Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« 2007-07 | Page d'accueil | 2007-09 »

31 août 2007

BlogDay post

fee0ec7af524f5611938b4d54e33c0ca.gifHonnêtement ami lecteur, savais-tu que c’était la Saint Blog aujourd’hui ? Non ? Rassures-toi, moi non plus jusqu’à la semaine dernière. Le Blog fait partie de ces divinités montantes sur l’autel duquel on sacrifie son temps, dans l’espoir qu’il nous donne nos commentaires quotidiens, que son nom soit célébré et que son (vaniteux mais éphémère) règne vienne. Il aurait été en quelque sorte béatifié (plus précisément « festivisé » puisque la mode n’est plus aux béatitudes mystiques mais aux extases festives) voici trois ans, et en ce jour anniversaire mémorable, j’ai trouvé que l’occasion était bonne de vous faire découvrir cinq blogs au moins dignes d’une petite visite, à travers cinq extraits capables de se défendre tout seul et qui vous donneront sans doute envie d’en lire plus…

1/ Taxi de nuit : Les courses nocturnes d’un taximan dans un Montréal interlope.

L’homme aux valises

Je n'arrive plus à me souvenir à quoi ressemblait l'homme. On les croise sans faire trop attention. On détourne le regard de peur d'être contaminé. Ces âmes errantes, mal rasées et malpropres finissent par toutes se ressembler. Ils portent presque tous les mêmes vêtements aux couleurs des ruelles que le soleil n'éclaire plus. Ils traînent sur eux et en eux une saleté indélébile. Celui-là n'avait pas de signe distinctif mémorable. Mis à part l'odeur rance qu'il dégageait, je ne me souviens pas de lui.

...

2/ Délocalisation littéraire : Les fictions d’une française exilée en Espagne… par son mari !

Ma femme me trompe

Ma femme me trompe. Dès notre rencontre je l'ai su, à la manière dont elle avait regardé autour d'elle au restaurant, l'air dégagé mais cherchant quelqu'un. J'ai soupçonné immédiatement le serveur (j'étais jeune et inexpérimenté à l'époque) mais avec du recul je penche aujourd'hui pour un autre client. Peut-être le gros à droite qui transpirait. Il m'avait paru fortuné, du genre à prendre du homard (ce qu'il avait fait). Ou bien le type avec un blouson en cuir, costume d'aventurier. Oui ce devait être lui.
Peu importe : elle me trompait déjà. Je me hâtai donc de l'épouser pour en avoir le coeur net et parce que, voyez vous, je l'aimais. Et puis soyons honnêtes, je pensais que ça lui passerait. Ou tout du moins je pensais qu'elle vieillirait assez vite et que l'idée de coucher avec ma femme passerait aux autres hommes. Malheureusement ma femme restait jolie, elle continuait de me tromper.

...

3/ Comment écrire un roman : un regard satirique (de plus) sur le mode de l’édition.

Grand concours du roman écrit à la truelle

Vous rêvez de publier ce roman qui fera enfin de vous l'être respecté riche et célèbre que vous avez toujours été intérieurement mais que par bête jalousie les autres se refusent à voir ? Les moyens de communications modernes n'ont pas de secret pour vous, et en outre, vous avez horreur de faire des photocopies ? Alors les lignes qui suivent vont peut-être changer votre vie…
Comme vous le savez sans doute, la famille Bouygues (les deux frères Martin et Olivier, maintenant que papa Francis a passé l’arme à gauche) est depuis des décennies honorablement connue pour encourager le développement des Arts et de la Culture sur notre bonne terre de France.
Cette prestigieuse mission ne date pas d'hier, souvenez-vous : déjà, en 1987 les modestes maçons rachètent à l'Etat la première chaîne de télévision pour en faire le temple de l'érudition et du raffinement que l'on sait. Mais le fait d'avoir hissé la petite lucarne à un niveau d'exigence encore jamais atteint ne suffit pas à ces insatiables défenseurs de la culture pour tous.

...

4/ Sexe des anges : Quand il était petit, il voulait être dompteur de mots.

 Insouciance

"Et ben tu sais papa, je me souviens de tout, il suffit que je regarde dans ma tête".
"Ah oui ?"

Ca a quelque chose d'attendrissant. Il est devant moi et je me dis que ça doit être sympa d'être un petit garçon, retomber en enfance pour regarder dans sa tête et n'y voir que des choses jolies.
Ça me donne presque envie de chialer. Il ne s'aperçoit de rien, pour lui tout ça est naturel. Il me dit se souvenir l'avoir emmener à mon travail, qu'il y avait un docteur très gentil. Puis aussitôt il change de sujet. Un vrai gosse.

...


5/ Baratin : Un bon exemple vaut mieux qu’un long discours.

