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09 mars 2008
Votez pour moi !
En ce jour d’élections municipales, je vais vous révéler pour qui j’ai voté ! Mais auparavant, je vais vous raconter une méchante histoire.
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Germaine Dupré promenait son caniche chaque matin, tout au moins jusqu’à ce que je l’assassine dans l’escalier de son immeuble. Or ce que je ne vous avais pas dit, c’est que jusqu’à ce jour maudit, Germaine Dupré était aux prise avec des injonctions partisanes : « Votez pour moi ! Votez pour moi !» Elle ne pouvait même pas faire un pas dans la rue dans l’espoir d’échapper à cet enfer électoral. Rendez-vous compte, même le maire s’y était mis. Lui avec lequel il était impossible d’obtenir le moindre rendez-vous, s’agitait désormais à chaque coin de rue, secouant les mains à tour de bras, et gare à celui qui aurait l’outrecuidance de refuser qu’on lui ébranle le bout du membre. Il faut dire qu’on était en pleine période électorale, il fallait voter, voter pour qui on voulait mais voter.
Épuisée par tant de sollicitations, Germaine Dupré ne parvenait même pas à trouver le repos. Même son sommeil était agité par un cauchemar récurrent : le jour des élections, dans l’école primaire qui servait de bureau de vote, Germaine Dupré trônait à la place de l’urne entre le président du bureau et son suppléant, nue sur une table de cantine et cul par-dessus tête. Lorsque quelqu’un venait, il pénétrait dans l’isoloir où il n’y avait qu’un lavabo afin de se laver les mains, et il en sortait aussitôt pour présenter ses papiers au président du bureau qui vérifiait que le votant était bien majeur. Le votant approchait alors sa main de la fente de Germaine Dupré toute tremblante d’émotion, il y agitait ses doigts un bref instant jusqu’à ce que le président dise d’une voix forte « A voté ! », et il s’en allait son devoir accompli. Mais les votants étaient bien trop rares pour satisfaire Germaine Dupré qui finissait toujours par se mettre les doigts au fond de la fente. Immanquablement, le président criait à la fraude électorale et Germaine Dupré se réveillait en sursaut, prise la main dans le sac, toute humide et pas que d’angoisse.
Car Germaine Dupré était en manque. Mariée depuis plus de vingt ans, elle n’était plus soumise au devoir conjugal depuis que son époux agonisait d’un cancer interminable. Elle allait le voir chaque jour à l’hôpital et retournait toujours s’enfermer dans une lourde solitude. Bien sûr, elle disait à qui voulait bien l’entendre qu’elle attendait avec impatience le retour de son mari, mais en son for intérieur, elle attendait surtout qu’il la libère d’un mariage qui ne lui apportait plus que le pire. Au fil des mois, ses visites se faisaient de plus en plus courtes et même ses sorties en ville s’espaçaient. Elle passait le plus clair de son temps à s’évader enfermée chez elle. Conformément au cliché de la bonne ménagère, elle avait commencé par des romans à la couverture rose, sirupeux de bonnes intentions matrimoniales. Mais à force de lire des histoires de bellâtres bronzés, elle s’était surprise à les imaginer dans des situations plus salées. Incapable de soutenir le regard torve de son libraire libidineux, elle avait dû acheter les romans roses tant convoités sur internet, et elle avait fini par découvrir, à plus de cinquante ans, cet eldorado relationnel et érotique.
Malheureusement, elle réalisa rapidement qu’elle était loin du cœur de cible. Elle essaya bien de faire quelques annonces humoristiques du genre « Echangerait un homme de soixante ans contre deux de trente » mais l’humour n’était guère de mise sur meetic. Elle décida donc d’écouler ses fantasmes érotiques sur un blog illustré de donzelles déshabillées, ce qui lui permettait d’attraper quelques mâles en manque de tendresse, au point d’avoir auprès d’eux un succès encore plus grand que dans sa jeunesse. C’est ainsi que Germaine Dupré engrangea les conquêtes virtuelles, de mails en chats msn, allumant plus de feux qu’un mois d’Août dans la garigue. Elle n’était pas devenue une nymphomane mais une véritable pyromane qui, grisée par ses conquêtes cérébrales, poussa l’audace jusqu’à s’inscrire au concours du festival de Romans ! Une audace de trop sans doute. Car elle réalisa rapidement qu’elle ne pouvait compter sur la seule bonne volonté de son lectorat, essentiellement masculin en provenance de sites pornographiques où elle était référencée. « Votez pour moi ! » avait beau clignoter sur son blog, les votes ne décollaient pas.
