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29 avril 2007
Êtes-vous doué de vos mains ? (2)
Voici quelques semaines, une de mes notes était passée inaperçue, ou presque. Sa catégorie inhabituelle, "In Vivo", n'avait pas semblé surprendre mon lectorat distrait, ni même la précision de la date mentionnée: le 25 avril, c'est à dire mercredi dernier. Je ne vous dirai donc pas ce qui s'est passé, je ne vous raconterai pas l'émotion de Gonzague, les yeux bandés entre les mains de deux femmes, concentré sur le désir fugace qu'elles faisaient naître en lui. Mais comme je suis bon prince, je vous révélerai le témoignage d'une d'entre elles:
Enfermées toutes les deux dans le noir, des pas lents s'approchent; Des clefs, lumière d'ouverture de porte; des pas qui tournent; On cherche, on regarde, on trouve...
Nous sortons doucement de notre cachette pour découvrir notre homme assis sagement dans le fauteuil en osier, les yeux bandés. Son cœur résonne sur sa poitrine. Un sourire se dessine lorsque nous commençons doucement par le déchausser. Puis, debout, la danse commence entre nos mains: l'eau, la terre, nos bouches, nos dents, nos langues...
Qu'il est beau les mains perdues dans la terre rouge avec sa chemise déchirée ! J'ai envie de lui. D'elle aussi. Il se passe quelque chose de fort: émotions, tremblements, coups d'ivresse. Qui envoûte qui? Peut importe finalement.
Il a réussi à ne pas nous toucher, à poursuivre jusqu'au bout son défi même s'il fut troublé par deux inconnues qui ne lui voulaient que du bien.
Gonzague devait donc modeler son propre désir, et il a su faire preuve d'une créativité étonnante. Voici son "oeuvre":
Ami lecteur, j'ai l'honneur de vous apprendre que vous avez été promu jury du grand concours international de modelage érotique ! Je vous prie donc de laisser un commentaire à propos de cette oeuvre originale, avec une note comprise entre 0 et 10. Vous prendrez en compte les conditions délicates de sa réalisation, et vous imaginerez ce que cela peut bien représenter...
06:45 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Êtes-vous doué de vos mains ?, gonzague, libertinage, fellation
27 avril 2007
L'insoutenable légèreté de l'être (2)
"D'un côté, il y a les maisons et, derrière les grandes fenêtres du rez-de-chaussée qui ressemblent à des vitrines de magasin, on aperçoit les minuscules chambrettes des putains. Elles sont en sous-vêtements, assises contre la vitre, dans de petits fauteuils agrémentés d'oreillers. Elles ont l'air de gros matous qui s'ennuient. L'autre côté de la rue est occupé par une gigantesque église gothique du XIVe siècle.
Entre le monde des putes et le monde de Dieu, comme un fleuve séparant deux royaumes s'étend une âcre odeur d'urine."
J'étais au beau milieu de "L'insoutenable légèreté de l'être" de Kundera et je n'ai donc pas résisté au plaisir de recopier ce passage du roman pour vous décrire la vieille église calviniste, vierge de toute sculpture, dont je sortais. Comme toute église gothique, elle abritait à l'origine une orgie de décorations fastueuses, dont de nombreuses représentations du Christ, des saints, voire même des ecclésiastiques à la droite de Dieu au jour du jugement dernier - les prêtres avaient su appliquer le vieil adage: on n'est jamais aussi bien servi que par soi même. Le calvinisme, fidèle aux injonctions bibliques interdisant toute représentation divine, avait extirpé tout ce décorum de l'église, de sorte qu'elle n'était plus qu'un bâtiment pour abriter les fidèles qui ne risquaient plus d'adorer des idoles de pierre comme des fétichistes africains animistes. Face à ce monument de morale austère s'alignait la luxure drapée de pourpre lupanar, et mes pas me conduisirent presque malgré moi vers les vitrines obscènes. Des femmes y exhibaient des charmes usés, comme les pieds d'une vierge idolâtrée par de fervents catholiques. Il y en avait de toutes les couleurs, de toutes les tailles, plus ou moins jeunes, plus ou moins blondes, toutes désabusées. Certaines hissaient un rictus sur leurs lèvres alors que je jetais sur elles des regards équivoques. Derrière tous les simagrées commerciaux qu'elles m'adressaient, derrière leur maquillage qui craquelait déjà, je voyais apparaître leurs défauts distinctifs, leurs manies particulières, leur humanité sordide.
- L'unicité du "moi" se cache justement dans ce que l'être humain a d'inimaginable.
C'est ce qu'écrit Kundera, mais moi, je n'avais rien à faire de leur humanité misérable. Je ne voulais pas être désagréanblement surpris. Si je venais à pousser une de ces portes, je savais que leur masque dégoulinerait comme du mascara même si je n'imaginais pas exactement comment viendrait la désillusion. Je n'éprouverais plus alors que du dégoût pour ce qui était censé être des parangons de féminité, et qui n'en était que la mascarade. La féminité, la vraie, était ailleurs. C'est pourtant dans cette rue que je me suis arrêté. Non, c'est dans cette rue que je suis tombé en arrêt comme d'autres tombent amoureux. Derrière la vitrine embuée, elles ne semblaient attendrent que moi. Était-ce leur troublante gémellité, était-ce le reflet des spots de la vitrine sur leur peau tabac, satinée, d'une incroyable finesse, toujours est-il qu'après tant de laideur, elles m'ont immédiatement sauté aux yeux. Alors je me suis arrêté là, scotché à la vitrine, à les contempler sans bouger. Quelle ligne ! Quel affolant amalgame de galbes et de finesse, d'arrêtes émouvantes, de surplombs troublants !
- Depuis, elle sait que la beauté est un monde trahi. On ne peut la rencontrer que lorsque ses persécuteurs l'ont oubliée par erreur quelque part.
Oui, l'héroïne de Kundera avait raison, la beauté avait été oubliée là, et moi avec. Je les imaginais toutes les deux dans un autre contexte, avec des robes de soirée échancrées, des bas de soie délicats, dans l'intimité de ma chambre d'hôtel. Elles étaient si parfaites que tous les autres accessoires ne pourraient que les mettre en valeur. Et cette perfection là, ostensible jusqu'à l'ostentatoire, ne laissait rien au hasard. Je savais qu'elles seraient souples, maniables, malléables même, et que je pourrais en faire ce que bon me semblerait. C'était elles mon idéal féminin, elles deux identiquement parfaites, elles qui me permettaient d'envisager les plus folles combinaisons. Et plus je laissais vagabonder mon imagination, plus je sentais mon désir monter, irrépressible. J'imaginais déjà leur odeur, alors que je les disposerai sur le lit de ma chambre d'hôtel, leur douceur soyeuse sous mes doigts fiévreux, mon érection vibrante déjà. Je leur ouvrirai mon lit, je les glisserai l'une contre l'autre, je les regarderai dans toutes les positions, des plus naturelles aux plus perverses, dos à dos, face à face, sans dessus dessous, le talon de l'une dans la tige de l'autre. Je ne tiendrai pas bien longtemps, je ne résisterai au plaisir de sortir ma queue, ma verge rutilante d'excitation, de faire glisser mon gland sur elles, par-devant, par derrière. Et puis me déshabiller complètement, me rouler avec elles dans les draps parmi les robes et les bas, et finir par les prendre tour à tour, m'immiscer à l'intérieur de chacune d'entre elles, et jouir, jouir, jusqu'à les remplir de foutre toutes les deux. D'habitude, une seule me suffit, mais là, je savais qu'il me faudrait la paire. J'ai poussé la porte de la boutique et je suis entré.
- Et pour monsieur, qu'est-ce que ce sera ?
- Cette paire d'escarpins en vitrine s'il vous plait. En 36, je les préfère étroites.
07:55 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : Livres, fétichisme, Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être, Littérature
25 avril 2007
L'insoutenable légèreté de l'être (1)
Les hommes qui poursuivent une multitude de femmes peuvent aisément se répartir en deux catégories. Les uns cherchent chez toutes les femmes leur propre rêve, leur identité subjective de la femme. Les autres sont mus par le désir de s'emparer de l'infinie diversité du monde féminin objectif.
L'obsession des premiers est une obsession romantique: ce qu'ils cherchent chez les femmes, c'est eux-mêmes, c'est leur idéal, et ils sont toujours et continuellement déçus parce que l'idéal, comme nous le savons, c'est ce qu'il n'est jamais possible de trouver. Comme la déception qui les pousse de femmes en femmes donne à leur inconstance une sorte d'excuse mélodramatique, bien des dames sentimentales trouvent émouvante leur opiniâtre polygamie.
