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03 juin 2007

Lettre d’amour

Mars 2004. Autre hôtel, toujours Jeanne. Elle avait les cheveux assez courts, raides, auburn. Elle revenait des sports d’hiver, le visage halé, avec la marque des lunettes de ski comme un bandeau clair où étincelait le bleu de ses yeux. Je crois ne l’avoir jamais trouvée aussi belle que ce jour là. J’avais eu envie d’immortaliser quelques scènes, et j’ai posé la web cam reliée au PC sur le bureau dans la chambre de l’hôtel. Quelques mois plus tard, j’ai évoqué ce moment là lorsque que je lui ai écrit cela :

Te souviens-tu mon tendre amour, du jour où tu m'as demandé de t'attacher ? Tu voulais être dominée, soumise à mes caprices les plus extravagants. Tu me voulais sévère, inflexible, si loin de la tendresse habituelle de nos ébats amoureux. Ce rôle ne m'est pas familier, mais je me suis piqué au jeu. J'avais sous la main quelques accessoires faciles à pervertir, mon ceinturon, une bouteille de champagne, et je me suis composé le personnage du maître auquel on venait d'offrir une belle esclave. Je t'ai déshabillée, avec la lenteur calculée de celui qui ouvre un paquet cadeau, et qui jouit d'avance de découvrir une offrande bien connue mais dont il ne se lasse pas, la douceur de ta peau et ton parfum enivrant. Toi, tu me regardais avec tes grands yeux bleus, un sourire à peine esquissé au coin des lèvres, et j'ai du me retenir pour ne pas te serrer tendrement dans mes bras.

J'ai décidé de ne pas te déshabiller complètement, mais de te faire garder tes sous-vêtements, un délicieux petit ensemble de dentelle noire. Je t'ai ordonné de te retourner, pour que j'apprécie bien la marchandise dont j'allais jouir, et je t'ai lié les poignets dans le dos avec ma ceinture. Tu n'as pas pu réprimer ton sourire. Je t'ai ordonné de me sucer, et tu t'es exécutée de bonne grâce, à genoux sur le lit. Je vois encore tes lèvres fines coulisser sur la verge alors que mes mains extrayaient tes seins de leurs écrins de dentelle. Il me semble encore sentir la pression de ta bouche sur mon sexe, et au creux de ma main le poids de tes seins dont je torturais tendrement les tétons pointus.

J'ai gratifié d'un langoureux baiser la docile esclave que tu avais décidé d'être, et j'ai apaisé ta soif en offrant à tes lèvres avides mes doigts et ma langue mouillés de champagne. J'entends encore ton cri de surprise lorsque j'en ai versé un verre sur tes seins, tes gémissements de plaisir quand je les ai longuement malaxés, assis derrière toi, ma queue raide contre tes mains liées. Mais si je t'avais attachée, c'était pour mieux te donner la correction que tu appelais de tous tes voeux. Je t'ai couchée sur le ventre pour malaxer tes fesses, j'ai écarté ton string pour me repaître de la vue de ton intimité, et j'y ai versé un peu de champagne. Il t'inonda de partout, t'arracha des soupirs, et ma bouche gourmande pompa l'inondation pétillante.

Clac ! La surprise t'arracha un cri quand ma main s'abattit sur ta fesse droite, alors que mes lèvres câlines picoraient ta nuque pour faire diversion. Clac ! La gauche maintenant, et toujours ce petit cri. Tu ne t'y attendais donc pas ? Et clac ! À nouveau la droite ! Clac ! Encore la gauche ! Avec ce traitement, tes fesses prirent rapidement des couleurs, et il était grand temps de les rafraîchir. Une bonne rasade de champagne fit l'affaire, et je ne pus à nouveau résister au plaisir de laper les bulles sur tes fesses endolories. Cette alternance de douceurs et de sévérité eut tôt fait de te mettre dans tous tes états et tes petits cris de surprise se muèrent en longs soupirs d'un plaisir sans compromission, sous l'action conjuguée de mes doigts et de ma langue qui allaient et venaient dans tous tes orifices.

Bientôt la bouteille fût vide, ce qui la rendit paradoxalement bien plus utile. Cambrée au maximum, tu m'offrais sans pudeur le spectacle de ta vulve ruisselante de nectar, et elle accueillit le goulot de la bouteille que je vissai lentement dans ton sexe. Face à ce spectacle irrésistible, j'enjambai tes fesses qui pointaient en l'air, pour m'enfoncer à la verticale dans ton anus palpitant. Cette double pénétration te coupa le souffle, mais nous emporta rapidement vers une jouissance effrénée. Te souviens-tu mon amour combien tu as aimé ? Combien tu as aimé me donner carte blanche, te donner complètement, te livrer à mes fantaisies, puisque tu avais confiance en moi ?

Moi aussi j'aimerais vivre ces sensations là l'espace d'un moment, alors, pour nos retrouvailles nous inverserons les rôles. Je m'offrirai à toi sans réserve, et je te propose même un scénario comme cadre à ce fantasme, celui d'être le gigolo dont tu te paieras les services. Ton petit gigolo faute de pouvoir être ta petite pute à cause de ce que j'ai entre les jambes, un petit gigolo débutant, officiellement masseur, mais prêt à tout pour satisfaire ses clientes les plus exigeantes, et dont tu abuseras sans vergogne.

