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31 mai 2007

Quand je faisais du X (2)

B*** fût satisfait de ma première histoire malgré son second degré humoristique, et il me proposa de me les payer quelques euros chacune, par chèque bancaire lorsque j’atteindrai le solde de 50 euros. Cela ne m’arrangeait pas trop. D’une part parce que je serais obligé de lui révéler ma véritable identité et d’autre part j’ai beau avoir de l’imagination, je ne voyais pas comment expliquer à mon épouse l’encaissement de chèques bancaires sur notre compte commun. Il m’envoya en même temps une nouvelle série de photos où deux femmes s’enfilaient des godes. J’ai rapidement torché une petite histoire intitulée « La démonstration » - qui fût publiée sous le titre grotesque de « Une démonstration godesque » - dont voici une version avec quelques coquilles en moins et la concordance des temps en plus :

Cela faisait une heure que je cherchais en vain un bon plan de razzia, lorsque je suis tombé par hasard sur un de mes vieux carnets d'adresse. Je l'ai ouvert machinalement, j'ai égrené quelques prénoms oubliés avant de tomber sur celui que je cherchais inconsciemment. Mina ! Ce nom a aussitôt exhumé quelques vieux souvenirs, si doux que j'en ai eu la larme à l'œil et l’érection violente. Mina ! Il fallait absolument que je la contacte pour avoir de ses nouvelles après... après... si longtemps !

Par une chance inouïe, elle répondait toujours à son ancien numéro : « Allô, Mina ? C'est chris, le photographe, tu sais celui qui t'avait pris en stop sur la côte il y a euh... quelques années.
- Je ne me souviens pas...
- Moi je reconnais ta voix Mina, et ton délicieux accent slave. Tu travailles toujours dans le prêt à porter ?
- Ah non, moi ça serait plutôt le prêt à enfiler. Ecoutez, vous avez une voix sympathique, alors je vous propose de me rafraîchir la mémoire. Venez avec votre appareil photo, je présente ma nouvelle collection à une très bonne cliente, vos photos seront les bienvenues. »

Et me voici lancé sur mon scooter, espérant arriver à temps pour pouvoir voler quelques photos d'essayage, bien que je n'avais jamais entendu parler de « prêt à enfiler » Enfin, Mina était si imaginative qu'elle pouvait bien avoir inventé une nouvelle mode probablement aussi déshabillée que la jeune fille de mes souvenirs, du moins l'espérais-je. J’ai donc monté quatre à quatre les escaliers qui m’ont mené jusqu'à chez elle et j’ai frappé haletant à sa porte. Elle s'est ouverte toute seule, alors j’ai pénétré dans un appartement aux allures orientales, et j’ai entendu des gloussements provenant de la chambre à coucher.

« Entre Chris, Entre ! Et prépare ton matériel, je viens de commencer la démonstration ». J’ai du saisir le chambranle de la porte pour ne pas vaciller sous l'effet de la surprise. Mina, entièrement nue, caressait sa cliente avec lubricité tout en lui enfilant un gode en caoutchouc et aluminium dans la chatte. C'est en voyant tous les godemichés, vibromasseurs, boules de geisha et autres gadgets que j’ai compri le sens de "prêt à enfiler". Mina n'avait pas changé. Rousse, le visage allongé, un nez un peu long, elle avait toujours une ligne impeccable et cette lueur taquine dans les yeux. Quant à la cliente, jolie petite blonde aux yeux bleus, elle ne cachait pas son émerveillement face aux gadgets de Mina qui en faisait l'article : « Voyez-vous Mlle Lesly, vous permettez que je vous appelle Lesly ?
- Ouiiiiiiiiii allez-y....
- Ce vibromasseur glisse très bien dans votre intimité, on dirait qu'il a été fait pour vous.
- Aaaaaaaaah en effet
- Ni trop étroit, ni trop large, on peut l'enfoncer à fond pour un maximum de sensations vaginales
- Ooooooooh je le sens ouiiiiii, mais est-ce qu'il prend bien le clitoooooo...
- Oui, car le gland en aluminium vibre sur la verge en caoutchouc, voyez-vous...
- Arrrrrgh comme ça c'est si bon...
- Mais pour obtenir un effet maximum, je vous conseille d'en prendre deux, un devant, un derrière. Laissez vous faire.
- Oh ! Allez-y doucement, dans l'anus, je n'ai pas l'habitude. Hummmmmm...
- Alors qu'en pensez-vous, cela vous plait il ?
- Oooaaaoooaoaoaoao... »

J'ai eu bien du mal à déballer mon appareil face à ce spectacle délirant. Jamais je n'avais imaginé pareil essayage, et cela dépassait de très loin mes espérances. Mon minolta a crépité sur la blonde en plein orgasme qui se faisait bourrer par tous les trous, avant que Mina retire les godemichés de ses orifices dilatés. Elle a ajouté, en me faisant un clin d'œil : « Et vous avez remarqué, chère mademoiselle, la fine texture de ces phallus encore plus vrais que nature ». Mlle Lesly m'a alors adressé un sourire carnassier. « Je ne demande qu’à voir », a-t-elle répondu. À vrai dire, je ne demandais pas mieux non plus.

C'est avec le plus grand plaisir que j'ai payé de ma personne ces 23 photos, où Mina et Lesly font une démonstration qui ne vous laissera pas de bois.

B*** en fût moyennement satisfait, ce qui ne l’empêcha pas de m’envoyer deux nouvelles séries de clichés. À la différence des gentillettes photos pornographiques précédentes, ces dernières photos me posèrent un cas de conscience : Non pas qu’elles étaient particulièrement osées, mais elles semblaient manifestement volées. Cela cadrait certes bien avec le thème de site voyeur, mais je n’eu pas envie de participer à  ce qui pouvait être une basse vengeance envers des jeunes femmes véritablement innocentes. Ainsi, décidai-je d’arrêter là ma brève collaboration avec paparazzix.

medium_Venus_Erotica.jpgDepuis quelques jours, j’ai commencé la lecture de Vénus Erotica d’Anaïs Nin. Le contexte dans lequel ont été écrites ces nouvelles est en fin de compte assez voisin de celui de ma collaboration avec paparazzix : rémunérée 1 dollar la page d’érotisme par un mystérieux collectionneur, elle dût se concentrer sur l’aspect sexuel de ses nouvelles et y gommer toute poésie afin de satisfaire les désirs pornographiques du collectionneur, ce qui lui avait causé une certaine frustration. Mais lorsqu’elle s’est replongée dans ces textes quelques années plus tard, elle y retrouva son style - pour ainsi dire son âme - entre les lignes de "lubricité" imposée, et elle décida de les publier. De la même manière, Ysé a perçu l’humour et le second degré dont je n’avais pu me départir en écrivant ces deux pauvres récits. N’est pas John Flaherty Cox qui veut !

29 mai 2007

Quand je faisais du X (1)

Mai 2002. J’ouvris ma messagerie et y lu un message étonnant :

Bonjour,

Je suis B***, manager de la société D*** SARL, qui gère notamment le site Paparazzix.com.
Je vous contacte personnellement car j'ai vu que vous aviez publié sur un ou plusieurs sites, des histoires érotiques extrêmement bien écrites.

Paparazzix.com est un site qui a besoin d'histoires érotiques très petites, environ entre 30 et 60 lignes sous Word, pour vous donner un exemple.
Le but serait de vous donner une liste d'images, et de créer une histoire dessus.

Nous sommes prêt à vous rémunérer, de la façon dont vous le souhaitez (rémunération monétaire, accès à des sites privés, autre ?).

Si vous êtes intéressé ou souhaitez avoir plus d'informations, n'hésitez pas à me contacter pour en parler […]

Cordialement,
B***
www.paparazzix.com

Plutôt sensible à l’éloge, je répondis que j’étais prêt à faire un essai, et B*** m’envoya aussitôt une série de clichés improbables : un quadragénaire bedonnant glissait son sexe dans le trou d’une cloison de fortune, devant laquelle des femmes se succédaient pour lui lécher la verge. Pathétique. C’est cette véritable épreuve « littéraire » qui me donna l’idée d’un scénario que j’intitulai l’examen oral, mais que mon éditeur changea en  l’épreuve buccale :

medium_paprazzix.jpgLorsque Sébastien m'a proposé de le remplacer chez Paparazzix, je me suis dit qu'il suffirait de prendre quelques seins nus sur une plage et l'affaire serait faite. C'est en regardant les photos du site que j'ai compris l'ampleur de la tâche qui m’incombait pendant que Sébastien se ferait dorer la pilule à Ibiza, avant de revenir avec les photos de toutes ses conquêtes bien sûr.

Toujours est-il que j'avais la difficile mission de trouver de quoi épater mon nouveau chef, et ce ne serait pas facile. Sébastien ne m'avait pourtant  pas proposé le job pour rien, il savait que j'avais mes entrées dans le milieu échangiste, où il y a toujours de bons coups à faire dans tous les sens du terme. Et parmi les bons coups, un des meilleurs était sans aucun doute Jacqueline.

Quand je l'ai appelée, je tombais plutôt mal. Elle était en pleine scène de ménage avec Jean-Paul, son mari, parce qu'il prenait davantage son pied avec les autres qu'avec elle, parce qu'il ne la reconnaissait pas dans la mêlée tous feux éteints, parce qu'il n'était même pas capable de reconnaître ses caresses à elle, la légitime. Quant à Jean-paul, un brave bougre rudement bien monté, il jurait ses grands dieux du contraire, qu'il la reconnaîtrait les yeux fermés dans n'importe quelle partouze. C'est alors que j'eus une inspiration que j'aurais qualifié de divine dans un autre contexte : Une ordalie sexuelle pour départager les deux époux. En clair, Jean-Paul devrait glisser son gros mandrin au travers d'une cloison à trou, et se le faire sucer en aveugle par plusieurs femmes successivement, dont la sienne qu'il devrait désigner par un bon jet de sperme.

Le rendez-vous fût aussitôt pris afin d'immortaliser cette expérience, pour preuve indiscutable de la mauvaise foi de Jacqueline ou de la muflerie de Jean-Paul. Dès que je suis arrivé chez eux, j'ai vu que Jacqueline n'avait pas fait les choses à moitié. Non seulement elle aurait fait bander un eunuque avec sa jupe écossaise sexy et son chemisier blanc, mais elle n'avait pas non plus invité sa concierge moustachue ni sa voisine édentée pour opérer sur le membre de Jean-Paul. Au contraire, elle avait sélectionné deux filles superbes, aux lèvres charnues, aux gorges profondes et qui étaient déjà en tenue de combat.

