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21 février 2007

Étienne

"John Flaherty-Cox est l'auteur de trois romans érotiques publiés aux éditions Blanche", apprenons-nous dans la biographie de l'auteur, dont Diane qui avait fait l'objet d'une note sur NOLDA. "Traduite dans plusieurs langues, cette trilogie est résolument moderne. Elle s'intéresse aux multiples formes de sexualité d'aujourd'hui, notamment celle des couples libérés qui distinguent très bien les plaisirs du sexe et ceux du cœur.". J'ai donc lu Étienne, le second ouvrage de la trilogie centrée sur le couple que forment Étienne et Diane. Selon moi, la seule modernité de ce roman est celle de sa pornographie très contemporaine: indigence de l'intrigue ponctuée de scènes pornographiques explicites, pauvreté psychologique des personnages inversement proportionnelle à leur richesse matérielle, infaillibilité des protagonistes auxquels tout réussi, festival de poncifs ethniques... Cela confère à ce livre quelques avantages: on peut le lire d'une main en enfilant les chapitres dans le désordre sans perdre le fil de l'histoire.

Prenons-en donc un ensemble, au hasard, le chapitre 10 par exemple, mais en défilement rapide pour ne pas trop vous lasser:

  • Diane est en voyage d'affaire. (p. 169)medium_Etienne.jpg
  • Etienne est invité à dîner chez Sophie et Alan. (p. 171)
  • Leur appartement est somptueux. (p.171)
  • Ils ont une jeune soubrette asiatique: Sue. (p.172)
  • Sophie a la taille fine et les seins des gros. (p.172)
  • Sophie exhibe son porte-jarretelles. (p.172)
  • Etienne danse langoureusement avec Sophie. (p.173)
  • Alan va chercher du cognac. (p.173)
  • Sophie embrasse Etienne. (p.173)
  • Sue déshabille et lèche Sophie, et puis Etienne. (p.174)
  • Sophie, Etienne, Sue, Alan et le cognac vont dans la chambre. (p.174)
  • Sophie suce Etienne dans un bassin saupoudré de pétales de rose au milieu de la chambre (p.175)
  • Sue suce Alan dans le bassin. (p.175)
  • Etienne et Alan jouissent tour à tour. (p.175) - Première éjaculation d'Etienne.
  • Sue quitte temporairement la scène. (p. 176)
  • Alan enlace Sophie qui se fait prendre par Etienne dans le lit. (p. 176)
  • Etienne apprend à Alan et Sophie qu'il est lui aussi libertin. (p.176) 
  • Sue revient en nuisette noire. (p. 177)
  • Etienne fouette Sophie. (p. 178)
  • Etienne sodomise Sophie. (p. 179)
  • Alan et Sophie quittent la scène. (p. 179)
  • Sue suce Etienne. (p.179)
  • L'auteur assène au lecteur le poncif de la jeune asiatique soumise et heureuse. (p. 179)
  • Etienne éjacule au visage de Sue. (p. 180) - Seconde éjaculation d'Etienne
  • Etienne sodomise Sue. (p. 181) - Troisième éjaculation d'Etienne
  • Etienne sodomise encore Sue. (p. 182) - Quatrième éjaculation d'Etienne
  • Sue quitte définitivement la scène. (p. 182)
  • Sophie revient en nuisette noire, avec Alan. (p. 183)
  • Alan et Etienne administrent une double pénétration à Sophie. (p. 183)
  • Alan et Etienne prennent Sophie dans tous les sens toute la nuit. (p. 184) - Nième éjaculation d'Etienne ?
  • Etienne s'en va au petit matin. (p. 185)

Raconté comme ça, ce n'est pas très excitant, et pourtant ça m'a fait bander. Un peu comme ces films pornos qui vous excitent malgré vous, parce qu'ils s'adressent à votre cerveau reptilien plus qu'à votre cortex.
J'ai acheté ce roman dans une gare. Je crois que je vais le ranger dans mes toilettes.

16 février 2007

Première soirée à l'Overside

Avril 2002. Nous arrivâmes à 23h30 dans un club déjà bondé. Mon accompagnatrice et moi nous faufilâmes entre les couples scellés par un slow sur la piste de danse, à la recherche de deux places confortables pour ne trouver que deux poufs au fond du podium. La faune locale était essentiellement composée de couples trentenaires BCBG, mais "particulièrement ouverts" comme se plaisait à répéter Nathalie devant le spectacle des bas résilles et des mains baladeuses. Quant à moi, c'était plutôt le fait de voir quelques couples de noirs qui me faisait opiner du chef, et pas que du chef d'ailleurs.

Nathalie était mon accompagnatrice, celle qui m'avait fait l'immense honneur d'accepter mon invitation en ce lieu de perdition. Je ne sais pas quel autre mot choisir. Amie est un peu exagéré vu que je ne la connaissais de visu que depuis quelques heures, même si nous entretenions une correspondance décousue depuis plusieurs mois. Et puis, amie avec un 'e', cela insinue une certaine intimité dans la bouche ou sous la plume d'un homme, un peu comme partenaire, alors que Nathalie n'était venue que pour voir, tout comme moi officiellement.

A propos d'ouverture, nous fîmes rapidement connaissance avec nos voisins de table, un couple disparate composé de Sandrine, une jolie grue aux cheveux courts, et d'un frisé dont la maturité n'était que physique. Nathalie exprima un vif intérêt pour le piercing que Sandrine affichait au nombril, et la jeune femme ravie écarta aussitôt les cuisses et son string pour dévoiler fièrement celui qu'elle arborait au clitoris. Le ton était donné. Je ne pus m'empêcher de songer à un distrayant concours de blessures de guerre lorsque Sandrine, Nathalie et son mari exhibèrent leurs tatouages, un papillon sur l'épaule pour l'un, un dragon à la cheville ou un petit serpent sur l'épaule pour l'autre. Dieu merci, le vieux frisé nous épargna son anneau au prépuce. A l'autre bout de la piste un transsexuel opéré exhibait ses petits seins siliconés. Nous étions à l'Overside, club libertin parisien.

medium_overside.jpgLa musique battait son plein et nous nous dandinions sur le podium sous l'emprise de la voix d'Aretha Franklin qui chantait "Freedom" transformé en gospel hédoniste. Nathalie qui n'était venue que pour voir, mais qui avait perdu quelques pudeurs, enlaçait Sandrine avec un plaisir affiché. Un couple de gogos danseurs fit son apparition avec des masques de scream, halloween oblige. Les masques et les capes tombèrent pour dévoiler une strip-teaseuse petit format et un chippendale body-buildé. Nathalie avait envie de tâter de la bête, je suggérai à Sandrine de l'aider un peu à surmonter les vestiges de sa timidité, et leurs mains s'égarèrent de concert sur le fessier convoité. Peut être est-ce cela qui poussa le musculeux viking, vêtu de chaînes et d'un micro string, à sortir de la cage où il jouait de tout ce que la nature lui permettait de gonfler, à s'approcher du couple saphique, et en caresser les rondeurs émouvantes. Aux regards alanguis de la gent féminine, je vis bien que le viking plaisait beaucoup. Avec sa barbe de quelques jours, il incarnait la virilité sauvage, le mâle brut de fonderie sur lequel les femmes fantasment, celui qui les change des dandys publicitairement corrects, rasés de près et bronzés aux UV, ou encore des cadres sous lexomil qu'elles se résignent à épouser. Peut être que la mode va revenir aux poils ? Derrière Nathalie, je n'en étais pas à ses réflexions sur le consumérisme sexuel mais je profitais honteusement de ce cafouillis de caresses pour y glisser les miennes, lorsque soudain un corps se plaqua sur mon dos pour s'en prendre aux boutons de ma chemise.

Ne pouvant voir l'auteur de cette délicieuse agression, et ne voulant me retourner par peur d'en rompre le charme, j'avoue qu'en cet instant je me mis à scruter la salle à la recherche du transsexuel de peur qu'il soit derrière moi. Mais déjà ma chemise était ouverte sur mon torse nu, je remerciais le ciel ou plutôt les enfers de ne pas avoir mis un marcel, et la petite gogo-danseuse en bikini intervertit les positions, plantant sa cambrure sur la bosse outrageuse de mon pantalon. Elle plaqua mes mains sur ses cuisses et ses reins aux miens, leur imprima un air de samba ensorcelant, et je la suivis comme un bateau ivre épouse la mer déchaînée, le mat dressé et toutes voiles abattues. Mes mains se mirent à glisser sur sa peau, ses cuisses, son ventre, sa nuque et ses seins lorsqu'elle eut dégrafé son soutien-gorge et que j'en eus fait glisser les bretelles sur ses épaules. Malgré mon esprit chauffé à blanc, j'avais immédiatement senti les limites du jeu, de cette exhibition qui n'avait d'autres buts que d'échauffer les esprits des clients. Je ne caressai pas ce corps ô combien désirable comme je l'aurais fait pour donner du plaisir à une vraie partenaire sexuelle, mais pour le mettre en valeur tel un acteur de série Z érotique façon M6. J'étais le gogo qui prenait son rôle de faire valoir à bras le corps, et je lui en donnais pour son argent puisqu'en fin de compte c'est elle qui serait payée. En attendant, je mimais une bonne levrette et ça me plaisait, car comme disait Hegel, le vrai est un moment du faux.

C'est ainsi que je me donnai de longues minutes en spectacle sur le podium d'un club échangiste, y trouvant un plaisir plus cérébral que charnel, sans craindre les remarques assassines de mon accompagnatrice qui suffoquait prise en sandwich entre les pectoraux du viking et du gogo danseur. Je ne vous raconterai pas la suite, les fameux salons câlins à la faune aussi dense que sur la piste de danse bien qu'encore moins habillée, leurs soupirs extatiques au lieu des rythmes synthétiques, les lumières rouges qui conféraient aux lieux un air de lupanar, éclairant faiblement les couples entrelacés qui s'accouplaient à la vue des autres, échangeant davantage les regards que les caresses...

Je ne vous raconterai pas la suite parce que je n'y ai pas participé. Cette première soirée en club libertin fut néanmoins une des meilleures que je n'ai jamais vécue, la pire ayant été paradoxalement la plus chaude.
Sexe débridé n'est pas forcément synonyme de bonheur accompli.

15 février 2007

Du libertinage à Londres

Figurez-vous que j'ai l'insigne honneur d'être le 491ème membre du fameux club échangiste londonien "OurPlace4Fun". Après avoir lu des commentaires plus élogieux les uns que les autres sur le web, après envoyé ma photo et avoir été sélectionné, après avoir téléphoné pour obtenir le mot de passe qui me permettrait d'entrer au "sein des seins", je me suis rendu à ce club il y a quelques mois, tout seul comme un grand, en soirée mixte. Par curiosité d'une part, mais aussi pour me soigner d'un petit coup de blues. Mauvaise idée la soirée mixte et sa surpopulation masculine me direz-vous. Certes, mais j'avais reçu la confirmation que le club ne recevait pas plus de 2.5 hommes seuls par couple. 2 adultes et un nabot en somme.

