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29 octobre 2007

Mission libertine – IV (1)

l'origine de cette photo...    C’est pour ainsi dire une question de vie ou de mort : je dois prendre la première qui se présente.
    Elle arrive bourrée comme une bavaroise à la fête de la bière. Tant pis. Je joue des coudes pour m’en approcher, être le premier à m’y enfoncer, comme une brute. Elle se traîne jusqu’au bout du quai noir de monde, s’arrête enfin, semble hésiter, et elle vomit un flot de voyageurs exténués. La rame en ingurgite aussitôt une autre rasade dont j’ai su faire partie.
    Le métro m’éructe à Wagram. J’ai trente-cinq minutes pour trouver une bouteille de champagne, un plateau de petits fours, et l’hôtel Mercedes à la façade Art Déco et aux vitraux géométriques. Hôtel de charme côté face. Cathédrale luxurieuse côté pile. Quarante minutes plus tard, je monte les escaliers quatre à quatre jusqu’à la porte de ma chambre. Toujours la même, curieusement, comme si je faisais du sur place. En luxure comme en art, le renouveau n’est qu’un éternel recommencement.
    Je me déshabille intégralement. Une douche, une goutte de parfum… et je réalise que j’ai oublié un élément fondamental de mon scénario : le bandeau ! Tant pis, j’en improviserai un avec une serviette de bain. Je retourne dans la chambre, j’attache le bout de mon ceinturon à la tête de lit et je forme un nœud coulant avec la boucle.
    C’est maintenant l’instant crucial : j’ai cinq minutes pour ouvrir la porte de la chambre, la laisser entrebâillée, m’allonger dans le lit, nouer la serviette autour de ma tête, glisser mes mains jointes dans la boucle du ceinturon et tirer un coup sec.
    Voilà. Mes poignets sont pris. Il ne me reste plus qu’à l’attendre. Oh, je n’ai pas peur de rester accroché là si elle ne venait pas : je pourrais me détacher tout seul sans trop de difficulté. J’ai simplement peur qu’elle ne vienne pas, tout comme j’appréhende son arrivée. La tension monte, impérieuse, dans tous mes membres, tous… Ça y est ! Ma tortionnaire vient d’entrer ! La porte claque derrière elle. Je l’entends poser un sac lourd de brûlantes promesses. Elle s’approche de mon corps étendu, à demi nu, au point que ses doigts frôlent mon buste dans un silence sensationnel. Ils repoussent la lisière de ma nudité jusqu’à s’octroyer ma virilité orgueilleuse. Enfin ! À moi la grande vie et la petite mort !

    J’avais quelques heures à attendre Sarah aux alentours de la mosquée, et mon esprit vagabondait dans les souvenirs cuisants laissés par ma dernière nuit avec elle : un vrai défi, pour la troisième fois, lancé par écrit quelques jours auparavant…

Très chère Sarah,

    Après avoir versé un peu de piment sur une blessure encore vive, ou tout au moins sur une certaine irritation de vos muqueuses, entre autre, je vous offre le baume de la vengeance : Je vais m’offrir à vous. Non pas comme une femme s’offre à un homme, dans l’attente d’un plaisir partagé, mais comme un esclave s’offre à son maître, dans l’attente du seul plaisir pervers du maître aux dépends des supposées souffrances de l’esclave. Pratiquement, nous allons nous donner rendez-vous dans une chambre d’hôtel où je vous attendrai, en pleine lumière, presque nu, les yeux bandés et les poignets liés à la tête du lit. Offert et soumis, vous pourrez faire de moi ce que vous voudrez. Oui, vous avez bien lu, vous avez carte blanche, je vous fais confiance pour être une dominatrice vicieuse, perverse, sadique. Vous pourrez donc me faire subir tous les sévices, toutes les humiliations, jusqu’à ce que je demande grâce, jusqu’à ce que je dise stop, ce qui mettrait immédiatement fin au jeu et vous ferait gagner ce défi.
    Je laisse à votre imagination débordante le soin de choisir ce que vous allez me faire subir, le plus évident consistant à vous équiper afin d’appliquer les préceptes de Vatyayana, auteur du Kamasutra : « Quelque chose que l’un des amants fasse à l’autre, celui-ci doit lui rendre la pareille : baiser pour baiser, caresse pour caresse, coup pour coup ». Quoi que vous me fassiez, je vous demanderai seulement la faveur d’être progressive, pour ne pas m’infliger de blessures qui certes me feraient rendre grâce, mais risqueraient aussi de terminer brutalement et prématurément notre rencontre. D’un autre côté, je vous promets de ne pas tricher en me masturbant pour vous imputer ensuite ma jouissance.
    En effet, toute médaille a un revers : Si au cours de cette séance je venais à jouir, si vous veniez à faire couler mon sperme, volontairement ou non, alors cela mettrait fin au jeu en me faisant gagner la partie. Le chocolat que je vous offre est donc bien amer, car vous ne pourrez en aucun cas jouir de ma virilité sans risquer de me faire jouir aussi. Par ailleurs, je garderai le bandeau tout au long de notre entrevue, je ne croiserai pas votre regard, et ce n'est pas encore cette fois-ci que je verrai votre visage en pleine lumière. Tel sera le seul tabou de ce jeu. De votre côté, vous pourrez vous repaître du spectacle de ma nudité - hormis le bandeau qui cachera le haut de mon visage - et même l’immortaliser si l’envie vous en passait par la tête, vous avez carte blanche vous dis-je, avec la liberté de me détacher, de me ligoter davantage, ou d’inviter un bataillon pour participer à ma reddition si cela vous chante ! L’enjeu de ce défi sera un gage auquel le perdant devra se soumettre, et une proposition de jeu pour la rencontre suivante. Je pense que vous accepterez ce défi, dont la victoire ou la défaite ne se joue qu’à un mot ou un geste. Il va sans dire que je serais très déçu que vous le refusiez. 
    Enfin, je ne résiste pas au plaisir de citer Beigbeder : « Les hommes craignent la vie de couple pour une seule raison : La peur de la routine. Cette peur en cache une autre : celle de la monogamie. Les types n’arrivent pas à admettre qu’ils puissent rester toute leur vie avec la même femme. La solution est simple : il faut qu’elle soit bonniche et putain, vamp et Lolita, bombe sexuelle et vierge effarouchée, infirmière et malade ».