A peine avais-je eu le temps de déballer mon matériel que Jacqueline a commencé à entreprendre son mari caché derrière la cloison à trou. Elle l'a magistralement pompé et a su redresser son étendard en un tourne main, avant de laisser la place à Marianne - une jolie brune frisée avec pour toute tenue un porte jarretelle noir - et dont je voyais les petits seins nus tressauter à chaque va et vient de ses lèvres sur la verge de Jean-Paul. Ce fût ensuite le tour de Sylvie une jeune fille blonde, bien pulpeuse comme je les aime, à peine vêtue d'une nuisette blanche, qui a littéralement avalé le phallus turgescent. Quel suspens de voir ces trois filles lubriques engouffrer tour à tour la queue de Jean-Paul qui gémissait tous les prénoms de la terre derrière sa cloison, se demandant bien quelle langue agile était celle de sa femme.

Ce que Jean-Paul ne pouvait pas voir, c'est que ces trois gourmandes assoiffées de sperme n'auraient su se contenter d'un seul sucre d'orge, aussi gros fût-il. Je m'en suis rendu compte dès les premiers clichés, quand  Jacqueline tourna vers moi son regard lubrique qui visait un autre objectif que celui de mon minolta. À la faveur des gémissements de Jean-paul sous l'emprise des lèvres de Marianne, Jacqueline se glissa derrière moi et, d'une main experte, elle déballa mon gros zoom dont elle sût aussitôt se servir, faisant glisser la bague entre ses doigts agiles, n'hésitant pas à payer de sa personne pour en  lubrifier tous les recoins. Elle fût d'ailleurs rejointe par Marianne qui décida elle aussi de goûter à mon organe pendant que Sylvie engloutissait à son tour la bite de Jean-Paul avec un plaisir non dissimulé. Et pensez donc au mien qui devait  prendre toutes ces photos, avec deux diablesses déchaînées entre mes cuisses. Mais on est paparazzi ou on ne l'est pas !

Je vous laisse découvrir laquelle de ces trois gourgandines a eu droit à la magistrale giclée de foutre de Jean-Paul, et par laquelle un des deux époux triompha de cette terrible épreuve. Une chose est sûre, le vainqueur a tenu à vous dévoiler sa victoire avec ces 33 clichés bien juteux !

À suivre

27 mai 2007

Angoisses balnéaires d’un quadragénaire

medium_plage.jpg


Je suis arrivé au bout du chemin. Devant moi, des chairs rougeâtres, luisantes, des corps dénudés, alanguis, qui s’étendent à perte de vue. Après plus rien. Si, une énorme étendue d’eau. J’ai posé le pied sur le sable brûlant qui ne me laisse que quelques secondes pour trouver où étendre ma serviette. A côté de cette bande de banlieusards qui rigolent assis en rond ? Derrière ce couple de petits vieux réfugiés sous un parasol hors d’âge ? J’opte pour une position plus tactique à côté d’une allemande qui rissole, les ray bans dirigées vers un magazine style Voici en version teutonique.

J’ai horreur du soleil. Ça me fait rougir comme une écrevisse. Alors je garde mon tee-shirt,  même si ça masque les vestiges de mon corps d’athlète. Mais si, j’ai de beaux restes ! Je pourrais entretenir une bouée à la Kro alors que je n’ai qu’une calvitie naissante habilement masquée par une casquette I Love NY dont la visière empêche mon pif de ressembler à une bite rougeâtre et tuméfiée. A propos, je me couche sur le ventre c’est plus sûr, avant de laisser aller mon regard sur les seins bruns et galbés qui reposent à portée de main…

« Vous voulez que je vous mette de la crème ?» Je me rends compte du ridicule de ma question devant son regard interdit. Bien sûr, elle ne parle pas un mot de français, ni moi un mot d’allemand alors vaille que vaille, j’empoigne un des tubes dont sa serviette est cernée, j’en extrait une généreuse noix de crème bien onctueuse, je la recueille au bout de mes doigts fins et délicats, et je l’étale sur sa peau nue. Son sourire béat est la meilleure des invitations et je passe de ses épaules à sa poitrine, progressant géométriquement vers la pointe de ses seins comme si je dessinais une coquille d’escargot. Et ça lui plait ! Je le vois à ses tétons qui se dressent au fur et à mesure, à son visage qui ne rougit pas qu’à cause du soleil, à son regard brillant qui m’éblouit même derrière ses lunettes solaires…

La femme a soulevé ses ray bans pour me fusiller d’un regard impitoyable. J’ai eu beau rester sagement sur ma serviette à la distance réglementaire, le voile qui a dû passer devant mes yeux aura trahi la nature de ma rêverie, ce que mon sexe ne démentirait pas. Heureusement que je suis sur le ventre. Je songe un instant à amadouer le gorille à tête rouge qui vient de se redresser à ses côtés, le rictus menaçant, mais je me souviens à temps qu’il pourrait mal interpréter la vue de mes dents, et je préfère contempler le mégot de cigarette qui émerge du sable, juste sous mon nez, dans une position de parfaite soumission comme je l’ai vu à la télé dans nos amies les bêtes.

Une partie de mon champ visuel m’étant désormais rigoureusement interdit, je décide de tourner la tête de l’autre côté, vers la mer et ses reflets ultra violets qui agressent aussitôt mon visage à grands coups de photons cancérigènes. Je regarde les promeneurs en ombres chinoises. Surtout les filles. Immanquablement mon esprit est assailli par une chanson, J’aime regarder les filles de Patrick Coutin, véritable ode à la frustration sexuelle qui a bercé mon adolescence.

 

podcast

J’aime regarder les filles qui marchent sur la plage
Quand elles se déshabillent et font semblant d’être sages
J’AIIIIIIIIMEEEEEEE
J’aime leur poitrine gonflée par le désir de vivre
Leurs yeux qui se demandent : mais quel est ce garçon ?
J’AIIIIIIIIMEEEEEEE

D’ailleurs il y en a une qui me plaît beaucoup. Je me demande si elle est majeure. Ses petits seins haut perchés, caressés par une cascade de cheveux bouclés qui coule sur ses épaules, s’écoule entre ses frêles omoplates, ses reins couleur tabac, ses fesses rondes et pleines et ses bras qui enlacent le cou du surfeur, sa planche sous le bras, les cheveux en bataille et les dents blanches. Ce soir, en boîte, j’irai la draguer. Assise au bar, elle regardera avec condescendance son petit ami faire le mariol, décidément trop jeune pour elle. Moi, sûr du charme de mes tempes grisonnantes et de mes churchs toutes neuves, j’irai m’asseoir à côté d’elle et je lui proposerai un Malibu. Elle acceptera en minaudant avant de m’avouer qu’elle déteste le surf, qu’elle a besoin d’un homme qui peut lui apprendre les choses de la vie, d’un homme mûr alors que ce petit con la délaisse, et qu’il a besoin d’une bonne leçon. Alors ils partiront à l’hôtel et moi je les suivrai. Arrivés dans la chambre elle le déshabillera avant de l’attacher sur le lit et de m’ouvrir la porte. Il gueulera comme un putois quand elle le fouettera, flagellant son gros vit long et large qui crachera toute sa rage pendant que j’enculerai la fille, et je les regarde s’éloigner tous les deux, enlacés, amoureux, tout au bout de la plage.

Il était temps que je me réveille, je ne peux vraiment plus bouger sans risquer d’être interpellé pour outrage aux bonnes mœurs. Il ne me reste plus qu’à regarder droit devant moi, en espérant tomber sur un spectacle qui ne m’échauffera pas les sens, et en voyant les deux petits vieux toujours planqués sous leur parasol je me dit que je mes vœux ont été comblés au delà de mes espérances. Ils écrivent une carte postale. Ils le font à deux vu l’ardeur de la tâche, ils le font à deux comme tout le reste d’ailleurs, à deux comme les deux pieds d’un boiteux qui avance cahin-caha. La vieille a oublié ses lunettes, éternel prétexte pour masquer ses fautes d’orthographe, et elle dicte la lettre à son mari, en hurlant parce qu’il a oublié sa prothèse audio, éternel prétexte pour avoir un peu la paix. Alors toute la plage en profite :

« MON PETIT PIERRE, NOUS AVONS UN TEMPS MAGNIFIQUE À PALAVAS LES FLOTS. IL FAIT MÊME UN PEU CHAUD. QUEL DOMMAGE QUE TU NE SOIS PAS VENU ! TU MANQUES BEAUCOUP À TA VIEILLE MAMAN ET TON VIEUX PAPA… »

Le vieux sue à grosses gouttes parce qu’il est obligé d’écrire de plus en plus petit. Je l’entends maugréer d’ici. S’il avait oublié ses lunettes, il s’en serait tiré avec un « il fait beau grosses bises », mais là, il va devoir tout écrire, et il sent bien que ce n’est pas fini.

« …NOUS PENSONS BEAUCOUP À TOI EN VOYANT LES PETITS ENFANTS À QUATRE PATTES SUR LE SABLE. DIRE QU’IL N’Y A PAS SI LONGTEMPS TU SAUTAIS SUR MES GENOUX. À PEINE 35 ANS, DÉJÀ… »

Le vieux a arrêté d’écrire. Il fait semblant. De toutes façons elle ne pourra pas relire. Juste une petite tromperie sans importance. Je me demande depuis combien d’années ils ont arrêté de baiser. Et je sens une petite main se poser sur moi : « Papa ! Papa ! Fais-moi un château ! »

25 mai 2007

La vendeuse

medium_galeries.jpgJ’ai rencontré Irène il y a une semaine. Elle vendait des maillots de bain pour hommes aux galeries Lafayette, entre les serviettes de plage et les lunettes de soleil. Je ne sais pas trop pourquoi je suis entré dans ce magasin d’ailleurs, car j’avais tout ce qu’il me fallait, même du temps à tuer. Je ne l’ai pas vue arriver derrière moi. « Je peux vous aider Monsieur ? » me proposa-t-elle d’une voix douce et chaude. « Heu... non, merci, je regardais simplement », dis-je en levant les yeux vers elle, un sourire de circonstance agrafé sur mon visage, sourire qui se transfigura en une expression béate : son physique qui s’accordait parfaitement à sa voix sensuelle me fit aussitôt regretter d’avoir refusé son aide. « N’hésitez pas à faire appel à moi si vous avez besoin de quelque chose », ajouta-t-elle avec une moue ingénue.

