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30 mai 2014
On peut rire de tout – 3
Le 28 Septembre 1982 sur France Inter, Pierre Desproges prononçait son fameux réquisitoire contre Jean-Marie Le Pen, face à lui, ou peut être légèrement de profil :
Alors le rire, parlons-en et parlons-en aujourd'hui, alors que notre invité est Jean-Marie Le Pen. Car la présence de Monsieur Le Pen en ces lieux voués le plus souvent à la gaudriole para-judiciaire pose problème. Les questions qui me hantent, avec un H comme dans Halimi sont celles-ci :
Premièrement, peut-on rire de tout ? Deuxièmement, peut-on rire avec tout le monde ?
A la première question, je répondrai oui sans hésiter, et je répondrai même oui, sans les avoir consultés, pour mes coreligionnaires en subversions radiophoniques, Luis Rego et Claude Villers.
S'il est vrai que l'humour est la politesse du désespoir, s'il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s'il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors, oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout. De la guerre, de la misère et de la mort. Au reste, est-ce qu'elle se gêne, elle, la mort, pour se rire de nous ? Est-ce qu'elle ne pratique pas l'humour noir, elle, la mort ? Regardons s'agiter ces malheureux dans les usines, regardons gigoter ces hommes puissants boursoufflés de leur importance, qui vivent à cent à l'heure. Ils se battent, ils courent, ils caracolent derrière leur vie, et tout d'un coup, ça s'arrête, sans plus de raison que ça n'avait commencé et, le militant de base, le pompeux PDG, la princesse d'opérette, l'enfant qui jouait à la marelle dans les caniveaux de Beyrouth, toi aussi à qui je pense et qui a cru en Dieu jusqu'au bout de ton cancer, tous, nous sommes fauchés, un jour, par le croche-pied de la mort imbécile et les droits de l'homme s'effacent devant les droits de l'asticot.
C’est ainsi que naquit le célèbre aphorisme « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde », devant le père Le Pen qui riait (de bon cœur ?). 32 ans plus tard, il rit encore avec le quart de la population française, tandis que le regretté Desproges a tout cédé à l’asticot. Est-ce la mort ou la vie qui est d’une impayable ironie ?
Après l’accusation, la parole fut donnée à la défense, incarnée par Louis Régo. Son sketch est extraordinaire. Il faut l’avoir vu ne serait-ce que pour constater la liberté d’expression dont on pouvait jouir à cette époque :
Qui pourrait rejouer un tel sketch aujourd’hui ? Allez, au hasard, voyons voir… Dieudonné ? Ni lui ni un autre à mon humble avis. Le premier à tenter ça aurait aussitôt La LICRA, le CRIF, BHL et Valls sur le dos. On peut toujours rire de tout, si on est un comique agréé qui reste sagement dans les limites de la bienséance légiférée, ou bien à huis clos, là où peut fermenter l’ignoble avant d’exploser dans ta face, faute d’avoir su à temps désacraliser la bêtise.
09:29 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (7)
24 mai 2014
Proposition délicieuse - 4
Un mois auparavant, tu avais reçu le message suivant:
Bonjour Guillaume,
Ne cherche pas, nous ne nous connaissons pas, peut être nous sommes nous croisés sur un forum, tout au plus. Je suis pourtant tes aventures avec intérêt, ton blog audacieux, ton approche franche mais néanmoins cérébrale. J'ai aussi constaté que ton offre tient toujours, alors j'aimerais te prendre au mot. Ne t'inquiète pas, je ne te demanderai pas de me faire une fellation ! J'aime exclusivement les femmes, au point que j'aimerais offrir ta prestation raffinée à une de mes amies, une très jolie femme, grande amatrice de cette gâterie.
Le jeu est subtil: elle aura les yeux bandés, elle pensera que je suis seul à m'occuper d'elle, et lorsque son plaisir sera à son paroxysme, je retirerai le bandeau... Qui sait ce que seront alors ses désirs ? Qui le vivra verra ;-)
Serais-tu motivé par un tel jeu le 5 Janvier 2006 en début de soirée à Paris ?
