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23 octobre 2014

Conte de fée(sse)

ConteDeFee.pngCertaines soirées sont de vrais contes de fée. Tel était le sujet du dernier apéritif littéraire érotique de Flore, sous l’égide de l’écrivain Etienne Liebig (auteur de Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle, et le prochain Goncourt ) pour la sortie de sa dernière parodie :  «les contes de mémé lubrique».

Après le jeu consistant à trouver le conte dont était issue la morale détournée, jeu auquel brillèrent tout particulièrement Julie Derussy, Clarissa Rivière et l’inénarrable Comme une image, c’est quasiment sous la dictée du facétieux piou-piou très en verge verve, agrémentée de judicieuses interventions stylistiques de Clarissa, que j’ai furieusement gratté un comte érotique qui devait réunir Boucle d’or, la belle au bois dormant et le grand méchant loup. Je l’ai finalement intitulé « À la recherche du loup perdu » après lui avoir ajouté l’anti-morale qui lui manquait lors de ma lecture publique, toujours aussi jubilatoire.

 

Quant à la morale de cette soirée, c’est qu’il n’est point nécessaire de gagner pour bien s’amuser en si bonne compagnie.

12:14 Publié dans Jeux | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture

13 octobre 2014

En danger

EnDanger.png

-    C’est terminé nous deux.
-    Tais-toi !
-    C’est terminé je te dis !
-    Touche-moi !
-    Ça va pas recommencer non ?
-    Touche-moi là !
-    On va finir pas nous voir…
-    Touche-moi la poitrine. Oui, comme ça. Prends la pointe de mes seins. Tu peux tirer dessus.
-    Il faut arrêter, ce n’est plus possible Isabelle.
-    Plus fort ! vas-y ! Tire salaud !
-    T’en as pas assez du danger ? Je n’en peux plus de cette vie de fou.
-    Menteur, tu bandes.
-    C’est pas une raison.
-    Quand on bande c’est qu’on a envie, et ça, c’est une bonne raison pour me toucher en bas. Sens comme je suis mouillée.
-    Et c’est une assez bonne raison pour te prendre contre cette vitrine ?
-    Plutôt sur le capot de la voiture de service.
-    Pourquoi pas celle du commissaire divisionnaire ?
-    Non, prenons celle du sous-préfet !
-    Ça c’est de la promotion mon lieutenant !

 

 

 

 

Comment en suis-je arrivé là ? En me rendant une fois de plus au dernier apéro littéraire érotique de Flore Cerise, avec pour thème la photographie et pour invité Olivier Opdcbook, dont le mot d’ordre « Pour faire de la photographie, faites des photos ! » fut pris au pied de la lettre : Nous eûmes 30 minutes pour former une équipe, prendre une photo suggestive n’importe où dans le café ou aux alentours, puis l’illustrer d’un texte érotique court et percutant.

Je ne connaissais strictement personne et je suis tombé dans l’équipe par défaut, celle de mon voisin de table, sans doute le plus beau jeune homme de la soirée mais lui aussi esseulé. Avec son teint halé et ses longs cheveux noirs qui lui arrivaient jusqu’aux reins, il aurait pu sortir du tournage d’un western et je l’imaginais assez bien partir à l’assaut d’une passante cheveux au vent tandis que je prendrais le cliché, ce qu’il accepta d’autant qu’il considérait cette soirée comme un plan drague assez mal engagé à moins d’être prêt à jouer la victime d’une cougar.

Nous voilà donc sur le trottoir sous une pluie battante, à chercher une jeune femme pour mon comanche. Le bougre est sélectif et les jeunes femmes peu avenantes, lorsque contre toute attente déboule sur la terrasse du café une brune bouclée, yeux clairs au liner, qui semble sortie de la rubrique beauté de Biba magazine. Mon acolyte tente de l’aborder en douceur, mais avec autant de tact qu’un éléphant dans une boutique de porcelaine je demande tout de go:

-    On peut vous prendre en photo mademoiselle ?
-    Ah mais certainement pas !

Nos espoirs sont ruinés, notre modèle inespéré disparait dans foule du café. Je vise une autre équipe qui prend quelques clichés sous un arrêt de bus : une femme aux longs cheveux blonds et ses deux partenaires grisonnants. Nous négocions quelques photos de plus mais aussi piètre photographe que dragueur de rue, c’est en fin de compte moi qui doit poser avec elle devant une vitrine alors que mon complice est derrière l’objectif. Cette photo me suffirait bien mais mon partenaire entend retrouver sa brunette, parvient à l’aborder au bar, négocie une photo sur le zinc, et je rate le cliché tandis qu’il essaie de faire en vain connaissance.

