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28 janvier 2008

Mission libertine - XI

    « Allo, chérie ? »
    La voix de son mari lui fit l’effet d’une douche froide. Sarah s’attendait tellement à entendre la voix de Vagant en décrochant le téléphone, qu’elle ne put murmurer qu’un faible « oui » malhabile à masquer sa déception. Cela raviva l’inquiétude de son mari, voire ses soupçons exprimés le matin même.

- Ça va Sarah ?
- Oui, oui, ça va.
- Où es-tu ? j’entends des voix…
- Dans la rue, il y a du monde.
- Bon, je voulais juste te rappeler de bien poster la lettre pour les impôts fonciers en recommandé. N’oublie pas surtout !
- Non, je vais le faire tout de suite.
- Et ce soir je rentre tard, ne m’attends pas pour dîner.
- Oui Marc. À ce soir.
- Tu es sûre que ça va ? Tu as une drôle de voix.
- Tout va bien ! Tu sais, j’ai perdu l’habitude de venir à Paris faire les courses, avec cette foule, c’est tout…
- D’accord. Un petit bisou quand même ?
- Bisou !
- Ne fais pas trop de folies. Bisous. Je t’aime.

    Sarah songea qu’il avait fallu qu’il sorte ces mots là à ce moment là, comme pour donner à l’amour un goût amer. Le goût de ses dimanches adolescents passés à jouer au scrabble avec sa mère. Elle n’eut même pas besoin de fermer les yeux pour voir les lettres défiler, et elle sourit malgré elle. De « aimer » à « amer », il n’y à qu’un petit « i » d’écart: celui de la trahison sans doute. Mais qui trahissait qui ? Qui trahissait quoi ? N’avait-elle pas sacrifié ses études pour que Marc puisse terminer les siennes ? N’avait-elle pas été une mère irréprochable avec leurs deux enfants ? N’avait-elle pas assez sclérosé sa sexualité auprès d’un époux surmené ? Quand elle faisait le point, Sarah comprenait qu’elle s’était trahie elle-même. « Ne remets pas à demain ce qui doit être fait le jour même » lui répétait sa mère. Sarah l’avait prise au mot : elle avait claqué la porte le jour de ses dix-huit ans pour bouffer de la vache enragée avec Marc, et depuis, elle avait toujours scrupuleusement respecté cet adage. Sauf pour une chose : vivre. Vivre était chaque jour remis à demain, au lendemain qui chante, au rêve. La vie comme un mirage au bout d’une existence désertique, quand on réalise qu’une famille modèle nichée dans un pavillon au Vésinet ne saurait étancher certaines soifs inextinguibles.
    Tout en retournant vers le parking où était garée sa voiture, sans bien savoir ce qu’elle allait faire, Sarah se remémora ses confidences intimes.

    Très cher Vagant,

    Hier soir mon mari est rentré d'un déplacement de quelques jours. Comme à chacune de ses escapades professionnelles, il est rentré tard dans la soirée, ne trouvant pour l'accueillir que son épouse déjà fatiguée par la journée qui s'achevait.

