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27 janvier 2014

L’homme trophée 2 – l’hallali

Quelques jours plus tard, Judith et Victor entrèrent à l’Overside, club libertin parisien célèbre pour ses fameuses soirées mixtes du dimanche soir. Victor qui ne fréquentait pas ce milieu ne se sentait pas à son aise.

-    Elle arrive quand ta copine ?
-    Dans une petite heure, le temps de finir sa soirée d’au revoir. On peut manger un truc en attendant.
-    Oui, n’empêche qu’on aurait été mieux chez moi.
-    Avec ton colocataire qui écoute aux portes ?
-    Tu trouves que c’est mieux ici ? Non seulement on va nous entendre mais aussi nous mater ! T’as pas vu la haie d’honneur des mecs qui attendent pour rentrer ?
-    T’inquiète pas darling, il ne peut rien arriver à un grand garçon comme toi ! Ludivine m’a dit qu’on peut vraiment s’éclater dans cette boîte. Il paraît que tout est bien géré et que les gens sont respectueux.

Judith et Victor furent conduits par le personnel vers un somptueux buffet que des couples de tous âges butinaient. S’il n’y avait pas eu ces alcôves encore vides, disposées le long d’un couloir à l’entrée du club, ils auraient pu s’imaginer dans une simple discothèque. La musique battait déjà son plein et la piste de danse, assez grande, entourée de podiums ornés de barre de pole dance, était peu à peu prise d’assaut par des couples de fêtards hétéroclites. Du balcon qui surplombait la piste, Judith et Victor assis côte à côte terminaient leur dîner en observant la faune qui, si elle était apparemment libertine au vu des tenues outrageuses de certaines femmes et des caresses impudiques de certains couples, n’apparaissait pas particulièrement portée sur l’échangisme. D’ailleurs, aucun couple n’était venu les aborder. « On va danser ? » proposa Judith à Victor, qui la suivit rasséréné, mais toutefois impatient que la fameuse Ludivine arrive.

Ils se dandinèrent tant et si bien sur la piste, qu’ils ne virent pas qu’on enlevait le buffet pendant que des hommes seuls faisaient leur apparition ici et là. À  l’image des couples présents, certains avaient l’apparence d’hommes d’affaire propres sur eux, d’autres de clubbers avertis. Sous le feu roulant des regards masculins, Judith semblait déchainée alors que Victor apparaissait fatigué et inquiet. «  Tu peux aller au vestiaire pour voir si Ludivine a laissé un message sur mon portable ? »  lui cria-t-elle à l’oreille. Victor hésita un instant à empoigner Judith manu militari pour sortir aussitôt de ce club, mais l’espoir de culbuter deux jolies femmes était plus grand que son angoisse, et il s’éclipsa momentanément. Pour la meute des hommes seuls, c’était l’hallali. Chacun d’entre eux vint tenter sa chance tour à tour ou deux par deux, les plus audacieux n’hésitant pas à saisir Judith par les hanches, les plus timides se contentant de lui sourire ostensiblement. Sans cesser de danser, Judith repoussait les plus collants.

Elle aurait pu choisir celui ou ceux qu’elle voulait pour son bon plaisir, mais comment un homme aurait-il pu trouver grâce à ses yeux dans ce contexte ? Aucun d’entre eux ne semblait convoité, les plus mignons ayant déjà été happés par les couples d’habitués. Les regards libidineux de ces seconds couteaux ne la flattaient pas, car elle ne percevait chez ces hommes en chasse aucune admiration pour elle, mais juste un désir bestial à assouvir avec la première qui le voudrait bien. Elle aurait certes pu profiter de la situation avec ces hommes interchangeables pour les consommer à loisir, alternativement ou simultanément, et en tirer un plaisir purement sexuel, ce dont Victor ne se serait pas privé dans la situation inverse. Il aurait fallu pour cela qu’elle ait suffisamment de force en elle pour ne pas avoir besoin de se sentir valorisée par ces hommes-là qui, après l’avoir baisée, iraient certainement tenter d’en baiser une autre. Judith se laissa toutefois approcher par un des hommes présents avant que Victor ne revienne, afin qu’il ressente ce qu’elle devait endurer quand elle le trouvait au bras de la première venue.

