Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Bachelor (7) | Page d'accueil | Bachelor (8) »

09 octobre 2007

Échangisme belge

    D’un sourire engageant, Marion invita Jean à entrer dans sa chambre à coucher. Les murs étaient couverts des photos de Mathieu, son mari, surtout des natures mortes où la rouille disputait l’automne aux arbres dégarnis. Au diapason des photos paisibles, Marion parlait d’une voix grave, voilée d’un léger feulement qui lui conférait une sensualité irrésistible. « La fenêtre donne sur le jardin, c’est très calme ici, dit-elle sur un ton de confidence. On pourrait crier tant qu’on veut, personne n’en saurait jamais rien. » Il s’approcha tout près d’elle. Depuis l’étage, la vue s’étendait sur les champs jusqu’à l’horizon brumeux, jusqu’à sa perte. Il l’embrassa et ferma les yeux.
8246995b2be17a475288278b8e67edab.jpg    Le parfum capiteux de la jeune femme embaumait la pièce, et Jean ressentit autant de gène que d’excitation à pénétrer ainsi son intimité. Au rez-de-chaussée, sa femme était avec Mathieu, dans la chambre d’amis ou au salon, mais c’est sur une photo juste devant lui, au dessus de la tête de lit, qu’il focalisa son attention : un quai à l’abandon, au fond duquel ne coulait plus qu’un flot d’herbes folles. Une invitation à embarquer sur une chimère, une invitation au voyage impossible. Oui, impossible. Aller voir ailleurs, les transports trépidants, non, ce n’était pas pour lui. Marion était pourtant là, suspendue à ses lèvres, mais Jean ne pouvait détacher son regard du défaut sournois tout en bas de la photo : deux ombres roses. Les doigts de Mathieu s’étaient égarés sur l’objectif. Jean ne voyait plus qu’eux, ces gros doigts moroses qui allaient se perdre sur Bijou, la toucher, partout, à l’intérieur... La symétrie de la situation ne changeait rien à l’affaire dont sa femme était d’ailleurs l’instigatrice. Même s’il avait été excité par les annonces, abandonner là son Bijou entre leurs mains le révulsa.
    Mais pour le plaisir de sa femme Julie, il se tourna vers Marion, accepta d’échanger ce pavillon flamand contre son Bijou pour les vacances, et il lui donna solennellement les clefs de la maison…

______________________________

Oui, je l’avoue, j’abuse : cette note est presque un plagiat, celui de Lassitude par Madeleine sur NOLDA. Presque car le traitement est tout de même légèrement différent, et je plaide les circonstances atténuantes : j’ai agi sous la contrainte de Coumarine qui m’a obligé à parler de maison. Je n’étais certes pas obligé d’évoquer l’échangisme non plus, mais il me fallait aussi vous satisfaire, ami lecteur, pour pouvoir mieux vous frustrer ! À ce niveau là, je crois que ça va suffire pour l’instant, ma prochaine histoire sera du vécu, du vrai cul !

Commentaires

Le mardi 09/10/2007 à 12:19 par Madeleine :

"À ce niveau là, je crois que ça va suffire pour l’instant, ma prochaine histoire sera du vécu, du vrai cul !"

Ouf !

Le mardi 09/10/2007 à 13:16 par Plum' :

Commençant à bien te connaître, je ne me suis pas faite avoir sur ce coup-là. Peut-être que si je n'avais pas vu la photo de la consigne m'y serais-je laissée prendre...
Mais j'apprécie tout de même le travail d'écriture et d'imagination.
Un grand bravo, j'adore ton côté provoc'.

Le mardi 09/10/2007 à 15:44 par Vagant pour Madeleine :

À voir le relatif effondrement du nombre de commentaires, je me demande si tout ou partie de mon lectorat ne commence pas à se lasser de mes histoires à double sens. Seriez-vous en première ligne ?

Le mardi 09/10/2007 à 15:50 par Vagant pour Plum :

Si vous aimez la provoc', cette histoire la devrait vous plaire: http://extravagances.blogspirit.com/archive/2007/01/21/reve-911.html

Le mardi 09/10/2007 à 19:13 par Comme une image :

@ Vagant > Je ne sais pas si Madeleine est en première ligne mais en tout cas elle commente et moi qui commente aussi, je suis en première ligne (hum, je pensais que mon précédent commentaire était plus explicite).

OUAIS RAS-LE-BOL DE CES TEXTES À TIROIR !!!

Tu sais, les oulipiens ont inventé des tas de jeux à contraintes, tu pourrais varier un peu (bon, je reconnais que sur ce coup là c'était fortiche, le coup du panorama qu'on embrasse) ; d'autant que bon, le but du jeu, c'est quand même de piéger le lecteur, ce qui n'est pas très gentil pour lui à la longue ;-)

Le mercredi 10/10/2007 à 18:43 par Vagant pour CUI :

Pour moi, le but du jeu est moins de piéger le lecteur que de jubiler en concevant le « piège » que je vais lui tendre, mais je conçois que la répétition du même exercice de style soit lassant pour le lecteur à la longue. En vérité, je me demandais s’il ne me serait pas possible de faire un recueil de « textes à tiroir », tous reliés par le même procédé. Mais peut-être que ce genre de chose n’intéresserait que moi…

Le jeudi 11/10/2007 à 00:07 par Ex-mot :

Vu l'actualité, je préfère de loin lire des histoires d'échangisme belge que de séparatisme flamand : la chute est nettement plus plaisante!

Merci Vagant (mot dérivé du flamand!)

Le jeudi 11/10/2007 à 15:31 par Vagant pour l'Ex :

Vagant est dérivé d’ExtraVagant, pas du Flamand (ou alors du flamand rose) ;)