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01 mars 2007

De l'autocensure

Sur les forums de discussion, on à beau se cacher derrière un pseudonyme, on ne peut pas toujours tout écrire. Même si le forum en question est ouvertement libertin, certaines choses doivent rester cachées, secrètes ou habillement maquillées, en particulier le qui-baise-qui sorte de who's who libidineux et hautement confidentiel.
Il y a deux ans, je fus ainsi bien en peine d'écrire le compte rendu d'une nuit mutine, sortie en groupe organisée par un forum échangiste dans un club libertin, soit plus de 50 personnes qui se connaissent plus ou moins et qui en viennent à se connaître beaucoup mieux. On me le réclama à corps et à cris, mais comment faire sans révéler les secrets d'alcôve, ni produire un commentaire aussi insipide que complaisant ? Comment faire face à cette double contrainte ? Je me suis ainsi souvenu des fables qu'on apprenait par cœur à l'école primaire, et j'ai pondu ça...


Nuit Mirifique (1)

 

Il était une fois de merveilleux zéros qui avaient très envie d'élargir leur horizon. Sherazade rêvait de pommes empoisonnées rien que pour être réveillée d'un baiser; le petit chaperon rouge s'imaginait toujours rencontrer sept nains dans un sous bois; Pinocchio désirait chevaucher Bambi;  Cendrillon voulait faire dînette avec Mère-Grand, Blanche Neige et la Belle au Bois Dormant réunies; Bref, tous et toutes louchaient sur les histoires des autres, autrement plus palpitantes. C'est ainsi qu'ils demandèrent en chœur à la fée Clochette (2): "Fée Clochette, organise-nous un mirifique banquet pour que nous puissions nous rencontrer et échanger nos goûters !" (3)

 

Pas besoin de le dire deux fois à la fée Clochette qui adorait faire la bringue. Elle dégaina aussitôt sa baguette magique compatible imode (4), et en deux ou trois formules magiques, elle privatisa le palais de la zique tout entier (5).

 

Arriva le jour J. Les zéros et les zéroïnes vinrent en vrac sous le crépitement des flashs des photographes shootés. "Shrek!", "Aladin!", "Bambiiiiiiii" pouvait-on les entendre hurler sous les vivas de la foules extatique. Les employés du palais de la zique formaient une haie d'honneur, au garde à vous, alors que les merveilleux zéros montaient souverainement les marches festivalières. Enfin, ils et elles furent tous réunis tels les Dieux de l'olympe, au 3ème étage du palais de la zique qui, comme chacun sait, a une vue imprenable tout le royaume (6). Sur la poitrine de chacun brillait une étoile hollywoodienne où son nom scintillait (7).

 

Dans l'édition spéciale "Nuit Mirifique" de Royaume-Match publiée dès le lendemain, on peut ainsi reconnaître sans l'ombre d'un doute la Belle au Bois Dormant avec un Prince Charmant et son fringant écuyer (8); Ali Baba en plein conciliabule avec la fée Clochette qui sirote son verre de muscat (9); La ravissante Sherazade en compagnie de Pinocchio (10); Cendrillon bavardant avec Blanche Neige et Peter Pan (11); Le capitaine Crochet hilare entouré du Petit Chaperon rouge et d'une Mère-Grand bien juvénile (12); Aladin qui tient sa lampe intégrale et qui jette des regards inquiets vers le Grand Méchant Loup (13). Pas d'autre photos n'ont été publiées, le reste de la soirée était private de chez private.

 

D'ailleurs la fée Clochette sonna le départ tant attendu, et tous les zéros dévalèrent les fameux escaliers du palais de la zique. A leur tête Cendrillon, qui avait troqué ses pantoufles de verre contre les escarpins de Ginger Rogers, improvisait un pétulant numéro de claquettes (14). Imaginez la tête du troupeau de japonais qui croisa sur les champs la troupe hétéroclite d'une cinquantaine de joyeux zéros qui se poussaient du coude et jouaient déjà aux devinettes.

 

- Sais-tu qui est Merlin le désenchanté, demanda la Belle au Bois Dormant au petit Pinocchio ?(15)

- Je sais tout mais je ne dirai rien ! Répondit crânement Pinocchio dont le nez avait aussitôt pris une dizaine de centimètres.

- Tu ne perds rien pour attendre ! Nous afons les moyens de fous faire parler ! Rétorqua la Belle au Bois Dormant qui re rentrait pourtant pas d'Autriche.

