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29 juin 2007

Note à la C..

Aujourd’hui, j’ai décidé de lever le voile sur une part de ma vie que je n’avais jamais exposée ici, une de mes facettes « publiques » que je ne mélange pas avec celles de ma vie « privée » complaisamment étalée sur ce blog comme sur un journal intime, bien que ce n’en soit pas un même sous couvert d’un anonymat très relatif. Vous ne le saviez donc pas encore, ami lecteur, mais moi aussi j’aime…
J’aime les panneaux publicitaires.
Cette notre rend donc un hommage appuyé aux publicitaires qui n’auront pas, pour une fois, sombré dans la facilité des charmes féminins pour vendre les voyages de la SNCF : Ils ont su jouer sur le poids des mots plutôt que sur l’attrait des roploplos pour nous vendre des voyages à Rio (RILLAUX DE JEANNE (Hérault)), New-York (NOUILLORC) ou Istanbul...

medium_YSTE-EN-BOULE2.jpg

Mais cette note rend aussi un hommage discret aux auteurs des blogs qui osent flirter avec les limites extrêmes de l’humour, et que j’ai souvent imaginés risquer le ridicule, le guidon dans une main et le téléphone portable dans l’autre, avec les pinces à vélo dans une posture rocambolesque pour parvenir à immortaliser l’imagination éphémère des saltimbanques de notre siècle. À la différence de certaines (suivez mon regard), jamais je ne me suis gaussé de la supposée facilité de telles notes : Il n’y a pas que les échanges de vues qui peuvent être délicats, les prises aussi ! La preuve, un objet charnu non identifié est passé devant l’objectif au moment où je prenais ce cliché sur le vif, compromettant ainsi l’esprit – et pour ainsi dire la lettre - strictement cérébral de cette merveilleuse campagne publicitaire. On aura beau dire, on aura beau faire, jamais les femmes ne cesseront d’inviter le regard des hommes.

08:00 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : publicité, SNCF

27 juin 2007

Où suis-je ?

Où vais-je ?
Dans quel état j'ère ?

Tout près, sur Ysé

01:15 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (0)

25 juin 2007

Descente aux chandelles (5)

Patrice s’allongea sur le dos. Jeanne le chevaucha. Je regardai un moment leurs sexes emboîtés, et puis je sodomisai Jeanne, très facilement malgré ma position plutôt sportive : debout, les jambes fléchies, genre cours d’aérobic, juste en appui sur les pieds pour ne pas les écraser. Les cris de plaisir de Jeanne arrosèrent toute la pièce. Tandis que je me retirai, elle voulu aussi arrêter. Elle n’en pouvait plus. Mais son partenaire en voulait encore, répétant qu’il allait bientôt jouir. Alors elle resta encore un peu dans ses bras. À côté de moi, un autre homme se masturbait, prêt à entrer en jeu. Je lui dis que c’était fini. Le bassin de Jeanne finit par se séparer de celui de Patrice. Je regardai son sexe, un peu mou. Il pressa son gland entre ses doigts et finit par lâcher quelques gouttes de sperme. Il ne devait pas en être à son premier jet. Il fit quelques commentaires sur la « figure de style » que nous venions de réaliser, d’autant plus élogieux pour Jeanne que c’était sa toute première double pénétration. Il nous rappela son prénom, dès fois qu’on l’oublie. « Au plaisir de ne jamais te revoir »  pensai-je très fort.

Le temps de récupérer mes petites affaires semées ici et là, et je retrouvai Jeanne dans la salle principale en conversation avec Sonia. Nous échangeâmes quelques banalités avec elle, puis Jeanne et moi nous assîmes tous les deux. Je la retrouvais enfin. Je l’étreignis, fort, comme un noyé serre sa bouée de sauvetage. Je m’ouvris à elle, peu à peu, je lui  fis part de mes sentiments confus, de la tempête émotionnelle qui m’avait submergé. Je fus surpris qu’elle me dise ne pas avoir aimé cela, même si la situation était excitante, « parce que les hommes bandaient plutôt mou, et même si c’est pas mal d’avoir plusieurs mains sur soi, c’est quand même mieux à deux avec son amoureux ». Et surtout elle me dit que jamais, oh grand jamais, elle ne m’aurait quitté pour un de ces hommes là. Cela me rassura, même si je savais qu’il me faudrait du temps avant de digérer cette expérience, pour ne pas dire cette épreuve, qui m’avait aussi permis de réaliser combien je tenais à elle. Et pourtant, alors que je comprenais mieux ce qui me liait à Jeanne, ce que je venais de toucher du doigt allait se déliter.

medium_Libertine_II.jpgNous rentrâmes à l’hôtel. Jeanne jeta ostensiblement le bout de papier sur lequel Patrice avait noté son numéro de téléphone à mon insu. Elle me raconta même comment il lui avait demandé en pleine étreinte : «Embrasse-moi ! Embrasse-moi comme si tu m’aimais !». Ainsi sa tentative d’appropriation de Jeanne, tentative que j’avais immédiatement perçue et dont j’avais souffert, était bien réelle et motivée par une confusion malsaine. Patrice n’était pas dans le partage, ni même dans le pillage, mais dans l’annexion pure et simple. Dans cette guerre, Sonia n’était que son cheval de Troie. Jeanne et moi nous couchâmes, nus, l’un contre l’autre. Dieu que c’était bon de la sentir entièrement contre moi. J’eu envie de lui faire l’amour, faire l’amour sans doute pour la première fois de la soirée. Épuisée, elle s’endormit dans mes bras. Moi, je ne dormis pas beaucoup cette nuit là. Le film de la soirée passait et repassait en boucle sur l’écran noir de ma nuit blanche. Dans son sommeil, Jeanne marmonnait la bande son : « J’ai trop bu… J’ai fait des bêtises avec mon corps… »

Nous ne sommes jamais retournés en club libertin, Jeanne et moi. Elle ne l’aura fait qu’une seule fois en fin de compte, « pour voir si j’en étais capable » me dira-t-elle quelques mois plus tard, mais sans la moindre envie de recommencer : « J’ai survécu au Koh-Lanta du libertinage, moi ! ». En évoquant dernièrement cette malheureuse expérience avec elle, Jeanne m’a dit n’avoir toujours pas compris ma débâcle : « Après tout, on ne va pas dans un club échangiste pour enfiler des perles ! »

 

23 juin 2007

Descente aux chandelles (4)

Tandis que j’arrivai sur le nouveau théâtre des opérations, après avoir enlevé mes chaussures et enjambé les corps agglutinés en regardant bien où je posais les pieds, Patrice prenait sa partenaire, ma Jeanne, dans la position du missionnaire. J’étais vidé. Je posai la main sur elle, tendrement. En pleine extase, les yeux mi clos, elle me dit « c’est toi mon ange ? ». Oui, c’était moi, je n’allais pas la laisser toute seule avec ce type là, il fallait que je reste avec elle, avec elle qui n’était plus vraiment là et qui me manquait déjà. Je voulais que cet homme parte, qu’il nous laisse. D’un autre côté, je ne voulais pas la frustrer du plaisir qu’il semblait lui donner. Une femme vint roder autour de nous. Elle fouillait fébrilement les matelas, puis elle finit par lâcher : « Excusez-moi, je ne veux pas m’incruster, mais c’est très important, j’ai perdu mon tube de rouge à lèvre !medium_Pile_ou_Face.2.jpg

- Je vous en prie ! » Répondit Jeanne sur un ton calme et policé en lui laissant la place. Elle semblait avoir repris tout d’un coup ses esprits. Décidément, elle n’en finissait pas de me surprendre.

