30 janvier 2007
Ma soirée CFNM
Août 2006. Je n'avais pas imaginé que cette soirée finirait ainsi. Tout avait commencé dans un bar trendy. J'étais là le premier, avec dix bonnes minutes d'avance, une fois n'est pas coutume. Catherine est arrivée avec une bonne demie-heure de retard, suivie en ordre dispersé par les quelques amis qu'elle avait conviés pour son anniversaire improvisé: Alexandre, Nathalie, et puis Marie. Même le propriétaire du bar était de la partie. Il faut dire que Catherine y avait ses habitudes. Nous nous sommes installés dans un recoin douillet. Nous n'étions venus que pour boire un verre, mais nous y étions si bien qu'on y a passé toute la soirée, à papoter, manger et boire. Surtout boire. Alexandre est parti le premier, et nous nous sommes donc retrouvés à quatre: trois charmantes jeunes femmes et moi.
Catherine a quelque chose de spécial. Elle attire la sympathie, et dans le milieu libertin, la sympathie se manifeste bien souvent par de voluptueuses caresses. Nous ne nous en sommes pas privés, Nathalie et moi. Catherine était assise sur une banquette, entre nous deux qui rivalisions de taquineries: Un bisou dans le cou par-ci; une main sur la nuque par-là; le zip d'une robe qui glisse, aussitôt suivi de doigts taquins qui laissent des frissons partout... Catherine était entre de si bonnes mains que nous la sentions défaillir, pour se reprendre aussitôt. Il faut dire que nous n'étions pas dans un club libertin privé qui autorise toutes les privautés, et même si cela avait été le cas, Catherine ne pouvait pas aller beaucoup plus loin pour des raisons féminines bien connues.
Le bar a fermé aux alentours de minuit et nous sommes allés prendre un dernier verre chez Catherine qui habite à deux pas. Là, notre petit jeu a repris de plus belle sous les yeux complices de Marie qui avait décidé de rester chaste. Entre Nathalie et moi, la résistance de Catherine était d'autant plus héroïque que ses abandons étaient manifestes. Je prenais un malin plaisir à l'embrasser, à l'embraser, à repousser les oripeaux de sa pudeur dont les sursauts se perdaient en timides caresses sur ma peau. Elle ne tarda pas à se retrouver en lingerie, et moi dans le plus simple appareil pour lui montrer la voie à suivre, vautré sur son tapis, mes lèvres soudées aux siennes et sa main sur ma queue raide. Et d'un seul coup, dans un ultime élan de pudeur, elle a décidé de se soustraire à nos caresses et elle a remit sa robe en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire! C'est ainsi que je me suis retrouvé nu comme un vers et la bite au garde à vous, parmi trois femmes qui papotaient comme si de rien était. Elles m'invitèrent à ne pas me rhabiller et à m'asseoir sagement sur la banquette à coté de Marie, pour prendre part à la conversation. Cette situation surréaliste m'excitait profondément. Je n'en débandais pas. De temps en temps, une des filles posait sur moi un regard circonspect, et devisait avec ses amies de l'intérêt décoratif d'avoir un homme nu dans son salon. J'étais devenu un homme objet, et le pire, c'est que ça me plaisait.
Si vous ne l'aviez pas encore deviné, CFNM est l'acronyme de "Clothed Female Nude Male", c'est à dire "Femmes habillées et Hommes nus", et c'est ainsi que je me suis retrouvé dans une soirée CFNM improvisée. Je pensais que les choses en resteraient là, qu'au lieu de jouer à l'étalon de canapé j'allais faire le bibelot de salon jusqu'au petit matin, et je devisais à mon tour sur la fragilité du désir masculin en contemplant ma virilité qui perdait peu à peu de sa fierté, lorsque Catherine, par compassion sans doute, mais certainement par plaisir aussi, a entrepris de me redonner vigueur. Il faut dire que Nathalie avait repris ses chatouillis et Catherine n'en pouvait vraiment plus. La situation a rapidement été torride. Assis sur la banquette, j'avais les cuisses ouvertes sur la généreuse poitrine de Catherine qui me masturbait en gémissant de plaisir sous les caresses d'une Nathalie survoltée. Catherine me gratifiait d'une merveilleuse fellation, lorsque Nathalie lui a chuchoté quelques mots à l'oreille. Catherine a acquiescé, et j'ai bientôt eu quatre mains sur mon sexe, et deux bouches qui s'y rejoignaient en un langoureux baiser. A un tel régime, je ne pouvais tenir longtemps, et j'ai répandu ma sève sur mon ventre et les seins de la belle Catherine, dont le visage était ravagé par le plaisir qu'elle prenait à m'en donner autant.
Sans doute Catherine a-t-elle joui du pouvoir qu'elle a eu sur moi à travers mon plaisir - elle me tenait littéralement par les couilles - jouissance cérébrale plus typiquement féminine que masculine. La situation CFNM en est symbolique si on considère que le vêtement (le propre de l'Homme, et notamment ce qui caractérisait ces trois femmes) domine la nudité (le propre de la bête, en l'occurence moi). Cette situation est l'inverse de celle du bordel du 19ème siècle avec ses femmes dénudées parmi des hommes très habillés: dans ce cas phallocratique, l'homme client jouit du plaisir sexuel que lui procure la femme prostituée mais aussi de son pouvoir apparent sur elle, alors que la prostituée tente de rétablir l'équilibre des pouvoirs dans le marchandage de sa prestation et en ne s'abandonnant pas au plaisir avec son client pour garder le contrôle de la situation. Dans ce nouveau cas "gynécratique" - y a t'il un autre mot ou ai-je bien fait d'en inventer un ? - non seulement la femme peut jouir du plaisir que lui procurera cet homme objet, jouir du plaisir de son pouvoir sur lui (il est visiblement désirant et elle a le choix), jusqu'à jouir du contrôle qu'elle a sur lui jusqu'au bout de l'orgasme qui se soldera, inéluctablement, par une débandade. Qui est le sexe faible ?
09:15 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : expériences, cfnm, erotisme, catherine, libertinage, fellation, littérature, nathalie
Salomé - Epilogue
En jetant sur cette correspondance une lumière crue, le blog a bouleversé la relation humaine naissante qu'il se proposait de décrire. Ce bouleversement, apparemment destructeur, s'avère en fin de compte bénéfique: En précipitant la relation comme un catalyseur précipite une solution hétérogène, il m'aura permis de constater rapidement l'incompatibilité de mon caractère avec celui de ma correspondante, et sans doute de nous fourvoyer l'un et l'autre dans une relation néfaste.
Par ailleurs, l'usage immodéré des commentaires a transformé le blog en un forum de discussion passionnel. Cela est sans doute dû aux attentes incompatibles des protagonistes, mais aussi à un paradoxe temporel: le commentaire porte sur une lettre personnelle (une expression de sentiments, ou pour le moins d'un état d'esprit) ancienne mais encore fraîche, qui pourrait apparaître insupportable aux yeux de celui ou celle qui l'a écrite et qui a depuis changé d'avis. En soulignant son changement d'opinion, et donc la défaillance du jugement antérieur du protagoniste, on risquerait de mettre à mal son équilibre psychologique précaire.
Afin d'abréger ces éventuelles souffrances, et à la demande pressante de ma correspondante, j'ai décidé de publier les derniers épisodes de la série Salomé à la date du 30/01/2007.
Je serais donc enclin à réitérer l'expérience et à entreprendre une autre correspondance ouverte, peut-être sans commentaires, avec quelqu'un qui jouirait d'un caractère lui permettant de s'y livrer sereinement.
06:10 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (7)
Salomé (17)
De Salomé à Vagant le 29 Janvier à 11h33
Je n'en attendais pas mieux de vous en vérité; et je savais pertinemment que vous préférerez rompre notre correspondance plutôt que de vous mettre "à nu" si je puis me permettre. Vous parlez de théâtre et vous dites juste. Là sont vos centaines de conquêtes: sur une pauvre estrade attendant de redevenir les unes après les autres l'héroïne du moment: je réitère, c'est pathétique.
Il n'y en a qu'une qui me fasse mal et je me demande si vous lui mentez ou si elle se ment. Les voyages ne peuvent expliquer l'implosion d'un couple, je suis restée un an loin de mon fiancé. Il était à des centaines de kilomètres de son fils et de sa fleur. J'ai fauté pendant cette période. Et il s'agissait bien de chair fadasse. De combien de maîtresses avez-vous caressé le ventre arrondit ? Combien d'entre-elles ont souffert pour mettre au monde un mélange de vous ?
Je vais m'arrêter là, qui ça intéresse ? Pas vous en tous cas.
Je me demande toujours pourquoi les Hommes mettent autant d'énergie à chasser, autant de créativité à séduire et si peu d'entrain à restituer au couple officiel la flamme de l'origine.
Il y a des soirs où tout me paraît insurmontable. Je prends mes petites affaires et je fuis. Il me retrouve toujours, toujours.
Tu as dû te perdre en chemin C***.
Si tu ne m'as pas demandé pardon c'est parce que tu ne perds pas ton temps avec une fillette récalcitrante. Il y a tellement de beau gibier à chasser, pourquoi s'embêter avec une petite dinde?
