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21 février 2007
Étienne
"John Flaherty-Cox est l'auteur de trois romans érotiques publiés aux éditions Blanche", apprenons-nous dans la biographie de l'auteur, dont Diane qui avait fait l'objet d'une note sur NOLDA. "Traduite dans plusieurs langues, cette trilogie est résolument moderne. Elle s'intéresse aux multiples formes de sexualité d'aujourd'hui, notamment celle des couples libérés qui distinguent très bien les plaisirs du sexe et ceux du cœur.". J'ai donc lu Étienne, le second ouvrage de la trilogie centrée sur le couple que forment Étienne et Diane. Selon moi, la seule modernité de ce roman est celle de sa pornographie très contemporaine: indigence de l'intrigue ponctuée de scènes pornographiques explicites, pauvreté psychologique des personnages inversement proportionnelle à leur richesse matérielle, infaillibilité des protagonistes auxquels tout réussi, festival de poncifs ethniques... Cela confère à ce livre quelques avantages: on peut le lire d'une main en enfilant les chapitres dans le désordre sans perdre le fil de l'histoire.
Prenons-en donc un ensemble, au hasard, le chapitre 10 par exemple, mais en défilement rapide pour ne pas trop vous lasser:
- Etienne est invité à dîner chez Sophie et Alan. (p. 171)
- Leur appartement est somptueux. (p.171)
- Ils ont une jeune soubrette asiatique: Sue. (p.172)
- Sophie a la taille fine et les seins des gros. (p.172)
- Sophie exhibe son porte-jarretelles. (p.172)
- Etienne danse langoureusement avec Sophie. (p.173)
- Alan va chercher du cognac. (p.173)
- Sophie embrasse Etienne. (p.173)
- Sue déshabille et lèche Sophie, et puis Etienne. (p.174)
- Sophie, Etienne, Sue, Alan et le cognac vont dans la chambre. (p.174)
- Sophie suce Etienne dans un bassin saupoudré de pétales de rose au milieu de la chambre (p.175)
- Sue suce Alan dans le bassin. (p.175)
- Etienne et Alan jouissent tour à tour. (p.175) - Première éjaculation d'Etienne.
- Sue quitte temporairement la scène. (p. 176)
- Alan enlace Sophie qui se fait prendre par Etienne dans le lit. (p. 176)
- Etienne apprend à Alan et Sophie qu'il est lui aussi libertin. (p.176)
- Sue revient en nuisette noire. (p. 177)
- Etienne fouette Sophie. (p. 178)
- Etienne sodomise Sophie. (p. 179)
- Alan et Sophie quittent la scène. (p. 179)
- Sue suce Etienne. (p.179)
- L'auteur assène au lecteur le poncif de la jeune asiatique soumise et heureuse. (p. 179)
- Etienne éjacule au visage de Sue. (p. 180) - Seconde éjaculation d'Etienne
- Etienne sodomise Sue. (p. 181) - Troisième éjaculation d'Etienne
- Etienne sodomise encore Sue. (p. 182) - Quatrième éjaculation d'Etienne
- Sue quitte définitivement la scène. (p. 182)
- Sophie revient en nuisette noire, avec Alan. (p. 183)
- Alan et Etienne administrent une double pénétration à Sophie. (p. 183)
- Alan et Etienne prennent Sophie dans tous les sens toute la nuit. (p. 184) - Nième éjaculation d'Etienne ?
- Etienne s'en va au petit matin. (p. 185)
Raconté comme ça, ce n'est pas très excitant, et pourtant ça m'a fait bander. Un peu comme ces films pornos qui vous excitent malgré vous, parce qu'ils s'adressent à votre cerveau reptilien plus qu'à votre cortex.
J'ai acheté ce roman dans une gare. Je crois que je vais le ranger dans mes toilettes.
