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25 septembre 2014

Liens de papier

Pour tout vous dire, j’étais un peu dubitatif quant à l’intérêt des apéros littéraires érotiques organisés par une certaine Flore Cerise, que j’imaginais à fort relent commercial, mais la présence de mon vieux copain Yann ainsi que le thème de la punition sexuelle, plus attrayant que celui du rock’n roll, achevèrent de me convaincre d’y participer.

AperoFloreCerisePunition.png

J’arrivai parmi les premiers invités dans l’arrière salle d’un bar parisien, ce qui me donna le temps de commander un mojito, ou plutôt un virgin mojito afin de garder les idées claires et entamer avec Yann le premier jeu en attendant le gros des troupes : remettre dans l’ordre quelques phrases de la dernière nouvelle de Cassandra Maraval, intitulée Emma et publiée par la Musardine dans « Osez 20 histoires de punitions sexuelles ».

Je craignis le pire lorsque Cerise lança le début des jeux textuels par un tonitruant «Bonsoir tout le monde, je m’appelle Cerise ! » . « Bonsoir Cerise ! » répondirent les convives en chœur. « On est chez les érotomanes anonymes ? » dis-je à Yann d’un ton narquois. Que Cerise me pardonne cette saillie - qui aime bien châtie bien n'est-ce pas - la soirée se révéla de plus en plus attrayante alors qu’on organisait l’atelier d’écriture selon un procédé judicieux.

Chacun d’entre nous s’était vu remettre une étiquette avec son nom au recto, et un mystérieux qualificatif au verso. Certains étaient des gardiens de lieux plus ou moins suggestifs tels que « gardien du bureau du directeur » ou « gardien du terrain de sport ». D’autres étaient des objets tels que « un livre très lourd » ou encore « une raquette de tennis ». Quant à moi, j’étais le gardien des toilettes d’un bar avec la responsabilité de choisir deux objets, et donc deux acolytes, si tant est que j’eus le moindre choix compte tenu de la nature des objets en question: Ophélie le rouleau de PQ et François le désodorisant à la menthe ! Notre fine équipe constituée, nous avions trente minutes, et pas une de plus, pour écrire un texte érotique dont l’intrigue devait se dérouler dans les toilettes d’un bar et inclure ces deux  accessoires. Heureusement que Cerise nous avait épargné la balayette !

Ophélie annonça tout de suite la couleur. Pas question de faire dans le scatologique. Je m’égarai dans une improbable utilisation du papier hygiénique comme support d’écriture d’une lettre d’amour à une dame pipi, quand François nous ramena dans le chemin attendu. Avec la rigueur d’un général d’infanterie, il développa un plan au machisme imparable dont il nous assigna la rédaction des paragraphes. Chacun d’entre nous nous escrimant en même temps tels trois mousquetaires contre nos muses retorses, nous vînmes à bout d’un récit miraculeusement cohérent dans le temps imparti, intitulé Liens de papier.

Lorsque le gong eut sonné, les équipes vinrent lire tour à tour leur production à haute voix. J’applaudis à la trouvaille du balais constitué par les mèches de cheveux des amantes d’un mari volage, à la richesse sémantique d’une punition dans un pensionnat de jeunes filles, à la truculence d’un marin sodomite à la longue vue bien pendue. Nous fûmes les derniers à lire, et découvrir notre texte dans son ensemble. Vint ensuite le vote, chacun d’entre nous ne pouvant voter pour le texte dont il était l’auteur, et roulement de tambour, nous fûmes déclarés vainqueurs !

Cerise remit à chaque membre de notre équipe un inestimable exemplaire de « Osez 20 histoires de punition sexuelle » (ah si, c’est écrit au verso : 8,20 € réservé aux adultes ) . Nous venions de gagner le prix de Flore, le Goncourt n’a qu’à bien se tenir.

 

PS: Voici le compte rendu de Clarissa sur cette même soirée. Si vous aussi y étiez, n’hésitez pas à vous manifester dans les commentaires !