Je suis arrivé à 21h pétante au fond d'une ruelle sordide au nord de Londres, un "mew" qui n'avait en commun que le nom avec les "mews" classieux de South-Kensington. La charmante gérante que j'avais eue au téléphone m'avait conseillé d'arriver tôt pour ne pas louper la "naughty lady" qui ne manquerait pas de venir ce soir là, et je ne fus pas mécontent d'être arrivé avant la tombée de la nuit. Après quelques allées et venues au fond de la ruelle, un homme avec une tête de gérant de sex shop m'ouvre la porte d'un bâtiment indéfinissable. C'est nous que vous cherchez, me demande-t-il ? Oui, je crois, lui dis-je en guise de mot de passe. Et il me fait entrer dans ce qui semble être un petit night club genre Feelings club dans le 6ème, en un peu moins grand et un peu moins chic. Evidemment, je suis le premier client.

medium_ourplace.jpgJe m'assoie au bar face à la charmante gérante, quinquagénaire siliconée comme je peux aisément m'en rendre compte vu le peu de dentelle qu'elle porte sur elle, et elle me sert un nescafé avant de me faire visiter l'établissement, c'est à dire les 5 ou 6 coins câlins plutôt bien agencés avec tout de même une particularité: Les zones à haut risque, c'est à dire les matelas, sont entourées d'une ligne blanche peinte sur le sol !
C'est la limite pour les hommes seuls, m'explique-t-elle, ils ne peuvent pas franchir les lignes blanches sans être explicitement invités par les couples qui s'ébattent. Vous comprenez nous avons notre réputation à tenir, ajoute-t-elle, nous sommes le club le plus sympathique de la capitale, reconnu pour le bon comportement de ses membres, et nos règles assurent de maintenir une ambiance respectueuse! Enfin, c'est énoncé avec tant de gentillesse que ça passe, et accoudé au bar, je bavarde une bonne heure avec les gérants avant qu'un premier client n'arrive.

C'est un imposant sexagénaire habitué des lieux qui est venu avec sa propre bouteille de jus de fruit. Je ne savais pas que le "bring your own bottle" s'étendait aux boissons non alcoolisées, mais à 1 GBP le verre de coca servi dans un gobelet en plastique, je me dis que ce n'était visiblement pas une mauvaise idée. Ensuite vient un nabot aux cheveux blancs, la demi-portion, il ne manque donc plus que le couple, et bingo, le voici qui arrive sous la forme d'un homme mûr, énorme, accompagné d'une quadragénaire en mini jupe. Vient ensuite un autre sémillant sexagénaire suivi d'un nouveau couple, un quinquagénaire en short accompagné d'une femme en robe à laquelle j'ai bien du mal à donner un âge, ce qui illustre bien le fait que la laideur est supérieure à la beauté, parce que la laideur, elle dure. Arrive ensuite une brochette d'hommes seuls du même acabit histoire d'exploser les quotas, avec une mention spéciale pour un vieil anglais de 76 ans, costume de tweed et moustaches en guidon de vélo, qui ne manque pas une occasion de tripoter la gérante pour la plus grande joie des clients hilares. Il pourrait bien être son père mais qui s'en offusque, ce n'est pas la différence des ages qui choque mais leur disproportion.

Alors que je venais de me lancer dans une improbable conversation à propos d'Ovide avec la gérante, là voilà qui me demande de la suivre dans les coins câlins, en particulier un petit couloir sans ligne blanche mais avec "glory holes", et elle me montre le second couple s'y est "isolé", entouré de mâles en rut. Ca se tripote, ça se suçouille, ca se pelote, ça gargouille, c'est un enchevêtrement indéfinissable qui n'a vraiment rien, mais rien d'érotique sans pour autant être déplaisant à regarder. J'ai l'impression d'être un entomologiste indiscret devant une fourmilière et sa reine mère au centre de mille et une attentions tactiles, et après quelques minutes de ce spectacle je retourne au bar. "Oh, my tvgirl !" dit la patronne en accueillant une étrange créature, un travelo à perruque blonde d'au moins 1m90, la trentaine d'année, pre-op comme je pourrai le constater un peu plus tard dans la soirée. Le travlo branche le couple qui revenait du couloir de la mort, et les voilà reparti dans une autre pièce suivis d'une nuée d'hommes frétillants qui se remuent déjà la queue. C'est la fête ! J'assisterai aux ébats délirants sans la moindre envie de m'y fourvoyer. Pour terminer, un dernier couple arrive en fin de soirée, dont une jeune noire américaine avec des épaules à faire pâlir Schwartzy, et une invraisemblable paire de seins, naturels comme j'aurai l'occasion de le vérifier.

En conclusion, des scènes dantesques, une palpation mammaire et quelques discussions sympathiques dans une ambiance bon enfant. Si vous voulez du dépaysement libertin, traversez simplement la Manche et suivez le guide ! Orgasme improbable mais rigolade assurée !

13 février 2007

Du libertinage militant

medium_swinger-pride.jpgJe clavardais un jour avec une jeune femme qui venait d’expliquer sa nouvelle orientation sexuelle libertine à sa mère, au téléphone. J’ai été pour le moins surpris par une telle attitude puisqu’il ne me viendrait pas à l’idée de parler de mes goûts sexuels à ma famille, car je juge que mon intimité ne regarde que moi.

Et vous qu’en pensez-vous ? Avez-vous fait votre coming out libertin ? Etes vous du genre à ne pas oser aller dans un club situé dans une rue où habite un couple d’amis non libertins, par peur de les croiser sur le trottoir à l’entrée du club ? Ou bien n’hésiteriez vous pas à envoyer des flyers à votre belle-mère pour l’inviter à vous acclamer lorsque vous défilerez sur le char « gang-bang » de la prochaine swinger pride ?

Plus sérieusement, que pensez-vous du libertinage militant comme le prônent Monia & Denis, qui exposent leurs photos à leurs risques et périls mais en toute connaissance de cause ? A propos de cause, le libertinage moderne en est-il une qui mérite un combat sous nos lattitudes ?

En cette période électorale, Georges s'est posé la question sur un mode humoristique, mais il se propose de poser sérieusement dix questions à chaque candidat afin de déterminer lequel défendrait le mieux les droits des libertins.
Voici donc les miennes, en vrac:

  • Les articles du code civil relatifs au mariage indiquent: « Les époux se doivent mutuellement fidélité ». Êtes-vous pour ou contre la révision de cet article qui interdit de facto les couples dits "libres".
  • Êtes-vous pour la "repénalisation" de l'adultère ?
  • Pensez-vous que les clubs libertins devraient être ouverts aux mineurs de plus de 15 ans (voire "Comment je suis devenu pédophile")
  • Faut-il baisser la TVA sur les préservatifs ?
  • Êtes-vous pour la prescription de l'usage du vibromasseur et son remboursement par la sécurité sociale en lieu et place des anti-dépresseurs ?

06:35 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : Blogs

07 février 2007

Comment je suis devenu pédophile

Ca s'est passé à l'Overside, un dimanche soir, il y a quelques semaines. J'étais seul, la débauche battait son plein, toutefois j'étais seul comme un bateau ivre dans la tempête. Il faut aussi dire que j'avais un peu bu, mais c'était alors mon seul péché, à part la concupiscence peut être.

Bref, je titube jusqu'au bar pour commander mon 5ème whisky coca et, d'un coup de coude maladroit, je renverse la coupe déjà vide d'une bimbo platinée qui repoussait mollement les avances d'un basketteur norvégien en chemise hawaïenne. La fille me jette un regard furieux et je me répands en plates excuses inutiles, pour finir par lui offrir une nouvelle coupe de champ qu'elle avale cul sec. La stratégie s'avère payante, et la bombe ambulante se détourne ostensiblement du grand blond musculeux pour couler sur moi un regard aguicheur étudié, mais pas vraiment désintéressé. En plein brouillard éthylique, je me sens à la fois bêtement flatté et dans mes petits chaussons. Pas envie d'être juge et partie d'une scène conjugale où je ne ferais pas le poids. Naïvement, je me réjouis de voir le grand nordique jeter son dévolu sur une autre fille, et d'apprendre qu'Eva la bimbo est venue avec son manager, une sorte de grosse limace qui se prélasse dans le carré VIP entouré de nymphettes alanguies. "Je suis model", me dit-elle avec un fort accent slave en engloutissant sa troisième coupe à mon portefeuille défendant, ce qui a pour effet de me faire dégriser rapidement. "on danse ?", lui dis-je pour épargner ma carte de crédit moribonde.

Dès qu'elle pose le pied sur la piste tout bascule. Elle marche, non, elle ondule comme un funambule, et elle me jette sans préambule des oeillades crapules. C'est la canicule ! Je la regarde incrédule. Mais pas besoin de conciliabules quand tous ses gestes me hurlent "on copule ?". Que voulez-vous, je capitule.

C'est ainsi que je me retrouve dans un coin câlin avec ma bimbo sur les genoux, sous les regards baveux des mâles frustrés à deux doigts de l'onanisme. Ses petits seins ronds font le bonheur de mes lèvres ardentes, mon dard non moins brûlant s'insinue entre ses cuisses graciles, quand tout à coup, je doute.
- Dis moi Eva, tu as quel âge ?
- 16 ans pourquoi ?

medium_code_penal.jpgAaaaargh! Je suis devenu pédophile ! Débandade instantanée. Dans quelques secondes, la police des mœurs va fracasser la porte d'entrée du club. Je vais me faire appréhender la main au panier. Détournement de mineur. Au moins 20 ans à me faire défoncer le troufion par des taulards sidéens. Je suis mort. D'ailleurs je n'entends plus la house music stridente mais les sirènes des flics qui viennent de piler rue du cherche midi. Plus de râles extatiques mais des cris rageurs: "Oui ! Oui! Là! Là!". Je les sens se rapprocher. Inutile de chercher à fuir. Je suis pétrifié. Mais pourquoi donc me collent-ils une chemise hawaïenne sous les yeux avant de me passer les menottes ?

Lorsque je redescends sur terre, Eva s'étouffe avec la bite monumentale du grand norvégien. Il me regarde d'un air rigolard et il me dit: "Hé Papy, la majorité sexuelle en France c'est 15 ans, pas 18 ans ! Faut vivre avec son temps mon vieux !"


Vous l'aurez compris, ami lecteur, cette histoire franchement provocatrice n'est que de la pure fiction. J'espère ne jamais faire ce genre de mauvais trip, d'ailleurs théoriquement impossible aujourd'hui car si la majorité sexuelle est bien de 15 ans en France, il est interdit à un mineur de moins de 18 ans d'entrer dans un club échangiste. Je l'ai appris en regardant Campus de Guillaume Durand l'année dernière. On y présentait entre autre un "Antimanuel d'éducation sexuelle". L'auteur avançait que la libération sexuelle n'avait pas eu lieu sous prétexte que les mineurs entre 15 et 18 ans ne peuvent toujours pas aller en club échangiste. Et vous, ami lecteur, vous en pensez quoi ?

Pour plus de précisions, voir l'article 227-27 du code pénal

06 février 2007

On solde !

L'excellent NOLDA n'en finit pas de m'inspirer. Alors que Madeleine m'interpelle au sujet de l'exemplarité du couple qu'elle forme avec Georges, je lui inflige tout mon cynisme en posant la question bien souvent éludée: Y a t'il un âge limite au libertinage ?

Je me souviens d'un débat à ce sujet sur le forum E&T, il y a un an ou deux. Tout avait commencé par le témoignage d'un homme qui avait vu une grand-mère de 72 ans fêter l'anniversaire de son petit-fils en club échangiste. Persifleur, j'avais demandé si elle allait organiser un gang bang pour le baptême du petit dernier, histoire d'offrir ses fesses aux assauts phalliques en contre-point des coups de goupillons du curé. Levée de bouclier ! On me répond à juste titre que mon cynisme dépasse les bornes, que c'est très beau de faire preuve d'une telle vitalité à 72 ans, que c'est prendre partie pour Eros contre Thanatos, etc, etc... et on a bien raison, oui, j'admets avoir fait preuve de mauvais esprit.

visitez horizon flottant !Oui mais voilà, au-delà de la belle déclaration d'intention et à moins d'être gérontophile convaincu, qui a envie d'échanger sa femme trentenaire contre deux sémillantes sexagénaires ? Le libertin et la libertine ont-ils une date de péremption, au-delà de laquelle la consommation est réservée à certains initiés, un peu comme les fromages bien faits ? Certes, personne ne mettra d'étiquette "rebus" sur le pauvre libertin frappé par les outrages du temps, mais on a parfois l'impression en regardant certaines annonces, et en particulier la surenchère de la chair, que certaines peaux sont en solde.