Peut-être parce que "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire".
Petit détail, j'ai fait 6 ans de théâtre dans la troupe palabre... Quelle coïncidence!
Adieu donc, puisque tel est votre souhait.
06:00 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)
Salomé (16)
De Vagant à Salomé le 29 Janvier à 10h59
Ma chère Salomé,
J'ai pensé à vous hier matin. Ou plutôt j'ai pensé à la situation dans laquelle nous sommes et j'ai même envisagé de m'excuser pour vous y avoir malencontreusement exposée.
Une correspondance intime est un peu comme une scène de théâtre sans metteur en scène ni spectateurs. Les acteurs improvisent face à face selon une trame antique, brodant avec plus ou moins de bonheur les fils du désir, du plaisir et du pouvoir. En publiant notre correspondance sur ce blog, j'ai ouvert les portes de ce théâtre au public. Grâce au léger différé de cette publication, cela n'a eu qu'un impact subtil sur notre jeu, sur notre correspondance comme je l'ai souligné dans Salomé (11). Tels des acteurs éblouis par les feux des projecteurs, la salle de spectacle nous apparaissait engloutie dans l'obscurité, et son public imperceptible. Tant qu'il se tenait tranquille, je supposais qu'il aurait un impact globalement positif sur la qualité de notre échange. Mais voilà qu'à la publication de votre première lettre, le premier rang se manifeste: il nous interpelle si vertement que vous lui répondez. Alors que vous bataillez avec le public hilare, vous ne trouvez pas auprès de moi le partenaire de jeu attendu, mais un metteur en scène fataliste qui devise sur les contingences de son expérience. Quel tragique malentendu ! Vous vous imaginiez donner une aimable représentation classique, j'ai improvisé une mise en scène expérimentale, et nous nous retrouvons dans une farce de café théâtre !
J'étais donc sur le point de m'excuser hier, jusqu'à ce que je reçoive votre dernier message. Voyez-vous Salomé, j'éprouve une grande tendresse pour la plupart des femmes que j'ai connues, sans parler de celles que j'ai aimées. Toutes ont contribué à ce que je suis. Si la femme est l'avenir de l'homme, elle est aussi son passé. Et je me souviens de regards embués, de baisers passionnés, de rendez-vous secrets. Pas de chair fadasse. Si ce sont ces souvenirs que vous ont laissés vos amants, je vous suis gré de ne pas m'engager dans cette triste cohorte. Puisque notre intérêt réciproque - quoique le mien se soit grandement émoussé - est désincarné, je ne vois pas quel pourrait être celui de nous rencontrer. Ce que vous diront de moi les supposées "chairs fadasses" satisfera probablement votre curiosité. En ce qui me concerne, je pense être arrivé au bout de l'expérience que je voulais mener même s'il est difficile pour moi d'en tirer une conclusion définitive.
Bien cordialement,
Vagant
05:55 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)
Salomé (15)
De Salomé à Vagant le 27 janvier à 21h58
Et bien Monsieur, que se passe t-il? M'oubliez vous ou faites vous votre mauvaise tête?
Je suis peinée C***, que tu m'évites ainsi. Je m'ennuie de tes mots, de tes phrases savamment tournées. Je n'aime pas que tu me parles de tes conquêtes, je me fiche bien d'elles toutes. De la chair, rien qu'un tas de chair fadasse. Des femmes peut être par centaines dont tu finis par te lasser un jour ou au détour d'une nuit.
Moi aussi je pourrais vous conter mes conquêtes, mes victoires et mes trophées. Quelle importance? Des mots, des souvenirs, des parfums enfuis; du vent mon ami, du vent. A se plonger dans le passé, on finit par se noyer... Oui je te balance des putains de stéréotypes, j'essaye d'éviter fautes d'accords et d'orthographe, mais je suis crevée et je crève que tu m'ignores. Je n’ai pas envie C***, de jouer au chat et à la souris. Je suis fatiguée, j'y ai joué tant de fois avant toi... Une petite môme de vingt ans tu te dis. Ce qu'ils se disent tous d'ailleurs. Et il faudrait que je te prouve que je ne suis pas que cela. Je ne le suis pas. Mais je n'ai rien à vous prouver monsieur. Je ne viendrais pas vous supplier de vous intéresser à ma petite personne, je n'en ai pas besoin.
Toutes les femmes du forum se pâment à votre pseudo. C'est pathétique. Je n'entrerai pas dans votre jeu. Non. Vous ne m'aurez pas à votre botte. Je ne suis ni en manque de tendresse, ni en défaut de sexe. Les mots doux me sont déjà murmurés au creux de l'oreille, j'ai déjà mon maître et je sais que je préférerais crever plutôt que le tromper, de corps, de cœur ou d'esprit.
Tu me diras que là n'en était pas question, que tu n'as jamais eu cela en tête; perfide!
Si jouer n'est pas ton but, rencontrons-nous. J'ai déjà vécu trois ans le platonisme de l'épistolaire. Que me reste t-il ?
L'amertume monsieur. Rien de bien plus intéressant.
Dévoilez-vous donc et nous reprendrons aimablement notre délectable correspondance.
Je vous mets au défi.
S***
05:50 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (1)
Salomé (14)
De Salomé à Vagant le 26 Janvier 2007 à 12h35
Monsieur,
Si dès le début vous entravez vos propres règles de jeu afin de vous préserver pour mieux me réprimander par la suite, je vais réellement me fâcher. Puisque ma note officieuse sera diffusée, sachez que mon futur époux a eu le loisir de la lire.
De grâce ne m'apparentez pas à vos anciennes expériences, vous toucherez ni mon corps ni mes lèvres qui en passant ont déjà la différence d'être plus fraise que framboise.
Je n'ai rien à ajouter pour l'heure.
A bientôt peut-être.
Salomé.
05:45 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)
Salomé (13)
De Vagant à Salomé, le 26 Janvier à 13h23
Ma chère Salomé,
J'avais beau m'attendre à une telle "Note officieuse", elle m'a néanmoins agacé. Mais puisque vous avez pris soin de me demander mon avis avec cet inopiné mais néanmoins ravissant "Qu'en dis-tu ?", ma réponse est simplement "Non !"
Je n'ai jamais eu l'intention de vous jeter en pâture à qui que ce soit. L'objet de mon expérience - notre correspondance en est bien une, je ne vous l'avais pas caché - est d'étudier l'interaction du blog et d'une correspondance intime qui se retrouve dépouillée de cette intimité. Vous l'avez acceptée avec empressement. Je ne peux donc pas souscrire à votre proposition qui reviendrait à grimer notre échange, à le transformer en représentation théâtrale: ce serait un Vaudeville dont nous serions tous les deux les cocus.
Je ne porterai aucun jugement de valeur sur les commentaires qui ont été faits à la suite de la publication de la première lettre. Je compte adhérer à la CHADIFI (voir la charte de NOLDA) et par conséquent corriger les fautes malencontreuses dont nous pourrions être victimes l'un et l'autre. Je suis loin d'être irréprochable à ce sujet et je compte sur mon lectorat pour pointer du doigt tout manquement aux règles d'orthographe, de syntaxe et de grammaire. C'est ainsi qu'on progresse. Revenons-en à nous.
Suis-je jaloux ? Sincèrement, je n'ai pas l'impression que c'est l'adjectif approprié à mon cas. Disons plutôt que je ne veux pas m'exposer à frustrer mes désirs et mon orgueil. Je n'envie donc pas les hommes qui honoreront éventuellement Sylvie ce soir là, puisque je pourrais en avoir la possibilité mais que les circonstances ne me conviennent pas. Je n'envie pas non plus "l'amant officiel" puisque je ne suis pas sûr de vouloir tenir ce rôle là.
Vous ne serez pas ma prochaine maîtresse, et vous ne serez pas non plus la première à me le dire, ni la première à y parvenir. J'ai un jour défié Sylvie de rester chaste. C'était tout au début de notre liaison, et je l'avais mise au défi de résister à mes avances toute une après midi. Mais "A vaincre sans péril on triomphe sans gloire", lui avais-je annoncé, et j'avais fini par l'attirer dans un sauna libertin où je lui avais prodigué un voluptueux massage. Elle fût cent fois sur le point de me céder. Cent et une fois parvint-elle à me résister. Elle ne fût pas ma maîtresse ce jour là, même si elle me laissa goûter à ses lèvres framboises.
Vous ne serez pas ma prochaine maîtresse, et ce n'est pas parce que vous n'avez pas 23 ans. A la différence de CUI, je n'affirmerai pas qu'une femme ne peut pas faire une merveilleuse amante avant cet âge là. Je vais sans doute publier le récit du défi que j'ai lancé à la jeune Mathilde, et qu'elle a su relever avec brio. Le charme, l'imagination et la sensualité ne sont pas l'apanage de l'âge. Néanmoins, je continue de penser qu'une femme atteint son apogée à l'âge de trente ans. Mais la fourchette est large et vous avez encore tout le temps de progresser. N'est-ce pas encourageant ?