Amicalement,Vagant
PS: Si tu acceptais ma délicieuse proposition, merci de ne pas la mentionner dans ton blog pour l'instant afin de ménager la surprise
Ta réponse fut claire : Pourquoi pas ?
Êtes-vous déjà passé, ami lecteur, devant une chambre d'hôtel dont la porte est entrebâillée? Du couloir vous n'entendez rien. Pas un bruit. Non, jamais n'avez-vous jamais été dans une telle situation? Ou bien avez-vous refoulé l'idée de pousser cette porte avant même qu'elle n'atteigne votre conscience, et renoncé à une aventure bien trop grande pour vous ? C'est pourtant un grand classique du polar. Le privé pousse la porte, et trouve immanquablement une chambre dévastée au milieu de laquelle un cadavre étendu sur la moquette attendait d'être découvert. Peut-être est-ce la raison pour laquelle vous ne pousseriez jamais cette porte. Lorsque j'ai poussé la porte de la chambre 402, et que j'ai regardé à l'intérieur, j'ai senti mon cœur faire un bond dans ma poitrine.
Au milieu de la chambre, pas encore dévastée, une jeune femme étendue attendait plus que nue. Sa lingerie noire qui tranchait sur sa peau claire soulignait le galbe de sa débauche. Les yeux bandés, elle attendait, offerte au premier venu assez téméraire pour saisir sa chance. Alors je me suis approché, lentement, presque cérémonieusement, aussi ému qu’un premier communiant devant le calice. Je me suis penché sur elle et j'ai posé mes lèvres sur les siennes. Elle suspendit son souffle au tendre baiser et esquissa un sourire.
- Bonsoir Sylvie. Tu as fait bon voyage ?
- Bonsoir! Oui, inattendu mais excellent !
- As-tu trouvé le message secret dans "la femme de papier" ?
- Oui, "je ne vais pas te toucher ni te sucer".
- Exactement ! Tu dois te demander comment je vais bien pouvoir m'y prendre.
- Ah oui alors !
- Un peu de musique ? Je te propose le piano dans tous ses états !
- D'accord.
J'ouvris l'armoire et saisis le lecteur MP3. J'avais prévu une petite compilation, du classique qu'elle aime tant, au jazz que j'adore. Je lui mis délicatement les oreillettes, avec un volume assez fort pour l'isoler des bruits de la chambre. Aussitôt, Dave Brubeck percuta son unsquare dance. Le ton était donné. Je saisis les deux boucles au bout des sangles cachées sous l'oreiller et j'attachai légèrement les poignets de la belle captive à la tête de lit. Enfin, je pris dans l'armoire une boite que je déposai à côté du lit. D'un souffle, je lui écartai les cuisses. D'un frôlement je lui ôtai son string. Mes yeux humides se perdirent à l'horizon de la fine toison qui auréolait le pubis qui s'offrait à mes yeux, comme l'aurore sur l'origine du monde. Dieu que j'aime explorer ce monde là, le pénétrer, y aller et y venir à ma guise jusqu'à m'y perdre, m'y oublier. M'abolir. Mais j'ouvris la boite et en sortis un lapin.
Je mis et un peu de gel intime au bout du mystérieux appareil, et par petites touches impressionnistes sur le ventre de Sylvie, sur ses cuisses, sur son sexe, j'ébauchais en pointillisme le plaisir que je m'apprêtais à lui donner. Chaque fois que cette chose entrait en contact avec sa peau, Sylvie sursautait, puis elle s'habitua au contact furtif. Je mis alors en marche les vibrations. Sylvie esquissa un sourire. Elle savait maintenant à quelle torture elle allait être soumise. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que je tenais entre mes mains le future tech rabbit, avec sept niveaux de vibrations pour l'excitation clitoridienne, une tête tournante à vitesse variable pour la fouille vaginale, et des billes en acier inoxydable pour la stimulation des petites lèvres. De quoi damner de plaisir la plus ascétique des nonnes ! Pour l'instant, je me contentais de frôler la vulve offerte avec les oreilles vibrantes du lapin, du clitoris au périnée, pour humidifier un peu l'intimité encore austère. Rapidement, je sentis que ma victime serrait les dents pour endiguer le bien-être qui l'envahissait malgré elle. Puis, lorsque je la sentis assez imprégnée de ce plaisir têtu, je lui introduisis lentement le vibromasseur. Bientôt, les oreilles du lapin titillèrent à nouveau le clitoris farouche, et je pus mettre en marche la tête pivotante de mon engin de plaisir qui commença ainsi sa fouille implacable. Elle était prise. L'ennemi était au cœur de la forteresse. A la vue du ventre tendu de la pauvre Sylvie, à son souffle qui s'accélérait inexorablement, je savais qu'elle ne résisterait pas à ce traitement. Déjà, ses muqueuses suintaient d’excitation sur l’engin qui la creusait. Ce n'était qu'une question de temps.
