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21 juin 2007

Descente aux chandelles (3)

Jeanne ne comprit pas ce qui venait de m’arriver. Jusqu’alors, je représentais l’homme de tous ses fantasmes, des pique-niques coquins aux ébats scénarisés, le libertin tout terrain qui cachait sous son capot rutilant un cœur d’amant sentimental, et qui lui permettait d’échapper à l’horizon bouché de sa vie de mère au foyer coincée dans un mariage en bout de course. Pour cette soirée, Jeanne s’était préparée à toutes les extravagances afin d’être à la hauteur de ma réputation sulfureuse. Elle, elle avait revêtu sa robe de soirée comme un gladiateur met son plastron, et voilà que l’homme censé la conduire sur le chemin des plaisirs extrêmes se dérobait soudain. En quelques minutes, j’avais perdu auprès d’elle mon statut d’amant infaillible, et par la même une partie de mon attrait érotique. À l’inverse, je découvrais en elle une libertine aux ressources insoupçonnées qui dansait comme si de rien était après sa première expérience pluraliste.

medium_ClementineII.2.jpgUn peu groggy, je m’assis pour regarder Jeanne au milieu d’autres ravissantes créatures sur la piste. Je me sentais encore un peu déconnecté mais je voulais reprendre le cours de la soirée comme on saute dans un train en marche, ce que se manifestait par une furieuse envie de baiser. Je remarquai une fille métisse qui semblait un peu paumée, assise au bar sur un grand tabouret, sacrément sexy et curieusement seule. Jeanne qui ne dédaignait pas les femmes s’approcha de moi et me parla d’elle, ou plutôt de ses seins rehaussés par sa guêpière, pulpeux comme des fruits murs, « où elle aimerait planter les dents », me dit-elle. Je ne demandais pas mieux. Lorsque cette fille partit dans les salons câlins, visiblement à la recherche de son partenaire – rétrospectivement je me demande si elle n’était pas à la recherche de son client pour lui signifier des dépassements d’honoraires – je proposai à Jeanne de suivre le même chemin. Comme nous tentions de nous frayer un passage entre les corps entrelacés, une grande blonde qui siégeait au détour d’un étroit couloir nous barra le passage. Elle affichait la posture désinvolte d’un douanier africain corrompu dominant son bout de macadam, mais la kalach aux yeux plutôt qu'à l'épaule: Ses jambes tendues en appui sur le mur face à elle, sa jupe relevée sur une belle impudeur, elle cribla Jeanne de regards égrillards. « On ne passe plus ! », sortit-elle sur un ton de défi. À ses côtés, un homme regardait Jeanne comme une gourmandise dans la vitrine d’une pâtisserie. J’imagine qu’il fallait actionner la manivelle de ce garde barrière pour que sa comparse ouvre tous les passages, et ils semblèrent bien dépités de voir Jeanne rebrousser chemin sans entrer dans leur jeu. Nous échouâmes finalement dans la grande salle où la partouze battait son plein.

Nous regardions la scène, passablement excités, lorsque le couple que nous avions croisé dans le sas d’entrée nous aborda. « Et bien on se retrouve » me dit l’homme en souriant, sourire auquel nous répondîmes. Prendre garde à ses sourires est certainement la chose la plus importante à expliquer aux apprentis libertins. Cet homme prit probablement le nôtre pour une invitation car il enlaça Jeanne sans autre forme de procès pour l’embrasser fougueusement. J’étais sidéré par la vitesse à laquelle l’affaire s’emballait. Serrés dans la foule toujours plus compacte, j’essayais de garder le contact avec Jeanne alors qu’il la contournait pour la caresser par derrière. Je sentis une main s’égarer sur la bosse de mon pantalon. Ce n’était pas celle de Jeanne mais celle de la compagne de cet homme, apparemment ravie, qui s’approcha de Jeanne pour l’embrasser à son tour, à pleine bouche. Nous nous présentâmes entre soupirs et baisers : lui Patrice, elle Sonia. J’étais à la fois terriblement excité et inquiet. J’embrassai timidement les lèvres offertes de cette inconnue, et ma main plus hardie s’égara sous sa jupe, sur ses fesses nues, fermes et rebondies. Malheureusement, Patrice ne semblait pas goûter au plaisir des préliminaires mélangistes qui m’auraient amplement suffit. Il détourna à son profit les tentatives de Jeanne pour caresser Sonia, ce dont je ne me rendis pas compte. Je ne voyais qu’une chose : le visage haletant de Jeanne que Patrice prenait debout, par derrière, une minute à peine après nous avoir abordés !