Vous ne serez pas ma prochaine maîtresse et je ne vous écrirai pas sur MSN. Je tiens trop à notre délicieuse correspondance pour la détourner en clavardage. Voyons donc ce que nous pouvons en faire en pleine lumière, et essayons de reprendre notre aimable jeu de séduction en toute liberté. J'aime les femmes, et je vous aimerais sûrement, mais en aucun cas au prix d'aliéner ma liberté. Votre note officieuse sera donc publiée avec les autres.
Bien à vous,
C***
PS: Je ne veux pas vous nuire et je ne publierai pas la mention à votre futur époux dans votre note officieuse, ni votre adresse msn, ni ce post-scriptum.
Ndlr: Le post-scriptum a été publié ainsi que la mention au futur époux au début de Salomé (12), puisqu'il n'y avait pas lieu de le cacher conformément à Salomé (14)...
05:40 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Blog
Salomé (12)
De Salomé à Vagant, le 26 Janvier 2007 à 10h35
Voilà donc, Monsieur, comment procéder.
Certes, il s'agit de tricher, mais qui n'use pas de ce joker à un moment donné ?
Il s'agira donc de s'offrir des notes officieuses, et quoi de plus pimentant qu'une correspondance à double échelle? D'une part il faudra continuer notre correspondance officielle et d'autre part ne pas oublier votre officieuse note à Salomé.
Voici donc, mon futur époux et vos amis (je reviendrai d'ailleurs sur ce dernier terme, sache que je suis de nouveau fâchée!) ne sauront rien de nos missives secrètes!
Qu'en dis-tu?
Oh! S'il te plaît, avant de me répondre, donnes moi ton prénom! Je crève de savoir que tous le connaissent sauf moi!
Ma lettre est un peu désordonnée, tant pis. Petit chat vient d'avaler son café, je suis encore dans le brouillard.
Oui, je voulais te dire monsieur, que je suis fâchée! Je le suis contre tes amis qui manquent curieusement de respect à l'exception de Madeleine et Georges qui eux me semblent pour le moins civilisés, pour le mieux douce pour l'une, amusant pour l'autre. Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit, tu le sais. Mais si ton but est de jeter en pâture une "jeune innocente" à des personnes si détestables au premier abord, sache monsieur, que j'ai beau être jeune, je ne suis point innocente. Un peu naïve peut-être et encore, je m'améliore.
Voilà donc, je te ferais payer le prix d'avoir des amis mesquins.
Ceci est dit. Passons donc.
Pour ce qui est de Sylvie je ne sais qui elle est, mais si vous êtes jaloux de son amant, je le suis de toutes vos maîtresses! Moi qui aime être unique, je le serai, et je le serai en restant hors de votre couche. Vous n'avez donc plus à culpabiliser Monsieur, je ne serai certes pas votre prochaine maîtresse!
Je prends cependant note de votre invitation à un vendredi coquin, j'y serai un jour pour vous rencontrer mais je resterai chaste... De toute évidence les femmes ne valent rien en qualité de maîtresse tant qu'elles n'atteignent pas leur vingt-troisième année, inutile donc de s'essouffler pour rien...
Si le cœur vous en dit, je vous abandonne mon adresse MSN...
A bientôt mon ami.
Votre Salomé
05:35 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Blog
Salomé (11)
De Vagant à Salomé, le 26 Janvier 2007 à 10h38
Chère Salomé,
À peine avons-nous commencé à correspondre que déjà vous vous imaginez à mes côtés ! Votre fiancé vous laisserait donc vous aventurer ainsi avec un inconnu ? En contrepartie des vôtres, lui accorderiez-vous d'ores et déjà des escapades hors du lit bientôt conjugal ? Je vous ai probablement posé cette question en espérant une réponse affirmative, afin de réduire le (petit) sentiment de culpabilité que je sens poindre à vous écrire. Savez-vous que je suis troublé à l'idée qu'il me lise ? Jamais encore me suis-je aventuré à séduire une femme au vu et su de son conjoint. Imaginez maintenant mon trouble lorsque je pense à votre jeune âge (vous pourriez être ma fille !) et à votre statut (future jeune mariée !). Réalisez-vous toutes les transgressions que vous incarnez et leur impact érotique délétère ?
Au chapitre des clubs, je ne pense pas que l'Hyppocampe de Paris, plus petit que celui de St Maur, vaudrait une visite si ce n'est pour m'y retrouver un vendredi après-midi. Le Moon City vaut le détour pour sa décoration et je vous conseillerais d'y aller seule en matinée exclusivement féminine, à moins que vous aimiez l'ambiance des saunas mixtes. J'ai de très bons souvenirs à l'Overside, dont un que je publierai bientôt sur mon blog, et je vous suggérerais d'ajouter à votre liste l'Acanthus et bien entendu le No Comment. Je suppose que la NM9 s'y déroulera. Je ne pense pas en être. Je vais essayer de vous expliquer les raisons de mon absence en faisant abstraction de la publication de cette lettre sur mon Blog dans quelques jours.
Il est presque certain que Sylvie y sera présente en compagnie de son amant officiel. J'ai mentionné cette jeune femme dans une note à paraître sur mon blog: le pouvoir du plaisir. Nous ne nous sommes pas revus depuis cet été. J'ai bien entendu très envie de la revoir, et probablement aurais-je au cours de cette soirée tout simplement envie d'elle. Si cette envie n'était pas partagée, j'en serais mortifié. Si elle l'était, il me faudrait d'une manière ou d'une autre négocier avec l'amant officiel. Il voudrait naturellement rester auprès d'elle, mais voilà, je n'ai aucune envie de me retrouver dans un trio avec lui. L'idée de lui quémander les faveurs de sa belle me révulse; Je suis bien trop orgueilleux pour qu'il me les accorde. La seule solution est donc l'absence.
En relisant ce dernier paragraphe, je réalise que je touche du doigt la problématique que je pensais aborder au cours de notre correspondance ouverte: l'interaction inévitable entre le blog qui raconte et l'objet de son récit. Sans vouloir faire un clin d'oeil à Houellebecq et ses "particules élémentaires", c'est un peu le même problème que la mécanique quantique: l'instrument de mesure (que ce soit l'accélérateur de particules ou le Blog) perturbe l'objet de sa mesure (que ce soit la particule ou nous). En effet, Sylvie connaît l'existence de mon blog. Je l'en ai informée lors de la manifestation sur auFeminin en ma faveur. Je ne sais pas si elle le lit, mais elle se reconnaîtrait sans doute dans "le pouvoir du plaisir", et dans la lettre que je vous écris. L'amant officiel pourrait lui aussi se reconnaître. L'un et l'autre pourraient donc modifier leur comportement à mon égard si je venais à cette Nuit Mutine. Je serais alors gênant aux yeux de Sylvie, ce qui me conforte donc dans ma résolution de ne pas venir à cette soirée. Mais ce n'est pas tout: Si je me suis déjà ouvert à Sylvie de mon problème dans le cadre d'une autre soirée, je ne pense pas que "l'amant officiel" le sache. Alors que nous avons toujours eu des rapports cordiaux, les lignes que vous venez de lire et qu'il pourrait lire gravent et aggravent notre défiance mutuelle. En essayant de coller au plus près de la réalité, le Blog modifie la réalité qu'il décrit.
On en arrive donc au thème de l'autocensure sur lequel je reviendrai ultérieurement. "Comment exister sans attrister ?" ai-je écrit dans mon "À propos". En faisant le pari de tenir un blog vivant avec les notes de la rubrique "in vivo", en faisant le pari de la "vérité toute nue", en faisant de ce blog un instrument de mesure de mon âme, je me coupe de facto des conventions sociales mensongères. Paradoxalement, cette vérité là est la vérité du mensonge. Le cœur ouvert que je donne à lire est celui de l'autre face de ma double vie, la face obscure, la face adultère, celle du mensonge. Comme si le mensonge de ma double vie était trop lourd à porter, je ressens le besoin d'y être vrai.
J'arrête là mon introspection, je vous ai sans doute déjà trop ennuyée. Non seulement vous avez dû attendre avant de lire cette lettre, mais au lieu de vous servir d'aimables ritournelles, je vous assomme d'états d'âmes. J'ose espérer que vous me pardonnerez cette faute de goût, jolie Salomé aux yeux émeraude et à la chevelure rubis. Permettez-moi donc de déposer un doux baiser sur votre peau diaphane, qui reste encore pour moi évanescente...
Vagant
05:30 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Blog
Salomé (10)
De Salomé à Vagant, le 25 Janvier à 13h 40
Mon cher ami,
Comme je suis heureuse que la Manche ait laissé passer votre missive! Ainsi donc vous m'écrivez de l'Angleterre? Me voilà jalouse!! Je rêverais d'être avec vous! Savez-vous, monsieur, que quatre lettres de vous me rendent déjà esclave de vos écrits? Oui, vous le savez, et vous comprenez par delà ma jeunesse la raison de mon impatience!