L'autre obsession est une obsession libertine, et les femmes n'y voient rien d'émouvant: du fait que l'homme ne projette pas sur les femmes un idéal subjectif, tout l'intéresse et rien ne peut le décevoir. Et précisément cette inaptitude à la déception a en soi quelque chose de scandaleux. Aux yeux du monde, l'obsession du baiseur libertin est sans rémission (parce qu'elle n'est pas rachetée par la déception).
07:55 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : Livres, Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être, Littérature
23 avril 2007
Déconseillé aux moins de 16 ans
Vous avez sans doute remarqué sur cette page le petit logo "Déconseillé aux moins de 16 ans" en haut à droite, mais sans doute n'avez-vous pas vu le logo de l'ICRA tout en bas de la colonne de droite.
Non, je n'ai pas reçu une lettre recommandée du CSA m'adjoignant d'ajouter ce pictogramme sur mon blog dont l'audience concurrence celle de France Télévision, ces deux petits machins sont le fruit d'une longue réflexion afin d'éviter l'accès de ce blog aux enfants, et je les ai ajoutés de mon plein gré.
Tout a commencé après avoir lâché un commentaire vaseux sur le blog bien propre de hellohlala. Notre ami m'apprend alors que sa nièce de 7 ans lit régulièrement son blog tout public, et que je devrais dorénavant y surveiller mes commentaires. C'est ainsi que j'ai réalisé que les récits de mes turpitudes n'étaient qu'à un click de nos chères têtes blondes !
Je me suis donc tourné vers mon hébergeur BlogSpirit pour leur demander comment ajouter une page de mise en garde, comme c'est le cas ici. La réponse fut sans appel: Tout contenu interdit aux mineurs est interdit sur les blogs publics de BlogSpirit ! Il me faudrait donc opter pour un blog privé accessible exclusivement sur mot de passe. Voilà qui est un peu trop restrictif à mon goût, d'autant plus que mon blog est loin d'être à caractère pornographique !
J'ai donc décidé de faire confiance aux logiciels de contrôle parental qui devraient équiper les ordinateurs accessibles aux mineurs - dont celui de la nièce de hellohlala - afin d'interdire l'accès de mon blog aux enfants. Encore faut-il communiquer à ces logiciels de filtrage le type de contenu de mon blog, afin que chaque logiciel réagisse conformément aux désirs de l'adulte responsable de son paramétrage préalable. La suite de cette note technique s'adresse donc principalement aux auteurs de blogs qui souhaitent restreindre l'accès à leurs épanchements libidineux. Sinon vous pouvez aller directement au dernier paragraphe.
Les logiciels de filtrage fonctionnent sur la base des mots clefs qui caractérisent votre blog. Ces mots clefs (balise keywords) servent à indexer les sites dans les moteurs de recherche, et ils apparaissent dans l'entête de vos pages web. Dans mon cas, la balise HTML correspondante est:
<meta name="keywords" content="libertinage, littérature, sexualité, érotisme, échangisme, adultère">
qui apparaît entre les balises <head> et </head>
Avec BlogSpirit, ces mots clefs peuvent être spécifiés dans le tableau de bord:
En plus de ces mots clefs, j'ai aussi opté pour un étiquetage ICRA. Cela permet de joindre à votre blog une "étiquette" qui le situe sur diverses échelles telles que la violence, la sexualité, etc... afin de signifier sans la moindre ambiguïté le type de contenu de vos pages. Cette étiquette à la forme d'un fichier .rdf - une déclinaison du format xml - qui vous sera envoyé par l'ICRA après avoir répondu à son questionnaire. Vous recevrez ainsi un message avec votre étiquette personnalisée en attachement: labels.rdf
Ce fichier devrait être ajouté au répertoire racine de votre blog, ce qui n'est pas toujours possible. Avec BlogSpirit, j'ai du le mettre dans le répertoire files dont l'URL est http://extravagances.blogspirit.com/files
La référence à ce fichier doit maintenant apparaître dans l'entête de vos pages web. Cette balise est dans le mail envoyé par l'ICRA, mais vous devrez la modifier pour spécifier l'endroit où vous avez mis le fichier labels.rdf. Dans mon cas, la page principale à ainsi la balise suivante:
<link rel="meta" href="http://extravagances.blogspirit.com/files/labels.rdf" mce_href="http://extravagances.blogspirit.com/files/labels.rdf" type="application/rdf+xml" title="ICRA labels" />
<meta http-equiv="pics-Label" content='(pics-1.1 "http://www.icra.org/pics/vocabularyv03/" l gen true for "http://extravagances.blogspirit.com" r (n 1 s 2 v 0 l 1 oa 0 ob 0 oc 0 od 0 oe 0 of 0 og 0 oh 0 c 1) gen true for "http://www.extravagances.blogspirit.com" r (n 1 s 2 v 0 l 1 oa 0 ob 0 oc 0 od 0 oe 0 of 0 og 0 oh 0 c 1))' />
que j'ai ajoutée à l'entête de mes pages entre les balises <head> et </head>
Sur BlogSpirit, il n'est pas aisé de bricoler l'entête des pages du blog. J'ai du le faire manuellement dans l'option Présentation - Configuration avancée en cliquant sur Modifier le template du Modèle de la page d'accueil:
Et voilà ! Il ne vous reste plus qu'à vérifier que vous ne vous êtes pas trompé en entrant l'adresse de votre blog ici.
Si vous le souhaitez, vous pourrez ensuite ajouter à votre blog un logo ICRA, qui devra pointer à l'adresse suivante: http://www.icra.org/_fr/sitelabel/
Vous pouvez par ailleurs opter pour une mention de mise en garde à l'adresse des mineurs, comme je l'ai fait avec le logo "Déconseillé aux moins de 16 ans" conforme à la signalétique du CSA.
Ami lecteur, je vais maintenant solliciter votre aide pour tester tous mes efforts: Si vous disposez d'un logiciel de contrôle parental, je vous prie de l'activer pour voir si vous pouvez ou non accéder à mon blog, selon les paramètres de filtrage que vous aurez spécifiés.
Après ça, j'espère que les enfants ne tomberont pas sur mon blog par hasard !
07:50 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : ICRA
21 avril 2007
Les charmes de l'Orient (3)
Qu'à cela ne tienne, ce n'est pas une punition qui empêche un garnement de faire l'école buissonnière, nous avons sauté dans un taxi et j'ai raccompagné Roxane chez elle. J'ai mis en marche le vibreur dans le taxi, pour ne plus l'arrêter. Roxane ne me lâchait pas des yeux. J'ai posé ma main sur sa cuisse. Je sentais le trouble l'envahir de plus en plus. Lorsque nous sommes sortis du taxi, devant chez elle, j'ai marqué un temps d'arrêt. Le dernier scrupule du bourreau des corps avant la mise à petite mort.
- Je crois que c'est le moment où on propose de prendre un dernier verre, lui dis-je entre embarras et excitation ?
- Oui !
- Tu as envie ?
- Oui !
Nous nous sommes embrassés à pleine bouche. Arrivés chez elle, il s'est avéré que nous avions plus envie l'un de l'autre que d'un verre.
- Tu veux quelque chose de spécial, lui ai-je demandé ?
- Non...
- Attends, tu vas voir !
Je lui ai bandé les yeux au milieu de son salon. Je me suis éloigné pour qu'elle ne puisse pas m'attraper avec ses bras tendus, et j'ai commencé à tourner autour d'elle, comme un loup autour de sa proie. De temps en temps, je m'approchais pour lui voler un baiser, une caresse, faire glisser une bretelle de soutien gorge... J'ai cru qu'elle allait défaillir lorsque j'ai commencé à mordiller les tétons dressés de ses seins ronds, lourds, pulpeux et hypersensibles. J'ai ainsi compris pourquoi elle voulait toucher aux seins d'une autre femme. Comme elle me le confirmerait plus tard, elle voulait voir si, d'instinct, elle saurait ainsi donner du plaisir à une autre, en imaginant à tort que toutes les femmes avaient les seins aussi sensibles que les siens. Je l'ai guidée vers sa banquette où je l'ai installée, à quatre pattes. Au contact de ma langue sur ses fesses, j'ai entendu ses soupirs gutturaux accompagner ses frissons de plaisirs, qui se sont mués en gémissements rauques lorsque mes lèvres ardentes ont dardé sa chatte velue.
Dans bien des contes pour enfants issus des siècles révolus, le chaste baiser de la princesse au crapaud transforme instantanément l'immonde créature en prince charmant, ce qui est sans doute une allégorie qui préparait les jeunes esprits féminins aux épousailles de raison avec des vieillards édentés mais bien dotés. Dans ce conte pour adulte, j'ai eu l'impression que mes vicieux baisers transformaient la princesse en fauve lubrique. Ce n'étaient plus des gémissements, mais des rugissements de plaisir que poussaient Roxane. Pendant que je j'embrasais son clitoris de mes baisers enflammés, deux de mes doigts fouillaient son anus, débusquaient le vibreur au travers des fines chairs qui séparaient le bout de mes doigts de son vagin extatique, et, de l'autre main, je tirais malicieusement sur la cordelette de l'œuf vibrant afin d'en accentuer la pression sur son point G. A ce régime, la jouissance n'a pas tardé à la submerger.