Il attira sa proie consentante dans un recoin tranquille pour mieux jouir d’elle. J’y entraînai aussi Sonia pour ne pas perdre Jeanne de vue. En voyant Patrice prendre mon amour encore et encore, contre ce mur de pierres où elle gémissait de plaisir – oui, c’était bien du plaisir, je reconnaissais ses soupirs - j’essayai de la haïr. Débauche des corps et débâcle des sentiments. L’ombre d’un instant j’essayai de reconsidérer la situation sous un autre angle : Jeanne n’était pas la femme dont j’étais amoureux, non, ce n’était qu’un simple passeporc pour entrer dans ce club et me taper toutes les nanas qui me tomberaient sous la main. Sonia tombait plutôt bien. J’écartai son string par derrière et je caressai son sexe encore sec. De l’autre main j’enfilai un préservatif, prêt à la prendre façon soudard. Quelques allées et venues le long de sa vulve, et je la sentis tout d’un coup toute humide sous mes doigts qui s’acharnaient sur son clitoris comme sur le bouton d’un ascenseur récalcitrant. Alors je l’enfilai d’un coup sec et je l’a besognai sans ménagement, un peu comme une vengeance. Elle était étroite et j’éjaculai très vite, sans plaisir mais sans débander non plus tant mon corps était excité. Je continuai à la ramoner vigoureusement tandis qu’une autre femme s’approcha de Sonia pour la caresser. Elle finit bien par jouir sous mes coups de boutoir. De temps en temps, le cœur vide, je regardai Jeanne se faire bourrer aussi. Je crois que j’éjaculai une seconde fois au fond de Sonia, sans vraiment en jouir, puis je me retirai. Mon préservatif pendait au bout de ma queue en berne. Sonia m’adressa un sourire élogieux. En retour, mon rictus dut etre mis au compte de la fatigue. Patrice voulut prendre ses aises sur une banquette et je les suivis, comme un troisième. Je ne réalisai même pas que Sonia avait disparu.

À suivre

Commentaires

Le jeudi 21/06/2007 à 08:42 par complice :

En un autre lieu, en un autre temps, vous avez voté pour ma voluptueuse main. Je souhaitais simplement vous en remercier et m'incliner avec respect devant votre victoire.
Amicalement.

Le jeudi 21/06/2007 à 10:39 par Six :

Vous signez là, cher Vagant, une note émouvante et instructive pour moi. j'avoue m'être identifiée à vous dans ce récit et n'avoir eu aucun mal à percevoir le desarroi, la tristesse et la rage que vous y décrivez. Je m'étonne en revanche d'apprendre que vous avez pu ressentir cela en ces circonstances. Serait-ce le plaisir pris seule (ou plutôt sans vous, avec un autre) par Jeanne qui vous a perturbé? Une manière, pour elle, peut être, de se "retirer" du ljeu libertin tel que vous le concevez, en échappant à votre portée qui vous a déplu? A vous lire j'a l'impression que vous auriez préféré que ces cris fussent ceux d'un appel à l'aide, que vous avez même cherché à les interpréter comme tels pour pouvoir vous donner l'occasion de la secourir.

Le jeudi 21/06/2007 à 18:29 par Madeleine :

Là où je suis assez d'accord avec vous, c'est qu'en effet dans les "clubs libertins" on pratique surtout l'échangisme "pur et dur" : "tu me prêtes ta compagne - légitime, adultère ou vénale - et je te prête la mienne", alors que les envies sont souvent beaucoup plus complexes que cela...

Le vendredi 22/06/2007 à 14:10 par Vagant pour Madeleine :

Je ne vous le fais pas dire !

Le vendredi 22/06/2007 à 14:10 par Vagant pour Six :

Oui, j’aurais certainement préféré que ses cris fussent ceux d’un appel à l’aide ! Au lieu de cela, elle se laissait faire et semblait m’avoir oublié. Était-ce là son désir profond, l’envie d’un autre homme, ou la soumission au modèle induit par ces lieux ? C’est ce que je vais essayer élaborer dans ma prochaine note.

Le vendredi 22/06/2007 à 14:17 par Vagant pour Complice :

Je vous remercie ! Je me suis d’ailleurs demandé ce qu’était cette sculpture ? Un moulage de vos mains ?
Question subsidiaire : Nous sommes nous déjà rencontrés ou bien participez-vous au forum E&T ?

Le samedi 23/06/2007 à 09:33 par complice :

Mes mains ne sont malheureusement pas si habiles. Simplement,une artiste ( un peu amoureuse paraît-il) m'a offert cette main (en terre cuite) et je me suis dit qu'elle pouvait être appropriée au jeu.
Nous concernant, difficile à dire si nous nous connaissons quoique j'en doute. Mais maintenant, nous dirons que c'est fait!
En tout cas, bravo pour votre blog et ce "jeu de paume" qui fait de vous un homme bien chanceux!!!
Amicalement.