08:35 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : Livres, Flaherty-Cox, Littérature
Commentaires
Le mercredi 21/02/2007 à 09:49 par Georges :
"Raconté comme ça", dites-vous, "ce n'est pas très excitant, et pourtant ça m'a fait bander". On pourrait trouver des dizaines et des dizaines de romans "érotiques" cent fois supérieurs, littérairement, à ceux de John Flaherty Cox. Mais on en trouvera-t-on autant qui fassent bander, ou mouiller? Je suis aussi sensible que vous à la nullité littéraire de texte, aussi irrrité que vous par son arrière-plan idéologique, mais d'où vient cependant qu'il réussisse à provoquer, en nous, malgré nous, une excitation forte? Plutôt que de descendre le roman en flamme, plutôt que de démonter les ressorts rouillés de cette mécanique (ce qui est un peu facile, vous en conviendrez, comme de tirer sur une ambulance), il convient de s'interroger sur les artifices qui permettent à l'auteur d'atteindre son objectif. Et de s'en inspirer, le cas échéant.
G.
Le mercredi 21/02/2007 à 10:45 par Vagant pour Georges :
Je me doutais que vous réagiriez à ma note sur Etienne. J'ai lu votre analyse sur les romans de JFC, et je me suis demandé si ces romans fonctionnent parce qu'ils sont obstinément positifs: tout va pour le mieux dans un monde où tout n'est que succès. Si tel est le cas, comment peut-on raisonnablement introduire un peu de psychologie dans tout ça ? Comment disserter valablement sur les sentiments humains partagés entre Eros et Thanatos, en ne parlant que d'Eros ?
Vous affirmez qu'aucun sentiment de culpabilité ne semble jamais effleurer les protagonistes de ces histoires. Mais comment introduire la transgression éminemment érotique sans culpabilité vaincue ? Au début du roman, Etienne en vient à sodomiser un jeune éphèbe africain dans le feu de l'action. Je ne m'étendrai pas sur le poncif des noirs vus comme des bêtes de sexe, mais la notion de transgression est effleurée, avant d'être évacuée par Diane qui soulage la conscience d'Etienne. En évoquant le tabou de la bisexualité masculine dans le libertinage contemporain, je crois que JFC à écrit la meilleure partie de son roman. Est-elle pour autant la plus érotique... probablement pas.
J'en viens donc à penser que ce roman fonctionne, d'un point de vue libidinal, parce qu'il est bête. Je crains que l'analyse psychologique soit difficilement compatible avec l'émotion érotique. JFC prend donc le parti pris de la pornographie, et ses romans sont comme des scénarii de film X: cela nous excite tout en transgressant notre intelligence.
Le mercredi 21/02/2007 à 12:01 par Madame B :
Vous croyez que l'on peut faire un parallèle entre le potentiel excitant d'un homme ou d'une femme et un bon livre érotique ? ;-)))
Le mercredi 21/02/2007 à 12:33 par Six :
Je cherche depuis quelques temps des récits érotiques qui puissent à la fois me plaire (c'est à être écrit de manière agréable sans clichés trop dévastateurs) et m'exciter ou me faire fantasmer. j'ai lu, à la suite d'une note que vous avez écrite, les "Metamorphoses" de françoise Rey que j'ai trouvées bien décevantes, certains passages m'ot semblé drôles, rien de plus. Conseillerez vous John Flaherty Cox? ou d'autres?
Six
Le mercredi 21/02/2007 à 12:33 par Georges :
La pyschologie, la transgression, la culpabilité, voilà ce qui se trouve, en effet, évacué, délibérément je crois, dans Etienne. En se débarrassant de "cela" dans son récit (avec un certain culot, ou plus vraisemblablement, avec une totale inconscience!), JFC, mine de rien, nous libère de ce qui plombe, généralement, notre rapport à une sexualité, dite "transgressive". Nous savons, depuis Bataille, que la transgression est "éminemment érotique", mais à mon sens, je crois qu'elle occupe trop de place aujourd'hui : faut-il nécessairement qu'une chose soit interdite pour procurer du plaisir? JFC nous dit "bêtement", que dans certaines circonstances, nous pouvons être amenés à faire des choses inouïes, supposées impossibles à froid. Bizarrement, c'est cette absence totale de jugement moral et de psychologie (de surface ou des profondeurs) qui fait le charme du roman. Peut-on parler pour autant de "pornographie". Je ne le crois pas non plus. Il y a dans la pornographie une attention exclusive aux sens, et une négation de la sensibilité. Ici les personnages baisent de manière très pornographique, certes (au plan des combinaisons du moins), certes, mais avec un "naturel" qui contrevient à l'esprit de performance, et d'excès que l'on trouve dans le X (et qui m'irrite profondément). Pour moi, quand je lis JFC, mon intelligence n'est pas violée (au sens de faire violence à), elle est seulement mise entre parenthèse. Si cette discussion se poursuit, je vais être obligé de réfléchir sérieusement à la chose, et d'écrire une note sur le sujet!