Est-ce le trouble de mon regard qui lui avait fait ajouter cette formule commerciale, ou bien son sourire était-il trop candide pour être honnête ? Comme d’habitude, j’étais en train de m’embourber dans mes questions masculines existentielles, les yeux rivés sur son postérieur qui tanguait au rythme de sa démarche chaloupée, mais qui s’éloignait inexorablement vers tous ces hommes qui brandissent leurs chiffons par-dessus les cabines d’essayage, sous prétexte d’avoir une autre taille ou un autre modèle. « Mademoiselle ! Mademoiselle ! » L’interpellai-je sur un ton déjà pitoyable. Elle fit aussitôt volte-face pour revenir vers moi, le port altier, le regard plongé dans mes yeux éblouis, tel un model de chez Channel qui fixe l’objectif du photographe, avant de se planter devant moi, la pointe de ses seins au point de tutoyer ma poitrine : « Vous voulez essayer un maillot ? » Me demanda-t-elle d’une voix à la fois rauque et suave. « Heu, oui, celui-ci… » répondis-je en prenant le premier qui me tombait sous la main, mon regard perdu dans le décolleté plongeant qui s’ouvrait sous mes yeux comme un abîme de luxure. J’eu à peine le temps de lire son prénom sur son badge, « Irène », que la sculpturale vendeuse se retournait déjà en m’ordonnant « Suivez-moi ! » tout en me lançant par-dessus son épaule un regard alléchant comme une fausse promesse électorale.

J’avais beau savoir que je n’avais rien à espérer de cet essayage, je la suivis quand même, hypnotisé par sa croupe émouvante qui se dandinait sous mes yeux, mu par l’envie de la caresser tel un tantale lubrique assoiffé de désirs charnels.  Mais elle écarta le rideau de la cabine, autel de mes fantasmes sacrifiés, où je n’avais plus qu’à prier pour son prompt retour : elle était déjà partie vers d’autres tentures de velours, derrière lesquelles grondaient des clients impatients. Il ne me resta donc plus qu’à me déshabiller et enfiler le maillot choisi au hasard, par-dessus mon slip hygiène oblige. Horreur ! J’étais tombé sur un string rouge dont la ficelle avait un effet du plus ridicule entre mes fesses, surtout sur mon slip vert. J’en étais à me demander comment me dépêtrer de cette situation grotesque lorsque Irène écarta le rideau pour me demander si tout allait bien. J’étais cramoisi, plus de honte qu’à retenir ma respiration pour garder la poitrine bombée. D’autant plus que je n’avais pas retiré mes chaussettes. Néanmoins, il ne me sembla percevoir pour tout jugement qu’une lueur amusée dans son regard : « Ce string est fait pour vous, me mentit-elle effrontément, vous allez le prendre n’est-ce pas ?
- Moui… c’est que…
- Dans ce cas, je vous conseille de l’essayer normalement, sans votre slip vert, je reviens tout de suite, j’aimerais vraiment vous voir le porter… »

J’avoue que je n’étais pas mécontent de la tournure que prenaient les évènements. Certes, j’en serais quitte pour acheter un string que je n’oserais plus jamais remettre, mais pour le plaisir de faire le beau devant une jolie demoiselle… En quelques secondes j’étais fin prêt. La ficelle me gênait un peu entre les fesses, mais au moins il semblait être à ma taille. Je pris soin de retirer mes chaussettes.

J’attendais donc Irène, lorsque mon attention fut attirée par de légers gémissements provenant de la cabine à droite de la mienne, qui semblait bien abriter deux personnes. Soudain, un petit rire cristallin que je reconnu immédiatement : ma vendeuse ! Je commençais à trouver mon string un peu juste lorsqu’elle écarta les rideaux et surgit dans ma cabine. « Voilà qui est beaucoup mieux, dit-elle avec une moue coquine. Laissez-moi l’ajuster comme il faut, ajouta-t-elle en s’agenouillant sans façon devant moi. » Ses ongles carmins frôlèrent la peau de mon ventre, ajustèrent délicatement les élastiques sur mes hanches, poursuivirent leur course sur mes fesses, s’engagèrent dans leur sillon, prêts à suivre la couture de nylon au plus profond de mon intimité, mais s’arrêtèrent aux extrêmes limites de la décence. Je sentis son souffle sur mon nombril, sur mon sexe qui déformait outrageusement le string que je sentais désormais bien trop juste. Mais je ne le regardais pas, ni le visage d’Irène à quelques centimètres de ma bosse outrageuse : j’avais fermé les yeux depuis un moment, comme dans l’attente d’une délivrance. « Vous êtes très émotif, me dit-elle en faisant semblant d’ajuster au millimètre près mon string devenu microscopique. Je vous conseille un autre modèle, plus enveloppant, je vais vous le chercher !
- Mais… c’est que… vous êtes sûre ?
- Ne vous inquiétez pas, je vais vous aider à l’enfiler » conclu-t-elle avec une œillade provocante.

Irène referma le rideau pendant que mon sexe surgit du string comme la flèche d’un arc. Je retirai ce bout de nylon inutile, tournant le dos à l’ouverture au cas où Irène ferait une nouvelle entrée intempestive, et je me concentrais pour faire retomber mon excitation en entonnant un mantra yogi « Ahuuuuuuuuum…. »
Schliiiiiik fit le rideau derrière moi et Irène déboula à nouveau dans la cabine, un maillot bermuda bleu de grande marque à la main. Je me retournais vers elle, mes mains croisée sur mon bas ventre comme un footballeur face au coup franc, protégeant mon érection opiniâtre de son regard qui avait pourtant du en voir bien d’autres. « Mais… mademoiselle… ce maillot est hors de prix ! M’exclamai-je devant l’étiquette.
- Vous le valez bien », rétorqua-t-elle avec aplomb.

Elle se pencha en avant, la bouche en cœur, ouvrant largement ce maillot comme la gueule d’un loup, et je m’y jetai avec le soulagement d’y abriter ma fausse pudeur. En vain. Car Irène n’hésita pas à plonger la main dans mon maillot pour me faire une démonstration de ses exclusives poches et coutures spécialement conçues pour cacher les manifestations intempestives du désir masculin ! Ses doigts me palpèrent sans vergogne, glissèrent tout au long de ma verge, se jouèrent de mes testicules, revinrent exciter mon gland turgescent sans entamer le calme olympien avec lequel elle me décrivait les savantes fonctionnalités de ce maillot : « Voyez-vous cher Monsieur, cette petite poche anti-tâche à été spécialement conçue pour les éjaculateurs précoces.
- Hummmmmm… je vois…
- Mais visiblement cette fonctionnalité est pour vous inutile, ajouta-t-elle à deux doigts d’avoir tort.
- MADEMOISELLE !!!! Hurla l’homme dans la cabine de gauche, venez vous occuper de moiiiii !
- Vous prenez ce maillot n’est-ce pas ? me dit-elle hâtivement. D’ailleurs, on peut dire que vous avez de la chance aujourd’hui, les galeries Lafayette offrent trois maillots pour le prix de deux, et vous allez voir celui que je vous prépare, vous ne serez pas déçu, ajouta-t-elle précipitamment sans me donner le temps de répondre, avec pour ultime argument sa main toujours dans mon slip.
- Groumph… inarticulai-je.
- Parfait ! Je reviens tout de suite…

Voilà comment je me suis retrouvé au bord de l’explosion dans la poche anti-tâche, pris au piège dans une cabine des galeries Lafayette, soumis au bond vouloir d’une vendeuse perverse qui tenait au creux de sa main une demi-douzaine de mâles en rut. Je voulais me révolter mais je ne le pouvais pas, pris au piège par mon propre désir. Je ne pus qu’ôter mon slip de bain et le faire tournoyer comme un lasso au bout de mon doigt au dessus de la porte de la cabine, en scandant frénétiquement son prénom : IRENE !

23 mai 2007

I got to see you again



C’est cette note d’Ysé qui m’y a fait penser, alors j’ai fouillé dans les cartons pour retrouver le vieux CD. Lorsque je l’ai glissé dans mon PC, les souvenirs ont afflué comme une bouffée de chaleur.

podcast

Novembre 2003. J’avais proposé à Jeanne de tourner un film porno. Quelque chose d’intime et minimaliste, par et pour nous deux, avec ma web cam pour tout matériel de prise de vue. Jeanne m’avait semblé excitée par cette idée, et j’avais même imaginé un petit scénario éculé, celui de l’entretien d’embauche bidon où la pauvre candidate est contrainte de se masturber avec une carotte. Rien ne s’est passé comme prévu. Jeanne est arrivée très en retard à l’hôtel. Elle avait fait plus de 400 kilomètres en voiture pour me retrouver à Paris. Elle a pris un bain pour se détendre. Ensuite, elle est venue s’allonger sur le lit, nue. C’est là que j’ai commencé à filmer. Ma web cam à la main, je me suis approché d’elle.

Jeanne est étendue sur le ventre, hilare de se voir en même temps sur l’écran de mon PC. On entend ma voix.

- On va faire le tour, lui dis-je, on va faire le tour du propriétaire !
- Oh non ! Quelle horreur !
- Si ! si ! Hum…

L’image glisse tout au long de son dos pour terminer sa course sur ses fesses rondes.

- Je ne me suis jamais vue sous cet angle là, s’étonne-t-elle.
- Alors je vais bien te prendre sous cet angle inavouable !
- Mais ce n’est pas inavouable !
- L’angle est inavouable. Non ?
- Non, ce n’est pas inavouable. Tu en vois autant sur les peintures. Tu prends un Boucher, elles ne sont pas plus habillées que moi en ce moment. Bon, je suis moins ronde…
- Et voilà !
- Tu as fais le tour du propriétaire ? me demande Jeanne en se tournant vers moi.

Sa voix se fait moins ironique, plus enjôleuse. Son sein gauche apparaît à l’image.

- Ah non, je n’avais pas complètement terminé, dis-je.
- Et bien tant qu’à faire…

Jeanne s’étend sur le flanc droit, les bras levés au dessus de sa tête. Travelling arrière.

- On va prendre une vue panoramique ! Magnifique !
- Je ne sais pas, je ne vois pas.
- On regardera tout à l’heure, ça va être rigolo. Ça va trembler ! Ça va bouger !
- Et tu vas le garder ? demande Jeanne en éclatant de rire alors qu’elle reprend sa position initiale.

Plan de coupe en noir et blanc en guise de réponse: une photo du visage de Jeanne, les yeux clos et la bouche ouverte. On entend un accord de piano. Oui Jeanne, je l’ai gardé.

- Non, ça m’est égal, tu peux faire ce que tu veux, me dit-elle sur une octave alanguie.
- C’est vrai ?
- Hummmm…

Plan fixe, plein champ sur le visage de Jeanne de trois-quarts. Elle ferme les yeux, et gémit de plaisir. Elle reprend son souffle un instant, regarde derrière elle, et j’apparais à l’image, mon buste chevauchant le sien. Je l’embrasse. Seules les ondulations de mon corps (dont seule la partie supérieure est visible) et nos visages extatiques suggèrent ma pénétration. Personne ne voit ma verge coulisser dans ses chairs mouillées. Reprise du même plan de coupe en noir et blanc, avec fondu enchaîné sur l’image vivante, en couleur : son visage aux traits tirés, aux yeux fermés, avec un de ses doigts sur sa bouche entrouverte. Elle soupire. Elle gémit. Défigurée par la jouissance, elle hurle maintenant face à la caméra. Le son est complètement saturé, insoutenable. Au vu de cette seule séquence, on pourrait croire qu’elle accouche. Personne ne peut savoir que je lui mets une main dans la chatte alors que de l’autre je filme son visage dévasté. Sans le son, avec certaines images et un peu d’imagination, on pourrait croire qu’elle chante. En se donnant à fond. Alors je n’ai gardé que ces plans là, j’ai coupé ses cris au montage que j’ai remplacés par la voix de Norah Jones dans I got to see you again. En guise de film porno, on ne peut guère trouver plus pudique. Ce qui devait être montré est resté caché.

