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14 février 2007
Rêve 911
C'est un rêve.
Toujours le même.
D'abord une brume. Une brume opaque, opalescente, onirique. Il me semble que j'y avance, lentement, bras tendus probablement, mais je ne peux rien distinguer dans cette clarté diffuse, même pas le bout de mes doigts. D'ailleurs je ne sens rien, ni chaud, ni froid, ni aucun obstacle. Je suis le spectateur d'un travelling avant léthargique, jusqu'à ce qu'une forme apparaisse devant moi.
Une forme diffuse, presque une ombre.
J'en distingue à peine les contours, mais cela ressemble à une femme. Une femme de profil, agenouillée. Ou plutôt prosternée, sa longue chevelure jetée en avant sur ses bras tendus. Immobile, comme dans l'attente d'un Dieu jaloux. De sa nuque à ses reins, la ligne rigoureuse de son dos courbé semble tracée au compas, avant de se perdre dans la brume de ce rêve indolent.
Dans mon rêve, toujours le même, depuis des années, depuis mon enfance, ou plutôt mon adolescence, dans mon rêve je m'approche de cette forme féminine, tout en la contournant, les yeux rivés sur elle. Comme si elle était le centre et l'aboutissement d'une longue spirale. Par derrière, je crois discerner le galbe de ses hanches, tendres rondeurs flottantes. Il me semble bien qu'elle est nue, ou peut-être recouverte d'un simple voile, d'une mousse enveloppante, vaporeuse, translucide, qui ne masquerait rien, sinon les angles les plus vifs, et le tendre pli de son aine à la base de sa cuisse repliée. Il me semble que je pourrais la toucher.
Je tends le bras.
Je m'approche encore un peu plus. Les formes se précisent maintenant, symétriques. Ma main en souligne l'harmonie. Mais je ne la touche pas, par peur de la réveiller, ou de me réveiller, enfin, de la perdre. Je la frôle à peine. Pourtant qu'ai-je à craindre ? Dans mon rêve, je sais qu'elle est mienne. Elle m'attend. Je sais qu'elle m'attend. Elle est là, prosternée, immobile, offerte au plus offrant. Et le plus offrant, c'est moi. Elle est comme une pute de luxe et elle m'appartient. Je la possède. Oui, dans mon rêve, je la possède. C'est un rêve intime. Je n'en parle à personne. Sauf à ma femme. Enfin, mon ex femme. Je lui en parlais, mais elle ne voulait rien entendre, elle ne voulait pas comprendre. Peut-être qu'elle ne pouvait pas. Parce que cela lui rappelait ses propres cauchemars. Mon ex ne voulait absolument pas entendre parler de ce rêve. Comme si c'était une rivale.
Dans mon rêve, je la prends, lentement. Pour ne pas la brusquer, et surtout bien savourer ce moment. Pour que mes souvenirs affluent, ceux de la première fois, quand je l'ai ouverte. Pénétration. Une fois lové à l'intérieur, dans sa douce chaleur, je ne bouge plus. C'est étroit mais confortable, moelleux et enveloppant. J'exulte. Il faut que je me calme. Ne pas partir tout de suite. Dans mon rêve, j'inspire un grand coup. Il me semble même percevoir son parfum délicat. L'odeur du luxe. Du fric. Quel abruti a dit que l'argent n'a pas d'odeur. L'odeur de l'argent, c'est la sienne. C'est aussi pour ça que je l'aime. J'attends encore un peu. Je la connais. Dans ses moindres détails. Je sais que lorsque je serai prêt, elle démarrera, au quart de tour. Elle rugira comme un fauve. Mon plaisir sera alors à son comble. Mais il faudra tenir la route. Aller jusqu'au bout. Avec elle. Maintenant. Je tourne la clef de ma Porsche 911.
08:15 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Erotisme, Littérature, histoire érotique
Commentaires
Le mercredi 14/02/2007 à 11:13 par affrivolante :
comme une pute de luxe , hein.......
Le mercredi 14/02/2007 à 11:27 par Madame B :
Mais où il va?
Pourquoi il roule si vite?
Chauffeur, suivez cette voiture.
Le mercredi 14/02/2007 à 13:15 par Sapheere :
Moi je rêve d'hommes étranges et pénétrants, de parfum de musc, de regards émouvants...
Je t'ai déjà dit que j'avais rêvé de toi un jour Vagant?
:-))
Le mercredi 14/02/2007 à 15:26 par six :
Une 911 parfaitement accorte, semble-t'il, en position de soumise bien élevée, Vagant!
(je me demande bien si elle a une couleur, puisqu'elle a une odeur...)