PS: Je pense, comme vous, que la partie sur la bisexualité masculine est la meilleure du livre (pour ma part, je n'avais jamais vu nulle part les choses présentées sous cet angle: cet abord du sujet, à mon sens, est exemplaire, pour qui voit dans l'homosexualité, une barrière infranchissable, l'ultime transgression...).
Le mercredi 21/02/2007 à 12:40 par Georges :
Je réponds à votre question, Six, en vous invitant à lire ceci:
http://lesliaisonsdangeureuses.blogspirit.com/archive/2006/09/14/lecture-erotique.html
JFC est certes bête mais efficace!...
Le mercredi 21/02/2007 à 14:18 par affrivolante :
vagant, ne reniez pas ce qui vous a su vous procurer un plaisir, fusse til éphémére.....
Parfois, même si Etienne éjacule quatre fois en cinq pages, il est agréable de se laisser porter par des ecrits ou des images simples, sans second dégré et qui ne font appel qu'au strict minima de notre moi....
Je revendique le droit de pouvoir être une midinette à mes heures...:-))
Le mercredi 21/02/2007 à 15:47 par Georges :
"des images simples, sans second degré" dites-vous, Affrivolante, oui, c'est cela en effet, quitte à friser le simplisme; une certaine insouciance, loin de la gravitude habituelle, qui, trop souvent, plombe le libertinage.
Eh, bien oui, moi aussi je revendique le droit, moi à qui on a parfois collé l'étiquette d'intello du sexe, de libertin cérébral, d'être un midinet écervelé!
(A ce propos, je viens, pour la première fois, de faire un tour dans votre boudoir: je l'ai trouvé fort agréable).
Le mercredi 21/02/2007 à 18:05 par affrivolante :
elle vous en sait gré :-))
Le mercredi 21/02/2007 à 21:41 par Vagant :
Madame B, si pour être excitant il faut être aussi plat qu'Etienne de JFC, je préfère me faire moine.
Six, les Métamorphoses de Françoise Rey sont en effet décevantes. Moi, j'avais bien aimé "la femme de papier" de cet auteur, mais mon avis n'est pas partagé par tout le monde. Le 23 et le 25, je publie "le gage" sur ce blog. Vous me direz ce que vous en pensez. J'en ai d'autres qui correspondront encore mieux à votre profil, mais que je publierai ultérieurement.
Le mercredi 21/02/2007 à 21:57 par Vagant pour Affrivolante :
Me suggérez-vous de laisser parler la bête qui sommeille en moi ? Vous ne seriez pas la première à me le dire. On m'a déjà reproché de trop me contrôler.
Le mercredi 21/02/2007 à 22:11 par Vagant pour Georges :
Georges, je crois que la pornographie, c'est le sexe "gratuit", au sens du sexe sans raison, de but en blanc. Et chez JFC, c'est tout à fait ça. Quant à la performance, excusez-moi. Certes Etienne ne nous dit pas "je vais battre mon record", mais il aligne sans sourciller les sodomies et les éjaculations à longueur de nuits comme les meilleurs hardeurs, tout comme il égrène les millions de dollar entre deux triples pénétrations.