Lorsque Victor revint bredouille du vestiaire, car il n’avait bien entendu trouvé aucun message de la fameuse Ludivine, il trouva Judith enlacée à un inconnu. Tétanisé, il s’approcha pour exiger des explications. Avant qu’il n’ait ouvert la bouche, Judith s’exclama cajoleuse « Ah  enfin !  tu me prends une coupe de champagne s’il-te-plaît, j’ai tellement chaud ! ». Elle colla aussitôt ses lèvres aux siennes comme pour le rassurer, mais elle reprit son slow avec l’inconnu. En quelques minutes, le rapport de force s’était totalement inversé. Pour Victor, la surprise était telle qu’elle bâillonnait sa colère. Entre faire un esclandre parfaitement déplacé dans ce cadre libertin, où Judith avait le comportement attendu, et aller chercher le verre de champagne, il opta pour le champagne dont il siffla un verre au bar, seul.

Overside.jpgÀ peine Victor avait-il le dos tourné que Judith entraina l’inconnu vers les coins câlins. Le couple – elle et l’inconnu formaient désormais un couple au sens premier du terme – se dirigea vers la première alcôve venue, le salon Grec, au centre duquel trônait un lit hexagonal où s’ébattait un trio. La femme, une plantureuse quinquagénaire aux seins gros comme des pastèques, y suçait son conjoint dégarni, notaire à Brie-Comte-Robert, tandis qu’un pompier musculeux la prenait en levrette. C’était un couple d’habitués qui venait régulièrement s’ébattre en trio à Paris, ce qui constituait l’essentiel de leur vie sexuelle. Le notaire, en tout point fidèle à son épouse, souffrait de quelques difficultés érectiles qu’il avait d’abord attribuées à l’âge. Titillée par l’incontournable rubrique sexe des magazines féminins dont elle s’abreuvait quotidiennement, son épouse frustrée avait fini par convaincre son mari de franchir les portes d’un club libertin, juste pour voir. Ce fut une révélation. Constatant le désir que sa femme provoquait chez les hommes présents – la bougresse savait y faire, entre œillades et moues suggestives – notre notaire ressentit, par une sorte de désir mimétique, un retour de flammes pour son épouse en femme fatale, au point que sa verge se dressa miraculeusement. Depuis, madame choisissait un modèle d’étalon différent à chacune de leur escapade, mais toujours une grosse pointure, et tous y trouvaient leur compte. Lorsque le notaire se jugea assez dur, il ordonna au pompier, d’un geste impérieux, d’échanger leurs positions respectives. Ainsi put-il se lâcher dans madame qui, dans un même mouvement, offrait à la grosse lance d’incendie du pompier la fameuse cravate de notaire. Judith et l’inconnu s’assirent sur une banquette sans se quitter des yeux, ignorant le trio burlesque au centre du salon. Ils s’embrassèrent tendrement tout en se déshabillant, comme seuls au monde au cœur de l’orgie.

Victor déambulait en vain dans la zone discothèque du club à la recherche de Judith. Lorsqu’il voulut emprunter le couloir qui mène aux coins câlins, sa coupe de champagne toujours à la main, une armoire à glace lui barra le chemin : « Vous ne pouvez pas aller dans les coins câlins avec une boisson ! » Face à lui, le videur de la boite, une sorte de Chabal au fort accent serbo-croate. Victor bu son verre cul sec et le laissa sur une table, bien décidé à retrouver Judith où qu’elle se cache. Le colosse lui barra à nouveau le chemin :

-    Vous ne pouvez pas entrer seul dans les coins câlins !
-    Mais je ne suis pas seul, je suis accompagné !
-    Je ne vois pas madame.
-    Moi non plus, je la cherche justement !
-    Les hommes seuls ne peuvent aller dans les coins câlins que s’ils sont invités par un couple.
-    Mais puisque je vous dis…
-    Vous pensiez m’avoir avec ce coup-là ? Allez donc draguer dans la discothèque ! Au boulot !
-    Mais…
-    Tu veux que je te fasse un gros câlin ? grogna le videur entre ses dents.

Fou de rage, mais pas au point d’affronter le videur, Victor décida que cette soirée catastrophique avait assez durée. Bien décidé à abandonner Judith où qu’elle fût, il demanda son manteau au vestiaire.

