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04 février 2016

Vagant le terrible

J’ai rencontré Carole il y a plus de quinze ans, sur le forum Aventures d’auFeminin. Je serais bien en peine de vous retracer les détails de nos conversations, mais elles ont assez rapidement dérivé sur le terrain érotique où Carole avait un talent certain. C’est avec elle que j’avais signé In Clito Veritas. Pharmacienne de son état, mariée depuis quelques années, elle était globalement heureuse dans son couple, comme on peut l’être après avoir voulu devenir mère, mais sans parvenir à redevenir femme auprès d’un mari assoupi. Ainsi avait-elle cédé au désir de prendre un amant. Le parjure consommé, elle finit par prendre goût à l’illégitimité et en prit un second. Il n’y a que le premier pas qui coûte. Quand j’ai connu Carole, elle en avait déjà trois, très différents les uns des autres. Elle décida que je serai le quatrième point cardinal nécessaire à son équilibre.

Accorder nos agendas pour une première rencontre ne fut pas le plus simple, mais je m’engageai le cœur battant dans un périple de six heures de train pour quatre heures d’amour. Je résistais encore au téléphone portable à cette époque, et lorsque je suis arrivé à la gare de notre rendez-vous, j’ai suivi le protocole que nous avions mis au point. Je l’ai appelée à partir d’une cabine téléphonique qu’elle m’avait indiquée, et j’ai attendu qu’elle m’autorise à me retourner pendant qu’elle approchait derrière moi. Nous n’avions jamais échangé la moindre photo. J’ai été surpris de voir une petite femme pétillante d’une trentaine d’années, aux cheveux roux et frisés. Très franchement, ce n’est pas le genre de femme sur lequel je me serais retourné dans la rue, d’autant que ce n’est guère mon style de me comporter de façon aussi ostentatoire. Mais lorsqu’elle m’a littéralement pris par la main en me disant « Allez, vient ! », j’ai senti aussitôt mon sexe gonfler dans mon pantalon.

Je la suis dans un hôtel de l’autre côté de la place. Avis de tempête dès notre arrivée dans la chambre. Nous nous jetons l’un sur l’autre. Je l’embrasse goulûment tandis qu’elle m’attire sur le lit. Nos vêtements volent. Mes lèvres découvrent ses petits seins aux pointes tendues alors qu’elle me griffe le dos. J’esquive son string. Sa chatte épilée ruisselle sous mes doigts. Je crois bien ne pas avoir pris le temps de lui ôter sa lingerie avant de la prendre, en urgence. J’étais un amant particulièrement fougueux à cette époque, doué d’une belle capacité à bander, éjaculer, et bander de nouveau, cinq ou six fois de suite. Intensité est le meilleur qualificatif de notre étreinte.

Vers midi, pose sandwich. Adam et Ève pique-niquent sur le lit, la pomme croquée jusqu’au trognon. Je me souviens alors du petit paquet apporté à l’intention de Carole. Je la savais gourmande, et je suis sûr de mon choix. Elle déchire l’emballage et fait la moue devant le godemichet noir. Elle avait prévu pour moi quelque code de plus délicat en m’offrant un stylo. Notre rencontre est définitivement sous l’égide de l’érotisme. Quelques minutes plus tard, en soixante-neuf, elle apprécie pourtant que je lui glisse dans la chatte ce godemichet tout en lui léchant le clitoris. « Tu es un gang-bang à toi tout seul ! » me souffle-t-elle entre deux gémissements. Les orgasmes se succèdent et je me sens pousser des ailes. Combien de temps cela pourrait-il durer ? Sa langue magique me redresse une fois de plus. Elle m’enjambe et, cuisses écartées, genoux fléchis, en équilibre sur les pieds, elle me sort « Six ans de danse classique ! » avant de s’empaler sur mon dard et remonter à la seule force des jambes. Cette fois-ci, c’est elle qui me baise, jusqu’à ce que je n’y tienne plus, que mes hanches percutent les siennes, et que nos sexes encastrés nous projettent dans notre dernier orgasme.

Seconde rencontre quelques semaines plus tard. J’entre dans la chambre d’hôtel où Carole m’a promis deux cadeaux intimes. Le premier m’attend sur la chaise, tout enrubanné de satin et de dentelles. Je me demande encore comment Carole est parvenue à s’attacher ainsi, les yeux bandés. Ce jour-là, elle m’offre son anus. Je le prends en douceur. « Qu’est-ce que c’est bon de se faire enculer », me souffle-t-elle quand j’explose en elle. C’est ma première sodomie. L’autre cadeau est plus intime encore, c’est une bouteille dont l’étiquette représente un château bordelais. Elle me montre du doigt une des fenêtres et me dit que c’était celle de sa chambre. J’ai longtemps gardé le cadavre.carole,erotisme

C’est à la fin de ce second rendez-vous que Carole a pris cette photo. Elle décida que parmi ses quatre amants, j’étais indubitablement le sud. Quelques semaines plus tard, elle ne suivait plus que ma direction, mais ça, c’est une autre histoire.

00:08 Publié dans Défis | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : carole, erotisme

13 avril 2007

In Clito Veritas (2)

La courtisane contacta en grand secret cinq de ses intimes. Elle les choisit pour leur rouerie, bien sûr, mais surtout pour leur silhouette proche de la sienne, élancée et gracile. Elle leur apprit le jeu, leur donna le secret de ses parfums et crèmes, pour que toutes fussent enveloppées du même nuage odorant. Toutes s'épilèrent de la même manière. Perfectionniste, la courtisane organisa des soirées où ses amies purent voir sa façon de bouger, d'onduler sur les corps masculins. Amusées, elles copièrent ses mouvements de hanches, ses indéfinissables langueurs, ses abandons et ses reprises. En quelques jours d'essais assidus, la coquine cohorte connaissait tous les vices et artifices de la taquine maîtresse.