Une présence

La nuit mon père se levait et fumait dans les toilettes. Je n'aimais pas aller aux toilettes après lui. Il oubliait toujours d'ouvrir la petite fenêtre, les murs devenaient gris et ça puait. Il laissait ses mégots dans la cuvette. Je trouvais cela très sale. Le matin au réveil ou dans la nuit il toussait et nous réveillait moi ma sœur et mon frère. Je n'aimais pas son haleine ni l'odeur de cigarette qu'il laissait partout. Ma mère lui demandait souvent d'arrêter de fumer mais il n'arrêtait pas, c'était un sujet de dispute permanent. Mon père est mort d'un cancer de l'estomac et des poumons en 1998 après un traitement long, pénible et douloureux. La semaine dernière chez ma mère j'ai retrouvé cette odeur de cigarette dans la maison et j'étais content de la sentir.

11:19 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : BlogDay2007

28 août 2007

Sera-t-elle sèche ou mouillée ?

C’est toujours sur le point d’y pénétrer qu’on se pose la question: sera-t-elle sèche ou mouillée ? Avant, on ne pense même pas à ce détail prosaïque, seul compte le but, qu’il soit hygiénique, voire sportif, ou tout simplement pour le plaisir. C’est ce que je réponds, moi, quand on me demande pourquoi j’y vais si régulièrement : « pour le plaisir ». Inutile d’entrer dans des détails plus intimes, trop obscurs. Comment pourrais-je expliquer la fébrilité que je ressens chaque mardi, dès le matin, lorsque je sais qu’en sortant du bureau le soir venu, j’irai y lâcher mon trop plein d’énergie, et toutes mes frustrations accumulées depuis une semaine ? Comment dire l’exaltation adolescente qui me saisit en chemin, qui me ferait presque y courir, la même inaltérable émotion depuis que mon père m’y a emmené la toute première fois ? Comment raconter un sourire équivoque, un corps de femme à moitié nu, la bourrade virile des autres qui m’invitaient à la suivre, les escaliers que je ne pouvais pas monter tant mes jambes étaient lourdes, l’air narquois des autres femmes devant le souffle de ces premiers désirs dans mon slip toutes voiles dehors, l’émotion des ablutions, l’eau, et comment j’ai plongé en elle ? Comment raconter un premier amour ?

Quand on arrive, on vous salue amicalement. On vous connaît depuis toutes ces années. On règle les formalités d’usage, et on en choisit une de libre, souvent la même. Pour moi, c’est toujours l’avant dernière porte au fond à gauche. Lorsqu’elle est prise, j’attends tranquillement mon tour, même si d’autres sont disponibles. J’ai mes habitudes, et l’attente n’est pas vraiment un problème. C’est même le meilleur moment. On peut laisser la chaleur des lieux vous envahir tout doucement avant de se déshabiller. Il fait si froid dehors. On peut même fermer les yeux, et chercher les fragrances d’eau de toilette masquées par l’odeur caractéristique qui vous a assailli dès l’entrée, légèrement âcre, mais devenue indissociable du plaisir qu’on va prendre. On entend les piaillements des plus jeunes, les bougonnements des plus vieux, l’agitation derrière la porte close qui vous fait rêver à Dieu sait quoi, qui laisserait presque croire qu’un peu de fantaisie pourrait se glisser entre les gestes mécaniques et pressés. Enfin, ce dont on est sûr, c’est que ce sera bientôt son tour, et on se sent bien dans cette attente là. À vrai dire, je n’aime pas être le premier. Plus tôt dans la journée, c’est toujours sec, et un peu trop propret à mon goût. Ce n’est pas que j’aime la saleté, mais non seulement les va-et-vient des autres avant moi humidifient l’endroit, mais il me mettent d’emblée dans l’ambiance : leur passage m’inscrit dans une certaine continuité, presque une tradition. On se sent ainsi plus à son aise, moins à l’étroit. On se lâche en regardant leurs traces comme des promesses d’ivresse. Ça y est ! Le gars précédant vient de sortir, encore rouge de l’effort et les cheveux humides, et je pénètre enfin dans la cabine de la vieille piscine municipale.

17:50 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Littérature

25 août 2007

Femmes : mode d’emploi

Pour une fois, je n’ai pas piqué sur le net la photo qui illustre cette note, c’est moi qui l’ai faite !

54a9dcdf45e72c5d1bda764295fa87f7.jpg

Cette page du magazine Buy while you Fly (achetez en vol) propose donc au client de sexe masculin d’offrir des cosmétiques à ses femmes:
Gift for the Wife (cadeau pour l’épouse) : Crème de jour, crème de nuit et crème pour les mains Elizabeth Arden - 28,50 euros.
Gift for the Girlfriend (cadeau pour la petite amie) : Eau de parfum, lotions et crème pour le corps Elizabeth Arden – 53 euros.
Gift for the Mistress (cadeau pour la maîtresse) : Eau de toilette Dolce & Gabbana, Mascara Yves-St-Laurent – 66 euros.