Certaines femmes, même en proie aux plaisirs les plus intenses, gardent une certain maintient, une réserve distinguée qui donne l'impression qu'elles ne se donnent jamais complètement. D'autres, au contraire, s'abandonnent sans la moindre retenue. Comme pour la couleur de la peau, des cheveux ou la conformation des vulves, je n'ai aucune préférence quant à ces comportements. J'apprécie toutes ces variétés chez les femmes, selon les circonstances, un peu comme les styles culinaires, du plus raffiné des cocktails parisiens, à la plus solide des cuisines rustiques. La sensualité de Roxane m'est apparue franchement roborative. Dès qu'elle en a eu l'occasion, Roxane a happé mon dard entre ses lèvres, et elle me l'a aspiré avec une telle conviction que je n'ai pas pu me retenir, et j'ai lâché sans en jouir d'amples giclées de sperme sur ses seins. Nous l'avons l'étalé sur sa généreuse poitrine, avant que je la pénètre furieusement, ses jambes potelées sur mes épaules, pour jouir d'elle à mon tour.
Après quelques minutes d'un tendre repos, je m'apprêtais à m'éclipser quand le fauve Roxane m'a fait comprendre qu'elle ne l'entendait pas de cette oreille. Ses chauds baisers n'ont pas tardé pas à réchauffer mes ardeurs, et c'est en me tenant littéralement par la queue qu'elle m'a reconduit vers la banquette. Roxane avait pris les choses en main au sens propre comme au figuré. Elle m'a allongé sur le dos, mes cuisses bien écartées, et sans me quitter des yeux, elle a fait glisser sa langue de la pointe vermillon de mon glaive jusqu'au pommeau de mes couilles rasées de près. Puis, tout en me branlant furieusement, elle s'est attaquée à mon petit trou et elle l'a soumis à de frénétiques va-et-vient. Je naviguai entre douleur et plaisir. Je lui ai demandé combien de doigts elle m'avait enfoncé. "Un seul, m'a-t-elle répondu, mais à fond! Tu en veux un autre ?" J'ai décliné l'offre. Raide et dur, mais incapable de jouir ainsi, je lui ai proposé de me chevaucher. Elle a accepté avec une moue carnassière. Elle s'est allongée de tout son long sur mon corps dans une position que je ne connaissais pas, face à moi, les jambes à peine écartées, semi fléchies, de sorte qu'elle parvenait à frotter son clitoris sur mon pubis alors que je la pénétrais. Il m'était cependant totalement impossible de bouger, et j'aurais été réduit à une totale passivité si elle ne m'avait pas demandé de lui torturer les seins. "Prends mes tétons dans ta bouche ! Suces-les ! Têtes-les ! Oui ! Tu peux les mordiller ! Les deux en même temps ! Fais-moi mal !" J'ai malmené ses tétons turgescents, sans toutefois les blesser, tout en lui claquant violemment les fesses de la paume de mes mains. Alors, de sa voix grave aux accents chargés d'orient, elle a soufflé entre deux râles: "Ca vient! Ca va être forrrrrt!". La violence de l'orgasme nous a submergés en même temps.
Je n'ai jamais revu Roxane. Nous avons correspondu un moment, de plus en plus rarement, pour finir par nous perdre de vue totalement. Mais il me reste de cette magnifique aventure un goût, celui des charmes de l'Orient.
06:55 Publié dans Défis (suite) | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : les charmes de l'orient, expériences, erotisme, roxane, sex toy, fellation
19 avril 2007
Les charmes de l'Orient (2)
Roxane s'imaginait donc être assise derrière moi alors que Guillaume la promenait sur les Champs-Elysées, insistant bien sur les secteurs pavés pour provoquer les plus agréables sensations à sa passagère. Il l'a fait descendre au 23 rue de Berry, où je l'attendais. Roxane était complètement sidérée de voir la moto repartir. Elle ne s'attendait pas du tout à ce changement de partenaire. Je l'ai entraînée dans le club qui venait d'ouvrir, et où nous étions les premiers clients. Assis devant un cocktail, j'ai découvert la beauté ténébreuse de cette jeune femme que je n'avais pu, jusqu'alors qu'imaginer. Une carnation mate, des yeux sombres, une cascade de cheveux noirs et bouclés qui coulait sur ses épaules, et cet accent rauque indéfinissable déjà perçu dans le message téléphonique qu'elle m'avait laissé quelques jours auparavant pour me confirmer sa présence à mes côtés ce soir là. C'est en discutant du statut de la femme dans les diverses cultures, de Simone de Beauvoir, et des attraits de l'expatriation sur divers continent que j'ai deviné ses origines libanaises. Elle m'a alors regardé avec ses grands yeux surpris, sous les seins des femmes à moitié nues qui se dandinaient sur le podium à quelques centimètres devant nous. Nous étions au Hustler Club, haut lieu parisien du strip-tease à l'américaine.
Roxane appréciait la lascivité du spectacle, dédaignant les blondes et préférant les brunes, par fraternité sans doute, et je lui ai donné l'œuf vibrant que j'avais glissé dans ma poche afin de remplacer ses boules de geisha qui l'avaient déjà bien émoustillée, vibrations de la moto de Guillaume à l'appui. Elle a aussitôt compris que je devais avoir avec moi une télécommande, et quelques minutes plus tard, elle s'est éclipsée en direction des toilettes pour glisser l'œuf en elle. J'en ai profité pour prendre deux billets de lap dance. Lorsqu'elle est revenue, je lui ai demandé ce qui lui plaisait chez les femmes.
- Je me demande si une femme saurait d'instinct ce qui plait à une autre, me dit l'ingénue.
- Tu t'imagines donc plus en position passive qu'active avec une autre femme ?
- Oui.
- Et tu n'es pas spécialement attirée par le fait de goûter au miel d'une autre fille ?
- Non, pas spécialement.
- Tu sais Roxane, toutes les femmes sont différentes, il n'y en pas deux semblables. La conformation des vulves le montre déjà, entre les grosses lèvres charnues, les petites délicates, les clitoris hypertrophiés et ceux bien cachés au fond des chairs roses, il y a déjà une énorme variété. Tout cela influe sur les goûts et une sensualité très variable d'une femme à l'autre, entre celles qui ne supportent pas qu'on leur glisse un doigt et celles auxquelles il en faut au moins trois, les clitoris des unes qu'on doit lécher de la pointe de la langue, et puis ceux de celles qu'on doit aspirer entre les lèvres, ceux dont on doit faire le tour et ceux qu'il faut frotter, par en dessous pour les unes, par-dessus pour les autres... il n'y a pas de recette miracle pour faire jouir une femme Roxane, il faut être à l'écoute de ses sens, attentionné, et trouver le fonctionnement de son plaisir. Je pense que c'est plus une question d'expérience que d'appartenance à un sexe ou à l'autre.
- Alors dans ce cas, une femme ne m'intéresse pas, m'a-t-elle répondu en me dévorant des yeux.
Roxane a tout de même trouvé une grande Italienne à son goût, et j'ai pu lui offrir le lap-dance que j'avais prévu pour elle. Le vibreur a fonctionné à merveille alors que la danseuse se trémoussait sur les genoux de ma Libanaise. Elle ne put toucher avec les mains, mais avec le nez, lorsque l'Italienne fit glisser sa poitrine siliconée sur le visage de Roxane, visiblement émoustillée par la situation à moins que ce soit par les vibrations répétées que je déclenchais au cœur de son intimité. À la fin de la séance, elle m'a confié avoir été séduite par le parfum suave de cette femme, dont la sensualité lui avait ouvert d'autres perspectives.
- Pourquoi m'avais-tu proposé de venir en jupe, en fin de compte, m'a-t-elle demandé ?
- Parce que nous aurions pu aller dans un autre club autrement plus chaud.
- Ah oui ?
- Mais le dress-code impose une jupe.
- Tu crois que c'est incontournable ?
- Essayons, nous verrons bien !
Il me restait un ticket de lap dance et Roxane m'a proposé de choisir à mon tour une danseuse pour moi, pour voir, ce que j'ai expédié entre les bras d'une grande Tchèque sous le regard brillant de la jeune Libanaise. J'avais hâte de passer aux choses sérieuses. Adieux mes résolutions frustrantes, Roxane partait définitivement pour New-York dès le lendemain, et je n'étais pas du tout certain de la revoir. Je l'ai donc conduite au No Comment qui a eu l'amabilité de me remettre sur la voie que j'avais initialement prévue: Refoulés ! Roxane ne portait pas l'uniforme de la parfaite petite libertine...
