et le tendre pli de son aine à la base de sa cuisse repliée. Il me semble que je pourrais la toucher.
Je tends le bras.

Je m'approche encore un peu plus. Les formes se précisent maintenant, symétriques. Ma main en souligne l'harmonie. Mais je ne la touche pas, par peur de la réveiller, ou de me réveiller, enfin, de la perdre. Je la frôle à peine. Pourtant qu'ai-je à craindre ? Dans mon rêve, je sais qu'elle est mienne. Elle m'attend. Je sais qu'elle m'attend. Elle est là, prosternée, immobile, offerte au plus offrant. Et le plus offrant, c'est moi. Elle est comme une pute de luxe et elle m'appartient. Je la possède. Oui, dans mon rêve, je la possède. C'est un rêve intime. Je n'en parle à personne. Sauf à ma femme. Enfin, mon ex femme. Je lui en parlais, mais elle ne voulait rien entendre, elle ne voulait pas comprendre. Peut-être qu'elle ne pouvait pas. Parce que cela lui rappelait ses propres cauchemars. Mon ex ne voulait absolument pas entendre parler de ce rêve. Comme si c'était une rivale.

Dans mon rêve, je la prends, lentement. Pour ne pas la brusquer, et surtout bien savourer ce moment. Pour que mes souvenirs affluent, ceux de la première fois, quand je l'ai ouverte. Pénétration. Une fois lové à l'intérieur, dans sa douce chaleur, je ne bouge plus. C'est étroit mais confortable, moelleux et enveloppant. J'exulte. Il faut que je me calme. Ne pas partir tout de suite. Dans mon rêve, j'inspire un grand coup. Il me semble même percevoir son parfum délicat. L'odeur du luxe. Du fric. Quel abruti a dit que l'argent n'a pas d'odeur. L'odeur de l'argent, c'est la sienne. C'est aussi pour ça que je l'aime. J'attends encore un peu. Je la connais. Dans ses moindres détails. Je sais que lorsque je serai prêt, elle démarrera, au quart de tour. Elle rugira comme un fauve. Mon plaisir sera alors à son comble. Mais il faudra tenir la route. Aller jusqu'au bout. Avec elle. Maintenant. Je tourne la clef de ma Porsche 911.

12 février 2007

L'enfer - Epilogue

Ami lecteur, je dois vous avouer quelque chose: cette histoire n'est pas totalement vraie. Bien qu'elle soit classée dans la catégorie "défis", tout ne s'est pas passé exactement comme ça. Disons que pendant tout le temps où j'ai attendu Catherine à la sortie du cinéma (car jusque là, tout est véridique), j'ai imaginé ce qui pouvait se passer à l'intérieur. Catherine s'était-elle jetée au cou - enfin, quand je dis au cou, c'est une façon de parler - de son voisin en le prenant pour Vagant ? Allait-elle sortir au bras d'un jeune premier et m'ignorer superbement ? Allait-elle passer devant moi comme une étoile filante, mais une étoile du type naine rouge de confusion après avoir réalisé sa méprise ? Bref, pendant que Catherine, entre un strapontin vide et un grand chauve, se morfondait devant son film, je me faisais le mien avec ma pancarte à la main. Ce que je ne me suis jamais expliqué, c'est comment nous avons pu nous louper. Comment ne m'a t'elle pas vu à la sortie de la salle avec ma grosse pancarte ?

Ami dragueur, sache que le coup de la pancarte est un très bon plan: J'ai perçu quelques regards intéressés, et une femme s'est même plantée devant moi, avec ses yeux bleus pétillants. "C'est moi, Catherine !", qu'elle me dit avec un grand sourire, alors que sa bonne copine hilare regardait la scène en retrait. Je l'ai dévisagée des pieds à la tête, et j'ai répondu "non, je ne crois pas". Elle avait le crane complètement rasé.

Lorsque je suis rentré chez moi, à la fois déçu est frustré, j'avais le message suivant:

"Cher C***,
Bien sûr, j'ai envisagé -je pense- toutes les possibilités...

1- le nombre de personnes aux files d'attente ne permettait pas à nos regards de se croiser
2- la petitesse et la configuration de la salle ne permettaient pas à nos regards de se croiser
3- nos regards se sont croisés, et tu as pris tes jambes à ton cou
4- tu as eu un empêchement (et là je te maudis de ne pas avoir de portable, le film était chiant au possible !)

Quoi qu'il en soit, j'espère savoir un jour...

Bisous

Catherine"

Je lui ai alors expliqué ma mésaventure, et Catherine m'a écrit ce qui c'était vraiment passé dans la salle:

"Bon, quelque part ce mail me rassure, moi qui n'en menais vraiment pas large en voyant l'heure passer, puis les bandes-annonces arriver (je n'ai pas la moindre idée de ce qui est passé, j'avais les yeux rivés sur l'entrée), puis la place que je t'avais "réservée" prise d'assaut (j'avais néanmoins gardé l'option "strapontin" juste à côté de moi, mais il semble qu'ils ne l'acceptent plus...), puis l'extinction des feux... et le début du film...
Je suis sincèrement navrée que tu aies dû subir l'épreuve (involontaire, donc beaucoup moins drôle) de la "pancarte"... Sortie à 22H24... de la salle 8, latérale, par l'étage supérieur au niveau des caisses... Je dois avouer que parmi les options envisagées, celle de la prise de (tes) jambes à ton cou me semblait la plus réaliste (eh oui, j'ai encore des problèmes avec mon image dans certains moments :-(...) En repassant devant les caisses je regardais donc, au cas où, on ne sait jamais... mais sans y croire du tout... Je n'ai donc pas tardé à filer vers le métro la queue entre les jambes (si je puis m'exprimer ainsi...)"

medium_A42CLIDO161R.jpgCatherine et moi avons donc décidé de renouveler l'expérience, mais selon ses règles: Elle choisissait le film, j'arrivais dans la salle avant elle, je m'y bandais les yeux (!), elle venait s'asseoir à mes côtés, et quoi qu'il advienne je ne devais pas poser ma main sur elle. J'avais l'air malin avec mon cache-yeux Air France au fond de la salle de cinéma. Probablement m'a t'on pris pour un abonné qui venait piquer son roupillon. J'ai entendu quelqu'un s'asseoir à côté de moi, j'ai senti une main explorer mon corps, et j'ai entendu sa voix très suave. J'ai respecté notre contrat à la lettre. Je n'ai pas posé ma main sur elle: j'ai fourré mon nez dans son décolleté prodigieux...

J'ai ainsi imaginé un scénario de rencontre original: Libertins qui nous ne nous se connaissons pas "de visu", donnons-nous rendez-vous dans un cinéma, sans autre moyen de nous reconnaître que le jeu des regards et l'expression non verbale. A nous de nous découvrir dans la pénombre de la salle, sans demander explicitement à celui ou celle auquel nous faisons du genou s'il fait partie ou non de cet extravagant défi !

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