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02 mai 2014

Du désir sexuel à la consommation

C’est une fois de plus grâce à l’excellent blog « les fesses de la crémière » que je découvre la revue silence, dont le numéro 421 traite des relations poly-amoureuses. Je ne résiste pas à citer un paragraphe relatif à la frustration sexuelle institutionnalisée:

polyamour, sexualitéUne fois casé, on assiste sereinement à la baisse de son désir sexuel pour le partenaire quotidien,  baisse parfois compensée par une augmentation de la tendresse et de la complicité. Routine, habitude, l'interaction charnelle perd de son attrait. Bref, le couple exclusif semble conduire à la frustration sexuelle. Frustration possiblement renforcée par un matraquage brûlant et systématique dans les médias et la publicité — puisque le sexe fait vendre. Qu'est-ce que qu'on en fait de cette frustration ? La consommation pourrait-elle en être un dérivatif ? Et, Chéri-e, on achète un nouvel écran plat ? J'ai vu la pub à la télé, ça avait l'air super !
Réprimer la sexualité est essentiel à tout processus de domination. Cachée dans les oreillers de couples dormitifs, la publicité n'alimenterait-elle pas en partie leur insatisfaction sexuelle ? La débauche télévisuelle n'utiliserait-elle pas la misère sexuelle au service de la consommation ?

Eve Thiebaut

Cette thèse éclaire sous un jour nouveau les propos de Serge Carfantan, que j’avais cités dans cette nouvelle  :

Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler (texte) sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées (cf. les individus de type alpha, bêta, gamma). Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.

En effet, ce n’est pas la sexualité accomplie qui est mise au premier rang de nos sociétés, mais le désir d’une sexualité inaccessible à laquelle la société offre un dérivatif consumériste, comme la tablette de chocolat soulagerait les peines du cœur.

Commentaires

Le vendredi 02/05/2014 à 15:21 par Carnets d'Eros :

C'est exactement ce que le système scolaire produit aujourd'hui. C'est un système élitiste qui façonne de manière très efficace les élites de demain qui ne feront que reproduire l'actuel fonctionnement de la société. A la fois parce qu'elles seront bien incapables de penser différemment mais aussi par collusion d'intérêt.
D'autre part, pour ceux qui n'ont pas le goût des études, le système éducatif fabrique d'excellents techniciens, maîtrisant parfaitement les leviers de la production. Ils seront les futurs producteurs-consommateurs de demain, soumis car incapables d'analyser, de critiquer et d'imaginer un autre monde. Mais surtout ayants beaucoup à perdre en cas de mouvement social ou révolutionmaire d'importance (tous nos biens de consommation). Donc ne provocant aucun remous, et perpétuant ainsi indéfiniment le modèle d'organisation que nous connaissons. A la fois par manque d'imagination mais également par volonté d'accumuler toujours plus de biens.
Que la frustration sexuelle contribue au renouvellement du mode de fonctionnement social et politique n'est finalement qu'un détail.
Mais cela démontre bien la puissance du capitalisme qui, dans un même temps, est capable de faire de l'argent avec le sexe et d'en faire un instrument de domination.

Le liberté sexuelle tout comme la procrastination seraient donc finalement, des actes subversifs voire révolutionnaires...

CdE

Le samedi 03/05/2014 à 10:06 par Vagant :

Je suis parfaitement d’accord avec ton analyse de la situation relative à l’éducation, qui rejoint celle de Serge Carfantan. Le système peut-il se reproduire indéfiniment ? Je ne le pense pas parce que le système fonctionne sur la croissance économique, qui doit être supérieure à la croissance démographique, afin d’assurer la croissance des bénéfices des actionnaires. Le tout dans un monde fini aux ressources naturelles limitées. La seule solution de cette équation est bien entendu l’augmentation des inégalités, constatée depuis des années avec l’augmentation du coefficient de Gini, la pauvreté d’une majorité assurant la richesse d’une minorité. Ceci n’est vraiment pas nouveau, et ce genre de crise se termine toujours par la violence, qu’elle soit institutionnalisée (la guerre) ou non (la révolution). Historiquement, c’est généralement la première solution guerrière qui s’impose, et la prochaine risque d’être cataclysmique au vu des moyens de destructions massifs dont on dispose…

Cette triste digression nous éloigne du sujet initial et de ta conclusion : En fait, le capitalisme suscite les désirs dont il peut vendre l’assouvissement. En ce qui concerne la sexualité libérée, le principal produit d’assouvissement est l’ersatz pornographique et, dans une moindre mesure car le marché est plus étroit, le libertinage calibré des clubs échangistes. Ce qui m’apparait non pas révolutionnaire mais tout au moins subversif dans ce domaine, c’est d’assouvir ses désirs sexuels sans passer par les produits proposés par le marché, afin que la sexualité demeure une affaire individuelle, à taille humaine, sans engraisser au passage l’industrie du sexe et la sangsue financière. Plus facile à dire qu’à faire !

