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07 février 2007

Comment je suis devenu pédophile

Ca s'est passé à l'Overside, un dimanche soir, il y a quelques semaines. J'étais seul, la débauche battait son plein, toutefois j'étais seul comme un bateau ivre dans la tempête. Il faut aussi dire que j'avais un peu bu, mais c'était alors mon seul péché, à part la concupiscence peut être.

Bref, je titube jusqu'au bar pour commander mon 5ème whisky coca et, d'un coup de coude maladroit, je renverse la coupe déjà vide d'une bimbo platinée qui repoussait mollement les avances d'un basketteur norvégien en chemise hawaïenne. La fille me jette un regard furieux et je me répands en plates excuses inutiles, pour finir par lui offrir une nouvelle coupe de champ qu'elle avale cul sec. La stratégie s'avère payante, et la bombe ambulante se détourne ostensiblement du grand blond musculeux pour couler sur moi un regard aguicheur étudié, mais pas vraiment désintéressé. En plein brouillard éthylique, je me sens à la fois bêtement flatté et dans mes petits chaussons. Pas envie d'être juge et partie d'une scène conjugale où je ne ferais pas le poids. Naïvement, je me réjouis de voir le grand nordique jeter son dévolu sur une autre fille, et d'apprendre qu'Eva la bimbo est venue avec son manager, une sorte de grosse limace qui se prélasse dans le carré VIP entouré de nymphettes alanguies. "Je suis model", me dit-elle avec un fort accent slave en engloutissant sa troisième coupe à mon portefeuille défendant, ce qui a pour effet de me faire dégriser rapidement. "on danse ?", lui dis-je pour épargner ma carte de crédit moribonde.

Dès qu'elle pose le pied sur la piste tout bascule. Elle marche, non, elle ondule comme un funambule, et elle me jette sans préambule des oeillades crapules. C'est la canicule ! Je la regarde incrédule. Mais pas besoin de conciliabules quand tous ses gestes me hurlent "on copule ?". Que voulez-vous, je capitule.

C'est ainsi que je me retrouve dans un coin câlin avec ma bimbo sur les genoux, sous les regards baveux des mâles frustrés à deux doigts de l'onanisme. Ses petits seins ronds font le bonheur de mes lèvres ardentes, mon dard non moins brûlant s'insinue entre ses cuisses graciles, quand tout à coup, je doute.
- Dis moi Eva, tu as quel âge ?
- 16 ans pourquoi ?

medium_code_penal.jpgAaaaargh! Je suis devenu pédophile ! Débandade instantanée. Dans quelques secondes, la police des mœurs va fracasser la porte d'entrée du club. Je vais me faire appréhender la main au panier. Détournement de mineur. Au moins 20 ans à me faire défoncer le troufion par des taulards sidéens. Je suis mort. D'ailleurs je n'entends plus la house music stridente mais les sirènes des flics qui viennent de piler rue du cherche midi. Plus de râles extatiques mais des cris rageurs: "Oui ! Oui! Là! Là!". Je les sens se rapprocher. Inutile de chercher à fuir. Je suis pétrifié. Mais pourquoi donc me collent-ils une chemise hawaïenne sous les yeux avant de me passer les menottes ?

Lorsque je redescends sur terre, Eva s'étouffe avec la bite monumentale du grand norvégien. Il me regarde d'un air rigolard et il me dit: "Hé Papy, la majorité sexuelle en France c'est 15 ans, pas 18 ans ! Faut vivre avec son temps mon vieux !"


Vous l'aurez compris, ami lecteur, cette histoire franchement provocatrice n'est que de la pure fiction. J'espère ne jamais faire ce genre de mauvais trip, d'ailleurs théoriquement impossible aujourd'hui car si la majorité sexuelle est bien de 15 ans en France, il est interdit à un mineur de moins de 18 ans d'entrer dans un club échangiste. Je l'ai appris en regardant Campus de Guillaume Durand l'année dernière. On y présentait entre autre un "Antimanuel d'éducation sexuelle". L'auteur avançait que la libération sexuelle n'avait pas eu lieu sous prétexte que les mineurs entre 15 et 18 ans ne peuvent toujours pas aller en club échangiste. Et vous, ami lecteur, vous en pensez quoi ?