 

Ils parvirent enfin à la caverne aux trésors où devait avoir lieu la fameuse seconde partie de soirée. Ali Baba se présenta à l'entrée.

 

- Sésame, ouvre-toi ! Déclama-t-il d'une voix théâtrale. Rien.

- Sésaaaaaaame, ouuuuuuvrrrrrre toi !!! Répéta-t-il de sa voix de stentor. Toujours rien.

- Sizam, ti vas l'ouvrir c'te porte !

- Ehhhh Jo, faut pas t'énerver comme ça là ! Sésame... Sésame... c'est pas doux dé! Tu ne sais pas que les temps sont durs ? Faut du blé! Et n'oublie pas les passeports en bonnets difformes ! Chuchota la porte avec un fort accent sub-saharien (16).

 

Ali Baba se tourna vers les zéros et décoda la demande de bakchich : "Glissez 50 dollars dans les bonnets de votre passeport, et tant pis s'ils sont déformés parce que vous n'avez que de la ferraille !"

 

Il en fallait plus que ça pour décourager la troupe, et les zéros glissèrent en gloussant leur obole dans la fente des bonnets, que les zéroïnes exhibaient fièrement en bombant le torse.

 

Alors la porte de la caverne aux trésors s'ouvrit largement pour accueillir les convives qui ne se firent pas prier.

 

A l'intérieur tout n'était que dorures et abondance. La fée Clochette avait tout prévu. Un banquet avait même été installé dans la salle de bal en attendant les choses sérieuses. Elle n'eut qu'à secouer sa baguette magique pour qu'une musique suave et entraînante résonne dans la caverne aux trésors. A l'image de Shrek, tous et toutes s'abattirent sur les canapés moelleux, se racontèrent leurs histoires zéroïques en se demandant déjà avec qui ils allaient partager leur goûter, et surtout où ! La caverne aux trésors ne recelait-elle pas quelques coins tranquilles à explorer, demandait Blanche Neige ? La fée Clochette leur révéla alors le secret de la caverne: "S'ils le voulaient tous très fort, alors une autre dimension de la caverne s'ouvrirait à eux". Ils n'eurent pas à se forcer pour avoir des pensées licencieuses, et des portes dérobées s'ouvrirent sur un long couloir qui serpentait entre de luxurieuses petites alcôves (17).

 

Dans une cohue indescriptible façon Goscinny, tous se précipitèrent dans le corridor comme au départ d'une course du PMU. Arrêt sur une image. Aladin caracole en tête de file, la bouche ouverte et la langue pendante. Perchée sur ses épaules, la fée Clochette hurle "suce aux amis !". A la corde, Blanche Neige embarque Peter Pan sous son bras. La Belle au Bois Dormant fait l'effort à l'extérieur, suivie de très près par le Prince Charmant à la lutte avec le Grand Méchant Loup. Derrière, Sherazade évite la chute rattrapée de justesse par le capitaine Crochet, mais Shrek piétine Pinocchio qui s'est pris les pieds dans le tapis. En queue de peloton, le Petit Chaperon casaque rouge est à la traîne, Mère-Grand est à la peine et Cendrillon est au taquet. Le quarté de tête, Aladin à 8 contre 1, Sherazade à 6 contre 1, Belle au Bois Dormant à 3 contre 1 et Prince Charmant à 6 contre 1, ne rapporta pas grand chose tant il était prévisible. Les Zéros victorieux s'enfermèrent aussitôt dans la première alcôve qui laissait miroiter le bien doux repos des guerriers (18).

 

Le capitaine Crochet invita Cendrillon en croisière pour Abou Simbel, dans une alcôve en forme de cabine de bateau (19). Elle lui offrit ses jolies galettes. Il lui fit goûter à son sucre d'orge. Grand seigneur, le capitaine Crochet invita même Pinocchio à les rejoindre, mais le petit Pinocchio était morose (20). Dans les grandes alcôves du fond, Shrek et le Grand Méchant Loup bouffaient à tous les râteliers.

 

Dépité, Pinocchio alla se plaindre au commissaire de course:

 

- Fée Clochette, c'est injuste, vraiment trop injuste !

- Qu'est-ce qui t'arrive mon petit Caliméro?

- Avec 1m25 au garrot, je n'ai absolument aucune chance face aux grands gabarits !

