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23 mars 2014

Tutoiement – 3

«   C’est tout ? qu’elle me dit, je voulais me faire défoncer le cul et la chatte !
-    Tu veux que j’aille chercher les deux grands blacks sur le parking ? »

Sarah pose sur moi un regard interrogateur. L’espace d’une seconde qui me semble être une éternité, je m’imagine aller brancher les deux types sur le parking si elle venait à me dire « chiche ! » ou peut-être tricher pour la première fois avec elle, lui dire qu’ils n’ont pas voulu venir alors que je ne me serais même pas approché d’eux, quand elle me répond: « Peut-être pas aujourd’hui. »

J’étreins Sarah, soulagé de ne pas avoir dû improviser un petit gang-bang avec les premiers venus. Jennifer est aux oubliettes. Je n’ai pas à ouvrir la bouche pour que la tendresse succède au sexe brut, une simple caresse suffit.
-    Ce que c’est bon de vous retrouver, me dit Sarah, je n’en pouvais plus de cette pétasse de Jennifer.
-    Je vous préfère aussi au naturel.
-    Vous auriez été cherché les deux types sur le parking si j’avais accepté votre proposition ?
-    Je ne sais pas. Je ne sais même pas pourquoi je vous ai proposé ça. Sans doute parce que j’ai pensé que cela correspondait bien aux rôles que nous nous étions donnés, sans penser aux conséquences.
-    Vous n’êtes pas déçu de ma réserve au moins ?
-    Absolument pas. Nous avons assez tutoyé le sordide. Je me sens soulagé plutôt, d’autant plus que cette pose câline m’a bien ragaillardi et je vais pouvoir vous combler par tous les orifices !

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J’ai trouvé, dans les Chroniques du Plaisir, un très bel éloge du vouvoiement :


Mais pourquoi diable, vouloir toujours emprunter les raccourcis, couper à travers champs et brûler les étapes ? C’est bien le vouvoiement ! Cela crée cette délicieuse distance entre les êtres qui matérialise l’effort de conquête amoureuse à venir, les charmants obstacles qu’il faudra franchir, le saut du loup des sentiments qu’il faudra surpasser, toutes ces tendres barricades qu’il faudra abattre. Il y a toujours une vraie sensualité dans ce « vous » qui se prolonge alors même que la connaissance de l’autre se fait plus profonde, plus complète, une sorte de respect, une préciosité peut-être. Entre Valmont et Guitry.

Conserver ce vouvoiement, c’est aussi se réserver le plaisir d’un moment merveilleux à venir, toujours imprévisible, où l’on basculera vers le « tu », un passage comme un abandon, le moment de rendre enfin mutuellement les armes. Lorsque les mains se toucheront ou que les corps se seront embrasés. Ce moment si pur et éphémère où toute l’intimité se cristallise sur un seul mot. « Tu ».


Cette vision d’un « vous » transitoire, voué inéluctablement à se muer en « tu » dès que les corps s’embrasent, m’apparait toutefois restrictive à la lumière de ma liaison avec Sarah. Le vouvoiement exprimait bien « cette délicieuse distance entre les êtres qui matérialise l’effort de conquête amoureuse à venir » alors que nous nous interdisions l’amour pour cristalliser notre liaison dans la séduction épistolaire et les plaisirs charnels. Sans l’abandon des âmes, sans rendre les armes, notre tutoiement ne pouvait être qu’un éphémère jeu sexuel.

Commentaires

Le dimanche 23/03/2014 à 11:28 par Madeleine :

J'adore la charge érotique du vouvoiement... le contraste avec le "tu" du feu de l'action... le retour à la petite distance ironique après...
Beau récit by the way, qui joue sur le vrai et le faux encore une fois...