04 février 2007

De la censure (3)

Je remercie chaleureusement  LaDouceurDunSoir , Buli92 , Kalain75 , Vintage62 , Nousse1977 , Fulcanelli75 , BlueLoulou , Seconde , Lola75020 , Cakeland , Belcamille , Loladiva , Cristaline38 , Sonia3411 , Elvire1973 , Huskill , Venitia75 , Kristoh, Ana1013 , Bb546 , Chrismanoir59 , GenieDesAlpages , Icibidi , BlueObsession , Greenwitch , Lou2005 , ChicFetich , JazzyLady , Faygotte , KermittLaGrenouille , Missty27 , Sapheere , Frederique911 , Virginyawoolf, BlackBerry7 , Mecalins, Bonjourmdam, ShySweety , Grandsage1, Vintage62, Delaclos, Harmoni95, Canel91, UnVieilOurs, Poussykat20, Loguil, Partoutzen, Vpic357, Helebore, et j'en oublie probablement, pour m'avoir aidé à récupérer mon pseudonyme sur les forums d'auFeminin dont j'avais été injustement banni. Voici le mail que j'ai reçu de la part d'auFeminin jeudi dernier:

Bonjour

Voici votre nouveau mot de passe: ******

Sachez que vos posts, blogs et albums ne peuvent avoir été supprimés sans raison (sachez que la pub sous tt forme est interdite, la vente est interdite, les propos diffamatoire sont interdit)

Cordialement

l'équipe d'aufeminin


Je ne sais donc toujours pas quelles sont les raisons qui ont conduit auFeminin à supprimer mes posts, mon blog et mon album, et ce n'est certainement pas la vague accusation de publicité ou de propos diffamatoire qui me satisfera. Je viens donc de leur écrire le mail suivant:

Bonjour,

Je vous remercie pour me donner mon nouveau mot de passe.

Je n'ai jamais fait de publicité, jamais vendu quoi que ce soit, ni tenu de propos diffamatoires sur vos forums, et cela ne peut donc pas être la raison de l'effacement de mes posts. Si mes posts ne peuvent avoir été supprimés sans raisons, je demande à les connaître, ne serait-ce que pour ne pas tomber à nouveau sous le coup de votre censure. D'ailleurs, si vous concédez à me restituer mon compte après mon bannissement, je soupçonne que vos raisons étaient bien peu légitimes.

Par conséquent, je vous demande de vérifier mes posts supprimés pour constater qu'ils ne contiennent pas de publicité, qu'ils n'ont pas pour objet de vendre quoi que ce soit, et qu'ils ne contiennent aucun propos diffamatoires, afin de les remettre rapidement en place.

Cordialement,

Vagant

A suivre...

03 février 2007

Le désir du pouvoir

medium_hilton.jpgQuelques semaines plus tard, j'ai invité Coralie à passer une soirée à Londres avec moi. Hôtel de grand luxe, dîner à Soho dans un thaï branché de chez smart, promenade en vélo-taxi (à 23h au mois de janvier, cela frise le masochisme, mais c'est si romantique...), tout allait pour le mieux jusqu'au moment fatidique. Curieusement, je la trouvais bien moins sensible à mon massage sur le lit de la chambre d'hôtel qu'au sauna, et mes préliminaires ne semblaient pas atteindre leur but. Elle dédaignait mon cunnilingus, préférant mes caresses manuelles auxquelles elle ne réagissait qu'avec un plaisir modéré, bref, j'avais bien du mal à trouver mes marques avec cette femme insaisissable. Incapable de la faire jouir au cours de ces préliminaires marathoniens, je me suis résigné à la pénétrer, pensant que j'avais à faire à une irréductible vaginale. Au début, elle y a réagit positivement, et naturellement, j'ai augmenté la cadence en pensant qu'au grand galop, je l'emporterais dans ce pays où on ne voyage que les yeux révulsés par l'orgasme. Mais c'est d'un regard noir qu'elle me fustigeait, la mine impassible et les traits serrés, alors que je me déchaînais dans son ventre au point d'y jouir tout seul, comme un con, au fond de mon préservatif. Le fiasco ! Confus, je me suis allongé à bout de souffle à ses côtés. Elle a allumé la cigarette post coital faut d'être post orgasmique. "J'aurais au moins réalisé un fantasme, me dit-elle. - Ah oui, et lequel, lui ai-je répondu surpris ? - Celui de l'épouse qui reçoit son légionnaire de mari à son retour de mission, et qui se fait défoncer sauvagement...".
 
Comme vous pouvez vous y attendre, ami lecteur, Coralie et moi avons perdu le contact. Et puis je l'ai revue l'été dernier au cours d'un dîner mémorable qui s'est terminé dans un sauna, encore une fois, le Sultana quelques jours avant sa fermeture. L'ambiance était étrange, certainement moins bon enfant qu'à l'hyppocampe mais néanmoins agréable, et nous nous sommes isolés dans une cabine de massage. Après avoir oeuvré sur son corps alangui, Coralie a pris les choses en main, au sens propre comme au figuré: "Je vais te donner une leçon, me dit-elle, une leçon de micro-mouvements. Laisse toi faire !". Je me suis allongé sur le dos, avec l'interdiction formelle de donner un seul coup de rein. C'est elle qui m'a baisé, et elle est parvenue à ses fins. J'ai compris ce soir là que son désir était de dominer la situation et imposer son rythme... lent! En m'y soumettant, je lui ai ainsi laissé une impression plus positive que celle du légionnaire en rut.

Ainsi se termine ma trilogie avec les saunas en toile de fond et les enjeux sensuels au premier plan: le pouvoir du plaisir, le plaisir du désir, et le désir du pouvoir.

02 février 2007

Le plaisir du désir

medium_sexNtheCity.jpgJ'ai rencontré Coralie fin 2005, à l'occasion d'un de ces dîners organisés sur un forum libertin. Il eut lieu dans un restaurant fétichiste désormais fermé, "La Cave de Justine". Il fallait effectivement être masochiste pour payer une cinquantaine d'euros pour ce qui nous a été servi, mais cela ne m'empêcha pas de passer une soirée amusante même si le trip SM n'est définitivement pas ma tasse de thé. A cette occasion, j'avais d'ailleurs pu voir les égéries de ce forum toutes de cuir dévêtues, dont une qui arborait sans conviction un collier de chien. Son maître de mari la tenait par la laisse. J'avais un peu tiré dessus, pour voir. Elle avait alors posé sur moi un regard de cocker ahuri qui m'a fait saisir la notion d'inconvenance dans le burlesque. Dans cette ambiance improbable, Coralie portait une jupe de cuir, et un gilet noir sur lequel tombait la cascade de ses cheveux bouclés, ce qui la mettait à la fois en valeur et dans le ton de la soirée. Si vous voulez vous faire une image mentale de Coralie, pensez à Carrie Bradshaw dans "sex in the city", mais en brune, et vous ne serez pas loin de la vérité, même si mon regard s'attache plus au fond qu'à la surface comme je l'ai déjà dit. Stéréotype de la célibatante à l'orée de la quarantaine flamboyante, Coralie m'a tout de suite impressionné par sa conversation mondaine et la finesse de ses remarques, en l'occurrence sur "le plaisir du désir" qui donne naissance à un enfant parenticide: "le désir de plaisir". J'ai tenté de faire bonne figure face à une femme qui côtoie Beigbeder entre autres créatifs à la mode, au point de parvenir à la séduire en lui parlant d'un défi basé sur la frustration que j'étais sur le point d'organiser. Je l'ai invitée à se détendre en ma compagnie, dès le lendemain après-midi, dans un sauna libertin.
 
Cette virée au sauna était prévue de longue date. J'avais organisé un déjeuner avec pour objectif avoué de nous rendre ensuite à l'hyppocampe, sauna parisien assez sympathique en période "couple". Ce déjeuner étant ouvert à tous, Coralie et son ami Anthony pouvaient nous y rejoindre, une aubaine. En fin de compte, nous fûmes 6 à franchir les portes du sauna: Angelina, Pascal, Coralie, Anthony, Nadine et moi. Angelina partit rapidement s'amuser avec Pascal, et nous avons donc passé un bon moment à quatre, entre hammam et sauna, tout en papotage, discrètes caresses et volupté ostentatoire. J'ai fini par proposer de prodiguer un voluptueux massage à celles qui le voudraient bien. Nadine et Coralie se sont portées aussitôt volontaires, nous avons trouvé un petit coin câlin privatif, et pour la première fois de ma vie, j'ai eu la délicate mission de masser en même temps deux femmes côte à côte.
 
Voici ce que Coralie à écrit sur le forum quelques jours plus tard...
 
Il faisait déjà frais en cette après- midi naissante. Inclinée contre son dos sans pour autant m'y appuyer, je laissais les accélérations et les ralentissements nous apporter les frôlements de l'aléatoire. Mes cuisses remontées le long des siennes auraient pu lui communiquer les évocations qui traversaient mes sens mais je choisis de lui laisser les imaginer et les attendre. En traversant le vent, de douces courbes inclinaient nos bassins de concert, un ronronnement grave et rond montait en volume, puis s'assagissait pour reprendre encore. Comme pour bien d'autres moments, qu'il est bon daller à 2 à moto !
 
L'hippocampe est un petit animal très gracieux qui change de sexe comme d'autres gardent le leur, mais aiment en connaître de nouveaux. Ce doit être un animal un peu farouche car les vitres de son bocal sont toutes noires et il est sans nul doute de nature tropical tant son habitat est fait de tiédeur. Derrière ces vitres noires est un espace tout blanc, de vapeurs et de mirages, où les silhouettes se ressemblent et les courbes s'unissent. Le temps s'y étire et les peaux s'adoucissent. L'apaisement des âmes ouvre la faim des sens. Sur l'épiderme humide glissent des gestes tendres.
 
De l'intérêt de ne pas être ambidextre : se demander, mue seulement par l'inspiration, le plaisir ou le désir, quelle main sera la plus habile ? La plus entraînée, aguerrie de techniques, d'habitudes et de réflexes acquis, opérationnelle par des millions de gestes répétés, ou celle qui a le moins l'occasion de s'exprimer, et, faisant fi de la maîtrise ira à l'intuitif, se délecter de gestes à elle plus rares ?
 
Nous étions 2 femmes à nous prêter à l'expérience, en 3 l'huile qui est peut être la mieux lotie, au contact de 2 épidermes qui l'épandent en 4, et à lui tout seul, notre dit-non ambidextre à qui nous confiions nos corps allongés côte à côte, et coté pile. Mais c'est sans doute à 3 que nous devrions établir le verdict (laissant à l'huile ses secrets dont nous sommes tant friands), bien moins pour en faire émaner une hiérarchie que pour témoigner d'un unisson rêveur que chacune des mains et leur auteur, prenaient par l'une ce qu'ils donnaient par l'autre, puis revenaient à l'inverse autant qu'en symétrie, nous faire ressentir l'ardeur comme la douceur, la fermeté et la tendresse, le geste sûr autant qu'un autre plus aventureux, le tout naviguant entre réel et à peine rêvé.
 
Un grand merci à un certain extravagant et ses sujets pour cette initiative d'après-midi, après laquelle il faisait si doux.


Ce à quoi j'ai répondu...
 

Lorsque l'apaisement des âmes ouvre la faim des sens, ce peut être une fin en soi, une faim sans fin sur laquelle on jouit de rester: le plaisir du désir. Ce plaisir là se nourrit du manque. La frustration est son viatique. Il est à l'amour ce que la cuisine nouvelle est à la gastronomie: de l'inconsistance sublimée. Le plaisir du désir n'est pas pour les affamés. S'il y a consommation, elle est pour le moins frugale, et elle exacerbe les sens au lieu de les rassasier.
 
Après ce plaisir étiré comme l'huile sur la peau, ce corps à corps en accords sans à-coups, tout en langueurs, tel qu'il pourrait se prolonger au point d'oublier l'heure, pourquoi donc un verdict qui claquerait comme un point final ? S'il devait y en avoir un, il tiendrait en un seul mot: encore...