Le samedi 03/05/2014 à 13:43 par Volubilis :

Je suis d'accord, le patriarcat capitaliste rend les hommes fous et frustrés ! Mais pointer le capitalisme n'est qu'un début de réponse, comme la question de la frustration sexuelle n'est qu'un début de question seulement. La frustration sexuelle masculine (mais aussi féminine) est le coût de la domination. C'est se retrouver pris à son propre piège. L'importance que le capitalisme/patriarcat accorde au sexe ET à la propriété en même temps gâche un peu tout le plaisir ! On ne peut pas vouloir garder pour soi ET vouloir que le voisin partage. C'est un peu difficile psychologiquement, à faire tenir ensemble.
Les milieux féministes ont pointé depuis longtemps que le capitalisme est la chose du patriarcat, c'est son prolongement idéologique dans le domaine de l'économie En fait de révolution (baiser), il s'agirait plutôt d'une tricherie éhontée, qui fait porter l'attention sur ce que le patriarcat et le capitalisme, franchement, ne produisent pas de plus scandaleux : la frustration du mâle blanc hétérosexuel dans sa libido.

La pub qui rend les mecs frustrés quand ils sont en couple... Bonjour l'excuse.

Le samedi 03/05/2014 à 14:51 par Vagant :

Je suis globalement d’accord avec toi, la frustration sexuelle masculine organisée n’est pas le pire des maux de nos sociétés capitalistes. Toutefois, il n’y a pas que les hommes qui en souffrent. La promotion de la sexualité et sa réponse commerciale pornographique, machiste et violente, n’arrange pas la perception de la femme chez le trentenaire moyen. Sous prétexte de drague, les femmes sont harcelées et injuriées quotidiennement dans nos villes, et tu n’es pas la dernière à déplorer les mots clefs à partir desquels le mâle moyen atterrit sur ton blog. En fin de compte, les femmes sont aussi frustrées de tendresse et d’amour (même pas avec un grand A) quand elles acceptent le coup d’un soir avec le mâle moyen dont l’éducation sexuelle se résume au porno de base.

Le samedi 03/05/2014 à 15:19 par Volubilis :

Tu m'étonnes John ! Ce n'est pas tant de sexe que de tendresse et d'amour dont nous manquons, je le pense aussi ! Sauf que les "relations hommes/femmes" comme elles se présentent aujourd'hui, ne s'y prêtent pas bien, je trouve.
Le sexe est la partie de la vie intime d'une femme la plus "risquée", je pense que tu vois pourquoi j'utilise ce mot, il peut servir à décrire une bonne partie des désagréments encourus pour une "sexualité libre".
Et puis, si j'ai bien cru comprendre, "avoir une sexualité libre" revient souvent à savoir jongler avec les RTT et les emplois du temps. Socialement, c'est vraiment complexe à mettre en oeuvre, à croire que tout est fait pour que ça n'arrive presque pas, la tendresse !
Je ricane... pardon.

Le mardi 06/05/2014 à 17:46 par Plume d'Envies :

Difficile de passer après tant de commentaires construits, mais j'ai beaucoup, BEAUCOUP aimé cet article. Tant dans l'idée présentée que dans son développement. Cela fait maintenant une bonne dizaine d'années que je ne regarde plus le petit écran et ce que vous décrivez ici n'y est pas totalement étranger. Et peut s'appliquer à bien des domaines...

Le mercredi 07/05/2014 à 00:02 par Vagant :

@Volu : Oui, c’est vrai qu’une sexualité libre comporte des risques sanitaires qu’il faut minimiser, le risque zéro ne pouvant être atteint qu’avec l’abstinence totale préconisée par le clergé. J’ai cru comprendre que tu t’astreignais à cette ascétisme, et l’avenir nous dira jusqu’à quel point c’est vivable. Je crois qu’il y a un juste milieu entre l’ascétisme frustrant et l’hédonisme suicidaire.

@Plum : Sans télé, vous ne succomberez pas au désir d’un nouvel écran plat pour compenser une éventuelle frustration sexuelle.

