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28 août 2007

Sera-t-elle sèche ou mouillée ?

C’est toujours sur le point d’y pénétrer qu’on se pose la question: sera-t-elle sèche ou mouillée ? Avant, on ne pense même pas à ce détail prosaïque, seul compte le but, qu’il soit hygiénique, voire sportif, ou tout simplement pour le plaisir. C’est ce que je réponds, moi, quand on me demande pourquoi j’y vais si régulièrement : « pour le plaisir ». Inutile d’entrer dans des détails plus intimes, trop obscurs. Comment pourrais-je expliquer la fébrilité que je ressens chaque mardi, dès le matin, lorsque je sais qu’en sortant du bureau le soir venu, j’irai y lâcher mon trop plein d’énergie, et toutes mes frustrations accumulées depuis une semaine ? Comment dire l’exaltation adolescente qui me saisit en chemin, qui me ferait presque y courir, la même inaltérable émotion depuis que mon père m’y a emmené la toute première fois ? Comment raconter un sourire équivoque, un corps de femme à moitié nu, la bourrade virile des autres qui m’invitaient à la suivre, les escaliers que je ne pouvais pas monter tant mes jambes étaient lourdes, l’air narquois des autres femmes devant le souffle de ces premiers désirs dans mon slip toutes voiles dehors, l’émotion des ablutions, l’eau, et comment j’ai plongé en elle ? Comment raconter un premier amour ?

Quand on arrive, on vous salue amicalement. On vous connaît depuis toutes ces années. On règle les formalités d’usage, et on en choisit une de libre, souvent la même. Pour moi, c’est toujours l’avant dernière porte au fond à gauche. Lorsqu’elle est prise, j’attends tranquillement mon tour, même si d’autres sont disponibles. J’ai mes habitudes, et l’attente n’est pas vraiment un problème. C’est même le meilleur moment. On peut laisser la chaleur des lieux vous envahir tout doucement avant de se déshabiller. Il fait si froid dehors. On peut même fermer les yeux, et chercher les fragrances d’eau de toilette masquées par l’odeur caractéristique qui vous a assailli dès l’entrée, légèrement âcre, mais devenue indissociable du plaisir qu’on va prendre. On entend les piaillements des plus jeunes, les bougonnements des plus vieux, l’agitation derrière la porte close qui vous fait rêver à Dieu sait quoi, qui laisserait presque croire qu’un peu de fantaisie pourrait se glisser entre les gestes mécaniques et pressés. Enfin, ce dont on est sûr, c’est que ce sera bientôt son tour, et on se sent bien dans cette attente là. À vrai dire, je n’aime pas être le premier. Plus tôt dans la journée, c’est toujours sec, et un peu trop propret à mon goût. Ce n’est pas que j’aime la saleté, mais non seulement les va-et-vient des autres avant moi humidifient l’endroit, mais il me mettent d’emblée dans l’ambiance : leur passage m’inscrit dans une certaine continuité, presque une tradition. On se sent ainsi plus à son aise, moins à l’étroit. On se lâche en regardant leurs traces comme des promesses d’ivresse. Ça y est ! Le gars précédant vient de sortir, encore rouge de l’effort et les cheveux humides, et je pénètre enfin dans la cabine de la vieille piscine municipale.

17:50 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Littérature

Commentaires

Le mardi 28/08/2007 à 20:24 par françoise :

Très jolie chute, qui me rappelle le jour où un gamin de banlieue a plongé dans le bassin juste avant moi, puis s'est redressé en s'exclamant: "Elle est bonne, elle est chaude"... "Exactement ce que tu dis des filles" lui ai-je répondu. Il a souri, moi aussi.

Le mardi 28/08/2007 à 20:54 par Gicerilla :

Elle a de la chance la cabine ! Que d'émois, que d'émois avec vous dedans à vous dénuder gentiment...

Le mardi 28/08/2007 à 21:18 par nath :

Adepte du même sport (sans jeu de mot), je n'avais jamais vu l'endroit sous cet angle
Comme à votre habitude, tout en délicatesse
Mais où en est votre roman ????

Le mercredi 29/08/2007 à 15:37 par Vagant pour Françoise :

Zut ! J’ai loupé ces deux adjectifs communs aux femmes et à l’eau d’un bain.

Le mercredi 29/08/2007 à 15:44 par Vagant pour Gicerilla & Nath :

Que voulez-vous, les cabines, c’est mon truc (http://extravagances.blogspirit.com/tag/cabine+d'essayage )

Le mercredi 29/08/2007 à 16:33 par Comme une image :

C'est la piscine des Amiraux ? (J'aimais bien cette vieille piscine municipale, dans une quartier un peu excentré, quand je travaillais pas loin.)

Le mercredi 29/08/2007 à 23:43 par ex-mot passant :

L'entame a quelque réduit la surprise - sans affecter le corps (du texte) - puisqu'en parfait gentleman attentioné, vous aurez vérifié l'atmosphère ambiante du lieu prêt à se faire pénétrer. La piscine se faisait deviner. En cela, elle ne manque pas de charme.

(Je profite de mon passage pour saluer votre excellent commentaire à propos de l'autocensure dans une autre histoire de bain: parfait et pertinent)

Le jeudi 30/08/2007 à 14:39 par Vintage :

Honte sur moi...

J'avoue, je suis un misérable...

Je bats ma coulpe.

Je courbe l'échine devant la vindicte vengeresse.

Je ploie sousle poids de la honte.

Pressé, harcelé par ma progéniture sollicitant la réparation immédiate du saint ordinateur défaillant... ("pourtant j'ai rien fait !!" comme d'hab !)), j'ai triché !

Oui, triché...

Dit aussi simplement que ça.

Soupçonnant une nouvelle entourloupe, et bien oui, quoi, c'était un peu trop facile aussi... même sans bonne et chaude, j'ai donc triché.

Remarquez pour ma défense que je n'ai pas commencé par tricher sans même lutter. tant qu'à périr sans vaincre, je n'aurais pas le triomphe glorieux !

J'ai ainsi pris le temps. Quelques secondes tout au plus, certes, mais le temps tout de même, puisqu'il suffit d'un seul "A bas les propriétaires !" pour gagner le paradis.
Le temps de réfléchir, de tenter de deviner. Un fruit ? Une promenade ? Un bain ? Bon, un truc qui peut être mouillé, qui oriente la confusion des genres... Las... Séchant vite, pour le coup, j'ai bondi sur la roulette et rouletté rouletté jusqu'au bas de la fenêtre...

La piscine, bien sûr. Exactement ce que j'avais anticipé. J'avais bien vu juste. Je m'auto-indulge donc. Le détail ? Ha, d'accord... La CABINE de la piscine. bon, je m'incline. Ca ira pour cette fois...


Mais revenez-y vite.


V., faux repenti.

Pardon cher ami d'avoir ainsi utilisé l'un de mes fameux droits imprescriptibles du lecteur. Mais après tout... L'impatience ,'a-t-elle pas sa place en toute légitimité parmi les péchés capitaux ?

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Le vendredi 31/08/2007 à 13:00 par Vagant pour Vintage :

Faute avouée a moitié pardonnée. Mais ne recommencez plus, élève Vintage ;)