 
Vous l'aurez compris, ce massage fût presque chaste. La belle Coralie était pressée par le temps, Anthony devait la raccompagner en moto, et je suis donc resté seul avec Nadine où nous nous sommes livrés à des activités moins vertueuses: Le plaisir du désir à ses limites, et le plaisir tout court avait repris ses droits.

01 février 2007

Le pouvoir du plaisir

Une tendre amie, volontiers féministe à ses heures, fait une claire distinction entre l'excitation psychologique et l'excitation physiologique, en fonction de la position prise par deux amants. Lorsqu'elle regarde les autres, en club libertin par exemple, elle trouve excitant de voir une femme chevaucher son amant, car cette position féminine dominante prouve le libre arbitre de la femme. Paradoxalement, son plaisir est bien plus vif lorsqu'elle se trouve sous les coups de boutoir de son amant, que lorsqu'elle le chevauche. J'ai moi-même pu en faire l'expérience lorsque j'ai été dans un sauna libertin avec cette jeune femme si sensible à la position des uns et des autres.

C'était à l'hyppocampe l'été dernier, un vendredi après-midi exclusivement réservé aux couples, et l'ambiance sensuelle était propice au langoureux massage que je lui ai prodigué. Je l'ai faite jouir avec mes doigts, et j'ai maintenu son état d'excitation en poursuivant mes caresses tout en lui léchant l'anus. Ma position, à priori dominée, pour ne pas dire servile, était pourtant bien celle du dominateur car j'étais le pourvoyeur de plaisir. Elle voulait que je la prenne, elle me le demandait timidement, et je lui refusais ma queue tant qu'elle ne me supplierait pas crûment. Bien plus réservée dans ses paroles que dans ses actes, Sylvie se montra bien incapable de crier le "baise moi !" que je voulais entendre, surtout dans un lieu ou d'autres couples allaient et venaient, dans tous les sens du terme.

Bon prince, j'ai fini par glisser mon mandrin dans son ventre chaud, sans me départir de ma douce cruauté. J'ai utilisé la prise dite "du marteau". Je l'apprécie beaucoup pour la maîtrise qu'elle me donne, et les vives sensations qu'elle procure à ma partenaire. Ses jambes tendues tout au long de mon torse, je la maintenais fermement, avec mes mains sur ses cuisses, mortaisée sur mon tenon, qui coulissait dans sa fente bien ajustée avec une lenteur calculée. Chacun de mes mouvements nous maintenait l'un et l'autre à la limite de l'orgasme, sans en franchir le seuil irrémédiable. C'est moi qui en contrôlais l'accès et qui la dominais encore tant au niveau symbolique que physiologique,  aux antipodes de l'assouvissement égoïste que la plupart des femmes fustigent. Etait-ce pour autant de l'altruisme de ma part ? Certainement pas ! Je reviendrai plus tard sur ce point.

De temps à autre je desserrais ma prise, laissant ma compagne extatique entourer mes hanches avec ses cuisses ouvertes, ce qui me permettait de me pencher sur elle pour lui susurrer, non pas des mots doux mielleux, mais les mots que mon phallus mimait:

- Je te prends
- ...
- Je te possède
- ...
- Je t'envahis, j'assaille ton ventre avec ma queue brûlante
- Oui...
- Ca te plait que je te domine comme ça n'est-ce pas ?
- Oui !
- Et maintenant, tu rêves que je te défonce, que je me lâche ?
- Oh oui !

Croyez-vous, ami lecteur, que j'ai joint le geste à la parole ? Certainement pas ! J'ai continué à lui déverser mes obscénités tout en plantant mon regard dans ses yeux hagards, pour mieux jouir de l'ivresse que je lui procurais. Autour de nous, quelques couples arrêtés, nous regardaient. Mais à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. N'y tenant plus, Sylvie posa ses pieds à plat sur le matelas, pour imposer son rythme. Elle prenait le pouvoir. Elle allait me faire jouir. Tu me baises, que je lui dis ! Et aussitôt, j'accompagnais son mouvement pour nous catapulter dans l'orgasme. Ivre de plaisir après avoir été ivre de pouvoir, j'ai surfé sur la jouissance avec elle, arrimée à mon sexe qui ne voulait pas débander. Sans changer de position, je l'ai prise plusieurs fois, coup sur coup, avec râge, celle du désespoir qui précède la fin, le déclin ennemi.

Dans sa nouvelle intitulée "question de goût", Françoise Rey ne dit pas autre chose en expliquant son dégoût pour la fellation, qu'elle a pourtant pratiqué, pour ne pas passer pour une gourde d'une part, et d'autre part pour l'ivresse du pouvoir:

medium_metamorphoses.jpg"J'ai retrouvé plus tard, chez des hommes, des hommes faits, mûrs déjà, imbus de leur rôle de dispensateur de plaisir, la même joie passionnée du don, le même orgueil narcissique, la même fausse générosité. Régner sur le plaisir de l'autre, c'est se voir magnifique dans son regard chaviré, magnifique et redoutable, car c'est aussi, quelque part, le dominer et le réduire. Il y a sans doute la même ivresse à prodiguer la volupté que la douleur, et il n'est pas hasardeux que parfois les deux se rejoignent sous le fouet d'un bourreau raffiné.
Oui, à genoux devant mes amants, ou courbée sur leurs trésors palpitants, j'étais un mec, celui qui décide, qui donne, qui reprend pour donner encore, et leurs vertiges m'étaient chers qui consacraient mon pouvoir..."

30 janvier 2007

Ma soirée CFNM

Août 2006. Je n'avais pas imaginé que cette soirée finirait ainsi. Tout avait commencé dans un bar trendy. J'étais là le premier, avec dix bonnes minutes d'avance, une fois n'est pas coutume. Catherine est arrivée avec une bonne demie-heure de retard, suivie en ordre dispersé par les quelques amis qu'elle avait conviés pour son anniversaire improvisé: Alexandre, Nathalie, et puis Marie. Même le propriétaire du bar était de la partie. Il faut dire que Catherine y avait ses habitudes. Nous nous sommes installés dans un recoin douillet. Nous n'étions venus que pour boire un verre, mais nous y étions si bien qu'on y a passé toute la soirée, à papoter, manger et boire. Surtout boire. Alexandre est parti le premier, et nous nous sommes donc retrouvés à quatre: trois charmantes jeunes femmes et moi.

Catherine a quelque chose de spécial. Elle attire la sympathie, et dans le milieu libertin, la sympathie se manifeste bien souvent par de voluptueuses caresses. Nous ne nous en sommes pas privés, Nathalie et moi. Catherine était assise sur une banquette, entre nous deux qui rivalisions de taquineries: Un bisou dans le cou par-ci; une main sur la nuque par-là; le zip d'une robe qui glisse, aussitôt suivi de doigts taquins qui laissent des frissons partout... Catherine était entre de si bonnes mains que nous la sentions défaillir, pour se reprendre aussitôt. Il faut dire que nous n'étions pas dans un club libertin privé qui autorise toutes les privautés, et même si cela avait été le cas, Catherine ne pouvait pas aller beaucoup plus loin pour des raisons féminines bien connues.

Le bar a fermé aux alentours de minuit et nous sommes allés prendre un dernier verre chez Catherine qui habite à deux pas. Là, notre petit jeu a repris de plus belle sous les yeux complices de Marie qui avait décidé de rester chaste. Entre Nathalie et moi, la résistance de Catherine était d'autant plus héroïque que ses abandons étaient manifestes. Je prenais un malin plaisir à l'embrasser, à l'embraser, à repousser les oripeaux de sa pudeur dont les sursauts se perdaient en timides caresses sur ma peau. Elle ne tarda pas à se retrouver en lingerie, et moi dans le plus simple appareil pour lui montrer la voie à suivre, vautré sur son tapis, mes lèvres soudées aux siennes et sa main sur ma queue raide. Et d'un seul coup, dans un ultime élan de pudeur, elle a décidé de se soustraire à nos caresses et elle a remit sa robe en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire! C'est ainsi que je me suis retrouvé nu comme un vers et la bite au garde à vous, parmi trois femmes qui papotaient comme si de rien était. Elles m'invitèrent à ne pas me rhabiller et à m'asseoir sagement sur la banquette à coté de Marie, pour prendre part à la conversation. Cette situation surréaliste m'excitait profondément. Je n'en débandais pas. De temps en temps, une des filles posait sur moi un regard circonspect, et devisait avec ses amies de l'intérêt décoratif d'avoir un homme nu dans son salon. J'étais devenu un homme objet, et le pire, c'est que ça me plaisait.

Tout sur CFNMSi vous ne l'aviez pas encore deviné, CFNM est l'acronyme de "Clothed Female Nude Male", c'est à dire "Femmes habillées et Hommes nus", et c'est ainsi que je me suis retrouvé dans une soirée CFNM improvisée. Je pensais que les choses en resteraient là, qu'au lieu de jouer à l'étalon de canapé j'allais faire le bibelot de salon jusqu'au petit matin, et je devisais à mon tour sur la fragilité du désir masculin en contemplant ma virilité qui perdait peu à peu de sa fierté, lorsque Catherine, par compassion sans doute, mais certainement par plaisir aussi, a entrepris de me redonner vigueur. Il faut dire que Nathalie avait repris ses chatouillis et Catherine n'en pouvait vraiment plus. La situation a rapidement été torride. Assis sur la banquette, j'avais les cuisses ouvertes sur la généreuse poitrine de Catherine qui me masturbait en gémissant de plaisir sous les caresses d'une Nathalie survoltée. Catherine me gratifiait d'une merveilleuse fellation, lorsque Nathalie lui a chuchoté quelques mots à l'oreille. Catherine a acquiescé, et j'ai bientôt eu quatre mains sur mon sexe, et deux bouches qui s'y rejoignaient en un langoureux baiser. A un tel régime, je ne pouvais tenir longtemps, et j'ai répandu ma sève sur mon ventre et les seins de la belle Catherine, dont le visage était ravagé par le plaisir qu'elle prenait à m'en donner autant.

Sans doute Catherine a-t-elle joui du pouvoir qu'elle a eu sur moi à travers mon plaisir  - elle me tenait littéralement par les couilles - jouissance cérébrale plus typiquement féminine que masculine. La situation CFNM en est symbolique si on considère que le vêtement (le propre de l'Homme, et notamment ce qui caractérisait ces trois femmes) domine la nudité (le propre de la bête, en l'occurence moi). Cette situation est l'inverse de celle du bordel du 19ème siècle avec ses femmes dénudées parmi des hommes très habillés: dans ce cas phallocratique, l'homme client jouit du plaisir sexuel que lui procure la femme prostituée mais aussi de son pouvoir apparent sur elle, alors que la prostituée tente de rétablir l'équilibre des pouvoirs dans le marchandage de sa prestation et en ne s'abandonnant pas au plaisir avec son client pour garder le contrôle de la situation. Dans ce nouveau cas "gynécratique" - y a t'il un autre mot ou ai-je bien fait d'en inventer un ? - non seulement la femme peut jouir du plaisir que lui procurera cet homme objet, jouir du plaisir de son pouvoir sur lui (il est visiblement désirant et elle a le choix), jusqu'à jouir du contrôle qu'elle a sur lui jusqu'au bout de l'orgasme qui se soldera, inéluctablement, par une débandade. Qui est le sexe faible ?

26 janvier 2007

La planète échangiste

medium_planete_echangiste.jpg La libertine est l'otage du désir masculin et fait l'objet d'un troc qui ne dit pas son nom. Tel est le credo de "la planète échangiste" de Daniel Welzer-Lang, devenu depuis sa parution l'ouvrage de référence sur l'échangisme. Fort de ses quatre années d'enquête sur le terrain, DWL en est devenu le théoricien incontesté. Cette légitimité est-elle bien justifiée ? C'est pour tenter de répondre à cette question que j'ai ingurgité les 570 pages de cet ouvrage. Permettez-moi de régurgiter mon analyse.