Derrière cette publicité presque anodine se cache un véritable mode d’emploi des femmes pour cadres pressés. Lisez donc entre les lignes avec moi en commençant par le  commencement : la petite amie. Il faut la séduire pour acquérir définitivement ses faveurs, et on lui consacre donc un budget moyen, quoique relativement élevé comparativement au budget limité du jeune cadre visé. Et qu’est-ce qu’on achète à sa petite amie ? Des produits pour le corps, ce supposé jeune corps féminin qui fait tant envie au jeune cadre en rut, et qui poussera la belle à en dévoiler les charmes.
Une fois qu’on lui a mis la bague au doigt, on quitte le mode « séduction de la petite amie » pour passer en mode « entretien de l’épouse ». À l’instar des voitures, le budget entretien est bien inférieur au budget d'acquisition : il suffit d’acheter des crèmes pour lustrer la partie visible de la carrosserie vieillissante.
Mais avec les années, voilà que le luxurieux désir renaît de ses cendres. Heureusement, le pouvoir d’achat de notre plus si jeune cadre a augmenté : il peut maintenant se payer le luxe d’une maîtresse frivole (forcément), avide de strass et de paillettes. A elle les parfums capiteux et les yeux papillonnants !

Mesdemoiselles, mesdames, rongez encore un peu votre frein avant de lâcher votre commentaire rageur : si je pense avoir su décoder les vieux stéréotypes phallocrates sous-jacents, ce n’est pas pour autant que je les partage. J’aurais bien aimé croire au second degré de cette publicité, mais l’humour ne semble pas équitable dans ce magazine : aucune mention du parfait cadeau pour le petit ami, le mari ou l’amant…
Maintenant, vous pouvez y aller !

23 août 2007

Erreur de jeunesse

Au hasard des liens, je suis tombé sur une note amusante qui m’a rappelé de vieux souvenirs. On en fait des conneries quand on est jeune, et avec l’âge ça ne s'arrange pas…

Un jour, une fessue me tenta l’impudeur. Cela faisait quelques jours que je l'avais repérée. Elle était assez grosse, mûre mais encore ferme, et sans doute bien juteuse. Belle à croquer, bonne à baiser. J’attendis la bonne occasion, qu’il n’y ait personne dans les parages pour saisir ma proie et m’isoler avec elle. Je n’y allai pas par quatre chemins: Je pris mon opinel, je le lui enfonçai dans le trognon, et je lui évidai le fondement en un tournemain ! La salope coulait déjà sur mes doigts. Son cul ouvert à ma mesure, je m’enfermai avec elle dans les toilettes. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, j’avais la culotte aux chevilles. Je bandais comme un gamin de seize ans, avec une perle de sève printanière au bout du gland, prête à couler encore et plus encore. Je m’assis sur la cuvette, face à la chasse, cuisses écartées, et je plantai ma victime sur mon pieu comme un bonnet phrygien au quatorze juillet de l’an I. Il n’y eut pas de feu d’artifice. Non seulement elle était glacée - elle sortait du frigo - mais impossible de lui mettre plus que le bout de ma queue : déjà je cognais au fond ! Moi qui croyais m’envoyer en l’air avec une bonne grosse un peu mûre, j’avais l’impression de me taper une petite pucelle frigide ! Je la forçai. Ce fut le drame. Ses chairs éclatèrent sous la pression, s’ouvrirent entre mes mains et coulèrent tout au long de ma hampe jusqu’au fond de la cuvette. À la fin, j’en étais réduit à me masturber avec ses bouts de peau pendant que ma mère tambourinait à la porte : "t'es pas malade ?"

Quand j’étais adolescent, j’avais des fantasmes primeurs. Après tout, pourquoi n’y en aurait-il que pour les gourmandes de gros concombres ? Mais les poires, vraiment, ça ne tient pas ses promesses.

21 août 2007

Sept : L’avarice


7da016df743722a1fbf60e1f8792c84e.jpgJe déambulais dans les rues de Bordeaux. Il m’avait fallu quinze jours de plus pour me remettre du dernier assaut de Christelle, quinze jours dans la chambre à fleurs dont j’avais verrouillé la porte. Dès que j’avais été sur pieds, j’avais signifié à Delavigne mon départ imminent. Il m’avait proposé de me conduire à la gare dès le lendemain, après le déjeuner dominical au cours duquel il tenait à me faire découvrir son meilleur cru, c'est-à-dire son premier cru mais aussi son dernier, bref, son seul et unique cru. Après m’être invité plus d’un mois chez lui, il m’avait semblé naturel en une telle occasion de lui offrir un cadeau à la mesure de son hospitalité, mais surtout à la mesure de mon budget.

Je n’ai pas trouvé pas grand-chose. Je venais de passer deux heures harassantes à marchander avec un forain sénégalais - j’hésitais encore entre la tour Eiffel dans sa bulle à neige qui rappellerait à Delavigne ses années parisiennes, ou bien le chapeau parapluie multicolore qui pourrait lui faire office d’ombrelle sous le soleil girondin tout en lui laissant les mains libres pour bien travailler sa vigne - lorsqu’une jeune fille m’a interpellé. Elle m’a dit avoir pour moi une bonne nouvelle. Je l’ai écoutée d’une oreille, le temps de faire mariner le sénégalais pour lui arracher quelques centimes de plus. Trop contente d’avoir trouvé un client pour écouter ses boniments évangélistes, elle me proposait un petit bouquin intitulé Psaumes et Nouveau Testament. J’ai eu un peu de mal à comprendre ce dont il s’agissait – une sorte de recueil de nouvelles écrites par d’obscurs Marc, Luc, Mathieu et autre Jean, avec une longue préface hermétique d’un certain roi David et une postface sentencieuse d’un dénommé Paul – mais ce que j’ai vite compris, c’est que son bouquin était gratuit ! Du coup, je lui en ai pris quatre, un pour chacun pour le prix d’un sermon abscons, et j’ai abandonné le Sénégalais à sa pacotille et ses jurons. J’ai même réussi à négocier un lot de tracts à l’œil pour servir de papier cadeau !

