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14 mars 2007
Le supplice de l'esthéticienne
Je suivais Sarah le coeur battant. Je venais de la retrouver sur les marches d'une église où nous nous étions donné rendez-vous pour le défi qu'elle m'avait lancé: la suivre comme une escort-girl qui fait visiter le Paris underground au gagnant d'un concours improbable. Il pleuvait, nous étions réfugiés sous son parapluie, et nous marchions d'un pas alerte. Elle tenait bien son rôle, faisant preuve d'une retenue à la hauteur des débordements sensuels dont elle me gratifiait dans l'intimité. Seuls ses yeux bleus pétillants et son sourire en coin trahissaient une excitation contenue. Elle s'arrêta d'un seul coup à l'entrée d'un salon de beauté, et elle me tendit une enveloppe artisanale réalisée avec une page de magazine patiemment découpée et pliée, qui représentait un couple mixte enlacé. Sarah était une femme de détails. L'enveloppe était cachetée avec un autocollant numéroté: le chiffre 1. J'ouvris l'enveloppe pour découvrir la première épreuve de la journée: "Avant de sortir de l'institut de beauté, remercier chaleureusement votre esthéticienne en l'embrassant"
J'ai tout de suite compris ce qui m'attendait. Sarah entra victorieusement dans la boutique, et je la suivis, hagard comme un condamné son bourreau. J'allais subir une épilation des testicules à la cire chaude, et je n'étais pas fier d’être livré tel un cobaye à une spécialiste des interrogatoires raffinés, fût-elle déguisée en jeune esthéticienne au profond décolleté pigeonnant. La porte claqua derrière moi, je fus entraîné dans les tréfonds du salon par la jeune beauté ricanante, pendant que Sarah montait la garde dans la salle d’attente. Fait comme un rat !
La libido masculine est certainement plus ambiguë qu'on veut bien le croire: j'ai été incapable de maîtriser une incontrôlable érection en me déshabillant face à ma future tortionnaire qui en avait certainement vu d’autres. L'esthéticienne me proposa alors un cache sexe bleu qui ne cachait pas grand chose mais donnait une touche cocasse à ma tragique situation. Le dialogue qui suivit s'inscrit d'ailleurs dans le grand comique avec répliques à la Audiard telles que : "Pouvez-vous soulever ces testicules s’il vous plait ?".
Un poil douillet, l’épilation acheva de me faire débander, en particulier les derniers poils arrachés à la pince à épiler. L’esthéticienne alla ensuite chercher Sarah comme un tortionnaire zélé va chercher l’officier lorsque sa victime semble prête à tout avouer. Sarah entra, impassible. Elle jeta sur mon corps nu et mutilé de sa pilosité un regard satisfait. L’ombre d’un instant, j'eus l’étrange impression d’être un homme objet, réduit à un sexe apprêté par une femme pour le plaisir d’une autre, comme s’il ne m'appartenait plus. J'étais dépossédé de ma virilité velue, les couilles aussi lisses que la peau d'une volaille déplumée, prête à cuir. En l'occurrence, c'était plutôt du prêt à jouir.
Sous le coup de l'émotion - et taraudé par une angoissante question: "Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter à ma femme pour expliquer mon sexe déplumé" - je suis me suis rhabillé rapidement, et je suis sorti un peu honteux de la boutique. Sarah s'est alors tournée vers moi et m'a signifié l'échec de ma première épreuve: Qu'importe ma "bravoure" - celle-ci était naturellement due - j'avais oublié d'embrasser l'esthéticienne !
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Tous mes remerciements à Camille pour avoir illustré cette note par un des ses sulfureux croquis.
10:00 Publié dans Défis | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : expériences, épilation intime, erotisme, sarah, libertinage, littérature, récit érotique
Commentaires
Le mercredi 14/03/2007 à 10:17 par Camille :
Ah les blouses blanches...
Le mercredi 14/03/2007 à 10:26 par Vagant pour Camille :
Je ne garde de sa blouse que le souvenir de son décolleté encore plus plongeant que celui de votre illustration ! J'aurai d'autres histoires de blouses blanches, si cela vous inspire...