Mais réfléchissez un peu plus à la chose (éventuellement avec l'aide de votre amie Miranda) ce qui sera très utile pour la suite de notre éventuelle collaboration ;)
Le mercredi 21/02/2007 à 23:09 par Flore :
Je commente ici sans avoir lu les commentaires précédents - simplement pour citer une anecdote au sujet de "Diane".
J'ai eu cet exemplaire entre les mains puisqu'il m'avait été offert par un amant.
Quelques semaines plus tard, je l'ai moi même transmis après lecture à un autre homme.
Chaque nouveau propriétaire a noté son nom sur la première page (initialement vierge).
Nous avons ainsi constitué un début de chaîne erotico-libertine. Ce livre a peut-être continué sa route ou a pu être oublié dans une sacoche en cuir.
Très symbolique ...
Si vous le voyez passer, c'est que nous sommes lointains amants.
Le mercredi 21/02/2007 à 23:32 par Comme une image :
Je ne connais pas JFC ; j'ai lu (ou l'on m'a lu) des bouts d'Esparbec en agréable compagnie, ça m'y fait un peu penser, du cul brut de fonderie, de la pornographie directe mais franche, qui s'écarte parfois un peu des grands clichés pénibles (i.e. la soubrette cochonne, comme ici) mais pas tant que ça.
Bref, je pose la question à quiconque aurait comparé : est-ce comparable ?
Le jeudi 22/02/2007 à 09:00 par Vagant pour Flore :
C'est drôle, je n'aurais pas choisi un roman de JFC pour jouer au livre voyageur, mais s'il passe entre mes mains, j'aurai une pensée émue en souvenir des émois qu'il aura provoqués. J'espère juste que les pages ne seront pas trop collées.
A propos, je ne sais pas si vous avez remarqué, Flore, mais l'odeur du sperme ne tient pas plus que les sentiments qui l'ont suscitée. J'ai un jour offert à une maîtresse un livre érotique dont la tranche avait été barbouillée de mon sperme frais, comme d'autres ouvrages mystiques sont dorés à l'or fin. Il n'avait pas été aisé de décoller les pages lorsque le sperme eut séché, et pour faire bonne mesure, je l'avais même aspergé de mon parfum. Et bien figurez-vous que quelques jours plus tard, ne subsistait plus que l'odeur de l'encre. Comme vous pouviez vous y attendre, cette femme a finit par me quitter. Les sortilèges ne sont plus ce qu'ils étaient.
Le jeudi 22/02/2007 à 09:02 par Vagant pour CUI :
J'ai aussi entendu grand bien d'Esparbec. Je vais essayer de m'en procurer un, à moins qu'une lectrice ne se dévoue pour vérifier les effets de ces mots doux déclinés d'une voix suave...
Le jeudi 22/02/2007 à 10:08 par Georges :
J'étais avant-hier à la Musardine, et j'ai vu une dizaine d'Esparbec sur les étales. J'en ai ouvert plusieurs au hasard, cela ne m'a pas convaincu, finalement, je suis reparti avec autre chose.
PS: Les scènes de cul dans JFC peuvent apparaître comme de véritables performances, mais elles ne sont jamais présentées comme des performances. Aucun personnage ne se vante d'avoir éjaculé dix fois. Les personnages ont simplement une soif inextinguible de plaisir: ce n'est pas réaliste, cela donne des complexes au lecteur, certes, mais ce n'est pas gênant (on est loin de l'esprit "sportif" du X). Le sexe est-il "sans raison", dépourvu de motifs, dans Etienne? Je ne le crois pas. Les personnes ressentent les uns pour les autres une attirance irrésistible, et sont amenés, pour cette seule raison, à faire l'amour ensemble indépendamment de leurs préventions initiales: ils sont presque surpris de ce qui leur arrive, aucun volontarisme, tout coule de source, c'est cela que j'aime, aussi.
Le jeudi 22/02/2007 à 15:13 par Vagant pour Georges :
Mais dans les films X aussi, aucun acteur ne se vante d'éjaculer dix fois. Tout semble effectivement couler de source, c'est le cas de le dire. C'est notre regard sur leurs performances, et nos éventuels complexes, qui nous donnent l'impression d'assister à un marathon sexuel. Etienne, par le simple fait que c'est un roman, nous distancie de la scène imaginaire. Mais si vous l'imaginez au point de la visualiser, vous verrez que c'est une scène de film X à gros budget.