Cette anecdote est révélatrice de l’état d’esprit de Jeanne. Elle se conformait au modèle social attendu tel un caméléon qui se confond avec les couleurs du décor. Dans ce club, la norme sociale était celle de l’échangisme et elle livrait donc son corps à cet homme conformément à son idée préconçue de l’échangisme, et à laquelle elle s’était préparée, au point d’abraser ses envies spécifiques plus proches du mélangisme comme elle me le dirait plus tard et dont les tentatives de caresses à l’endroit de Sonia l’avaient attesté. Le comportement de Jeanne était donc exactement en phase avec l’image de la parfaite libertine promue par ce club, mais peut être pas avec ses désirs profonds et certainement pas avec les miens. Quant à Patrice, il avait su tirer parti de cette parfaite adaptation de Jeanne qui la conduisait à se faire baiser en ronronnant de plaisir, comme un bon client bien poli se fait baiser avec le sourire par un commercial sans vergogne.

La femme retrouva son précieux tube de rouge à lèvre et nous laissa à nos petites affaires qui reprirent là où elles avaient été interrompues. Patrice souleva les jambes de sa partenaire à la verticale et il les plaqua le long de son torse. A la sonorité des gémissements de Jeanne, plus aigus, je cru comprendre qu’il la sodomisait. Je ressentis alors l’impérieuse nécessité de sortir du désarroi insondable dans lequel je sombrais.

On peut envisager plusieurs comportements face aux situations de conflit, et c’est d’ailleurs l’étude de ces mécanismes de défense qui permettent de dresser le profil psychologique de chacun. Ces comportements sont plus ou moins archaïques ou adaptés au contexte et aux contraintes. Or je me trouvais bien dans une telle situation conflictuelle puisque j’avais assimilé l’attitude de Patrice à une agression envers le couple que je formais avec Jeanne, intrusion néanmoins consentie par Jeanne dans ce contexte échangiste. Par conséquent, ma principale contrainte demeurait le plaisir visible de Jeanne. Aussi n’envisageai-je pas l’affrontement direct, c’est à dire la rébellion face à cette scène violente à mes yeux, et qui aurait consisté à ordonner à Jeanne d’arrêter, ce qui revenait de facto à chasser Patrice. Il me sembla tout autant inconcevable de prendre la fuite, ce qu’elle aurait considéré à juste titre comme un lâche abandon incompatible avec mon estime de soi. Je régressai donc jusqu’au déni : Tout était parfaitement normal, Jeanne et moi allions très bien, et je sortis ma queue mollassonne pour qu’elle me la suce. Ce comportement offrait pour bénéfice secondaire une apparente adaptation aux règles du jeu dans cet établissement : J’étais blanc comme un linge mais j’avais sorti ma verge comme une civilité. Quant au dernier bénéfice secondaire, mon éventuel plaisir, il était quelque peu anecdotique.

Le plus étrange est que mon corps, comme s’il avait été indépendant de mes états d’âme, réagissait positivement et Jeanne parvint à me redonner une certaine vigueur. Patrice dit : « quand tu es prêt, on fait une double ! ». J’acquiesçai poliment, reconnaissant envers lui de le laisser m’intégrer à leur couple. Lui et moi avions totalement intervertis nos rôles.

A suivre...

 

21 juin 2007

Descente aux chandelles (3)

Jeanne ne comprit pas ce qui venait de m’arriver. Jusqu’alors, je représentais l’homme de tous ses fantasmes, des pique-niques coquins aux ébats scénarisés, le libertin tout terrain qui cachait sous son capot rutilant un cœur d’amant sentimental, et qui lui permettait d’échapper à l’horizon bouché de sa vie de mère au foyer coincée dans un mariage en bout de course. Pour cette soirée, Jeanne s’était préparée à toutes les extravagances afin d’être à la hauteur de ma réputation sulfureuse. Elle, elle avait revêtu sa robe de soirée comme un gladiateur met son plastron, et voilà que l’homme censé la conduire sur le chemin des plaisirs extrêmes se dérobait soudain. En quelques minutes, j’avais perdu auprès d’elle mon statut d’amant infaillible, et par la même une partie de mon attrait érotique. À l’inverse, je découvrais en elle une libertine aux ressources insoupçonnées qui dansait comme si de rien était après sa première expérience pluraliste.

medium_ClementineII.2.jpgUn peu groggy, je m’assis pour regarder Jeanne au milieu d’autres ravissantes créatures sur la piste. Je me sentais encore un peu déconnecté mais je voulais reprendre le cours de la soirée comme on saute dans un train en marche, ce que se manifestait par une furieuse envie de baiser. Je remarquai une fille métisse qui semblait un peu paumée, assise au bar sur un grand tabouret, sacrément sexy et curieusement seule. Jeanne qui ne dédaignait pas les femmes s’approcha de moi et me parla d’elle, ou plutôt de ses seins rehaussés par sa guêpière, pulpeux comme des fruits murs, « où elle aimerait planter les dents », me dit-elle. Je ne demandais pas mieux. Lorsque cette fille partit dans les salons câlins, visiblement à la recherche de son partenaire – rétrospectivement je me demande si elle n’était pas à la recherche de son client pour lui signifier des dépassements d’honoraires – je proposai à Jeanne de suivre le même chemin. Comme nous tentions de nous frayer un passage entre les corps entrelacés, une grande blonde qui siégeait au détour d’un étroit couloir nous barra le passage. Elle affichait la posture désinvolte d’un douanier africain corrompu dominant son bout de macadam, mais la kalach aux yeux plutôt qu'à l'épaule: Ses jambes tendues en appui sur le mur face à elle, sa jupe relevée sur une belle impudeur, elle cribla Jeanne de regards égrillards. « On ne passe plus ! », sortit-elle sur un ton de défi. À ses côtés, un homme regardait Jeanne comme une gourmandise dans la vitrine d’une pâtisserie. J’imagine qu’il fallait actionner la manivelle de ce garde barrière pour que sa comparse ouvre tous les passages, et ils semblèrent bien dépités de voir Jeanne rebrousser chemin sans entrer dans leur jeu. Nous échouâmes finalement dans la grande salle où la partouze battait son plein.

Nous regardions la scène, passablement excités, lorsque le couple que nous avions croisé dans le sas d’entrée nous aborda. « Et bien on se retrouve » me dit l’homme en souriant, sourire auquel nous répondîmes. Prendre garde à ses sourires est certainement la chose la plus importante à expliquer aux apprentis libertins. Cet homme prit probablement le nôtre pour une invitation car il enlaça Jeanne sans autre forme de procès pour l’embrasser fougueusement. J’étais sidéré par la vitesse à laquelle l’affaire s’emballait. Serrés dans la foule toujours plus compacte, j’essayais de garder le contact avec Jeanne alors qu’il la contournait pour la caresser par derrière. Je sentis une main s’égarer sur la bosse de mon pantalon. Ce n’était pas celle de Jeanne mais celle de la compagne de cet homme, apparemment ravie, qui s’approcha de Jeanne pour l’embrasser à son tour, à pleine bouche. Nous nous présentâmes entre soupirs et baisers : lui Patrice, elle Sonia. J’étais à la fois terriblement excité et inquiet. J’embrassai timidement les lèvres offertes de cette inconnue, et ma main plus hardie s’égara sous sa jupe, sur ses fesses nues, fermes et rebondies. Malheureusement, Patrice ne semblait pas goûter au plaisir des préliminaires mélangistes qui m’auraient amplement suffit. Il détourna à son profit les tentatives de Jeanne pour caresser Sonia, ce dont je ne me rendis pas compte. Je ne voyais qu’une chose : le visage haletant de Jeanne que Patrice prenait debout, par derrière, une minute à peine après nous avoir abordés !

