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30 janvier 2007

Salomé (16)

De Vagant à Salomé le 29 Janvier à 10h59

Ma chère Salomé,

J'ai pensé à vous hier matin. Ou plutôt j'ai pensé à la situation dans laquelle nous sommes et j'ai même envisagé de m'excuser pour vous y avoir malencontreusement exposée.

Une correspondance intime est un peu comme une scène de théâtre sans metteur en scène ni spectateurs. Les acteurs improvisent face à face selon une trame antique, brodant avec plus ou moins de bonheur les fils du désir, du plaisir et du pouvoir. En publiant notre correspondance sur ce blog, j'ai ouvert les portes de ce théâtre au public. Grâce au léger différé de cette publication, cela n'a eu qu'un impact subtil sur notre jeu, sur notre correspondance comme je l'ai souligné dans Salomé (11). Tels des acteurs éblouis par les feux des projecteurs, la salle de spectacle nous apparaissait engloutie dans l'obscurité, et son public imperceptible. Tant qu'il se tenait tranquille, je supposais qu'il aurait un impact globalement positif sur la qualité de notre échange. Mais voilà qu'à la publication de votre première lettre, le premier rang se manifeste: il nous interpelle si vertement que vous lui répondez. Alors que vous bataillez avec le public hilare, vous ne trouvez pas auprès de moi le partenaire de jeu attendu, mais un metteur en scène fataliste qui devise sur les contingences de son expérience. Quel tragique malentendu ! Vous vous imaginiez donner une aimable représentation classique, j'ai improvisé une mise en scène expérimentale, et nous nous retrouvons dans une farce de café théâtre !

J'étais donc sur le point de m'excuser hier, jusqu'à ce que je reçoive votre dernier message. Voyez-vous Salomé, j'éprouve une grande tendresse pour la plupart des femmes que j'ai connues, sans parler de celles que j'ai aimées. Toutes ont contribué à ce que je suis. Si la femme est l'avenir de l'homme, elle est aussi son passé. Et je me souviens de regards embués, de baisers passionnés, de rendez-vous secrets. Pas de chair fadasse. Si ce sont ces souvenirs que vous ont laissés vos amants, je vous suis gré de ne pas m'engager dans cette triste cohorte. Puisque notre intérêt réciproque - quoique le mien se soit grandement émoussé - est désincarné, je ne vois pas quel pourrait être celui de nous rencontrer. Ce que vous diront de moi les supposées "chairs fadasses" satisfera probablement votre curiosité. En ce qui me concerne, je pense être arrivé au bout de l'expérience que je voulais mener même s'il est difficile pour moi d'en tirer une conclusion définitive.

Bien cordialement,

Vagant

05:55 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)