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16 février 2007

Première soirée à l'Overside

Avril 2002. Nous arrivâmes à 23h30 dans un club déjà bondé. Mon accompagnatrice et moi nous faufilâmes entre les couples scellés par un slow sur la piste de danse, à la recherche de deux places confortables pour ne trouver que deux poufs au fond du podium. La faune locale était essentiellement composée de couples trentenaires BCBG, mais "particulièrement ouverts" comme se plaisait à répéter Nathalie devant le spectacle des bas résilles et des mains baladeuses. Quant à moi, c'était plutôt le fait de voir quelques couples de noirs qui me faisait opiner du chef, et pas que du chef d'ailleurs.

Nathalie était mon accompagnatrice, celle qui m'avait fait l'immense honneur d'accepter mon invitation en ce lieu de perdition. Je ne sais pas quel autre mot choisir. Amie est un peu exagéré vu que je ne la connaissais de visu que depuis quelques heures, même si nous entretenions une correspondance décousue depuis plusieurs mois. Et puis, amie avec un 'e', cela insinue une certaine intimité dans la bouche ou sous la plume d'un homme, un peu comme partenaire, alors que Nathalie n'était venue que pour voir, tout comme moi officiellement.

A propos d'ouverture, nous fîmes rapidement connaissance avec nos voisins de table, un couple disparate composé de Sandrine, une jolie grue aux cheveux courts, et d'un frisé dont la maturité n'était que physique. Nathalie exprima un vif intérêt pour le piercing que Sandrine affichait au nombril, et la jeune femme ravie écarta aussitôt les cuisses et son string pour dévoiler fièrement celui qu'elle arborait au clitoris. Le ton était donné. Je ne pus m'empêcher de songer à un distrayant concours de blessures de guerre lorsque Sandrine, Nathalie et son mari exhibèrent leurs tatouages, un papillon sur l'épaule pour l'un, un dragon à la cheville ou un petit serpent sur l'épaule pour l'autre. Dieu merci, le vieux frisé nous épargna son anneau au prépuce. A l'autre bout de la piste un transsexuel opéré exhibait ses petits seins siliconés. Nous étions à l'Overside, club libertin parisien.

medium_overside.jpgLa musique battait son plein et nous nous dandinions sur le podium sous l'emprise de la voix d'Aretha Franklin qui chantait "Freedom" transformé en gospel hédoniste. Nathalie qui n'était venue que pour voir, mais qui avait perdu quelques pudeurs, enlaçait Sandrine avec un plaisir affiché. Un couple de gogos danseurs fit son apparition avec des masques de scream, halloween oblige. Les masques et les capes tombèrent pour dévoiler une strip-teaseuse petit format et un chippendale body-buildé. Nathalie avait envie de tâter de la bête, je suggérai à Sandrine de l'aider un peu à surmonter les vestiges de sa timidité, et leurs mains s'égarèrent de concert sur le fessier convoité. Peut être est-ce cela qui poussa le musculeux viking, vêtu de chaînes et d'un micro string, à sortir de la cage où il jouait de tout ce que la nature lui permettait de gonfler, à s'approcher du couple saphique, et en caresser les rondeurs émouvantes. Aux regards alanguis de la gent féminine, je vis bien que le viking plaisait beaucoup. Avec sa barbe de quelques jours, il incarnait la virilité sauvage, le mâle brut de fonderie sur lequel les femmes fantasment, celui qui les change des dandys publicitairement corrects, rasés de près et bronzés aux UV, ou encore des cadres sous lexomil qu'elles se résignent à épouser. Peut être que la mode va revenir aux poils ? Derrière Nathalie, je n'en étais pas à ses réflexions sur le consumérisme sexuel mais je profitais honteusement de ce cafouillis de caresses pour y glisser les miennes, lorsque soudain un corps se plaqua sur mon dos pour s'en prendre aux boutons de ma chemise.

Ne pouvant voir l'auteur de cette délicieuse agression, et ne voulant me retourner par peur d'en rompre le charme, j'avoue qu'en cet instant je me mis à scruter la salle à la recherche du transsexuel de peur qu'il soit derrière moi. Mais déjà ma chemise était ouverte sur mon torse nu, je remerciais le ciel ou plutôt les enfers de ne pas avoir mis un marcel, et la petite gogo-danseuse en bikini intervertit les positions, plantant sa cambrure sur la bosse outrageuse de mon pantalon. Elle plaqua mes mains sur ses cuisses et ses reins aux miens, leur imprima un air de samba ensorcelant, et je la suivis comme un bateau ivre épouse la mer déchaînée, le mat dressé et toutes voiles abattues. Mes mains se mirent à glisser sur sa peau, ses cuisses, son ventre, sa nuque et ses seins lorsqu'elle eut dégrafé son soutien-gorge et que j'en eus fait glisser les bretelles sur ses épaules. Malgré mon esprit chauffé à blanc, j'avais immédiatement senti les limites du jeu, de cette exhibition qui n'avait d'autres buts que d'échauffer les esprits des clients. Je ne caressai pas ce corps ô combien désirable comme je l'aurais fait pour donner du plaisir à une vraie partenaire sexuelle, mais pour le mettre en valeur tel un acteur de série Z érotique façon M6. J'étais le gogo qui prenait son rôle de faire valoir à bras le corps, et je lui en donnais pour son argent puisqu'en fin de compte c'est elle qui serait payée. En attendant, je mimais une bonne levrette et ça me plaisait, car comme disait Hegel, le vrai est un moment du faux.

