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14 octobre 2014

Attaquer le soleil ?

Mathilde et moi venons d’assister au vernissage de l’expo qui fait le buzz : SADE, Attaquer le soleil.

Libertins accomplis, pornographes blasés, sybarites de la première heure, autant vous le dire tout de suite, si vous vous attendez au grand frisson, vous risquez d’être franchement déçus. Comme l’annonce Annie Le Brun, commissaire de l’exposition, « [Si Sade] écrivit la Philosophie dans le boudoir, c’est pour mettre la philosophie dans le boudoir, et non l’inverse ». Cette exposition thématique tente d’éclairer la pensée corrosive de Sade à la lumière des œuvres picturales qui illustrent son propos, et celles qu’il aurait inspirées. Le fil est ténu, et les thèses longtemps censurées demeurent dérangeantes.

« Il est sûr que depuis la levée de l’interdit sur son œuvre, on essaye de le neutraliser de bien des manières. Ces derniers temps, particulièrement experts en neutralisation, ont inventé le « porno-chic », devenu un nouveau marché à travers la publicité et la mode » écrit Annie Le Brun. Pourtant, comment qualifier le teaser de l’exposition qui draine tant de monde :

Loin d’être aussi sensuelle, la cohue de ce soir ne nous a pas vraiment permis d’apprécier cette exposition dont la conception labyrinthique, sombre et sinueuse à l’image de la pensée perverse de l’auteur, n’apparait pas très adaptée au large public du musée d’Orsay visé par ce buzz médiatique. Un paradoxe pour ainsi dire sadique pour le moraliste de l’immoralité. Il est ainsi bien difficile de réfléchir à la question de l’irreprésentable lié au désir, devant une juxtaposition d’œuvres picturales et cinématographiques allant du XIVème siècle jusqu’aux années 60, et de petites phrases philosophiques percutantes, détachées de leur contexte, qui ressemblent diablement à des mots d’ordre nihilistes, voire au premier degré à des appels au meurtre.

Mais que voit-on au juste ? En vérité pas grand-chose pour émoustiller le bourgeois, ce qui n’est de toutes façons pas le propos : des projections de L’âge d’or, Dr Jekyll and Mr hyde, Le Journal d’une femme de chambre ; des tableaux de Delacroix, Ingres , Demachy, Fragonard, Franz von Stuck, Cézanne, Vallotton, Monsiau… ; des œuvres photographiques de Molinier  ; des sculptures de Clésinger, Khnopff ; et bien sûr des éditions illustrées de la nouvelle Justine directement sorties de l’enfer de la BNF.

LePecheVonStuck.jpg


On aurait pu s’attendre à voir une projection d’extraits de Salo ou les 120 jours de Sodome de Pasolini, mais cela aurait sans doute été trop transgressif, et puis cela nous aurait amenés à poser la question du sadisme industriel et des meurtres de masse du fascisme. Hors sujet ? Pas plus que le pan-pan cul-cul de Pauline Réage.