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14 février 2015

Fuck Love

A l’occasion de la Saint Valentin, un australien a décidé de faire la nique à la fête des amoureux avec son site fucklove.paris. Je ne vais pas vous en faire l’article, allez-y et revenez me voir.

Amusant n’est-ce pas ? Au-delà de l’humour, ce site m’a inspiré plusieurs réflexions. La première, c’est sur la symbolique même du cadenas d’amour. Le photographe Gilles Ouaki porte un regard bienveillant sur ces cadenas dont il a fait une exposition sur le pont des arts en 2013 pour la sortie de son livre « I Lock You » :

« Le fait que je casse un cadenas ne casse pas l’amour de deux êtres, comme le fait de mettre un cadenas, ce n’est pas consolider l’amour, et puis le fait de jeter la clef, ça me gêne un peu quand même. J’aime bien qu’on mette un cadenas d’amoureux sur le pont des arts mais j’aimerais que les amoureux emmènent chacun une clef avec lui, avec la possibilité de revenir et de dire « c’est fini maintenant » et d’ouvrir le cadenas. »

Pourquoi l’amour devrait-il donc être représenté par le symbole même de l’enfermement, en passant de I love you à I lock you ? Ces cadenas-là me semblent être à l’amour ce que les cadenas moyenâgeux étaient à la ceinture de chasteté : tu n’as pas le droit d’éprouver de sentiments amoureux pour quelqu’un d’autre que moi. J’ai annexé ton cœur. L’amour ainsi exprimé me rappelle les mots de Christian Bobin dans Une petite robe de fêtes :

« Tout commence par une déclaration de guerre : Je t’aime – et le reste en découle comme par une loi de chute des anges. Je t’aime. Tu es ce qui éveille en moi le sentiment d’amour, puisque tu peux l’éveiller c’est que tu peux le combler, puisque tu peux le combler c’est que tu dois le combler, tu es le complément en moi du verbe aimer, le complément d’objet direct de moi, j’aime qui, j’aime toi, tu es le complément de tout, le masque d’or du père ou de la mère, l’ombre nourricière penchée sur moi petit, tout petit qui crie sa faim, hurle sa misère, son droit sur terre, son droit souverain sur l’univers et donc sur toi, d’abord sur toi. »

Devant la violence symbolique du cadenas d’amour, Gille Ouaki recule : que la condamnation à l’exclusivité de l’amour d’un être pour un autre ne soit pas éternelle, et qu’on puisse revenir ouvrir le cadenas comme on divorce d’un mariage avant que la mort ne sépare. Avec pour sous-entendu la possibilité d’accrocher un nouveau cadenas à la prochaine occasion. Bref, soyez serial-monogame.

Si le cadenas d’amour n’était que le simple témoignage d’un couple d’amoureux, alors l’opération de la mairie de Paris LoveWithoutLocks devrait être un succès, d’autant que ces selfies apparaissent bien plus modernes que les antiques cadenas. Las ! Avec 100 malheureuses photos par mois jusqu’à présent, cette déclaration d’amour 2.0 ne fait pas le poids face aux 40 tonnes de cadenas rien que sur le Pont des Arts : 700 000 cadenas sur les ponts parisiens en 6 ans soit 10 000 nouveaux cadenas posés chaque mois ! L’amour exclusif, pur et dur comme de l’acier inoxydable, a encore de beaux jours devant lui.

La sauvegarde des monuments nationaux est la transition vers la seconde réflexion que m’a inspirée Fuck Love Paris. Entre l’incitation à ne pas mettre de cadenas, l’interdiction de mettre des cadenas grâce à des plaques de plexiglas et le couteux retrait des cadenas par la voirie, le pragmatisme anglo-saxon propose un ingénieux business : « le romantisme dégoulinant des cadenas d’amour vous agace ? Payez-moi pour que je les arrache ! » Bien entendu, il ne s’agirait pas de tous les arracher car le business s’arrêterait aussitôt, mais d’apporter un équilibre entre les accrochages et les arrachages, sans peser sur les impôts locaux des parisiens. N’est-il pas fascinant de voir comment le marché et l’initiative privée peut se glisser là où on attendait qu’une réponse du service public ? Le capitalisme a, lui aussi, de beaux jours devant lui.