C'est alors que j'entendis le bruit de la porte de la chambre qu'on poussait subrepticement. Je ne l'avais pas fermée !
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Le début de cette histoire vraie...
21:15 Publié dans Défis (suite) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : sylvie, expériences, proposition délicieuse, guillaume
19 mai 2014
On peut rire de tout - 2
En fin de compte, je vais peut-être me faire une petite série politique, moi. Voilà ce qu’on peut encore lire sur le site officiel de l’Elysée, dans le communiqué de presse conjoint « franco-japonais » à l’occasion de la visite du Premier ministre Shinzo Abe en France :
(13) Concernant le nucléide radioactif dans les produits alimentaires et les fourrages provenant du Japon, le Japon se félicite de la compréhension de la France pour une révision des mesures de restriction de l’UE fondée sur des données scientifiques et le « CODEX pour les contaminants et les toxines dans les aliments ».
Même chez EELV, l’ex faux nez écolo du gouvernement Hollande, on s’insurge:
« Alors que le Japon est incapable de gérer les suites de la catastrophe de Fukushima, il faut donc comprendre qu’au nom des débouchés commerciaux, la France accepterait donc un seuil de radioactivité plus élevé pour les produits alimentaires importés au mépris des risques sanitaires.
EELV dénonce cette banalisation insupportable de la radioactivité et appelle à la vigilance et à la précaution sanitaire. Cet accord est aussi scandaleux qu’irresponsable et doit être annulé au plus vite. »
En fin de compte, on n’a même pas besoin d’un accord commercial imposés par les US pour être empoisonnés par l’importation des OGM américains. Grâce à François Hollande, la France passe à la vitesse supérieure en empoisonnant sa population avec des produits alimentaires Japonais irradiés, au nom de la balance commerciale d’un Japon moribond sur le plan économique et écologique.
Quant au bien-fondé de l’importation de fourrages depuis un pays essentiellement montagneux situé à l’autre bout de la planète, l’OMC à ses raisons que la raison ignore.
Vous faites ce que vous voulez, mais en ce qui me concerne, les restaurants japonais c’est terminé. Toutefois, je vous invite à la modération dans vos commentaires : l’appel au boycott est interdit par la Loi dans la patrie autoproclamée des droits de l’homme, quoi qu’en pense Amnesty International. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter bon appétit !
01:08 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (2)
16 mai 2014
Proposition délicieuse - 3
Sylvie mit bout à bout les mots et les lettres soulignés, et lu sans difficulté le message secret: "Je ne vais pas te toucher ni te sucer". Telle était la contrainte que je m'imposais. Vagant compte donc me faire jouir malgré moi sans me toucher ni me sucer ! Mais qu'a-t-il donc bien pu encore inventer ? songea Sylvie en regardant glisser le paysage dans la nuit.
Arrivée à Paris, il n'y avait qu'un froid vif pour l'accueillir. Sylvie ne prit pas le temps de scruter la foule des voyageurs. Elle savait que si j'étais là à l'épier, je me serais bien caché. Elle se dirigea immédiatement vers l'hôtel selon le plan donné dans mon dernier message. Vite. Je crois qu'à ce moment là, nous avions autant envie l'un de l'autre. Son portable sonna. C'était moi.
- Où es-tu ?
- Dans la rue, je me dirige vers l'hôtel.
- Parfait ! J'ai eu peur que tu ne puisses pas venir. On ne sait jamais, une phobie ferroviaire passagère…
- Non! J'arrive !