Le lendemain, entre la poire et le fromage et après un fabuleux gigot d’agneau au curry, j’ai distribué mes précieux cadeaux. Agnès a fait bonne figure, Lucienne une moue dubitative, et Christelle a essuyé les larmes qui n’avaient cessé de couler depuis le début du repas. Seul Delavigne a semblé apprécier mes présents à leur juste valeur. Il a pris la parole ou perçait une étrange jubilation : « Christophe, mon cher Christophe, mon fils – si tu me permets cet élan paternaliste – je suis si heureux ! Tiens, je vais vous lire à tous une parabole que j’aime bien, voyons voir… c’est dans l’évangile selon Luc, au chapitre 15 je crois bien… Ah voilà : la parabole du fils prodigue ! »

Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.

« Je me suis un jour amusé à identifier les fameux péchés capitaux dans cette parabole, nous a dit Delavigne. Voici donc l’envie, la convoitise. Il faut aussi savoir que le fils cadet avait moins de droit mais aussi moins de devoir que le fils aîné selon le droit israélite de l’époque. Le père – qui symbolise Dieu - comprend que le moment est venu où ce fils ne peut plus être guéri que par l'expérience, et il le livre à sa nature hédoniste : paresse et luxure ! » Disant cela avec une moue gourmande, Delavigne comptait sur les doigts de sa main droite. Il en était déjà à trois.

Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des gousses que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.

« Voilà un joli paradoxe amusant à constater,  a surenchéri Delavigne : en exerçant sa liberté individuelle jusqu’à ses limites, le fils cadet a fini par perdre toute liberté. À cause de son intempérance, de sa gloutonnerie de plaisirs – le quatrième doigt de Delavigne s’est dressé pour compter la gourmandise – le fils a tout perdu. Affamé, il est devenu l’esclave de son propre ventre ce qui le conduit au comble de la déchéance pour un Juif : garder les pourceaux loin de chez lui, c'est-à-dire loin de Dieu et au service d’un maître païen. »

Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires.

Delavigne poursuivait sa lecture avec la passion qui le caractérisait déjà dans les amphithéâtres. Tandis que les membres de sa famille réprimaient difficilement leurs bâillements, j’écoutais son exégèse passionnée dans une totale sidération : «  Un élément crucial rarement mentionné est l’abandon de l’orgueil – la main droite de Delavigne était levée, ses cinq doigts tendus. Pour entrer en méditation, et par conséquent se présenter humblement devant Dieu le Père, le fils doit abandonner toutes ses prérogatives, tout son orgueil, et se rabaisser au niveau des derniers ouvriers agricoles : les mercenaires payés à la tâche. »

Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.
Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.

« Il y aurait tant à dire sur ces derniers versets, dont chaque mot vibre d'émotion. Imaginez donc la scène : ce père qui n'a pas cessé d'attendre son fils ; l'apercevant de loin, il court au-devant de lui : Dieu discerne le plus faible soupir vers le bien qui se fait jour dans un cœur égaré et dès que ce cœur fait un pas vers lui, il en fait dix à sa rencontre, s'efforçant de lui faire entrevoir quelque chose de son amour. » En disant cela, j’ai bien cru voir une larme au coin de l’œil de Delavigne. Il n’avait pas de fils du tout, lui.

Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu'il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c'était. Celui-ci lui dit : Ton frère est de retour, et, parce qu'il l'a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras. Le fils aîné se mit en colère, et ne voulut pas entrer.

« Et voici la colère, celle de l’aîné, motivée par l’absence d’amour et sans doute par l’avarice : non seulement on a tué le veau gras réservé pour les grandes occasions, mais devra-t-il à nouveau partager avec son frère cadet ? »

Son père sortit, et le pria d'entrer. Mais il répondit à son père : Voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c'est pour lui que tu as tué le veau gras ! Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi ; mais il fallait bien s'égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu'il est revenu à la vie, parce qu'il était perdu et qu'il est retrouvé.

Delavigne n’avait pas levé la main gauche pour compter les deux derniers péchés, mais il m’a regardé humblement : « Christophe, ne veux-tu pas rester quelques jours de plus ? Je te considère un peu comme mon propre  fils, et j’aurais besoin d’un peu d’aide en ce moment. Juste quelques jours… »

J’étais dans mes petits chaussons : Après avoir honteusement profité de son hospitalité,  après avoir convoité son épouse et ses biens, après m’être roulé dans la luxure avec sa fille et sa bonne, voilà qu’emporté dans sa lecture biblique, Delavigne m’accueillait comme son propre fils. Comment lui refuser ce qu’il me demandait. Christelle me regardait avec des yeux suppliants. J’ai accepté.

Voilà dix-neuf ans que j’habite chez les Delavigne. Deux jours après ce fameux déjeuner, Lucienne m’a appris que Christelle était enceinte. J’ai assuré sur tous les plans. Depuis, j’ai même repris les soixante kilos que Christelle a perdus.