Il attira sa proie consentante dans un recoin tranquille pour mieux jouir d’elle. J’y entraînai aussi Sonia pour ne pas perdre Jeanne de vue. En voyant Patrice prendre mon amour encore et encore, contre ce mur de pierres où elle gémissait de plaisir – oui, c’était bien du plaisir, je reconnaissais ses soupirs - j’essayai de la haïr. Débauche des corps et débâcle des sentiments. L’ombre d’un instant j’essayai de reconsidérer la situation sous un autre angle : Jeanne n’était pas la femme dont j’étais amoureux, non, ce n’était qu’un simple passeporc pour entrer dans ce club et me taper toutes les nanas qui me tomberaient sous la main. Sonia tombait plutôt bien. J’écartai son string par derrière et je caressai son sexe encore sec. De l’autre main j’enfilai un préservatif, prêt à la prendre façon soudard. Quelques allées et venues le long de sa vulve, et je la sentis tout d’un coup toute humide sous mes doigts qui s’acharnaient sur son clitoris comme sur le bouton d’un ascenseur récalcitrant. Alors je l’enfilai d’un coup sec et je l’a besognai sans ménagement, un peu comme une vengeance. Elle était étroite et j’éjaculai très vite, sans plaisir mais sans débander non plus tant mon corps était excité. Je continuai à la ramoner vigoureusement tandis qu’une autre femme s’approcha de Sonia pour la caresser. Elle finit bien par jouir sous mes coups de boutoir. De temps en temps, le cœur vide, je regardai Jeanne se faire bourrer aussi. Je crois que j’éjaculai une seconde fois au fond de Sonia, sans vraiment en jouir, puis je me retirai. Mon préservatif pendait au bout de ma queue en berne. Sonia m’adressa un sourire élogieux. En retour, mon rictus dut etre mis au compte de la fatigue. Patrice voulut prendre ses aises sur une banquette et je les suivis, comme un troisième. Je ne réalisai même pas que Sonia avait disparu.

À suivre

19 juin 2007

Descente aux chandelles (2)

medium_Le_temps_des_cerises_II.jpgEtait-ce la programmation musicale qui commençait à s’améliorer, l’ambiance qui s’échauffait ou notre taux d’alcoolémie qui montait, mais Jeanne m’entraîna sur la piste pour nous trémousser un peu. Dieu qu’elle était excitante avec ses yeux brillants et sa moue inimitable. Elle me donnait une irrésistible envie de la caresser alors qu’elle virevoltait entre mes bras timides, avant de se serrer contre moi, de m’embrasser fougueusement, de sentir mon érection au travers de mon pantalon et de m’entraîner vers les fameux salons câlins. A peine arrivés, je la plaquai face à la fenêtre devant laquelle nous étions passés quelques minutes plus tôt, et dont elle saisit les barreaux. Mes mains étaient avides de sa peau, et puis pleines de ses seins, mes lèvres sur sa nuque, mes reins contre ses fesses… Mutine, Jeanne se dégagea de ma prise traîtresse pour aller de l’autre côté du mur, là où une banquette encore chaude semblait attendre de nouveaux ébats.

Elle s’y étendit sur le dos, et moi sur elle. Ivre de désir je remontai sa robe sur son corps enfiévré pour m’emparer de ses fesses, à pleines mains. Mes lèvres papillonnèrent entre ses seins, puis sur son ventre, reconnaissant le chemin qui menait à sa source où j’aimais tant m’abreuver. Elles le suivirent, comme prises d’une soif inextinguible. Je glissai peu à peu à ses pieds, entre ses cuisses ouvertes. En levant les yeux vers elle, je vis un homme dans la pénombre, qui avait aventuré une main entre les barreaux de la fenêtre afin de cajoler les seins de Jeanne. J’ai alors aimé qu’il lui fasse cette caresse là, au point de regretter de le voir disparaître furtivement. Mes lèvres étaient arrivées au bout de leur course, et mes doigts fébriles venaient à la rescousse pour écarter l’ultime dentelle qui me séparait de sa source. Ma langue y plongea, débusqua son nectar qui inonda bientôt mes lèvres, ce qui ne faisait qu’attiser ma soif de son plaisir. Je l’entendis gémir tandis que j’aspirai son bouton entre mes lèvres avides.

Il y a des images dont on se souvient toujours, avec une acuité telle qu’on pourrait les dessiner. Comme celle de cette liste des noms des bacheliers, agrafée sur le mur d’un lycée, si proche et si lointaine à la fois, tandis que j’étais pris dans la cohue de ceux qui l’avaient et de ceux qui ne l’avaient pas. Ou comme celle que mon cerveau a irrémédiablement enregistrée ce soir là lorsque j’ai levé les yeux vers Jeanne en l’entendant gémir. Au centre, son visage à contre jour, tourné vers la droite, découpé comme une ombre chinoise, ses lèvres tendues sur la queue d’un inconnu agenouillé à côté d’elle. Probablement était-ce le type qui l’avait caressée entre les barreaux, et qui avait dû trouver plus commode de faire le tour de la cloison. A sa gauche, dans la pénombre, un autre homme qui était venu s’occuper de ses seins temporairement délaissés. Je me rapprochai de Jeanne: « Ca va ? Chuchotai-je à son oreille.
- Oui ça va ! », me répondit-elle dans un souffle. Je glissai deux doigts inquisiteurs dans sa chatte trempée, troublé par le spectacle de son corps qui vibrait sous mes doigts. Sous nos doigts. L’homme de gauche l’embrassait maintenant goulûment, et Jeanne n’abandonnait sa bouche que pour sucer l’homme de droite quand il s’impatientait. Quant à ses seins, ils se les partageaient.

En nous laissant ainsi aller, dans cette promiscuité certes recherchée mais à laquelle il était impossible d’échapper, je sentais confusément que je perdais le contrôle de la situation. Je ressentis un profond malaise, au sens figuré du terme, puisque mon corps suivait : mon sexe bandait plus que jamais. Le même malaise que quand j’avais 8 ans, et que je voyais approcher les autres, à peine plus grands : Je savais bien qu’ils voulaient m’arracher mon bateau avec lequel je m’amusais seul, toujours seul au bord du bassin, sous prétexte de jouer avec moi. Je fus submergé malgré moi par cette émotion égoïste, archaïque, atavique, inopportune jusqu’au ridicule dans un tel contexte, mais qui m’étouffa. Alors sur le sexe de Jeanne, j’avais la main mise, protectrice. Mes doigts possessifs y entraient, en sortaient, m’amarraient à Jeanne déjà en voyage, et l’y poussaient même, mais sans pourtant la lâcher. Jusqu’au moment où j’ai fini par lâcher prise. La suite, je ne m’en souviens plus très bien. L’homme de gauche lui fouilla le sexe sans vergogne. Jeanne lui dit « doucement ! ». Je me couchai aussitôt sur elle comme un garde du corps, et ils se volatilisèrent. Je n’avais même pas vu le signe qu’elle avait dû leur faire pour leur signifier d’arrêter, lorsqu’elle avait perçu que je ne la suivais plus. Mais je me souviens très bien de ses mains sur mon dos, légères, si légères qu’elles semblaient voler, au point que je me suis demandé si elles lui appartenaient. Jeanne m’a dit que l’homme de gauche embrassait bien, et que pour un peu elle lui aurait demandé de finir la nuit avec nous. Et puis nous sommes retournés danser.

A suivre...