Mais il me semble que deux questions restent en suspend: La première me semble t il est en rapport avec les clubs que je souhaiterais découvrir... Ma foi, le fameux Moon City dont beaucoup vantent la décoration me tenterait bien. L'Overside également ainsi que l'Hyppocampe de Paris afin de comparer à mon expérience de celui de St Maur. Pour le reste, je suis ouverte à tout endroit pourvu que l'élégance et le respect soient toujours de mise. Par ailleurs je pense me rendre à la nuit Mutine de Mars... Y serez vous? Il serait bien amusant que vous tentiez de m'y reconnaître...
Pour ce qui est de votre seconde question, mon fiancé a lu la missive de mon rebaptême et trouvait que j'avais la peau trop laiteuse pour me nommer Salomé. Peu importe puisque je suis votre Salomé!
Pour le reste, je n'ai rien à lui cacher, après tout, nos écrits peuvent être lus par tous...
Sur ce, je vous embrasse et espère avoir une nouvelle lettre avant demain (Les princesses sont exigeantes)
Votre Salomé
05:25 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)
Salomé (9)
De Vagant à Salomé, le 25 Janvier 2007 à 13h50
Salomé,
Tout d'abord, je suis ravi que ce prénom vous plaise. Je n'imaginais pas que vous fassiez de la danse orientale. Quelle heureuse coïncidence ! Quant à votre peau diaphane, que savons-nous aujourd'hui du teint de la Salomé biblique ? La Bible ne mentionne t'elle pas les blonds libyens et des noirs nubiens, suggérant qu'à cette époque déjà toutes les ethnies se croisaient en Palestine, trait d'union entre l'Afrique, l'Asie et l'Orient, continents dont les 3 rois mages sont l'allégorie ? Je n'y ai jamais mis les pieds mais j'imagine ces pays fascinants, comme je le disais un soir - au "Hustler Club" - à une jeune libanaise qui, comme vous, s'est un jour égarée sur ma BAL. Mais c'est une autre histoire...
Je reconnais au ton de votre dernière lettre toute la fougue impatiente de votre jeunesse, mâtinée d'une verve littéraire qui me surprend agréablement. C'est donc le plaisir de vous lire qui a agrafé sur mes lèvres le sourire que vous aviez deviné, et certainement pas le résultat d'une de mes manigances. D'une part j'attendais votre accord pour le prénom de Salomé, et je n'ai reçu votre accord que ce matin. Sans doute ce message a t'il dû traverser la Manche à la nage (je suis actuellement en Angleterre). J'ai d'autre part une vingtaine de notes en attente d'être publiées, et celle intitulée "le bonheur était dans le pré" était prévue depuis plusieurs jours. Votre première lettre vient d'être mise en ligne. Au vu du rythme que semble prendre notre correspondance, mon lectorat aura probablement droit à une ou deux notes quotidiennes, dont notre délicieuse correspondance.
Des mots doux, vous voulez des mots doux ? Vous en aurez lorsque j'aurai imaginé votre corps gracile nimbé de voiles vaporeux virevoltant au gré de rythmes orientaux. En attendant, vous n'avez pas répondu à la seule question que je vous ai posée. J'en ajoute une autre à titre d'intérêts: Votre cher et tendre lit-il notre correspondance ?
Votre dévoué,
Vagant
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Salomé (8)
De Salomé à Vagant, le 25 Janvier 2007 à 11h07
Monsieur,
Je suis fâchée! Aussi fort que puisse l'être un petit chat ou une princesse orientale, mais je le suis!
Comment? Vous avez préféré relater votre expérience Jeannesque datant de 2002 [ndlr: Le bonheur était dans le pré] et ne pas mentionner votre Salomé? Et comment, ma boîte mail reste désespérément vide... Oui monsieur, je ne suis qu'une impatiente! Voici le premier défaut que je vous livre! Ah monsieur! Vous voulez jouer et votre premier sourire serait bien de me voir agacée. Voilà que je dois rougir et me dire que ma missive est vaine ou que vous l'attendiez. Si vous commencez les manigances je ne serais pas de la partie, sachez-le.
Il est midi, j'ai jeûné depuis hier, petit chat crève de faim et d'impatience et vous, vilain matou je vous vois déjà vous indigner ou sourire... C'est la faim sans doute qui me pousse à commettre la folie de vous réprimander dès le départ; dès lors, ne m'en voulez pas mon ami et écrivez-moi des mots doux...
Votre Salomé
05:10 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)
Salomé (7)
De S. à Vagant, le Mercredi 24 Janvier 2007 à 20:35
Salomé... Prénom délicieux. Mais qui sonne peut être un peu trop oriental pour ma peau diaphane, mes cheveux rubis et mes yeux émeraude. Peu importe, l'Orient est une terre qui a toujours suscité dans mon imagination juvénile la suavité, la sensualité, la beauté. Salomé dans un hammam, qu'il soit traditionnel ou libertin, quel délice... Je serais princesse des mille et une nuits. Je ris, si vous saviez, je prends des cours de danse orientale, je vous le jure, certes novice, mais n'est-ce pas une autre coïncidence amusante?
Allons-y donc pour Salomé! Je suis conquise!
Aller, je vous laisse pour ce soir et vous promets dès demain une missive bien plus longue.
A demain donc, mon ami!
Votre Salomé
05:00 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)
Salomé (6)
De Vagant à S., le Mercredi 24 Janvier à 19h54
Ma chère Salomé,
Je cherchais un prénom commençant par la lettre S, un prénom qui évoquerait la pernicieuse sensualité que vos messages évoquent, un prénom intemporel qui symboliserait votre jeune âge: "Salomé" s'est bien-sûr imposé. Vous connaissez sans doute l'histoire biblique de la jeune Salomé, dont la danse lascive séduisit Hérode le tétrarque au point qu'elle pût exiger de ce roi la tête de Jean-Baptiste. Eric-Emmanuel Schmitt en a fait un portrait intéressant dans son Evangile selon Pilate. Acceptez-vous donc que je vous baptise ainsi avant d'exiger ma tête - entre autres organes - ou bien de me séduire au point que je la perde ?
Je ne connais pas Victor Hugo, hormis Ruy Blas justement, que je me souviens avoir lu avec plaisir mais dont j'ai complètement oublié l'intrigue. Quant à Laclos et "Les Liaisons dangereuses", elles sont si communes que je préfère ne pas les mentionner. A propos, je relève une erreur typographique amusante. Vous avez écrit "dangeureuse", comme dans l'URL du Blog de Georges et Madeleine (http://lesliaisonsdangeureuses.blogspirit.com/) Quelle étrange coïncidence ! Actuellement Kundera me passionne et je redécouvre Montesquieu avec plaisir. Avec lui, il n'est pas question que de l'infidélité des hommes: "Après tout, disent-ils, quand nous serions malheureux en qualité de maris, nous trouverions toujours moyen de nous dédommager en qualité d'amants. Pour qu'un homme pût se plaindre avec raison de l'infidélité de sa femme, il faudrait qu'il n'y eût que trois personnes dans le monde; ils seront toujours à but quand il y en aura quatre." (les lettres persanes)
En ce qui concerne notre "contrat", je vais publier notre correspondance à raison d'une lettre quotidienne à partir de demain. J'ai d'ores et déjà 5 lettres d'avance, et vous avez donc tout le temps de ciseler vos mots. Non seulement je prends soin de ne pas vous prendre trop de temps avec une correspondance acharnée, mais je vous entraîne pour votre Bac français en tempérant l'ardeur de votre jeunesse...
Enfin, quels sont les clubs sur lesquels vous avez jeté votre dévolu pour y sombrer dans la luxure ?
Aux plaisirs,
Vagant
04:55 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (1)
29 janvier 2007
Gilda
Les gouttes de pluie éclataient sur le pare brise depuis des heures. Depuis des heures, Johnny fumait cigarette sur cigarette. En fait, il ne les fumait pas vraiment. Il les laissait plutôt se consumer, comme des bâtons d'encens, pour le plaisir de voir les volutes grises, pour l'ambiance. Dehors, l'interminable ruban d'asphalte s'étirait devant ses yeux, jusqu'au bout de la portée de ses phares, jusqu'à se confondre avec l'horizon brumeux. De la grisaille crépusculaire à perte de vue. Parfait. Johnny n'aimait pas les couleurs.
L'essuie-glace passait et repassait devant ses yeux, émettant à chaque fois un couinement de tristesse qui se mêlait au ronronnement chaleureux du camion, grave et régulier. Réconfortant. Il y avait bien la radio, mais il aurait dû parcourir toute la bande FM, avec ses musiques de sauvages et ses pubs nasillardes, tout ça pour un improbable morceau de Jazz, et cette idée le révulsait. Johnny n'aimait pas vraiment la musique, tout au moins pas assez pour risquer de gâcher son bonheur, puisqu'il était déjà heureux. Enfin, un peu. Un bonheur ténu, mais tenace: cette nuit, il verrait Gilda.
Derrière lui, quinze tonnes de citrouilles, d'un orange abominable, mais bien tranquilles. Dans quelques heures, il les livrerait à une grande surface provinciale, pour Halloween, les jeunes aimaient ça paraît-il. Sa remorque enfin vidée, il pourrait y voir Gilda, en grand secret, juste avant le petit matin, aux heures où tout le monde dort. Johnny ne vivait que pour ce rendez-vous et il voyait Gilda de plus en plus souvent. Au début, c'était irrégulier, quand il avait un coup de blues. Et puis, les coups de blues aidant, c'était devenu hebdomadaire. Maintenant c'était quotidien. Pas une nuit sans Gilda. Si ses collègues l'avaient su, ils auraient dit qu'il était fou; Il n'aurait pas pu leur donner tort.