_________________________________________________________

(1) : Dans la rédaction de cette note, je me suis largement inspiré de l’excellente analyse de la parabole du fils prodigue réalisée par Frédéric Godet

(2) : Cette note clos la série Sept, comme sept péchés capiteux et autant d’aveux à produire.  Le défi des 7 aveux m’avait été lancé à la fois par Agatha  mais aussi par CUI, car je peux aujourd’hui vous l’avouer, juliette Binoche, c’est moi ! D’accord, ces aveux sont purement imaginaires, mais n’en sont-ils pas moins amusants ?

19 août 2007

Equations à plusieurs inconnues

5f84a242be5f0838fc91dfeafee0f3eb.jpg 

En Avril 2006, mon ami Guillaume et moi-même avions organisé une soirée très spéciale qui avait réservé bien des surprises à ses participantes.

En voici le récit sous la forme d’une nouvelle érotique au format pdf, déjà publié en plusieurs épisodes sur ce blog.

15 août 2007

Entre ses cuisses

cliquez ici pour lire ma note...

Aujourd’hui, je suis sur le gril.

Venez m’assaisonner tel une tranche d’aloyau chez Aloysius Chabossot

(mais vous pouvez aussi venir y tailler une bavette).

13 août 2007

Sept : La paresse


00d011fdb8364eb73d062c7f7f4834b6.jpgJ’étais de retour dans la chambre au papier à fleur, mais alité pour de bon cette fois-ci. La solide Lucienne m’avait fait descendre de la table de la cuisine où j’avais été cloué comme un papillon, ou plutôt écrasé comme une mouche, et elle m’avait transporté clopin-clopant vers ma chambre. Muscles froissés, rachis traumatisé, trois jours de repos avec interdiction formelle de quitter la chambre, « et d’y pratiquer toute activité physique » avait cru bon d’ajouter le médecin en riant, après m’avoir demandé si je n’étais pas passé sous un rouleau compresseur.

Le lendemain après-midi, vers trois heures, tandis que je somnolais à demi nu sur mon lit écrasé de chaleur, j’ai entendu la porte de ma chambre s’ouvrir doucement. Couché sur le côté, je lui tournais le dos mais j’ai décidé de ne pas bouger, plus par paresse que pour épargner mon corps douloureux. J’ai juste ouvert une paupière pour contrôler, dans le miroir de l’armoire, qui s’approchait de moi à pas de loup. En l’occurrence, c’étaient des pas de louve. Agnès s’est arrêtée tout près du lit. Son regard était si intense qu’il m’a semblé en sentir le poids se poser sur ma nuque, rouler sur mes épaules où perlaient quelques gouttes de sueur, couler le long de mon flanc où saillaient mes muscles froissés, hésiter à ma taille recouverte du drap blanc, virevolter sur ses plis suggestifs avant de se reposer sur mes cuisses velues. J’observais Agnès dans le miroir sans qu’elle ne s’en doute. Était-elle venue veiller sur mon sommeil comme une mère sur celui de son enfant ? Sa langue est passée sur ses lèvres en guise de démenti, mais elle a fait demi-tour pour ressortir de la chambre aussi discrètement qu’elle y était entrée.

La scène s’est renouvelée le jour suivant. J’étais allongé sur le dos, entièrement nu tant la chaleur était insoutenable, avec un bout de drap sur les hanches pour seul tribut à la pudeur. Cette mise en scène ne devait rien au hasard : Il était trois heures et j’espérais vivement la visite d’Agnès. Je l’attendais même avec une ardeur palpable. Quelques minutes plus tard, la porte s’est ouverte. J’ai gardé les paupières closes pour ne pas effrayer mon invitée tacite, qui avançait vers moi avec la prudence d’un cambrioleur. Comme je m’y attendais, il y eut un bruit de chute et je n’ai pas tressailli. « Zut ! » ai-je entendu, et puis « vous dormez ? ». Je suis resté impassible, bien sûr, je n’allais tout de même pas avouer mon forfait si près du but : J’avais disposé Guerre et Paix en équilibre au bord de ma table de chevet, accroché à un fil imperceptible tendu en travers de la pièce. J’espérais qu’Agnès, convaincue que je dormais profondément, en profiterait pour abuser de mon corps assoupi.

