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05 avril 2007

Les hyènes

medium_hyene.jpgC'était un jeudi soir, j'avais donné rendez-vous à Justine dans un restaurant aux alentours du Moon-City avec le projet immédiat de poursuivre agréablement la soirée dans les vapeurs d'un hammam. Le serveur était stressé, nous abrégeâmes le repas léger, et nous nous dirigeâmes vers ce complexe libertin grandiloquent.

Il y avait peu de monde à l'heure où nous arrivâmes, une petite dizaine de personnes tout au plus, essentiellement des hommes seuls et un couple d'apparence peu attractive. Nous optâmes d'abord pour le hammam. A peine y étions-nous entrés qu'une demi-douzaine d'hommes seuls nous y suivit. Notre masseuse et moi ne faisions pourtant qu'évoquer sagement nos connaissances communes, sans le moindre geste équivoque, la meute d'hommes seuls  rodaient autour de nous comme des hyènes autour de leur proie fatiguée en attendant qu'elle se couche. Un homme s'est assis face à nous. Dans son cocktail, de faux glaçons lumineux projetaient sur le bas de son visage un halo rougeâtre qui éclairait ses crocs. Il semblait retrousser les babines en émettant un ricanement sinistre à chacune de nos répliques, avide de s'immiscer dans notre conversation avant de s'introduire ailleurs. Nous ne parvenions plus à parler naturellement.

Nous quittâmes cet endroit étouffant pour aller prendre une douche. Enfin seuls. Nous nous savonnâmes mutuellement. Derrière la porte de la douche, les hyènes s'étaient rassemblées, ricanantes. Justine s'agenouilla devant ma verge dressée sous la douche tiède comme un orage tropical. Les hyènes poussaient sans cesse la porte de la douche que je rabattais aussitôt. Je finis par maintenir la porte d'une main pendant que je caressais la nuque de ma fellatrice de l'autre. Nous battîmes en retraite au bar où les hyènes ne nous suivirent pas: Elles n'y avaient aucune chance de se repaître d'une carcasse alanguie.

Il y a quelques jours, j'ai retrouvé Claire sur msn, avec laquelle je n'avais pas eu l'occasion de clavarder depuis des mois. Elle m'a expliqué avoir vécu une situation similaire au Moon-City, et elle m'a affirmé qu'il y a quelques années, les hommes seuls auraient été beaucoup plus respectueux qu'aujourd'hui. Est-ce bien vrai ? Cette ambiance - que je trouve pour ma part détestable - est-elle le seul fait de ces hommes seuls qui rodent en quête de curée, ou est-elle inhérente à une situation de facto déséquilibrée ? Je me souviens qu'un peu plus tard dans la soirée, j'évoquai brièvement ma première virée dans un sauna libertin, en tant qu'homme seul, justement. L'adjectif s'y était révélé déterminant: seul, seul contre tous, contre les couples qu'on dérange par sa simple présence, et les autres hommes seuls concurrents. Alangui au sauna, j'expliquai à Justine combien cette soirée là avait été pour moi déprimante, ce qui fit déguerpir un homme seul installé non loin d'elle. Je me suis mis un instant à la place de cet homme échoué là dans l'espoir de tirer un peu de plaisir d'une rencontre éphémère, d'y soigner un mal de vivre ou de noyer un chagrin d'amour dans la luxure.

Quel était le dénominateur commun entre cet homme là, et nous qui n'étions venus que pour un moment de détente et de plaisir à deux. Qui n'était pas à sa place ? Le comportement des hyènes était-il illégitime, ou bien était-ce notre présence dans cette jungle résolument mixte ? Y-a-t'il de la place pour les touristes au royaume des bêtes sauvages ?

23 janvier 2007

Rendez-vous au Moon City

medium_mooncity.jpgVendredi dernier, j'ai profité d'un trou (pas de mauvais jeux de mot s'il vous plait) inattendu dans mon emploi du temps pour explorer le nouveau sauna parisien qui fait tant parler de lui: le Moon City. Je savais que quelques libertin(e)s devaient y passer, dont Georges et Madeleine, et je suis arrivé sur les lieux dans la soirée, aux alentours de 22h30.

 

L'entrée est impressionnante et l'accueil chaleureux. Moyennant 38 euros plus 2 euros de caution pour les clefs du vestiaire, l'homme tout de blanc vêtu à l'entrée m'a remis une serviette, un paréo, un ticket pour une boisson et des claquettes. J'ai été me déshabiller au vestiaire (unique pour les hommes et les femmes actuellement), et en avant pour la grande aventure. En faisant un premier tour, je me suis cru dans un conte entre "sherazade" et "Ali baba et les 40 voleurs" mis en scène par un décorateur de chez Disney Land: Au rez-de-chaussée, une accueillante et fort jolie barmaid - spécialiste mondiale du Mojito - m'a accueilli dans un vaste salon aux tables basses et aux banquetes confortables. J'ai monté des escaliers - Les fameux escalators recyclés décrits par Georges - pour arriver au premier étage où j'ai trouvé un sauna (pas très chaud, pour une dizaine de personnes au maximum), un hammam (plus chaud mais malheureusement assez petit) avec des douches individuelles, et une dizaine de coins câlins privatifs. Sur les murs, des écrans diffusaient des clips glamours ce qui,  avec la décoration d'inspiration orientale, conférait aux lieux une ambiance plutôt select. Je suis redescendu au rez-de-chaussée pour découvrir le grand jacuzzi, et un autre salon avec un grand écran qui diffusait un film d'aventures. J'ai alors donné à la barmaid ce qui restait de mon ticket pour la boisson après le passage sous la douche du hammam, et j'ai retrouvé Mr et Mme Vintage qui descendaient du vestiaire. Nous avons passé le reste de la soirée ensemble, à papoter sagement, comme tout le monde je crois.

 

Si vous vous attendiez, ami lecteur, à lire le récit d'ébats de haute voltige, vous pouvez vous arrêter là. Il ne s'est rien passé ce soir là, tout au moins en ma présence. La seule coquinerie a consisté à deviner qui étaient Georges & Madeleine. Peu de personnes pouvaient répondre au signalement: une dizaine d'hommes seuls et une demi-douzaine de couples étaient perdus dans un club pouvant accueillir 150 personnes dont 20 dans le jacuzzi. Lorsque la femme que je soupçonnais être Madeleine vint s'asseoir à côté de moi dans le sauna, j'ai commencé à deviser sur la question avec M. Vintage:

 

- Si c'était Madeleine elle devrait réagir, dis-je assez fort pour être entendu par cette jolie femme.
- La Madeleine de Georges, répondit-il sur le même ton ?
- Ce n'est pas plutôt la Madeleine de Proust ?
- Oui c'est ça, Georges Sand et Madeleine Proust !

 

Sur ce, la jeune femme en question s'est levée et elle a rejoint son partenaire qui l'attendait à l'extérieur du sauna. Vintage et moi en avons déduit qu'elle ne s'appelait pas Madeleine. L'hypothèse qu'elle ait fui des gens aussi spirituels ne m'est pas venue à l'esprit. Quoique...