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11 février 2008

Mission libertine - XIII

    En tout et pour tout, Sarah en avait pour une heure. Elle devait sortir du parking, prendre le boulevard Saint Germain, tourner au carrefour de l’Odéon et filer sur les quais tout au long de la Seine jusqu’au pont de la Concorde. À partir de là, elle devrait traverser la place du même nom, puis celle de la Madeleine, et aussi tout le Boulevard Malesherbes jusqu’au périphérique à prendre porte d’Asnières avant de plonger en banlieue où trouver à se garer…
    Sarah blêmit devant la véritable épreuve que constituait ce parcours du combattant automobiliste parisien. Assise dans sa voiture, le regard perdu sur le plan, elle se demanda si elle n’allait pas abandonner. Eprouvée par toutes ces émotions, elle ressentit le besoin impérieux de se détendre un instant, autant que d’échapper au parking glauque dont les haut-parleurs crachotaient une musique de superette. Elle bascula son siège en arrière, enclencha un CD dans l’autoradio, et prit machinalement ses boules de geisha qu’elle fit rouler dans la paume de ses mains. La voix jazzy du groupe tok tok tok envahit l’habitacle pour lui souffler une réponse subliminale tandis qu’elle fermait les yeux.

 

podcast


How, can I feel complete,
When there is something restless deep inside of me?

    Ce que Sarah ressentait profondément en elle, c’était le petit godemiché, mais il était désormais inerte et elle devait le retirer. Elle se couvrit le bas du corps avec son blouson, ses doigts détachèrent le bouton de son jean, ouvrirent la glissière, et elle fit glisser le pantalon le long de ses cuisses. À tâtons, elle baissa son slip, fit sauter les boutons pression qui fixaient les élastiques du papillon à ses hanches, et elle libéra son calice de l’emprise du butineur. A sa grande surprise, elle était encore humide. Machinalement, elle laissa son doigt glisser sur sa vulve vide.

Once in your life, you want to hear the call,
Or you’ll find that the time is a…

Sous la caresse de la musique et de son doigt, Sarah se détendait peu à peu, tandis que son esprit vagabondait vers celui qui lui faisait vivre cette folle journée. Depuis des mois, il avait rempli sa messagerie, son imaginaire érotique, ses désirs charnels, jusqu’à remplir sa chatte et son cul. À cette évocation, elle sentit son intimité se contracter sur son doigt trop mince. Faute de mieux, elle y fit glisser sans difficulté les boules de geisha qu’elle tenait encore dans l’autre main.

I simply want to leave,
But sometime it’s hard when you can’t begin.
Laid in your life: you gonna miss it all,
You’ll find that the time has flown away
And it’s never ever coming back!

    Le claquement d’une portière la ramena brutalement sur terre, ou plus précisément sous terre. Elle remonta son slip, boutonna son jean et redressa son siège.
    Une heure plus tard, incrédule, Sarah vérifia une fois de plus l’adresse en se demandant comment elle était parvenue entière devant cet immeuble inconnu. Le cœur battant, elle composa le code de la porte d’entrée qui s’ouvrit comme par magie. Elle pénétra dans la fraîcheur d’un hall ténébreux, et entreprit l’ascension d’un escalier en colimaçon avec les boules de geisha qui roulaient dans son intimité. Au premier palier, elle commença à sentir leur pression sur la face antérieure de son vagin. Au second, elle se mordit les lèvres pour juguler un gémissement intempestif. Arrivée au troisième, elle était à bout de souffle, le visage cramoisi. Accroché à la poignée de la porte de gauche l’attendait un petit sac en papier. À l’intérieur, elle trouva un foulard rouge emballé dans du papier de soie, et bien entendu une lettre qu’elle lut d’une main tremblante.

Très chère Sarah,

Toutes nos félicitations pour être enfin arrivée à la dernière étape de cet examen. C’est maintenant l’heure de vérité. Prenez le foulard dans l’enveloppe, bandez-vous les yeux, puis poussez la porte entrouverte, celle d’où provient cette musique lancinante qui met votre sens auditif à l’épreuve. Entrez, et claquez la porte derrière vous. Sentez-vous ma présence ? Je vais venir vous chercher pour m’acquitter du gage que vous m’aviez donné : vous déshabiller sans l’aide de mes mains, avec ma bouche, mes pieds, ou tout autre outil dont je pourrais disposer. Ensuite, je vous indiquerai oralement quelle est l’ultime épreuve qui testera vos quelques sens qui ne l’ont pas encore été.
Si les surprises que je vous ai réservées jusqu’à présent furent bonnes, la dernière le sera plus encore. Je sais quelles sont vos limites et j’ai conscience de flirter avec elles en vous demandant de passer le pas de cette porte. Sachez seulement qu’au delà vous attend le plaisir, rien que le plaisir, dans une configuration dont la perspective vous a toujours enchantée.