La petite courtisane n'avait pas eu une vie facile, luttant de ses seuls charmes pour être partout la première. Très vite, elle avait compris le pouvoir du sexe sur la gent masculine, appris les secrets de la séduction. Elle avait conquis les plus grands, mis à ses pieds les plus riches, au prix de parjures et de trahisons qui ne lui importaient pas. Elle ne connaissait ni l'amour, ni le remords. L'œnologue fut une proie en vogue pour ses compagnes, elle décida donc de l'avoir. Par jeu, par provocation, par fierté.

Elle l'eut donc, avant de comprendre que la réciproque était vraie, pour la première fois. Il refusait de lui donner son nom. Et elle dissimula sous une apparente indifférence ce qui n'était que sa première douleur de femme amoureuse. Elle organisa donc ce jeu, mettant au défi son talent, pour enfin, espérer être à lui sous le prétexte avouable d'un accomplissement social qui soudain lui semblait vain. Sa moue à lui devant sa proposition montra qu'il fut dupe, il la crut vénale, et ce regard glacé manqua la faire tituber de douleur. Ils ne s'étaient jamais avoués leur amour, par fierté, par peur de n'être chéris en retour.

Le cœur du château de Castignac n'est pas la majestueuse salle de réception, ornée des armoiries séculaires, ni les cuisines médiévales, ni les multiples chambres dont les noms évoquent tout l'arc en ciel. Non, le cœur du château, ce sont ses fondations, les antiques caves voûtées, le repère de monsieur l'œnologue, le centre de son monde. Et ce soir, sur l'imposante table en chêne massif qui accueille la dégustation des meilleurs crûs, ce ne sont pas de précieux millésimes qui sont alignés, mais monsieur l'œnologue lui-même qui est enchaîné, allongé, les yeux bandés, attendant patiemment le début de la dégustation.

Enfin, projetée par les torches suspendues, une ombre s'avance, dansante, tremblante, déformée jusqu'à être grotesque, mais néanmoins émouvante, plus précise lorsque celle qui en est la cause se glisse sur la table, écarte les cuisses pour enjamber le visage du dégustateur, silencieusement. Monsieur l'œnologue perçoit la douce chaleur de l'intimité offerte, un parfum artificiel masquant le bouquet intime, ténu, imperceptible au commun des mortels, mais qui se révélera au cours de la dégustation.

Méthodiquement, de la pointe de la langue, son seul organe libre de mouvement, il parcourt le pourtour des lèvres offertes, du périnée au clitoris, pour jauger la forme et la taille de ce calice. Fin, allongé, apparemment étroit, celui ci lui évoque immédiatement une flûte à champagne. A ce subtil contact la belle émoustillée libère tous ses arômes, légèrement fruités bien qu'encore fermés, qu'il hume, alternant les inhalations courtes, puis profondes, en douceur puis insistantes, alliant bientôt la langue au nez pour libérer la divine liqueur, s'apprêtant à la tirer du cœur de l'intimité offerte. Mais c'est elle qui vient à lui, abondante, satinée voire festive, dans un orgasme explosif qui retentit en un rire cristallin. Il s'en délecte. S'impose alors à lui le portrait d'une jeune fille, blonde, fine, exubérante jusqu'à l'effervescence, et qu'il se plait à imaginer champenoise. Assurément, ce n'est pas elle.

Ainsi continue cette étrange dégustation, de filles en femmes, d'extases en ivresses, Sud- Africaine callipyge et charnue, Savoyarde lippue et longue en bouche, Australienne ouverte et souple, Alsacienne fraîche et capiteuse, imperturbable défilé dont monsieur l'œnologue sort excité mais épuisé, au bord de la rupture mais frustré, surtout de ne pas avoir encore reconnu sa belle parmi celles qu'il a dégusté. Il en reste une, ce ne peut être qu'elle.

Au rythme de ses pas élégants et racés, à peine s'est-elle approchée qu'il l'a reconnu. A ses arômes complexes aux notes exotiques d'épices et d'herbes, à peine s'est-elle installée qu'il en est sûr. Il ne la dégustera pas. Non. Il savourera sa volupté sensuelle et décadente, jusqu'à la jouissance, les larmes aux yeux. Il doit maintenant donner son choix puisque l'heure du verdict a sonné...

Elle avait regardé ses compagnes chevaucher son amant, offrir leurs croupes affriolantes, le cœur battant. Au fond d'elle-même, elle souhaitait tellement qu'il la reconnût, qu'elle fût unique à son âme. Elle s'était approchée, tremblante, avait senti ses caresses adorées, eut envie de cesser ce jeu idiot pour le serrer contre son cœur. Mais déjà, il avait fallut partir, écouter le verdict.

"La première" dit-il d'une voix étranglée.

La douleur qui la transperça dépassa la joie d'être enfin l'épouse. Les larmes coulèrent, brûlantes, et toutes ses complices furent bouleversées de son émotion de jeune mariée. L'œnologue, lui, avait quitté la salle.

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J'ai écrit ce texte en 2001 avec Carole. Je ne peux songer à elle sans émotion, pensez-donc, une de mes premières amantes et sans doute ma première liaison. Chacun d'entre-nous avait écrit quelques paragraphes de cette courte nouvelle. Ces paragraphes apparaissent avec une couleur de fond différente selon son auteur. Saurez-vous retrouver qui a écrit quoi ?