Le mercredi 07/05/2014 à 07:31 par Carnets d'Eros :

Dans une société dominée par les notions de concurrence, de compétition, de rendement, d'efficacité, de résultats, il n'est guère étonnant de constater le transfert de cet "idéal" économique aux relations humaines et sexuelles. Ce qui ne contribue guère à humaniser l'une et l'autre mais permet d'accroître les frustrations et de les transformer en un marché bien juteux !
Toutefois, le capitalisme et la gestion des emplois du temps ont bon dos ! Les relations hommes-femmes sont avant tout ce que nous en faisons. Nous ne sommes pas condamnés à nous comporter comme des gorets, et à ne rien donner ni ne rien recevoir en terme d'amour et de tendresse sous prétexte d'un environnement culturel défavorable.
Le porno est à la fois un marché et un instrument de domination sur les femmes. Il contribue certainement aux coups bas qu'elles prennent. La mémoire culturelle étant longue les évolutions seront lentes. Elles ont débuté ?
A quoi peut bien conduire l'ascétime ? A plus de créativité. On invente, on s'invente, on se crée des mondes avec des gens, on s'isole, on bâtit des monastères et des églises, on juge, on condamne puis on massacre ceux qui continuent d'aimer la vie et les gens et les plaisirs ! Ou alors les relations ne sont plus qu'intellectuelles sans affect. Ou peut-être plus vraie car sans la possibilité de séduire. Ou encore on meurt pour le salut de l'humanité.
Bref le spectre des devenirs est large !!!

CdE

Le mercredi 07/05/2014 à 09:18 par Volubilis :

@ Vagant et Carnets d'Eros : moi je me contrains à l'ascétisme ???? Té fou ! Qu'est-ce qui te fait croire ça ? Parce que j'ai pas de relation sexuelles en ce moment ? Parce que j'ai plus envie de baiser avec tout le monde et n'importe qui ?
Mentir d'un côté en bidouillant sur son temps de l'autre pour entrapercevoir une chatte vite fait (ou moins vite fait), j'appelle pas ça de la tendresse et je n'aimerais pas être traitée ainsi.

Le mercredi 07/05/2014 à 09:45 par Vagant :

@Volu : En ce qui te concerne, abstinence est plus adéquat qu’ascétisme, en effet. C’est bien vrai que je mens, et je n’en suis pas bien fier, tu sais. Mais le plus souvent, ce n’est pas pour entrevoir une chatte ni baiser. Ce n’est que pour un baiser. Moi, j’appelle ça de la tendresse, mais tu peux bien appeler ça comme tu veux.

Le mercredi 07/05/2014 à 12:05 par Volubilis :

Frustration sexuelle, je me marre, franchement... tu sais, dans mon couple, on a fait le pari inverse : se donner l'occasion de jouir, à deux, avec d'autres personnes que "le partenaire quotidien"... Tant qu'il s'agissait d'échangisme (question tendresse, mais pardon, faudra repasser !!), ça allait "bien", je faisais des "efforts" (plus jamais !) et mon mari n'était pas frustré. Dès que JE suis allée de la tendresse et lui aussi (pour "équilibrer"), ça a été la gabegie totale.
Peut-être que nous n'étions pas prêts à ça.

Ou peut-être que ça n'était pas une solution non plus.

Fidélité, libertinage, cocufiage, échangisme, point de salut en l'état actuel des choses.

Je vote pour une sexualité libre, et point barre. Je baise comme je veux avec qui je veux (ce qui ne veut pas dire n'importe comment avec n'importe qui), je ne devrais pas avoir à mentir ou négocier pour ça.

Le mercredi 07/05/2014 à 12:55 par Vagant :

Ma chère Volu, tu vas effectivement pouvoir profiter de ton nouveau statut de célibataire pour jouir sans entrave de la tendresse que procurent les princes charmants qui, comme chacun sait, courent les rues en faisant des claquettes. Je rigole, aussi. Moi, je continue de penser – parce que j’ai la chance de le vivre – que la tendresse peut aussi exister entre un homme et une femme en dehors du modèle de couple classique, et celui des célibataires polyamoureux que tu sembles décrire mais que je n’ai guère vus dans la réalité. Ces derniers vont bien souvent de « plans culs » en déceptions amoureuses avant de tomber sur « le bon », finissent par se séparer faute de tolérance réciproque et reprennent le cycle des serial-monogame. Il est où le salut ? Peut-être pas là où on le cherche mais dans les interstices de la vie à condition de ne pas être trop anguleux et oublier les œillères des modèles préfabriqués.

