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10 septembre 2007

Le VRP

L’horloge indique 22h30 mais elle est en avance. Elle m’accompagne partout, cette petite horloge, aux quatre coins de la France. Elle est de tous mes coups. Je viens d’ailleurs d’y jeter un coup d’œil pour savoir combien de temps il me reste à tirer, et je me concentre à nouveau sur ces deux trous où s’introduire.

Je suis VRP. Je vends tout et surtout n’importe quoi, tant que cela me permet de sonner aux portes, de planter mon sourire carnassier dans l’entrée entrebâillée, et glisser des regards insidieux dans l’échancrure des vies privées. Ce sont presque toujours des femmes qui m’ouvrent, de ces ménagères de moins de 50 ans que les pubards cherchent à baiser, alors qu’il suffit de sonner à leur porte avec une gueule d’amour. Dès le premier regard, je sais si je vais conclure l’affaire. Après quelques questions stratégiques, je sais quand et comment. Je me suis spécialisé dans la petite bourgeoises engoncée dans un mariage sous lexomil, piégée par les marmots et les crédits à taux variable, mais prête à vivre la grande aventure entre la purée du déjeuner et le chocolat du goûter : trois heures de ménage maquillées en rêve à bon compte auprès d’un beau sentimenteur. Alors elles m’ouvrent tout, de leur chambre à coucher à leurs rêves télévisés, elles s’ouvrent jusqu’au cœur pour que je les cambriole.

Je suis VRP, officiellement. Tout s’est très bien passé cet après midi avec ma cliente. Elle m’a même fait la bonne surprise du mari en voyage d’affaire pour la semaine, alors j’ai tout mon temps. No Stress. Ça va glisser comme dans du beurre. Maintenant qu’il fait nuit, il ne me reste plus qu’à décider comment la violer. Devant moi, deux trous. Celui de gauche est ouvert, pas béant, non, juste ouvert, prêt à ce que j’y pénètre. L’autre est fermé, prêt à être forcé. Entre les deux, un espace incertain, rouge brique. Inutile de risquer la blessure, je vais opter pour la fenêtre de gauche. Il me semble bien que c’est celle du bureau. Le fric est dans le tiroir du bas.