La couverture est sensationnaliste: "Ce livre est un événement. Pour la première fois, toute la lumière est faite sur la "planète" échangiste [...] L'immense enquête de terrain menée pendant quatre ans par Daniel Welzer-Lang [...] n'avait jamais été publiée.". L'introduction resitue le contexte. Dans les années 1995, DWL et son équipe ont enquêté sur l'échangisme avec pour louable objectif la prévention du SIDA. Son rapport de recherche qui s'est achevé en 1997 n'avait jamais quitté les rayons des bibliothèques universitaires. 8 ans plus tard, le voilà opportunément publié avec peu de remaniements, ce qui explique un chapitre obsolète consacré au minitel. Une étude qui date d'une décennie peut-elle être l'ouvrage de référence d'une pratique en pleine évolution ? La question mérite d'être posée d'autant plus que ce livre est pour le moins subjectif.

Ce rapport obéit à une hypothèse qui transparaît à toutes les pages, dès le début (p 13): "Les gens touchent, se touchent, font l'amour, échangent les partenaires féminines[...]" (p. 13). On comprend vite que selon DWL, l'échangisme consiste à échanger des femmes plus ou moins consentantes, plus ou moins contraintes, pour le bonheur de la libido masculine à l'image de la pornographie. Il faut cependant attendre le chapitre 6 (L'entrée dans l'échangisme) pour lire explicitement cette hypothèse: "Les pratiques non conformistes correspondent en premier lieu au désir des hommes de vivre des relations sexuelles avec plusieurs femmes de manière successive et/ou simultanée. L'échangisme est une forme contemporaine de polygamie masculine. (p. 153)" Le raisonnement historique qui permet d'aboutir à cette hypothèse n'est pas dénué d'intérêt. Je vous le livre donc in extenso (pp 154 & 155):

"De tous temps, les sociétés patriarcales et viriarcales ont appris à certains hommes un mode de gestion polygame du désir. Philippe Ariès écrit: "Aujourd'hui, nos réflexions escamotent souvent un phénomène, absolument capital et quasi permanent jusqu'au 18ème siècle [...] : La différence que les hommes d'à peu près toutes les sociétés et de tous les temps (sauf les nôtres aujourd'hui) ont observé entre l'amour dans le mariage et l'amour hors du mariage." Jean-Louis Flandrin rappelle, quant à lui, les débats en cours au Moyen age: malgré la doctrine officielle de l'église, il était considéré comme normal qu'un homme ait des amours hors mariage. Et des codes relativement précis réglaient la nature des rapports sexuels que l'homme devait entretenir avec son épouse et avec les autres femmes. On ne prend pas sa femme comme on prend sa maîtresse, telle semblait être la topique de l'époque. Les hommes partageaient leur vie sexuelle entre maîtresses, prostituées, amantes et épouses. Et des lieux spécifiques permettaient et/ou structuraient cette polygamie.

Jusqu'à une époque récente, les constructions sociales différenciées de l'amour et de la conjugalité organisaient les pratiques féminines et masculines. Quand les femmes, dans l'amour, cherchaient un "tout en un" où le même homme devait être à la fois bon père, mari attentionné et bon amant (pour celles qui avaient accès à leurs désirs sexuels), les hommes distinguaient l'amour dans la relation conjugale et l'amour dans les pratiques sexuelles. Il y avait les femmes qu'ils aimaient, qui élevaient leurs enfants, qui s'occupaient de leur foyer, et les femmes qu'ils aimaient et avec lesquelles ils pouvaient vivre leur sexualité. Pratiques et représentation de la sexualité des femmes étaient "sous contrôle" des hommes et l'objectif in fine était une maîtrise stricte de la reproduction : "deux hommes ne partagent pas le même vagin", explique Françoise Héritier.

Puis vint la contraception féminine hormonale, beaucoup plus fiable que les méthodes empiriques précédentes; vint aussi la possibilité légale d'avortement dans des conditions d'hygiène acceptables. Les femmes et leurs conjoints disposent alors de moyens efficaces pour contrôler la reproduction. Dès les années 1970, le féminisme promoteur de cette révolution scientifique, les mouvements gais et les groupes militants de toutes sortes font vaciller l'édifice des sexualités. Les certitudes s'effondrent, les conduites libertines, jusqu'alors réservées à quelques cabarets clos, se diffusent massivement. "Pourquoi pas" traduit parfaitement cette époque de remise en cause des modèles. Communisme sexuel dans certains groupes communautaires, relations extraconjugales ou multirelationnalité sérielle : les modèles sont divers, mais ils ont tous en commun de remettre en cause les valeurs traditionnelles liées au mariage, du moins de le revendiquer haut et fort.

Ce qui ne veut pas dire que les "nouvelles pratiques" conjugales ne soient pas, elles aussi, normatives. L'égalité est posée en absolu, voire, à cette époque, entre 1970 et 1985, en dogme arithmétique. L'époque impose sur le plan de la sexualité, du moins dans les discours des "spécialistes", des relations sexuelles qualifiées d'égalitaires entre hommes et femmes. L'orgasme de l'un doit répondre à l'orgasme de l'autre dans un ensemble parfait. Tout décalage, toute désynchronisation est suspectée de cacher des problèmes sexuels qu'il faut s'empresser de soigner. Les rapports à la séduction évoluent également. Un jeu doit s'établir entre les deux partenaires afin de permettre à chacun d'exprimer ses désirs : "Il est donc prescrit de produire des orgasmes, et, d'une façon générale, de "s'éclater", c'est à dire d'être des stakhanovistes de l'hédonisme. Mais attention! Sans goujaterie (apparente) ! Respectez vos partenaires ! Aidez les à fonctionner !" dit André Béjin. La réalité n'est pas aussi simple et nous avons montré comment certains client des prostitué-e-s semblent évacuer ce malaise dans leur rapport aux femmes pour obtenir des services sexuels auxquels ils ne peuvent accéder autrement.

Une de mes hypothèses centrales est que la fréquentation des clubs échangistes réfère à la même problématique. Nous serions en présence d'une gestion conjugale de la polygamie masculine des désirs, d'une forme moins arithmétique de partage.
"

DWL développe cette hypothèse au chapitre 7: "La femme qui opte de manière volontaire pour les pratiques non conformistes sait qu'elle entre en concurrence avec les autres femmes. Pour garder son conjoint, elle devra faire un travail incessant de séduction: de son conjoint et des autres hommes. Elle va apprendre comment les désirs pour elle réactivent ceux de son conjoint, fier d'avoir une telle monnaie d'échange. Elle a peur de découvrir un jour l'absence de désirs pour elle et ses conséquences néfastes sur ceux de son conjoint. La valeur d'échange est liée à leur capitale érotique. (p. 191)."
Après avoir introduit tous les termes du marché, DWL explicite le mode de séduction dans un chapitre au titre explicite: "De la putain à la salope...". DWL nous explique que le groupe des hommes a toujours établi une division entre les femmes: les "mamans" et les "putains", au point de parler de polygamie entre les unes et les autres. Or la figure de la salope aurait tendance à remplacer celle de la putain dans l'imaginaire érotique masculin. DWL définit la salope comme la femme non vénale qui aime le sexe dans des formes qu'aiment les homes, et qui porte des tenues sexy définies par la pornographie.
"Pour garder leur conjoint, lui plaire, les femmes [échangistes] doivent se comporter en salope [...] Dans notre étude, nous avons rencontré de nombreuses femmes qui disent aimer la fréquentation des lieux non conformistes. Ces femmes reprennent pour partie les stéréotypes de la salope, tout en revendiquant leur propre plaisir dans cette représentation de soi et ces pratiques. Mais très souvent elles n'en adoptent pas le nom, préférant nettement le terme de libertine (p. 197)".
Mesdames et mesdemoiselles les libertines, je suis navré de vous apprendre que DWL vous considère comme les héritières des péripatéticiennes, tout au moins dans l'imaginaire masculin. Force est de constater qu'il n'est malheureusement pas le seul lorsqu'on lit certains commentaires masculins sur les forums de discussion.

C'est à travers ce prisme que sont interprétées toutes les interviews citées dans ce livre. Le libre arbitre féminin proclamé par quelques libertines est relativisé, la domination masculine débusquée entre les mots. "La planète échangiste" donne donc une vision subjective du libertinage, comme l'avoue DWL lui-même dans son introduction "Le point de vue développé ici, le regard qui transparaît dans les mots utilisés, est mon point de vue, mon regard" (p. 10). Cette vision est aussi panoramique. Loin d'être centré sur les pratiques échangistes "classiques" des couples, DWL aborde le voyeurisme, l'urologie, la scatologie, le SM, ainsi que tous les acteurs, des couples aux hommes seuls en passant par les professionnels. On peut donc lire des choses étonnantes. Je suis ainsi très surpris d'apprendre que "La tendance en 2005 est d'ailleurs d'aménager des backs-rooms de rencontre dans les sex-shops." (p. 62), au point de douter de la qualité des personnes interviewées lorsque je lis "Partout, que ce soit en club d'échangistes ou en soirée SM, je n'ai jamais rencontré un autre Noir, jamais [interview d'une femme qui pratique essentiellement le SM]" (p. 132)

DWL avoue aussi volontiers sa difficulté d'appréhender les échangistes, et son livre manque cruellement d'analyses quantitatives. Ainsi, on ne saura pas combien de français pratiquent l'échangisme, et les seules statistiques sont établies à partir des petites annonces de swing! DWL en déduit probablement à juste titre une sur-représentation des hommes seuls (51 %), suivis des couples (39 %) et enfin des femmes seules (3 %), le reste pour les travestis, groupes constitués et autres transsexuels (p. 83).
Les analyses qualitatives de ces annonces sont en revanche nombreuses: "Non seulement, dans l'échangisme les hommes contrôlent le sens des échanges des partenaires, mais en plus ils imposent leurs symboliques érotiques pornographiques" (p. 92). En ce qui concerne l'omniprésence de la pornographie dans les annonces, on ne peut malheureusement pas lui donner tort.

Lire "La Planète échangiste" est probablement un excellent moyen de dégoutter les futurs libertins, avec ces descriptions caricaturales (la description d'une partouze sur la plage au cap d'agde - début du chapitre 17 - est un morceau d'anthologie) et ces commentaires orientés. J'ai certes déjà rencontré certains travers fustigés par l'auteur, mais sa vision détachée ne peut rendre compte des émotions vécues. Dans ce tableau désespérant, DWL semble tout de même esquisser l'amorce d'une féminisation de la sexualité collective, et par conséquent une renégociation d'un échangisme machiste au profit de valeurs plus féminines. J'ose croire que la vision du libertinage véhiculée par des forums tels que E&T, ne serait-ce que par un certain équilibre des populations masculines et féminines, s'inscrit dans ce renouveau.

