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30 janvier 2007
Salomé (11)
De Vagant à Salomé, le 26 Janvier 2007 à 10h38
Chère Salomé,
À peine avons-nous commencé à correspondre que déjà vous vous imaginez à mes côtés ! Votre fiancé vous laisserait donc vous aventurer ainsi avec un inconnu ? En contrepartie des vôtres, lui accorderiez-vous d'ores et déjà des escapades hors du lit bientôt conjugal ? Je vous ai probablement posé cette question en espérant une réponse affirmative, afin de réduire le (petit) sentiment de culpabilité que je sens poindre à vous écrire. Savez-vous que je suis troublé à l'idée qu'il me lise ? Jamais encore me suis-je aventuré à séduire une femme au vu et su de son conjoint. Imaginez maintenant mon trouble lorsque je pense à votre jeune âge (vous pourriez être ma fille !) et à votre statut (future jeune mariée !). Réalisez-vous toutes les transgressions que vous incarnez et leur impact érotique délétère ?
Au chapitre des clubs, je ne pense pas que l'Hyppocampe de Paris, plus petit que celui de St Maur, vaudrait une visite si ce n'est pour m'y retrouver un vendredi après-midi. Le Moon City vaut le détour pour sa décoration et je vous conseillerais d'y aller seule en matinée exclusivement féminine, à moins que vous aimiez l'ambiance des saunas mixtes. J'ai de très bons souvenirs à l'Overside, dont un que je publierai bientôt sur mon blog, et je vous suggérerais d'ajouter à votre liste l'Acanthus et bien entendu le No Comment. Je suppose que la NM9 s'y déroulera. Je ne pense pas en être. Je vais essayer de vous expliquer les raisons de mon absence en faisant abstraction de la publication de cette lettre sur mon Blog dans quelques jours.
Il est presque certain que Sylvie y sera présente en compagnie de son amant officiel. J'ai mentionné cette jeune femme dans une note à paraître sur mon blog: le pouvoir du plaisir. Nous ne nous sommes pas revus depuis cet été. J'ai bien entendu très envie de la revoir, et probablement aurais-je au cours de cette soirée tout simplement envie d'elle. Si cette envie n'était pas partagée, j'en serais mortifié. Si elle l'était, il me faudrait d'une manière ou d'une autre négocier avec l'amant officiel. Il voudrait naturellement rester auprès d'elle, mais voilà, je n'ai aucune envie de me retrouver dans un trio avec lui. L'idée de lui quémander les faveurs de sa belle me révulse; Je suis bien trop orgueilleux pour qu'il me les accorde. La seule solution est donc l'absence.
En relisant ce dernier paragraphe, je réalise que je touche du doigt la problématique que je pensais aborder au cours de notre correspondance ouverte: l'interaction inévitable entre le blog qui raconte et l'objet de son récit. Sans vouloir faire un clin d'oeil à Houellebecq et ses "particules élémentaires", c'est un peu le même problème que la mécanique quantique: l'instrument de mesure (que ce soit l'accélérateur de particules ou le Blog) perturbe l'objet de sa mesure (que ce soit la particule ou nous). En effet, Sylvie connaît l'existence de mon blog. Je l'en ai informée lors de la manifestation sur auFeminin en ma faveur. Je ne sais pas si elle le lit, mais elle se reconnaîtrait sans doute dans "le pouvoir du plaisir", et dans la lettre que je vous écris. L'amant officiel pourrait lui aussi se reconnaître. L'un et l'autre pourraient donc modifier leur comportement à mon égard si je venais à cette Nuit Mutine. Je serais alors gênant aux yeux de Sylvie, ce qui me conforte donc dans ma résolution de ne pas venir à cette soirée. Mais ce n'est pas tout: Si je me suis déjà ouvert à Sylvie de mon problème dans le cadre d'une autre soirée, je ne pense pas que "l'amant officiel" le sache. Alors que nous avons toujours eu des rapports cordiaux, les lignes que vous venez de lire et qu'il pourrait lire gravent et aggravent notre défiance mutuelle. En essayant de coller au plus près de la réalité, le Blog modifie la réalité qu'il décrit.
On en arrive donc au thème de l'autocensure sur lequel je reviendrai ultérieurement. "Comment exister sans attrister ?" ai-je écrit dans mon "À propos". En faisant le pari de tenir un blog vivant avec les notes de la rubrique "in vivo", en faisant le pari de la "vérité toute nue", en faisant de ce blog un instrument de mesure de mon âme, je me coupe de facto des conventions sociales mensongères. Paradoxalement, cette vérité là est la vérité du mensonge. Le cœur ouvert que je donne à lire est celui de l'autre face de ma double vie, la face obscure, la face adultère, celle du mensonge. Comme si le mensonge de ma double vie était trop lourd à porter, je ressens le besoin d'y être vrai.
J'arrête là mon introspection, je vous ai sans doute déjà trop ennuyée. Non seulement vous avez dû attendre avant de lire cette lettre, mais au lieu de vous servir d'aimables ritournelles, je vous assomme d'états d'âmes. J'ose espérer que vous me pardonnerez cette faute de goût, jolie Salomé aux yeux émeraude et à la chevelure rubis. Permettez-moi donc de déposer un doux baiser sur votre peau diaphane, qui reste encore pour moi évanescente...
Vagant
05:30 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Blog
Commentaires
Le mercredi 31/01/2007 à 12:28 par Comme une image :
Ah oui, la quantique des quantiques... (un sujet que j'ai moi-même déjà évoqué à plusieurs reprises, notamment là http://commeuneimage.hautetfort.com/archive/2006/06/23/les-paradoxes-du-burp-journal-extime.html ! Je pense que ça vient de mes études scientifiques mais quiconque réfléchit un peu sur le contenu de ce qu'il publie et des interactions avec ce qu'il vit arrive à la même conclusion).