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23 septembre 2015

Mon Chien Picchi

Certains romans ne laissent pas indemne. On le dit tant et si mal que cela finit par devenir un lieu commun. Celui qui m’a profondément marqué, et a probablement orienté ma vie sentimentale, c’est Un Amour de Dino Buzzati. Je l’ai lu alors que j’étais encore un jeune homme mais déjà un client. C’est l’histoire d’Antonio, quinquagénaire timide et sans charme particulier, qui tombe follement amoureux de Laïde, une jeune prostituée occasionnelle d’une vingtaine d’années. Il tente alors de l’entretenir pour bénéficier d’une relation exclusive. Il n’y trouvera que rage, humiliations et jalousie.

Je crois me souvenir que je n’avais alors pas pu terminer ce roman. Je m’étais arrêté à la scène au cours de laquelle Antonio garde Picchi, le petit chien de Laïde, tout en se persuadant que l'autre homme avec lequel Laïde passe toute la journée est bien son cousin. J’avais trouvé Antonio si pathétique, et en même temps si proche, que je m’étais juré de ne jamais devenir cet homme-là. Quant à Laïde, elle demeure mystérieuse puisque ce roman de Buzzati est sans doute autobiographique.

Plus tard, beaucoup plus tard, j’ai découvert Kundera. Kundera et ses digressions. Kundera et ses fascinantes analyses psychologiques qui lui permettent de décortiquer, lui qui est le narrateur on ne peut plus omniscient, les pensées les plus intimes de tous ses personnages. En la matière, sa nouvelle intitulée le jeu de l’auto-stop publiée dans Risibles Amours est un véritable chef d’œuvre. Dans cette nouvelle un jeune couple se découvre sous un jour nouveau dans le cadre d'un jeu érotique, sans les réserves communes à la vie courante, et leurs actes s’enchainent jusqu’à l’inéluctable.

« Dans le jeu on n'est pas libre, pour le joueur le jeu est un piège » M. Kundera


Qu’aurait-il pu se passer si Antonio et Laïde s’était retrouvés face à face dans le cadre d’un jeu érotique ? Quelles pensées contradictoires auraient-elles pu les conduire, et jusqu’où ? Je vous propose de le découvrir dans Mon chien Picchi publié aux éditions Dominique Leroy.

MonChienPicchi-1COUVRED.jpg

 

Si certains actes ont des motivations profondes, tous sont produits par un élément déclencheur. Sans doute n'aurais-je jamais écrit cette nouvelle si je n’étais pas tombé sur ce merveilleux dessin de Gier partiellement reproduit sur la couverture.

Commentaires

Le samedi 26/09/2015 à 06:02 par Carnets d'Eros :

Superbe texte de présentation !

Le dimanche 27/09/2015 à 21:56 par MarieO :

Voilà une belle collaboration ! Bravo à vous deux

Le mardi 29/09/2015 à 13:23 par Vagant :

@CdE: C'est ton dessin qui est superbe, je ne m'en lasse pas.

@MarieO: Merci Marie ! As-tu lu cette nouvelle ?

Le dimanche 25/10/2015 à 02:32 par Beaufils :

Excellent teasing, je brule d'envie de lire ce texte,je le reconnais.
Il s'achète seulement en numérique, c'est ça ?

Le dimanche 25/10/2015 à 18:20 par Vagant :

@Beaufils: J’avoue être flatté de susciter un tel intérêt de votre part, qui prélude sans doute une critique sans concession. Je brûle d’envie de la lire. Mon chien Picchi est en vente libre aux éditions Dominique Leroy. Si vous préférez, vous pouvez aussi l’acheter en numérique à la Fnac.

Le lundi 26/10/2015 à 03:11 par Beaufils :

@Vagant : "qui prélude sans doute une critique sans concession. " ? Pourquoi me prêter d'emblée des intentions noires ?
Je n'ai envie de lire que pour prendre du plaisir.
Je suis triste que vous m'imaginiez machiavélique :-(
En tout cas, il faut que je commence par acheter une liseuse, je n'en ai toujours pas !