04:50 Publié dans Défis (suite) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : les charmes de l'orient, expériences, erotisme, sex toy, roxane, guillaume, strip tease
17 avril 2007
Les charmes de l'Orient (1)
Mai 2005. Après avoir lu quelques-uns uns de mes textes érotiques, une inconnue m'avait contacté. Elle me fit part de son désir de toucher les seins d'une autre femme, pour une raison que je comprendrai plus tard, et nous échangeâmes bientôt une correspondance dont vous pouvez imaginer l'érotisme. Je ne savais presque rien d'elle, hormis sa grande taille (1m72), son jeune age (25 ans), le timbre grave de sa voix suave (je lui avais demandé de me laisser un message sur une boite vocale pour m'assurer que j'avais bien affaire à une femme), et son ingénuité en matière de libertinage lorsque je lui écrivis ceci:
"Il était une fois une belle princesse qui ne souhaitait pas rencontrer de prince charmant. Elle s'appelait Roxane, elle était grande, elle était belle, de ces beautés ténébreuses qu'on attribue souvent aux hommes. Sa voix grave, suave, qui faisait pourtant battre bien des cœurs, dressait aussi quelques velléités libidinales qu'elle devinait derrière les braguettes magiques, ce qui la fascinait au plus au point. Peu à peu elle caressa, entre autres douceurs, le souhait d'explorer le vaste monde de la volupté, jusqu'à devenir une fée libertine. Ainsi s'en était-elle acheté les attributs: une baguette magique vibrante dernier cri avec laquelle elle s'ensorcelait elle-même, et des boules de cristal miniatures qui lui promettaient de bien belles excitations, ce en quoi elles n'avaient jamais tort. Mais malgré toute sa bonne volonté, elle se rendit compte qu'elle ne pourrait aller plus loin toute seule. Elle devait rencontrer le magicien qui l'initierait aux arcanes du stupre et de la luxure. Bien des fois, elle crut l'avoir trouvé sous les traits de preux chevaliers, mais ils se révélèrent être des apprentis sorciers de faible envergure dont la magie ne dépassait pas la chambre à coucher.
Un jour, Roxane tomba par hasard sur la prose malicieuse d'un supposé magicien de l'école libertine, et elle prit son courage à deux mains pour lui dévoiler son voluptueux projet. Le moins que l'on puisse dire est qu'il ne sauta pas sur l'occasion de la connaître au sens biblique du terme. Bien au contraire, il éprouva son désir par mille et une circonvolutions, avant de lui donner sa première leçon. Au programme, désir, plaisir, et frustration. C'est ainsi qu'il lui demanda de se rendre au 118 Avenue des Champs Elysées, juste à l'entrée du métro Georges V, à 22 heures exactement, le 11 Mai de l'an de grâce 2006. Il avait bien insisté pour qu'elle arrive exactement à l'heure, ni avant, ni après, au risque de rompre le sortilège qu'il avait préparé. Elle devait porter le pantalon noir seyant qu'elle garde pour ces magiques occasions, des chaussures confortables ni trop fragiles, ainsi que ses boules de cristal au cœur de son intimité. Elle avait beau y avoir plongé son regard avant de les glisser entre ses lèvres humides, elle n'avait pas la moindre idée de ce qui l'attendait au cours de cette soirée.
Enfin, Roxane arriva au lieu de rendez-vous, pile à l'heure. Il faisait beau en ce mois de mai, le soleil primesautier avait laissé place à la lune ensorcelante. Elle balaya du regard la foule des manants en goguettes, et elle reconnut immédiatement le chevalier noir. Il l'attendait, son heaume sur la tête, assis sur son fidèle destrier. Elle s'approcha du chevalier impassible. A travers sa visière baissée, elle crut percevoir un sourire au coin de ses yeux bleus pétillants. Sans dire un mot, il lui tendit un casque. Elle le mit tout aussi silencieusement, et elle s'assit derrière lui sur la selle, comme convenu. C'est ainsi que le chevalier noir emporta la princesse Roxane sur les chemins lumineux et aventureux, jusqu'au palais de la tentation."
Ce 11 Mai 2006 à 22 heures, à la sortie du métro Georges V, Roxane a vu arriver vers elle une moto qui lui a fait un appel de phare comme on fait un clin d'œil. Roxane a reconnu le chevalier noir qu'elle a pris pour moi, et elle est montée derrière Guillaume sans se poser plus de questions. On n'imagine pas les folies dont sont capables les femmes pour assouvir leurs fantasmes. Cette ballade en moto, Guillaume la raconte ici.
À suivre...
07:30 Publié dans Défis | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : les charmes de l'orient, expériences, erotisme, sex toy, roxane, guillaume, libertinage, histoire erotique
15 avril 2007
La cigarette du condamné
Aujourd'hui, ma note est impudique.
Alors elle paraît chez Cali Rise !
09:50 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Littérature, Cali Rise, Impudique, cigarette
13 avril 2007
In Clito Veritas (2)
La courtisane contacta en grand secret cinq de ses intimes. Elle les choisit pour leur rouerie, bien sûr, mais surtout pour leur silhouette proche de la sienne, élancée et gracile. Elle leur apprit le jeu, leur donna le secret de ses parfums et crèmes, pour que toutes fussent enveloppées du même nuage odorant. Toutes s'épilèrent de la même manière. Perfectionniste, la courtisane organisa des soirées où ses amies purent voir sa façon de bouger, d'onduler sur les corps masculins. Amusées, elles copièrent ses mouvements de hanches, ses indéfinissables langueurs, ses abandons et ses reprises. En quelques jours d'essais assidus, la coquine cohorte connaissait tous les vices et artifices de la taquine maîtresse.
La petite courtisane n'avait pas eu une vie facile, luttant de ses seuls charmes pour être partout la première. Très vite, elle avait compris le pouvoir du sexe sur la gent masculine, appris les secrets de la séduction. Elle avait conquis les plus grands, mis à ses pieds les plus riches, au prix de parjures et de trahisons qui ne lui importaient pas. Elle ne connaissait ni l'amour, ni le remords. L'œnologue fut une proie en vogue pour ses compagnes, elle décida donc de l'avoir. Par jeu, par provocation, par fierté.
Elle l'eut donc, avant de comprendre que la réciproque était vraie, pour la première fois. Il refusait de lui donner son nom. Et elle dissimula sous une apparente indifférence ce qui n'était que sa première douleur de femme amoureuse. Elle organisa donc ce jeu, mettant au défi son talent, pour enfin, espérer être à lui sous le prétexte avouable d'un accomplissement social qui soudain lui semblait vain. Sa moue à lui devant sa proposition montra qu'il fut dupe, il la crut vénale, et ce regard glacé manqua la faire tituber de douleur. Ils ne s'étaient jamais avoués leur amour, par fierté, par peur de n'être chéris en retour.
Le cœur du château de Castignac n'est pas la majestueuse salle de réception, ornée des armoiries séculaires, ni les cuisines médiévales, ni les multiples chambres dont les noms évoquent tout l'arc en ciel. Non, le cœur du château, ce sont ses fondations, les antiques caves voûtées, le repère de monsieur l'œnologue, le centre de son monde. Et ce soir, sur l'imposante table en chêne massif qui accueille la dégustation des meilleurs crûs, ce ne sont pas de précieux millésimes qui sont alignés, mais monsieur l'œnologue lui-même qui est enchaîné, allongé, les yeux bandés, attendant patiemment le début de la dégustation.
Enfin, projetée par les torches suspendues, une ombre s'avance, dansante, tremblante, déformée jusqu'à être grotesque, mais néanmoins émouvante, plus précise lorsque celle qui en est la cause se glisse sur la table, écarte les cuisses pour enjamber le visage du dégustateur, silencieusement. Monsieur l'œnologue perçoit la douce chaleur de l'intimité offerte, un parfum artificiel masquant le bouquet intime, ténu, imperceptible au commun des mortels, mais qui se révélera au cours de la dégustation.
Méthodiquement, de la pointe de la langue, son seul organe libre de mouvement, il parcourt le pourtour des lèvres offertes, du périnée au clitoris, pour jauger la forme et la taille de ce calice. Fin, allongé, apparemment étroit, celui ci lui évoque immédiatement une flûte à champagne. A ce subtil contact la belle émoustillée libère tous ses arômes, légèrement fruités bien qu'encore fermés, qu'il hume, alternant les inhalations courtes, puis profondes, en douceur puis insistantes, alliant bientôt la langue au nez pour libérer la divine liqueur, s'apprêtant à la tirer du cœur de l'intimité offerte. Mais c'est elle qui vient à lui, abondante, satinée voire festive, dans un orgasme explosif qui retentit en un rire cristallin. Il s'en délecte. S'impose alors à lui le portrait d'une jeune fille, blonde, fine, exubérante jusqu'à l'effervescence, et qu'il se plait à imaginer champenoise. Assurément, ce n'est pas elle.