Le lundi 24/03/2014 à 09:56 par Vagant :

Je vous remercie pour vos compliments. Entre Sarah et moi, le vouvoiement n’était pas ironique, mais devenu parfaitement naturel d’autant plus que nous échangions essentiellement par écrit, au point que le tutoiement – hormis lors de ce singulier défi - lui apparaissait complètement déplacé. Je me souviens l’avoir un autre jour tutoyée dans le feu de l’action, ou bien était-ce une nuit peu avant notre rupture, celle où elle m’avait demandé de la « fister » me semble-t-il. Ce dont je me souviens très bien en revanche, c’est du regard de reproche qu’elle m’avait alors lancé lors de mon débordement grammatical.

Le lundi 24/03/2014 à 21:55 par Carnets d'Eros :

J'entretiens avec une dame de qualité une relation sensuelle (pour l'instant on est là !) où le vouvoiement est un élément jusque là incontournable. J'ai envisagé de passer au tutoiement mais la dame m'a demandé de continuer ainsi. Et je trouve que la mise à distance du vous associée aux propos érotico-sensuels que nous échangeons ne fait qu'augmenter la charge charnelle qui nous lie.
Le vouvoiement ? Rien n’est plus érotique !

CdE

Le mardi 25/03/2014 à 10:52 par Vagant :

@CdE: Passer du Vous au Tu dans un tel contexte, c'est un peu comme passer du vêtu au nu dans un strip-tease de la personnalité. Sera-t-elle un jour ton modèle ? Au fait, tutoies-tu ou vouvoies-tu tes modèles ?

Le mardi 25/03/2014 à 15:25 par Carnets d'Eros :

Bonjour Vagant,
Sera-t-elle un jour mon modèle ? Pour l'instant je n'en sais rien.
Nous habitons fort loin l'un de l'autre et il n'est pas aisé de se rencontrer d'autant plus que nos situations personnelles ne facilitent pas les choses. Vous me comprenez !
Cette femme a une voix magnifique. C'est une drôle d'alchimie la pose, les critères de beauté sont insuffisants à faire le beau modèle.

En principe je tutoie mes modèles qui me tutoient pareillement. Ça marque la confiance, sinon la complicité. Ça ne marque pas forcément la sympathie d'ailleurs. Je me souviens de l'une d'elles (modèle pro, payante donc) qui bien que me tutoyant m'a soudainement rappelé à mes obligations : ".... Il te reste 5 mn là". C'est un peu glacial comme remarque ! et ça ne m'a pas aidé à bien dessiner ! Mais j'ai fait un tableau avec cette pose. Il est sur le blog : Tyrannie n° 7 : oct 2013 (je ne mets pas le lien, il est long comme un jour sans pain !)
Je tutoie le dernier modèle que j'ai eu !

CdE

Le mercredi 26/03/2014 à 22:54 par Marietro :

Votre conclusion est plus douce que votre scénario (dans lequel je suis tombé pieds et poings liés) et que celui que je vous avais proposé.

J'aime beaucoup Sarah.

(je viens de capter que Vagant était la fin du mot extravagant)

Le mercredi 26/03/2014 à 23:21 par Vagant :

@CdE: Pourquoi ne pas nous dessiner la dame à la voix de velours d’après une photographie ?

@MarieTro: Si vous aimez beaucoup Sarah, il faut lire mon petit roman: Sans vain coeur ni vain cul. Cela ne parle que d'elle. Vous savez, je suis beaucoup moins extravagant que je ne le fus.

Le jeudi 27/03/2014 à 09:27 par Carnets d'Eros :

Bonjour Vagant,
C'est une idée qui me trotte par la tête ! Il me faudra trouver le bon moment pour le lui suggérer. Si d'aventure elle accepte de se dénuder devant l'appareil photo je ne manquerai pas de vous le signaler.

CdE

Le vendredi 28/03/2014 à 14:10 par Carnets d'Eros :

Il se trouve que cette dame a déjà posé pour un dessinateur.

Nous nous vouvoyons toujours malgré de longues conversations que nous n'arrivons pas terminer.