Le lundi 26/10/2015 à 03:17 par Beaufils :

Du reste, je trouve que vous écrivez sacrément bien (le mot est faible) et je suis HEUREUSE qu'une maison d'édition publique un auteur tel que vous. Le numérique a toujours été la rampe vers une plus large diffusion. Cela me semblerait juste totalement mérité, légitime.

Le lundi 26/10/2015 à 10:20 par Vagant :

@Beaufils : Je vous remercie vivement pour vos éloges qui sont malheureusement imméritées. Je ne suis objectivement qu’un petit auteur au style acceptable et avec encore de gros progrès à faire. Votre appréciation excessive me conforte d’ailleurs dans l’idée que je me suis faite de vous. Ainsi une critique sans concession de votre part ne serait pas plus une intention noire, que le sont mes commentaires narquois après certaines de vos notes relatives à vos amants fantastiques.
Confidences pour confidences, je n’ai pas de liseuse non plus. Je me contente de mon écran d’ordinateur, ce qui n’est peut-être pas le plus confortable, surtout pour la lecture plaisir qu’est sensée être l’érotisme. Je doute que l’édition numérique devienne la rampe de lancement des auteurs érotiques vers l’édition traditionnelle. La liseuse est particulièrement adaptée à l’érotisme, d’une part parce qu’on peut en lire tranquillement dans les transports en commun sans trop éveiller la curiosité des voisins, et d’autre part parce qu’on peut plus facilement lire d’une seule main.

Le samedi 07/11/2015 à 20:57 par Beaufils :

C'est curieux, la première fois que j'ai lu votre note, j'étais totalement passée à côté d'une information pourtant intéressante : "j'étais déjà client".
Je trouve cela courageux de l'écrire.
Je trouve l'aspect psycho des personnages très intéressant dans cette nouvelle (esquissé avant que ne démarre la scène érotique spécifique, dont je ne dis rien pour ne pas violer le secret de ce texte) : elle ne déteste manifestement pas le sexe mais elle n'en peut plus de ses clients (il paie pour tous...), elle fait ça sans être vraiment totalement acculée (elle pourrait être caissière, mais elle voit très bien que tous ces jobs sont aussi soumis à une violence assez dégueulasse), elle parvient à créer de bonnes relations avec ses "clients" au point de savoir qu'elle a quand même un peu le pouvoir sur eux (ces "bourgeois pathétiques")...
Cette réflexion est juste géniale : "j’ai baisé ton mari ou je le baiserai, et je t’emmerde"
Je trouve dommage que la scène centrale soit un peu improbable - ça fait basculer dans un tout autre registre, alors que je trouvais les personnages remarquablement bien campés.
Ce n'est que mon avis !
A lire en tout cas, pour sourire à la fin ! (la fin est drôle, elle fait sourire !).

Un très grand merci en tout cas pour l'envoi.

Le samedi 07/11/2015 à 23:23 par Vagant :

@Beaufils : Parfois, peu de mots disent beaucoup. J’ai vécu mes premières expériences sexuelles avec des prostituées. Ce n’est guère glorieux mais c’est ainsi.

Pour en revenir à la nouvelle, les personnages sont ceux de Buzzati dont j’ai grossi le trait. La suite, c’est Kundera et son jeu de l’auto stop qui me l’inspire. De glissements sémantiques en malentendus, puisqu’en amour on comprend ce que l’on veut entendre, un jeu de domination s’installe et enclenche sa mécanique inexorable. Mais j’ai dû louper quelque chose si vous avez eu l’impression que le basculement de la situation initiale vers la domination perverse était trop artificiel.

C’est en tous cas l’aspect psychologique des personnages que je souhaite développer dans mes textes, sans pour autant éluder l’érotisme ni même une certaine pornographie puisque le sexe est un des moteurs essentiels de la psyché. Tant pis si ce n’est pas assez excitant pour être érotique et trop porno pour être de la littérature générale: je n’ai pas d’ambitions commerciales.