17 juin 2007

Descente aux chandelles (1)

medium_Lola.2.jpgAvril 2004, un Jeudi soir vers 22h30. Jeanne et moi étions sur le trottoir, à la porte de la Mecque des nuits libertines parisiennes : Les chandelles.

Ce n'était pas ma première sortie en club libertin, j'avais déjà eu quelques expériences à l'Overside, expériences plus exhibitionnistes qu'échangistes, et je m'attendais à vivre plus ou moins la même chose dans cette soirée exclusivement réservée aux couples, voire un peu de mélangisme, sans pour autant exclure la pénétration hors couple même si je ne l’envisageais pas vraiment. Car Jeanne était vierge de toute expérience de pluralité sexuelle et c’était aussi la première fois qu’elle mettait les pieds dans un club libertin. Elle n’avait exprimé qu’une inquiétude : être refusée à l’entrée. Elle aurait pris ça comme un déni de son charme, une insulte à sa féminité, alors elle avait mis toutes les chances de son côté. La veille, allongé sur le lit de la chambre d’hôtel qui abritait notre dernière escapade clandestine, nu, le sexe déjà dressé dans l’attente de son corps lové tout contre le mien, je l’avais regardée essayer sa nouvelle petite robe noire, à demi transparente, ses escarpins aux talons pointus, et son tailleur vintage qui soulignait si bien ses courbes féminines.

Quand nous entrâmes dans le sas d’entrée du club, il y avait déjà un autre couple qui commençait à s’impatienter. La femme vêtue d’un long manteau semblait assez jeune, apparemment maghrébine et plutôt jolie bien que trop maquillée à mon goût. Quant à l’homme, il était grand et de belle prestance. La seconde porte du sas s’ouvrit enfin sur un videur revêche qui leur reprocha aussitôt de venir pour la première fois, auquel cas les premiers jours de la semaine étaient plus indiqués que le Jeudi soir. Je commençais à jeter vers Jeanne des regards dépités lorsque le videur nous pria d’entrer, me confirmant ainsi qu’il y avait bien deux poids et deux mesures.

Après le vestiaire nous descendîmes un escalier qui menait vers le club en sous-sol, et puis nous traversâmes une véritable muraille de rubans roses suspendus au plafond, comme pour symboliser un passage vers un autre mode, une parenthèse aux conventions ordinaires, et nous arrivâmes dans la salle principale du club aménagé dans d’anciennes caves voûtées en pierre de taille. Cette salle qui abritait le bar et la piste de danse déserte, avait une déco résolument kitch : intégralement capitonnée de similicuir bleu foncé, jusqu’au plafond littéralement recouvert de lustres en cristal rococo. Côté faune, de très jolies filles vêtues de peu, des hommes bien sapés, mais sans doute pas à la hauteur de leurs cavalières dont nous soupçonnions certaines d’être des escort-girls permettant aux hommes seuls mais aisés de pénétrer dans le club, dans tous les sens du terme. Quant à la musique, elle aurait certainement fait fuir les clubbers avertis, mais étions-nous là pour nous trémousser que sur la piste de danse ?

Nous nous assîmes dans un coin trop tranquille avec deux gin-tonics, avant d’explorer le reste du club, dont ces fameux « salons câlins ». Nous vîmes le premier au travers des barreaux d’une fenêtre creusée à même la roche. C’était une grande pièce sombre dont les cotés étaient bordés de larges banquettes susceptibles d’accueillir une famille très nombreuse. Un couple s’y ébattait tranquillement. Le pantalon à mi-cuisses et les fesses nues, l’homme était juché entre les jambes de sa partenaire dont on ne voyait que les mollets qui battaient l’air. Dans un coin, une alcôve devant laquelle se pressaient des curieux, et plus loin une autre pièce qui semblait aussi bondée qu’un hall de gare un jour de grève, ce qui ne nous invita pas à pousser davantage nos investigations. C’était reculer pour mieux sauter, si j’ose dire.

 A suivre...

15 juin 2007

Au vent des blogs...

Aujourd’hui, je publie une note chez Ysé !
Venez m’y retrouver, et mieux: participer à cette histoire voyageuse

medium_HistoireVoyageuse.jpg

 L’histoire voyageuse


J’ai envie de tenter avec vous une expérience, amis lecteurs et surtout blogueurs : écrire une histoire qui voyagerait de blogs en blogs au gré de l’inspiration de ceux qui y participent. Le principe est similaire au classique « buffet froid », mais avec quelques aménagements pour l’adapter au monde du blog et favoriser le cross-blogging. En voici la règle récursive:

L’épisode N est publié sur le blog de l’auteur de l’épisode N-1. Lors de cette publication, chaque lecteur (qui tient un blog) est invité à écrire un commentaire pour proposer une suite à cette histoire. L’auteur de l’épisode N doit alors sélectionner la meilleure suite qui fera l’objet de l’épisode N+1 suivant.

Vous n’avez rien compris ? Ne vous inquiétez pas, c’est normal. Voilà un exemple :

L’épisode 2 de Dura Lex sed Lex a été publié chez moi parce que j’étais l’auteur de l’épisode 1. Hors l’épisode 2 a été écrit par Ysé, et c’est par conséquent chez elle qu’est publié l’épisode 3. L’épisode 3 a été écrit par moi-même est c’est donc chez moi que sera publié l’épisode 4. C’est moi, auteur de l’épisode 3, qui choisirait cet épisode 4 parmi ceux qui seront proposés. Si c’était un épisode de Celenee qui était choisie, alors son texte serait publié chez moi. Supposons que parmi les suites proposées à l’épisode 4, c’est celle de CUI que Celenee préfère. Alors l’épisode 5 écrit par CUI serait publié chez Celenee et l’épisode 6 choisi par CUI serait publié chez lui, etc…

13 juin 2007

Le missionnaire, le hussard et le libertin


Le bon, la brute et le truand ; Le père, le fils et le Saint-esprit ; Rouge, Vert, Bleu ; Clergé, noblesse et tiers état ; On a toujours appliqué aux hommes et aux choses une classification triangulaire, alors pourquoi pas à « l’amantitude » dont je définirai tout le spectre à partir de trois pôles : Le missionnaire, le hussard et le libertin. Votre amant, actuel ou désiré, est sûrement trop complexe pour être réduit à une seule de ces figures caricaturales, mais laissez moi les esquisser pour mieux le situer :

medium_missionnaire.jpgLe missionnaire : Il a donné son nom à une position. Une seule et pas la plus folichonne, tout un symbole. Le missionnaire n’est pas le plus imaginatif ni le plus viril, mais c’est une valeur sûre. Vous pouvez compter sur ses frêles épaules pour vous réconforter après avoir été larguée par votre hussard préféré, il sera toujours là, cet amoureux transi prêt à vous enfiler… la bague au doigt. Car le missionnaire se mue volontiers en bon mari et brave père de famille, c’est celui qui élèvera vos enfants, tout en certitudes, y compris celle de vivre avec lui un amour éternel-
lement ennuyeux.

 

 

 

 

medium_hussard.2.jpgLe hussard : Il n’a pas donné son nom à une position mais a un style d’amour, violent, vigoureux… et bref. Le hussard est le macho par excellence, le sanguin, l’impétueux, le jaloux. Ce n’est pas le plus attentif, c’est celui qui vous cloue au mur sans retirer ses bottes avant de partir en croisade, et qui, à son retour, exigera que vous l’ayez attendu dans la plus fervente adoration. Si le missionnaire est la braise qui couve sous la cendre, le hussard est un feu de paille ardent. Vos vieux jours, ce n’est pas lui qui les réchauffera, mais son souvenir éblouissant les éclairera peut être.