Pendant ce temps là, Monsieur le maire caracolait en tête des sondages municipaux. Impossible d’échapper à ses tracts sur le marché dominical ni à ses promesses à la radio locale. Germaine Dupré l’entendit même donner des leçons de marketing politique à ses malheureux concurrents : « Pour une élection locale, il faut une campagne de proximité ». La même nuit, elle eut une révélation. Elle faisait son cauchemar habituel, le visage entre les genoux et le cul nu par-dessus tête, lorsque le maire en personne s’approcha d’elle à petits pas dédaigneux. Alors il lui dit sur un ton sentencieux : « Pour une érection locale, il faut faire une campagne de promiscuité ». Elle se réveilla en sursaut, plus humide que jamais et forte d’une résolution nouvelle : Elle aussi allait ébranler tous les bouts de membre qui se tendrait vers elle.
En quelques jours, elle réunit son staff de campagne dans une réunion virtuelle ultra secrète. Malgré la jalousie féminine congénitale, Germaine Dupré était parvenue à se faire trois copines du même acabit auxquelles elle concédait parfois quelques vers érotiques afin d’améliorer leur ordinaire de beaufs en rut. Il était temps de passer de la théorie à la pratique, leur dit-elle en introduction, de se mouiller un peu, de prendre les choses en main. Une pour toutes, toutes pour une ! scanda-t-elle en guise de slogan avant de le leur annoncer son plan audacieux. Il fallait frapper fort, une nouvelle déclinaison de « demain on rase gratis », rien de moins. Trois jours plus tard, Germaine Dupré avait reçu des douzaines de votes en sa faveur. Autant d’accusés de réception l’attendaient sur sa messagerie, envoyés par chaque votant comme preuve irréfutable de sa bonne action. À elle de tenir ses engagements.
C’est ainsi qu’une belle après midi de Mars, Germaine Dupré et ses trois acolytes virent défiler devant elles plus d’hommes nus qu’elles n’en avaient jamais vus. Sabre au clair et les yeux bandés, chacun imaginait son chibre aux mains des jeunes donzelles affolées qu’elle leur avait fait miroiter, toutes rivalisant d’obscénités pour satisfaire une promesse électorale qui, comme chacun sait, n’a jamais engagé que ceux qui y croient.
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Maintenant, ami lecteur, je vais vous faire un aveux : Infidèle jusqu’au bout des ongles, j’ai trouvé le moyen de voter pour plus d’un candidat ! Si vous ne savez pas à qui donner vos voix, je vous invite à faire comme moi :
Dans la catégorie Bande Dessinée, vous pouvez donner un coup de pouce a Kalumis parce qu’elle illustrera une famille de mon jeu des 7 familles libertines ! (enfin, si elle ne me laisse pas tomber)
Dans la catégorie Blog de Vie, je vous conseille le Troisième Wagon parce que ça me fait bien rigoler.
Dans la catégorie Littérature, mon cœur balance.
Bien entendu, j’ai voté pour JICSVB. Non seulement j’aime beaucoup ce qu’écrit Dudek, mais j’y ai aussi pondu une petite nouvelle.
Mais j’ai aussi voté pour Autrui parce que je trouve ça plutôt bon.
Et puis pour le Cartophile d’autant plus que je vais essayer d’écrire une histoire pour sa carte spéciale numéro 22.
Sans oublier Tranches 2 vie dont la qualité et la productivité m’ont toujours épaté.
Enfin, dans la catégorie Nouvelles érotiques, en plus d’un vote masturbatoire pour moi-même, j’ai voté pour Impudique Magazine, non pas parce qu’elle m’a interviewé il y a quelques temps ni parce qu'elle avait publié une de mes histoires, mais parce que ce site le mérite.
Cela dit, cette liste n'est pas exhaustive, j'ai voté pour d'autres blogs, dont Petits papiers, papiers collés...
Sur ce, oubliez de ne pas voter pour moi !
12:30 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : festival de Romans, votes, élections municipales, Littérature
Commentaires
Le dimanche 09/03/2008 à 17:30 par melle Bille :
nom d'un chien, mais tout d'abord grand merci (et grand volontiers bien entendu). Et vu que Germaine trônait à la place de l'urne, je ne m'étonne plus qu'elle ait su quoi faire de ses mains.