- Tu veux que je t'organise une course avec les 7 nains ?

- Non, mais heuuuu... vous qui avez tous les pouvoirs avec votre baguette magique, vous ne pourriez pas m'avantager un petit peu ? Vous pourriez me donner une certaine stature, je ne sais pas moi, 1m85, 80 kilos de muscle, 60 cm de tour de taille...

- Stooooooop ! Moi je ne fais pas dans le pot belge. Et pourquoi pas un sucre d'orge de 25 cm pendant que tu y es ?

- Ah oui, je veux bien aussi !

- Non! Non et Non! Après on va encore mettre en doute mon intégrité légendaire. Tu peux toujours aller voir Merlin le désenchanté, mais c'est à tes risques et périls.

- Je ne le connais pas ! Personne ne sait qui c'est !

- Va bouder sur une banquette, il viendra, rétorqua la fée Clochette déjà en retard pour la chasse au loup.

 

Pinocchio alla cuver son dépit dans un verre de Bordeaux:

 

- Si seulement je pouvais mesurer 1m85... 80 kgs de muscles... 130 de... tour... de... poi... trineuuuuu....

- Eh! Oh! Moi je peux te transformer en Prince Charmant si tu veux !

- Qu'est-ce qui me veut celui-là ? Dit Pinocchio en baillant. Celui-là, c'est le verre à pied qui s'agitait sur la table.

- Je suis Merlin le désenchanté, dans ton verre de vin ! Répondit Merlin avec un mauvais calembour. Alors, tu veux ressembler au Prince Charmant ?

- Ah oui, le Prince Charmant, c'est pas mal !

- Bon, je te propose un deal: Tu prends la place du Prince Charmant, il prend la mienne avec mon enchanteresse, et moi je prends la tienne! J'ai besoin de piquer un petit roupillon et l'enchanteresse ne me laisse pas dormir ! Dès que je me réveille, tout reprendra sa place. Tu n'as qu'à boire ce verre cul-sec jusqu'à la dernière goutte !

- Ca marche ! gloups ! hips !

- Abracadaswing !

 

C'est ainsi que Pinocchio intégra instantanément le corps du Prince Charmant, en pleine bacchanales. Shérazade suçait son sucre d'orge équin alors qu'il dégustait le petit pot de beurre de la Belle au Bois Dormant, laquelle se délectait du sucre d'orge d'Aladin qui se bâfrait avec les galettes de Sherazade.

 

Merlin le désenchanté piqua son petit roupillon dans la carcasse en bois de Pinocchio.

 

Quant au Prince Charmant, il se retrouva ligoté sur un lit dans la peau de Merlin, face à une ravissante enchanteresse visiblement résolue à utiliser le sucre d'orge vibrant dont elle était harnachée.

 

Aux anges, Pinocchio dévorait sans relâche galettes et petits pots. Il y glissait son sucre d'orge pour un mélange de saveurs ensorceleuses. Entouré de miroirs, il s'enivrait des multiples reflets de son éphémère corps athlétique de Prince Charmant. Soudain, l'horreur! Il se vit rapetisser en quelques secondes pour redevenir une pitoyable marionnette de bois ! Shérazade s'en évanouit de frayeur. Aladin tenta de la réanimer, alors que la Belle au Bois Dormant sautait à la gorge de Pinocchio. "C'est donc toi Merlin le désenchanté !" Hurlait-t-elle de rage. "Rends-moi mon Prince Charmant, vilain sorcier !" Ajouta-t-elle en secouant la marionnette comme un prunier.

 

- Toc! Toc! Toc! On frappa à la porte de l'alcôve transformée en foire d'empoigne.

- Qui c'est ?! Rugit la Belle au Bois Dormant qui n'avait pas lâché Pinocchio.

- C'est la fée Clochette qui vient faire la fête ! Champagne ! (21)

 

Shérazade qui avait entre temps repris ses esprits ouvrit la porte, et la fée Clochette apparue avec un gros gâteau surmonté de bougies scintillantes, suivie par le Grand Méchant Loup, Ali Baba et toute la joyeuse troupe. "Joyeux aaaaanniiiiiveeeeeersaiiiire !" Chantèrent-ils en choeur. De surprise, la Belle au Bois Dormant ouvrit ses petites menottes, et laissa tomber Pinocchio qui en profita pour filer à l'anglaise. Il se réfugia sous les jupons de Blanche Neige qui se dandinait sur la piste de danse. Il finit par hasarder un oeil vers la banquette où il s'était assoupi quelques minutes plus tôt. Il y vit Merlin le désenchanté excité comme un caïd du neuf trois dopé aux champignons dans une chanson tonitruante:

 

Mangez-moi! Mangez-moi! Mangez-moi!

