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07 février 2016

Prostitution et pénalisation du client

047_protitution1.gifJ’ai lu avec intérêt l’article d’Emma sur Paris Derrière à propos la pénalisation des clients des prostituées, et je m’apprêtais à y répondre lorsque j’ai réalisé que ce que j’avais écrit était bien trop long pour un commentaire, mais bien assez long pour faire l’objet d’une note.

Emma pense que cette mesure va avant tout pénaliser les clients pauvres :

Sauf que pénaliser le client, c’est pénaliser les pauvres, les sans dents. Les riches n’ont jamais vraiment besoin de faire appel à des prostitués. Les riches, parcequ’ils sont riches, attirent forcément facilement toutes sortes de femmes. La tune, c’est les muscles d’antan. C’est la course au mal dominant. (Ce qui ne grandit pas les femmes, nous sommes d’accord et ça aussi, ce n’est pas une fatalité.) Et quand bien même les plus aisés s’offrent des prostitués, ils n’iront jamais jouer les michetons boulevard de la Villette, en prenant le risque d’une amende. Beaucoup d’hommes font aussi leur choix bien au chaud, chez eux via internet où pullulent les réseaux d’escorts. Le tout est livré à domicile ou à l’hôtel. Les filles se déplacent, ils ne prennent pas le risques. Tout se passe en vase clôt, à la merci de l’éventuelle violence du client.

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec elle. A l'heure de la surveillance généralisée sur internet, il sera assez facile de débusquer les clients plus aisés qui passent par les sites d'escorts et se font livrer des filles à domicile ou à l’hôtel. Rien de techniquement impossible puisqu'on trouve bien les consommateurs d'images pédophiles. Le montant de l'amende pourrait aussi rentabiliser la traque du client qui paiera sans discuter ses 1500 euros plutôt que d'essuyer la honte d'un appel au tribunal, sans parler de ses éventuels déboires conjugaux. En fin de compte, la consommation de la prostitution serait réprimée comme un excès de vitesse. Le racolage est permis tout comme on vend des voitures dites "sportives", alors que la "consommation" et l’excès de vitesse sont pénalisés. Ainsi le gouvernement ponctionne un business plutôt que de l’éradiquer. Quand les caisses sont vides, la fin justifie les moyens.

On peut donc aisément imaginer que le cœur de l’activité va quitter la place publique sans pour autant disparaître. Les clients partiront à l’étranger pour ceux qui sont prêts à se taper mille bornes pour aller tirer un coup dans des maisons d'abattage à la frontière allemande ou espagnole, ou bien sur le darknet. Je n'ose imaginer quels "services" y seront proposés aux clients français en toute illégalité. Et certains iront tenter leur chance en club libertin.

Je me souviens avoir rencontré au Pluriel Club, voici quelques années, un trentenaire qui jouissait d’un certain succès parmi les femmes présentes. J’avais été frappé par son vocabulaire. Il n’utilisait pas le terme « club libertin » mais « bordel ». La plupart des hommes seuls qui vont en club sont là pour tirer leur coup, comme au bordel mais sans la culpabilité d’une relation tarifée avec une professionnelle. Pour un prix voisin (une entrée au Moon City coûte 150 euros à un homme seul) ils ont le petit espoir de rencontrer une sex-friend qui leur permettra d’accéder au sésame des « soirées couples ». On pouvait d’ailleurs lire sur le blog de Camille les témoignages d’hommes qui venaient aux soirées couples escortés d’une prostituée chinoise au comportement particulièrement vulgaire.

La crainte d’être pris en flagrant délit poussera sans doute certains clients des prostituées vers les clubs libertins où ils espéreront en avoir pour leur argent. Quel comportement adopteront-ils ? Celui de la séduction subtile alors qu’ils n’ont pas la gueule de l’emploi ? Ou bien l’étalage d’une richesse apparente, avec bouteille de champ ostentatoire afin d’attirer les « libertines » qui veulent « joindre l’utile à l’agréable » ? Une chose me paraît certaine, cette mesure moralement louable et justifiée, contribuera à l’amalgame entre libertinage et prostitution.

Enfin, je ne vais sans doute pas me faire des amis en mettant les pieds dans ce plat, mais quid de la pornographie ? Les professionnelles et semi-professionnelles qui s’y livrent le font elles par plaisir ? Ne nous voilons pas la face, l’immense majorité des actrices pornos subissent cela pour l’argent. Puisqu’elles se font baiser sans ménagement par des inconnus pour de l’argent, je ne pense pas être dans l’erreur en affirmant qu’elles se prostituent. Se repaître du spectacle de cette prostitution serait licite, mais s’y adonner ne le serait pas ? Les producteurs de films pornographiques français seront-ils poursuivis, comme des clients qui payent une prostituée pour avoir une relation sexuelle, fut-ce avec un autre, en l’occurrence un hardeur ? La question mérite d’être posée.

19:44 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : prostitution

Commentaires

Le jeudi 03/03/2016 à 17:50 par Comme une image :

Je ne comprends pas très bien ta position sur la pénalisation des clients. Dans un premier temps, tu sembles blâmer l'état de cette mesure dont le but serait surtout de remplir les caisses, et plus tard, tu parles de « mesure moralement louable et justifiée ».

Personnellement, je suis contre la pénalisation des clients comme des prostituées et pour le renforcement des mesures contre les proxénètes.
(Mais si je développe, peut-être que cela deviendrait une note !!!)