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11 janvier 2007

Equations à plusieurs inconnues (1)

Avril 2006. Claire avait passé une excellente journée, pleine de fantaisie. De fantaisie intérieure, car son travail de bureau n'était pas des plus palpitants. Ainsi, derrière la sage apparence d'une jeune femme bien sous tous rapports, Claire laissait souvent son esprit vagabonder vers de douces rêveries érotiques, d'autant plus efficaces à distiller son ennui qu'elles croisaient l'image de Guillaume, qu'elles allaient prendre corps, son corps, et que le désir flou allait devenir plaisir imminent. Plongée dans un bain chaud, Claire ne put résister au plaisir de prendre son portable pour relire les SMS qui avaient animé son week-end.

Vendredi, 19h23
Depuis si longtemps que je pense à toi, Claire,
Enfin me vient le temps de t'envoyer des vers,
Pour me faire pardonner de ce travail maudit
Et puis te demander si tu es libre lundi.
Guillaume


D'abord surprise, et par la forme et par l'expéditeur qui se rappelait ainsi à son bon souvenir, Claire s'était prise au jeu désuet des alexandrins. Leçon numéro 1, afficher une insolente indifférence, sans pour autant clore le débat. La tactique était risquée. Quitte ou double. Elle pouvait fort bien se retrouver à se morfondre face à Michel Drucker plutôt que de vibrer entre les bras de Guillaume, mais elle pouvait en tirer d'autant plus de plaisir qu'elle se serait fait désirer.

Vendredi, 21h42
Si la rime est pauvre, l'intention est louable.
De quelles galanteries serais-tu donc capable ?
Claire


Claire déposa le portable sur le sol carrelé. Elle fit couler au creux de ses paumes une noisette de crème de bain et elle ferma les yeux. Ses mains glissèrent nonchalamment tout au long de son corps alangui alors que son esprit vagabondait à l'orée de ses fantasmes, ceux qui allaient se réaliser ce soir là. Un sourire béat éclaira son visage alors qu'elle imaginait déjà le scénario qu'il lui avait proposé, à moins que la cause en fut ses mains qui s'étaient rejointes aux alentours de son pubis. Sous ses doigts tendres, elle sentit s'épanouir son désir dans l'eau turquoise de son bain tiède. L'eau venait lécher la peau de son ventre à demi immergée, comme les vaguelettes d'une mer d'huile viennent mourir sur la langue de sable blanc d'une île marquise. Au sommet de son sein se dressait un téton rose souverain. Il semblait veiller sur ses pensées luxurieuses comme un Christ sacrilège contemple les vices de Rio. Entre ses cuisses immergées, dans l'anfractuosité ornée de corail, se cachait son clitoris, aux aguets comme une murène prête à bondir sur le premier doigt qui passerait à sa portée. Mais le doigt était avisé. Il savait jusqu'où aller sans que Claire ne ressente trop vivement la morsure du désir, avant que cela ne déclenche une incontrôlable tempête. Il se contenta de plonger sans risquer de se frotter aux récifs, juste pour débusquer quelques poils qui auraient échappé à l'épilation. Mais le pubis de Claire était lisse comme celui d'un bébé. Elle ouvrit les yeux, émergea de la torpeur et du bain, puis essuya lentement sa peau ruisselante. Dans moins d'une demi-heure, Guillaume serait là, elle n'avait plus de temps à perdre.
Claire mit un parfum suave et de la dentelle noire qui soulignait ses formes galbées. Elle reprit machinalement son portable et elle ne put s'empêcher de relire les messages de Guillaume.

Samedi, 12h15
Mes intentions sont douces mais mon désir sauvage,
Et même si c'est à toi de m'imposer un gage,
Je voudrais te lancer un défi byzantin!
T'imagines-tu aux mains de galants libertins,
Auxquelles je t'aurais livrée pour ton bon plaisir,
Puisque leur objectif serait de te faire jouir ?
Guillaume