Il ne nous reste plus que dix minutes pour boucler une histoire après cette bérézina. J’imagine une scène de rupture mais malgré la pluie je suis à sec. Je laisse mon équipier s’engager dans une longue histoire improbable pendant que je demeure dans l’angoisse de la page blanche et le danger du ridicule à la lecture imminente. Deux minutes avant la fin, j’ai le déclic du dialogue dont je pose le point final au coup du gong. Après la lecture publique qui me procure un vif plaisir à me projeter dans le texte, place au vote où je rends hommage à l’équipe qui est parvenue en si peu de temps à faire un plan exhib sur le quai du métro, rédiger le point de vue du couple indécent, celui du voyeur photographe et participer si gentiment à notre photo qui nous aura épargné l’échec absolu !

Mon histoire qui ne vaut pas grand-chose ne remportera pas le prix de Flore cette fois-ci, mais je sens que je deviens accro à ce petit coup d’adrénaline de l’écriture sous des contraintes savamment renouvelées par Flore et son équipe.

23:48 Publié dans Jeux | Lien permanent | Commentaires (8)

25 septembre 2014

Liens de papier

Pour tout vous dire, j’étais un peu dubitatif quant à l’intérêt des apéros littéraires érotiques organisés par une certaine Flore Cerise, que j’imaginais à fort relent commercial, mais la présence de mon vieux copain Yann ainsi que le thème de la punition sexuelle, plus attrayant que celui du rock’n roll, achevèrent de me convaincre d’y participer.

AperoFloreCerisePunition.png

J’arrivai parmi les premiers invités dans l’arrière salle d’un bar parisien, ce qui me donna le temps de commander un mojito, ou plutôt un virgin mojito afin de garder les idées claires et entamer avec Yann le premier jeu en attendant le gros des troupes : remettre dans l’ordre quelques phrases de la dernière nouvelle de Cassandra Maraval, intitulée Emma et publiée par la Musardine dans « Osez 20 histoires de punitions sexuelles ».

Je craignis le pire lorsque Cerise lança le début des jeux textuels par un tonitruant «Bonsoir tout le monde, je m’appelle Cerise ! » . « Bonsoir Cerise ! » répondirent les convives en chœur. « On est chez les érotomanes anonymes ? » dis-je à Yann d’un ton narquois. Que Cerise me pardonne cette saillie - qui aime bien châtie bien n'est-ce pas - la soirée se révéla de plus en plus attrayante alors qu’on organisait l’atelier d’écriture selon un procédé judicieux.

Chacun d’entre nous s’était vu remettre une étiquette avec son nom au recto, et un mystérieux qualificatif au verso. Certains étaient des gardiens de lieux plus ou moins suggestifs tels que « gardien du bureau du directeur » ou « gardien du terrain de sport ». D’autres étaient des objets tels que « un livre très lourd » ou encore « une raquette de tennis ». Quant à moi, j’étais le gardien des toilettes d’un bar avec la responsabilité de choisir deux objets, et donc deux acolytes, si tant est que j’eus le moindre choix compte tenu de la nature des objets en question: Ophélie le rouleau de PQ et François le désodorisant à la menthe ! Notre fine équipe constituée, nous avions trente minutes, et pas une de plus, pour écrire un texte érotique dont l’intrigue devait se dérouler dans les toilettes d’un bar et inclure ces deux  accessoires. Heureusement que Cerise nous avait épargné la balayette !

Ophélie annonça tout de suite la couleur. Pas question de faire dans le scatologique. Je m’égarai dans une improbable utilisation du papier hygiénique comme support d’écriture d’une lettre d’amour à une dame pipi, quand François nous ramena dans le chemin attendu. Avec la rigueur d’un général d’infanterie, il développa un plan au machisme imparable dont il nous assigna la rédaction des paragraphes. Chacun d’entre nous nous escrimant en même temps tels trois mousquetaires contre nos muses retorses, nous vînmes à bout d’un récit miraculeusement cohérent dans le temps imparti, intitulé Liens de papier.

Lorsque le gong eut sonné, les équipes vinrent lire tour à tour leur production à haute voix. J’applaudis à la trouvaille du balais constitué par les mèches de cheveux des amantes d’un mari volage, à la richesse sémantique d’une punition dans un pensionnat de jeunes filles, à la truculence d’un marin sodomite à la longue vue bien pendue. Nous fûmes les derniers à lire, et découvrir notre texte dans son ensemble. Vint ensuite le vote, chacun d’entre nous ne pouvant voter pour le texte dont il était l’auteur, et roulement de tambour, nous fûmes déclarés vainqueurs !

Cerise remit à chaque membre de notre équipe un inestimable exemplaire de « Osez 20 histoires de punition sexuelle » (ah si, c’est écrit au verso : 8,20 € réservé aux adultes ) . Nous venions de gagner le prix de Flore, le Goncourt n’a qu’à bien se tenir.

 

PS: Voici le compte rendu de Clarissa sur cette même soirée. Si vous aussi y étiez, n’hésitez pas à vous manifester dans les commentaires !

20:33 Publié dans Jeux | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture