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15 août 2008

Mon plus secret conseil…

Mon plus secret conseil...    Ce titre est épatant, n’est-ce pas ? Moi en tous cas, c’est épaté que je me suis fait appâter par ce roman de Valéry Larbaud publié aux éditions folio, d’autant plus qu’il ne coûtait que deux petits euros. Le prix d’un café. Je croyais ne faire qu’une gorgée de sa centaine de pages, mais j’ai eu bien du mal à avaler cette prose décousue qui serpente au fil des pensées de Lucas Letheil, jeune héritier prétentieux jusqu’aux prétentions littéraires. Il envisage de quitter sa maîtresse colérique. Il ne sait pas que c’est imminent lorsqu’il s’éloigne de leur résidence Napolitaine au cours de sa promenade matinale, qu’il pousse jusqu’à sauter dans le premier train venu. Larbaud y embarque aussi le pauvre lecteur contraint de passer du Français à l’Italien dans cette aventure intérieure. On ne sait d’ailleurs pas trop si l’auteur parle de lui ou de son anti-héros puisqu’il utilise tantôt « je », tantôt « il » et parfois « nous ». Nous en sommes d’ailleurs là dans cet extrait plus que représentatif puisque c’est, à mon humble avis, la meilleure page :

On dira que nous sommes bien difficile ; mais c’est que, si nous sommes repu de scènes de ménage et de tempêtes domestiques, nous sommes aussi repu

Persano.

d’amour. Onze heure moins dix. On va s’arrêter partout maintenant. La ligne monte. Il n’y a plus que de petites gares jusqu’à Potenza ; pas de voyageurs de première. Et les monts de la Lucanie en vue. Des arrêts de trois secondes ; le temps de dire pronti et partenza. – Oui, repu d’amour, malgré l’insensibilité croissante. Et c’est cela qui retarde la rupture, qui nous fait espérer, contre toute espérance, que la dernière crise sera vraiment la dernière. Nous sommes fidèle, aussi. Voici une bien jolie femme ; sans doute, mais nous avons mieux, ou aussi bien à la maison. Des Challettes, lui, court toujours ; il a une liste de formules d’abordage, pour la rue, le théâtre, la plate-forme du tramway… ; a des cartes de visite, avec cette anticipation : « Avocat à la Cour », qu’il glisse, pliées en quatre, dans les mains des jeunes filles et des jeunes femmes accompagnées. J’ai fait ça, autrefois, par esprit d’imitation, quand je sortais avec… Chose… de Louis-Le-Grand. Nous avions l’air de deux agents matrimoniaux, de deux délégués à l’amour. Les premiers venus offrant leurs services aux premières venues. Quelle fatigue !... Quel ennui !... Pourtant si on m’avait demandé ce que je cherchais pendant mes promenades du matin dans Naples, une fois le contact bien établi avec les aspects intimes de la ville, j’aurais – paresse, peur de paraître compliqué – répondu : des femmes.

    Enfin, lorsque ce roman s'achève sur l’assoupissement de Lucas, on comprend que sa vocation était sans doute d’être un livre de chevet.

Commentaires

Le lundi 18/08/2008 à 18:09 par Georges :

Larbaud, l'un de mes auteurs préférés... A lire, toutes affaires cessantes, (c'est de circonstance!) : "Devoirs de Vacances" dans le recueil de nouvelles, Enfantines...

Le mercredi 20/08/2008 à 17:19 par elise :

HI,

Michael S..., can't get a hold of you;

Please , could you get in contact with me ASAP.

Thanks,


Sorry for the interruption,

E

Le vendredi 22/08/2008 à 18:39 par Vagant pour Georges :

On me reprochera peut-être d’être complaisant, mais Larbaud m’a fait penser à vous. Et non pas l’inverse car franchement, je préfère vous lire: votre style est moins ampoulé et je vous trouve plus drôle. Cela dit, je n’ai pas lu ce que vous nous conseillez toute affaire cessante, mais qui n’est hélas plus de circonstance en ce qui me concerne…

Le mardi 26/08/2008 à 11:49 par Georges Pour Vagant :

Oh! je veux bien, à la rigueur, que "Larbaud vous fasse penser à moi", mais que vous me compariez à lui... non, franchement, cela n'est pas acceptable. Larbaud est un écrivain. Je ne suis qu'un larbin de la littérature! (Mais je ne désespère, pas un jour, d'écrire une ou deux pages qui puissent donner le change).