20:33 Publié dans Jeux | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture

16 septembre 2014

Perdre la tête

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J’ai perdu la tête. Ne me demandez pas ce qui m’a pris, je n’en sais rien, on n’avait plus la tête sur les épaules. Quand j’ai ouvert mon opinel face aux copains, je ne savais pas trop ce que j’allais faire. C’est la lame qui m’a guidé, comme toujours. Tout ce que je sais, c’est qu’on rigolait bien trop fort. A gorges déployées et ça tapait dans le crane après tout ce qu’on avait déjà bu... « Pas cap ! Pas cap ! » qu’ils me disaient. Moi, faut pas trop me pousser. Alors je l’ai attrapée, à pleines mains. Elle paraissait pas bien grosse entre mes doigts de bourreau, j’aurais presque pu faire le tour de son ventre d’une seule main. Et puis je l’ai prise par le cul. Quand j’ai mis ma lame sur son col, personne ne bougeait plus. Tout le monde retenait son souffle. J’ai donné un coup, à la fois ample et sec, comme un coup de grâce. Ça a giclé de partout, à gros bouillons. Hourra ! Hourra ! Qu’ils criaient et on s’est abreuvés de champagne à même la bouteille décapitée… comment qu’on dit déjà… sabrée.

L’après-midi, on étaient bourrés comme des coings, mais on est quand même montés sur la plate-forme, le petit Jean-Paul et moi. Il a commencé à bricoler les galets de la machine avec sa burette d’huile. Il en mettait partout ce con. C’est à cause de lui que j’ai glissé ! J’ai essayé de me rattraper comme j’ai pu aux montants, j’ai basculé sur la manette, et le couperet est tombé. Jean-Paul a été raccourci pour de bon. C’est pas ma faute monsieur l’officier ! Dites, on va pas m’y renvoyer pour me faire raccourcir, moi aussi, à la guillotine ?

***************

Photo sélectionnée par Ellie selon la consigne d’écriture de Marie Tropique.

Liste des participants au jeu :

Un jour d'été et Rien que nous deux de Venise

Vieux Treddy de Charmithorinx

Main blanche, main noire  de Barbara

Le temps n’a plus aucune emprise sur moi de Sofie

Chant de fleur de Princessepepette

La bague au doigt de Ellie

12:37 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (8)

12 septembre 2014

Les choses de la vie

Je me souviens de l’hôtel. Il était situé non loin de l’aéroport de Genève, j’avais atterri là en début de soirée, je devais repartir le lendemain matin, je n’aurais qu’une nuit à y passer, seul. Pas le temps d’aller en ville, Jeanne n’avait pas le temps, juste celui de dîner avec moi au restaurant de l’hôtel. Au fond, je savais que c’était la dernière fois. Je ne me berçais plus trop d’illusion, je savais bien que c’était terminé entre nous. Il fallait qu’elle prenne une décision, j’avais été l’homme de la transition. Je me souviens vaguement que c’est ce qu’elle me disait, tandis que nous dinions, entre deux reproches sur son mari qu’elle ne supportait définitivement plus du tout. Le mari, les collègues, les hommes, tous dans le même panier de linge sale et son regard furieux me donnait l’impression d’y être une vieille chaussette. Pour moi qui avais espéré faire l’amour avec elle, sans doute pour la  dernière fois, c’était mal parti. Je ne m’en souviens plus clairement mais c’est probablement ce que je pensais encore tandis que nous remontions dans la chambre où elle avait laissé son sac en arrivant.