Ainsi continue cette étrange dégustation, de filles en femmes, d'extases en ivresses, Sud- Africaine callipyge et charnue, Savoyarde lippue et longue en bouche, Australienne ouverte et souple, Alsacienne fraîche et capiteuse, imperturbable défilé dont monsieur l'œnologue sort excité mais épuisé, au bord de la rupture mais frustré, surtout de ne pas avoir encore reconnu sa belle parmi celles qu'il a dégusté. Il en reste une, ce ne peut être qu'elle.
Au rythme de ses pas élégants et racés, à peine s'est-elle approchée qu'il l'a reconnu. A ses arômes complexes aux notes exotiques d'épices et d'herbes, à peine s'est-elle installée qu'il en est sûr. Il ne la dégustera pas. Non. Il savourera sa volupté sensuelle et décadente, jusqu'à la jouissance, les larmes aux yeux. Il doit maintenant donner son choix puisque l'heure du verdict a sonné...
Elle avait regardé ses compagnes chevaucher son amant, offrir leurs croupes affriolantes, le cœur battant. Au fond d'elle-même, elle souhaitait tellement qu'il la reconnût, qu'elle fût unique à son âme. Elle s'était approchée, tremblante, avait senti ses caresses adorées, eut envie de cesser ce jeu idiot pour le serrer contre son cœur. Mais déjà, il avait fallut partir, écouter le verdict.
"La première" dit-il d'une voix étranglée.
La douleur qui la transperça dépassa la joie d'être enfin l'épouse. Les larmes coulèrent, brûlantes, et toutes ses complices furent bouleversées de son émotion de jeune mariée. L'œnologue, lui, avait quitté la salle.
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J'ai écrit ce texte en 2001 avec Carole. Je ne peux songer à elle sans émotion, pensez-donc, une de mes premières amantes et sans doute ma première liaison. Chacun d'entre-nous avait écrit quelques paragraphes de cette courte nouvelle. Ces paragraphes apparaissent avec une couleur de fond différente selon son auteur. Saurez-vous retrouver qui a écrit quoi ?
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11 avril 2007
In Clito Veritas (1)
Debout dans cette pièce au charme tamisé, les yeux bandés, l'homme se tait. Il se concentre sur la délicate mission qui s'offre à lui. Des trois somptueuses beautés qu'on va lui présenter, trois amours parmi tant d'autres, saura-t-il retrouver pour chacune, son nom ? Saura-t-il se remémorer dans quelles conditions il les a connues ? Comment elles ont, de leur charme insolent ou discret, su conquérir ses sens? Certaines sont encore brûlantes à son esprit, d'autres plus floues, toutes l'ont ému. Et aujourd'hui, aujourd'hui, il va revivre ses passions.
D'une voix neutre, le Juge lui ordonne de s'approcher du premier calice. Timidement, il s'approche d'elle, les lèvres tendues, la narine aux aguets. Il manque défaillir... ce parfum, cette volupté ! Il ne connaît qu'elle. Il est avide maintenant, boit son nectar, se délecte de cette divine liqueur, essence de l'amour... Il sait qui elle est, et il revoit l'ivresse délicieuse de l'instant passé auprès d'elle. Tremblant, il prononce son nom du bout des lèvres, et le Juge ne peut que sourire devant son talent. "Qu'on amène la seconde !"
L'homme, bouleversé encore des effluves de son premier émoi, titube vers la deuxième épreuve. Et là encore, la magie opère. En lui aussitôt, il se remémore la divine robe veloutée de ce soir de juillet, son émotion à peine contenue de toute la soirée, jusqu'à, enfin, tout savoir d'elle, qui elle était, ce qu'elle faisait en ces lieux, tellement médiocres pour elle. Là encore, son nom sort dans un souffle, épris d'amour éperdu. Le Juge jette un regard aux autres membres de ce curieux jury, on y lit de l'admiration. L'homme voudrait rester encore auprès de sa conquête retrouvée, lui crier son bonheur, mais il lui faut déjà découvrir la troisième identité.
Encore une fois, à tâtons, il goûte à même ce temple du plaisir, s'adonne à l'ivresse de la volupté. Et là encore, c'est le déclic. Comment le Jury a-t-il pu réunir les trois grâces qui ont bouleversé sa vie ? L'Homme manque défaillir, s'approche encore de la belle, laisse glisser sur sa langue les saveurs adorées, brûle de la posséder... Il n'en peut plus, la jouissance est trop forte.
"Château Petrus, 1985" murmure enfin l'œnologue, dans un souffle.
Monsieur l'œnologue n'avait pas atteint sa renommée pour son un profil d'oiseau de proie, mais pour les qualités concentrées entre son menton fuyant et son nez crochu, une bouche aux lèvres pleines dessinant en permanence un sourire carnassier. Bien sûr, ce n'était point l'apparence de cette bouche qui était remarquable mais bien ce qu'elle renfermait, un palais exceptionnel capable de disséquer les saveurs les plus subtiles, servie par une langue acerbe toujours prête à empaler ses ennemis au pilori de ses bons mots.
Pourtant, ce que les hommes ignoraient, et que bien des femmes savaient, était le miel que cette bouche savait distiller à la gent féminine, sa promptitude à embrasser et embraser les sens, sa capacité à faire naître le plaisir même dans les cas les plus désespérés. Ainsi, les mauvaises langues de la bourgeoisie provinciale se complaisaient en gorges chaudes, expliquant à mots à peine couverts comment sa langue agile avait su convaincre la veuve de Castignac de le coucher dans son lit et son testament, ce qui lui avait permis de devenir propriétaire d'un des plus beaux châteaux bordelais à la mort de la vieille dame dont, dit-on, le cœur n'aurait pas survécu à la chamade qu'il devait battre chaque nuit.
Monsieur l'œnologue, ainsi veuf, n'avait pourtant pas souhaité unir son cœur à celui d'une des jeunes filles de bonnes familles, dont les mains tendues étaient prêtes à panser sa plaie supposée, et saisir sa fortune nouvelle. Non, il préféra unir son corps à ceux des courtisanes qui voletaient sans répit autour de lui. Et parmi elles, il finit par en préférer une. Non pas qu'elle fût particulièrement belle, mais elle avait ce charme inimitable et cet esprit de libertinage qui lui plaisait tant, lorsque, en sa demeure seigneuriale, il organisait ces mystérieuses fêtes galantes.
Un jour, ou plutôt une nuit, alors qu'il psalmodiait à l'oreille de sa belle une improbable litanie d'amour, elle lui lança un défi. Un défi à sa qualité et son organe le plus remarquable, un défi à l'amour du corps qu'il encensait sans cesse, puisqu'il n'était point question de cœur. Serait-il seulement capable de la reconnaître, elle, avec pour seuls sens ceux qui lui avaient apporté fortune et célébrité, la reconnaître parmi une demi-douzaine d'autres avec sa seule bouche. S'il y parvenait, elle serait son esclave. Sinon elle deviendrait sa femme.
A suivre...
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09 avril 2007
Déclaration de guerre
Attention. Ce texte décrit une scène particulièrement violente et cette note risque de heurter votre sensibilité.
« Tout commence par une déclaration de guerre : Je t’aime – et le reste en découle comme par une loi de chute des anges. Je t’aime. Tu es ce qui éveille en moi le sentiment d’amour, puisque tu peux l’éveiller c’est que tu peux le combler, puisque tu peux le combler c’est que tu dois le combler, tu es le complément en moi du verbe aimer, le complément d’objet direct de moi, j’aime qui, j’aime toi, tu es le complément de tout, le masque d’or du père ou de la mère, l’ombre nourricière penchée sur moi petit, tout petit qui crie sa faim, hurle sa misère, son droit sur terre, son droit souverain sur l’univers et donc sur toi, d’abord sur toi. »
Il lut ces mots d’une main tremblante. Ils n’étaient certes pas d'elle mais de Christian Bobin, un auteur qu’elle avait dû trouver à sa hauteur, lui qui l'impressionnait tant. Alors elle les lui avait recopiés sur un papier quadrillé, d’une calligraphie ronde et incertaine qui en ajoutait encore à l’émotion du texte, et qui faisait que ces mots là, c’était un peu les siens. Après tout, ne les avait-elle pas choisis avec amour - même s’il aurait sans doute préféré une déclaration moins fusionnelle ? Et puis elle lui donnait rendez-vous, une fois de plus, derrière l’église d'un village voisin, le soir même, à neuf heures. Il plia la feuille de papier, la porta à son nez, crut sentir le parfum de la belle malgré l’odeur âcre de l’eau de javel qui baignait l'hôpital. Il glissa ce mot sous sa blouse, entre sa peau noire et le coton blanc, juste là, dans l’espace ténu des désirs illicites. Il imagina que ce soir elle se donnerait à lui. Ils devraient se cacher. Il dut chasser à regret cette idée pour se concentrer sur le prochain patient.