Six
Le mercredi 14/02/2007 à 15:57 par Comme une image 106 :
Je sentais bien qu'il y aurait une chute à ressort, mais le titre ne m'a même pas mis la puce à l'oreille ! Groumpf !
Le mercredi 14/02/2007 à 23:11 par Vagant pour affrivolante :
Pour la petite histoire, ce n'est pas cette analogie qui fût ma motivation première...
Lors d'un DNM voici quelques années, une jeune femme expliqua qu'elle quittait son conjoint parce qu'il venait de s'acheter une Porsche. En voilà une raison bien loufoque pour quitter son homme, ai-je pensé lorsqu'elle nous a annoncé ça de but en blanc. En creusant un peu, il s'est avéré que l'achat de la Porsche, après une décision unilatérale, était la goutte d'eau qui avait fait déborder un vase déjà plein d'une part, et d'autre part cette voiture représentait pour cette jeune femme l'archétype de l'arrivisme et renvoyait visiblement à un souvenir paternel pénible. Il était pour elle hors de question de monter dans cette voiture. "Ta Porsche ou moi !", lui posa t'elle en guise d'ultimatum. Ce fût la Porsche... A la même période, une amie qui m'était chère m'a envoyé une photo d'elle dans la position décrite. Dans mon esprit s'est ainsi s'est fait l'amalgame Porsche-femme-rivale, et j'ai envoyé ce texte à la jeune femme en question, par empathie envers l'homme qui la quittait pour une rivale mécanique, pour un rêve d'enfance. On devrait toujours témoigner de l'empathie envers ses rivaux: c'est le meilleur moyen de se mettre à leur place. J'ai néanmoins échoué à ce jeu subtil, je n'étais pas de la pointure de cette femme là.
Moi, quand j'étais petit, je rêvais d'être tom Selleck dans Magnum, et je fantasmais donc sur sa Ferrari, sa carrure et ses conquêtes. Plus tard, je n'ai eu de lui que les moustaches, et je roule aujourd'hui en papamobile. Mais côté conquêtes, je ne me plains pas, comme quoi l'apparence ne fait pas tout: je préfère la femme cachée derrière la pute de luxe.
Le mercredi 14/02/2007 à 23:17 par Vagant pour Sapheere :
Tu as rêvé de moi ? Et que faisais-je dans ton rêve ? Je faisais courir mes doigts sur ton corps assoupi ?
Le mercredi 14/02/2007 à 23:22 par Vagant pour Six :
La nuit comme dans les rêves, toutes les chattes et toutes les Porsches sont grises.
Ah, le thème récurent de la soumission... Il faut que j'écrive une note sur la difficulté d'endosser le rôle de dominant. Lorsque la confiance est là, il est bien plus confortable d'être soumis !
Le mercredi 14/02/2007 à 23:25 par Vagant :
Cui, je ne suis pas mécontent de t'avoir mené en bateau, ou plutôt en voiture... j'espère que la promenade fût agréable. Il semblerait d'ailleurs que nous ayons été suivi par une certaine Madame B... B comme Bovary ?
Le jeudi 15/02/2007 à 06:45 par X-Addict :
Voila une histoire bien pistonnée et bien montée.
Bravo, j'y ai cru jusqu'a la fin.
Le jeudi 15/02/2007 à 09:03 par affrivolante :
Je suis assez d'accord sur la porshe comme symbole de l'arrivisme triomphant. Dans mon désormais glorieux quartier du 16eme, (sic!), je suis stupéfaite tout les we de voir des hommes, seuls, promenant titine avec une fierté non dissimilée.
Et dire qu'à l'époque les milords, on les croisit au bras d'une demoiselle, Dieu , qu'elle était belle, j'en ai froid dans le coeur....
Allez venez Milord!
Le jeudi 15/02/2007 à 16:01 par Vagant pour Affrivolante :
Je ne ressemble pas trop à un Milord mais je veux bien vous suivre. Où m'invitez-vous ?
Le jeudi 15/02/2007 à 20:08 par affrivolante :
Pourtant, vous assuriez porter une moustache?
Le jeudi 15/02/2007 à 20:13 par Vagant pour Affrivolante :
Oui, quand j'étais très jeune, une moustache clairsemée d'adolescent, vous voyez le genre ? Même pas de quoi faire un guidon de vélo. Je m'en suis fort heureusement débarrassé depuis longtemps.
Sans moustache vous ne m'invitez plus nul part ?
Le jeudi 15/02/2007 à 21:10 par affrivolante :
mais si, vous êtes toujours le bienvenue dans mes nuits.....