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13 décembre 2015

De Proust au candaulisme

Je lis actuellement avec ravissement Mensonge romantique et vérité romanesque, de René Girard. Je ne développerai pas la théorie du désir mimétique sur ce blog, ni la démonstration magistrale qu'en fait René Girard dans l’art du Roman, mais en donnerai un avant-goût avec La Prisonnière de Marcel Proust :

la-prisonnière1.jpgIl arriverait, si nous savions mieux analyser nos amours, de voir que souvent les femmes ne nous plaisent qu’à cause du contrepoids d’hommes à qui nous avons à les disputer, bien que nous souffrions jusqu’à mourir d’avoir à les leur disputer ; le contrepoids supprimé, le charme de la femme tombe. On en a un exemple douloureux et préventif dans cette prédilection des hommes pour les femmes qui, avant de les connaître, ont commis des fautes, pour ces femmes qu’ils sentent enlisées dans le danger et qu’il leur faut, pendant toute la durée de leur amour, reconquérir ; un exemple postérieur au contraire, et nullement dramatique celui-là, dans l’homme qui, sentant s’affaiblir son goût pour la femme qu’il aime, applique spontanément les règles qu’il a dégagées, et pour être sûr qu’il ne cesse pas d’aimer la femme, la met dans un milieu dangereux où il lui faut la protéger chaque jour. (Le contraire des hommes qui exigent qu’une femme renonce au théâtre, bien que, d’ailleurs, ce soit parce qu’elle avait été au théâtre qu’ils l’ont aimée.)

Le candauliste utilise-t-il ce ressort de la jalousie pour raviver sa passion ? La question mérite d’être posée.

20:41 Publié dans Livre, Réflexions | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : candaulisme

Commentaires

Le vendredi 18/12/2015 à 17:57 par Carnets d'Eros :

Je dois dire que je suis, ou que je me sens parfaitement étranger au ressort de la jalousie, puisque c'est bien un peu de ça qu'il s'agit.
Par contre je suis sensible au regard d'envie qui se pose sur une compagne qui serait à mon bras... c'est nul, mais j'admet que cela flatte bêtement mon orgueil de mâle basique...

Le dimanche 17/01/2016 à 15:01 par Vagant :

@CdE: Qu'est-ce que cet orgueil là, sinon le véritable enjeu de la compétition entre les mâles, qui montre que l'objet du désir ( la jolie femme à son bras ) n'est en fait qu'un prétexte dans le désir triangulaire ?

Le lundi 18/01/2016 à 10:40 par Carnets d'Eros :

Par la chiasse de la Bonne Mère, je dois bien dire que je n'avais jamais pensé à un tel ressort. Un ressort inconscient sans doute !

Le dimanche 07/02/2016 à 16:28 par Nicolas Lacharme :

Je ne partage pas tout à fait ce point de vue sur le plaisir candauliste. Du moins il me semble incomplet.

Je crois que le ressort principal du candaulisme est intimement lié à celui du voyeur. On ne peut pas être dans l'action et en même temps dans la contemplation. En cela, le candaulisme permet, dans un espace-temps codifié, de devenir totalement spectateur ?

Même si, j'en conviens volontiers, c'est aussi un peu parfois "jouer avec le feu".

Le dimanche 07/02/2016 à 20:14 par Vagant :

Ah, vous semblez parler en connaissance de cause ! Pouvez-vous développer cela un peu plus ? Après tout, si on ne veut que contempler l'acte sexuel, pourquoi ne pas contempler une autre femme ? Ce ne sont pas les exhibitionnistes qui manquent...