Mangez-moi! Mangez-moi! Mangez-moi!

C'est la chant du psylo qui supplie

Qui joue avec les âmes

Et ouvre les volets de la perception

 

Merlin se jeta sur la barre d'un podium pour s'y exhiber, enchaînant des postures grotesques. Quatre sublimes sirènes harponnées se prosternaient à ses pieds en se tenant par la main. (22)

 

- Combien mesures-tu, Pinocchio ? Demanda Blanche Neige ?

- Heu... 1m25 répondit le petit Pinocchio, dans une position telle qu'il ne pouvait pas mentir sans se faire accuser de tentative de viol.

- Voilà qui est parfait pour un nain de jardin, répondit Blanche Neige. Avec Peter Pan et toi, il ne m'en manque plus que 5...

 

"Attrapez-le !" Entendit-on rugir dans la salle de bal, et Pinocchio chercha un nouveau refuge du côté des alcôves. Une fois de plus, il se prit les pieds dans le tapis et s'étala de tout son long, devant la cabine de bateau sur le point d'embarquer de nouveaux voyageurs en partance pour Abou Simbel. Heureusement, le Petit Chaperon rouge et la douce Mère-Grand relevèrent Pinocchio, et le firent asseoir dans la cabine. Encouragée par le Petit Chaperon rouge, Mère-Grand réconforta Pinocchio en lui faisant goûter ses galettes au miel, auxquelles le garnement fit honneur. Quant au Petit Chaperon rouge, elle fut prise d'une fringale qui la poussa à la chasse au sucre d'orge. Mère-Grand n'était pas rassurée car elle avait entendu les hurlements sauvages du loup, et elle ne voulait absolument pas figurer à son menu.

 

- Toc ! Toc ! Toc !

- Qui est là ? Demanda Mère-Grand tout doucement.

- C'est le Petit Chaperon rouge ! Entendit-elle répondre sur une octave étonnement basse.

 

Pinocchio tourna la chevillette et la porte s'ouvrit. Le Grand Méchant Loup surgit dans la cabine avec le Petit Chaperon rouge sous le bras. Bien que déjà repu, il jeta le Petit Chaperon rouge sur la couchette, pour lécher ses galettes au chocolat et son petit pot de beurre fondant, tout en posant ses grosses pattes velues sur Mère-Grand terrorisée. N'écoutant que son courage qui ne lui disait pourtant pas grand chose, Pinocchio s'interposa:

 

- Touche pas à Mère-Grand !

- Sinon quoi ? Rigola le Grand Méchant Loup narquois ?

- Heu... il faudra me passer sur le corps !

- Beurk ! T'as de la chance que je n'aime pas les sucres d'orge! Burp! Eructa le Grand Méchant Loup au bord de l'indigestion, avant de prendre congé (23).

 

C'est ainsi que Pinocchio, le Petit Chaperon rouge et Mère-Grand partagèrent tranquillement leurs goûters, sous le regard amusé de la Belle au Bois Dormant au travers du hublot de la cabine. Elle avait finit par attraper l'affreux Merlin, elle avait exigé un échange standard, et elle avait enfin récupéré son Prince Charmant profondément abusé, mais heureux !

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La morale de cette histoire, c'est que la contrainte de la censure ou de l'autocensure peut parfois être une muse facétieuse.

                                                                                           