Pour plus de précisions, voir l'article 227-27 du code pénal

Commentaires

Le jeudi 08/02/2007 à 10:38 par Sapheere :

J'en pense qu'avec un titre aussi provocateur, tu vas attirer tout un tas de détraqués/tarés/pervers déviants (au choix).

J'en pense aussi que tu es définitivement bien cérébral (c'est loin d'être un reproche hein) pour te poser ce genre de question à ce stade avancé de la situation, j'imagine que tu as bien dû avoir d'autres occasions pour le faire avant (entre deux coupes de Champagne par exemple :-) ) ? non?

Le jeudi 08/02/2007 à 11:45 par Vagant :

Peut-être Sapheere. Les pervers et autres pédocriminels en herbe en seront quittes pour une lecture du code pénal qui leur remettra peut-être les idées en place.
Dans une telle situation, peut-être me serais-je posé la question avant, mais peut-être ne l'aurais pas formulée, en maquillant ma conscience avec le fard de cette bimbo provocatrice. Peut-être aurais-je eu cette lâcheté (comme Jakub dans "la valse aux adieux" de Kundera) d'aller jusqu'au crime (moral faute d'être légal), avec en plus la perversité d'en goûter la saveur transgressive par cette ultime question une fois que tout est accompli. Peut-être, comment savoir...
En vérité, je n'ai jamais connu de femmes de moins de 22 ans, hormis une jeune fille de 19 ans mais je n'étais pas beaucoup plus âgé qu'elle à l'époque. Autres temps, autres lieux, autres mœurs...

Le jeudi 08/02/2007 à 14:04 par six :

Cher Vagant,
Votre récit m'a plu pour trois raisons:
Tout d'abord j'ai maintenant, grâce à vous, une réponse toute prête à un eventuel "on danse?" à moi adressé dans un endroit ou le champagne est bon et cher, ce sera "non, j'ai soif", et rien d'autre.
Ensuite il m'a fait sourire,parce qu'il peut sembler, grâce à votre ton, se situer à une rassurante limite du vraisemblable.
Mais finalement il est tout à fait vraisemblable, quand on y pense, et je me dis qu'à l'instar du cancer du poumon, la pédophilie est une maladie prescrite par le pouvoir social: on apprend à de toutes jeunes filles qu'être "model", le terme est heureusement choisi, c'est répondre au désir sexuel des adultes. On leur commande d'être des poupées pour adultes à l'âge où elles pourraient encore jouer à la poupée, on valorise chez elle le développement précoce d'une sexualité d'adultes pour nous cacher notre propre et insupportable vieillisssement. Le pédophile, ce n'est pas le radin qui bien naturellement bande face à des caractères sexuels secondaires bien mis en valeur et à un discours raccoleur,lui, c'est un homme en bonne santé, le vrai pédophile c'est le parcours social, médiatique, économique, même, puisqu'elle est slave, qui a mené cette enfant jusque là. En cela votre texte a, selon moi, une portée n'ayons pas peur des mots, politique.

Le jeudi 08/02/2007 à 14:31 par Vagant :

En vérité Six, il a une portée morale. Lorsque je l'avais écrit, je venais de lire "la tyrannie du plaisir", un essai qui m'a beaucoup fait réfléchir. Jean-Claude Guillebaud y pose la question de la morale sexuelle, et demande à juste titre pourquoi nous laissons le soin au législateur de définir des règles de conduites qui devraient être intégrée par la morale.
Car la vie, dans ses excès vitalistes que nous aimons tant, peut nous conduire à la frontière de la légalité et de la morale. Tout est organisé pour cela, jusqu'à l'image de la femme "incarnée" par des adolescentes décharnées auxquelles les femmes doivent s'identifier - tout le matraquage médiatique est organisé en ce sens - mais que les hommes n'ont pas le "droit" de d'aimer. Tel est le paradoxe du "model": une image inaccessible à la majorité des femmes à cause de l'épanouissement de leur féminité, et une image inaccessible à la majorité des hommes qui ne peuvent se le "payer". Mais cela est déjà un autre sujet...