J’ai senti un doigt léger frôler ma peau humide de sueur, là où elle est la plus fine, entre la base du cou et la clavicule. Il glissait jusqu’à mon épaule lorsque j’ai entendu sa voix : « Je voulais vous parler mais… c’est si difficile à dire que c’est aussi bien que vous dormiez. »
Le doigt a souligné le galbe de mes muscles avant de retourner sur mon torse aux pectoraux saillants.
« Vous devez penser que je ne suis pas très maligne, que je ne fais attention à rien, que je peux tout avaler, mais depuis ce qui s’est passé dans la cuisine, avec Lucienne, je n’en dors plus… »
En entendant cela, je ne suis pas parvenu à me maîtriser complètement. J’ai pris une profonde inspiration et j’ai alors senti la pulpe de son doigt s’attarder sur mon téton, en faire le tour, le frôler délicatement. Je me suis alors dit qu’Agnès était une sacrée perverse, prête à braver tous les tabous pour arriver à ses fins, et dont les caresses prometteuses ne cachaient rien de ses desseins lubriques.
« Je sais bien que c’est Lucienne qui vous excitait, mais vous n’avez pas hésité à vous taper la grosse Christelle sans trop vous en soucier n’est-ce pas ? Vous êtes un baiseur sans scrupule ! »
Le doigt poursuivait sa course vers le bas de mon corps avant d’être rejoint par trois autres sur mes abdominaux. Ils les ont passés aussi doucement que des voitures sur un dos d’âne.
« Mais malgré tout, j’ai l’impression que vous êtes un type bien… ou alors je me le suggère pour accepter l’idée que vous m’excitez comme une folle… »
Il n’y avait pas qu’elle à être excité ! Je me suis dit que non seulement elle s’apprêtait à coucher avec l’amant de sa fille, mais qu’il lui fallait en plus avoir l’impression de le pervertir pour prendre son pied ! En attendant, ses doigts étaient aux abords du drap. Ils ont décollé de ma peau lentement, comme à regret, avant que je ne sente le drap glisser sur mon sexe, sur mon phallus gonflé depuis que j’attendais Agnès.
« Folle, je suis folle de vous depuis le premier regard !»
J’ai senti son souffle sur ma verge raide. Le doigt – ce même doigt qui me titillait et dont les égarements me rendaient fou - s’est posé à sa base, juste à la limite de mes couilles, et a glissé tout au long de ma hampe jusqu’à sa pointe vermillon. J’aurais sans doute dû ouvrir les yeux à ce moment là, mais me laisser faire était si bon que je n’avais plus le moindre goût de l’effort.
« Vous m’excitez Christophe ! Je ne rêve plus que de vous, vous et votre grosse bite, je ne rêve plus que de me la prendre partout. Dans la bouche d’abord… »
Elle a joint le geste à la parole et elle m’a gobé le bout du gland, avant que je ne sente sa langue humide prendre le chemin inverse de celui pris par son doigt, du gland jusqu’aux couilles qu’elle a dardées de la pointe de la langue.
« Entre mes seins aussi… »
J’en ai aussitôt senti les pointes sur mes cuisses et mon ventre. J’étais tant excité d’imaginer Agnès me branler avec ses gros seins - ils me semblaient encore plus gros les yeux fermés - que je sentais le plaisir monter, irrémédiablement. J’imaginais son doux visage penché sur mon bas ventre frissonnant, ses lèvres vermillon à quelques centimètres de mon gland turgescent, au bout duquel devait pointer déjà une goutte de sperme menaçante. Je me sentais prêt à jaillir, et à me laisser nettoyer sans esquisser le moindre geste.
« Même dans mon petit trou, si vous voulez ! Il est encore vierge, vous savez, mais je le dilaterai pour vous, je l’ouvrirai pour que vous me le bouchiez, pour que vous m’enfonciez votre dard jusqu’à la garde. Je suis prête à tout pour vous garder, Christophe, même à vous prêter Lucienne si vous voulez, même à faire la gouine avec elle pour vous exciter, même à perdre les soixante kilos que j’ai en trop mais là, ce que je veux, c’est votre queue au fond de ma chatte !»
J’ai à peine eu le temps d’écarquiller les yeux que je l’ai vue s’empaler sur mon sexe d’un grand coup de rein. La douleur s’est réveillée, aussi fulgurante que la jouissance. L’une et l’autre me terrassèrent en me laissant juste assez de conscience pour réaliser que non seulement Christelle avait les yeux de sa mère, mais qu’elle en avait aussi la voix.

À suivre

11 août 2007

L’enfer

 c2b7a772a64d5ec6585b07b0825765a9.jpg 

En 2006, je fis sur Internet la connaissance d’une jeune femme à laquelle je fixai un rendez-vous dans l’obscurité d’une salle de cinéma sans que nous nous soyons jamais vus auparavant. Il s’agissait pour elle de me deviner à mon seul regard parmi les quelques hommes seuls présents, et de me reconnaître à mon caleçon noir lorsqu’elle s’attaquerait à ma braguette. Mais elle n’était pas au bout de ses surprises…

Ce défi avait fait l’objet d’un récit entre fiction et réalité, publié sur Extravagances et aujourd’hui disponible en pdf après quelques modifications.