Le mercredi 07/05/2014 à 15:48 par Carnets d'Eros :

Quand je parlais d'ascétisme, je me demandais qu'elles en était les conséquences sur les personnes pour m'étendre sur celles qui touchent la société. Je ne sous entendais pas que Volu voulait en être puisqu'en conversation elle m'avait dit tout le contraire !

Je m'étonne toutefois de cette catégorie toute faite "mensonge à sa/son compagne/compagnon égale manque de tendresse envers son amant(e)".
Je mens. C'est vrai. Pas bien. Pas fier, pas honte.
Elle me ment aussi ? Je n'en sais rien.
Je lui souhaite des aventures et tout le plaisir qu'on peut en tirer. Et quand il m'arrive de penser qu'elle me ment... surtout je n'empiète pas sur son monde. Respect pour son jardin secret. Silence sur ses plaisirs.
Pour ma part, mes mensonges ne m'ont jamais poussé à aller voir des chattes, mais à rencontrer des personnes, des êtres humains quoi, avec des réactions humaines et des désirs et des envies tout ce qu'il y de plus humain. Jamais l'aspect sexuel n'a été le moteur unique de ces rencontres. Il en est un aspect important, sur lequel toutefois je peux faire l'impasse si je sens qu'il ne faut pas pousser jusque là. Et continuer néanmoins à entretenir de belles relations avec celle qui ne veux/peux pas aller jusqu'au lit. C'est légitime de ne pas/plus avoir envie, de ne pas vouloir/pouvoir baiser.
On ne m'a pas encore démontré que mes mensonges me conduisaient, presque indépendamment de moi, à me conduire sans amour ni tendresse avec mes amantes, ces femmes que j'aime, et pas seulement pour leur cul, quoiqu'on puisse en penser. Même si, sans doute, il faut nuancer fortement la portée du mot aimer... (c'est la discussion du moment chez Marie Tro).

Je maintiens que même des rencontres éphémères peuvent être humaines, respectueuses, tendres, intelligentes et sensibles. "Parce que j'ai la chance de le vivre", pour reprendre les mots de Vagant. Absolument !

Le salut ? C'est peut-être un peu de bienveillance, un peu d'écoute, un rien de compréhension pour l'histoire de l'autre, ses souffrances et ses peurs, un chouïa de tolérance, un petit effort d'acceptation, un brin de curiosité pour cet inconnu, tout ce qui fait la richesse de la relation à l'autre. Ce qui lui donne un sens. Ce qui fait qu'on rencontre des gens et qu'on fait pas que baiser avec une chatte ou une queue !
Mais cela dépend avant tout de notre (in)capacité, de notre volonté à aller vers l'autre et d'accepter d'autres modèles que celui, commode, qu'on se fabrique !

Le début de la discussion a soulevé une autre curiosité... je vais aller voir moi aussi sur les statistiques les mots qui motivent les lecteurs à venir sur "les carnets d'Eros".

CdE

Le mercredi 07/05/2014 à 16:40 par Marietro :

Le thème de ce billet arrive alors que je me faisais une réflexion à propos du livre que je lis «grand écart» de Claude H : l'histoire d'un homme marié soumis et déchiré dans ses croyances et ses désirs.

Étrangement, il y a de la tendresse dans cette histoire. Mais là n'est pas ma réflexion. A aucun moment l'argent ni son utilisation n'est évoqué. Or, l'homme va dans des clubs, voit une maitresse, a des jouets multiples etc. Il faut bien de l'argent pour tout cela. Sa femme accepte ses "jeux" (un peu facilement à mon sens, mais je n'ai pas encore tout lu) mais jamais n'est évoqué le choix à faire dans les dépenses entre partir en vacances, payer des trucs pour les gosses, offrir un we à madame légitime et assouvir ses fantasmes. Or cet homme est sensé être prof.

Ceci m'étonnait.

Quant à savoir si le rationnement de sexe est institutionnalisé. Je ne sais. Je sais seulement que les interdits protègent les plus faibles (dont je fais parti parfois) (et faibles n'est pas un gros mot, mais le constat d'un manque, d'une blessure d'une imperfection) et que, le plaisir vient aussi de la transgression. Que l'éducation n'est pas seulement de donner des clefs pour vivre dans le monde tel qu'il est aujourd'hui, mais aussi de permettre une ouverture du cœur de l'esprit à ce qui est différent. Respecter les autres dans leur diversité c'est se rendre soi-même libre.