-    Votre prénom ?
-    Victor.
-    Je ne vois pas de Victor…
-    Je suis rentré avec Judith.
-    Elle doit sortir avec vous monsieur.
-    Comment ça ?
-    Quand on entre à deux, on sort à deux !

Déconfit, Victor s’écroula dans une banquette à côté de la piste de danse. La majorité de la faune baisait bruyamment à quelques mètres de là, seuls restaient les hommes seuls, les indésirables dont il partageait le triste sort. Plusieurs verres s’étaient écoulés dans son gosier quand Judith réapparu. « Je suis épuisée,  on s’en va ? ». En le retrouvant affalé sur une banquette parmi les loosers, Judith perdit les dernières bribes de désir qu’elle éprouvait pour lui.

Ludivine n’avait jamais existé que dans l’imagination de Victor, et sur un astucieux montage photographique présentant  Judith aux côtés d’une illustre inconnue dont elle avait pêché la photo sur le web. Grâce à ce subterfuge, Judith avait pu amener Victor dans une soirée échangiste avec des hommes seuls, afin de l’humilier dans les bras d’un autre homme, ce qui avait fonctionné au-delà de ses espérances. Elle avait organisé ce piège pour se venger de tous les affronts subis, sans réaliser qu’elle allait faire chuter le trophée de son piédestal et tuer son désir envers lui. Si elle n’avait été qu’une femme parmi d’autres sur le tableau de chasse de Victor, il ne serait plus à son tour dans l’esprit de Judith, qu’un trophée de chasse tout juste bon à prendre la poussière dans le couloir de ses souvenirs.

Victor se releva péniblement. Derrière Judith, il paya la note en maugréant et reprit son manteau sans laisser de pourboire au vestiaire. Arrivés dehors, l’air frais lui remis un peu les idées en place. Il jeta un regard sombre à Judith.

-    Faut qu’on parle Judith !
-    Pas envie… Salut ! lui lança-t-elle en marchant vers un inconnu qui attendait là, celui-là même avec lequel elle dansait avant de lui fausser compagnie.
-    Salope !  beugla-t-il derrière les amants qui partaient en riant.

A suivre

16 février 2007

Première soirée à l'Overside

Avril 2002. Nous arrivâmes à 23h30 dans un club déjà bondé. Mon accompagnatrice et moi nous faufilâmes entre les couples scellés par un slow sur la piste de danse, à la recherche de deux places confortables pour ne trouver que deux poufs au fond du podium. La faune locale était essentiellement composée de couples trentenaires BCBG, mais "particulièrement ouverts" comme se plaisait à répéter Nathalie devant le spectacle des bas résilles et des mains baladeuses. Quant à moi, c'était plutôt le fait de voir quelques couples de noirs qui me faisait opiner du chef, et pas que du chef d'ailleurs.

Nathalie était mon accompagnatrice, celle qui m'avait fait l'immense honneur d'accepter mon invitation en ce lieu de perdition. Je ne sais pas quel autre mot choisir. Amie est un peu exagéré vu que je ne la connaissais de visu que depuis quelques heures, même si nous entretenions une correspondance décousue depuis plusieurs mois. Et puis, amie avec un 'e', cela insinue une certaine intimité dans la bouche ou sous la plume d'un homme, un peu comme partenaire, alors que Nathalie n'était venue que pour voir, tout comme moi officiellement.

A propos d'ouverture, nous fîmes rapidement connaissance avec nos voisins de table, un couple disparate composé de Sandrine, une jolie grue aux cheveux courts, et d'un frisé dont la maturité n'était que physique. Nathalie exprima un vif intérêt pour le piercing que Sandrine affichait au nombril, et la jeune femme ravie écarta aussitôt les cuisses et son string pour dévoiler fièrement celui qu'elle arborait au clitoris. Le ton était donné. Je ne pus m'empêcher de songer à un distrayant concours de blessures de guerre lorsque Sandrine, Nathalie et son mari exhibèrent leurs tatouages, un papillon sur l'épaule pour l'un, un dragon à la cheville ou un petit serpent sur l'épaule pour l'autre. Dieu merci, le vieux frisé nous épargna son anneau au prépuce. A l'autre bout de la piste un transsexuel opéré exhibait ses petits seins siliconés. Nous étions à l'Overside, club libertin parisien.