Le mercredi 14/03/2007 à 13:04 par Teb :
Gare à la "punition"
Première épreuve loupée ..... aie...
;-))
Le mercredi 14/03/2007 à 13:24 par Teb :
pssstttttt (je te cause tout bas dans l'oreille)
C'est dommage cette souris dans le dessin de Camille....;-(
Le mercredi 14/03/2007 à 13:26 par B :
Par la suite vous avez continué l'épilation ?
Le mercredi 14/03/2007 à 13:37 par Vagant pour B :
Ce fut ma seule expérience épilatoire !
Le mercredi 14/03/2007 à 13:42 par Vagant pour Teb :
Ce fut une catastrophe. J'ai raté à peu près toutes les épreuves de la journée, mais le jury était magnanime ;) De toutes façons, Sarah gagnait toujours...
La souris est très bien ! C'est une invitation au click !
Le mercredi 14/03/2007 à 13:49 par B :
Surtout que quand on click on est pas déçue ;)
Le mercredi 14/03/2007 à 13:53 par Vagant pour B :
Cela étant dit, ce dessin n'est pas contractuel... Je n'ai pas une queue de cheval ! ;)
Le mercredi 14/03/2007 à 17:13 par Sapheere pour Vagant qui parle à B :
ah, c'est curieux, on m'avait pourtant parlé de taureau....:D
(private joke complètement déplacée, j'espère que les intéressés se reconnaitront). Quelle réputation ce Vagant !
Le mercredi 14/03/2007 à 17:18 par Vagant pour Sapheere :
Emphatique:
C'est un lapin, c'est un cheval, c'est un taureau !
Que dis-je un taureau ? C'est un éléphant !
La réputation ça trompe, ça trompe! La réputation, ça trompe énormément ;)
Le mercredi 14/03/2007 à 20:20 par Madeleine :
Je ne sais pas si je suis la seule, mais je ressens toujours quelques émois en allant chez l'esthéticienne. Le fait de suivre une jeune femme (pas toujours jolie hélas) dans une cabine, de me déshabiller, et surtout de me faire un peu masser à l'issue du supplice.. je trouve cela délicieusement ambigü.
Mais je déteste les hommes épilés, comme vous le dites très bien, cela me fait penser à un poulet déplumé !
Le mercredi 14/03/2007 à 21:56 par Georges :
Tout ce que j'avais à dire sur l'épilation, je l'ai dit, aujourd'hui, dans un commentaire sur le blog de C&M (http://chipsmojito.hautetfort.com/) qui parle du même sujet!
Le mercredi 14/03/2007 à 22:23 par Vagant pour G & M :
Georges et Madeleine sont donc philophiles ! Ils n'ont pas cédé à la mode libertine de l'épilation tous azimuths, ce qui est tout à leur honneur. Et pourtant, quel plaisir d'avoir sous la langue des couilles lisses, m'a dit Sarah au cours de la soirée post-épilatoire. Certainement le même que celui de ne pas avoir de longs poils sous la langue quand je fais un cunnilingus...
Je serais tenté de mettre en parallèle l'entretien du pubis et celui d'un jardin. Entre la forêt amazonienne et le jardin zen, il y a le jardin anglais à la pelouse bien tondue, qui donne une impression nature sans ses désagréments. Pour ma part, j'essaie donc de tailler régulièrement, tout particulièrement les zones où la langue risquerait de s'attarder, mais sans n'avoir jamais opté pour l'épilation intégrale et son effet poulet PAC.
Le mercredi 14/03/2007 à 22:36 par Ysé :
Ah les esthéticiennes, tout un poème. Sans compter qu'il y en a qui ne font pas toujours ce qu'on leur demande. En tout cas, je ne vois jamais la visite en institut comme une partie de plaisir, alors tout en me rendant compte combien il faut souffrir pour être belle, je pense aux réjouissances post-épilatoires.
Le jeudi 15/03/2007 à 07:27 par pateric :
Chez Camille, nous avons joué avec les mots, à l'instinct du dessin; au sensas des maux : - Bite au vent.... en rythme binaire - est notre intro.
- Avant de venir vous lire, ici...
