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25 octobre 2007

Mission libertine - III

    Sarah s’enfonça, avec une certaine appréhension, dans l’étroit boyau caché aux confins de la rue Larrey. Elle déboucha dans la rue Georges Desplas, contourna la mosquée par la rue Daubenton, pénétra dans un petit patio décoré d’émaux polychromes avant de s’infiltrer dans le café mauresque. Là, elle présenta son sésame pour le bien être au guichet du hammam, caché derrière le présentoir de pâtisseries orientales. La caissière l’ensevelit aussitôt sous une avalanche de détails indispensables sur l’art et la manière de profiter pleinement des soins proposés, et Sarah se retrouva, un paréo en main et quelques débris d’explications à l’esprit, face à une paire de prunelles qui la dévisageaient de la tête aux pieds. Elle traversa lentement une salle à colonne, fontaine et matelas sur lesquels s’allonger, en direction de la jeune femme aux cheveux noirs qui ne cessait de la fixer depuis les vestiaires. Des gouttes perlaient dans ses cheveux bruns bouclés, glissaient tout au long de sa gorge, s’enfonçaient entre ses seins recouverts d’un paréo plaqué sur sa peau par l’atmosphère saturée d’humidité. La jeune femme aborda Sarah :

fb5edbe3b29ec77b7dc9afb0df752818.jpg- Bonjour, je suis Petit Nénuphar.
- Oui… et alors ?
- Je suis là de la part de Vagant qui m’a demandée de passer cette matinée, ou tout au moins ce qu’il en reste, avec vous…
- Ah… vous êtes donc l’agent secret, Petit Nénuphar 007 ?
- Oui, mais entre nous, vous pouvez m’appeler Marina, dit-elle d’une voix suave et les paupières en papillons.

    Sarah se déshabilla dans le couloir qui faisait office de vestiaire, sous le regard de Marina qui n’en perdait pas une miette. Elles éclatèrent de rire en constatant que le haut du bikini rose barbie que j’avais préparé à l’attention de Sarah ne contenait guère plus que les mamelons de son opulente poitrine, ce qui aurait été parfait pour jouer les James Bond girls sur une plage de Copacabana, mais flirtait avec l’attentat à la pudeur parmi les opulentes matrones maghrébines venues pour leur séance de papotage hebdomadaire. Sarah opta donc pour le maillot que je lui avais demandé d’emporter avec elle, car je n’étais pas du tout sûr de ses mensurations. Il faut dire que je n’avais vu ses seins que du creux de la main.
    Dans la salle de transpiration, Marina étala le savon noir sur le dos de Sarah avec autant de sensualité que d’application. Avec cette atmosphère saturée d’humidité, le savon se transformait en pâte onctueuse qui se liquéfiait entre les doigts et s’infiltrait dans tous les pores de la peau. Sarah sentait de douces mains se promener sur tout son dos, qui  insistaient sur ses épaules, tout au long de sa colonne vertébrale, jusqu’aux reins. Chaque geste distillait une langueur qui envahissait sa conscience. Marina lui fit pourtant remarquer qu’une certaine tension subsistait dans le corps de Sarah : son esprit s’était abandonné plus vite que son corps n’avait pu suivre. Sarah enfila un gant de gommage pour le passer lentement sur ses jambes. Qu’il était bon de pouvoir enfin s’occuper de soi ! La caresse du gant sur son corps acheva de la détendre, de ralentir enfin le rythme de sa respiration, et elle proposa à Marina de lui passer le gant sur les jambes. Sans attendre sa réponse, Sarah commença par les mollets de son accompagnatrice. Assise les jambes pliées, légèrement écartées, les pieds à plat sur la dalle de marbre où elles étaient installées, Marina était parfaitement détendue, le buste en appui sur ses mains derrière elle. Sarah remonta jusqu’aux genoux pour redescendre le long des cuisses, sans s’aventurer trop près du maillot de Marina, mais en exerçant une pression modérée, quoique de plus en plus accentuée à chaque passage sur l’intérieur de ses cuisses.
    Enfin s’allongèrent-elles sur leur serviette étalées côte à côte. Marina ôta discrètement son maillot, le haut et puis le bas, pour mieux profiter de la vapeur d’eau sur tout son corps. Entre ses paupières à demi closes, Sarah caressa du regard la peau luisante de son guide dont les petits seins oscillaient au rythme de sa respiration paisible. Son ventre avait conservé les stigmates de la vie qu’il avait dû porter, et son pubis dont la toison était entretenue comme un jardin a la francaise ne cachait aucun mystère. Sans réfléchir, Sarah abandonna ses derniers complexes avec son maillot, et elle savoura à son tour la sensation de liberté, d’unité du corps, comme si son maillot avait matérialisé des frontières désormais abolies. Elles restèrent ainsi allongées, entièrement nues, avant d’essayer la dernière salle, chaude jusqu’à l’insupportable. Enfin vint le massage, un massage ferme, pour ainsi dire viril s’il n’avait pas été dispensé par des femmes employées du hammam. Tandis que l’heure tournait au point que Sarah commençait à s’en inquiéter, Marina lui proposa de retourner encore quelques minutes dans la salle de transpiration.
    Il y avait un peu moins de monde qu’auparavant, tout au plus une douzaine de personnes dans la pénombre de la pièce baignée de vapeur, ce qui lui conférait une atmosphère plus intime. Tout en bavardant de choses et d’autres, Marina commença à masser Sarah qui s’était allongée sur le dos. D’abord au niveau des épaules, ses mains descendirent sur la poitrine tout en prenant soin de contourner les seins : elles ne pouvaient s’empêcher de guetter les réactions des autres femmes malgré la buée qui les transformaient en vagues silhouettes alanguies, et qui ne semblaient manifester que de l’indifférence à voir deux amies se masser mutuellement. Les mains de Marina allaient et venaient sur le ventre de Sarah, s’approchaient toujours un peu plus près de son pubis tout en accentuant leur pression, et glissèrent subrepticement sur l’aine pour s’attaquer aux cuisses, touchant ainsi du doigt l’ambiguïté de la situation : Elles papotaient sur un ton badin au cours d’un massage dont la sensualité confinait à l’érotisme, comme on jette un voile pudique sur les chairs exacerbées. Enfin, les paroles s’éteignirent sous le souffle du désir et Sarah ferma les yeux sur son consentement. Encouragée par un sourire esquissé, Marina caressa enfin les seins convoités, chacun selon une spirale culminant au tétin. Sarah se serait abandonnée au trouble qui l’envahissait si elle ne s’était pas souvenue du temps qui passait. Il lui fallait rapidement se remettre les idées en place, et elle alla s’immerger dans la vasque d’eau froide au cœur de la pièce la plus chaude. Seule dans l’eau, les deux femmes présentes dans la pièce ne purent s’apercevoir que Sarah se pinçait les tétons, titillait son clitoris et caressait ses grandes lèvres imberbes après l’épilation de la veille.
    À peine soulagée, Sarah dût néanmoins retourner au vestiaire, où Marina lui remit une seconde enveloppe. Elle l’ouvrit aussitôt, et la curiosité laissa place à la stupréfaction.

À suivre…