 

 

 

medium_libertin.jpgLe libertin : Il est si insaisissable que même son adjectif est équivoque, associé à la fois à la liberté de penser, et de baiser. Raffiné jusqu’à la perversion, c’est celui qui glorifie l’acte amoureux pour votre plus grand plaisir, mais parfois au détriment des sentiments. Idéal pour les enterrements de vie de jeune fille, perte de virginité ou toute autre étape de votre vie charnelle, il incarne aussi très bien le démon de midi et le 5 à 7 sans conséquence… tout au moins pour lui. S’il n’est pas jaloux, ne comptez pas trop mettre le grappin dessus car si vous pouvez conquérir son corps et son esprit, son cœur risque de rester inaccessible.

 

Bien entendu, vos désirs ne vous porteront pas vers une seule de ces figures emblématiques, mais plutôt vers une synthèse des trois dans des proportions qui peuvent varier au cours de votre vie, le parcours classique consistant à tomber amoureuse d’un hussard, se marier avec un missionnaire et finir par prendre un amant libertin. De surcroît, les hommes peuvent avoir plusieurs facettes, et un apparent missionnaire peut cacher un insatiable libertin (le contraire étant plus rare, ou alors vraiment sur le tard).

Et vous, amie lectrice qui aimeriez vous rencontrer actuellement ? Plutôt un missionnaire ? Un hussard ? Ou un libertin ?

11 juin 2007

Grease

La grisaille sordide n'avait rien, mais vraiment rien pour lui remonter le moral. Assise derrière la vitre de ce vieux bar tabac miteux, son regard se perdait au loin, après la buée de son souffle sur la vitre, plus loin que la pluie dégoulinante, au delà du carrefour, dans le magma grisâtre d'où Il surgirait sûrement, forcément, un jour. Ou peut être une nuit. Abrutie de fatigue après une journée à ne rien faire, elle regardait les verres qu'elle avait alignés, se refusant de les compter avant d'en prendre un dernier. Elle fit l'effort de tourner la tête pour croiser les yeux délavés du patron bedonnant qui la regardait sans la voir, comme tous les autres paumés qui traînaient là. Et en fouillant au fond de sa poche à la recherche du sésame de ses désirs liquoreux, elle réalisa que le patron ne la regardait pas. Non, il comptait, lui.

Elle sentit enfin du métal froid au bout de ses doigts, de quoi la réchauffer un peu. « Attention, se dit-elle, qu’est-ce que je vais sortir de ma poche... Jackpot ? Black Jack ? Cent balles ! Tu parles... même pas de quoi me payer un café ! ». Elle balaya du regard la salle encombrée en se demandant comment elle pourrait claquer sa monnaie. Flipper ? Elle était bien trop bourrée pour le bourrer aussi, mais pas encore assez pour y glisser sa dernière pièce. Le vieux Pakman ? Un beur y jouait son RMI, et elle n'avait pas encore d'instincts suicidaires. L'antique Juke Box ? Il était peu probable qu'il marche encore, elle n'avait jamais vu personne s'en servir, mais il était juste derrière elle, même pas besoin de se lever ! « Allez hop ! Marmonna-t-elle, voyons voir, s’il peut me chanter quelque chose de gai ! ». Les titres n’étaient guère engageants :

1/ Ne me quitte pas
2/ Tout peut s'oublier
3/ Même le temps perdu
4/ Grease

« Pas récent, récent tout ça, allez le 4 Hou hou hou » chantonna-t-elle. Elle se retourna et eut à peine le temps de voir les yeux écarquillés du patron, que la porte s'ouvrit avec fracas.

Cliquez pour avoir la musique...

I got chills they're multiplying
And I'm losing control
Cause the power you're supplying
It's Electrifying!

Sono à fond, Travolta déboule dans la salle, micro à la main, devant les badauds médusés. D'un mouvement félin, il fait glisser ses lunettes noires au bout de son nez, pour transpercer de son regard d'acier la fille scotchée au juke box. Et le voila qui entonne avec sa voix de crooner:

You're the one that I want ho ho ho honey
You're the one that I want ho ho ho honey

Mieux qu'un conte de fées, plus fort que tous ses rêves, elle se sent pousser des ailes ! Maman ne lui avait donc pas menti, le conte de fées est toujours possible. Il suffit d’y croire assez fort et de savoir saisir sa chance ! Alors la main que Travolta lui tend, elle ne la saisit pas, non, elle s'en empare, et il l'arrache de sa chaise pour une danse endiablée. Rock acrobatique. Olivia Newton-John n'a qu'à bien se tenir, elle va avoir de la concurrence. Et le voilà qui la saisit par la taille, la jette en l'air, la rattrape au vol. Elle écarte les cuisses, avant de glisser sur ses hanches. Elle sent bien qu'elle ne lui est pas indifférent, et il est pourvu le bougre. D'un coup de rein puissant, il la remet sur pied. Elle en a les jambes qui tremblent, mais elle ira jusqu'au bout du rêve.

Elle n'a d'yeux que pour lui, il n'a d'yeux que pour elle. Elle distingue à peine les clients du bar qui forment un cercle autour d'eux en battant des mains comme des groupies extatiques, et qui reprennent en coeur `Ho Ho Ho honey'. Même le patron saute sur son zinc pour y faire des claquettes ! Clic ! Clac ! Clic ! Clac !

Mademoiselle ! Mademoiselle ! La pauvre fille entrouvre des yeux révulsés sur l'interne des urgences qui lui assène des gifles à tour de bras, tandis que l'infirmière de garde se fait les ongles derrière lui et prononce un diagnostic définitif du haut de ses trente ans d'expérience: « Coma éthylique, docteur. Ne vous fatiguez pas, avec ce qu'elle a ingurgité, elle n'est pas prête de se réveiller ».
Mais entre ses paupières mi closes, la fille voit bien que les yeux bleus du beau docteur lui sourient.

11:15 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : travolta, Littérature