25 janvier 2007

Le bonheur était dans le pré

Septembre 2002. J'étais arrivé vers midi à l'aéroport de Genève où j'avais rendez-vous avec Jeanne, pour la toute première fois. Nous nous étions dit que nous jouerions à l'auto-stoppeur, mais Jeanne n'a jamais respecté mes scenarii. Il faut dire qu'à l'époque, ils étaient moins précis. Elle m'a retrouvé dans le hall de l'aéroport où nous nous sommes enlacés. Pour me souvenir de ses bras autours de moi ce jour là, je n'ai qu'à fermer les yeux. Nous sommes montés dans sa voiture et nous sommes partis dans la montagne, du côté d'Annecy. Elle y avait repéré un pré qui surplombait une petite route peu fréquentée, et qui lui semblait idéal pour un pique-nique éventuellement coquin. En moins d'une heure de route, sage, avec virages, mais sans dérapages, nous y étions. Je n'étais pas son premier amant, mais c'était là sa première rencontre internet, et elle était un peu intimidée, ce qui, comme le rire, s'avéra communicatif. Elle étala une couverture sur l'herbe verte, et nous nous y étendîmes. A partir de là, mes souvenirs sont plus flous. Impossible de savoir si nous avons échangé un premier baiser avant, pendant, ou après la première bouchée. Tout ce dont je me souviens, c'est de l'avoir déshabillée au milieu des victuailles. Je l'ai croquée comme un fruit mûr. Les tétons de ses seins blancs brillaient de ma salive sous le soleil radieux. Moi aussi je me suis retrouvé tout nu. Entre ses cuisses, je me suis mis à l'abri des rayons du soleil, et j'ai léché son miel alors qu'elle engouffrait mon dard. Elle pompait assidûment ma queue dressée, gorgée de sève, lorsque nous avons entendu un bruit, en provenance de la route, à quelques mètres en contrebas. Deux cyclistes montaient péniblement la côte:


- Ah qu'est-ce qu'elle est dure, s'exclama le premier !medium_crw_0023_1_.jpg
- Dure, et puis longue aussi rétorqua le deuxième !

Je ne sais pas trop comment nous sommes parvenus à ne pas éclater de rire. La peur d'être surpris, sans doute. Les cyclistes sont passés péniblement et nous avons repris nos ébats. Nous les avons repris maintes et maintes fois en différentes occasions. La dernière fois, c'était en Août dans une bête chambre d'hôtel. Ce n'est plus comme avant. La vie l'a changée. Pas moi. Et puis la passion, ce n'est pas fait pour durer. Selon Beigbeder, l'amour même ne dure que 3 ans.

24 janvier 2007

Nuit d'ivresse

Décembre 2003. J'avais décidé d'écourter mes vacances familiales pour réveillonner avec Elsa, ma jeune maîtresse, la femme de ma vie du moment, une splendide mythomane qui s'était inventé une activité d'escort girl pour mieux me séduire, et dont j'étais tombé follement amoureux. J'avais renoncé à trouver un gros mensonge conjugal pour justifier mon départ anticipé et rentrer seul en France. Ma femme, princière, avait décidé de fermer les yeux sur la seule frasque que je ne lui ai jamais avouée. Elsa n'est jamais venue à notre rendez-vous gare du Nord. C'est triste, un quai désespérément vide, qu'on scrute, les yeux au bord du gouffre, et qui s'attachent à la moindre silhouette qui pourrait être elle. Pourtant, je savais à quoi m'attendre, elle m'avait prévenue que c'était une folie, qu'elle devait rester avec son mec. Allez savoir pourquoi je m'étais imaginé que les horloges de la gare contempleraient une fois de plus nos étreintes forcenées.

medium_shortBus.jpgDans une réaction de revanche convenue, je décidai sur-le-champ de noyer cette rupture dans l'ivresse. Petit bémol, je n'aime pas l'alcool. Qu'à cela ne tienne, je trouvai une soûlerie à ma mesure. Le soir même, j'aurai sombré corps et âme dans la luxure. Je me serai vautré dans une partouze pour oublier mes états d'âme, je me serai abreuvé de chattes ruisselantes, j'aurai arrosé des lèvres accueillantes, elles. Un seul problème, j'étais seul. Après une ridicule tentative désespérée sur MSN pour me trouver une charmante compagnie à l'impromptu, je me résignai à opter pour un club échangiste qui accueillait les hommes seuls. Ce serait l'hyppocampe de St Maur, un sauna, faute de mieux.

J'eu du mal à trouver la ruelle nichée dans une banlieue morose, puis une place pour me garer, et je me pointai enfin à l'entrée du dispensaire aux alentours de 23h. Une myope m'ouvrit et son sourire se mua en un rictus rébarbatif lorsqu'elle constata que j'étais seul. "Je ne peux pas vous accueillir. Il n'y a pas assez de couples ce soir !", me dit-elle sèchement. Ce n'était certainement pas ce cerbère à lunettes qui allait m'interdire l'accès à mon orgie infernale! Je lui annonçai que je reviendrai plus tard, et j'allai me poster dans ma voiture, aux aguets, prêt à emboîter le pas au premier couple venu. Je n'eus pas trop longtemps à attendre, une petite brune pimpante et un colosse passèrent le sas avec les honneurs. Je sonnai à nouveau. Cette fois, l'accueil fut franchement meilleur, d'autant plus qu'un autre couple que je n'avais pas vu arriver m'emboîtait le pas. Je me retrouvai ainsi dans le couloir qui servait de vestiaire, avec une blonde joviale et un ténébreux tristounet. Un peu gêné par la promiscuité, je n'osai pas croiser leur regard. Je me déshabillai rapidement, je m'attachai maladroitement une serviette autour des reins, l'uniforme des hommes seuls qui n'avaient pas droit au peignoir - attribut distinctif du couple - et j'atterris dans la zone bar du sauna.

medium_hyppocampe.2.jpgJe commandai tout de suite un coca que j'avalai d'un trait d'une main tremblante. A côté, un homme sûr de lui me regarda en souriant. Je n'étais pas fier et ça se voyait. L'instant de panique passé, j'évaluai l'étendue des dégâts d'un coup d'œil navré. Une douzaine d'hommes seuls traînaient ça et là, du sauna au hammam avec entre les jambes le poids d'un ennui palpable. Un couple de quinquagénaires en surcharge pondérale était assis devant le porno qui trônait près dur bar. L'homme affichait un sourire épais. Sous la douche, je vis la petite brune pimpante avec son partenaire taillé comme un gorille. Au hammam, un jeune homme seul se lamentait sur son triste sort. "Misère! Misère!" Psalmodiait-il en vain après chaque nouveau râteau. Les autres ne pipaient pas mot. En procession silencieuse, ils suivaient les rares couples à la trace comme des badauds suivent les obsèques d'une célébrité sans en avoir l'air. Il y avait autant d'ambiance que dans le métro à 8 heures du matin, avant la compétition quotidienne. Ce soir là, la compétition serai autrement plus tendue, sans mauvais jeu de mot. Il était clair qu'il n'y en aurait pas pour tout le monde. Les autres hommes étaient des concurrents, des adversaires. Moi, j'étais hors jeu.

De retour du hammam, j'allai m'asseoir sur un matelas, seul. Je n'étais pas dans une partouze échevelée, mais dans un groupe éphémère de mammifères dont les mâles dominants accepteraient ou non de partager leur femelle attitrée. Tout cela reflétait plus des instincts grégaires qu'un hédonisme libéré. Un nabot grisonnant vint s'asseoir non loin de moi. Si je ne me faisais guère d'illusion quant à tirer la moindre satisfaction sexuelle de cette compétition, le pauvre vieux semblait vaincu d'avance avec ses petites moustaches et ses lunettes en cul de bouteille. Pour passer le temps, j'allai me faire suer au Sauna. A mon retour, la petite brune pimpante et le grand brun simiesque avaient pris ma place. Le vieux nabot avait réussi à se placer auprès du couple. C'était un habitué des lieux, il avait la tchatche tout en observant une position obséquieuse face au mâle dominant. Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces. Ils se levèrent tous les trois, bras-dessus bras-dessous, le nabot au milieu. C'était cocasse. Il tenait la petite brune par la taille, et avait le bras tendu en l'air pour atteindre l'épaule du colosse. Plus tard, je les vis tous les trois dans un coin câlin. Elle était 4 pattes, la tête du nabot entre ses cuisses écartées. Elle suçait son mec qui semblait avoir plus de mal à gonfler l'organe décisif que ses biscotos agressifs.

medium_vivres.jpgUn peu plus loin le gros des troupes était au garde à vous devant un grand matelas où oeuvraient deux hommes sur la blonde joviale. Je regardais les hommes seuls qui jouaient des coudes et du poignet pour être au premier rang au meilleur de leur forme, au cas où le trio tournerait au gang-bang. Je n'avais rien à faire parmi ces morts de faim qui brandissaient leur quéquette comme des réfugiés brandissent leur marmot affamé devant un convoi humanitaire. Une fois les deux acteurs achevés, la femme signifia la fin de la scène aux figurants déçus qui débandèrent dans tous les sens du terme. J'optai pour une retraite définitive vers les vestiaires. Je rendis ma serviette au gérant qui me demanda ingénument si j'avais apprécié la soirée et si je reviendrais. "Non, je crois que ce n'est pas mon truc", répondis-je franchement. Je n'ai pas pris de douche quand je suis rentré chez moi. Inutile. J'aurai dû me décaper l'intérieur au Karcher.

23 janvier 2007

Rendez-vous au Moon City

medium_mooncity.jpgVendredi dernier, j'ai profité d'un trou (pas de mauvais jeux de mot s'il vous plait) inattendu dans mon emploi du temps pour explorer le nouveau sauna parisien qui fait tant parler de lui: le Moon City. Je savais que quelques libertin(e)s devaient y passer, dont Georges et Madeleine, et je suis arrivé sur les lieux dans la soirée, aux alentours de 22h30.

 

L'entrée est impressionnante et l'accueil chaleureux. Moyennant 38 euros plus 2 euros de caution pour les clefs du vestiaire, l'homme tout de blanc vêtu à l'entrée m'a remis une serviette, un paréo, un ticket pour une boisson et des claquettes. J'ai été me déshabiller au vestiaire (unique pour les hommes et les femmes actuellement), et en avant pour la grande aventure. En faisant un premier tour, je me suis cru dans un conte entre "sherazade" et "Ali baba et les 40 voleurs" mis en scène par un décorateur de chez Disney Land: Au rez-de-chaussée, une accueillante et fort jolie barmaid - spécialiste mondiale du Mojito - m'a accueilli dans un vaste salon aux tables basses et aux banquetes confortables. J'ai monté des escaliers - Les fameux escalators recyclés décrits par Georges - pour arriver au premier étage où j'ai trouvé un sauna (pas très chaud, pour une dizaine de personnes au maximum), un hammam (plus chaud mais malheureusement assez petit) avec des douches individuelles, et une dizaine de coins câlins privatifs. Sur les murs, des écrans diffusaient des clips glamours ce qui,  avec la décoration d'inspiration orientale, conférait aux lieux une ambiance plutôt select. Je suis redescendu au rez-de-chaussée pour découvrir le grand jacuzzi, et un autre salon avec un grand écran qui diffusait un film d'aventures. J'ai alors donné à la barmaid ce qui restait de mon ticket pour la boisson après le passage sous la douche du hammam, et j'ai retrouvé Mr et Mme Vintage qui descendaient du vestiaire. Nous avons passé le reste de la soirée ensemble, à papoter sagement, comme tout le monde je crois.

 

Si vous vous attendiez, ami lecteur, à lire le récit d'ébats de haute voltige, vous pouvez vous arrêter là. Il ne s'est rien passé ce soir là, tout au moins en ma présence. La seule coquinerie a consisté à deviner qui étaient Georges & Madeleine. Peu de personnes pouvaient répondre au signalement: une dizaine d'hommes seuls et une demi-douzaine de couples étaient perdus dans un club pouvant accueillir 150 personnes dont 20 dans le jacuzzi. Lorsque la femme que je soupçonnais être Madeleine vint s'asseoir à côté de moi dans le sauna, j'ai commencé à deviser sur la question avec M. Vintage:

 

- Si c'était Madeleine elle devrait réagir, dis-je assez fort pour être entendu par cette jolie femme.
- La Madeleine de Georges, répondit-il sur le même ton ?
- Ce n'est pas plutôt la Madeleine de Proust ?
- Oui c'est ça, Georges Sand et Madeleine Proust !

 

Sur ce, la jeune femme en question s'est levée et elle a rejoint son partenaire qui l'attendait à l'extérieur du sauna. Vintage et moi en avons déduit qu'elle ne s'appelait pas Madeleine. L'hypothèse qu'elle ait fui des gens aussi spirituels ne m'est pas venue à l'esprit. Quoique...