    Au plaisir de tout,

Vagant

À suivre…

Commentaires

Le lundi 29/10/2007 à 11:14 par six :

Je laisse à votre imagination débordante le soin de choisir ce que vous allez me faire subir, bel exemple de domination inversée, comme on y revient!
« Quelque chose que l’un des amants fasse à l’autre, celui-ci doit lui rendre la pareille : baiser pour baiser, caresse pour caresse, coup pour coup », encore raffiné par une promesse d'égalité dans le traitement, citation à l'appui!chapeau bas, Monsieur Vagant! Aurons nous le plaisir de lire la réaction de la belle?

Le lundi 29/10/2007 à 17:13 par Vagant :

Absolument ! En fin de compte, il me faut tirer les ficelles pour pouvoir jouir d’une position de soumission qui n'est pour moi qu'un rôle de composition. Je vais expliciter tout cela dans la seconde partie du chapitre IV qui entrera dans le vif du sujet, c’est le cas de le dire.

Le lundi 29/10/2007 à 19:56 par X-Add :

Pourtant cher Vagant, vous vous soumettez pour ne pas perdre et surtout ne rien donner.
d'un coté la menace: "risqueraient aussi de terminer brutalement et prématurément notre rencontre"
De l'autre le plaisir: "Si au cours de cette séance je venais à jouir, "
Donc la défaite est evidente.
Je crois votre imagination fertile pour que mes mots soient déniés. Mais n'empeche que votre histoire est illusoire.
Votre histoire ne me deplait pas tant elle est perverse, mais je ne la crois pas crédible.
bien a vous

Le lundi 29/10/2007 à 20:02 par Ex-mot :

Juste pour illustrer qu'il n'y a pas que l'homme qui craint la routine du couple... Chaque femme rêve d'avoir trois hommes à la fois : un aristocrate, un sheik et un étudiant. Cela fait chic, chèque et choc.

(Cette petite parenthèse n'entame en rien mon enthousiasme pour cette belle série de missions riches en situations tentantes)

Le lundi 29/10/2007 à 20:06 par Vagant pour X-Add :

Pas crédible dites-vous ? Que vous le vouliez ou non, cette lettre fût écrite et le défi relevé : Je me suis soumis à cette femme pour une séance de domination dont deux issues étaient possibles : ma jouissance d’une part auquel cas le défi était gagné pour moi, ma reddition d’autre part auquel cas le défi était gagné pour elle. La mise en garde que vous citez n’est que de pure forme : Je faisais assez confiance à Sarah pour me livrer à elle dans ces conditions et je me doutais qu’elle n’en viendrait pas à me blesser bêtement, tout comme je la sentais capable de m’infliger d’amusant sévices assez douloureux pour me pousser à la supplier d’arrêter. Est-ce plus clair ?

Le lundi 29/10/2007 à 20:08 par Vagant pour Ex-Mot :

Excellent !

Le lundi 29/10/2007 à 23:26 par Comme une image :

@ Six > Concernant le sieur Vagant, il y a récidive, comme je l'avais exprimé ici sur une note si ancienne que je ne saurais la nommer (bien avant mon récent commentaire chez toi, donc).

Le mardi 30/10/2007 à 11:33 par Six :

@ C.U.I Il me semble me souvenir d'une, voire même peut-être de plusieures notes assez anciennes abordant et détournant le sujet, ici, mais dans celles auxquelles je pense Vagant endossait le rôle du maître je crois!

Le mardi 30/10/2007 à 13:30 par Vagant pour Six et CUI :

Je ne suis pas trop sur de ce a quoi vous faites reference. Est-ce une de ces notes la: http://extravagances.blogspirit.com/tag/domination ?

Le mardi 30/10/2007 à 16:10 par Six :

Oui, je pensais à "De la domination et "Détective", et je vais pouvoir lire "la cliente" qui m'avait échappé(e)!

Le vendredi 02/11/2007 à 09:26 par hélène :

Très beau, très fort, très subtil... Je reviendrai.

Le vendredi 02/11/2007 à 11:07 par Vagant pour Hélène :

Merci ! La suite lundi, un peu (franchement ?) plus "hard"...

Le vendredi 02/11/2007 à 13:30 par Fée d'Hiver :

Il y a des notes où j'aimerais prendre la place de l'héroïne. Celle-ci en fait partie!
Lundi, encore plus "hard". Patience donc. J'en ai l'eau...

Le vendredi 02/11/2007 à 16:50 par Vagant pour Fee d'Hiver :

Lundi, ce sera pour vous l'occasion de mesurer votre imagination a celle de Sarah !