Alors que les kilomètres succédaient aux kilomètres, une lueur d'inquiétude commença à entacher son obscure sérénité. La jauge baissait avec obstination, et il ne pourrait pas éviter de prendre de l'essence à la prochaine station. Il n'aimait pas cette station là. Elle lui rappelait de mauvais souvenirs. En réalité, les mauvais souvenirs l'y attendaient. Il eut la chance de ne croiser personne à la pompe mais constata avec désarroi que la pluie avait cessé. Elles seraient toutes dehors. Il paya en catimini, avant de s'engouffrer dans sa cabine. Maintenant, il devait s'engager sur l'aire de repos réservée aux poids lourds, pas moyen de faire autrement. Une zone étroite et encombrée de camions garés n'importe comment, où il devrait rouler au pas pour ne pas en écraser une. Cela faisait des mois qu'il n'avait pas eu à passer par-là. Et depuis, la situation ne s'était pas améliorée. La mort dans l'âme, Johnny s'apprêta à traverser le baisodrome.
C'est comme ça qu'ils appelaient ce parking. Pourquoi celui-là et pas un autre ? Pourquoi toutes les putains et tous les routiers du monde s'étaient donné rendez-vous ici et pas ailleurs ? Pourquoi s'y était-il arrêté, lui aussi, au moindre prétexte, pour y rester en embuscade, pendant des heures, la bouche pleine de salive, les yeux hagards, jaugeant les gueules et les culs, se demandant si celle-ci le ferait jouir comme jamais, ou bien plutôt celle-là, avant d'en faire monter une, en urgence, n'importe laquelle, pourvu qu'elle semble belle, la payer, et puis la trouver moche, se faire quand même tailler une pipe, et éjaculer la bite molle, pourquoi ? Pourquoi ne pas être rentré chez lui où l'attendait sa femme, avant qu'elle ne l'attende plus, et le laisse, tout seul ? Pourquoi ? Et puis... et puis il avait finit par voir Gilda, et ça non plus, il ne savait pas trop pourquoi. Il se concentra sur cette dernière idée pour regarder droit devant lui, les mains crispées sur le volant, ignorer les clins d'œil aguicheurs, surtout ne pas regarder sur les côtés, ces filles peinturlurées, ne pas sombrer à nouveau...
`Hé ! Mais c'est mon Jeannot ! Alors chéri, tu m'aimes plus ?'. Il respira fort pour ne pas tourner la tête, accéléra et sortit de cette fange. Gilda... Gilda... Il répéta son nom à mi-voix comme pour exorciser les vieux démons qui rôdaient encore, jusqu'à se calmer, complètement. Plus jamais Jeannot... Johnny... Oui, Johnny et Gilda... Plus que cent kilomètres... cent petits kilomètres...
Johnny arriva juste à temps pour l'ouverture de l'entrée fournisseur du grand magasin. Il ouvrit sa remorque, sauta sur le fenwick, et entreposa lui-même les citrouilles dans le hangar, histoire de gagner un peu de temps, et de ne pas dévoiler ce qui était caché au fond du camion. Le manœuvre rigolait en regardant ce pauvre fou faire son boulot à sa place au lieu de se reposer après des heures de route. Il ne pouvait pas comprendre. D'ailleurs il n'y avait rien à comprendre. Dès que le camion fût déchargé, Johnny repartit aussi vite qu'il était venu.
Le soleil n'était pas encore à l'horizon lorsque le camion s'enfonça doucement dans un chemin de traverse, juste assez loin pour ne plus entendre les bruits de la route. C'est là qu'il verrait Gilda. N'importe où pourvu qu'il ne soit pas dérangé. Le cœur battant, il s'enferma dans la remorque. Dans la pénombre, il retira la bâche qui protégeait son installation, et mit tout en place. Enfin, il s'assit dans un confortable fauteuil. Johnny alluma une cigarette. Il savourait tout particulièrement ce moment de détente, juste avant de la voir. Il se prenait à rêver d'être à ses côtés, d'être bien habillé, des souliers vernis, un costume trois pièces au pantalon amidonné, le pli si affûté qu'on aurait pu y couper une tomate, oui, c'est ça, un gangster, un mafieux, ou même un flic, pourvu qu'il soit avec Gilda. Il appuya sur la télécommande de la vidéo. Une lumière gris-bleue envahit les lieux, s'incarnant dans les volutes de fumées, comme dans le casino d'un vieux film des années 40...
"When Mrs. O'Leary's car kicked the lantern-in Chicago town,
They say that started the fire-that burned Chicago down.
That's the story that went around, but here's the real lowdown,
Put the blame on mame boys,
put the blame on mame
Mame kissed a buyer from out of town,
that kissed burned Chicago down.
So you can, Put the blame on mame boys,
put the blame on mame."
Gilda (1946)
08:50 Publié dans Fictions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
Salomé (5)
De S. à Vagant, le Mercredi 24 Janvier 2007 à 16h44
Mon cher ami,
Permettez que je vous appelle ainsi puisque nous allons au fil des prochains jours nous dévoiler l'un à l'autre corps et âme.
Toute entière je vous dis oui! Oui pour cette correspondance, oui pour me livrer sur le vif, mille fois oui. Rien n'aura besoin d'être maquillé, je vais trouver un doux prénom, oui, voilà, trouvons-moi un beau prénom romanesque et logeons-nous sur la même lignée que Valmont et Merteuil, avec pour, cependant, la différence d'une fin moins moralisatrice! j'ai toujours brûlé de réécrire cette fin atroce, certaine que Laclos cache dans son tombeau la véritable histoire... Mais ne parlons plus de ces "liaisons dangeureuses", mon ami, surtout lorsqu'il s'agit d'une oeuvre si commune et de ce fait si stéréotypée dans le monde des libertins. Dans un autre contexte, aimez-vous Hugo? J'ai longtemps été envahie par Ruy Blas... "Quand l'âme a soif, il faut qu'elle se désaltère. Fût-ce dans du poison!"
N'est ce pas ce qui pousse certains maris à devenir infidèles?
A propos de mari, le mien est mon aîné de 8 ans et passe régulièrement du statut d'amant à celui de maître, de confident, d'ami...Nous avons fait nos premiers pas ensemble dans le libertinage et nous comptons bien réitérer...J'ai sélectionné quelques clubs et j'espère en satisfaire ma curiosité. Cependant il serait bien triste de s'arrêter aux choses primaires au risque de se confondre avec de simples morts de faim.
Je pense donc que notre correspondance risque de s'avérer délicieuse....
Avant votre prochaine missive, je vous promets de lire avec attention votre blog pendant que vous imaginerez quel doux nom je pourrais bien porter.
A très bientôt je l'espère.
Petit Chat.
04:35 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)
28 janvier 2007
CHADIFI
J’étais signataire de la Charte pour la Défense et Illustration du Français sur Internet ( CHADIFI ), mais en fin de compte, je la laisse lâchement tomber. Toutefois, même si je n’en garde pas la lettre trop rigoureuse - et qu’on pourrait même juger élitiste - j’en conserve l’esprit.
Ami commentateur, je vous demanderai donc d’éviter d’utiliser le style texto qui me donne des boutons. Si ! Si ! D’ailleurs, si vous les voyiez, énormes, purulents, vermillons d’opprobre, vous auriez pitié de mon dermatologue. Il serait aussi souhaitable pour mes irritations cutanées que vous fassiez des efforts pour respecter autant que possible notre langue impossible. Toutefois, que cela n’entrave pas votre spontanéité, car j’aime beaucoup les commentaires, tous les commentaires, de la flagornerie éhontée aux critiques constructives.
Enfin, il se pourrait que vous trouviez sur mon propre blog des ignominies grammaticales, des abominations orthographiques voire des horreurs syntaxiques. Dans ce cas, je vous en prie, laissez moi un commentaire outragé ou envoyez moi un mail acrimonieux pour dénoncer ces félonies ! Moi, Chevalier du Subjonctif, je m’armerai d’orthonet et de dictionnaires, et avec mon écuyer le conjugueur nous repartirons en sainte croisade pour la francophonie ! (Hein ? J’en fais trop ? Bon, je corrigerai mes fautes quoi !)
15:15 Publié dans Charte | Lien permanent | Commentaires (41) | Tags : CHADIFI, orthographe, texto
Salomé (4)
De Vagant à S., le mercredi 24 Janvier à 14h54
Chère inconnue,
Deux lignes, certes, mais deux lignes qui en disent bien plus sur moi que sur le Moon City ! Sur ce blog tout récent, j'ai décidé de m'ouvrir, justement, de me dévoiler au travers des textes auparavant semés à droite et à gauche. Avez-vous lu mon "A propos" ? Avez vous regardé mes photos ? Avez-vous lu mes récits entre autres défis ? Voulez-vous donc que je vous l'écrive de vif clavier? Soit !