Elle porta une petite robe de fête pour se rendre au rendez-vous, heureuse et la peur au ventre. Elle descendit les rues du village, s’efforçant d’ignorer les rideaux qu’on entrebâillait sur son passage, juste assez pour laisser passer des regards angoissés ou visqueux de haine, abîmes de vies désespérées. Elle redressa pourtant la tête, moins par fierté que pour se concentrer sur l’horizon, sur le soleil couchant qui enflammait sa Provence natale de rouge et de noir. Pour ne penser qu’à lui. Il faisait presque nuit lorsqu’elle arriva au lieu du rendez-vous. Ils n’auraient pas beaucoup de temps.
D’abord, elle ne le trouva pas. Et puis elle entendit du bruit, son nom murmuré, « Marie… Marie… » il s’était caché dans les fourrés. Elle s’y glissa en frissonnant, et il l’accueillit dans ses bras grands ouverts. Dans la pénombre, elle ne distinguait pas ses traits, elle n’entendait que sa voix, chaude et grave, sa voix si mâle et si aimante, sa voix qui l’envoûtait, et qui lui dit :
« Celle qu’on aime, on la voit s’avancer toute nue. Elle est dans une robe claire, semblable à celles qui fleurissaient autrefois le dimanche sous le porche des églises, sur le parquet des bals. Et pourtant elle est nue – comme une étoile au point du jour. À vous voir, une clairière s’ouvrait dans mes yeux. À voir cette robe blanche, toute blanche comme du ciel bleu.
Avec le regard simple, revient la force pure. »
Elle reconnut immédiatement le texte qui était sur la couverture de son livre de chevet, une petite robe de fête. Elle le lui avait prêté, non sans fierté. Pour elle, pour une petite caissière sans avenir, il les avait appris par cœur, lui, le médecin étranger. Il lui rendait un peu de sa culture - sa culture à elle, elle qui n'en avait jamais eue - qu’il embrassait malgré tout, malgré toutes les différences. Elle sentit les larmes couler sur ses joues pales. Il ne pouvait pas les voir, mais il en goutta la saveur salée lorsqu’il posa ses lèvres sur sa peau. Alors elle oublia tout. Elle s’abandonna à la chaleur de ses baisers, à la force de son étreinte, à la brûlure de ce corps chaud qui l’embrasait, elle oublia le danger et même le couvre feu. Comme pour être plus près de lui, elle ferma les yeux, pour mieux rejoindre son âme, l’essence de son odeur vanillée, avant de caresser sa peau nue pour la première fois. Leur peau que tout séparait.
Elle fit courir ses doigts blancs sur les épaules musclées de son amant, et puis sur sa nuque, et dans ses cheveux crépus, guidant son souffle ardent vers une gorge offerte. Son visage ouvrit la robe blanche comme un brise-glace déchire la banquise, dans le fracas des passions libérées et du mot d'amour froissé. Ses mains puissantes étreignirent ses seins alors qu’elle ouvrait les cuisses aux lèvres affamées, pour qu’elles la dévorent. La petite culotte arrachée, il embrassa éperdument la vulve offerte, se rassasia de la liqueur que son calice lui offrait, célébrant ainsi la messe de leur amour interdit. Elle ne parvint plus à étouffer ses râles de plaisir, et elle s’en mord encore les lèvres.
A peine savourait-elle sa jouissance qu’un rire gras la fit sursauter. On lui arracha son aimé. Lorsqu’elle sortit des fourrés, la gifle qui l’accueillit fût si forte qu’elle en tomba par terre. Lorsqu’elle leva les yeux sur son amour, il était écartelé par deux miliciens, alors qu’un troisième s’acharnait sur lui à coups de batte de base ball. Son visage n’était plus qu’une plaie. « Regardez-moi cette putain à négros, elle a même pas de culotte ! » Elle n’entendait pas les insultes, seulement les coups qui pleuvaient sur lui. Ils s’arrêtèrent un instant pour reprendre leur souffle et s’occuper d’elle. Ils la traînèrent aux pieds de son aimé et ils baissèrent son pantalon. « Montre-nous comment tu suces les blackos, salope ! » Ils la forcèrent à le prendre dans sa bouche. Il était presque évanoui. « Alors le bamboula, tu bandes mou ? » Ils éclatèrent de rire et ponctuèrent leur plaisanterie d’un mauvais coup de masse. Elle entendit un craquement sinistre. Elle en hurla. « Pleure pas ma jolie, nous on en a une bien dure ». Elle perdit connaissance lorsqu’ils lui enfoncèrent dans le ventre la batte de base-ball ensanglantée.
Lorsqu’elle revint à elle, elle était toute seule derrière l’église. Elle ramassa ses affaires. Sa petite robe de fête était déchirée, maculée de sang et de haine. Elle savait qu’elle ne le reverrait plus jamais, alors, lorsqu’elle retrouva par terre la feuille de papier quadrillée, elle crut y sentir l'odeur de son amant malgré l’odeur âcre du sang qui la tachait. Elle glissa le papier sur sa peau nue, tout contre son cœur. Certains racontent qu’il y est encore.
Cela s’est passé en Provence, en 2010. Ce ne fut jamais relaté par la presse de l’époque. Il faut dire qu’il y avait trois ans qu'un fascisme inavoué avait subtilisé la démocratie. On était en pleine guerre civile implicitement déclarée. Tout commence par une déclaration de guerre : Je t’aime.
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07 avril 2007
Êtes-vous doué de vos mains ? (1)
"Suis-je doué de mes mains ?". Telle est la question que Gonzague se pose en composant le code de l'entrée de l'immeuble inconnu dans lequel il s'apprête à pénétrer. Il se pose cette question depuis quelques jours déjà. En vérité, il n'a pas été le premier à la poser. Tout a commencé lorsqu'il a reçu un "mystérieux" billet:
Très cher Gonzague,
Je sais que vous vous posez bien des questions sur votre évolution au sein du monde qui nous entoure, et aussi combien vous-êtes capable de vous remettre en question. Je crois que vous êtes un homme qu'on pourrait qualifier de cérébral, et je ne crois pas me tromper en affirmant que pour vous, l'acte de chair est souvent l'aboutissement d'un processus intellectuel, où la séduction se conjugue au plus que parfait et où l'adjectif se révèle déterminant. Mais de vos mains, mon cher Gonzague, êtes-vous aussi habile de vos mains que vous l'êtes à manier le verbe ?
[...]
Gonzague entre dans le hall ombrageux et s'engage dans les escaliers en colimaçon. Six étages à monter à pied, l'ascenseur est en panne.