- Retrouve-moi à la chambre 402. A tout de suite !
Je raccrochai et je composai immédiatement un autre numéro.
- Sylvie arrive !
- Elle est venue, alors ?
- Oui ! Chambre 402. A tout à l'heure.
Avant de fermer la porte, je jetai un dernier regard sur la chambre minuscule. Ce serait un miracle que Sylvie ne se rende compte de rien. En quelques secondes, je récapitulai mentalement les préparatifs: les deux sangles accrochées à mon sac à dos caché sous le lit; à l'autre bout de chacune d'elles, deux boucles cachées sous les oreillers; mon lecteur MP3 et le reste du matériel dans l'armoire; Le bandeau et mon dernier message sur le lit défait; le programme Canal + plié en quatre pour laisser la porte entrebâillée. Tout était en ordre. J'avais réussi à mettre en place tous les accessoires de la scène finale alors que je venais d'arriver de Londres depuis moins d'une heure. Je me hâtai vers mon poste d'observation, à l'autre bout du couloir, dans l'escalier en colimaçon.
J'avais eu bien du mal à franchir la douane anglaise avec tout mon matériel. Mon sac à malice n'était pas passé inaperçu au scanner, et je n'avais pas pu retenir mon sourire lorsque l'employé à la sécurité d'Eurostar avait déballé tout mon attirail cérémonieusement. "Faites attention, lui avais-je dit, n'ouvrez pas cette boite devant tout le monde !". "Je sais", avait répondu l'employé au flegme tout britannique.
Je fus soudain tiré de ma rêverie par le bruit de l'ascenseur qui venait de s'ouvrir...
Sylvie frappa à la porte de la chambre 402. Pas de réponse. La porte était entrebâillée. Elle la poussa. Personne. Elle s'attendait à me trouver là, mais c'est un nouveau rebondissement qui l'attendait. Sur le lit défait, un bandeau de soie, et une lettre:
Sylvie,
Tout d'abord bravo pour ta bravoure, et merci pour ta confiance. Te voici parvenue à la dernière étape préliminaire, et le défi va enfin pouvoir commencer. Tes nerfs ont-ils été mis à rude épreuve ? Suis-je parvenu à te surprendre par toute cette mise en scène ? A t'exciter quelque peu, au moins ta curiosité ? Non ? Tu ne perds rien pour attendre, tu n'es pas au bout de tes surprises...
Déshabille-toi s'il te plait. Non, pas complètement, enfin, pas forcément. Je te laisse le choix de l'indécence la plus outrageuse. Me permettras-tu d'immortaliser la scène ? Accepteras-tu d'être prise en photo dans toute ton impudeur ? Libre à toi de me dire oui ou non, c'est indépendant de ce défi qui consiste uniquement pour toi à ne pas jouir.
Lorsque tu seras prête, laisse la porte de la chambre entrouverte. Bande-toi alors les yeux avec ce petit masque de soie posé sur le lit. Tu n'auras alors plus qu'à prendre une pose lascive et confortable pour m'attendre. Détends-toi. Ne t'inquiète pas, je vais venir. Je vais venir, je vais t'attacher les poignets, et je vais te faire jouir. Tu vas jouir malgré toi, même si tu as trouvé la règle supplémentaire qui me rendra cette tâche presque impossible. Il te suffira de me la dire et je m'y conformerai. Le défi se poursuivra jusqu'à ce que tu le perdes, ou que je renonce à le gagner. Mais ne triche pas ! Tu ne dois jamais regarder sous le bandeau pour chercher à savoir comment je vais m'y prendre ! Banco ?
Baisers déments,
Vagant
Il était trop tard pour reculer. Sylvie savait que j'étais là, quelque part. Elle m'avait entendu au téléphone. J'allais venir. Je l'avais écrit. Elle se déshabilla rapidement. Elle fut bientôt presque nue. Sa lingerie noire qui tranchait sur sa peau claire soulignait ses formes sensuelles. Elle s'approcha de la porte, l'ouvrit à peine, et elle mit le masque de soie. Rien. Elle ne voyait absolument rien. Elle retourna vers le lit, à tâtons, s'y allongea sur le dos, tout simplement, en repliant sa jambe gauche, et elle attendit. Elle attendit des secondes qui semblaient des minutes et des minutes qui semblaient des heures. Elle attendit la peur au ventre à l'idée qu'un inconnu entre dans la chambre. Elle attendait encore lorsque la porte de la chambre finit par s'ouvrir lentement. Quelqu'un y pénétra doucement. On marchait sur la moquette à pas feutrés. Les pas s'arrêtèrent juste au bord du lit.