09 juin 2007

L’interrogatoire

   L’atmosphère était lourde et moite. Il n’avait pas plu depuis quelques jours sur Prague : L’air ambiant était gorgé d’eau, et d’une tension électrique presque palpable. « Il faut que ça pète ! » avait lancé la camarade Libczek au début de la soirée. « Il faut que ça pète, cette moiteur est insupportable ! » avait-elle renchéri entre deux lampées de vodka, et tout le monde avait acquiescé. Comme chaque premier jeudi du mois, le comité littéraire de l’université de Blogovsna s’était réuni chez Pavel.
   Pavel nous avait présenté la couverture de son prochain roman tout juste sortie de l’imprimerie. C’était une grande feuille cartonnée et brillante qui, une fois passée au massicot, donnerait trois couvertures. Les trois couvertures encore jointes formaient une sorte de poster dont la répétition du motif, avec le titre et le nom de Pavel en gros caractères, n’était pas dénué d’un certain esthétisme. La petite Zdena avait aussitôt proposé de l’afficher sur un des murs encore nus du salon de Pavel où nous étions réunis, mais tout le monde s’était accordé sur le fait que ce serait une marque d’égocentrisme indigne des valeurs du Parti, ainsi que du thème du roman : une satire des dérives capitalistes et égoïstes en Europe occidentale.
   Je n’étais pas venu seul à cette soirée, mais en compagnie d’Olga, une jeune étudiante de l’université, remarquée par notre comité pour la qualité de ses articles parus dans la revue hebdomadaire de littérature révolutionnaire à laquelle nous contribuions tous. Olga et moi étions tous deux de Moravie ce qui pouvait expliquer notre rapprochement, et le fait que nous étions arrivés ensembles, chargés de boissons et de spécialités Moraves. En ce temps-là, il était de bon ton de partager ainsi un repas frugal auquel chacun avait équitablement contribué.
« Et toi Ludvik, qu’as-tu apporté ? Me demanda Libczek.
- Une bouteille de Vodka. Je n’ai pas trouvé autre chose à l’aéroport de Cracovie.
- Tu viens directement de Cracovie ?
- Oui, je suis arrivé dans l’après midi. J’avais une réunion là bas. »
   Libczek n’épilogua pas sur le fait qu’à peine arrivé de Cracovie, j’avais probablement dû retrouver Olga quelque part au lieu de rentrer chez moi avant de me rendre à la soirée. Elle avait été interrompue par Vladimir qui souffrait encore du décalage horaire une semaine après son retour de Vladivostok, et avec lequel elle avait de fréquents apartés. La conversation dériva donc paisiblement sur le cours de notre petite revue littéraire, de nos articles des précédentes éditions et de leur succès auprès du public.
   Il n’était pas encore minuit lorsque je fis mine de partir. Je voulais rentrer chez moi à une heure raisonnable afin que mon épouse ne s’inquiète pas trop de mon absence. Or j’avais laissé ma valise chez Olga, et elle devait forcément partir en même temps que moi. Nous en étions donc à saluer les membres du comité lorsque Libczek nous interpella : « Vous couchez ensemble ? ».
   La question était tombée comme la foudre attendue. Mais la pluie annoncée n’était toujours pas là et j’eus une bouffée de chaleur. Mal à l’aise, il me sembla préférable d’esquiver la brutale question de Libczek: « Dans un de mes articles de notre revue littéraire…
- On s’en fiche de tes articles ! Réponds simplement à la question : Vous couchez ensemble, oui ou non ?
- Si tu avais lu mon article relatif au musée populaire, tu aurais compris que…
- La question est pourtant simple, Ludvik ! Je te demande si tu couches avec Olga. Tu réponds oui ou tu réponds non, c’est tout ! »
   En quelques secondes, le visage de Libczek avait changé. Elle n’était plus la talentueuse éditorialiste de notre revue, mais elle me fusillait d’un regard noir et perçant, celui qu’elle arborait lorsqu’elle animait le « cercle d’étude » de la faculté, qui se réunissait fréquemment pour procéder à la critique et à l’autocritique de tous ses membres, à partir de quoi chacun d’entre nous était noté. Ces notes alimentaient ensuite nos dossiers personnels au Parti. De cette appréciation dépendrait par la suite l’obtention d’une promotion, d’un visa pour partir à l’étranger, ou tout simplement l’autorisation de déménager. Notre cercle d’étude avait fini par prendre des allures de confessionnal publique et obligatoire dont Libczek était devenue la grande inquisitrice. Chargé de juger des affaires mineures dont les différents de voisinage dans la cité universitaire, Libczek s’y était particulièrement illustrée en sermonnant vertement une étudiante mariée qui exprimait trop bruyamment le plaisir conjugal que son jeune époux lui procurait généreusement, plaisir si fracassant qu’il empêchait de dormir sa voisine vieille fille. « N’avez-vous donc pas honte de manifester si bruyamment vos égarements vaginaux comme ces chiennes à films pornographiques qui submergent la bourgeoisie occidentale décadente ! » c’était alors écriée Libczek dans un accès de lyrisme révolutionnaire.
   C’était à ce visage furieux qu’Olga et moi essayions d’échapper en vain, elle tentant de plaisanter pour masquer sa gêne, moi de répondre à mots couverts: « Mon article rédigé conjointement avec Olga était classé à la rubrique reportages.
- Et alors ?
- Et bien j’y avais raconté sous mon pseudonyme bien connu comment j’avais rencontré Olga, et ce n’était pas une fiction.
- C’est tout de même incroyable ! Tu n’hésites pas à publier des récits, dont nous avons tous remarqué les dérives vaginalistes, et tu ne peux pas me dire si tu couches avec Olga ! »
   En me mettant face à un paradoxe, Libczek me poussait à la justification, et par conséquent à accepter le glissement de cette réunion informelle en séance d’autocritique. Debout au centre de la pièce, elle la présidait déjà. À ses côtés, de part et d’autre, Pavel et Marketa, debouts eux aussi puisqu’ils étaient sur le point de me saluer, me faisaient penser à deux greffiers. Derrière moi, mon fidèle ami Vladimir officialisa malgré lui la séance en me proposant son aide : « As-tu besoin d’un avocat, Ludvik ? »
   Le problème n’était pas tant de reconnaître l’évidence que de mettre des mots dessus, parce que je savais trop bien que face à Libczek, les premiers aveux en appelleraient d’autres, et que je risquais fort de me trouver officiellement convoqué au Parti. Un acte, en revanche, pouvait répondre à sa question sans me faire entrer dans l’engrenage des aveux. Aussi me tournai-je vers Olga, je l’empoignai par les épaules, je l’attirai à moi et lui fit un violent baiser. Nos dents s’entrechoquèrent. « Es-tu satisfaite ? Demandai-je à Libczek.
- Cela ne veut absolument rien dire ! Il m’est arrivé d’embrasser des copains par pure provocation ! » Disant cela, elle recula d’un pas.
   Abattu, je finis par me rasseoir, et j’admis verbalement ce que je venais de démontrer physiquement : « Oui, murmurai-je dans un souffle.
- Non, s’écria Olga, pourquoi l’as-tu dit ?
- Vous allez donc passer la nuit ensemble ! » renchérit Libczek.
   Sans attendre ma réponse qui, de toutes façons, ne serait pas venue, Libczek retourna à sa place, satisfaite du devoir accompli. Elle coupa l’enregistrement qu’elle avait discrètement enclenché avant le début de son interrogatoire. La bande magnétique rejoignit ainsi des milliers d’autres sensées assurer la subordination de toute la population Praguoise.

medium_bobine.jpg   Je viens de recevoir une lettre anonyme. Dans cette lettre, une bande magnétique. Sur cette bande, des voix oubliées. Le mur de Berlin est tombé depuis des années mais c’est seulement aujourd’hui que les documents des services secrets Tchèques ont été déclassifiés. On peut s’y replonger avec délice comme dans un vieil album de photos de famille.

07:45 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Littérature

07 juin 2007

Au réveil

medium_VillaRoyaleMontsouris.jpgLa Villa Royale Montsouris est un petit hôtel de charme parisien à l’ambiance Mauresque. Crépi ocre rustique, robinetterie de cuivre, faïences marocaines, tentures pourpres et couvre lit en lin  assortis… si on s’abstient de regarder par la fenêtre qui donne sur les boulevards des maréchaux, on pourrait se croire à Marrakech, dans la chambre d’une de ces riads modernisées par un architecte tant la décoration fourmille de détails recherchés. Il ne mérite sans doute pas ses quatre étoiles au vu du peu de services offerts, et il semblerait d’ailleurs que cet hôtel ait été déclassé, mais c’est (ou bien était-ce) sans aucun doute un très bel endroit pour y inviter sa maîtresse et s’offrir un avant goût de mille et une nuits de plaisir en une seule soirée. Je garde ainsi deux souvenirs de cet hôtel. Un seul et unique après-midi avec une jeune femme en tous points remarquable dont je vous parlerai un autre jour si vous êtes sage, et une nuit avec Jeanne.

Jeanne était descendue sur Paris pour me retrouver ainsi que des amis qu’elle n’avait pas vus de longue date. Invitée à dîner avec eux, elle m’avait promis de ne pas s’éterniser et de me retrouver à l’hôtel dans la soirée. Bien entendu, le dîner s’était prolongé, et je l’avais attendu face à la télé, tout seul dans ma chambre marocaine avant de prendre un livre et finir par m’assoupir.