Ce dont je me souviens très bien en revanche, c’est de son profil, quand Jeanne s’est plantée devant la fenêtre de la chambre d’hôtel pour regarder dehors comme s’il s’y passait quelque chose d’important. Je me suis approché. Il y avait là son parfum, sa voix devenue plus douce. Tout a été très vite. Je ne sais plus trop comment nous en sommes arrivés là, mais l’image d’après, c’est sur le lit à moitié nus.  Juché entre ses cuisses ouvertes, je la prenais, fort, en urgence. « Tu te souviens ? » que je lui disais « Dis-moi que tu t’en souviens quand je t’ai prise dans le pré ! », et j’ai ponctué ma question d’un grand coup de rein qui a converti son acquiescement en râle de plaisir. Et quand tu t’es jetée sur moi en entrant dans la chambre de cet hôtel où je m’étais assoupi à force de t’attendre, tu te souviens comme on a baisé ? Encore un coup de rein avec son « oui ! » étouffé en écho. Et dans ta voiture, sur les sièges arrière, avant que tu m’entraines dehors pour que je te prenne en levrette sur le capot, tu t’en souviens, dis ? Et quand je t'ai sodomisée dans la cabine de ce sauna libertin tandis que les hommes seuls se bousculaient pour voir à la porte close. Les miroirs qui tapissaient les murs de la pièce étaient couverts de buée, tu t'en souviens ? Et notre premier après-midi dans cet hôtel proche de la porte Maillot où je t’avais prise cinq ou six fois, mais qu’il t’avait encore fallu te faire baiser par ton ex-collègue le soir même, tu t’en souviens ? Et quand je t’ai enculée dans ce club pendant qu’un autre te prenait par devant, tu t’en souviens aussi ? Et Jeanne criait « Oui ! Oui ! Oui ! » tandis que je martelais sa chatte.

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Je ne me souviens plus de toutes les images qui s’imposèrent à mon esprit ce soir-là. Tout défilait devant mes yeux dans le dernier carambolage de nos corps. Il parait qu’on voit ainsi défiler toute sa vie quand on en est au seuil. Pour moi, ce n’étaient que des petits bouts de vie et une petite mort. Quant à Jeanne, je ne l’ai plus jamais revue, et c’est sans doute mieux comme ça. Ainsi soit-il.

06 septembre 2014

Fellation et irrumation

La dernière note de « Paris Derrière », amusant blog informatif sur toutes les dépravations parisiennes, m’a suggéré quelques réflexions complémentaires sur la fellation, trop souvent confondue avec l’irrumation.

Dans le cas de l’irrumation, celui ou celle qui « suce » se fait prendre la bouche « passivement ». Dans l’antiquité, cette pratique était celle du maître qui pouvait prendre la bouche de son esclave sans lui demander son avis. L’action de prendre son plaisir aux dépends de l’autre était une caractéristique du pouvoir.

640px-Roman_oil_Lamp_with_erotic_motif_05.jpgLa fellation est effectivement plus subtile car celui ou celle qui est actif donne du plaisir à son partenaire passif. Donner du plaisir sexuel à l’autre sans en prendre soi-même, était sujet de moquerie dans l’antiquité, sans doute comme l’imbécile qui se fait duper dans une comédie et qui en redemande. Mais si les partenaires sont à égalité sociale, le pouvoir change alors de camp : le plaisir pris par l’homme sucé passivement n’est plus pris aux dépends de son partenaire, mais dépend du bon vouloir de son partenaire actif. Françoise Rey a écrit de très belles lignes à ce sujet, que je cite dans une de mes notes intitulée le pouvoir du plaisir .

Aujourd’hui comme dans l’antiquité, le pouvoir est bien du côté des actifs, et le plaisir est généralement la rétribution du pouvoir. Dans le cadre de la sexualité, la fellation entre deux partenaires égaux fait exception à cette règle, car l’essentiel du plaisir sexuel est du côté de celui qui est passif. Celui ou celle qui est actif a le pouvoir du plaisir et par conséquent le plaisir du pouvoir du plaisir.

Dans l’univers du X, assistons-nous à des fellations ou à des irrumations ? La plupart du temps, les hommes ne posent-ils pas leur main sur la tête de leur partenaire féminine pour enfoncer leur bite bien au fond d’une glotte plus ou moins consentante ? Les femmes essentiellement passives ne sont-elles pas prises sans ménagement par des hommes hyper-actifs (en dehors des productions spécialisées de type « femdom » où les femmes versent dans la caricature de la domination). Avec le retour en force de l’irrumation aux dépends de la fellation, le X qui sert de modèle d’éducation sexuelle à la jeunesse contemporaine ne renforce-t-il pas un antique modèle du pouvoir machiste ?

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