Le jeudi 22/02/2007 à 16:07 par Georges :
Barthes parlait à propos d'une pièce de Racine de "forme creuse", au sens où chacun pouvait y projeter son état d'âme, ses inquiétudes, ses désirs. On pourrait en dire autant, toutes choses étant égales, de JFC, en ce sens que, pour mon part, j'y projette le fantasme d'une sexualité de l'apesanteur, et d'une sexualité sans peur...
Le jeudi 22/02/2007 à 16:52 par six :
Esparbec ne m'a pas fait frétiller non plus...c'est dire à quel point j'ai besoin de conseils de lectures! Pour tout dire j'ai trouvé plus excitants certains passages des romans de Murakami que tout ce que je trouve au rayon "érotique" pour le moment....
Six
Le jeudi 22/02/2007 à 17:00 par Ysé :
Six, je ne suis pas loin de penser comme vous. Globalement la littérature qui se veut érotique ne me satisfait pas. Tout au plus cela m'émoustille, mais attachée au style comme je le suis, je ne parviens pas à prendre mon pied ainsi. Les écrivains, les vrais me font plus vibrer en un passage sensuel que les livres dans lesquels on trouve une scène de cul à chaque chapitre.
Après il y a tout de même une chose très intéressante que Vagant soulève. Le fait que même de la mauvaise littérature fasse bander ou mouiller. C'est là je pense qu'on voit le côté "mécanique" de la littérature. Même quand les scènes sont explicites voire à la limite des films pornos les plus affligeants on peut laisser vagabonder l'imagination.
La littérature support ou invitation au fantasme?
Le jeudi 22/02/2007 à 17:35 par Georges :
Il ressort de tous ces commentaires sur Etienne qu'on ne peut pas se débarrasser de ce roman d'un revers de main: la prose de JFC pose une question centrale, qui est celle des "ressorts" (mystérieux) de l'excitation dans l'écriture (car bien entendu, il ne suffit pas de parler de bites et de chattes pour qu'il se passe quelque chose). Pour moi, je ne suis jamais aussi satisfait de ce que j'écris que lorsque le lecteur me dit qu'il a été excité par ce qu'il a lu...
Le vendredi 23/02/2007 à 14:11 par Vagant :
Ysé, je crois que tu viens de mettre le doigt sur le fond du problème: la mécanique de l'excitation sexuelle. Au fond, peu importe le thème et la richesse du style, c'est la construction qui compte.
Pourquoi les polars sont-ils efficaces ? Pourquoi nous accrochent-ils ? Parce qu'ils adoptent tous une construction propre à ce genre: intrigues parallèles qui s'entrecroisent, succession de scènes sur le mode découverte-explication au lieu de cause-effet. Tout est mis en place pour surprendre le lecteur en permanence, pour le captiver. Et pourtant, que reste-t-il après avoir lu un polar: rien, sinon le vague souvenir d'avoir été tenu en haleine malgré soi tout au long d'un livre qui ne nous aura rien appris.
La mécanique érotique est sans doute plus complexe. Le seul principe qui semble tenir la route est celui de la gradation, comme le souligne Georges. Celui de la transgression semblant quant à lui discutable à la lumière des textes de JFC. Que reste-t-il après avoir lu JFC: rien, sinon le souvenir d'avoir été excité malgré soi.
Georges, vous avez au moins raison sur un point: il faut étudier les ressorts de cette excitation au delà du principe de gradation, et pour aller plus loin dans la "captivité" du lecteur, je pense que le roman érotique devrait adopter certains ressorts du polar.
Le vendredi 23/02/2007 à 15:27 par Georges :
Absolument d'accord! et d'autres encore, qu'il ne sied pas de dire ici...