Une femme formidable, vous dis-je !

CdE

Le vendredi 28/03/2014 à 20:10 par Vagant :

@CdE: il ne vous reste plus qu'à essayer la pose à distance, par web cam interposée. Cela sera plus interactif que le cliché photographique, et vous pourrez bénéficier de sa voix en même temps :)

Le samedi 29/03/2014 à 17:42 par Carnets d'Eros :

La belle idée que voilà !

Mais encore faut-il être équipé ! Et honnêtement, je ne sais pas s'il serait bien pratique de travailler dans ces conditions, avec le double écueil de la caméra et de l'écran.

Perche no ?

CdE

Le mercredi 02/04/2014 à 00:35 par Comme une image :

Je ne suis pas insensible au charme du vouvoiement et avec le temps qui passe, je m'y attache de plus en plus ; mais pourtant, pas une fois, il n'a réussi à survivre au choc de la rencontre biblique !

Le mercredi 02/04/2014 à 09:12 par Vagant :

@CdE: l’équipement, ce n'est qu'une web cam pour elle, et rien de plus pour vous. Essayez donc, ce sera une jolie expérience a nous raconter.

@CUI: Voilà un joli défi que tu pourrais lancer à ta prochaine amante: ne pas passer au tutoiement, même au paroxysme de l’étreinte.

Le mercredi 02/04/2014 à 10:40 par Carnets d'Eros :

Mon cher Vagant, je ne dis pas non ! Il faut juste trouver un moment qui s'y prête. Mais rien ne remplacera la rencontre humaine, faite de chair et de sang et de regards plongés dans les yeux et sur la peau !

En lisant le post de CUI, je me suis fait la même remarque que vous, (ou toi), Vagant : baiser en se vouvoyant !

- Vagant, très cher, puis-je vous demander de me mettre un doigt dans la chatte SVP ?
- Mais très chère, j'allais vous le proposer, j'accepte avec empressement, à l'expresse condition que vous mettiez mon pénis dans votre cavité buccale !
- Fort volontiers, mais il faudrait également que Monsieur CUI participe à nos ébats... voudriez-vous me mettre quelque chose dans le cul s'il vous plaît ?
- Que souhaitez vous que j'enfonce dans vos fondements ; pénis, doigt, objet sexuel ?
- Qu'importe, pourvu que les mains de monsieur carnets d'Eros s'occupent de mon poitrail ! Faites selon vos humeurs mon cher CUI.
- Je vous offre volontiers mes mains ma dame, puissent-elles contribuer à vos pâmoisons ...
- Au fait, n'ayez crainte messieurs, je m'occuperai dignement de vos bites dans un instant ...

Ah, le vouvoiement...

Vagant, CUI, vous excuserez sans doute ma hardiesse, je vous ai intégrés à cette histoire sans même vous demander votre avis !

CdE

Le mercredi 02/04/2014 à 10:57 par Vagant :

@CdE: Au viol ! Par ailleurs, ce n'est pas parce qu'on se vouvoie qu'on est oblige d’être aussi précieux: le vouvoiement accentue délicieusement les obscénités.

Le mercredi 02/04/2014 à 11:15 par Marietro :

Dommage, je n'ai pas résisté au tutoiement d'un de ces trois là. Je ne peux être qualifiée pour ce jeu.

Le jeudi 03/04/2014 à 09:33 par Carnets d'Eros :

Je sais bien qu'il n'est pas nécessaire d'être aussi précieux. Mais c'est ce qui m'est venu spontanément, en écrivant ce commentaire. C'est sorti tout seul !
Est-ce cela l'écriture automatique ?

CdE

Le samedi 05/04/2014 à 17:14 par Comme une image :

Mon cher Vagant, il est temps que vous vous souveniez que les « défis », c'est votre truc, pas le mien !


Des défilés
Des filles à lever,
Des défis à relever (...)
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A. Bashung « À perte de vue »