19 mars 2007
Quand j'étais un fake (2)
Moi si j'étais un homme
Je serais capitaine
D'un grand bateau, vert et blanc...
Ce matin, face à mon miroir, cette vieille chanson trotte dans ma tête. Ce matin, face à mon miroir, comme tous les matins, je me maquille. Ce matin, comme tous les matins, j'ai passé plus d'une heure devant ce miroir. Je suis presque prête maintenant. Il ne me reste plus qu'à apporter la touche finale à mon maquillage: un rouge à lèvre vermillon de chez Loréal. Une couche épaisse et onctueuse, que j'étale lentement sur mes lèvres pulpeuses en prenant garde de ne pas déborder. C'est primordial. Ma bouche, c'est mon plus bel atoût de femme. Surtout lorsque mes lèvres sont entrouvertes, comme en attente d'un baiser. C'est fini. Devant le dernier miroir sur le pas de ma porte, je prends le temps de vérifier mes charmes féminins, incrédule devant ma beauté comme un papillon qui déploie ses ailes au premier petit matin. Mon soutien gorge accentue le galbe de mes seins qui pointent sous mon chemisier blanc, dont le décolleté laisse entrevoir un peu de dentelle ivoire. Ma jupe courte souligne la longueur de mes jambes bronzées, fuselées dans mes bas satinés. Mes escarpins à talons hauts accentuent ma cambrure et la rondeur de mes fesses musclées. Mes longs cils noirs papillonnent dans la moue irrésistible que je m'offre avant de refermer la porte de ma chambre de bonne au dernier étage d'un immeuble haussmanien, et j'abandonne ma chrysalide pour dévaler les escaliers et profiter des premiers rayons de soleil de la journée.
Il faut dire que les choses ont changé,
De nos jours, c'est chacun pour soi...
Le fond de l'air est frais en ce petit matin d'août et Diane Tell chante toujours dans ma tête. J'allonge le pas. Mes talons qui claquent sur le macadam égrainent les secondes qui me séparent de lui. Je traverse la rue de Provence en diagonal, d'une démarche chaloupée digne d'un défilé de Jean-Paul Gautier. Les piétons se retournent sur mon passage. Les yeux rivés sur mes cuisses, un employé de la voirie n'a pas pu se retenir de siffler, et en l'entendant le conducteur du camion benne a abandonné le pauvre gars en pensant que c'était le signal. Je jette à son dépit un sourire narquois, fière de mes effets, sûre de mon charme. Devant une vitrine, je ralentis le pas. Mon regard balaye les articles que je ne vois pas, irrésistiblement attirée par mon reflet, par la cascade de mes cheveux blonds qui coule sur mes épaules et vole au vent. A votre avis, suis-je une femme fatale ?
Et pourtant, moi j'aurais bien aimé
Un peu plus d'amour et de tendresse.
Si les hommes, n'étaient pas si pressés,
De prendre maîtresse...
Je pousse les portes du grand magasin. Je fais partie des premières clientes. Dans les rayons, quelques vendeuses s'activent comme des abeilles dans une ruche. Je déambule un moment au rayon des parfums et cosmétiques. Dans leurs petits stands, de jolies filles bien mises et bien maquillées attendent les clientes. Je les envie. J'aimerais travailler là où je passe mes jours de congés, et faire un métier qui me ressemble vraiment. Mais faut pas rêver, ce n'est pas pour moi. Pas encore. Je prends l'escalator pour monter à l'étage supérieur. Derrière moi, un vigile, un grand black, regarde sous ma jupe l'air de rien. Je la rabats sur mes cuisses en souriant. Il n'est pas mon genre mais sous le regard des hommes, je me sens femme, et j'aime ça. Me voici arrivée au rayon de la lingerie fine. Enfin. Je regarde avec envie toutes ces dentelles, si fines, si féminines, en particulier ce petit bustier que j'essaierais bien. Mes yeux dérivent irrésistiblement, presque malgré moi, vers le rayon des cravates de l'autre côté de l'allée. Le vendeur est là. Elancé, costume chic déstructuré, les mains parfaitement manucurées, le visage halé et rasé de près, encadré d'une crinière de cheveux noirs et bouclés qui soulignent son charme méditerranéen, et où brille un regard ténébreux qui me fixe comme un papillon sur une planche.
Mais je suis femme et quand on est femme,
Ces choses là ne se font pas...
Ses yeux noirs me déshabillent et me brûlent. Entre mes cuisses, je sens mon sexe se gorger de désir. Je minaude un instant, qu'il ne croie pas que je suis venu exprès pour lui, mais inutile de penser à résister à mes pulsions. J'embarque le bustier chiffonné entre mes mains moites et je me dirige vers les cabines d'essayage en roulant des fesses comme une femelle en chaleur, son regard planté dans mes reins. Arrivée dans la cabine, je suspends le bustier au crochet, et je l'attends. Il va venir, je le sens, il va venir, comme à chaque fois. Soudain, il tire le rideau et il s'engouffre dans la cabine. Il me plaque violemment le dos contre la paroi en collant ses lèvres cruelles aux miennes. Sa langue me fouille et je fonds. Ses mains glissent sous ma jupe et empoignent mes fesses pour les malaxer. Mes ongles carmins s'enfoncent dans ses cheveux bouclés, l'attirent à moi, plus bas, entre mes seins siliconés, et encore plus bas. Il a compris. Il s'agenouille, arrache mon string, empoigne ma queue, et il me fait une fellation phénoménale.
Moi si j'étais un homme,
je me ferais femme par amour des hommes.
Tessa
06:55 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Erotisme, travesti, Quand j'étais un fake