Je suis marié depuis quinze ans et je pratique l'adultère depuis huit. La bague au doigt donc, mais un seul enfant et un travail qui m'envoie par monts et par vaux. C'est une frustration sexuelle qui m'a amené à me tourner vers d'autres femmes que la mienne. Timide - ou plutôt timoré - avec les femmes in vivo, j'ai découvert par hasard le forum d'auFeminin où vous avez dû voir cette manifestation contre la censure qui m'a injustement frappé. C'est sur ce forum là, et auparavant le forum couples-aventures, que j'ai connu presque toutes les femmes qui ont été mes "maîtresses". Car je suis bien obligé de parler au pluriel. Une fois le premier adultère consommé, une fois mon fantasme réalisé, je n'ai pas pu m'empêcher de recommencer, encore et encore. Je suis passé du joug de la tyrannie de la fidélité à celui de la tyrannie du plaisir, esclave du désir de plaire, drogué à la séduction épistolaire.
Dans quel sauna avez-vous donc été samedi dernier ? L'hyppocampe ? Moi aussi j'aime beaucoup les soirées couples et l'ambiance sensuelle qui s'en dégage, très différente des soirées mixtes comme je viens de l'écrire sur mon Blog (Nuit d'ivresse). Votre fiancé n'aurait-il pas apprécié autant que vous ? S'il a votre âge, je le comprends. Moi, à vingt ans, j'étais puceau de la queue et des lèvres.
Chère inconnue, permettez-moi de vous proposer un jeu, ou plutôt une expérience. Comme vous le savez j'ai commencé un blog au début de ce mois et j'aimerais y retranscrire notre correspondance sur le vif. Tout. Telle qu'elle; en masquant simplement les noms et les lieux au besoin. Honnêtement, je ne crois pas que nous y parviendrons. Je suis certain qu'à un moment ou un autre, la vérité devra être maquillée, qu'une subtile auto-censure s'introduira entre nous, et que nous atteindrons les limites du système. Ce sont ces limites là que je souhaite taquiner, la subtile interaction entre lecteurs et protagonistes. Chiche ?
Vagant
04:30 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (40)
27 janvier 2007
Poêt Poêt (1)
J'ai découvert le boudoir de mademoiselle K , dont de délicieux petits textes relatifs au bas rein. Je me suis permis d'y laisser le commentaire suivant...
A une femme encore vierge de toute opinion sur les délices culinaires du bas rein, j'avais tenté de décrire en quelques vers gourmands la recette de cette spécialité régionale:
De ces préliminaires, de cette préparation,
N'ai-je pas déjà fait toute une description,
Avec force détails dont vous vous régalâtes ?
Ce tendre anneau que vous voudriez que je gâte,
Serait-il le vôtre, vierge de tout assaut ?
Puisque vous insistez, je ne serais pas sot
Pour donner la recette de la cuisson d'un autre !
D'abord bien le choisir, j'ai donc choisi le vôtre:
Débarrasser vos fesses de toutes leurs dentelles,
Soieries, lycra, coton et toutes autres ficelles,
les ouvrir largement dans une pose confortable,
En vous agenouillant, par exemple sur une table.
Bien assouplir vos fesses par de douces caresses,
Et puis les malaxer avec force, mais tendresse.
Attiser votre raie d'un souffle, d'une bise,
Avant d'y répandre toutes les mignardises:
Salive onctueuse, langues fourrées, doigts taquins,
Et autres fantaisies sans être mesquin.
Continuer ainsi jusqu'à ce qu'il en palpite,
Votre anus bien humide en attente de la bite.
L'assouplir à loisir avec un ou deux doigts,
Avant de sortir un phallus de bon aloi.
En appliquer le gland sur votre trou dilaté,
Et appuyer lentement sans vous contracter,
Tout en titillant votre clitoris durci.
Voilà la recette d'une sodomie réussie,
Tous les préliminaires pour bien vous enculer,
Et d'un plaisir incontestable, vous faire hurler.
C'est ce qu'on appelle des vers de mirliton, d'autant plus qu'en la matière je ne suis pas maître queue...
Au moment où j'ai écrit ça, je relisais "Cyrano de Bergerac" avec un plaisir toujours aussi vif. Ce sont sans doute les vers du pâtissier qui m'auront inspiré. Edmond Rostand doit s'en retourner dans sa tombe. J'espère que Mlle K me pardonnera cette facétie, elle aussi. Et puis quitte à faire des bêtises, autant les faire jusqu'au bout, j'ai envoyé ma jolie poésie au grand concours international de poésie érotique...
08:40 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Blogs, poésie, Littérature, Erotisme
Salomé (3)
De S. à Vagant, le Mardi 23 Janvier 2007 à 17h41
Cher Vagant,
La joie d'une curiosité sans doute mal placée mais sur le point d'être satisfaite m'a laissée un goût amer... Est-ce donc tout? Deux lignes, certes courtoises, certes jolies, mais certainement bien vite jetées avec pour seule consolation un blog... Et voilà que j'en sais plus sur le Moon City que sur vous-même... Mais peut être qu'en me présentant vous ferez de même?
Comme je vous l'ai dit j'ai vingt ans. Deux enfants à mon actif et la bague au doigt à partir du 10 mai prochain. Un BAC littéraire en préparation... Voilà tout. Pour la partie civile du moins.
Je ne me pose pas la question existentielle de ce qu'est être libertin. J'aime les plaisirs sensuels, l'érotisme. J'ai découvert en couple, samedi dernier, la torpeur des saunas libertins. Tous ces gens faisant l'amour, sans faux-semblants, sans hypocrisie, quel délice! Je taquine ma moitié afin de réitérer l'expérience. Il va céder :)
Et j'espère que vous aussi et que cette fois ci vous m'abandonnerez quelques bribes de vous...
A très bientôt je l'espère...
04:25 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)
26 janvier 2007
La planète échangiste
La libertine est l'otage du désir masculin et fait l'objet d'un troc qui ne dit pas son nom. Tel est le credo de "la planète échangiste" de Daniel Welzer-Lang, devenu depuis sa parution l'ouvrage de référence sur l'échangisme. Fort de ses quatre années d'enquête sur le terrain, DWL en est devenu le théoricien incontesté. Cette légitimité est-elle bien justifiée ? C'est pour tenter de répondre à cette question que j'ai ingurgité les 570 pages de cet ouvrage. Permettez-moi de régurgiter mon analyse.
La couverture est sensationnaliste: "Ce livre est un événement. Pour la première fois, toute la lumière est faite sur la "planète" échangiste [...] L'immense enquête de terrain menée pendant quatre ans par Daniel Welzer-Lang [...] n'avait jamais été publiée.". L'introduction resitue le contexte. Dans les années 1995, DWL et son équipe ont enquêté sur l'échangisme avec pour louable objectif la prévention du SIDA. Son rapport de recherche qui s'est achevé en 1997 n'avait jamais quitté les rayons des bibliothèques universitaires. 8 ans plus tard, le voilà opportunément publié avec peu de remaniements, ce qui explique un chapitre obsolète consacré au minitel. Une étude qui date d'une décennie peut-elle être l'ouvrage de référence d'une pratique en pleine évolution ? La question mérite d'être posée d'autant plus que ce livre est pour le moins subjectif.
Ce rapport obéit à une hypothèse qui transparaît à toutes les pages, dès le début (p 13): "Les gens touchent, se touchent, font l'amour, échangent les partenaires féminines[...]" (p. 13). On comprend vite que selon DWL, l'échangisme consiste à échanger des femmes plus ou moins consentantes, plus ou moins contraintes, pour le bonheur de la libido masculine à l'image de la pornographie. Il faut cependant attendre le chapitre 6 (L'entrée dans l'échangisme) pour lire explicitement cette hypothèse: "Les pratiques non conformistes correspondent en premier lieu au désir des hommes de vivre des relations sexuelles avec plusieurs femmes de manière successive et/ou simultanée. L'échangisme est une forme contemporaine de polygamie masculine. (p. 153)" Le raisonnement historique qui permet d'aboutir à cette hypothèse n'est pas dénué d'intérêt. Je vous le livre donc in extenso (pp 154 & 155):
"De tous temps, les sociétés patriarcales et viriarcales ont appris à certains hommes un mode de gestion polygame du désir. Philippe Ariès écrit: "Aujourd'hui, nos réflexions escamotent souvent un phénomène, absolument capital et quasi permanent jusqu'au 18ème siècle [...] : La différence que les hommes d'à peu près toutes les sociétés et de tous les temps (sauf les nôtres aujourd'hui) ont observé entre l'amour dans le mariage et l'amour hors du mariage." Jean-Louis Flandrin rappelle, quant à lui, les débats en cours au Moyen age: malgré la doctrine officielle de l'église, il était considéré comme normal qu'un homme ait des amours hors mariage. Et des codes relativement précis réglaient la nature des rapports sexuels que l'homme devait entretenir avec son épouse et avec les autres femmes. On ne prend pas sa femme comme on prend sa maîtresse, telle semblait être la topique de l'époque. Les hommes partageaient leur vie sexuelle entre maîtresses, prostituées, amantes et épouses. Et des lieux spécifiques permettaient et/ou structuraient cette polygamie.
