19 juillet 2007
Sept: L’envie
Voilà 3 jours que j’étais chez les Delavigne, cerné par le papier à fleur, les horloges comtoises et les coucous suisses. Comment peut-on vivre dans une aussi belle maison décorée avec autant de mauvais goût, avec aussi belle femme honorée avec tant de mauvaise grâce, dans une région à la gastronomie aussi renommée et laisser sa propre fille se gaver de bonbons jusqu’à gonfler comme une baudruche ? Après avoir brossé en une seule phrase le tableau - et suggéré l’action - voici les détails où, comme chacun sait, se cache le diable.
C’est Monsieur Delavigne en personne qui m’avait réveillé après mon arrivée fracassante. Il m’avait trouvé en train de ronfler sur le volant de l’alpha dont le capot avait épousé la forme du tronc du prunier cinquantenaire. Le vieil arbre s’en était tiré avec quelques fruits écrasés, l’alpha était bonne pour la casse et moi pour quelques jours de repos avec un poignet foulé. C’est ainsi que je me suis retrouvé dans une chambre mansardée, aux bons soins de Madame Delavigne, jolie femme à la quarantaine éclatante, infirmière de son état et châtelaine dilettante. Laissez-moi, ami lecteur, dresser le portrait complaisant de ma bienfaitrice, telle qu’elle m’est apparue ce matin là, dans la chambre où Delavigne m’avait installé, ou plutôt telle que je l’ai dévisagée des pieds à la tête lorsqu’elle est apparue au seuil de ma chambre: Des chevilles fines, des mollets musclés nacrés de soie, une robe à fleurs légère qui soulignait la finesse de sa taille et la plénitude de ses hanches, une gorge pulpeuse dont le décolleté suggérait la profondeur du plaisir qu’on pouvait y trouver, des bras minces et dorés, un cou gracile tout au long duquel coulait la cascade noire de ses cheveux de jais qui encadraient son visage triangulaire aux pommettes saillantes, où luisaient le vert de ses yeux et le vermeille de ses lèvres au goût framboise, quoique cela, je ne le savais pas encore : « Bonjour ! Jean-Paul m’a dit que vous étiez un de ses étudiants de passage dans la région ? Je me présente, Agnès Delavigne.
- Enchanté, Christophe Vagant. Oui, je ne pensais pas m’arrêter très longtemps, mais je crains que ma voiture en ait décidé autrement.
- Et bien tant mieux, si vous me permettez mon égoïsme ! Moi, je suis ravie de vous accueillir chez nous. On ne voit jamais personne dans cette grande maison ennuyeuse. Je vais vous remettre sur pied, et vous redonner toute la vigueur de votre jeunesse !
- Je n’en doute pas un instant, Madame.
- Entre nous, appelez-moi Agnès.
- Avec plaisir… Agnès.
- À très bientôt Christophe. »
Si Agnès ne prenait pas son rôle de châtelaine au sérieux, il n’en était pas de même de son époux qui avait décidé de se reconvertir dans la viticulture. C’est ainsi que depuis des mois mon professeur en préretraite courait la campagne sept jours sur sept, de 6 heures du matin à 10 heures du soir. Il n’avait pas encore produit une seule goutte de vin mais le soir venu, notre brave homme était ivre, mais ivre de fatigue et il s’effondrait de sommeil parfois même avant d’avoir atteint son lit. Son comportement tenait-il de la fuite face à l’étreinte conjugale qu’Agnès appelait de tous ses vœux malgré l’inéluctable déclin glandulaire de son époux ? Peut-être bien, me dis-je aujourd’hui avec une sollicitude dont j’étais à l’époque incapable dans ma vingtaine arrogante. Moi, tout ce que je ressentais, c’était de la jalousie, de l’envie pour sa demeure seigneuriale abandonnée au mauvais goût, et pour sa jolie femme abandonnée aux caresses solitaires. Si lui voler la première m’était impossible, prendre la seconde était à ma portée.
L’occasion s’est donc présentée un après-midi particulièrement torride trois jours après mon arrivée. Je déambulais dans les couloirs du « château » à la recherche d’un peu de fraîcheur lorsque j’ai croisé Agnès, les joues rouges d’être surprise dans une tenue quelque peu indécente. Elle revenait de la cuisine avec un grand verre de glaçons à la main. Elle avait dû le passer sur ses bras et sur sa poitrine pour se rafraîchir un peu, mais les gouttes de condensation avaient laissé de larges auréoles transparentes sur sa robe à bretelles en coton blanc, dont une surlignait un téton bien dressé après le passage de la glace dans une zone si sensible. Je l’ai arrêtée au passage sous le prétexte de lui emprunter quelques glaçons. « Vous permettez Agnès ! » ai-je dit en retirant mon tee-shirt, et sans la quitter des yeux, j’ai fait courir un glaçon sur mon torse, insistant bien sur mes pectoraux et mes épaules, jusqu’à ce qu’il fonde complètement, laissant derrière lui une trace luisante et quelques gouttelettes qui perlaient sur ma peau bronzée. Face à moi Agnès, dont le visage virait à l’écarlate, semblait tétanisée. Seuls bougeaient ses yeux verts écarquillés qui couraient sur mon corps d’éphèbe tels deux petites bêtes traquées par un prédateur nommé désir. De temps à autres, la pointe de sa langue rose passait rapidement sur ses lèvres sèches, presque subrepticement comme pour échapper à ma bouche gourmande à quelques centimètres de la sienne. J’ai pris un autre glaçon dans le verre. « Vous permettez Agnès ? » ai-je dit en posant le glaçon sur son épaule sans lui laisser le temps de répondre, et je l’ai lentement fait glisser sur sa nuque. La réaction souhaitée ne s’est pas fait attendre : ses paupières ont vacillé, sa bouche s’est ouverte pour happer l’air qui semblait soudain lui manquer et sa poitrine s’est gonflée, les pointes de ses seins hérissées qui frôlaient ma peau. Mes lèvres sont parties à l’assaut des siennes comme une charge héroïque tandis que je l’étreignais fougueusement, abandonnant le glaçon dans sa robe. Il est tombé jusqu’au creux de ses reins, bloqué par ma main qui lui malaxait les fesses au travers de sa robe mouillée. Les mains d’Agnès, elles s’affolaient sur mon dos, agrippaient mes muscles saillants, griffaient ma peau, me repoussaient et m’attiraient contre elle dans un même mouvement éperdu. Dès que ma bouche abandonnait la sienne, juste le temps de lui laisser reprendre son souffle, la pauvre femme murmurait des « non… non… » avant que ma langue s’emmêle positivement dans la sienne Sa main droite, doigts en éventails et paume plaquée contre ma peau luisante de sueur, glissa tout au long de mon torse jusqu’à tomber sur la bosse outrageuse que formait ma verge gonflée dans mon jean… Soudain, Agnès m’a repoussé violemment contre le mur en criant « Non ! Je ne peux pas ! Pas avec un enfant ! », et elle a couru en larmes jusqu’à la porte de sa chambre qu’elle a claquée derrière elle.
07:15 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : sept, péchés capitaux, l’envie, femme mure, littérature, adultère