Je ne sais pas si je reverrai Jeanne un jour. Il me reste ces souvenirs là, et ceux que j’ai gravés au fond de ma mémoire. Lorsque nous nous sommes réveillés le lendemain matin, je l’ai prise debout, contre la fenêtre entrouverte de la chambre d’hôtel. Nous n’étions qu’au premier étage avec une vue imprenable sur la place de la République. On gémissait de plaisir en regardant les parisiens pressés, leur nez rivé au sol. Il aurait suffit qu’un d’entre eux lève la tête, pour voir. Ce qui devait rester caché a été montré, mais personne n’a rien vu non plus.

21 mai 2007

Dura lex, sed lex (2) - Par Ysé

(Episode précédent | Premier épisode

Au bout du téléphone, après avoir patienté 5 bonnes minutes en musique, la secrétaire m'a mise en relation avec le bureau des admissions. C'est que vous savez on est surbooké, m'a-t-on confié avant de me passer un médecin. Celui-ci m'a posée des questions très poussées sur ma santé et sur ma sexualité.

-Votre profil nous intéresse. Rendez-vous lundi 30 mars à 14 h. Prenez l'aile B du laboratoire, escalier 5. Si je peux me permettre ce conseil : tâchez de vous abstenir pendant quelques temps et dormez bien, c'est très important.

J'ai griffonné sur un papier toutes les informations.


medium_Ruth.jpgLundi, nous nous présentons Paul et moi. En franchissant la porte de l'établissement nous ne sommes pas très fiers. Et ce n'est pas le sourire entendu de la secrétaire, qui nous demande de patienter dans la salle d'attente, qui peut nous rassurer. Nous nous asseyons entre deux couples, qui n'en mènent pas large eux non plus. La petite blonde serre la main de son copain et m'adresse un discret sourire un peu inquiet. De l'autre côté, se trouve un couple d'âge mûr qui semble ravi d'être là. La dame tout en rondeurs et en sourires engage la conversation :

- Vous venez pour les essais intensifs vous aussi?
- Euh, oui.

Etonnée par ma réponse laconique elle surenchérit:


- Vous savez ici c'est bon enfant. Roger et moi on a déjà été sélectionnés pour les premiers essais et vous savez...
- Mademoiselle Bertier ? Bonjour mademoiselle, Docteur Ruth. L'homme à la blouse blanche et au sourire un peu narquois nous demande de le suivre.

medium_luc.jpgNous passons dans son bureau où il étudie notre dossier. Il nous explique le principe : essayer divers échantillons le tout étant chronométré. Evidemment, l'on devait être conscient des risques, un préservatif peut casser. Paul et moi le savons, mais nous savons aussi que nous n'avons pas à nous inquiéter si ça arrivait. Tout ce que nous ferons sera consigné dans notre dossier que nous devrons signer à l'issu des tests. La porte s'ouvre. Voici Luc, nous dit-il. Ce jeune homme allait nous suivre toute la journée, nous fournir le matériel nécessaire et remplir le cahier. Luc nous entraîne dans le dédale du laboratoire. Nous pénétrons dans une salle blanche, impeccable qui sentait l'hopital et je n'aime pas ça. Au fond de la pièce je distingue un lit encadré par deux sofas, des chaises, une table. Mais mon attention est retenue par des magazines porno, bien en vus sur la table...

Sophie

A suivre...

Ysé, reconnue !

19 mai 2007

Les femmes préfèrent les gros


Que ce soit pour du blogcrossage ou du cross blogging, aujourd’hui je choisis Volubilis !

17 mai 2007

La première gorgée…

A la FnacIl faut commencer par La première gorgée de bière. Dans son fameux recueil de nouvelles où il exalte les plaisirs minuscules, Philippe Delerm poursuit: « C’est la seule qui compte. Les autres, de plus en plus longues, de plus en plus anodines, ne donnent qu’un empâtement tiédasse, une abondance gâcheuse. La dernière, peut-être, retrouve avec la désillusion de finir un semblant de pouvoir… ». Cette phrase caractérise bien l’œuvre de Delerm placée sous le signe de la parcimonie. Chez lui, le bonheur se cache dans les infimes détails du quotidien qu’il glorifie d’une poésie prosaïque. Delerm encense l’humilité jusqu’à l’ostentatoire. De son regard contemplatif sur son microcosme, Delerm n’évoque pas les trépidances qui secouent le monde en dehors de la sphère de son jardin provincial, mais éclaire le quotidien avec la tendresse bienveillante d’une mamie sirupeuse.

Avec la banana-split au comble de ses excès, inutile de dire que qu’il ne faut pas chercher des délires sexuels chez Delerm. À peine évoquée dans le bonheur avec une petite fable sur les souris anglaises, il faut bien ma perversité pour deviner du sexe entre les lignes de ce recueil : « Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s’ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes – une incision de l’ongle de l’index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer […] C’est facile d’écosser les petits pois. »

Avec La première gorgée de sperme, Fellacia Dessert joue le contre-pied. Sous ce pseudonyme facétieux, un écrivain célèbre à la plume acérée à écrit un hilarant pastiche dont on appréciera pleinement la malice en alternant sa lecture avec le recueil de Delerm. La succession des titres croisés est éloquente :

- Le paquet de gâteau du dimanche matin
- Les gâteries du dimanche matin
- Aider à écosser les petits pois
- Aider à exaucer ses petites ouailles
- Apprendre une nouvelle en voiture
- En prendre une nouvelle en voiture
- L’odeur des pommes
- L’odeur des hommes
- On pourrait presque manger dehors
- Pour un peu, on baiserait sur la terrasse
etc…

Un meilleur exemple valant mieux qu’un long discours, voici un extrait d’un texte de Delerm intitulé « Le croissant du trottoir »:

« On s’est réveillé le premier. Avec une prudence de guetteur indien on s’est habillé, faufilé de pièces en pièce. On a ouvert et refermé la porte d’entrée avec une méticulosité d’horloger. Voilà. On est dehors, dans le bleu du matin ourlé de rose : un mariage de mauvais goût s’il n’y avait pas le froid pour tout purifier. […] Il faut ce qu’il faut de buée sur la vitre quand on s’approche, et l’enjouement de ce bonjour que la boulangère réserve aux seuls premiers clients – complicité de l’aube.[…] On le sent bien : La marche du retour ne sera pas la même. Le trottoir est moins libre, un peu embourgeoisé par cette baguette coincée sous un coude, par ce paquet de croissants tenu de l’autre main. Mais on prend un croissant dans le sac. La pâte est tiède, presque molle. Cette petite gourmandise dans le froid, tout en marchant : c’est comme si le matin d’hiver se faisait croissant de l’intérieur, comme si l’on devenait soi-même four, maison, refuge. On avance plus doucement, tout imprégné de blond pour traverser le bleu, le gris, le rose qui s’éteint. Le jour commence, et le meilleur est déjà pris. »

Avec Fellacia Dessert, cela devient « le travelo du trottoir » :

« On a attendu que l’autre s’endorme. En silence on s’est alors levé, on s’est rhabillé, on a traversé l’appartement et on est descendu, sans claquer la porte. Ce ne sera pas long.
Dehors, on est cueilli par le froid, mais on a le sang si chaud qu’on le sent à peine. Pourvu qu’elle soit là. On marche jusqu’au bout du trottoir, le cœur battant, la main dans la poche serrée sur les billets.
Elle est là, juste derrière le mur. En guêpière, bas, talons vertigineux. Plus belle que n’importe quelle vraie femme. Plus belle que celle qui dort, là-haut. Les billets changent de main, les corps s’enfoncent sous la porte cochère. La nuit commence à peine, et le meilleur reste à prendre.
»

Mais sous l’apparente plaisanterie se cache l’affrontement de deux visions du monde résumé par les deux dernières phrases de ces extraits, aussi symétriques qu’opposées. Delerm, c’est l’adulte mélancolique, le regret de l’enfance : le meilleur est déjà pris. Il ne reste donc plus qu’à poursuivre mollement sa vie adulte au risque de ne pas l’investir pleinement. Pour le jouisseur au ça bouillonnant, gorgé d’énergie libidinale, excessif par nature, le meilleur reste à prendre, à investir, à conquérir. On ne s’y trompe pas lorsque Fellacia Dessert crache son venin dans « La première gorgée de sperme », véritable pamphlet hédoniste qui oppose ses excès au pusillanime Delerm :

A la Fnac...« Un faire-part de décès leur tiendrait lieu de carte de visite. En deuil des jours anciens, de ce qui aurait pu être et même de ce qui sera, en deuil d’eux-mêmes et de leur propre vie, ils poussent en pleurnichant leurs chants aussi exaltants que ceux des messes du dimanche matin.
Ah, vieille et douce France, tout embaumée dans ses plaisirs de retraités ! France des petites joies sans joie, de la délectation morose et du repli sur soi ! Fière France craintive ! Continuons à t’exalter, France routinière, nostalgique, passéiste ! Encore un peu, et tes adeptes des plaisirs minuscules te laisseront glisser vers l’ordre des bons vieux temps, vieux et increvables règnes des pleutres et des conformistes ! Temps du renoncement, et donc de toutes les compromissions ! Continuons à t’exalter, France immobile, débile, ringarde, impuissante, vieille, hypocrite, dégueulasse ! Qui cache sa bêtise crasse et son aigreur sous une modestie de petite-bourgeoise toute boursouflée de vanités !
»

Je ne sais pas ce que vous en pensez, ami lecteur, mais pour moi, ça sent le règlement de comptes !

15 mai 2007

Faites vos vœux (2)

le club...Vagant m'avait laissé le choix. Le choix du lieu, des protagonistes, et des armes.

Autrement chez soi, c'est là que ça allait se passer. Je dis ça, parce que ni lui ni moi ne savions ce qui allait arriver. Il faut toujours ménager une part à l'imprévu et l'imprévu ce jour-là aurait pu prendre les traits d'un couple séduisant, d'un défilé de lingerie, d'une exhibition érotique... A moins que ce ne soit Vagant qui reste stoïque.

Ne pas s'interdire le meilleur, ne pas occulter le pire, sachant que la soirée pourrait osciller entre le tout et le rien.

Contrairement à mes craintes, l'entrée ne nous fut pas interdite sous le prétexte d'une « soirée privée », rejetant nos envies et nos pas sur le pavé. L'accueil était chaleureux. Il faut dire que ce nous étions peu nombreux. Vagant et moi avons eu d'ailleurs le privilège de déambuler dans toutes les salles du restaurant coquin, tels les châtelains d'un manoir abandonné.