Jusqu'à une époque récente, les constructions sociales différenciées de l'amour et de la conjugalité organisaient les pratiques féminines et masculines. Quand les femmes, dans l'amour, cherchaient un "tout en un" où le même homme devait être à la fois bon père, mari attentionné et bon amant (pour celles qui avaient accès à leurs désirs sexuels), les hommes distinguaient l'amour dans la relation conjugale et l'amour dans les pratiques sexuelles. Il y avait les femmes qu'ils aimaient, qui élevaient leurs enfants, qui s'occupaient de leur foyer, et les femmes qu'ils aimaient et avec lesquelles ils pouvaient vivre leur sexualité. Pratiques et représentation de la sexualité des femmes étaient "sous contrôle" des hommes et l'objectif in fine était une maîtrise stricte de la reproduction : "deux hommes ne partagent pas le même vagin", explique Françoise Héritier.
Puis vint la contraception féminine hormonale, beaucoup plus fiable que les méthodes empiriques précédentes; vint aussi la possibilité légale d'avortement dans des conditions d'hygiène acceptables. Les femmes et leurs conjoints disposent alors de moyens efficaces pour contrôler la reproduction. Dès les années 1970, le féminisme promoteur de cette révolution scientifique, les mouvements gais et les groupes militants de toutes sortes font vaciller l'édifice des sexualités. Les certitudes s'effondrent, les conduites libertines, jusqu'alors réservées à quelques cabarets clos, se diffusent massivement. "Pourquoi pas" traduit parfaitement cette époque de remise en cause des modèles. Communisme sexuel dans certains groupes communautaires, relations extraconjugales ou multirelationnalité sérielle : les modèles sont divers, mais ils ont tous en commun de remettre en cause les valeurs traditionnelles liées au mariage, du moins de le revendiquer haut et fort.
Ce qui ne veut pas dire que les "nouvelles pratiques" conjugales ne soient pas, elles aussi, normatives. L'égalité est posée en absolu, voire, à cette époque, entre 1970 et 1985, en dogme arithmétique. L'époque impose sur le plan de la sexualité, du moins dans les discours des "spécialistes", des relations sexuelles qualifiées d'égalitaires entre hommes et femmes. L'orgasme de l'un doit répondre à l'orgasme de l'autre dans un ensemble parfait. Tout décalage, toute désynchronisation est suspectée de cacher des problèmes sexuels qu'il faut s'empresser de soigner. Les rapports à la séduction évoluent également. Un jeu doit s'établir entre les deux partenaires afin de permettre à chacun d'exprimer ses désirs : "Il est donc prescrit de produire des orgasmes, et, d'une façon générale, de "s'éclater", c'est à dire d'être des stakhanovistes de l'hédonisme. Mais attention! Sans goujaterie (apparente) ! Respectez vos partenaires ! Aidez les à fonctionner !" dit André Béjin. La réalité n'est pas aussi simple et nous avons montré comment certains client des prostitué-e-s semblent évacuer ce malaise dans leur rapport aux femmes pour obtenir des services sexuels auxquels ils ne peuvent accéder autrement.
Une de mes hypothèses centrales est que la fréquentation des clubs échangistes réfère à la même problématique. Nous serions en présence d'une gestion conjugale de la polygamie masculine des désirs, d'une forme moins arithmétique de partage."
DWL développe cette hypothèse au chapitre 7: "La femme qui opte de manière volontaire pour les pratiques non conformistes sait qu'elle entre en concurrence avec les autres femmes. Pour garder son conjoint, elle devra faire un travail incessant de séduction: de son conjoint et des autres hommes. Elle va apprendre comment les désirs pour elle réactivent ceux de son conjoint, fier d'avoir une telle monnaie d'échange. Elle a peur de découvrir un jour l'absence de désirs pour elle et ses conséquences néfastes sur ceux de son conjoint. La valeur d'échange est liée à leur capitale érotique. (p. 191)."
Après avoir introduit tous les termes du marché, DWL explicite le mode de séduction dans un chapitre au titre explicite: "De la putain à la salope...". DWL nous explique que le groupe des hommes a toujours établi une division entre les femmes: les "mamans" et les "putains", au point de parler de polygamie entre les unes et les autres. Or la figure de la salope aurait tendance à remplacer celle de la putain dans l'imaginaire érotique masculin. DWL définit la salope comme la femme non vénale qui aime le sexe dans des formes qu'aiment les homes, et qui porte des tenues sexy définies par la pornographie.
"Pour garder leur conjoint, lui plaire, les femmes [échangistes] doivent se comporter en salope [...] Dans notre étude, nous avons rencontré de nombreuses femmes qui disent aimer la fréquentation des lieux non conformistes. Ces femmes reprennent pour partie les stéréotypes de la salope, tout en revendiquant leur propre plaisir dans cette représentation de soi et ces pratiques. Mais très souvent elles n'en adoptent pas le nom, préférant nettement le terme de libertine (p. 197)".
Mesdames et mesdemoiselles les libertines, je suis navré de vous apprendre que DWL vous considère comme les héritières des péripatéticiennes, tout au moins dans l'imaginaire masculin. Force est de constater qu'il n'est malheureusement pas le seul lorsqu'on lit certains commentaires masculins sur les forums de discussion.
C'est à travers ce prisme que sont interprétées toutes les interviews citées dans ce livre. Le libre arbitre féminin proclamé par quelques libertines est relativisé, la domination masculine débusquée entre les mots. "La planète échangiste" donne donc une vision subjective du libertinage, comme l'avoue DWL lui-même dans son introduction "Le point de vue développé ici, le regard qui transparaît dans les mots utilisés, est mon point de vue, mon regard" (p. 10). Cette vision est aussi panoramique. Loin d'être centré sur les pratiques échangistes "classiques" des couples, DWL aborde le voyeurisme, l'urologie, la scatologie, le SM, ainsi que tous les acteurs, des couples aux hommes seuls en passant par les professionnels. On peut donc lire des choses étonnantes. Je suis ainsi très surpris d'apprendre que "La tendance en 2005 est d'ailleurs d'aménager des backs-rooms de rencontre dans les sex-shops." (p. 62), au point de douter de la qualité des personnes interviewées lorsque je lis "Partout, que ce soit en club d'échangistes ou en soirée SM, je n'ai jamais rencontré un autre Noir, jamais [interview d'une femme qui pratique essentiellement le SM]" (p. 132)
DWL avoue aussi volontiers sa difficulté d'appréhender les échangistes, et son livre manque cruellement d'analyses quantitatives. Ainsi, on ne saura pas combien de français pratiquent l'échangisme, et les seules statistiques sont établies à partir des petites annonces de swing! DWL en déduit probablement à juste titre une sur-représentation des hommes seuls (51 %), suivis des couples (39 %) et enfin des femmes seules (3 %), le reste pour les travestis, groupes constitués et autres transsexuels (p. 83).
Les analyses qualitatives de ces annonces sont en revanche nombreuses: "Non seulement, dans l'échangisme les hommes contrôlent le sens des échanges des partenaires, mais en plus ils imposent leurs symboliques érotiques pornographiques" (p. 92). En ce qui concerne l'omniprésence de la pornographie dans les annonces, on ne peut malheureusement pas lui donner tort.
Lire "La Planète échangiste" est probablement un excellent moyen de dégoutter les futurs libertins, avec ces descriptions caricaturales (la description d'une partouze sur la plage au cap d'agde - début du chapitre 17 - est un morceau d'anthologie) et ces commentaires orientés. J'ai certes déjà rencontré certains travers fustigés par l'auteur, mais sa vision détachée ne peut rendre compte des émotions vécues. Dans ce tableau désespérant, DWL semble tout de même esquisser l'amorce d'une féminisation de la sexualité collective, et par conséquent une renégociation d'un échangisme machiste au profit de valeurs plus féminines. J'ose croire que la vision du libertinage véhiculée par des forums tels que E&T, ne serait-ce que par un certain équilibre des populations masculines et féminines, s'inscrit dans ce renouveau.
08:40 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Livres, échangisme, Welzer-Lang
Salomé (2)
De Vagant à S., le mardi 23 Janvier à 17h15
Si gentiment exprimée je ne peux qu'exaucer votre curiosité: http://extravagances.blogspirit.com/
Aux plaisirs, dont ceux de vous lire...
Vagant
06:25 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (0)
25 janvier 2007
Salomé (1)
De S. à Vagant, le Lundi 22 Janvier 2007 à 21h54
Cher Vagant,
Votre disparition et l'émoi que celle-ci a suscité m'a rendue perplexe. On vous dit bonne plume et courtois... Et moi j'aimerais en savoir davantage. La curiosité est un vilain défaut dit-on mais peut être pourriez-vous le pardonner à une jeune fille de vingt ans?
En espérant en savoir davantage sur vous, je vous envoie mille tendres baisers.