Tout d'abord, tu me paieras, histoire de donner le ton. Un petit passage sous la douche où tu inspecteras la marchandise d'un oeil critique, et puis le massage que je te procurerai avec application. Mon amateurisme n'échappera pas à ta sévérité, et ce ne sont pas mes éloges sur ta beauté plastique qui calmeront ton mécontentement, ni ta fureur qui ne tardera pas à éclater. Je te laisserai l'exprimer comme il te plaira, complètement soumis à tes désirs pervers, n'opposant qu'une fausse résistance pour t'exciter d'avantage. Inflexible, impitoyable, tu feras de moi tout ce que tu veux, tu pourras m'attacher fermement, me bander les yeux, me fesser brutalement, barbouiller mon visage de ta mouille pendant que je te laperai comme un chien, me déflorer l'anus avec le gode ceinture que tu viendras d'acquérir, ou me soumettre à d'inimaginables caprices. Mes "Non !" seront autant de "Oui !", mes "assez !" signifieront "plus fort !", toute ma virilité sera étouffée, réduite à mon seul phallus dressé, turgescent baromètre de mon plaisir, selon lequel tu pourras aller aussi loin que tu veux. Tu as carte blanche mon amour, montre moi ce dont tu es capable, je sais déjà la tendresse de notre étreinte à la fin de ce jeu.

Tout ce qui me reste du film de notre étreinte de ce jour là, ce sont quelques clichés, très tendres. J’ai détruit tout le reste pour ne garder que le principal, l’émotion.
En fin de compte, je n’aurai jamais été son gigolo servile.

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Commentaires

Le dimanche 03/06/2007 à 11:07 par Six :

Evidemment, ce récit me laisse rêveuse et curieuse: pourquoi donc Jeanne n'a-t-elle pas pris la "revanche" que vous lui proposiez?

Le dimanche 03/06/2007 à 13:17 par amIwrong? :

Nostalgie négative, donc. Je comprends mieux...
(vous lire le matin au réveil avec un café est un petit plaisir alla Delerm, je tenais à vous le dire).

Le dimanche 03/06/2007 à 21:26 par le rat vit :

Être l'objet de ses désirs, livré aux mains d'une femme que l'on a la chance de dominer peu être trés jouissif. Tu peux en croire mon expérience.

Le lundi 04/06/2007 à 13:41 par Madeleine :

Il n'est jamais trop tard...

Le lundi 04/06/2007 à 13:42 par Madeleine :

Il n'est peut-être pas trop tard...

Le lundi 04/06/2007 à 16:37 par Sapheere :

c'est beau, Vagant tu ne cesseras jamais de m'étonner, j'aime beaucoup cette facette.

Le lundi 04/06/2007 à 18:17 par L & L :

Non continuez, oui arrêtez ;)

Le mardi 05/06/2007 à 12:23 par Georges à Vagant :

Comme vous pouvez l'imaginer, il m'a fallu réfléchir un peu avant de laisser un commentaire... Ce texte m'a troublé pour des raisons que nous sommes seuls à comprendre. Espérez-vous faire (magiquement) revenir Jeanne en lui rendant cet hommage (splendide par ailleurs)? La dernière partie de la lettre, en tout cas, fait figure de programme-bouteille envoyée à la Mer-aux-mille-et-un-désirs!

Le mercredi 06/06/2007 à 20:08 par Cali Rise :

Que j'aime cette lettre...

Le jeudi 07/06/2007 à 17:26 par Comme une image :

J'aime cette lettre et l'image qui l'accompagne, je sais ce qu'elle peut représenter pour toi, Vagant, qui la voit dépixellisée !

J'émets un petit bémol sur ta proposition d'inversion des rôles, pour laquelle tu commences assez fermement à fixer un cadre, en invitant, certes, après, à improviser. Mais pour moi c'est déjà trop. Jeanne devrait se sentir libre de poser totalement ce cadre initial, pour que la domination soit totale (sans quoi c'est encore TON jeu et TES règles).

____
Petit Post Scriptum sur les commentaires successifs de Madeleine puis Georges qui me laissent à penser que... enfin... ça paraît une déduction trop évidente pour être vraie !

Le vendredi 08/06/2007 à 16:59 par Vagant :

Six & AmIWrong, tout cela vous semblera sans doute plus clair plus tard…

LeRatVit, c’est une expérience que j’ai effectivement eu la chance de vivre. J’en garde un très vif souvenir d’ailleurs !

Madeleine, j’apprécie votre subtil bémol. En vérité, c’est quelque chose que je n’envisage vraiment qu’avec une femme connue de moi. « Pour de faux » donc. C’est sans doute une grande différence entre nous.

Sapheere, je suis toujours ravi de te plaire.

L&L, j’ai bien peur de ne pas arrêter de continuer.
Georges, je ne pense pas reconquérir Jeanne. Tout cela n’est que nostalgie.

Cali, les vôtres sont très bien aussi !

CUI, tu as parfaitement raison. Je pense que l’inversion proposée ne correspondait tout simplement pas à ses envies.

Le vendredi 06/07/2007 à 14:14 par Arthémisia :

doublement "pétillante" cette pénétration...