Faisons ensemble le tour du propriétaire, voulez-vous?

La salle du restaurant cosy, à l'étage supérieur un bar et une barre de lap-dance, plus haut encore des banquettes en attente de futurs occupants, et enfin une salle de bain.

Si vous m'avez suivi comme le fit Vagant. Alors sans doute avez remarqué mes bas résille et ma démarche chaloupée. Je n'y suis pour rien, ce sont les talons qui... Et comme Vagant, auriez-vous posé vos mains sur mes fesses?

Désormais, le ton était donné.

Pendant le dîner, nos pieds se rencontrèrent, nos mains s'évanouissaient sous la table et quelques baisers furent pris, d'autres donnés.

A côté de nous, un vieux couple, pas mari et femme, mais amant et maîtresse. Le monsieur parle de son chez lui, la dame au collier de perles, de son urticaire. Quelques bribes de leur conversation nous parviennent : « Sarkozy », « Ségolène », « firefox »... Mais Vagant et moi n'écoutions pas. Nous, nous en étions aux confidences, aux mots murmurés du bout des lèvres, aux caresses verbales, celles que je tirais d'un livre érotique et celles qui s'adaptaient à la situation.

Après avoir goûté mutuellement nos desserts, geste qui augurait comme un heureux préliminaire, nous décidâmes de prendre notre café à l'étage.

Vagant eut droit à une séance de lap-dance en règle. Bien choisie, la musique vibrait au son de tangos lancinants. Ça ne semblait pas déplaire à mon partenaire, à en juger par son sourire carnassier et par ses yeux brillants. Mais je préférais quitter la barre pour vérifier ses dispositions réelles à mon égard. En frottant mes fesses contre son sexe, je sentis qu'il bandait dur. Et entre nous, c'était cette barre-là que je voulais caresser. Il ne manquait plus que je relève ma jupe sur mon string effilé pour que le fauve sorte de sa cage. Vagant ne me laissa plus de répit. C'étaient ses mains qui pétrissaient ma croupe comme un sauvage, sa bouche qui parcouraient ma nuque tandis que moi je jouais à enlever mon corsage. Les miroirs nous renvoyaient le tourbillon du désir qui nous envahissait.

Pantelants, nous fîmes ensemble quelques pas de danse, si l'on peut appeler danse le mime d'une levrette. Tel un bateau ivre, nos envies prenaient le large, celui de la dérive. Plaquée contre la barre de lap-dance, les jambes autour de la taille de mon cavalier, je sentais que nous en étions arrivés au point de non retour. Quand les corps s'expriment, le langage se résume à des râles.

Dans un coin câlin qui n'attendait plus que nous, Vagant me lécha, en usant et abusant de toutes les pirouettes que sa langue pouvait dessiner. Après m'être remise de mes émotions, je tendis la main et trouva des menottes, tentation avec laquelle nous avons joué. Cela dit, mon bon génie ne perdait rien pour attendre. Et il s'en aperçut quand mes lèvres se refermèrent sur son gland. Très vite, nous avions compris à quel point nous étions de l'un et l'autre gourmands.

En 69, chacun pouvait sucer ce dont il était si friand.

Tout se passait à merveille, mais il y avait un mais. Un petit bout de ficelle qui dépassait de mes lèvres, celles du bas. Un problème n'en est jamais un pour peu que l'on soit avec un savant.

-Si nous le contournions? me dit Vagant.

Soit. Ce fut donc par derrière que j'accueillis son mandrin brûlant. Nul ne pouvait soupçonner ce qui se passait. Pas même les hommes que j'aperçus dans l'entrebaillement de la porte, qui croisèrent mon regard, mais n'entrèrent pas. Les jambes posées sur les épaules de Vagant, je me laissais aller doucement. C'était doux, c'était fort, et cela dura longtemps. Nous n'avions pas encore joui quand deux couples nous rejoignirent. Je sentis de regards se poser sur nous, mais je n'étais plus tout à fait là. Nos silencieux compagnons s'installèrent sur les banquettes à côté de nous. Des bruits de baisers faisaient échos aux nôtres. Mais en dehors de cela, le silence régnait. Seuls Vagant et moi, l'interrompions de nos gémissements.

Plus ouverte que jamais, je sentais Vagant aller et venir en moi. Ses mouvements se firent plus amples quand soudain, il posa ses deux mains sur mes épaules. Rien ne pouvait l'arrêter, c'était le galop final, la course à la jouissance.

Nous nous rhabillâmes lentement. Notre couchette étant la plus éloignée de la porte d'entrée, nous ne pouvions que passer devant ces corps enlacés. Une femme administrait une fellation à son silencieux partenaire tandis qu'une petite brune en guépière blanche chevauchait le sien. Les vieux amants quant à eux, regardaient la scène.

- Nous sommes partis comme des écoliers qui font l'école buissonnière.
- Tu voulais voir si les vieux amants allaient faire l'amour?

Vagant m'assura que non et me gratifia d'un baiser avant que nos chemins, qui nous avaient conduit dans ce lieu nocturne et luxurieux, se séparent sur une nuit, à mille autres plus belle.

Theodelinde

13 mai 2007

J’abandonne !

J’ai longtemps résisté, j’ai combattu de toutes mes forces contre l’inéluctable, mais aujourd’hui, j’abandonne. J’abandonne mon utopie d’insaisissable liberté. Aujourd’hui, je rentre sagement dans le rang, et j’accepte pleinement la chaîne que j’avais si longtemps refusée.

Oui, je sais, j’ai toujours été prompt à citer Alexandre Dumas à propos du mariage : « la chaîne du mariage est si lourde qu’il faut être deux pour la porter. Parfois trois. » Et pourtant, je sais aujourd’hui que ma chaîne, je vais devoir la porter seul. Cela semble à première vue bien léger, juste quelques grammes, mais son poids n’est pas physique. Celui des responsabilités et des engagements est autrement plus angoissant, et même si le Christ affirme « mon joug est doux, et mon fardeau léger »  [Matthieu 11.28-30] , rares sont ceux qui l’acceptent pleinement.

Ne pleure pas mon ange, ne pleure pas ! Tu seras maintenant là, tout contre mon cœur, liée à moi par d’imperceptibles fils qui me laisseront les mains libres pour caresser mes rêves de toi, et te chuchoter mon désir intangible à l’oreille. Oui ma belle, j’abdique. J’abandonne une part de ma liberté alors qu’en même temps, j’en gagne une autre. Ce n’est pourtant pas là le moindre des paradoxes…

Comment ai-je pu si longtemps refuser ce dont j’étais un des modestes artisans ? Tous ceux qui me connaissent me le demandaient : mais comment fais-tu ? Comment peux-tu vivre ainsi ? Comment oses-tu ? Te rends-tu comptes des risques que tu encours ? Moi, je plastronnais, je balayais de la main leur scepticisme, mais en réalité, c’était devenu intenable.

Aujourd’hui, le couperet est tombé. On m’a fait comprendre que je ne pouvais plus continuer. J’ai abandonné ma résistance à la modernité et j’ai accepté cette chaîne invisible, ce fil à la patte.

07:30 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (27)

11 mai 2007

Dura lex, sed lex (1)

medium_durex.jpg

Au début, j'ai hésité. Mais elle a tellement insisté, et Dieu sait comment elle sait bien insister, que j'ai fini par répondre à cette annonce. Pour lui faire plaisir, dans la forme et sur le fond.
Après tout, ça ne semblait pas trop engageant, si j’ose dire : On vous envoie un préservatif expérimental, vous chaussez le protège tibia, et c'est parti mon kiki ; il n'y aurait plus ensuite qu'à remplir un formulaire pour donner ses impressions, et le tour serait joué. C'est tout au moins ce que j'imaginais, au début. Mais cela ne s'est pas du tout passé comme ça. On a d'abord reçu une lettre:

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Nous avons bien reçu votre offre de collaboration et nous vous remercions de votre confiance. Notre première phase de test des préservatifs Durex est maintenant terminée, et nous allons maintenant passer à la seconde phase, celle des tests en utilisation extrême.
Cette seconde phase doit être réalisée dans nos laboratoires de Burnes sur Yvette, sous contrôle médical. Nous vous prions de prendre rendez-vous au service des admissions au 01 69 69 69 69 .

Au plaisir,

Dr Ruth

Allez savoir pourquoi, mon instinct me disait de ne pas y aller, mais vous ne connaissez pas Sophie...

Paul

À suivre

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Le début de l’histoire vous plait ? À vous d’en écrire la suite en commentaire ! Nous vous invitons donc, ami lecteur, à écrire quelques paragraphes pour nourrir ce blog chronophage, et nous sélectionnerons l’épisode le plus conforme à notre politique éditoriale (hi ! hi ! hi !). L’heureux élu fera l’objet de la note suivante avec nos remerciements dithyrambiques, et ainsi de suite...

09 mai 2007

Plongeon

Attention, c'est hard! Si vous n’avez pas 10 minutes tranquilles devant vous pour lire ça, ami lecteur, revenez plus tard.
C’est bon ? Prêt pour les émotions fortes ? Attachez votre ceinture ! Maintenant jouez le podcast et lisez lentement. Le morceau dure 9 minutes, assez pour vous raconter ma plongée du jacuzzi à la plonge...

podcast

 

Il est seize heures et j’ai encore les mains dans l’eau. À ma gauche, les assiettes sales. À ma droite, les propres. Bientôt ce sera le tour des tasses à café et des petites cuillères. Une bonne vingtaine, correspondant au nombre de mes amis réunis. Ils sont tous là, j’entends leurs rires d’ici, de ce recoin où je fais la vaisselle. Cependant, je ne reconnais plus très bien leur voix. Dans mon esprit, elles se sont comme dissociées de leur visage dont je me souviens encore, ou de leur prénom qui me rappellent toujours, mais toujours un peu moins, mes plaisirs futiles. Les tasses arrivent. Lib les dépose au bord de l’évier avant de retrouver mes amis. Elle va leur servir sa farigoule dans des verres à cognac, et puis sa dernière histoire, en avant première, avant de la publier sur son blog. J’espère que mes amis lui feront bon accueil. Une petite standing ovation serait idéale. Il faut dire que la suite de ma journée en dépend.