medium_overside.jpgLa musique battait son plein et nous nous dandinions sur le podium sous l'emprise de la voix d'Aretha Franklin qui chantait "Freedom" transformé en gospel hédoniste. Nathalie qui n'était venue que pour voir, mais qui avait perdu quelques pudeurs, enlaçait Sandrine avec un plaisir affiché. Un couple de gogos danseurs fit son apparition avec des masques de scream, halloween oblige. Les masques et les capes tombèrent pour dévoiler une strip-teaseuse petit format et un chippendale body-buildé. Nathalie avait envie de tâter de la bête, je suggérai à Sandrine de l'aider un peu à surmonter les vestiges de sa timidité, et leurs mains s'égarèrent de concert sur le fessier convoité. Peut être est-ce cela qui poussa le musculeux viking, vêtu de chaînes et d'un micro string, à sortir de la cage où il jouait de tout ce que la nature lui permettait de gonfler, à s'approcher du couple saphique, et en caresser les rondeurs émouvantes. Aux regards alanguis de la gent féminine, je vis bien que le viking plaisait beaucoup. Avec sa barbe de quelques jours, il incarnait la virilité sauvage, le mâle brut de fonderie sur lequel les femmes fantasment, celui qui les change des dandys publicitairement corrects, rasés de près et bronzés aux UV, ou encore des cadres sous lexomil qu'elles se résignent à épouser. Peut être que la mode va revenir aux poils ? Derrière Nathalie, je n'en étais pas à ses réflexions sur le consumérisme sexuel mais je profitais honteusement de ce cafouillis de caresses pour y glisser les miennes, lorsque soudain un corps se plaqua sur mon dos pour s'en prendre aux boutons de ma chemise.

Ne pouvant voir l'auteur de cette délicieuse agression, et ne voulant me retourner par peur d'en rompre le charme, j'avoue qu'en cet instant je me mis à scruter la salle à la recherche du transsexuel de peur qu'il soit derrière moi. Mais déjà ma chemise était ouverte sur mon torse nu, je remerciais le ciel ou plutôt les enfers de ne pas avoir mis un marcel, et la petite gogo-danseuse en bikini intervertit les positions, plantant sa cambrure sur la bosse outrageuse de mon pantalon. Elle plaqua mes mains sur ses cuisses et ses reins aux miens, leur imprima un air de samba ensorcelant, et je la suivis comme un bateau ivre épouse la mer déchaînée, le mat dressé et toutes voiles abattues. Mes mains se mirent à glisser sur sa peau, ses cuisses, son ventre, sa nuque et ses seins lorsqu'elle eut dégrafé son soutien-gorge et que j'en eus fait glisser les bretelles sur ses épaules. Malgré mon esprit chauffé à blanc, j'avais immédiatement senti les limites du jeu, de cette exhibition qui n'avait d'autres buts que d'échauffer les esprits des clients. Je ne caressai pas ce corps ô combien désirable comme je l'aurais fait pour donner du plaisir à une vraie partenaire sexuelle, mais pour le mettre en valeur tel un acteur de série Z érotique façon M6. J'étais le gogo qui prenait son rôle de faire valoir à bras le corps, et je lui en donnais pour son argent puisqu'en fin de compte c'est elle qui serait payée. En attendant, je mimais une bonne levrette et ça me plaisait, car comme disait Hegel, le vrai est un moment du faux.

C'est ainsi que je me donnai de longues minutes en spectacle sur le podium d'un club échangiste, y trouvant un plaisir plus cérébral que charnel, sans craindre les remarques assassines de mon accompagnatrice qui suffoquait prise en sandwich entre les pectoraux du viking et du gogo danseur. Je ne vous raconterai pas la suite, les fameux salons câlins à la faune aussi dense que sur la piste de danse bien qu'encore moins habillée, leurs soupirs extatiques au lieu des rythmes synthétiques, les lumières rouges qui conféraient aux lieux un air de lupanar, éclairant faiblement les couples entrelacés qui s'accouplaient à la vue des autres, échangeant davantage les regards que les caresses...

Je ne vous raconterai pas la suite parce que je n'y ai pas participé. Cette première soirée en club libertin fut néanmoins une des meilleures que je n'ai jamais vécue, la pire ayant été paradoxalement la plus chaude.
Sexe débridé n'est pas forcément synonyme de bonheur accompli.