Mais il est des jours où je rêve d'être homme socialement parlant. Oui je serais plus libre. Notamment financièrement. En tout cas au départ, j'aurais plus de possibilité de l'être ou de le choisir. Cependant l'herbe n'est pas plus verte ailleurs ?
Il y a là une contradiction en moi. Aimer les hommes, leur peau, leur sensibilité, leur être et détester la chance qui leur est donnée dans notre société.

Le mercredi 07/05/2014 à 22:58 par Vagant :

@CdE & MarieTro: En fin de compte, vos commentaires convergents nous invitent à la tolérance, et on peut les résumer par ce bel aphorisme de MarieTro: Respecter les autres dans leur diversité c'est se rendre soi-même libre.

Le jeudi 08/05/2014 à 19:33 par Brigit :

(je n'ai pas lu les coms, je préfère réagir avant)
d'une part, c'est vrai que les fesses de la crémière est un blog à lire, même si je suis très rarement d'accord avec. d'ailleurs, je suis presque sortie de mon silence bloguesque pour rebondir sur un autre sujet et puis finalement, non...

ensuite, la frustration sexuelle et son pendant, l'idéal d'une sexualité accomplie (hédoniste pour le dire vite) ce n'est pas d'aujourd'hui, et avec la télé, que cela gouverne les masses, société consumériste ou pas. donc, malheureusement le raisonnement ne tient pas. dommage

d'autant plus qu'il y a un paradoxe à prétendre que le sexe (la satisfaction ou la frustration de) fait vendre lorsque lui même ne se vend pas. mais c'est un autre débat

la sexualité est, de tout temps, au premier rang des préoccupations humaines et son contrôle aussi. les tabous les plus primitifs, primaires et permanents sont des interdits sexuels. les règles de moeurs sont des règles de comportement social. définir un "épanouissement" sexuel idéal c'est imposer un processus normatif aussi... et ce normatif varie beaucoup plus que l'on ne veut bien le croire

la bonne question à se poser concerne le prétendu abrutissement des masses, au prétexte de quelques émissions débiles et publicités racoleuses. ce raisonnement du controle des masses repose sur un axiome : ce qui est ludique et futile (donc inutile) est débilitant. OR l'histoire de l'humanité prouve le contraire, y compris en sciences.

ainsi les règles et tabous cités plus haut ont leur licence, convoquée tout autant au controle des masses, lors de grandes fêtes populaires, tout aussi institutionnelles, sinon de parties fines plus intimes mais dont l'évocation remplit certaines belles feuilles de littérature y compris sacrées, ou oeuvres d'art...

le problème du tranquillisant, voyez-vous, c'est qu'il contient son propre poison. c'est le principe même du truc. tout est une question de dosage. et comme pour panem et circenses, on sait que ça ne fonctionne pas, à long terme, population sauvage ou policée, éduquée ou inculte.

Le vendredi 09/05/2014 à 00:00 par Vagant :

@Brigit : Le sexe se vend. Sur tous les écrans sous forme de pornographie, en nature au bois de boulogne, et dans diverses destinations spécialisées dans le tourisme sexuel. Que le sexe continue de faire vendre doit être évident pour les pubards qui l’utilisent, et qui font le pari de convertir la pulsion sexuelle en pulsion d’achat. Si ça ne marchait pas, j’imagine qu’ils le sauraient, et on verrait moins de pubs a caractère sexuel, non ?

Je n’ai pas dit que ce qui est ludique et futile est débilitant. Les jeux des enfants sont nécessaires à leur développement par exemple, des observations apparemment futiles peuvent mener à des découvertes scientifiques. Pas la télé formatée pour servir la publicité et la propagande déguisée en informations. Pas roupiller devant Patrick Sébastien et ses sardines. La télévision grand public est dans sa grande majorité débilitante, sinon mensongère.

Maintenant, le sexe, son contrôle, la frustration qui en résulte et les licences orgiaques, ça date de la nuit des temps, je suis bien d’accord. Les normes ont considérablement changées selon le lieu et l’époque. Je ne m’insurge pas contre la frustration qui résulte des interdits nécessaires pour vivre ensemble, qui régule la vie en société. Je souligne juste que ce principe de régulation basé sur les interdits est perverti pour obtenir un système d’excitation-frustration-consommation propice au commerce.

Le parallèle que vous suggérez entre les jeux du cirque et le sexe spectacle donne à réfléchir, et j’aimerais que vous développiez votre pensée à ce sujet.