Je plonge les tasses dans l’eau avant que le sucre ne colle au fond. Toutes sauf trois sur lesquelles il y a des traces de rouge à lèvre. Je les regarde d’un peu plus près, espérant reconnaître l’empreinte de lèvres que j’aurais baisées. Je jette un bref coup d’œil vers l’entrée de la cuisine pour m’assurer que Lib ne revient pas, et je goutte une des tasses. Je colle mes lèvres juste sur la trace de rouge, comme un chien abandonné mordille un os trouvé dans une poubelle dans l’espoir déçu de recueillir sur ses babines le goût du temps où il était aimé. Ça n’a qu’un goût de cosmétique. Là bas, dans la salle, quelques applaudissements affables ponctuent la lecture de Lib. Elle ne leur a pas servi son meilleur cru. D’ailleurs les verres de farigoule reviennent à moitié pleins. Sans même tourner la tête vers elle, à la violence froide du cliquetis des verres au bord de l’évier, je sais que Lib est en rogne. Je ne les plonge pas dans l’eau. Ils attendront là, jusqu’à ce qu’elle les vide. Un à un.

J’ai entendu la porte se refermer. Mes amis sont partis. J’écoute avec appréhension les pas de Lib qui revient vers la caisse. Elle tapote fébrilement sur sa calculette, et puis elle soupire en venant lentement vers moi. Je crains le pire.

- Tes pâtes étaient trop cuites, mon bichon.
- Ah... Je suis désolé, ce n’est pas facile depuis que le sixième feu est mort...
- Je ne veux pas le savoir, tu prends tes dispositions c’est tout. Que ça ne se reproduise pas ! menace-t-elle en s’enfilant le premier verre de farigoule.
- Oui Lib.
- Oui Lib... Oui Lib... C’est tout ce que tu sais dire ? Je t’avais dit que mon restaurant n’est pas prévu pour les groupes !
- T’es quand même bien contente que mes amis y organisent des déjeuners de temps en temps, non ?
- Tes ââââmis... tes ââââmis... parlons en de tes ââââmis! Qui t’est venu en aide quand tu t’es fait virer de ta boite pour faute lourde parce que tu dragouillais tes fameuses amies sur le net ? Et qui t’a recueilli quand c’est ta femme qui t’a lourdé parce que tu ne t’étais pas contenté du net ? QUI ? éructe Lib qui ponctue sa question par le second verre de farigoule. Cul-sec.
- C’est toi Lib...
- Et qu’est-ce que j’ai en compensation ? Un plongeur qui me casse la moitié de ma vaisselle...
- Oh! Au début, plus maintenant...
- Un cuisinier qui fait trop cuire mes pâtes quand elle ne sont pas trop salées...
- J’ai été débordé, tout le monde a choisi un plat différent...
- Et un homme de ménage pas foutu de nettoyer la salle convenablement après le service ! maugrée-t-elle en sirotant le troisième verre de farigoule.
- T’oublies que je suis bénévole ! Ça fait trois mois que je travaille ici, et tu ne m’as  pas payé...
- Bénévole ? Nourri, logé, blanchi ! T’appelles ça du bénévolat, toi ? Tu sais ce que ça coûte un loyer à Paris ? Tu veux faire un stage chez mes potes SDF ? hurle-t-elle en brandissant la bouteille de farigoule aux trois-quarts vide.
- Oh non Lib, je t’en prie... Dis-je en la regardant un instant dans les yeux, avant que mon regard ne fuie la lueur salace qui brille déjà dans le sien.

Je prends les verres à cognac qu’elle a vidés, histoire de me donner une contenance, et je commence à les laver. Mais elle s’est plantée derrière moi maintenant. Tout contre moi. Elle achève la bouteille de farigoule. Au goulot. Je sens son haleine lourde avant d’entendre sa voix râpeuse qui se veut enjôleuse.

- Alors mon bichon, il va peut-être falloir songer à me remercier.
- Merci Lib...
- Mieux que ça mon bichon, glousse-t-elle en me serrant contre elle par derrière.

Sans relâcher sa prise, elle déboutonne la ceinture de mon pantalon, et elle glisse sa main dans mon slip.

- Ben alors mon Bichon, ta nouille est trop cuite ?
- Lib, j’ai les mains dans l’eau et...
- Tsss... tsss... tsss.... Bien loin est le temps où Vagant se vantait de ne pas retirer son pantalon sans que ne jaillisse une érection. « Comme un diable qui sort de sa boite », qu’il disait le Vagant. Tout se perd ma p’tite dame, moi j’vous l’dit ! Claironne-t-elle avant de faire tomber le pantalon sur mes chevilles.
- Ma p’tite dame ?
- T’es devenu une vraie gonzesse Vagant. Même pas une gonzesse, une serpillière. Rien dans le froc et pas de chatte à prendre. Un eunuque comme on dit dans la littérature. Tu devrais le savoir, Vagant, toi qui citait Montesquieu à tout bout de champ.
- C’est juste une petite panne Lib. J’ai pas trop le moral...
- Soit tu bandes, soit tu me donnes ton p’tit cul Vagant. T’as le choix ! menace Lib avant de lécher les dernières gouttes au goulot de la bouteille de farigoule, à moins que ce soit pour mieux me la mettre.
- Lib, je t’en prie, dis-je d’une voix suppliante.

medium_farigoule.2.jpgInflexible, Lib glisse le goulot de la bouteille entre mes fesses. Je sens le verre dur et froid buter contre mon petit trou crispé. Pourvu qu’elle ne casse pas la bouteille ! J’essaie de me détendre en minaudant des fesses pour tenter de l’amadouer. Si seulement je pouvais bander. Lib glousse, ça a l’air de l’amuser, ça va peut-être finir par la détendre. Elle me triture les couilles avec l'autre main. Ses ongles me blessent un peu. Si seulement je pouvais bander. Il faut que je fasse diversion.

- Je vais te sucer Lib !
- Si je veux ! Tu vas déjà me laper le cul comme la chienne que tu es. Si tu le fais bien, t’auras le droit de me sucer le clito.
- Merci Lib...
- Tu me prends pour une idiote ? Tu t’imagines que ton petit cul va m’échapper ? Pose la bouteille par terre et assieds-toi dessus !
- Quoi ?
- Assieds-toi dessus, je te dis! Que je vois le goulot de cette bouteille te percer le cul pendant que tu suces le mien avec délicatesse !

Elle me tend la bouteille et elle attrape la cravache avec laquelle elle me menace régulièrement. Je pose la bouteille par terre, je m’accroupis dessus, et mon anus vient à nouveau buter contre le goulot dur et froid. Lib me regarde avec un sourire sadique tout en déboutonnant son jean qu’elle laisse glisser à ses pieds, suivi aussitôt de sa petite culotte. Elle se retourne et, souple comme un serpent, elle se penche en avant jusqu’à ce que sa tête apparaisse à l’envers, entre ses genoux. Elle est aux premières loges. Impossible de lui échapper. "Lèche !" ordonne-t-elle d’un ton sans appel.


Lib a un corps élancé à la croupe somptueuse. Ronde, évasée juste comme il faut, on dirait qu’elle a été taillée pour faire de la pub weight watcher. Y faire courir ma langue n’est pas déplaisant. J’adorais ce genre de truc, avant. D’ailleurs ça finit par m’exciter un peu, je le sens, ça va venir. Si seulement il n’y avait pas cette maudite bouteille qui me fait mal. J’ai mal aux cuisses à force de résister à mon propre poids. Je vais finir par m’empaler dessus.

- Pas mal Vagant. Si t’as un poil dans la main, t’as toujours la langue bien pendue. Et la bouteille, ça avance ?
- Laisse moi te lécher la chatte Lib, je t’en prie, tu verras, ça va te plaire.
- Pas avant d’avoir vu ton cul ouvert à travers le verre de cette bouteille !

J’essaie de me détendre, mais rien à faire, je suis trop crispé. Il faut que je me concentre sur ses fesses à elle, il faut que je la désire, ou que je pense à une autre, ou à n’importe quoi pourvu que je bande. Avant, avant, tout aurait été autrement. Avant ça m’aurait excité de la lécher dans sa cuisine et de la baiser sur l’évier. Il faut juste que je me dise que rien n’a changé pour que je bande comme avant. Rien n’a changé! J’ai toujours un bon job bien payé qui me laisse le temps de séduire de jolies filles avec lesquelles je me prélasse dans les jacuzzis d'hôtels de charme. Elles aiment ça, être traitées comme des reines, et puis baiser comme des bêtes. J’excite Lib parce que j’ai la réputation d'être un bon coup, alors elle m’a invité à lui en donner, un petit coup de main dans sa cuisine. Moi, j’aime faire plaisir, c’est ma raison d’être. Donner du plaisir. Alors je lui lape le cul parce que c’est mon bon vouloir, mon bon pouvoir. Après elle n’en pourra plus. Elle sera asservie à ma langue, elle ne pourra plus s’en passer, et elle m’aimera. Oui, elle m’aimera, comme les autres, comme toutes les autres qui sont dingues de moi, et je régnerai sur elle, comme je règne sur elles toutes, asservies à mes mains qui les fouillent, à ma bouche qui les baise, à ma langue qui les suce, à ma queue qui les prend et qui les fait jouir. Ah, elle n’y a pas encore goûté à ma queue, elle ne sait pas ce que c’est que de l’avoir dans la chatte, dure, raide comme une saillie, elle ne sait pas ce que c’est que de se faire sillonner l’entrecuisse par mon soc de charrue, elle ne sait pas ce que c’est que de se la faire remuer en profondeur, se faire retourner le ventre... Elle ne sait pas ce que c’est que de se faire prendre par Vagant. Attends un peu Lib, ce n’est pas pour rien que je te lèche le petit trou. Attends donc, tu ne perds rien pour attendre, je vais te la mettre bien profond, bien fort, bien plus fort que cette putain de bouteille... Non ! Pas de bouteille ! Pas penser à la bouteille qui me fait mal, non, pas la bouteille, sinon je ne vais plus bander... Je te lèche le petit trou Lib, parce que c’est ma destinée. Je te lèche l’anus parce que je vais t’enculer !

- Alors Vagant, on dirait que la farigoule te donne des forces ? Il faudra recommencer !

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"Ami" lecteur, Si vous voulez comprendre comment tout cela m'est arrivé, comment je me suis retrouvé dans cette situation, c’est là…
 

07 mai 2007

Style blog

medium_microfictions.gifMicrofictions de Thierry Jauffret a peut-être été encensé par la presse mais moi, je n’ai pas pu le terminer. Ce n’est pas à cause de son épaisseur même s’il fait tout de même plus de 1000 pages, ni de son style à la fois percutant et recherché mais qui reste bien loin des arcanes grammaticales Proustiennes, ni même de sa forme narrative originale, non, ce que je n’ai pas supporté, c’est le fond.