22 janvier 2007

De la censure (2)

medium_manifcpe.jpgMerci ! Merci à LaDouceurDunSoir , Buli92 , Kalain75 , Vintage62 , Nousse1977 , Fulcanelli75 , BlueLoulou , Seconde , Lola75020 , Cakeland , Belcamille , Loladiva , Cristaline38 , Sonia3411 , Elvire1973 , Huskill , Venitia75 , Kristoh, Ana1013 , Bb546 , Chrismanoir59 , GenieDesAlpages , Icibidi , BlueObsession , Greenwitch , Lou2005 , ChicFetich , JazzyLady , Faygotte , KermittLaGrenouille , Missty27 , Sapheere , Frederique911 , Virginyawoolf, BlackBerry7 , Mecalins, Bonjourmdam, ShySweety ...pour cette manifestation virtuelle en ma faveur sur les forums d'auFeminin dont j'ai été injustement banni. Vendredi dernier, j'ai envoyé un e-mail à quelques ami(e)s en leur demandant de me permettre de m'exprimer à travers eux sur le forum Echangisme/Triolisme, avec  le message suivant...

 

ZeVagant: restituez-moi mon compte !

Tout d'abord, je remercie l'ami(e) qui a recopié ces lignes pour me permettre de m'exprimer ici.

Vendredi 19 janvier, j'ai réalisé que j'ai été banni d'entre vous: impossible de me connecter, mes derniers posts censurés, mon profil invisible. Forcément, je me suis posé des questions sur les raisons qui ont pu justifier une telle mesure à mon égard:
- Aurais-je proféré un lot d'insultes portant atteinte à un autre membre de ce forum? Non, je pense être toujours resté courtois.
- Ai-je mis en ligne la recette du bon vieux cocktail molotov qui pourrait porter atteinte à la sûreté de l'état ? Je n'ai pour vocation que de bruler les femmes de désir...
- Ai-je écrit des propos portant atteinte à la dignité humaine, ou faisant l'apologie de la bestialité ou de la pédocriminalité ? Certainement pas ! Mes moeurs  dissolues sont conformes à la législation française et dans l'esprit de ce forum.
- Mes derniers propos, bien que ni diffamatoires ni obscènes, auraient-ils porté atteinte à l'ambiance du forum, ou l'idée que le modérateur s'en fait ? Peut-être...

J'ai donc réfléchi à ces derniers propos tenus sur une discussion intitulée "La religion et le libertinage...", où l'auteur s'interrogeait à juste titre sur la compatibilité de ces deux pratiques. En lui répondant globalement par la négative avec une argumentation biblique, je pense avoir été victime d'un délit d'opinion (vous trouverez les détails sur mon blog). Que vous la partagiez ou non n'est pas la question: Si ma liberté d'expression est menacée, la votre l'est aussi, et ce forum en tant qu'espace de discussion n'a plus lieu d'être.

Si vous souhaitez à nouveau me lire ici bas, je vous demanderai de faire un geste en ma faveur: recopiez tout ce post et postez le vous-même sous votre nom jusqu'à ce que j'apparaisse à nouveau parmi vous, avec tous mes MPs et toutes mes interventions. Peut-être qu'un modérateur magnanime lira ainsi notre supplique. Il faut garder la foi...

Je terminerai donc par cette prière au modérateur tout puissant pour ma résurrection, lui dont les voies sont impénétrables, et je vous remercie de copier/coller avec moi:

Notre modérateur qui est dans ton bureau, que ton nom soit connu, que ton salaire soit versé, que ta volonté soit faite sur les écrans comme sur les claviers. Donne-nous aujourd'hui notre post quotidien, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, délivre-nous de la black-list, car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et les mots de passe sur auFeminin jusqu'à ce que tu sois viré, amen.

Vagant, au tombeau mais encore accessible sur vagant75 at Y! fr

Malgré leur soutien, je ne peux toujours pas me connecter sur auFeminin, bien que je semble toujours recevoir des MPs que je ne peux pas lire. Enfin, tout cela n'est pas dramatique au regard de la misère du monde, et en attendant ma réintégration, je vous propose de relativiser tout cela en lisant cette intervention amusante d'une certaine MadameModerateur...

21 janvier 2007

Libertinage et volage font-ils bon ménage ?

A la lecture des annonces de couples mariés qui ne veulent rencontrer que des couples mariés, et au vu des débats houleux entre couples libertins légitimes et singletons volages, ces deux volants du libertinage apparaissent bien incompatibles, et un couple exemplaire comme Georges & Madeleine semble être l'exception qui confirme la règle.

Je conçois le mépris que peut inspirer la personne volage au couple légitime qui a décidé de tout partager, jusqu’aux désirs que peuvent leur inspirer les autres, et les plaisirs charnels qu’ils peuvent en tirer: mépris pour l’infidélité du cœur (le couple libertin n’ayant renoncé qu’à la fidélité du corps), mépris pour la tromperie et pour les mensonges auxquels ils ont échappé, et peut être un peu de mépris pour l’échec matrimonial que la personne volage représente. Car un comportement volage est l’échec fondamental pour cette conception symbiotique du couple, où il est impensable qu’un de ses membres consomme sa liberté individuelle jusqu’au lit.

Face à ce fonctionnement apparemment aussi bien huilé qu’une morale judéo-chrétienne, le libertin individuel est cependant en droit de se poser quelques questions: la racine étymologique de « libertinage » n’est-elle pas « libertin », caractérisé par la liberté de corps et d’esprit ? Comment peut-on se proclamer libertin et dénier à son conjoint sa liberté individuelle de jouir de son propre corps comme il l’entend ? Le libertinage serait-il un échange de liberté stipulé par le contrat tacite: « Tu peux jouir d’un autre corps si je peux jouir d’un autre corps », et qui donne tout son sens au terme « échangisme », une sorte de liberté surveillée, voire une liberté sous caution lorsqu’elle est assortie d’interdits tels que la pénétration hors couple ?

medium_erotique_solaire.jpgSelon Michel Onfray et sa définition du libertin dans sa « théorie du corps amoureux », un vrai libertin doit être célibataire. Cela ne signifie pas qu’il est condamné à papillonner de corps en corps sans échanger plus que quelques étreintes. Cela veut simplement dire que le libertin affranchit ses relations amoureuses du prosaïque quotidien, qu’il noue des liens tout en gardant ses distances vitales, qu’il ne sacrifie pas sa liberté sur l’autel d’une vie commune avec un tiers. La parabole du hérisson exprime bien l’épineux problème de la juste distance : Comment des hérissons peuvent être assez proches pour se réchauffer en hiver, sans pour autant se piquer.

Il est amusant de constater que ces deux positions bien tranchées sont appelées à se confronter sur l’oreiller du fait d’un comportement sexuel partagé. Si vous êtes un couple libertin pur et dur, quel est votre degré de tolérance pour faire l’amour et pas la guerre ? Demandez-vous le statut matrimonial de l’éphèbe musculeux rencontré au détour d’un coin câlin ? Vous souciez-vous d’un éventuel conjoint abandonné lorsque vous jouissez enfin de la jolie jeune femme accueillie dans votre lit conjugal ? Vilipendez-vous systématiquement les couples illégitimes qui ont le malheur de s’intéresser au votre ?

19 janvier 2007

De la censure (1)

medium_banni.jpgCe matin, comme je le fais depuis plusieurs années, je vais sur le forum Echangisme/Triolisme d'auFeminin où j'ai mes habitudes. J'essaie de me connecter, mais mon mot de passe n'est pas reconnu ! C'est étrange, c'est le même depuis 5 ans. Cela ne m'empêche pas de surfer jusqu'à la dernière discussion à laquelle j'ai participé: Ce que j'avais écrit a soigneusement été effacé ! Et la plupart de mes posts aussi !  Je demande à une amie de voir si elle peut accéder à mon profil... la réponse tombe comme un couperet: je n'existe plus.

Une seule explication me vient à l'esprit: J'ai été banni d'auFeminin. Forcément, je me suis posé des questions sur les raisons qui ont pu justifier une telle mesure à mon égard:
- Aurais-je proféré un lot d'insultes portant atteinte à un autre membre de ce forum? Non, je pense être toujours resté courtois.
- Ai-je mis en ligne la recette du bon vieux cocktail molotov qui pourrait porter atteinte à la sûreté de l'état ? Je n'ai pour vocation que de bruler les femmes de désir...
- Ai-je écrit des propos portant atteinte à la dignité humaine, ou faisant l'apologie de la bestialité ou de la pédocriminalité ? Certainement pas ! Mes mœurs  dissolues sont conformes à la législation française et dans l'esprit du forum auquel je participe.
- Mes derniers propos, bien que ni diffamatoires ni obscènes, auraient-ils porté atteinte à l'ambiance du forum, ou l'idée que le modérateur s'en fait ? Peut-être...

medium_religionETlibertinage.jpgJ'ai donc réfléchi à ces derniers propos tenus sur une discussion intitulée "La religion et le libertinage...", où l'auteur s'interrogeait à juste titre sur la compatibilité de ces deux pratiques. Voilà ce que je lui avais répondu, ami lecteur, non pas pour vous convaincre de quoi que ce soit - car en la matière j'ai plus de questions que de réponses - mais pour vous permettre de juger par vous-même de l'éventuelle obscénité de mes propos, ou s'ils peuvent nuire à l'ambiance d'un forum de discussion...

Credo, zeVagant le 17 janvier [en fin de matinée]
C'est une question difficile et je me la pose depuis plusieurs années ! Je crois tout d'abord qu'il faut bien distinguer le religieux (au sens de l'organisation sociale des adeptes d'une religion) du spirituel (au sens de sa relation intime à Dieu, puisqu'il est question de Lui).
Aussi, je vais borner l'esquisse de mon analyse à la religion Chrétienne, et réduire le libertinage à la pratique de la sexualité collective récréative actuelle, sans évoquer le libertarisme soixante-huitard ni le libertinage philosophique du 18ème siècle.
Au plan religieux, je crois que le libertinage est incompatible avec les règles de la vie chrétienne. Pour les catholiques, ces règles sont dictées par le Pape et Jean-Paul II fut catégorique: La sexualité ne peut avoir lieu qu'au sein du mariage, en dehors duquel l'abstinence s'impose. Si on veut dépasser ce verdict au profit d'une analyse personnelle à l'image des protestants, on peut aisément justifier ces règles à la lecture de la Bible, en particulier les épîtres de Paul [Romains 1:26] qui demeurent les textes fondateurs de l'identité chrétienne. Sont-ils dépassés parce qu'ils ont 2000 ans ? Je crois pour ma part qu'ils portent sur une dimension psychologique intemporelle de l'Homme, et il suffit de lire "l'art d'aimer" d'Ovide pour réaliser combien nos affects n'ont pas évolué.
La lecture de l'ancien testament, dont l'histoire du roi David, donne un autre éclairage des préceptes religieux à la lumière de la spiritualité. Voici un homme qui n'a pas hésité à faire tuer Urie, l'époux de sa maîtresse Bath-Schéba, afin de pouvoir la prendre pour femme [2 Samuel 11], ce qui va bien à l'encontre des 10 commandements [Exode 20] qu'il était censé suivre. Malgré tous ces pêchés, à cause desquels Dieu l'a d'ailleurs éprouvé, il n'a jamais perdu la foi, il s'est repenti, et le Seigneur l'a béni ainsi que sa descendance. Les règles peuvent être transgressées au prix d'un repentir sincère, mais elles ne peuvent pas rester bafouées. La parabole du fils prodigue ne dit pas autre chose [Luc 15:11].
La pratique active d'un libertinage charnel permet-elle l'édification spirituelle nécessaire à l'adoration de Dieu ? Autrement dit, peut-on partouzer toutes les nuits avec des femmes adultères et demander sa rédemption chaque matin d'un coeur sincère avant de préparer sa prochaine nuit de débauche ?
Vagan :)

Amaris75 n'a pas répondu, mais KermitLaGrenouille avec son sens de la répartie caustique...