(1) Le lecteur attentif notera que les initiales de Nuit Mirifique sont identiques à celles de Nuit Mutine du forum E&T, c'est à dire NM(c)
(2) Sous le pseudonyme de fée clochette se cache celui d'une animatrice du forum E&T voici quelques années. Petite par la taille mais grande par la gentillesse, elle était parvenue à organiser de nombreuses soirées échangiste, en négociant les tarifs et en faisant de son mieux pour le plaisir de tous.
(3) J'ai connu une libertine qui m'a écrit un jour: "en club, il faut venir avec un bon casse-croûte au cas ou on ne trouve rien de bien sur place". J'ai préféré l'image du goûter.
(4) Son portable compatible imode.
(5) Une nuit mutine se déroule au moins en deux parties: l'apéritif dans un lieu "vertical", et le reste de la soirée dans un lieu "horizontal". Pour la première partie, nous avions privatisé le bar au premier étage du Virgin sur les champs.
(6) Sur tout Paris.
(7) Nous avions eu droit à un joli post-it à coller sur notre chemise, histoire de bien savoir qui est qui.
(8) La belle au bois dormant est une très belle jeune femme qui m'a inspiré Rêve 911. Elle était accompagnée ce jour là par le prince charmant, son amant du moment qu'elle quitterait quelques semaines plus tard au profit du jeune écuyer.
(9) Ali baba est un homme charmant d'origine maghrébine. Le coeur sur la main, il avait secondé la fée clochette pour l'organisation de cette NM.
(10) J'avais eu l'occasion de bavarder avec Sherazade, une divine petite brune à la beauté méditerranéenne, qui vivait alors en couple avec Aladin.
(11) Cendrillon était mon accompagnatrice du moment. Je l'avais rencontrée quelques semaines auparavant  dans un sauna libertin, et cette jeune femme avait accepté de m'accompagner pour cette soirée exclusivement réservée aux "couples".
(12) J'ai tout de suite remarqué le petit chaperon rouge: Jolie jeune femme à la peau chocolat, elle portait une robe rouge Ferrari au décolleté avantageux. Elle était venue avec mère-grand qu'elle connaissait depuis peu. Je n'ai pas affublé mère-grand d'un tel pseudonyme à cause son âge réel ou apparent, mais pour des raisons de cohérence avec la fin de cette fable, et parce qu'elle était inséparable du petit chaperon rouge ce soir là: C'était leur première sortie libertine à toutes les deux, en tant que femmes seules de surcroît. Le capitaine crochet, amant occasionnel de la fée clochette avec le grand méchant loup, semblait ravi d'être en si bonne compagnie.
(13) Ce soir là, Aladin était venu en scooter et il tenait à la main son casque intégral. D'un naturel plutôt jaloux - je me souviens encore des regards assassins dont il me gratifiait alors que je bavardais innocemment avec sa dulcinée - il nourrissait à juste titre les pires inquiétudes face au grand méchant loup: incarnation parfaite du libidin cher à Georges, l'immense grand méchant loup avait la verge aussi ferme que l'intention de s'en servir autant que possible...
(14) Cendrillon, d'assez grande taille, n'avait pas l'habitude de porter jupe étroite et talons hauts...
(15) A cette époque, un troll écumait le forum E&T en répandant des calomnies à mots couverts. Il semblait trop bien renseigné sur les coulisses de ce forum pour ne pas l'avoir fréquenté. Deviner son identité était le jeu du moment.
(16) Les habitués du No Comment reconnaîtront peut être le portier de l'époque, grand Noir auquel j'ai prêté un accent ivoirien. Bien que prévenus, ils ont mis longtemps à ouvrir les portes de leur club, peut-être effrayés par la taille de la troupe.
(17)  La zone verticale du No Comment avait été privatisé avant son heure d'ouverture habituelle: un buffet froid y avait été installé à notre intention. Les coins-câlins n'étaient donc pas accessibles jusqu'à l'ouverture normale du club, vers 22h30.
(18) Le salon au miroir était le plus convoité. Dès que les coins-câlins furent ouverts, des groupes constitués s'y sont précipité, dont celui des beautiful peoples vers lesquels tout le monde louchait.
(19) Depuis la porte ouverte, je regardais le capitaine crochet  étendu aux côtés de mon accompagnatrice dans une alcôve en forme de cabine de bateau. "Je t'emmène en croisière à Abou simbel", qu'il lui dit avant de l'embrasser langoureusement. J'ai trouvé ça mignon.
(20) "C'est donc toi Vagant ? Je t'imaginais plus grand" venait de me dire Blanche Neige en constatant ma taille très moyenne. Cela avait vite fait de ranimer un vieux complexe, face à des princes charmants plus athlétiques.
(21) A ce moment là, je n'ennuyais copieusement. Cette soirée était aussi l'occasion de fêter l'anniversaire du grand méchant loup ainsi que celui de La belle au bois dormant, et la fée clochette avait eu bien du mal à les ramener dans la zone verticale.
(22) Ce soir là un gars qui ne devait pas être coupable que de délit de faciès faisait la bringue avec 4 escort-girls. Allez savoir pourquoi, ce spectacle me fascinait.
(23) Taquine, le petit chaperon rouge avait décidé d'épuiser le grand méchant loup. Elle y est parvenu, avant de jeter son dévolu sur moi...