Microfictions n’est pas un roman puisqu’il n’y pas d’unité de lieu ni d’action, mais un recueil de courtes nouvelles qui pourraient avoir été autant de notes d’un blog exclusivement dédié au cynisme le plus désabusé. Chacune de ces 500 nouvelles classées par ordre alphabétique fait exactement deux pages et elles partagent toutes une identique inhumanité. Jauffret jette un regard bienveillant sur les atrocités du monde, au travers des yeux du protagoniste principal de chacune de ses histoires sordides racontées à la première personne, que ce soit le point de vue de la victime ou celui du bourreau. Ce parti pris récurrent de l’immoralité, non pas au sens pudibond du 19ème siècle mais au sens humaniste actuel, devient rapidement si nauséeux que la lecture de chaque nouvelle nécessite un véritable effort de volonté. Pour illustrer ma pensée, voici la première page de ce livre, c'est-à-dire la moitié de la nouvelle intitulée Albert Londres assez représentative des autres:

Nous avons filmé ces scènes de torture et de meurtre afin d’en dénoncer le caractère intolérable et la barbarie. Vous ne pouvez pas reprocher à une chaîne d’information de montrer la réalité. S’il est bien évident que nous blâmons leur conduite, nous devons aussi rendre hommage à ces tortionnaires de nous avoir permis d’apprécier à sa juste valeur le prix du bien être de la vie. Il est vrai que nous nous sommes rapprochés d’eux peu à peu.
- Ils sont devenus pour ainsi dire des relations de travail.
Et en définitive nous avons noué avec certains des liens d’amitié. Ils nous ont aidé dans notre tâche, évitant par exemple de faire exploser les otages, ce qui se serait traduit à l’image par une épaisse fumée monochrome peu propice à l’accroissement de l’audimat.
- L’exécution des enfants apitoyait les classes supérieures comme les plus mal lotis.
Nous allions jusqu’à drainer plusieurs millions de téléspectateurs en plein milieu de la nuit . Mais ces pratiques déplaisaient aux annonceurs, qui redoutaient notamment une atteinte à l’image de marque de leurs produits pour bébés.
- Nous leur avons donc demandé de les épargner.
Nombre de gamins nous doivent la vie, même s’ils restent toujours détenus dans des caves et des carrières désaffectées dont par déontologie nous refuserons toujours de révéler l’emplacement aux services de police
[…]

À propos de police, j’ai été faire un tour à la Fnac pour changer d’air et devinez sur qui je suis tombé : Bénédicte en tête de gondole ! Du coup, je l’ai prise sur place, enfin, j’ai pris son bouquin et aussi un génialissime Kundera que je n’avais pas encore lu mais c’est une autre histoire. Comment ? Vous ne connaissez pas Bénédicte, ami lecteur ? Ben moi non plus à vrai dire. Lib m’en avait parlé, j’avais été voir son blog démantelé par nécessité commerciale, et les quelques notes survivantes m’avaient bien plu. Police, le blog d’un flic, n’est donc plus un blog mais un site web promotionnel du premier roman de Bénédicte Desforges, FLIC, dont la forme est similaire à Microfictions : Une succession de nouvelles brèves dont chacune raconte une anecdote issue du quotidien d’un policier, à la première personne du singulier dans un style simple et percutant. Et dans l’horreur, cette réalité là dépasse largement la fiction.

Toute la différence se situe dans le regard de Desforges: le parti pris du narrateur protagoniste est résolument humain. Il ne s’agit pas là d’humanisme institutionnel, ni d’une profusion de bons sentiments, mais de véritable compassion. Et cette compassion passe aussi par le jugement, par le choix du bien contre le mal avec son lot d’arbitraire:

J’ai menotté des gens qui avaient battu, volé ou tué, j’ai menotté des toxicos en manque qui avaient tout cassé dans leur propre maison, pour ne pas qu’ils finissent par se faire mal, j’ai menotté des cambrioleurs en flagrant délit en train de dépouiller plus pauvres qu’eux, j’ai menotté des gens violents pour qu’ils me foutent la paix et pour ne pas m’en prendre une, j’ai menotté un père qui avait violé sa fille, et un collègue a menotté la mère qui ne voulait pas qu’on menotte le père pour « ça », j’ai menotté des gens qui avaient comme seul tort d’être là au mauvais moment, j’ai menotté par erreur, j’ai menotté des vrais cons et des braves cons, j’ai menotté vraiment plein de gens.

Ses récits embrassent toute la palette des couleurs de la vie, du rire aux larmes, loin de l’uniforme gris sinistre de Microfictions. Résultat, j’ai dévoré FLIC en deux jours avec un vif plaisir. Je ne résisterai donc pas a celui de recopier l’hilarante anecdote du jeune policier enthousiaste :medium_FLIC.gif

Il était parti passer le week-end chez sa grand-mère, fier de pouvoir exhiber son enthousiasme et son matériel rutilant tout juste sorti de l’emballage. D’un air malin, il avait sorti les menottes de sa poche. « Mémé, je vais te montrer comment ça marche… ». Il l’a menottée, et en même temps qu’il serrait les bracelets sur les poignets de l’ancêtre, il s’est rappelé que la clef était restée dans son placard.[...]
 

J’espère qu’on ne me passera pas les menottes pour cette petite entorse aux droits d’auteur…

05 mai 2007

Houston by night (2)

De retour à mon siège, je suis cette grande Noire du regard alors qu'elle quitte la piste. J'aimerais sentir son poids sur mes genoux malgré mes tendances habituelles qui me portent plutôt vers les petits modèles. Elle se fait happer par la pénombre de la salle. Je me fais aborder par une latinos en lingerie bleue. Je craque. J'accepte sa compagnie gentiment proposée: j'ai envie d'un peu de chaleur humaine, féminine pour être tout à fait honnête. Nous nous présentons, j'oublie aussitôt son prénom mais je me souviens qu'elle est originaire du Costa Rica.

- Je vous offre un verre, lui dis-je ?
- Non merci, j'ai assez bu. Vous prenez des notes, me demande-t-elle en désignant mon carnet ?
- Oui, pour mon blog.
- Pour quoi ?
- Pour un article sur le net.
- Parce que vous trouvez que c'est intéressant ce qui se passe ici ?

En m'entraînant vers les coins sombres, elle m'apprend qu'elle fait ce job depuis un an, et je réalise que cela fait bien trop longtemps pour qu'elle puisse encore s'étonner de quoique ce soit. Elle me désigne une banquette sur laquelle je m'assoie pour "une danse". Une nouvelle chanson commence, et elle se déshabille devant moi. Je suis ravi de constater qu'elle n'a pas les seins peinturlurés. Elle a tôt fait de s'asseoir sur mes cuisses, de faire glisser sa poitrine sur mon visage, d'écarter mes jambes avec ses genoux, de débusquer mon érection avec ses fesses qu'elle frotte avec insistance sur mon bassin. À genoux entre mes cuisses, elle mime une fellation en mordillant ma braguette tendue, et après s'être assurée que personne ne la regarde - elle a pris soin de disposer des fauteuils autour de la banquette pour couper les regards - elle baisse son string et exhibe sa chatte rasée. Je sais qu'elle est à la limite du hors jeu. Le Treasures est un club qui sert des boissons alcoolisées et qui ne permet donc pas aux strip-teaseuses d'enlever le bas, selon la législation en vigueur au Texas. Les clubs où elles sont entièrement nues sont franchement pires, et les clients y rentrent avec leur bouteille sous le bras puisqu'on n’y vend que des sodas. Si cette effeuilleuse m'offre ce petit extra, ce n’est certainement pas pour mes beaux yeux mais dans l'espoir de rester plus longtemps sur mes genoux. À vingt dollars la chanson, on comprend aisément qu'elle ne souhaite pas chercher tout de suite un autre client. Mieux vaut pour elle tirer un maximum du pigeon qui la palpe, quitte à le laisser penser qu'il pourrait bien passer la nuit avec elle, quitte à lui faire croire qu'elle aurait le béguin pour lui. Quand ils bandent, les hommes sont couillons dans tous les sens du terme...

Mais il me reste assez de lucidité pour la remercier dès la fin de la chanson, et je lui donne son billet de vingt dollars en lui faisant le hug d’usage. Il serait temps que je rentre, mais j'ai pris goût au jeu. Aller, encore une, rien qu'une. Je vois la grande black sur les genoux d'un type de sa taille. Une danseuse m'aborde, grande, mince, yeux bleus, longs cheveux noirs. Pourquoi pas. Elle se présente. J'oublie son prénom et elle a du mal à comprendre le mien. Ça commence mal..

- D'où est-ce que tu viens, me demande-t-elle ?
- De France. Et toi ?
- De partout
- C'est un bon coin.

Elle rigole et me propose aussitôt une danse. Banco. Elle retire le haut de son bikini noir. Dommage. Dans la pénombre, ses seins semblent peinturlurés d'une couleur indéfinissable qui leur donne une texture fripée sous mes doigts curieux. De plus près, son haleine s'avère chargée d'alcool. Elle s'attaque aux boutons de ma chemise dont elle écarte les pans pour me mordiller la poitrine. C'est amusant, plutôt excitant, mais je n'ai pas envie de claquer plus de vingt dollars avec elle. Il est tard, il faut que je rentre. Je la remercie à la fin du morceau et je lui tends son billet. Elle fait la moue.

- Il y a eu 3 chansons, me dit-elle.
- Non, une seule.
- Trois! C'est 60 dollars!
- Pas question, il n'y en avait qu'une!

Sur ce, je tourne les talons et je me dirige vers la sortie. "J'appelle le manager !", proteste-t-elle en me poursuivant. En passant devant le podium, une voix masculine m’interpelle. Je me retourne. Une grosse baraque entre deux âges me frappe par le bleu ciel délavé sous le rideau de ses paupières tombantes. medium_dollars.jpg"Où est-ce que vous courrez ?" me demande-t-il d'une voix baryton. "Il y avait trois chansons !" Piaille aussitôt la fille derrière lui. Il la fait taire d'un coup d'œil. "Non, il n'y en avait qu'une !", que je rétorque, sûr de mon bon droit. Le manager me demande d'où je viens.

- De France, lui repondis-je.
- It was a deep song.

Sans autre forme de procès, il congédie la fille d'un regard et il me raccompagne jusqu'à la porte de son club. Pour lui, elle et moi sommes tous les deux ses clients: Les strip-teaseuses sont indépendantes et elles payent leur entrée dans le club comme les clients. Sauf qu’elles peuvent y gagner des centaines de dollars en une seule soirée sur les genoux des hommes qui peuvent en perdre tout autant. Sur le pas de la porte, le manager dit en regardant droit devant lui:

- Il y avait trois chansons.
- Je n'en ai compté qu'une.
- Il y en avait trois, sinon elle aurait menti mieux que ça. Voici votre taxi monsieur.

La morale de cette histoire pourrait être qu’au royaume du faux le vrai semble louche, mais il y en a une autre plus inquiétante : En écrivant cette note j’ai nourri mon blog à mes dépens. Non seulement je ne sors pas grandi de cette sordide histoire commerciale, de ce marchandage de frotti-frotta avec une strip-teaseuse éthylique, mais je risque fort d’avoir fait de la peine à ma fervente amante même si je lui ai déjà avoué cette virée nocturne. J’ai moins écrit cette note pour le plaisir que pour le besoin d’être lu. Par addiction à cet exhibitionnisme cérébral, j’ai obéi à la dictature de l’authenticité au service de l’audimat. L’apparent exercice de ma liberté de parole n’est en réalité que la soumission à mon propre blog et à vos supposés désirs, ami voyeur. Alors, heureux ?