Donc si je résume cher vagant, kermitlagrenouille le 17 janvier à 13:44
Si on est catho, que l'on prête importance aux textes datant de matusalème, que l'on écoute la parole émanant du Vatican (Le nouveau locataire a en plus l'air encore moins commode que son prédécesseur): Pas de partouze ou alors avec un sincère repenti (autoflagellation, sacrifice de sa meilleure brebie etc...)
Si on est catho, mais juste pour le coté spirituel genre Dieu est bon, Dieu est grand mais il est bien trop occupé pour vérifier si je seiche la messe du Dimanche... Pas de pb pour l'orgie... Après tout le patron en a vu d'autre...
Perso, je me suis trouvé un truc bien plus reposant... Je n'y crois plus... mais alors plus du tout...
Au début ça fait drôle de se dire qu'à la fin, ben pas de paradis ou autre club de vacances, pas de procès devant St Pierre, aucun tsoin tsoin, juste la fin... Mais on s'y fait, et cela donne envie de bien en profiter avant...
Voila, c'est un point de vue qui n'engage que moi.

Petite mise au point, zeVagant le 17 janvier [vers 14h]
J'ai évoqué le Catholicisme pour mieux illustrer le Christianisme au sens large. La position d'un pape ou d'un autre m'importe peu: ce n'est qu'une interprétation des évangiles sous le poids de traditions millénaires, et qui masquent sans doute la profondeur psychologique des paroles du Christ.
Le véritable repentir est celui du coeur, dans l'intimité de chacun, qui ne regarde que soi-même et Dieu si on y croit. Le véritable repentir se passe donc très bien de toutes les manifestations que tu cites.
Le patron en a sans doute vu d'autres, mais qu'importe. Le salut de ton âme a t'elle quelque chose à voir avec celles des autres ? Est-il bien nécessaire de mourir pour jouir de la sérénité de ce salut ? La débauche et le mensonge associés à l'adultère peuvent-ils nous apporter un bonheur durable ? Somme nous condamnés à n'avoir pour seul horizon qu'un matérialisme nihiliste dépeint avec la lucidité d'un Houellebecq ?
Vagant, sans trop de points de vue mais qui engage tout le monde :)

Pensez-vous donc, ami lecteur, que mes propos sont nuisibles à l'ambiance d'un forum de discussion ? Mes questions n'ont-elles pas le droit d'être posées ? Ou bien aurais-je écorché les yeux d'un modérateur tout puissant en écrivant quelques références bibliques ?
Car aujourd'hui, l'idée à la mode est l'athéisme militant, façon Onfray. Toute mention de religion ou de spiritualité est suspecte de sectarisme et doit être ardemment combattue sous prétexte qu'elle entraverait une sacro-sainte laïcité. Dois-je rappeler avec André Comte-Sponville que la laïcité est trop précieuse pour être confisquée par les antireligieux fanatiques ?

En l'absence de toute explication de la part d'auFeminin, je ne peux qu'aboutir à une triste conclusion: En 2007, en France, je suis victime d'un délit d'opinion, dont la sanction est un bannissement sans sommation.
Il est amusant de constater que sur auFeminin, le modérateur semble être de droit divin. Inaccessible par mail ou par quelque autre moyen, ses voies sont impénétrables et ses décisions sans appel. Le forumeur jouit ainsi d'une liberté toute relative, certains de ses mots sont supprimés, des pans entiers d'échanges disparaissent dans les limbes, et sans la moindre raison, on finit par disparaître aussi: auFeminin est une dictature sans dictat, comme le château de Kafka. A moins que le dictat soit subtilement économique...

En vérité, je me demande si ce n'est pas notre liberté d'expression (la votre ou la mienne) qui est menacée sur les forums, plus que les opinions en tant que telles. Ce que j'ai écrit n'est pas dans le ton d'un forum libertin traditionnellement athée et risquait de mener à des débats qui vont à l'encontre de la stratégie commerciale des forums dits "de discussion". Sur auFeminin, on assiste en effet à la multiplication de ces forums afin de segmenter le lectorat: chacun doit se sentir chez soi avec des internautes qui partagent exactement les mêmes opinions, afin de fidéliser la clientèle et mettre en place des publicités bien ciblées. En tant que participant à un forum de discussion, nous ne tombons pas sous le coup d'une loi morale, mais sous la loi du marché qui restreint notre liberté d'expression selon le contexte où nous tentons de l'exercer. En segmentant le marché de la discussion, auFeminin balkanise l'opinion. Elle appauvrit les esprits en évitant... toute discussion de fond ! En allant au bout de sa logique commerciale, le forum perd sa raison d'être.

A suivre...

Comme une image

medium_eye2.jpgJ'imagine mon âme avec un menton en galoche et des lèvres sensuelles, et pourtant j'ai un petit menton et aussi une petite bouche. Si je ne m'étais jamais vue dans la glace et si je devais décrire mon apparence extérieure d'après ce que je connais intérieurement de moi, le portrait ne ressemblerait pas du tout à ce que tu vois quand tu me regardes ! Je ne suis pas du tout celle que je parais !

Kundera - La valse aux adieux.
 

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, ami lecteur, mais moi, dans le métro, il m'arrive de regarder les gens. Vous me direz que cela n'a rien d'extraordinaire, des gens, dans le métro, ce n'est pas ce qui manque. Certes, mais le regard y est souvent vide. Parfois, il m'arrive même de trouver des ressemblances. Il s'agit moins de ressemblances physiologiques objectives (Cette vieille dame aux cheveux mauves a le même menton fuyant que ma tante Ursule) que des ressemblances de caractère apparent. Ainsi le semillant quinquagénaire en face de moi me fera subjectivement penser à Pierre Arditi aux expressions de son visage alors qu'il lit son journal. Ne me demandez pas pourquoi, c'est juste une impression indéfinissable mais néanmoins têtue. Pourtant, il ne m'est jamais arrivé de trouver quelqu'un qui me ressemble. Vous me rétorquerez qu'on a parfois du mal à se reconnaître soi-même en photo (Quoi? Mais qu'est-ce que c'est que cette grimace ? C'est moi ça ?) sans doute parce qu'on ne se voit pas tel qu'on apparaît aux autres, comme dans cette image fixée par l'objectif objectif. Son propre moi intime, sans cesse devant nos yeux, reste caché au reste du monde, à moins de le laisser entrevoir à son psy ou à vous, ami lecteur.

 

Il y a quelques jours, pourtant, il m'a semblé me reconnaître un peu. Pas dans le métro pour les raisons exposées plus haut, mais dans la foule des blogs. Je n'ai pas encore tout lu parce que c'est fourni, mais le plus frappant, c'est ici. J'ai des souvenirs similaires, mais pas dans ma voiture. Quelque part, je crois que ça me gènerait que ma fille s'asseoit là où j'aurais fait l'amour à une autre femme que sa mère. Sans doute pas autant que d'inviter une autre femme dans le lit conjugal désert, mais quand même. Remarquez, si l'occasion se présentait, sans doute n'afficherais-je pas ces scrupules. La chair est faible, et la mienne tout particulièrement. Bref, dans cette histoire, j'aime bien l'image de la cyprine en émulsion, "comme des blancs montés en neige" ai-je immédiatement pensé; J'aime encore plus les mots tus, le motus des bouches cousues: l'exhibition des corps cache souvent la pudeur des coeurs.

08:05 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Blogs

09 janvier 2007

Le mot magique

Certains couples libertins utilisent un "mot magique" pour indiquer discrètement à leur conjoint qu'ils ne s'imaginent plus avoir des relations horizontales avec le couple chez lesquels ils ont été invités à passer une soirée potentiellement coquine. Il s'agit d'un code définit à l'avance, un mot anodin mais néanmoins improbable, comme "crocodile" ou "hippopotame", qui est subrepticement glissé dans la conversation pour dire à son conjoint "sauve qui peut !" sans vexer ses hôtes. Dès que le mot magique a été prononcé, le couple doit prendre la tangente, en simulant par exemple l'appel affolé de la nounou due à la varicelle éclair du petit dernier. Toutes ces techniques sont éprouvées, mais à l'inverse, comment peut-on au sein d'un couple, signifier discrètement à son partenaire le désir qu'on éprouve pour un tiers alors que de simples regards équivoques ont été échangés ? Peut-on aussi employer un mot magique ?

medium_massage.2.jpgLe sauna/hammam l'hyppocampe peut être propice à la détente. Exclusivement réservé aux couples le vendredi après midi, j'ai eu l'occasion de m'y rendre plusieurs fois, dont une avec Béatrice, une jeune célibertine qui souhaitait néanmoins que je m'occupe exclusivement d'elle. Il y avait peu de monde ce jour là, trois ou quatre couples tout au plus. Après la douche et le hammam, nous avons dérivé vers les coins câlins, et nous avons jeté l'ancre auprès d'une sorte de podium, surplombé par une mezzanine. Béatrice s'est étendue sur le grand matelas qui recouvrait cette estrade, j'ai fait couler sur son dos d'odalisque quelques gouttes de la bouteille d'huile que j'avais pris soin d'amener avec moi, et j'ai commencé à lui prodiguer un doux et voluptueux massage. Béatrice a une beauté raphaélique: une peau laiteuse, des seins petits et fermes, des hanches larges dont le galbe féminin se prolonge jusqu'aux cuisses, avec entre les deux une croupe somptueuse: ronde, ample, ferme, un délice à caresser et auquel nous prenions d'ailleurs un vif plaisir partagé, lorsqu'une femme apparemment seule est entrée dans la pièce.

La trentaine, noire, son buste pulpeux recouvert d'un paréo, elle s'est avancée d'un pas hésitant, voire timide. Béatrice, les paupières closes, n'a pas vu venir cette femme que j'observais en souriant: elle s'est aventurée dans les escaliers pour jeter un coup d'œil à la mezzanine, vide, et elle est redescendue pour s'approcher un peu plus près de nous. Moi, je ne savais plus où poser les yeux. Sous mes doigts, deux demi-sphères à la blancheur lunaire, entre lesquelles palpitait un oeillet pourpre qui ne demandait qu'à s'épanouir sous mes baisers fiévreux. A côté, presque au point de s'asseoir, une charmante jeune femme visiblement attirée par le spectacle nous offrions, je dis bien nous, car intégralement nu entre les cuisses de Béatrice, j'y bandais comme un cerf. J'avais beau gratifier la placide jeune femme de mes plus charmants sourires, je ne parvenais pas à savoir qui de nous deux pouvait éventuellement l'intéresser. Béatrice a ouvert les yeux lorsque l'inconnue s'est assise sur le podium, à quelques centimètres de nous, à quelques centimètres d'un trio que je n'osais espérer. Aucun d'entre nous n'a amorcé le geste qui l'aurait esquissé. L'inconnue s'est levée et elle a quitté la pièce.

Quelques semaines plus tard, j'ai évoqué ce souvenir avec Béatrice. Après lui avoir rappelé ses souhaits du moment, souhaits que j'avais scrupuleusement respectés, je lui ai demandé si elle aurait aimé que je propose à cette inconnue un massage à quatre mains, les siennes et les miennes s'aventurant sur sa peau tabac, nos corps électrisés par le désir sur son corps alangui, nos baisers voluptueux sous son regard ténébreux... Et bien figurez-vous qu'elle aurait adoré ! Si seulement je le lui avais proposé à ce moment là au lieu de rester empêtré dans des désirs muets ! Mais comment le dire sans rompre le charme du moment ? Notre drame était sans doute de ne pas avoir convenu d'un mot magique, pour dire secrètement que le désir pourrait bien évoluer, sans entrer dans un conciliabule rédhibitoire. La prochaine fois, s'il y en a une, nous opterons pour le mot "biscotte". C'est discret, original, et pas si difficile à placer: "Ah que j'aimerais étaler de l'huile sur la peau dorée de cette femme, comme du beurre sur une biscotte !"