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Le début de cette histoire vraie...
19:49 Publié dans Défis (suite) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : sylvie, expériences, proposition délicieuse
10 mai 2014
On peut rire de tout
Il n’y a pas que le cul dans la vie. Oui, je sais, quand on vient chez Vagant c’est qu’on a envie de se détendre, ce n’est pas pour être confronté à du lourd, comme on me l’avait déjà reproché. Mais en tant que blogueur, suis-je contraint à la schizophrénie en tenant un blog par thème avec autant d’identités différentes, comme je l’avais déjà évoqué au sujet de la ghettoïsation de l’érotisme ? Moi, je n’ai rien à vendre alors je n’ai pas à segmenter mon minuscule lectorat selon des principes marketing. J’ai donc décidé de répondre à l’appel d’un célèbre blogueur dont je partage les analyses, pour mettre en ligne sa vidéo comique au premier abord, franchement inquiétante au second. Autant vous le dire tout de suite, ça ne plaira sans doute pas à tout le monde…
Alors, on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde ?
09:32 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (10)
08 mai 2014
Proposition délicieuse - 2
A 15h31, je n'étais toujours pas à l'horizon. Il était maintenant temps d'ouvrir le paquet. Sylvie en déchira délicatement l'extrémité, d'une main légèrement tremblante, au beau milieu de la gare. Le paquet rouge contenait un livre érotique dont la couverture suggérait la nature du contenu. Et puis une lettre:
Bonne année ma belle !
Je te souhaite une bonne année, pleine d'orgasmes débridés dont j'espère être un des premiers instigateurs ! Et oui, je compte bien gagner ce défi, celui de te faire jouir malgré tous tes efforts pour résister au plaisir !
J'aime bien ce petit roman érotique de Françoise Rey. Presque un classique. Je te défie de le lire ouvertement dans le TGV 6624 qui part pour paris à 16h. En matière de défi impudique, avoue que tu craignais pire ! Un message secret y est caché. Si tu me décris cette contrainte, tu augmenteras tes chances de gagner la seconde partie du défi !
Arrivée à Paris, tu iras à l'hôtel selon le plan ci joint.
Baisers dévorant,
Vagant
Sylvie découvrit dans l'enveloppe un plan de Paris annoté et un billet de train, départ pour Paris à 16 h, retour le soir même à 23h59, juste avant que son carrosse ne se transforme en citrouille. Si quelqu'un lui avait dit une minute auparavant qu'elle allait monter dans un train pour Paris, elle ne l'aurait jamais cru. Quelques minutes plus tard, elle y était pourtant confortablement installée. Le train s'ébranla doucement, et elle plongea dans ce roman. A côté d'elle, un homme jetait régulièrement un coup d'œil indiscret sur ce livre érotique qu'elle lisait ouvertement, conformément à mes instructions. En face, un jeune homme charmant lui adressait des sourires complaisants. Sylvie se demanda si je n'avais pas tout mis en œuvre pour qu'elle se fasse draguer dans le train ?