Elle avait beau l'avoir lu plusieurs fois, il lui faisait toujours le même effet, comme un coup de chaleur qui envahissait son bas ventre et qu'elle sentit fondre une fois de plus. Et puis un frisson, une pointe d'angoisse qui se mêlait à l'excitation d'être livrée à des inconnus. Pouvait-elle faire aveuglément confiance à Guillaume ? Qui étaient-ils donc, ces supposés galants libertins dédiés à son plaisir ? Elle avait du respirer profondément pour parvenir à se calmer et trouver la juste réponse:

Samedi, 13h38
Soumise mais dorlotée ? voilà un doux dessein
Auquel je céderais volontiers plus d'un sein !
Qui sont ces gentilshommes, si prompts à honorer
Une femme de leur douceur, pour mieux la dévorer ?
Claire


Claire fut tirée de sa rêverie par la sonnerie de l'interphone. C'était Guillaume. Claire eut juste le temps d'enfiler son chemisier qu'il frappait déjà à la porte. Elle l'ouvrit sur son sourire radieux. Il déposa sur les lèvres de Claire un vif baiser en entrant d'un pas primesautier.

- Bonjour Claire ! Comment vas-tu ?
- Bien ! Je suis content de te voir !

Guillaume jeta son regard pétillant sur les pans du chemisier que Claire portait pour tout vêtement, et qui flottaient librement sur ses cuisses nues. Il lui répondit malicieusement.

- Et moi donc ! Tu es prête ?
- Laisse-moi dix petites minutes.
- Pas de soucis ma belle, nous ne sommes pas en retard.

Guillaume s'assit dans le canapé et alluma son portable. Aucun message, tout devait donc se dérouler comme prévu. Il relut avec plaisir ses derniers échanges par SMS avec Claire. Puis il se leva, et il avança vers la chambre où Claire enfilait ses bas. Il regarda le satin noir glisser autours des ongles carmin de la jeune femme qui ne l'avait pas entendu venir. Le son caractéristique de ce tissu lui avait toujours semblé très érotique. Il déclama la réponse qu'il lui avait fait samedi soir sur un ton emphatique.

Samedi, 19h17
Sache juste qu'ils te plaisent, tous ces aventuriers!
Tu seras caressée, tes poignets seront liés,
Comblée, les yeux bandés, tu seras embrasée,
Et je te défie de ne pas vocaliser !
Guillaume


Claire posa sur lui un regard trouble. Il enchaîna aussitôt pour mieux cerner l'état d'esprit de la jeune femme:

- Tu n'as pas trop flippé en apprenant que tu serais attachée, les yeux bandés ?
- Si, je dois bien l'avouer... mais je te fais confiance, et cette idée m'excite !
- En tous cas, tes réponses n'ont pas manqué d'aplomb, sur la forme et sur le fond. Laisse-moi relire ce que tu m'avais répondu...

Samedi, 21h10
Ils me plairaient déjà, et je ne pourrais gémir
Sous tout ce plaisir qui me ferait défaillir ?
Voilà qui est cruel, mais si tel est le jeu
Il me faut bien savoir quel en serait l'enjeu ?
Claire


- Donc je les connais, demanda à nouveau Claire en mettant une jupe gris anthracite?
- Certains, plus ou moins.
- Et je ne devrai pas dire un mot ?
- Oui, jusqu'à la fin de l'épreuve.
- Comment saurais-je que c'est terminé ?
- Tu le sauras.
- Je ne pourrai pas résister bien longtemps, je vais perdre...
- Je suis sûr que tu as des ressources cachées.
- Remarque, si je perds, tant pis pour toi ! qu'avais-tu écrit exactement, au sujet de l'enjeu, insista t'elle en enfilant ses bottes
- Alors, alors...

Samedi, 22h06
Si tu gagnes, tu pourras assouvir tes envies
Avec ceux de ton choix, qui en seront ravis.
Si tu perds, tu pourras assouvir ta vengeance
Sur moi et sur moi seul, pour mon outrecuidance.
Guillaume


- Que je perde ou je gagne, je sens que je vais bien m'amuser ! Je suis prête !

Guillaume éteignit son portable sans relire le dernier SMS qui concluait leurs échanges du week-end, et qu'il avait pourtant attendu impatiemment:

Dimanche, 10h33
Je n'ai plus la moindre vertu à perdre, j'accepte !
Je sens que de ces jeux je risque d'être adepte...
Claire

 

A suivre...