Commentaires

Le jeudi 01/03/2007 à 09:25 par Luna :

Bonjour Vagant,

Peut-être pourrez-vous m'expliquez ce fait étonnant : Moi qui ai tant de plaisir à vous lire quotidiennement j'ai peiné a franchir la 5ème ligne de votre texte pour finalement abandonner à la 7ème...dépitée...

Le jeudi 01/03/2007 à 11:16 par Vagant pour Luna :

Vous seule pouvez me le dire ! N'aimez-vous pas la police de caractère que j'ai adoptée ? La longueur de cette note vous aurait-elle rebutée ? Vous seriez-vous levée du pied gauche ?
Au fait, vous vous êtes arrêtée à "la belle au bois dormant" ou au "who's who libidineux" ?

Le jeudi 01/03/2007 à 11:30 par Poussy pour Vagant :

Sans vouloir te vexer, tout comme Luna je n'ai pas pu continuer. Et j'avais bien envie de te répondre que le terme "pondu" s'adaptait parfaitement à cette....
Mais n'ayant lu que trois lignes, je me suis interdite un tel jugement

Le vendredi 02/03/2007 à 10:57 par Madeleine :

Ah non, vous avez tort, je le trouve très amusant ce texte, moi ! La contrainte est en effet souvent créatrice... mais j'ai du mal à comprendre pourquoi il fallait ce "filtre" et pourquoi il n'était pas convenable de dire "qui avait couché avec qui" alors que tout cela s'était fait, j'imagine, aux yeux de tous ?

Le vendredi 02/03/2007 à 11:18 par Vagant pour Madeleine :

Honnêtement Madeleine, comment aurais-je pu décrire la scène du grand méchant loup en clair ? Les relations sociales, qu'elles soient libertines ou non, impliquent une certaine diplomatie, que certains qualifieront d'hypocrisie. C'est à ce prix qu'un forum tel que E & T peut exister: les relations qu'il met en jeu sont intimes, même si elles sont partiellement visibles à certains ce qui vous fait dire qu'elles sont visibles aux yeux de tous: c'est en vérité la face émergée d'un iceberg relationnel qui dépasse bien souvent le cadre purement charnel. Voilà pourquoi le "qui-baise-qui" reste officieux.

Le vendredi 02/03/2007 à 16:30 par Georges pour Vagant :

Le problème se pose en effet de la transparence, même chez les libertins! La contrainte est créatrice, c'est évident. Ici, cela nous vaut un récit plein de virtuosité (où on se perd parfois, il est vrai); dire sans dire, je connais... On peut procéder par allusion, user de la litote, ou de l'allégorie, comme vous, Vagant. Belle démonstration d'écriture et d'humour!

Le lundi 05/03/2007 à 10:06 par Vagant pour Georges et Madeleine :

Je vous remercie Georges. J'ai bien conscience que ce récit échevelé est difficile à suivre, et n'offre que peu d'intérêt sans les notes en bas de page. Dommage pour celles qui n'ont pas dépassé la 5ème ligne...

Au fait Madeleine, vous sentiriez-vous prête à faire un récit précis, nominatif et circonstancié de votre soirée de Vendredi dernier ?

Le dimanche 18/03/2007 à 22:26 par Comme une image :

Ayé j'ai fini de la lire, cette (....) note !
Firefox à gauche sur 2/3 de l'écran, notepad à droite sur le tiers restant où j'avais copié les notes de bas de page (pour notepad, c'était prédestiné).

J'ai réussi à identifier Pinocchio comme l'auteur de ce texte à la note [15] (si j'avais été plus fin j'aurais pu avoir le soupçon dès la note [10]).
Raconté comme ça, c'est assez distrayant, on s'étonne donc que tu aies pu t'ennuyer (enfin, pas à la fin, apparemment ;-).

Était-il vraiment là, Merlin le désenchanté ?

Le lundi 19/03/2007 à 21:41 par Vagant pour CUI :

Bravo pour l'effort. J'espère que cette petite fable t'aura tout de même distrait. Merlin le désenchanté n'était probablement pas là ce soir là.