08 août 2007

Suggestion érotique

« Viens sur moi ! »
Mathilde portait une jupe à volants qui semblait conçue pour être troussée. Elle glissa ses mains par en dessous et fit glisser son string tout au long de ses jambes fuselées. Moi, j’étais assis, les cuisses très écartées, et j’avais ouvert la braguette de mon jean pour brandir à la verticale ma verge déjà raide. Sa chatte s’y ajusta comme une pièce de Lego. Mathilde me tournait le dos, légèrement penchée en avant, ses mains en appui sur mes genoux. Sous sa jupe, mes mains plaquées sur ses fesses nues marquaient le rythme. Je finis par retrousser sa jupe complètement pour voir les va et vient de son petit cul avec, juste en dessous, ma queue qui s’enfonçait dans l’ombre de sa chatte. Cela devait être aussi un bien joli spectacle par devant. Quelqu’un qui serait passé s’en serait repu. « Parle-moi !» m'ordonna-t-elle.
Mathilde voulait toujours que je lui parle pendant l’amour, peut-être parce que l’ouverture des chairs ouvre l’âme un peu plus, sans rien d’autre que les lèvres pour empêcher tout l’intérieur de se renverser dehors. Peut-être est-ce pour cela que j’avais du mal à les ouvrir, car j’avais beau m’y attendre, j’étais toujours pris au dépourvu et je ne savais jamais quoi répondre, comme quand elle me disait « à quoi tu penses ? » ce qui était plus ou moins la même question. « Que veux-tu que je te dise ? Des mots crus ?
- Oh oui ! Dis moi des mots crus !
- Vraiment ?
- Dis-moi des cochonneries !
- Très cochonnes ?
- Des saloperies ! »

b1ddd18888fdfb620a098341d276fa5a.jpgJe n’avais pas à chercher bien loin, la scène était pour ainsi dire devant moi : « Je te baise à l’arrêt de bus ! Je voulais te baiser dans la forêt juste à côté, mais il pleut…
- Tu me baises comment ?
- Comme une salope !
- Comme ta petite pute ?
- Oui…  Je vois ta chatte coulisser sur ma bite que je sors presque complètement à chaque fois. Si une voiture passait devant nous, ses passagers verraient comment je te baise. D’ailleurs, j’entends un moteur ronronner au loin. En voilà une qui approche. On va te voir !
- Oh non !
- Si ! On va te voir !
- Coquin !
- La voilà qui passe ! Tu as vu comment le conducteur nous a regardés ?
- Il avait un regard libidineux.
- Attend ! Il freine ! Il fait demi-tour !
- Arrête !
- Non, il vient je te dis. J’ai envie qu’il nous voit. Ça ne t’excite pas qu’il nous voit !
- Je ne sais pas.
- Il vient de s’arrêter, de l’autre côté de la route. Il ouvre sa portière pour mieux nous regarder. Et pour nous montrer sa queue aussi. Regarde. Elle est grosse. Il se branle. Ça t’excite ?
- Je ne sais pas… C’est ta queue dans ma chatte qui m’excite. C’est si bon !
- Voilà une autre voiture !
- Ah oui !
- Il s’est arrêté avant d’arriver jusqu’à nous celui-là. Il nous éclaire avec ses phares.
- Ça me fait un peu peur.
- Je suis là, je vais te protéger.
- Hummmm…
- Le premier est sorti de la voiture, il traverse la route, il s’approche. Il est tout prêt maintenant ! Ses yeux sont rivés sur nos sexes emboîtés.
- Oh !
- Regarde sa grosse queue, tu ne veux pas le branler un peu ?
- Non !
- Allez Mathilde, tend ta main vers son sexe devant toi, il n’attend que ça !
- Non ! Je ne veux pas !
- Vas-y ! Sinon j’arrête de te baiser comme une chienne ! »

Mes mains en appuis sur ses fesses maintinrent le corps de Mathilde en avant, et donc mon sexe en retrait, la pointe du gland à l’orée de sa vulve molle dont la sève coulait tout au long de ma hampe déjà luisante de mouille.

Il était temps de faire une mise au point : La paume de ma main droite s’exclama sur sa fesse en suspension.

« Oh non ! Oh non ! » répétait Mathilde tandis que je la maintenais dans sa position d’une main et que je la fessais vigoureusement  de l’autre tant qu’elle n’obéissait pas à mon ordre, tant qu'elle ne branlait pas cet inconnu au regard lubrique. Mathilde éclata en sanglots : « oui… je vais le faire… je vais le faire… ». Je relâchai la pression de ma main sur ses hanches et elle s’enfonça d’un coup sur mon pieu. Je l’enlaçai tendrement. « Pardonne-moi, Mathilde, pardonne-moi ! Ce n’est qu’un jeu, un fantasme, tu le sais !
- Oui je sais, mais tout d’un coup cela m’a semblé si réel que je me suis à nouveau vue à l’arrêt de bus où je m’étais assise sur tes genoux… comme je me frottais contre ta queue raide… avec ces voitures qui passaient … et leur conducteur au regard lubrique quand ils nous regardaient nous embrasser… Ce sont eux que je voyais quand tu me parlais, et ils ne me plaisaient pas !
- Je comprends…
- Et puis après, tu m’aurais demandé de les sucer… Tu aurais voulu qu’ils me jouissent dessus…
- Je ne sais pas, je n’en étais pas là. »