J’ai été tiré de mon sommeil au milieu de la nuit en entendant frapper. Je me suis levé, et j’ai titubé jusqu’à la porte de la chambre. J’ai ouvert. C’était Jeanne. Allez savoir pourquoi, je crois que je me rappellerai toujours ce moment là. En un clin d’œil, son regard a balayé tous les reproches que je lui aurais fait si je n’étais pas ramolli de sommeil. Elle s’est précipitée dans la chambre et presque sans me dire un mot, elle m’a poussé sur le lit pour se jeter sur moi. Nous avons fait l’amour comme des fous, comme des bêtes, vite et mal et c’était bon. Oui, c’était bon après la déception d’ouvrir les yeux sur un bonheur simple, comme un enfant qui se réveille heureux sous le regard bienveillant de sa mère (et grâce à ce regard là) après s’être endormi en larmes parce qu’il ne voulait pas aller se coucher.


Je me demande si pour devenir l’« adulte responsable » attendu, on ne doit pas bâillonner la part d’enfance (et donc d’illusion) qui subsiste en nous, et par la même perdre le pouvoir magique de n’avoir qu’à fermer les yeux sur la tristesse pour les ouvrir sur le bonheur. Pour reconquérir ce pouvoir là, peut-être faut-il simplement admettre que le bonheur peut changer de visage pendant la nuit.

05 juin 2007

Traitement de choc

medium_infirmiere.jpgJ’ai chaud et je grelotte. Etendu entre des draps trempés, courbaturé par la fièvre, je somnole depuis des heures sans vraiment trouver le sommeil. Je viens d’être admis au service des maladies tropicales de l’hôpital. Crise de palu, Halfan en intraveineuse. Quitte à être sérieusement malade, c’est bien le palu. Ce n’est pas contagieux, il n’y a pas de séquelles quand c’est soigné à temps, et ça fait baroudeur. Définitivement plus sexy que la fièvre jaune. On frappe à la porte, trois petits coups qui résonnent comme le tocsin dans mon crâne douloureux. J’émerge juste assez de ma torpeur pour bredouiller un « Entrez » bien tardif, car déjà la fine silhouette d’une infirmière s’approche de moi dans la pénombre de la chambre. Mince, les cheveux noirs mi-longs, les yeux clairs, son uniforme blanc et court dévoile des jambes dont la finesse est rehaussée par des escarpins à talons hauts qui ne semblent pas très appropriées pour arpenter les couloirs d’un hôpital. Je ne reconnais décidément pas la matrone bourrue à laquelle j’avais eu à faire jusqu’à présent, et lorsqu’elle pose délicatement sa main sur mon front, je tente de me présenter aussi bien que la situation me le permet.

- Bonjour… moi c’est Vagant… mais vous le savez sans doute… c’est sur mon dossier… et vous ?
- Eva. Mais vous êtes brûlant. Retournez-vous, je vais prendre votre température.
- Mais… pas dans la bouche aujourd’hui ?
- Non, il ne nous reste plus que des thermomètres anaux. Détendez-vous…

Ses mains fines baissent la culotte de mon pyjama, dévoilent mon pauvre postérieur livré à ses mains douces qui écartent les lobes charnus avant d’y glisser le thermomètre. Curieusement, elle semble avoir du mal à le poser correctement car elle doit s’y reprendre à plusieurs fois, le fait entrer et sortir tout en flattant doucement mes fesses de la paume de la main, en disant d’une voix suave « détendez–vous… ça ne fera pas mal… détendez-vous » Je me détends, et me soumet de bonne grâce à ces va-et-vient, de plus en plus amples et profonds, qui risquent fort de faire grimper en flèche ma température. Son autre main qui s’est glissée entre mes cuisses n’arrange rien à l’affaire. « Voulez vous écarter les cuisses, il me semble que vous avez des ganglions » Je m’exécute, un peu gêné à l’idée qu’elle découvre l’excitation que sa prise de température a provoquée, et j’offre mon entrejambe à ses palpations thérapeutiques. « Vous êtes sûre que ce sont les ganglions ? » Dis-je dans un souffle alors qu’elle me masse doucement les testicules. Elle ôte alors le thermomètre et s’exclame « 39.5 ! Je dois vous faire un examen approfondi ! » Joignant aussitôt le geste à la parole elle glisse prestement sa main sous mon ventre pour empoigner mon phallus.

- C’est bien ce qui me semblait, vous êtes atteint d’une violente crise d’érection fébrile. Retournez-vous que je vois ça d’un peu plus prêt !
- Oui mais le thermomètre me dérange en peu...
- Ce n’est plus le thermomètre cher Monsieur !

Je me retourne donc, pendant qu’elle poursuit sans vergogne ses attouchements qui ne me semblent plus très médicaux, livrant maintenant mon érection fébrile à son examen attentif. « Hummmm… vous êtes bien atteint » dit-elle avec la joie du médecin sûr de son diagnostic, le refoulement en moins, avant de faire glisser son doigt le long de mon sexe tout en énumérant les symptômes dont je suis supposé souffrir. « Gonflement des tissus… dilatation de la verge… gland rouge et turgescent… au bout duquel pointe une petite goutte translucide »  Elle cueille la goutte au bout d’un doigt et le porte à ses lèvres, comme ces médecins du 17ème siècle qui n’hésitaient pas à goûter les sécrétions de leur patient, mais sans leur jeter pour autant des regards lubriques. « Liqueur séminale de première qualité !» s’exclame Eva en ouvrant sa blouse sur des dessous qui ne cachent rien. « Il vous faut un traitement de choc cher Monsieur ! »

J’ai beau ne plus avoir tous mes esprits, je crois savoir où elle veut en venir et je me prête bien volontiers à son traitement de choc, qui commence par la vue de son corps de liane, à la féminité exaltée par un ensemble de dentelle pourpre assorti à la croix rouge de son couvre chef, le dernier attribut de sa fonction puisque sa blouse vient de glisser à ses pieds dans un bruissement délicieux. Sans perdre une once de son sérieux uniquement trahi par son regard brillant, elle monte sur mon lit, enjambe mon visage et écarte sous mes yeux ébahis sa vulve épilée. « Il faut combattre le feu par le feu » dit-elle dans un accès de lyrisme hospitalier « Vous allez absorber une bonne rasade de liqueur féminine pendant que je vais soigner votre turgescence. Allez-y, sucez bien la petite pilule rouge, sans la croquer, et lapez tout ce que vous pouvez, ouiiiiiii, comme çaaaaaa, c’est trèèèèèès bien… continuez… ne vous arrêtez surtout paaaaaaas… »

Comme un bon malade, j’obéis aux injonctions de l’infirmière et suce vigoureusement sa petite pilule qui ne fond ni dans la main ni dans la bouche, bien au contraire, avant de laper à la source sa liqueur qui inonde mon visage. Par goût de ce traitement plus que par le seul désir de guérir, je m’y astreins scrupuleusement bien que les directives d’Eva se soient depuis longtemps transformées en une succession d’onomatopées satisfaites et étouffées par mon sexe. Car telle est la seconde partie du traitement, une vigoureuse masturbation doublée d’une fellation brûlante. A vrai dire, au lieu de me guérir, j’ai l’impression de lui avoir communiqué ma fièvre, et pour en avoir le cœur net, je saisis le thermomètre laissé sur ma tablette et je l’enfonce dans son anus palpitant. Je vois alors la colonne de mercure dépasser une à une toutes les graduations, atteindre les limites ultimes du tube, et j’éjacule dans sa bouche ma lave brûlante…