C'est ainsi que je me donnai de longues minutes en spectacle sur le podium d'un club échangiste, y trouvant un plaisir plus cérébral que charnel, sans craindre les remarques assassines de mon accompagnatrice qui suffoquait prise en sandwich entre les pectoraux du viking et du gogo danseur. Je ne vous raconterai pas la suite, les fameux salons câlins à la faune aussi dense que sur la piste de danse bien qu'encore moins habillée, leurs soupirs extatiques au lieu des rythmes synthétiques, les lumières rouges qui conféraient aux lieux un air de lupanar, éclairant faiblement les couples entrelacés qui s'accouplaient à la vue des autres, échangeant davantage les regards que les caresses...

Je ne vous raconterai pas la suite parce que je n'y ai pas participé. Cette première soirée en club libertin fut néanmoins une des meilleures que je n'ai jamais vécue, la pire ayant été paradoxalement la plus chaude.
Sexe débridé n'est pas forcément synonyme de bonheur accompli.

Commentaires

Le vendredi 16/02/2007 à 09:01 par Madame B :

Chaud de bon matin !

Le vendredi 16/02/2007 à 09:45 par affrivolante :

oula, beaucoup trop d'information pour mon petit coeur en ce matin de février!

mais je lirais la suite pour ne pas mourir idiote...ausi étrange que cela puisse paraitre (au vue de mon activité) , je n'ai jamais fréquenté aucun de ces temples de l'érotisme....

Le vendredi 16/02/2007 à 11:24 par Madeleine :

Affrivolante, c'est formidable, il vous reste alors quelque chose à découvrir ! J'envie celui ou celle...

Le vendredi 16/02/2007 à 17:09 par Vagant :

Affrivolante, je suis surpris qu'on ne vous ait jamais demandé un tel service ! De nombreux hommes seuls se font escorter pour pénétrer (hum... hum...) dans les soirées échangistes exclusivement réservées aux couples. En général, on trouve ces femmes accoudées au bar pendant que leur client courent les coins câlin. Je suppose que la prestation d'accompagnement n'inclut pas de service sexuel, tout au moins pour le forfait de base. On appelle ces filles des "passe porc", c'est dire si leur prestation est appréciée par les vrais couples libertins. Est-ce parce que une telle prestation dure bien 4 à 5 heures, que vous n'avez jamais songé à développer cette facette de votre activité ?

Madeleine, qui vous dit que notre amie Affrivolante souhaite se diversifier sur cette branche de l'activité d'escort-girl ? Envisageriez-vous qu'elle entre dans un club libertin pour... le plaisir ?

Madame B, j'espère que mon texte vous aura réchauffé pour la journée. Il fait un peu frais en cette saison...

Le vendredi 16/02/2007 à 18:55 par Madeleine :

Je n'ai pas précisé que je l'envisageais dans un cadre vénal, je l'envisageai en général. Il est vrai qu'on voit un certain nombre d'escortes en club mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose : d'abord elle sont jolies et cela permet de remonter le niveau, ensuite on peut parfois profiter de leur présence...
http://lesliaisonsdangeureuses.blogspirit.com/archive/2006/03/03/notre-2eme-soiree-au-no-comment-iii.html

Le vendredi 16/02/2007 à 19:44 par Vagant :

Madeleine, je n'avais jamais réalisé, avant de lire ce témoignage aussi troublant que bien écrit, que les motivations des unes et des autres m'importent probablement autant que l'attirance que j'éprouve pour elles. Savoir qu'une femme n'est pas là pour son seul plaisir, mais pour des raisons vénales ou parce qu'elle y est plus ou moins "forcée" par son partenaire, me coupe une partie de mon désir envers elle.

Le vendredi 16/02/2007 à 20:02 par Madame B :

vagant,
Mme B vit à Marseille et aujourd'hui elle était en marcel au soleil ;-)

Le samedi 17/02/2007 à 20:36 par Comme une image :

En ce qui concerne le marcel, une de mes amantes en était fétichistement fan.
Depuis, je n'ai plus honte d'en porter (j'évite toutefois les modèles à résille !).
Ça avait l'air d'une jolie soirée tout de même...

PS : je ne connaissais pas l'appellation « passe-porc », elle est assez drôle !

Le lundi 19/02/2007 à 13:47 par Vagant :

CUI, on parle en général de passeport, mais je trouve que "passe-porc" correspond assez bien à la réalité des faits. En ce qui concerne le marcel, je trouve cela sympa chez une femme, certainement sexy chez madame B, mais sur CUI, j'ai comme l'ombre d'un doute ;)

Le mardi 20/02/2007 à 09:51 par Tease :

Il faut que l'homme ai de très belle épaules et un torse musclé pour être sexy en marcel ... si c'est le cas .... hummmm... c'est craquant !!

Le mardi 01/05/2007 à 16:16 par camille :

Tu as rédigé de nombreux texte, mais celui ci : c'est mon préféré...

Pourquoi me demandes-tu ? Je trouve qu'il a tout, de l'humour, de la retenue et surtout l'impression de t'avoir accompagné... sourire....

Camille