Même si je ne savais pas trop où cette histoire nous aurait menés, même si je n’en étais pas encore là, Mathilde avait sans doute raison. Elle avait aussi pressenti qu’elle devait se protéger face à ce fantasme exprimé avec tant de réalisme, de crainte qu’il finisse par s’y inviter, justement, dans la réalité. Dans l’intimité de la chambre de Mathilde, je la consolais comme je le pouvais, séchant ses larmes du haut avec de tendres baisers, provoquant celles du bas avec de vigoureux coups de rein. Mathilde sanglotait encore un peu, maintenant moins à cause de la vive émotion procurée par mon évocation réaliste, que par dépit de ne pas avoir su jouer le jeu jusqu’au bout. Mais comment pouvait-elle se reprocher, après avoir adhéré au fantasme de faire l’amour à l’extérieur – fantasme qui s’appuyait sur une situation vécue quelques heures auparavant - de ne pas parvenir à prendre subrepticement le recul nécessaire lorsque le rêve s’est malicieusement transformé en cauchemar voyeuriste ? Autant essayer de rêver éveillé. Moi, je n’étais pas du tout déçu. Pourquoi ai-je préféré cent fois qu’elle s’immerge ainsi dans mon fantasme, quitte à refuser le tour qu’il prenait comme on se réveille brutalement, plutôt que de simuler l’acceptation de toutes ses turpitudes ?

On ne mesure pas toujours combien le partage d’un fantasme sexuel participe à sa réalisation charnelle. Le simple fait de mettre des mots sur ses envies, et surtout de les partager, prépare le passage à l’acte. J’en avais plus d’une fois constaté les effets après les séances « d’amour virtuel » sur messenger avec des femmes que je rencontrais par la suite : la conclusion charnelle n’était jamais aussi facile qu’après des galipettes virtuelles partagées. La puissance de ces évocations est telle que de ces jeux sexuels et cérébraux ne me semblent pas innocents. Avec Mathilde, la force des mots nous a frappés de plein fouet, au point que je me demande si cela ne s’est pas rapproché d’un processus hypnotique. Je ne parle pas d’hypnose de cabaret mais d’hypnose Ericksonienne dont le sujet garde un certain contrôle de la situation et la mémoire de la séance. Les psychothérapies systémiques utilisent parfois ces techniques hypnotiques, ce qui modifie durablement l’état mental du patient. Je me demande ainsi si le sacro-saint libre arbitre – celui  là même brandi par les tenants du « tout est permis entre adultes consentants » en guise de morale sexuelle - n’est pas parfois obtenu au prix d’une subtile manipulation mentale ?
Alors, où se trouve la liberté dans tout ça ?

05 août 2007

Les charmes de l'Orient

efbd554e8526ae554fd9a713a706448b.jpg

 

En Mai 2006, après avoir lu quelques-uns uns de mes textes érotiques, une jeune inconnue me contacta directement sur ma messagerie sous le prétexte de discuter de choses et d’autres. Il s’avéra qu’il s’agissait plus de la chose que d’autres chose, et moins des mots que de la chose elle-même…

 

 

Le récit véridique du défi que j’ai alors lancé à cette jeune Libanaise avait fait l’objet de 3 notes publiées ici. J’ai complètement remanié ce texte afin d’aboutir à cette nouvelle érotique au format pdf.

01 août 2007

Pour ou contre le roman feuilleton ?

La farce - romanJ’ai quelque chose à vous avouer, mais quelque chose de si commun que cela frise la vulgarité. Bon, tant pis, je me lance : Voici quelques mois, j’ai commencé la rédaction d’un roman. Le problème est que je suis bloqué depuis presque autant de mois aux alentours de la centième page.
Ce blocage n’est pas dû à un manque d’imagination car l’intrigue est malheureusement toute trouvée : c’est un récit autobiographique, une histoire étonnante que je n’ai encore jamais évoquée ici. Mes récurrentes questions de forme ne sont sans doute pas étrangères à cet échec : comment faire cœxister dans un même récit des lettres et une analyse psychologique dans le genre  descente aux chandelles ? Dois-je coller à la réalité ou prendre quelques libertés avec elle ? Mais en vérité, le plus gros problème demeure le temps disponible pour rédiger ce roman, car force est de constater que depuis la naissance de mon blog, mon roman n’a guère progressé.
J’en suis donc venu à me demander si l’un ne pouvait pas servir l’autre. Si je ne pouvais pas « publier » mon roman sous forme de notes régulières sur mon blog, voire quotidiennes, comme de nombreux romans du 19ème siècle avaient d’abord été publiés dans des journaux sous forme de feuilletons, avant de l’être en librairie. L’immense avantage pour moi serait de me mettre la pression, de me forcer à l’achever sans pour autant sacrifier ce blog et donc le lectorat potentiel de mon roman. L’inconvénient pourrait être de tuer le potentiel de ce roman en offrant son contenu pour ainsi dire à tous les vents.
En plus de cette question de fond, il y a les questions de forme : Quelles sont les contraintes à respecter pour ne pas lasser mon lectorat ? Quelle devrait être la longueur de chaque épisode ? Devrais-je les intercaler entre mes notes « habituelles » ? Devrais-je par exemple en profiter pour augmenter le rythme de mes notes sur Extravagances, et repasser à une note quotidienne, dont une sur deux correspondrait à deux ou trois pages de mon roman, éventuellement au format pdf comme c’est fait sur deux mille kilomètres ?


Je sollicite donc votre avis et vos idées avant d'entreprendre cette expérience. Vos commentaires sont plus que jamais bienvenus !

« Mois précédent | Mois suivant »