03 février 2015

Un congrès à New-York

un-congres-a-new-york.jpgVoici quelques jours, j’ai reçu un message d’une dénommée Arsinoë de poncho-editions, pour m’informer de la publication de leur dernier ouvrage intitulé Un congrès à New-York. Plus intéressé par d’éventuels éditeurs pour mes histoires érotiques que par ce livre, je me suis vite rendu compte que ce roman n’était pas seulement leur dernier ouvrage mais aussi le premier, et par ailleurs le seul roman de l’auteur, une certaine Clara Lavigne.

J’ai proposé à Arsinoë de lire ce roman et d’en faire une critique ici-même, sans lui promettre qu’elle serait positive tout en l’assurant de ma bienveillance. J’ai reçu aujourd’hui même cet ouvrage au format pdf, d’environ 60 000 signes, publié dans leur collection Mini. Je l'ai lu en une heure environ. Je vous fais le pitch : « Sarah est une secrétaire jeune, dynamique… et aussi très jolie. Ce n’est pas Martin, son fiancé, qui dira le contraire. Mais cet heureux couple va faire face à un danger inattendu. C’est au cours d’un voyage d’affaires à New York que Sarah va rencontrer Hugo. Il est charmant, superbement beau. Elle ne résistera pas longtemps à la tentation… »

L’histoire de la jeune femme qui trompe son petit fiancé maladroit avec un bellâtre n’est guère originale. Les scènes érotiques sont softs, agréables à lire, sans vulgarité mais sans surprises. Le comportement des protagonistes est attendu selon une vision du monde paternaliste, romantique et moralisatrice. Le style est basique, sans aspérité mais sans élan, sans doute pour ne pas décourager un public non littéraire. L'histoire est bien construite et je n’ai pas relevé de fautes d’orthographe. Allez, je vous livre un peu d’une scène de sexe assez réussie à mon humble avis, parce qu’elle parvient à surprendre le lecteur, mais il faut dire que j’ai un petit faible pour la frustration :


Dans l’ascenseur, il se tint très proche d’elle. Elle sentait son parfum ambré.
-    Je vous trouve très jolie, vous savez.
-    Vous n’êtes pas mal non plus, s’entendit-elle répondre.
Quand les portes s’ouvrirent, elle était dans ses bras, il lui embrassait le cou, et elle fermait les yeux.
Sarah sortit les clés de sa chambre. Aussitôt, il les lui prit des mains, les enfila dans la serrure et poussa la jeune femme à l’intérieur.
Ils s’embrassèrent fougueusement, collés contre la porte. Il la maintenait prisonnière de ses bras. Elle ne pouvait pas lutter contre cet homme si robuste. D’ailleurs, en avait-elle envie ?
Il lui enleva sa veste, fit descendre la fermeture de sa robe. Ses lèvres parcouraient son corps. Il la porta et la déposa sur le grand lit. Ils se défiaient du regard. Il reprit possession de ses lèvres, sa langue tournoyant dans sa bouche. D’une main experte, il dégrafa le soutien-gorge, le jeta à terre, libérant les seins de Sarah qu’il se mit à pétrir. Il mordilla ses mamelons jusqu’à lui arracher un petit cri de douleur. Ils étaient à présent très durs, il les téta. Cette sensation était nouvelle pour elle, et elle l’appréciait. Le désir montait en elle, elle se sentait toute mouillée. Elle se mit à lui déboutonner sa chemise, mais il prit sa main fermement, l’empêchant de continuer. Il se redressa, la regarda, et dit :
-    Il suffit pour ce soir, belle demoiselle ! Il faut dormir, maintenant.

En conclusion, je ne vous inviterai pas à lire cela toute affaire cessante, mais si vous avez des goûts sexuels très classiques et pas d’autre attente qu’un petit moment agréable à passer, pourquoi pas !

Amis auteurs, vous pouvez enrichir le catalogue de Poncho-édition en répondant à leur AT et concours d’écriture. Au programme, l’antiquité et l’Angleterre. Enjoy !

19:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5)

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