- "Fait comme un rat" ! - c'est l'épitaphe qui nous convient... pour sauver les apparences...
Bravo pour tous vos textes, que jusqu'à aujourd'hui nous n'avions pas encore commentés, bien que nous n'en rations aucun : "les amis de Camille sont nos amis"... Mais on ne peut pas tout faire, n'est-ce pas?
Le jeudi 15/03/2007 à 10:36 par Georges :
Votre âme est un paysage choisi,
Votre chatte est un jardin anglais.
(le deuxième vers n'est pas de Verlaine)
Le jeudi 15/03/2007 à 16:32 par Comme une image :
Ah, Camille m'avait fait aussi l'honneur de m'offrir une image en illustration d'une note (sans l'avoir lue)... C'était là :
http://tinyurl.com/22u4xz
Et dis moi, qu'as-tu raconté à ta femme une fois rentré à la maison : que tu avais eu une grande frayeur et que tous tes poils étaient tombés d'un coup ?
Le vendredi 16/03/2007 à 15:19 par Vagant pour CUI :
Rien. L'épilation n'était pas totale, seules mes testicules étaient glabres. Mon pubis, bien que sévèrement taillé, avait échappé à la cire chaude. De loin, ça ne se voyait donc pas trop.
Le vendredi 16/03/2007 à 18:23 par Comme une image :
@ Vagant > J'aime bien le « de loin » qui en dit beaucoup.
Concernant M (pour G, je ne sais pas), pas de découvert ici : une image particulière de son album photo laissait comprendre qu'effectivement c'était plutôt « originel ».
Concernant les mérites esthétiques et pratiques des différentes approches, il y aurait beaucoup à dire et même si l'épilation totale me semble, à moi, plutôt une mode portée par l'imagerie pornographique, elle a ses avantages (et c'est vrai en particulier que le cunnilingus peut être un peu moins agréable dans une forêt de poil m'enfin dans l'enthousiasme du moment, on survit généralement à ces petits inconvénients – petites pauses « z'ai un seveu sur la langue »).
Je me suis épilé une fois, « pour voir », à la crème dépilatoire, ce qui n'était pas forcément la meilleure idée, et « à la maison » pour ne pas éveiller trop de soupçons. Pas spécialement convaincu par le résultat, je n'ai pas renouvelé mais je serai tenté à l'occasion de tester un « résultat professionnel » (on dirait une pub !).
Le vendredi 16/03/2007 à 18:30 par Vagant pour CUI :
faudrait que je retrouve l'adresse de "la mienne". Si c'est toujours elle, tu ne serais pas décu du voyage...
Le vendredi 31/08/2007 à 19:04 par blue :
J'apprécie particulièrement cette histoire, mais je déplore de n'y trouver aucune suite... surtout qu'elle s'achève en plein suspens: il ne s'agit que de la première épreuve! Certes, tu nous laisse dans tes réponses deviner qu'il y eu des réjouissances buccales, mais ce n'est pas assez.
L'image de l'homme soumis aux caprices d'une dame est très humaine. Elle complète avec bonheur l'assurance que l'on te sens dans les autres récits. Vive les joies de l'alternance !
Le vendredi 31/08/2007 à 19:42 par Vagant pour Blue :
Oui, il y en a eu des réjouissances avec Sarah, et pas qu’un peu. Il me faudrait raconter tout ça avant que je n’oublie, avant que la mémoire ne défaille complètement, et qu’il ne reste plus que l’imagination pour retrouver le goût de la Madeleine à jamais perdu… En réalité, je recule devant l’ampleur de la tâche : Il me faudrait écrire un roman !
Le vendredi 31/08/2007 à 20:49 par blue :
Désolé si mes encouragements te créent un peu de "vague à l'âme".
Tes envies décideront, mais en tout cas, si cela se concrétisait par un roman ou au moins quelques récits de moments précieux, je serais ravi!
Le lundi 03/09/2007 à 16:06 par Vagant pour Blue :
C’est promis, et même doublement car Georges a aussi émis le souhait de lire le récit d’une de mes aventures qui a pour cadre « Chochotte » …