« Température ! » J’ai à peine ouvert les yeux que l’aide-soignante ventrue s’est jetée sur mon lit et a écarté les draps sans autre forme de procès, avant de me juger d’un regard outré : « Mr Vagant, à votre âge, et dans un lit d’hôpital ! Vous n’avez pas honte ! »

03 juin 2007

Lettre d’amour

Mars 2004. Autre hôtel, toujours Jeanne. Elle avait les cheveux assez courts, raides, auburn. Elle revenait des sports d’hiver, le visage halé, avec la marque des lunettes de ski comme un bandeau clair où étincelait le bleu de ses yeux. Je crois ne l’avoir jamais trouvée aussi belle que ce jour là. J’avais eu envie d’immortaliser quelques scènes, et j’ai posé la web cam reliée au PC sur le bureau dans la chambre de l’hôtel. Quelques mois plus tard, j’ai évoqué ce moment là lorsque que je lui ai écrit cela :

Te souviens-tu mon tendre amour, du jour où tu m'as demandé de t'attacher ? Tu voulais être dominée, soumise à mes caprices les plus extravagants. Tu me voulais sévère, inflexible, si loin de la tendresse habituelle de nos ébats amoureux. Ce rôle ne m'est pas familier, mais je me suis piqué au jeu. J'avais sous la main quelques accessoires faciles à pervertir, mon ceinturon, une bouteille de champagne, et je me suis composé le personnage du maître auquel on venait d'offrir une belle esclave. Je t'ai déshabillée, avec la lenteur calculée de celui qui ouvre un paquet cadeau, et qui jouit d'avance de découvrir une offrande bien connue mais dont il ne se lasse pas, la douceur de ta peau et ton parfum enivrant. Toi, tu me regardais avec tes grands yeux bleus, un sourire à peine esquissé au coin des lèvres, et j'ai du me retenir pour ne pas te serrer tendrement dans mes bras.

J'ai décidé de ne pas te déshabiller complètement, mais de te faire garder tes sous-vêtements, un délicieux petit ensemble de dentelle noire. Je t'ai ordonné de te retourner, pour que j'apprécie bien la marchandise dont j'allais jouir, et je t'ai lié les poignets dans le dos avec ma ceinture. Tu n'as pas pu réprimer ton sourire. Je t'ai ordonné de me sucer, et tu t'es exécutée de bonne grâce, à genoux sur le lit. Je vois encore tes lèvres fines coulisser sur la verge alors que mes mains extrayaient tes seins de leurs écrins de dentelle. Il me semble encore sentir la pression de ta bouche sur mon sexe, et au creux de ma main le poids de tes seins dont je torturais tendrement les tétons pointus.

J'ai gratifié d'un langoureux baiser la docile esclave que tu avais décidé d'être, et j'ai apaisé ta soif en offrant à tes lèvres avides mes doigts et ma langue mouillés de champagne. J'entends encore ton cri de surprise lorsque j'en ai versé un verre sur tes seins, tes gémissements de plaisir quand je les ai longuement malaxés, assis derrière toi, ma queue raide contre tes mains liées. Mais si je t'avais attachée, c'était pour mieux te donner la correction que tu appelais de tous tes voeux. Je t'ai couchée sur le ventre pour malaxer tes fesses, j'ai écarté ton string pour me repaître de la vue de ton intimité, et j'y ai versé un peu de champagne. Il t'inonda de partout, t'arracha des soupirs, et ma bouche gourmande pompa l'inondation pétillante.

Clac ! La surprise t'arracha un cri quand ma main s'abattit sur ta fesse droite, alors que mes lèvres câlines picoraient ta nuque pour faire diversion. Clac ! La gauche maintenant, et toujours ce petit cri. Tu ne t'y attendais donc pas ? Et clac ! À nouveau la droite ! Clac ! Encore la gauche ! Avec ce traitement, tes fesses prirent rapidement des couleurs, et il était grand temps de les rafraîchir. Une bonne rasade de champagne fit l'affaire, et je ne pus à nouveau résister au plaisir de laper les bulles sur tes fesses endolories. Cette alternance de douceurs et de sévérité eut tôt fait de te mettre dans tous tes états et tes petits cris de surprise se muèrent en longs soupirs d'un plaisir sans compromission, sous l'action conjuguée de mes doigts et de ma langue qui allaient et venaient dans tous tes orifices.

Bientôt la bouteille fût vide, ce qui la rendit paradoxalement bien plus utile. Cambrée au maximum, tu m'offrais sans pudeur le spectacle de ta vulve ruisselante de nectar, et elle accueillit le goulot de la bouteille que je vissai lentement dans ton sexe. Face à ce spectacle irrésistible, j'enjambai tes fesses qui pointaient en l'air, pour m'enfoncer à la verticale dans ton anus palpitant. Cette double pénétration te coupa le souffle, mais nous emporta rapidement vers une jouissance effrénée. Te souviens-tu mon amour combien tu as aimé ? Combien tu as aimé me donner carte blanche, te donner complètement, te livrer à mes fantaisies, puisque tu avais confiance en moi ?

Moi aussi j'aimerais vivre ces sensations là l'espace d'un moment, alors, pour nos retrouvailles nous inverserons les rôles. Je m'offrirai à toi sans réserve, et je te propose même un scénario comme cadre à ce fantasme, celui d'être le gigolo dont tu te paieras les services. Ton petit gigolo faute de pouvoir être ta petite pute à cause de ce que j'ai entre les jambes, un petit gigolo débutant, officiellement masseur, mais prêt à tout pour satisfaire ses clientes les plus exigeantes, et dont tu abuseras sans vergogne.

Tout d'abord, tu me paieras, histoire de donner le ton. Un petit passage sous la douche où tu inspecteras la marchandise d'un oeil critique, et puis le massage que je te procurerai avec application. Mon amateurisme n'échappera pas à ta sévérité, et ce ne sont pas mes éloges sur ta beauté plastique qui calmeront ton mécontentement, ni ta fureur qui ne tardera pas à éclater. Je te laisserai l'exprimer comme il te plaira, complètement soumis à tes désirs pervers, n'opposant qu'une fausse résistance pour t'exciter d'avantage. Inflexible, impitoyable, tu feras de moi tout ce que tu veux, tu pourras m'attacher fermement, me bander les yeux, me fesser brutalement, barbouiller mon visage de ta mouille pendant que je te laperai comme un chien, me déflorer l'anus avec le gode ceinture que tu viendras d'acquérir, ou me soumettre à d'inimaginables caprices. Mes "Non !" seront autant de "Oui !", mes "assez !" signifieront "plus fort !", toute ma virilité sera étouffée, réduite à mon seul phallus dressé, turgescent baromètre de mon plaisir, selon lequel tu pourras aller aussi loin que tu veux. Tu as carte blanche mon amour, montre moi ce dont tu es capable, je sais déjà la tendresse de notre étreinte à la fin de ce jeu.

Tout ce qui me reste du film de notre étreinte de ce jour là, ce sont quelques clichés, très tendres. J’ai détruit tout le reste pour ne garder que le principal, l’émotion.
En fin de compte, je n’aurai jamais été son gigolo servile.

medium_decouvert.jpg


 

01 juin 2007

Des maris et des amants

Après tout, disent-ils, quand nous serions malheureux en qualité de maris, nous trouverions toujours moyen de nous dédommager en qualité d'amants. Pour qu'un homme pût se plaindre avec raison de l'infidélité de sa femme, il faudrait qu'il n'y eût que trois personnes dans le monde; ils seront toujours à but quand il y en aura quatre.

Montesquieu - Les lettres persanes (1721)

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