À tout de suite,

Vagant

    À peine Sarah avait-elle terminé de lire cette lettre qu’elle entendit tourner une poignée de porte.

À suivre…

Commentaires

Le lundi 11/02/2008 à 16:14 par yoyostereo™ :

c'est sympa ici et y'a du chauffage…

Le lundi 11/02/2008 à 19:20 par A@T :

(J'ai rêvé d'une rencontre avec un homme où il y avait un escalier colimaçon, je l'ai retranscrit dans mon dernier post, c'est troublant :)
Pour revenir à votre rencontre si Sarah avait les yeux bandés, vous par contre non, du coup si elle ne vous avait pas plu ?!!!!

Le lundi 11/02/2008 à 19:55 par Vagant pour A@T :

Oui, je l'ai lue. Sympathique histoire, surtout la chute.

Pour en revenir à cette rencontre, il s'agissait de la quatrième et je savais tout de même à quoi m’attendre. En revanche, votre question me laisse penser que je n'ai pas su rendre les précédents épisodes assez attractifs pour que vous les lisiez, ou qu’avec ses nombreux flash-back le plan est si tarabiscoté que l'histoire en est devenue incompréhensible ce qui est pire encore ! Dans un cas comme dans l’autre, je suis le seul fautif…

La première rencontre, je l’ai racontée au chapitre 10 et nous étions alors dans le noir complet. La seconde, je l’ai évoquée au chapitre 6 et nous étions alors dans une obscurité un peu plus permissive. La troisième, je l’ai décrite au chapitre 4 et c’était moi qui avait alors les yeux bandés. De surcroît, après avoir suivie Sarah dès le chapitre 2, je savais à quoi elle ressemblait en pleine lumière même si elle ne m’avait pas reconnu.

Aussi je vous demanderai de revoir ces points dans la version pdf ( http://extravagances.blogspirit.com/files/nouvelles/Mission_Libertine.pdf ) et m’indiquer les points que je devrais développer pour plus de clarté. Je songeais par exemple à mettre des dates en tête de chaque lettre et au début de chaque flash back, qu’en pensez-vous ?

Le lundi 11/02/2008 à 19:57 par Vagant pour yoyostereo™ :

Au moins un auquel ça donne chaud. Tout espoir n’est donc pas perdu. Revenez quand vous voulez

Le mardi 12/02/2008 à 20:30 par A@T :

Je suis une vilaine, j'avais pas tout lu parce qu' habituellement presque rien ne m'échappe :) Les dates c'est peut être une bonne idée pour mieux suivre.
Je vais donc expier ma faute, en relisant tranquillement la version pdf et m'infliger quelques doux supplices en // ;)

Le mercredi 13/02/2008 à 09:20 par MarieM :

Les dates, avec le nom des lieux, comme les correspondances que l'on échangeait autrefois ...cela poserait des repères et une touche nostalgique.
Mais surtout laissez nous ignorer la nature exacte des limites avec lesquelles vous flirtez, je trouve cela délicieusement déstabilisant

Le mercredi 13/02/2008 à 21:15 par Vagant pour A@T :

Expiez ! Expiez votre faute ! Je vous absous…
Alors, heureuse ?

Le mercredi 13/02/2008 à 21:25 par Vagant pour MarieM :

Les dates, oui, car elles font partie des entêtes des emails. Mais les noms de lieux non, car ce serait artificiel et n’apporterait pas d’information pertinente pour la compréhension du lecteur.

Mais que voulez-vous dire exactement avec « surtout laissez nous ignorer la nature exacte des limites avec lesquelles vous flirtez » ? Parlez-vous de la raison pour laquelle Sarah et moi nous étions livrés à ces scenarii, raison que je m’apprête à révéler dans les correspondances ? Ou bien d’autres limites ?

Le jeudi 14/02/2008 à 00:12 par dido :

je je suis libertine je suis un catin,
je je suis si fragile qu'on me tient la main,
cendre de lunes petite boule d'écume..

Le vendredi 15/02/2008 à 19:05 par A@T :

même pas une petite punition :)
Bon je continue ma lecture.

Le samedi 16/02/2008 à 17:30 par A@T :

Le lien ne marchait pas mais c'est pas grave j'y suis arrivée autrement, je vais être franche, c'est beaucoup trop long, j'ai pris vraiment trop de retard:)

Le lundi 18/02/2008 à 15:27 par Vagant pour A@T :

Trop long ? Et bien oui, que voulez-vous, cela a (ou plutôt aura) au moins une des propriétés du roman : la longueur ! Vous avez décroché rapidement ou renoncé dès le départ ?

Le lundi 18/02/2008 à 15:29 par Vagant pour dido :

Bienvenue, nouvelle commentatrice ! À part le titre, quelque chose d’autre vous inspire ?