03 mai 2007

Houston by night (1)

Il y a une quinzaine de jours, j'ai décidé de m'offrir une petite virée en célibataire après une journée de réunions soporifiques. Pour commencer, direction le Pappadeaux sur Westeimer avenue. J'adore ce restaurant cajun et je ne loupe pas une occasion d'y faire bombance: c’est non seulement délicieux, mais les portions y sont gargantuesques comme dans tout restaurant texan qui se respecte. Comme d'habitude la salle était comble et j'ai dîné au bar. J'ai pris une margarita frozen et j'ai commandé un...

medium_rhodia.jpgAmi lecteur, croyez-vous vraiment que j'allais vous asséner par le menu une soirée au restaurant ? Si je le faisais, c'est que ma vie publique remplirait ce blog. Mon blog  relaterait mon quotidien sans trop l'influencer, et serait aussi passionnant que l'album photo de votre beau-frère en vacances sur la costa del sol. Hors non seulement ce blog se nourrit de ma vie privée, mais il lie avec elle une relation d'interdépendance: mon blog commence à remplir ma vie! Oh ne vous gaussez pas, vous n'en êtes peut-être pas très loin. Ne vous êtes-vous jamais dit "Pourvu que ce dîner soit un peu plus intéressant, j'ai une note à écrire", voire même "Je vais aller à cette soirée réseau, ça me fera toujours un sujet de note pour mon blog" ? C'est donc pour vous amuser, ami lecteur, que j'ai décidé d'achever mon décalage horaire dans un des plus grands men's club de Houston, et par conséquent du monde: Treasures. J'en ai une preuve irréfutable: le calepin sur lequel j'ai pris les notes in vivo qui jalonnent aujourd'hui mes souvenirs confus encombrés de croupes dorées, de seins osés et de propos siliconés.


Après être passé sous le portique détecteur de métaux qui assure que personne ne prendra les danseuses pour cibles mouvantes d'un stand de tir, je me suis installé dans un fauteuil non loin d'un des deux podiums. Une fille noire s'y trémoussait au rythme standardisé d'une soupe du top 50, et sous les encouragements d'un "commentateur érotique". Tel un journaliste sportif lubrique, il vantait les qualités de la danseuse en rappelant son nom de scène, quelque chose se terminant par "a" ou par "i", comme elles toutes d'ailleurs. Plutôt jolie, avec ses formes sensuelles moulées dans une courte robe noire et ses longs cheveux frisés, elle caressait avec sensualité la barre verticale lumineuse plantée au centre du podium pour mieux en souligner la symbolique phallique. Le début du morceau suivant a lancé le second tour, celui censé conclure une érection présidentielle après un premier tour d’illusions fallacieuses. La strip-teaseuse a envoyé valser sa petite robe noire pour s'exhiber en string. Un spectateur séduit s'est approché de la scène surélevée. La fille a fondu sur sa proie comme un bonimenteur de la foire de Paris. La démarche assurée et le sourire commercial, elle s’est approchée jusqu'à ce que ses cuisses ne soient plus qu'à quelques centimètres du visage de l'homme ravi. Elle s'est alors accroupie face à lui, lentement, de sorte que ses seins ont frôlé au passage le visage du client tétanisé, et elle s'est allongée sur le dos, jambes tendues, ouvertes comme les bras d’un politicien qui raconte qu’ensemble tout est possible. Elle a enchaîné avec une roulade arrière, avant de revenir vers son client, à quatre pattes. Il lui a glissé un billet dans le string comme on vote à regret. Après avoir ainsi récupéré quelques vœux impies dans son urne de dentelle, la jeune femme prometteuse a disparu de la scène aussitôt la chanson terminée. On l'a remplacée par une blondasse rondouillarde au show convenu. La mauvaise surprise est vraiment tombée avec sa robe blanche au gong du deuxième round: ses tétons étaient maquillés comme des statistiques avec du strass doré dont l'esthétisme discutable ne cachait l’insoutenable gravité, ce que le commentateur érotique qualifiait de natural par opposition aux seins siliconés majoritaires.

Pendant ce temps là, les effeuilleuses en petite tenue et les clients verre à la main grouillaient dans la salle. Les premières pressées telles des abeilles à la chasse au nectar, les seconds les attrapant au vol pour qu’elles se posent à leur table. Un cortège de collègues en goguette passe, chacun avec une strip-teaseuse à son bras, plus deux autres en renfort pour clore ce défilé, pendant qu'une nouvelle effeuilleuse - une noire aux cheveux longs et aux seins ostentatoires - se dandine sur le podium. Je me  lève pour aller voir la jolie "jodie" d'un plus près. Elle a un tatouage en haut des reins, que je remarque lorsqu'elle me fait le coup de la roulade arrière, ainsi que quelque chose de brillant sur les seins, bien qu'elle ne retire pas le haut de son bikini vert et noir. "thank you honey" me dit-elle en frottant ses fesses sur ma poitrine avant d'écarter l'élastique de son string pour que j'y glisse mon billet. Quand je retourne à ma table, une fille de type oriental en lingerie bleu électrique négocie une danse sur les genoux du client récalcitrant de la table voisine. Une autre strip-teaseuse - une petite noire en robe rouge - vient me proposer sa compagnie, que je décline. Elle se rabat aussitôt sur un jeune homme qu'elle embarque au fond de la salle obscure. Sur la scène, une brune boudinée par sa robe s’est heureusement déshabillée. Ses aréoles sont peintes en noir. À côté de moi, la danseuse en lingerie bleue a fini par avoir gain de cause. Elle laisse tomber sa lingerie sur les genoux du client assis dans son fauteuil et se frotte contre lui comme une chatte en chaleur: Ses seins sont peints d'un bleu assorti à sa dentelle ! Sur le podium, c'est maintenant le tour d'une petite métisse contorsionniste, un paréo sur les reins et de la dorure aux seins. À côté, l’effeuilleuse aux seins bleus a plaqué ses fesses sur le visage du client, un pied sur chaque accoudoir de son fauteuil. À la fin de la chanson, elle attire sa proie vaincue dans un recoin plus sombre pour lui dépecer le porte-feuille. Sur la piste les couleurs se succèdent: noir, rouge, doré et argenté, et au bord les clients face au podium comme on se tient devant un urinoir. Je me lasse ! Quelques filles me proposent leur compagnie. Je résiste. Elles reviennent à la charge. Je les ignore alors que mon regard s’accroche à une immense black plantureuse venue faire son show sur la piste. J'ai envie de voir de plus près ses seins gros comme des melons. Je m'approche, elle me télescope. Mon visage entre ses deux mamelles, elle m'en donne un coup sur chaque joue en éclatant de rire.

À suivre...

01 mai 2007

Faites vos vœux

Il y a quelques semaines, je déambulais sur la plage quelque part du coté du Touquet. Il était encore tôt pour les uns mais déjà trop tard pour moi. Je ne croisais que quelques joggers qui souriaient devant mon accoutrement qui trahissait l’échouage nocturne camouflé en ballade matinale : costume Smalto froissé, chemise Van Dyke tachée, chaussures Yves St-Laurent imbibées d’eau de mer. Même les mouettes ricanaient de me voir tituber, ivre de chagrin d’amour et d’Absolut. Et puis ce qui devait arriver arriva, je me pris les pieds dans un galet et je m’étalai de tout mon long sur un tas de varech. C’est un hurluberlu en costume turc d’apparat qui m’aida à me relever. Il devait sortir d’un bal costumé et il était sûrement plus imbibé que moi pour me dire avec un fort accent oriental:

- Je suis le génie de la lampe à huile. J’y étais enfermé depuis plus de deux siècles, et vous venez de m’en libérer !

Je jetai un regard furibard vers l’espèce de lampe sur laquelle j’avais buté, et que j’avais prise pour un galet. J’étais sûr que ce grand Vizir d’opérette devait être un de ces plaisantins du showbiz. Il devait vouloir se payer la tête d’un ivrogne pour épater une demi-douzaine de Sylphides pétées d’herbe, qui devaient glousser de rire entre deux mouettes. Je m’attendais même à voir débouler un petit gros moustachu à l’accent Québécois hurlant « surprise ! surprise ! ». Je me suis assis tant bien que mal sur le sable mouillé et le Vizir a repris son délire de plus belle :

- Pour vous remercier de m’avoir délivré, noble étranger, je vais réaliser votre vœu le plus cher !

Je n’ai pas répondu à l’autre illuminé. Mon regard se perdait à l’horizon grisâtre où une voile blanche glissait sans faire de bruit. J’avais envie d’être ailleurs. Le plus loin possible. Alors je ne sais pas ce qui m’a pris, mais j’ai répondu à l’autre fada :

- J’ai envie de partir à New-York. C’est droit devant. Mais j’ai peur de l’avion. Alors tu vas me construire une autoroute pour que je puisse y aller en voiture.
- Oh, noble étranger, votre vœu n’est vraiment pas raisonnable ! Vous vous rendez compte du travail à accomplir ?
- Eh ! Oh ! Moi je ne t’avais rien demandé! Tu m'as proposé de faire un vœu, je l'ai fait, et maintenant tu te débrouilles.
- Mais, noble étranger, ne pourriez-vous pas trouver quelque chose de plus simple ?

Il commençait à m’agacer, Iznogood et ses bons vœux, mais je venais de me faire larguer, j’avais besoin de parler, à n’importe qui, même une mouette ricanante aurait fait l’affaire.

- Tu vois mon vieux, j’ai 41 ans. J’ai 41 ans et on peut dire que j’en ai connues, des femmes. Des jeunes et des moins jeunes,  des belles et des moins belles. Oui, des femmes j’en ai connues, mais je ne crois pas en avoir comprise une seule. Alors puisque tu es un génie, tu pourrais peut-être m’aider à les comprendre, les femmes ?
- Bon, ta route pour New-York, tu la veux à trois ou a quatre voies ?

medium_lampe.jpg

Il est d’usage dans la blogosphere d’offrir quelque chose de spécial à son millième commentateur : Une invitation au restaurant, une partie de jambes en l’air plus ou moins virtuelle, une poésie érotique personnalisée ou que sais-je encore. Et le millième commentaire, j’ai de bonnes raisons de penser qu’il est imminent. Alors, ami lecteur qui aurez la chance de l’écrire, je vais vous proposer de réaliser un de vos vœux dans la limite de mes capacités ! Un et un seul que vous devrez bien choisir, car si je ne peux y souscrire, tout sera perdu !

07:55 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (52) | Tags : Fabulettes

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