Dès la réception de ce billet, Gonzague s'était imaginé devoir donner le plaisir suprême à une inconnue, à l'aide de ses seules mains. Il s'y voyait déjà, dans la luxurieuse chambre où l'attendrait l'inconnue, à demi nue étendue sur le lit. Elle est couchée sur le ventre, il ne voit pas son visage, juste sa silhouette qui tranche sur les draps blancs. Elle a une peau noire satinée parée de dentelle corail. Il s'approche, sans dire un mot. Il sait qu'aucun mot ne doit être échangé. Ses pas s'enfoncent dans l'obscurité, au creux de la moquette onctueuse, s'arrêtent à la tête de lit, où il trouve un flacon d'huile. Il jette sa veste sur le fauteuil qui lui tend les accoudoirs, suivie par son pantalon et sa chemise. Il tient à être à son aise. Face à lui, la femme semble assoupie. Il prend la bouteille d'huile de massage et il verse quelques gouttes du liquide ambré dans la paume de ses mains qui coule entre ses doigts, goutte sur ses avants bras, et son parfum suave s'étend dans toute la pièce. Avec une infinie précaution, ses mains se posent sur les douces épaules de l'inconnue aux bras relevés, entre lesquels ses tresses noires étendues recouvrent son visage de mystère. À peine perçoit-il un tressaillement sous ses doigts, un soupçon de frisson. Gonzague laisse glisser ses mains langoureuses sur les omoplates de la belle alanguie, qui abandonnent derrière elles une traînée moirée. Au premier passage, ses doigts sautent la ligne de dentelle rouge qui barre le dos offert à la douceur de ses mains. Au second, ils effacent cette frontière inutile, et ses mains remontent librement tout au long de ses flancs jusqu'à l'orée de ses seins. Inlassables elles parcourent le chemin des pèlerins voluptueux, toujours plus bas, toujours plus suaves. Délicatement, Gonzague écarte les cuisses de la belle épicurienne et il s'agenouille entre elles, verge dressée comme un serviteur zélé au service de sa maîtresse. Devant lui, cambrée, la croupe à peine voilée de pourpre et de corail. Dieu qu'il aurait envie de mordre dans ce cul magnifique, et que ces mains étreignent maintenant sans vergogne. Le massage n'est plus qu'un alibi pour palper ces fesses rondes et fermes où s'enfoncent ses doigts fiévreux. Il les malaxe, il les écarte, il en fait éclore l'œillet froncé après avoir esquivé la dentelle agaçante en un tournemain. Plus bas, la motte onctueuse réclame son dû. Impossible d'imaginer que la belle lascive est toujours assoupie. Cambrée au maximum, son bassin tendu vers Gonzague ne touche plus le matelas, mais ondule sous ses yeux exhorbités au rythme d'un mapuka ralenti. Gonzague écarte définitivement la dentelle trempée. Démasquée la vulve fait la moue. Ses lèvres sombres, luisantes de mouille, s'ouvrent sur un calice violacé, et se rejoignent, plus bas, en un bouton turgescent. Des gouttes de sève y perlent. Il aimerait les laper, mais il cueille cette rosée du bout des doigts avant de la porter à sa bouche. Ça sent la mer et la cannelle, et il aime ça. Alors il insiste d'une main, alors que de l'autre, il plonge au cœur du lagon. Il y enfonce deux doigts prudents qui écartent les muqueuses écarlates. Il creuse la chair parcheminée, toute irriguée d'envies indomptables, il la creuse comme le sable d'une plage battue par les vagues. Elle tangue, houleuse au plaisir, donne de la voix comme le feulement rauque du vent sur les voiles au grand largue, et elle passe le Cap Horn en marée d'équinoxe. Trop facile !
Oui, définitivement trop facile pour Gonzague qui gravit les escaliers de ce petit immeuble parisien jusqu'au sixième étage. Il s'arrête devant une porte close, plus essoufflé par la crainte de l'inconnu que par la pénible ascension. Il ne sonne pas. Inutile. Sous le paillasson l'attend une clef. Il la tourne dans la serrure de la porte qui s'ouvre sur un petit studio sous les toits. Cela ressemble à un atelier d'artiste. Le soleil s'y engouffre par la fenêtre entrebâillée. D'ailleurs, sur une table contre le mur, il y a de la terre glaise fraîche prête à l'emploi. Gonzague rabat la porte en prenant soin de ne pas la refermer conformément aux instructions qu'il découvre avec vous en lisant cette note, ami lecteur. Il retire sa veste pour ne porter que des vêtements peu fragiles, il dépose la clef sur la table, il s'assied dans un fauteuil en osier - le même modèle que celui du célèbre film érotique Emmanuel - avant de se bander les yeux avec le foulard de soie qui l'attendait sur ce siège. Gonzague n'a pas à patienter très longtemps avant que la porte du studio ne s'ouvre. Il entend des pas sur le parquet, et la porte refermée à clef. Combien de personnes sont là ? Il ne saurait le dire. Pas un mot n'est prononcé, pas un murmure n'est soufflé, juste le bruissement d'étoffes froissées qu'il imagine féminines, et surtout des fragrances qu'il cherche à identifier. On s'approche enfin, jusqu'à lui toucher la main. Une main frêle à la peau douce, une main de femme, assurément. On le tire doucement jusqu'à ce qu'il se lève, et on l'invite ainsi à avancer dans la pièce, à tâtons, au point de se retrouver tout contre la table. Derrière lui, une femme vient plaquer son corps dans son dos. Il en a senti la douce, étreinte en aucun cas virile. Malgré l'injonction formelle qui lui est faite de se laisser faire, Gonzague ne peut s'empêcher de lancer ses mains derrière lui dans l'espoir de saisir celle plaquée contre lui. Mais elle lui attrape les poignets au vol, et les guide fermement vers la terre glaise devant lui. Le contact est froid, désagréable de prime abord, et Gonzague ne sait pas comment s'y prendre pour y modeler... son désir !
Comment donc représenter, matérialiser le désir, les yeux bandés de surcroît, se demande Gonzague tout en pétrissant la terre qui se réchauffe peu à peu sous ses doigts ? Il en est encore à cette interrogation lorsqu'il sent quelqu'un, sous la table, toucher son entre-cuisse. Devrait-il modeler des lèvres pulpeuses, se demande-t-il alors qu'on fait glisser la fermeture éclair de son jean, qu'on glisse des doigts - féminins, il en est certain - dans sa braguette, qu'on en extrait sa verge encore molle, mais qui prend rapidement de la vigueur sous l'effet de baisers brûlants ? On ne désire que ce qu'on n'a pas; Désirer ce qu'on a est contre nature. Cette affirmation péremptoire de Beigbeder s'est imposée à lui contre toute attente. Ne devrait-il donc pas sculpter sa propre érection, plutôt que la bouche ardente qui le suce goulûment ? Comment pourrait-il mieux matérialiser son désir qu'en modelant sa propre verge, son phallus dressé, son dard pompé avec tant d'assiduité ? Il ne peut mieux représenter le désir du plaisir que par la puissance masculine, puissance d'autant plus éphémère - et donc désirable - que la fellation est efficace, diablement efficace. "Vite, pas de temps à perdre mon vieux Gonzague, marmonne-t-il pour lui-même, concentre-toi et dresse cette motte de terre en majestueux obélisque, sans oublier une magistrale paire de couilles à sa base, avant que tout cela ne dégonfle comme une baudruche". Oui mais voilà, entre ses cuisses, la gourmande est insatiable. Non contente de posséder la virilité désirée entre ses dents, elle n'hésite pas à faire choir aux pieds de sa victime, son pantalon et son slip pour avoir le plaisir de malaxer ses fesses nues. Pire, pour échapper à l'éjaculation prématurée avant la fin de son oeuvre, voici notre ami Gonzague contraint de reculer au point qu'il se retrouve rapidement penché en avant, les bras tendus vers sa sculpture avec laquelle il doit garder le contact sous peine de risquer de la renverser. Alors revient brusquement à son esprit la seconde partie du billet que son mystérieux correspondant lui avait envoyé...
Le défi que je vous lance pour ce 25 avril va mettre à l'épreuve votre habilité, votre capacité de concentration ainsi que votre sens tactile. Vous en découvrirez les détails dans une note publiée sur mon blog le 7 avril. Ce défi va aussi requérir votre participation passive au niveau de sa préparation. Je vous demande en effet de prévenir vos partenaires de la publication de cette note sur http://extravagances.blogspirit.com, afin qu'elles me contactent directement sur ma messagerie (vagant75@yahoo.fr) dans le but de participer à ce défi. Bien entendu, elles ne vous préviendront pas, et vous ne les presserez pas de questions pour en savoir plus.
À vous lire,
Vagant
Gonzague réalise alors qu'il connaît les femmes qui se jouent de lui. Mais peut-il les reconnaître aux murmures échappés, aux subtiles fragrances, au touché de leurs mains ? Leurs mains, leurs doigts fins aux ongles nacrés, polis ou vernissés, celles qui guident les siennes sur l'argile humide, celles qui flattent ses hanches, palpent ses couilles, malaxent ses fesses, audacieuses d'insinuations.
Malgré les jeux pervers de ses amantes, Gonzague doit se concentrer. Il doit se concentrer sur tout et rien à la fois, sur son désir à contrôler, sur la représentation de ce désir - qui sera soumise à votre jugement dans une prochaine note, ami lecteur - et sur les femmes qui l'entourent afin de les identifier. Y parviendra-t-il ?
A suivre...
08:35 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Êtes-vous doué de vos mains ?, gonzague, libertinage, fellation, massage
05 avril 2007
Les hyènes
C'était un jeudi soir, j'avais donné rendez-vous à Justine dans un restaurant aux alentours du Moon-City avec le projet immédiat de poursuivre agréablement la soirée dans les vapeurs d'un hammam. Le serveur était stressé, nous abrégeâmes le repas léger, et nous nous dirigeâmes vers ce complexe libertin grandiloquent.