Et je dis que c'est une obligation de voter pour le cartophile.
Si.
Le dimanche 09/03/2008 à 18:40 par A@T :
C'est déjà fait depuis l'ouverture des votes pour vous et Impudique, comme une évidence :)
Le dimanche 09/03/2008 à 20:05 par lataupe :
Il y a un certain talent, et une certaine pertinence (sur ton site, survolé...). Mais tes mots sont prévisibles, tristement modernes, et (malgré cette volonté affichée d'extravagances, et d'outrances) corrects, presque consensuels. Tu me fais l'effet d'un petit bourgeois qui s'encanaille, et pense ainsi inventer La subversion. Je pense, avant toi, à Sade..., Bataille, Bernard Noël, Guyotat...(tant d'autres). Ils étaient des génies considérables, et, à des époques résolument obscures et liberticides, (EUX!) écrivaient la subversion, et le désordre. Dire le libertinage, aujourd'hui, c'est Tellement facile, tellement attendu...Bonne continuation. Et bonne bourre (si je puis me permettre!).
Le dimanche 09/03/2008 à 20:43 par Sens Aiguisés :
Aimons beaucoup - stop - veuillez poursuivre - stop - tu tiens le bon bout - stop - n'arrête pas - stop - rendez-vous sur l'avenue - stop - des sens aiguisés - stop - baisers (si envie, évidemment - stop
Bidibidibidibidippppp
Connexion ... troublée ... troublante ?
Le dimanche 09/03/2008 à 23:55 par Laurent Morancé :
Ravioles, pêches et nougat = Romans.
Je propose que le prochain festival de la sorte se déroule dans le Périgord.
Le lundi 10/03/2008 à 13:26 par Sub :
On peut encore s'inscrire ?
Le lundi 10/03/2008 à 20:17 par Jo :
J'avoue que je n'étais pas venue regarder de près les blogs qui se présentaient dans cette catégorie. Je découvre donc vos textes.
J'ai voté ;-).
Merci de parler de mon blog, c'était une surprise de le voir cité ici.
Le lundi 10/03/2008 à 20:25 par Vagant pour Mlle Bille :
Et dire qu’avec les machines à voter, on n’aura même plus de fente à titiller…
Le lundi 10/03/2008 à 21:56 par Vagant pour A@T :
C'est gentil ! Du coup je vous ai ajouté(e)s dans mes liens. Enfin, quand je dis « du coup », il n’y a aucun lien de cause à effet, c’est le cas de le dire. Je me demande même pourquoi je ne l’avais pas fait plus tôt. Comment ça je suis un faux Q ? ;)
Le lundi 10/03/2008 à 22:00 par Vagant pour lataupe :
Si vous me le permettez, je vous répondrai chez vous, sur l’article qui m’est partiellement consacré. Je prendrai à cet effet ma plus belle plume, soyez patient : tout vient à point pour qui sait attendre, même l’orgasme.
Le lundi 10/03/2008 à 22:05 par Vagant pour Sens aiguises :
C'est pas mal chez vous aussi. En diagonal, j'ai survolé ça: "C'est rien que du sang de l'âme qui coule dans nos encres... Et c'est toi notre lecteur qui nous ancres." Belle trouvaille !
Le lundi 10/03/2008 à 22:07 par Vagant pour Laurent Morancé :
Ne tentez pas de nous faire croire que vous ne péchez que par gourmandise.
Le lundi 10/03/2008 à 22:13 par Vagant pour Sub :
Trop tard ! Ne regrettez rien, un blog devait avoir au moins un mois d’existence pour pouvoir s’inscrire à ce concours. Persévérez, j’aime bien votre ton décalé mais essayez de vous renouveler pour ne pas risquer de lasser le lecteur. À l’année prochaine !
Le lundi 10/03/2008 à 22:16 par Vagant pour Jo :
Et oui, je ne suis pas qu’un obsédé sexuel. J’ai d’autres vices. Merci pour votre visite et pour votre vote !
Le mardi 11/03/2008 à 16:26 par A@T :
Quelle étrange coïncidence, je vous ai rajouté aujourd'hui sans savoir que vous l'aviez fait, j'aurais du le faire depuis longtemps puisque je vous lis depuis le début ( vous savez vos illustrations sont très bien choisies, je pense juste que c'est une question de format, certaines photos méritent plus de place pour être appréciées à leur juste valeur )