Comme elle me le dit plus tard, jamais Sylvie ne m'aurait fait l'affront de ne pas venir. Elle avait en moi une confiance aveugle, même si je lui demandais de foncer dans le noir avec un roman érotique en guise de canne blanche. D'ailleurs, cette histoire torride au vocabulaire bien salé lui faisait craindre le pire. Avais-je eu l'idée d'adapter un épisode de cette chronique sulfureuse ? Soudain, l'histoire érotique que j'avais moi-même récemment postée sur un forum féminin s'imposa à son esprit. Une histoire d'exhibition au bois de Boulogne, dont elle ne s'était pas du tout imaginée pouvoir en être l'héroïne lorsqu'elle l'avait lue. L'aurais-je fait venir à Paris pour ça ? Avais-je déjà écrit tout le scénario qu'elle était en train de vivre sur un forum public, parmi les autres fictions que je commettais de temps en temps ? J'en aurais été bien capable ! Sans parler de cette histoire de pièces d'identité que j'avais évoquée voici quelques jours sur MSN ! Sylvie plongea alors dans le roman à la recherche d'un indice. Enfin un mot souligné, et puis une lettre un peu plus loin, et encore un mot. Sylvie repéra tous les passages concernés:
Je dois bredouiller des trucs incompréhensibles au téléphone car on me demande de répéter. On ne joue pas comme çà avec une femme toute tendue, toute mouillée et qui se donne si fort ! Je vais te dire comment çà s'est passé.[...] Je ne me toucherai pas une seule seconde. Tu veux des images, des paroles, des histoires qui te feront d'autant plus bander que tu en connaîtras l'auteur ? [...] Toi, tu semblais amusé, peut-être un peu attendri. J'ai écarté d'une main la fente complaisante du sous-vêtement pour bien tout te faire voir, et, du bout des doigts, j'ai écarté aussi celle, plus intime, qui partage le bas de mon ventre. Et tu as contemplé, déjà allumé, ce jeu télescopique et voluptueux de failles, la blanche autour de la noire, et la noire servant d'écrin à la rose, plus vivante, plus nacrée, plus palpitante. Mes doigts ouvraient pour toi un passage dans un fruit délicat et juteux, accueillant comme une pêche qui vient d'éclater au soleil, vibrant comme un coquillage dont on a forcé le secret [...] Je me branle le con avec cette putain de bougie qui tombait à pic, et je m'applique à bouleverser le sens de cette ridicule expression "tenir la chandelle", qui voudrait dire qu'on assiste sans participer [...] Parce qu'elle t'avait manifesté clairement un intérêt plus que flatteur, et parce qu'elle ne te laissait pas indifférent non plus, je me retrouvai, ce fameux mercredi, seule avec elle pour t'attendre.[...] J'éprouvais un plaisir double, et quelque part très ambigu : celui de te sucer, et celui de manger après elle.
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Le début de cette histoire vraie...
08:51 Publié dans Défis (suite) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sylvie, expériences, proposition délicieuse, erotisme, livres
02 mai 2014
Du désir sexuel à la consommation
C’est une fois de plus grâce à l’excellent blog « les fesses de la crémière » que je découvre la revue silence, dont le numéro 421 traite des relations poly-amoureuses. Je ne résiste pas à citer un paragraphe relatif à la frustration sexuelle institutionnalisée:
Une fois casé, on assiste sereinement à la baisse de son désir sexuel pour le partenaire quotidien, baisse parfois compensée par une augmentation de la tendresse et de la complicité. Routine, habitude, l'interaction charnelle perd de son attrait. Bref, le couple exclusif semble conduire à la frustration sexuelle. Frustration possiblement renforcée par un matraquage brûlant et systématique dans les médias et la publicité — puisque le sexe fait vendre. Qu'est-ce que qu'on en fait de cette frustration ? La consommation pourrait-elle en être un dérivatif ? Et, Chéri-e, on achète un nouvel écran plat ? J'ai vu la pub à la télé, ça avait l'air super !
Réprimer la sexualité est essentiel à tout processus de domination. Cachée dans les oreillers de couples dormitifs, la publicité n'alimenterait-elle pas en partie leur insatisfaction sexuelle ? La débauche télévisuelle n'utiliserait-elle pas la misère sexuelle au service de la consommation ?Eve Thiebaut
Cette thèse éclaire sous un jour nouveau les propos de Serge Carfantan, que j’avais cités dans cette nouvelle :
Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler (texte) sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées (cf. les individus de type alpha, bêta, gamma). Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
En effet, ce n’est pas la sexualité accomplie qui est mise au premier rang de nos sociétés, mais le désir d’une sexualité inaccessible à laquelle la société offre un dérivatif consumériste, comme la tablette de chocolat soulagerait les peines du cœur.
08:29 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : polyamour, sexualité