Il y avait peu de monde à l'heure où nous arrivâmes, une petite dizaine de personnes tout au plus, essentiellement des hommes seuls et un couple d'apparence peu attractive. Nous optâmes d'abord pour le hammam. A peine y étions-nous entrés qu'une demi-douzaine d'hommes seuls nous y suivit. Notre masseuse et moi ne faisions pourtant qu'évoquer sagement nos connaissances communes, sans le moindre geste équivoque, la meute d'hommes seuls rodaient autour de nous comme des hyènes autour de leur proie fatiguée en attendant qu'elle se couche. Un homme s'est assis face à nous. Dans son cocktail, de faux glaçons lumineux projetaient sur le bas de son visage un halo rougeâtre qui éclairait ses crocs. Il semblait retrousser les babines en émettant un ricanement sinistre à chacune de nos répliques, avide de s'immiscer dans notre conversation avant de s'introduire ailleurs. Nous ne parvenions plus à parler naturellement.
Nous quittâmes cet endroit étouffant pour aller prendre une douche. Enfin seuls. Nous nous savonnâmes mutuellement. Derrière la porte de la douche, les hyènes s'étaient rassemblées, ricanantes. Justine s'agenouilla devant ma verge dressée sous la douche tiède comme un orage tropical. Les hyènes poussaient sans cesse la porte de la douche que je rabattais aussitôt. Je finis par maintenir la porte d'une main pendant que je caressais la nuque de ma fellatrice de l'autre. Nous battîmes en retraite au bar où les hyènes ne nous suivirent pas: Elles n'y avaient aucune chance de se repaître d'une carcasse alanguie.
Il y a quelques jours, j'ai retrouvé Claire sur msn, avec laquelle je n'avais pas eu l'occasion de clavarder depuis des mois. Elle m'a expliqué avoir vécu une situation similaire au Moon-City, et elle m'a affirmé qu'il y a quelques années, les hommes seuls auraient été beaucoup plus respectueux qu'aujourd'hui. Est-ce bien vrai ? Cette ambiance - que je trouve pour ma part détestable - est-elle le seul fait de ces hommes seuls qui rodent en quête de curée, ou est-elle inhérente à une situation de facto déséquilibrée ? Je me souviens qu'un peu plus tard dans la soirée, j'évoquai brièvement ma première virée dans un sauna libertin, en tant qu'homme seul, justement. L'adjectif s'y était révélé déterminant: seul, seul contre tous, contre les couples qu'on dérange par sa simple présence, et les autres hommes seuls concurrents. Alangui au sauna, j'expliquai à Justine combien cette soirée là avait été pour moi déprimante, ce qui fit déguerpir un homme seul installé non loin d'elle. Je me suis mis un instant à la place de cet homme échoué là dans l'espoir de tirer un peu de plaisir d'une rencontre éphémère, d'y soigner un mal de vivre ou de noyer un chagrin d'amour dans la luxure.
Quel était le dénominateur commun entre cet homme là, et nous qui n'étions venus que pour un moment de détente et de plaisir à deux. Qui n'était pas à sa place ? Le comportement des hyènes était-il illégitime, ou bien était-ce notre présence dans cette jungle résolument mixte ? Y-a-t'il de la place pour les touristes au royaume des bêtes sauvages ?
07:30 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Expériences, sauna, justine, Moon City, libertinage, Littérature
03 avril 2007
Décalage et recadrage
Une de mes dernières notes ayant entraîné un beau débat entre Sapheere, Madeleine et Madame B à propos du décalage entre la liaison épistolaire et sa concrétisation charnelle - sujet qui avait d'ailleurs été l'objet d'une excellente note de Madeleine sur NOLDA - je vais à mon tour l'aborder à la lumière de mon expérience personnelle. Même si l'expérience est une lanterne que l'on porte dans le dos et qui ne sert qu'à éclairer le chemin parcouru, selon Lao Tseu, la sagesse consiste parfois à relever la tête du guidon pour regarder où l'on va sans oublier d'où l'on vient, tout en relativisant sa propre perception afin d'éviter toute généralisation abusive et sclérosante.
Il y a quelques années, j'avais rencontré Fabienne sur un forum de discussion. D'un abord très sympathique, le clavier facile et l'écriture agréable, j'avais échangé avec elle pendant quelques semaines avec un plaisir réciproque, à propos des sujets les plus communs jusqu'aux dialogues légèrement érotiques sur MSN. Fabienne était un peu plus âgée que moi, plutôt jolie sur sa web cam, et surtout pourvue d'un sourire désarmant. Elle avait beau se dire quelconque, je l'assurais de l'inverse, et j'avais poussé la galanterie jusqu'à l'inviter à passer deux jours avec moi à Londres, ce qu'elle avait volontiers accepté. Je lui avais ainsi organisé tout son voyage: j'avais pris bien entendu l'hôtel en charge et pour des raisons pratiques, je lui avais aussi avancé son billet d'avion qu'elle tenait à me rembourser.
Je n'en étais pas à ma première expérience de la sorte. J'avais déjà rencontré des femmes sans les avoir jamais vues, et même si le visage inattendu surprenait à la lumière des confidences érotiques, je n'avais jamais été vraiment déçu. Sans doute avais-je eu de la chance, mais la rencontre physique se concluait positivement lorsque le charme virtuel avait atteint son paroxysme, et que le charnel s'imposait pour espérer aller plus loin. De confidences en confidences, la confiance s'instaurait au point que la rencontre réelle puisse avoir lieu dans le même mouvement fantasmagorique, sans rupture, sans avoir à recommencer la séduction sur de nouvelles bases. Je m'étais d'ailleurs vite lassé du plan resthotel qui ne faisait plus rêver la plupart des femmes avides d'émotions fortes, au point que j'envisageais sans complexe la réalisation de quelques fantasmes dès la première rencontre. Le cadre relationnel restait ainsi extravagant, dissocié de la morne réalité, et le passage à l'acte sexuel s'inscrivait dans un scénario aux frontières du réel.
Je n'avais pas été aussi loin avec Fabienne, et notre première rencontre n'était pas scénarisée. Je l'ai simplement retrouvée au pied de l'hôtel où nous nous étions donnés rendez-vous, et comme vous pouvez vous en douter, j'ai été plutôt déçu. Disons que certains détails physiques n'avaient pas été fidèlement transmis par sa web cam qui ne s'était jamais aventurée plus bas que ses épaules. Toujours est-il que je n'allais pas lui faire l'affront de la plaquer à Londres après tous les kilomètres qu'elle venait de parcourir pour me rencontrer, et j'ai fait contre mauvaise fortune bon cœur. Après avoir déposé ses bagages dans la chambre d'hôtel, j'ai joué au charmant guide touristique une bonne partie de la journée en me demandant comment esquiver l'inéluctable rapprochement charnel.
Fabienne eut mal aux pieds en fin d'après midi, elle me demanda de retourner à l'hôtel, et je vis arriver avec une certaine appréhension le moment tant attendu. Dans la chambre, la climatisation était en panne et la chaleur étouffante. Fabienne se retrouva rapidement en sous-vêtements. Comme le chante Cabrel, elle avait dû faire toutes les guerres, toutes les batailles de la vie, sauf que moi, je ne me sentais pas vraiment en état de lui faire l'amour aussi. C'est alors que Fabienne eut un coup de génie. Elle étala sur le lit une liasse de billets pour me rembourser son vol. Cela me donna l'impression d'être un gigolo, et me fit bander illico ! D'un simple geste, Fabienne se payait un scénario, elle m'offrait un autre point de vue: un cadre fantasmagorique dans lequel exprimer ma libido. Ne vous méprenez pas, ami lecteur, je ne lui ai pas fait l'amour comme on fait l'aumône, j'ai été grâce à ce geste un amant plus que convenable, et je crois lui avoir offert un séjour bien agréable. Nous nous sommes séparés bons amis avant de nous perdre de vue.
En réalisant ainsi le fantasme de l'escort-boy (probablement comme Coralie réaliserait plus tard celui du légionnaire sous mes assauts forcenés), je dois avouer rétrospectivement m'être un peu forcé, et je me promettais de ne plus jamais me fourvoyer ainsi, promesse que je ne tins d'ailleurs pas. Toujours est-il que cette histoire illustre la vertu du cadre dans les rencontres libertines, cadre qui encadre favorablement le passage du virtuel au réel, sans trop en rompre le charme avec une rencontre précipitée. Poursuivre l'illusion plutôt que se confronter trop rapidement aux contingences réalistes, rester dans le rêve jusqu'aux confins de la chair. Et cela peut durer longtemps, plusieurs mois comme me l'a démontré ma liaison avec Sarah qui mériterait à elle seule tout un roman. Bien entendu, tout dépend des attentes de chacun, mais pour moi qui n'attend que du rêve éveillé, qui ne recherche que le bonheur fugace du plaisir, cela me convient assez bien. Quant au réveil, il ressemble parfois aux matinées douillettes dans l'espace des bras aimés.
08:10 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : Expériences, fabienne, décalage, recadrage, vénalité