Le jeudi 08/02/2007 à 14:43 par six :

D'où, sans doute, Vagant si je comprends bien votre propos, une organisation sociale et économique du désir assez putassière: je paye un lifting, quelques coups de bistouri, ou bien alors du champagne, des week ends et des bijoux dans l'espoir de participer au grand orgasme socialement promis qui, de toute façon m'est hors d'accès?
Six

Le jeudi 08/02/2007 à 15:13 par Vagant :

Tout à fait, Six, l'orgasme est un produit de consommation indémodable. Il s'affiche en caractères gras dans tous les magazines. Il est en filigrane dans toutes les pubs suggestives, et Dieu sait qu'il y en a, y compris pour les ersatz d'orgasme en chocolat. Il faut donc se le payer comme le dernier portable à la mode, et tous les moyens sont bons, que cela passe par le bistouri ou les coupes de champs. Mais nous savons que c'est le miroir aux alouettes. On voudrait nous faire croire que le plaisir est à ce prix pour que nous le dépensions, alors que le meilleur est "gratuit" ou totalement inaccessible à l'argent comme l'explique très bien Houellebecq dans "l'extension du domaine de la lutte".

Le jeudi 08/02/2007 à 20:25 par Madeleine :

Cher Vagant, pour répondre à ce genre d'interrogations, procurez-vous le précieux "Nouveau code de la sexualité" de Jacques Barillon et Paul Bensussan. On y apprend notamment s'il est interdit ou non de faire l'amour dans une voiture (je crois que cela vous serait utile ;-)), si un père peut continuer à prendre un bain avec sa fille de plus de 3 ans, s'il est possible de raconter des blagues à caractère sexuel sur son lieu de travail, si une femme peut commettre un viol ou encore si consulter des images pédophiliques sur Internet sans les stocker est un délit.. indispensable, vous dis-je ! et surtout très drôle...

Le jeudi 08/02/2007 à 23:22 par Comme une image :

J'en pense qu'effectivement, avec ce titre, tu vas avoir droit à de jolies requêtes Google...

J'en pense aussi (mais pour ça tu es déjà au courant) que pour moi, la majorité sexuelle c'est plutôt vers 23 ans (je sais, mon côté pervers...) !

Le vendredi 09/02/2007 à 09:33 par zedick :

Si la majorite sexuelle en France est en effet de 15 ans, si je ne m'abuse, il demeure illegal d'avoir des relations sexuelles avec un(e) partenaire de moins de 18 ans et dont on est de plus de 2 ans l'ainé(e).
Je trouve cela assez incongru, mais c'est comme cela.

Le vendredi 09/02/2007 à 10:07 par Vagant :

Madeleine, j'ai parfaitement conscience d'être en infraction avec la loi lorsque je fais l'amour dans une voiture, au cinéma ou dans une cabine d'essayage. Mais j'en prends le risque calculé pour le plaisir de la transgression, en essayant surtout de ne pas choquer des mineurs même s'ils en voient bien plus chaque soir à la télé. Je ne me baignerais donc pas avec ma fille, non pas parce que c'est illégal, mais parce que c'est immoral et dangereux pour notre équilibre psychologique. Quant aux blagues à caractère sexuel au travail, cela ne risque pas de m'arriver. Ma société ne plaisante pas avec ce genre de choses et de toutes façons, je suis bien trop mauvais en anglais pour m'y risquer. En tous cas, je vous remercie pour cette référence qui me permettrait de quantifier mon degré d'illégitimité.

CUI, je pensais la même chose que toi jusqu'à récemment...

Zedick, je ne crois pas que ce soit toujours le cas selon le code pénal. Cela ne m'empêchera cependant pas de dormir, je n'ai pas l'intention d'avoir des partenaires sexuels plus jeunes que les miennes.

Le vendredi 09/02/2007 à 17:26 par Frédérique :

C'est pas possible Vagant ! il n'y a jamais personne de saoul à l'overside le dimanche soir, je le sait, j'y suis !

Bises
Fred

Le vendredi 09/02/2007 à 20:03 par Vagant :

Salut Fred ! Ca me fait plaisir de te trouver là. Bien sûr une habituée comme toi ne pouvait pas gober un instant cette histoire à cause de mon supposé état d'ébriété dans ces lieux. D'une part parce que je bois peu (et d'autant moins que je baise), d'autre part parce que je me souviens d'une armoire à glace croate (ou serbe, je ne sais plus, au fait il y fait toujours le videur ?) de 2 m de haut sur 2m de large qui faisait assez bien le ménage...
Cela dit, est-il improbable d'y croiser une jeune fille à peine majeure... pas sûr, et certainement plus probable dans des soirées exclusivement couples.