Le vendredi 23/02/2007 à 23:26 par Cali Rise :
J'ai lu Diane... Je ne l'ai pas lu en y cherchant quelque chose d'éminemment intelligent. Je ne l'avais pas acheté pour cela, non ? Pour Etienne... Pour moi, Etienne est lié à Guesh Patti comme le petit poisson est lié à Elli...
Quant à La femme de papier, jamais dépassé les premières pages alors que j'ai dévoré Diane.
Le samedi 24/02/2007 à 12:17 par Comme une image :
@ Ysé & Six & les autres >
Pour de l'érotisme radicalement différent, je recommande (une fois de plus, ça vire à la monomanie) « le point d'orgue » de Nicholson Baker.
Le samedi 24/02/2007 à 13:20 par Vagant :
Je crois que je vais lire Diane afin de me faire un avis définitif sur la question JFC, ainsi que le point d'orgue de Nicholson Baker si je parviens à ne pas sombrer dans les bras de morphée avec les notes de bas de page... Quant à la "femme de papier", qui reste pour moi un bon livre érotique, je pense écrire une note à ce sujet.
Le dimanche 25/02/2007 à 15:11 par Six :
@ Ysé: la suggestion, l'invitation et l'étonnement, voilà, c'est exactement ce que je ressens : lorsqu'un passage est érotique dans un roman qui ne l'est pas par ailleurs ou pas étiqueté come tel , il se trouve doublement érotique, parce qu'en tant que lectrice ou lecteur, il nous place dans la position active, pour ainsi dire du voyeur. L'excitation est alors exclue de la sphère pornographique, de fait, c'est un peu comme une bretelle qui dépasse ou une cambrure que l'on devine sous une étoffe (par opposition à une nudité plus flagrante), l'excitation s'offre moins, elle se joue de nous. Le passage érotique dans un roman qui ne l'est pas bouscule le fil de la lecture, des pensées et des images mentales.
En fait, pour moi un passage érotique, c'est un peu une Lolita, un roman érotique, une marquise de Merteuil. les deux sont efficaces mais pas avec les mêmes méthodes, ni avec les mêmes armes de séduction, et pour l'instant je n'ai pas osé, ou pas su, me confronter à la Marquise, mais grâce aux conseils de lectures de Georges, C.U.I. et de notre hôte, que je remercie au passage, j'espère bien améliorer mon point de vue!
Six
Le dimanche 25/02/2007 à 16:42 par Georges pour Vagant et tous les autres :
A propos de Diane, je veux dire ceci. Dans ce roman, il y a une scène de trio FFH, comme on dit, qui, Madeleine et moi nous avait fortement émus (c'est un euphémisme); à la suite de quoi, j'avais promis à ma douce que nous réaliserions le "rêve de Diane". Plusieurs mois ont passé et, un jour, une jeune femme nommée Artémis a croisé notre route. Madeleine lui a donné le roman à lire. Quelques jours plus tard, elle est venue dîner à la maison. Cette nuit-là, en sa compagnie, nous avons réalisé le rêve de Diane (sans doute le moment érotique le plus fort de toute mon existence). Je raconte tout cela par le menu dans NOLDA (vous vous en doutez bien!) en une douzaine d'épisodes (et encore j'ai coupé la fin!!!). Tout cela pour dire que je me sens très redevable de JCF, en ce sens qu'il nous a aidé à vivre un moment exceptionnel...
Pour ceux qui n'auraient pas lu cette histoire, j'indique le lien:
http://lesliaisonsdangeureuses.blogspirit.com/archive/2006/06/11/artemis-ou-le-reve-realise-i.html
Le lundi 26/02/2007 à 10:53 par Vagant :
Georges, je comprends mieux votre tendresse pour JFC. Comment pourrait-il en être autrement après avoir initié de tels plaisirs ? Mais avouez tout de même que ce n'est pas très objectif...
Le lundi 26/02/2007 à 17:58 par Georges pour Vagant :
Je ne cesse de prétendre à l'objectivité, mais je suis, en réalité, le plus subjectif des hommes! Oui, ma lecture de ce roman est partisane; oui ce roman a des vertus (érotiques) universelles.