9d2c29a7b2ad6830b239e4677dc44e9b.jpg    Il vide tranquillement sa valise tout en me faisant part du budget de l’année, de ses fournisseurs pas trop arrangeants, d'un collègue qu'il va falloir motiver. Je l'écoute, je lui réponds, je lui donne mon avis, puis je m'éclipse au salon pour finir un courrier à poster le lendemain. Ses affaires rangées, il revient vers moi, me laisse passer devant lui pour chercher une enveloppe et un timbre, et il pose une main décidée sur mes fesses ! Tiens, je pensais que depuis tout ce temps il ne savait plus où celles-ci se trouvaient ! Je lui fais face pour découvrir, amusée, son regard pétillant. La séparation de nos corps aura sans doute augmenté son désir pour moi et il m'embrasse fougueusement en me prenant par la taille. Je goûte avec plaisir ce baiser si longtemps souhaité et je sens monter en moi l'envie. Ses mains parcourent mon corps, défont un à un les boutons de mon chemisier, caressent mes cuisses, massent mes seins, me frôlent le visage. Pour bien connaître ce qui me fait fondre, mon officiel passe doucement, très légèrement, à peine, ses doigts à l'orée de ma fente déjà humide. Un appel à l'amour auquel je réponds en lui baissant sa braguette et en lui ôtant son pantalon. Son sexe m'apparaît tendu, gorgé de désir déjà. Il m'invite à le saluer comme il se doit. Je ne peux donc que me pencher vers lui pour l'embrasser, pour le lécher, et rendre ainsi l'objet de ma convoitise plus tentant encore.
    D'une main experte je le masturbe pendant que ma langue titille le bout de son gland, il aime cette façon de procéder, je le sais, et la fellation a le pouvoir de m'exciter davantage. Je prends au fond de ma bouche le pénis en érection, puis j’accomplis un va et vient au rythme assez lent pour décupler les sensations. Il gémit, en oublie ses mains baladeuses pour mieux savourer cet instant de plénitude. Ma main libre va de ses fesses appétissantes à ses testicules laissées pour compte, je les enserre dans ma paume, je les palpe jouant ainsi avec elles pour éviter la formation de grumeaux ! Vous savez Vagant, je ne suis pas mauvaise en pâtisserie non plus.
    Je continue encore l'irrésistible gâterie qui fait chavirer la gent masculine, en soutenant un peu plus la cadence. Ma bouche gobe entièrement ce dard turgescent pour se retirer quasi complètement et revenir enfin de plus belle à la charge de ce sexe. Un instant je le sens presque faillir, il se retient, ne veut pas jouir tout de suite. Il me soulève, je m'accroche à lui les mains derrière sa nuque et les jambes autour de sa taille, puis il m’installe sur la table de la salle à manger ! Il m'étonne de plus belle, car le lit est le seul et unique lieu de nos ébats habituels.
    Il a vite fait d'ôter mon string n'ayant que ma jupe à soulever pour y parvenir. Le postérieur sur le bord de la table je bascule mon buste en arrière prenant appui sur mes coudes et je relève mes cuisses sur ma poitrine offrant à l'homme de ma vie la vision de cette vulve qui n'attend que lui. Il prend son temps, la regarde, la caresse presque timidement, promène ses doigts de mon clitoris à mon vagin sans oublier mon anus qui me fait monter au septième ciel. Les effleurements ainsi prodigués me font perdre mon latin, je halète, j'ai envie qu'il me prenne, qu'il possède mon corps, je veux  le sentir en moi. Lui, au contraire, semble avoir décidé de me faire languir au sens propre du terme: c’est sa langue qu’il fait glisser derrière mon genoux, puis tout au long de ma cuisse, jusqu'à aboutir, enfin, sur mon sexe. Je défaille presque. De la langue encore, il s'empare de mon anatomie intime, la touchant de la pointe et d’estoc en se laissant guider par son instinct de mâle en rut. Je sens ce muscle chaud et moelleux me parcourir les lèvres, taquiner mon bouton d'amour. Il y ajoute un doigt au gré de ses envies, dans l'un ou l'autre orifice qui lui est offert. Sa langue s'immisce dans mon vagin recueillant ainsi quelques gouttes du nectar dont je lui fais cadeau. Il me redresse vers lui, nous nous enlaçons debout l'un contre l'autre.
    Tendrement il m'invite à faire un demi-tour sur moi même, il couche mon buste sur la table, et j'écarte les cuisses pour l'inviter à me prendre en levrette. Il relève ma jupe sur mes reins, et ma respiration s'intensifie quand je sens son sexe s'introduire en moi. J'aime cette position, la pénétration est plus profonde, plus intense et m'entraîne à un orgasme plus puissant. Il va et vient en moi, les mains sur ma croupe, admirant mes fesses, les caressant aussi. D'abord d'un rythme régulier, le coït s'accélère faisant monter en moi l'extase, elle n'est plus très loin, je ferme les yeux, pour mieux l'accueillir, mieux la vivre, mieux m'en délecter. Mon mari auquel je tourne le dos poursuit sa vigoureuse fornication. Moi, je me laisse aller à l'exaltation, je m'abandonne à l'orgasme qui me fait gémir de bien-être.
    À peine ai-je repris esprits que je sens, aux coups de reins saccadés de mon mari, qu'il n'est pas loin de jouir. Dans un seul mouvement je me retourne sur lui, je prends son gland en bouche, et puis tout son sexe. Je m'applique à le masturber à la base de la verge en gardant le même rythme pour recueillir tout son sperme dans ma bouche. Une contraction de son corps, et je sais que le liquide séminal est en route pour l'emmener surfer avec l'extase, et c'est avec enchantement que je reçois son sperme au plus profond de ma gorge. Je me régale de cette semence qu'il a bien voulu m'offrir. Pour ne pas en perdre une seule goutte, je poursuis la fellation, mais sur un rythme plus nonchalant maintenant. Il me relève vers lui, il m'embrasse amoureusement en me prenant dans ses bras, et nous restons ainsi tout les deux silencieux, à savourer ce moment magique. Plus tard nous nous endormons serrés l'un contre l'autre, presque le sourire aux anges mais de toute façon la tête dans les étoiles…

    Hier soir mon mari est rentré d'un déplacement de plusieurs jours. Il  s'est écroulé sur le lit, éreinté après une trop longue journée de boulot, me laissant seulement rêver la scène que je viens de vous raconter… et en plus c'est moi qui me suis tapée la valise à vider !

    Sur ces paroles pleines de promesses (surtout pour moi) je vous laisse à la relecture du dernier paragraphe, ce que, je le sais, vous ne manquerez pas de faire.
 
    Baisers chimériques,

Sarah

À suivre…