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09 janvier 2007

Le mot magique

Certains couples libertins utilisent un "mot magique" pour indiquer discrètement à leur conjoint qu'ils ne s'imaginent plus avoir des relations horizontales avec le couple chez lesquels ils ont été invités à passer une soirée potentiellement coquine. Il s'agit d'un code définit à l'avance, un mot anodin mais néanmoins improbable, comme "crocodile" ou "hippopotame", qui est subrepticement glissé dans la conversation pour dire à son conjoint "sauve qui peut !" sans vexer ses hôtes. Dès que le mot magique a été prononcé, le couple doit prendre la tangente, en simulant par exemple l'appel affolé de la nounou due à la varicelle éclair du petit dernier. Toutes ces techniques sont éprouvées, mais à l'inverse, comment peut-on au sein d'un couple, signifier discrètement à son partenaire le désir qu'on éprouve pour un tiers alors que de simples regards équivoques ont été échangés ? Peut-on aussi employer un mot magique ?

medium_massage.2.jpgLe sauna/hammam l'hyppocampe peut être propice à la détente. Exclusivement réservé aux couples le vendredi après midi, j'ai eu l'occasion de m'y rendre plusieurs fois, dont une avec Béatrice, une jeune célibertine qui souhaitait néanmoins que je m'occupe exclusivement d'elle. Il y avait peu de monde ce jour là, trois ou quatre couples tout au plus. Après la douche et le hammam, nous avons dérivé vers les coins câlins, et nous avons jeté l'ancre auprès d'une sorte de podium, surplombé par une mezzanine. Béatrice s'est étendue sur le grand matelas qui recouvrait cette estrade, j'ai fait couler sur son dos d'odalisque quelques gouttes de la bouteille d'huile que j'avais pris soin d'amener avec moi, et j'ai commencé à lui prodiguer un doux et voluptueux massage. Béatrice a une beauté raphaélique: une peau laiteuse, des seins petits et fermes, des hanches larges dont le galbe féminin se prolonge jusqu'aux cuisses, avec entre les deux une croupe somptueuse: ronde, ample, ferme, un délice à caresser et auquel nous prenions d'ailleurs un vif plaisir partagé, lorsqu'une femme apparemment seule est entrée dans la pièce.

La trentaine, noire, son buste pulpeux recouvert d'un paréo, elle s'est avancée d'un pas hésitant, voire timide. Béatrice, les paupières closes, n'a pas vu venir cette femme que j'observais en souriant: elle s'est aventurée dans les escaliers pour jeter un coup d'œil à la mezzanine, vide, et elle est redescendue pour s'approcher un peu plus près de nous. Moi, je ne savais plus où poser les yeux. Sous mes doigts, deux demi-sphères à la blancheur lunaire, entre lesquelles palpitait un oeillet pourpre qui ne demandait qu'à s'épanouir sous mes baisers fiévreux. A côté, presque au point de s'asseoir, une charmante jeune femme visiblement attirée par le spectacle nous offrions, je dis bien nous, car intégralement nu entre les cuisses de Béatrice, j'y bandais comme un cerf. J'avais beau gratifier la placide jeune femme de mes plus charmants sourires, je ne parvenais pas à savoir qui de nous deux pouvait éventuellement l'intéresser. Béatrice a ouvert les yeux lorsque l'inconnue s'est assise sur le podium, à quelques centimètres de nous, à quelques centimètres d'un trio que je n'osais espérer. Aucun d'entre nous n'a amorcé le geste qui l'aurait esquissé. L'inconnue s'est levée et elle a quitté la pièce.

Quelques semaines plus tard, j'ai évoqué ce souvenir avec Béatrice. Après lui avoir rappelé ses souhaits du moment, souhaits que j'avais scrupuleusement respectés, je lui ai demandé si elle aurait aimé que je propose à cette inconnue un massage à quatre mains, les siennes et les miennes s'aventurant sur sa peau tabac, nos corps électrisés par le désir sur son corps alangui, nos baisers voluptueux sous son regard ténébreux... Et bien figurez-vous qu'elle aurait adoré ! Si seulement je le lui avais proposé à ce moment là au lieu de rester empêtré dans des désirs muets ! Mais comment le dire sans rompre le charme du moment ? Notre drame était sans doute de ne pas avoir convenu d'un mot magique, pour dire secrètement que le désir pourrait bien évoluer, sans entrer dans un conciliabule rédhibitoire. La prochaine fois, s'il y en a une, nous opterons pour le mot "biscotte". C'est discret, original, et pas si difficile à placer: "Ah que j'aimerais étaler de l'huile sur la peau dorée de cette femme, comme du beurre sur une biscotte !"