12:50 Publié dans In vivo | Lien permanent | Commentaires (23)
Le bonheur était dans le pré
Septembre 2002. J'étais arrivé vers midi à l'aéroport de Genève où j'avais rendez-vous avec Jeanne, pour la toute première fois. Nous nous étions dit que nous jouerions à l'auto-stoppeur, mais Jeanne n'a jamais respecté mes scenarii. Il faut dire qu'à l'époque, ils étaient moins précis. Elle m'a retrouvé dans le hall de l'aéroport où nous nous sommes enlacés. Pour me souvenir de ses bras autours de moi ce jour là, je n'ai qu'à fermer les yeux. Nous sommes montés dans sa voiture et nous sommes partis dans la montagne, du côté d'Annecy. Elle y avait repéré un pré qui surplombait une petite route peu fréquentée, et qui lui semblait idéal pour un pique-nique éventuellement coquin. En moins d'une heure de route, sage, avec virages, mais sans dérapages, nous y étions. Je n'étais pas son premier amant, mais c'était là sa première rencontre internet, et elle était un peu intimidée, ce qui, comme le rire, s'avéra communicatif. Elle étala une couverture sur l'herbe verte, et nous nous y étendîmes. A partir de là, mes souvenirs sont plus flous. Impossible de savoir si nous avons échangé un premier baiser avant, pendant, ou après la première bouchée. Tout ce dont je me souviens, c'est de l'avoir déshabillée au milieu des victuailles. Je l'ai croquée comme un fruit mûr. Les tétons de ses seins blancs brillaient de ma salive sous le soleil radieux. Moi aussi je me suis retrouvé tout nu. Entre ses cuisses, je me suis mis à l'abri des rayons du soleil, et j'ai léché son miel alors qu'elle engouffrait mon dard. Elle pompait assidûment ma queue dressée, gorgée de sève, lorsque nous avons entendu un bruit, en provenance de la route, à quelques mètres en contrebas. Deux cyclistes montaient péniblement la côte:
- Ah qu'est-ce qu'elle est dure, s'exclama le premier !
- Dure, et puis longue aussi rétorqua le deuxième !
Je ne sais pas trop comment nous sommes parvenus à ne pas éclater de rire. La peur d'être surpris, sans doute. Les cyclistes sont passés péniblement et nous avons repris nos ébats. Nous les avons repris maintes et maintes fois en différentes occasions. La dernière fois, c'était en Août dans une bête chambre d'hôtel. Ce n'est plus comme avant. La vie l'a changée. Pas moi. Et puis la passion, ce n'est pas fait pour durer. Selon Beigbeder, l'amour même ne dure que 3 ans.
08:20 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Expériences, Erotisme, jeanne, exhibition, 69, libertinage, Littérature
24 janvier 2007
Nuit d'ivresse
Décembre 2003. J'avais décidé d'écourter mes vacances familiales pour réveillonner avec Elsa, ma jeune maîtresse, la femme de ma vie du moment, une splendide mythomane qui s'était inventé une activité d'escort girl pour mieux me séduire, et dont j'étais tombé follement amoureux. J'avais renoncé à trouver un gros mensonge conjugal pour justifier mon départ anticipé et rentrer seul en France. Ma femme, princière, avait décidé de fermer les yeux sur la seule frasque que je ne lui ai jamais avouée. Elsa n'est jamais venue à notre rendez-vous gare du Nord. C'est triste, un quai désespérément vide, qu'on scrute, les yeux au bord du gouffre, et qui s'attachent à la moindre silhouette qui pourrait être elle. Pourtant, je savais à quoi m'attendre, elle m'avait prévenue que c'était une folie, qu'elle devait rester avec son mec. Allez savoir pourquoi je m'étais imaginé que les horloges de la gare contempleraient une fois de plus nos étreintes forcenées.
Dans une réaction de revanche convenue, je décidai sur-le-champ de noyer cette rupture dans l'ivresse. Petit bémol, je n'aime pas l'alcool. Qu'à cela ne tienne, je trouvai une soûlerie à ma mesure. Le soir même, j'aurai sombré corps et âme dans la luxure. Je me serai vautré dans une partouze pour oublier mes états d'âme, je me serai abreuvé de chattes ruisselantes, j'aurai arrosé des lèvres accueillantes, elles. Un seul problème, j'étais seul. Après une ridicule tentative désespérée sur MSN pour me trouver une charmante compagnie à l'impromptu, je me résignai à opter pour un club échangiste qui accueillait les hommes seuls. Ce serait l'hyppocampe de St Maur, un sauna, faute de mieux.
J'eu du mal à trouver la ruelle nichée dans une banlieue morose, puis une place pour me garer, et je me pointai enfin à l'entrée du dispensaire aux alentours de 23h. Une myope m'ouvrit et son sourire se mua en un rictus rébarbatif lorsqu'elle constata que j'étais seul. "Je ne peux pas vous accueillir. Il n'y a pas assez de couples ce soir !", me dit-elle sèchement. Ce n'était certainement pas ce cerbère à lunettes qui allait m'interdire l'accès à mon orgie infernale! Je lui annonçai que je reviendrai plus tard, et j'allai me poster dans ma voiture, aux aguets, prêt à emboîter le pas au premier couple venu. Je n'eus pas trop longtemps à attendre, une petite brune pimpante et un colosse passèrent le sas avec les honneurs. Je sonnai à nouveau. Cette fois, l'accueil fut franchement meilleur, d'autant plus qu'un autre couple que je n'avais pas vu arriver m'emboîtait le pas. Je me retrouvai ainsi dans le couloir qui servait de vestiaire, avec une blonde joviale et un ténébreux tristounet. Un peu gêné par la promiscuité, je n'osai pas croiser leur regard. Je me déshabillai rapidement, je m'attachai maladroitement une serviette autour des reins, l'uniforme des hommes seuls qui n'avaient pas droit au peignoir - attribut distinctif du couple - et j'atterris dans la zone bar du sauna.
Je commandai tout de suite un coca que j'avalai d'un trait d'une main tremblante. A côté, un homme sûr de lui me regarda en souriant. Je n'étais pas fier et ça se voyait. L'instant de panique passé, j'évaluai l'étendue des dégâts d'un coup d'œil navré. Une douzaine d'hommes seuls traînaient ça et là, du sauna au hammam avec entre les jambes le poids d'un ennui palpable. Un couple de quinquagénaires en surcharge pondérale était assis devant le porno qui trônait près dur bar. L'homme affichait un sourire épais. Sous la douche, je vis la petite brune pimpante avec son partenaire taillé comme un gorille. Au hammam, un jeune homme seul se lamentait sur son triste sort. "Misère! Misère!" Psalmodiait-il en vain après chaque nouveau râteau. Les autres ne pipaient pas mot. En procession silencieuse, ils suivaient les rares couples à la trace comme des badauds suivent les obsèques d'une célébrité sans en avoir l'air. Il y avait autant d'ambiance que dans le métro à 8 heures du matin, avant la compétition quotidienne. Ce soir là, la compétition serai autrement plus tendue, sans mauvais jeu de mot. Il était clair qu'il n'y en aurait pas pour tout le monde. Les autres hommes étaient des concurrents, des adversaires. Moi, j'étais hors jeu.
De retour du hammam, j'allai m'asseoir sur un matelas, seul. Je n'étais pas dans une partouze échevelée, mais dans un groupe éphémère de mammifères dont les mâles dominants accepteraient ou non de partager leur femelle attitrée. Tout cela reflétait plus des instincts grégaires qu'un hédonisme libéré. Un nabot grisonnant vint s'asseoir non loin de moi. Si je ne me faisais guère d'illusion quant à tirer la moindre satisfaction sexuelle de cette compétition, le pauvre vieux semblait vaincu d'avance avec ses petites moustaches et ses lunettes en cul de bouteille. Pour passer le temps, j'allai me faire suer au Sauna. A mon retour, la petite brune pimpante et le grand brun simiesque avaient pris ma place. Le vieux nabot avait réussi à se placer auprès du couple. C'était un habitué des lieux, il avait la tchatche tout en observant une position obséquieuse face au mâle dominant. Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces. Ils se levèrent tous les trois, bras-dessus bras-dessous, le nabot au milieu. C'était cocasse. Il tenait la petite brune par la taille, et avait le bras tendu en l'air pour atteindre l'épaule du colosse. Plus tard, je les vis tous les trois dans un coin câlin. Elle était 4 pattes, la tête du nabot entre ses cuisses écartées. Elle suçait son mec qui semblait avoir plus de mal à gonfler l'organe décisif que ses biscotos agressifs.
Un peu plus loin le gros des troupes était au garde à vous devant un grand matelas où oeuvraient deux hommes sur la blonde joviale. Je regardais les hommes seuls qui jouaient des coudes et du poignet pour être au premier rang au meilleur de leur forme, au cas où le trio tournerait au gang-bang. Je n'avais rien à faire parmi ces morts de faim qui brandissaient leur quéquette comme des réfugiés brandissent leur marmot affamé devant un convoi humanitaire. Une fois les deux acteurs achevés, la femme signifia la fin de la scène aux figurants déçus qui débandèrent dans tous les sens du terme. J'optai pour une retraite définitive vers les vestiaires. Je rendis ma serviette au gérant qui me demanda ingénument si j'avais apprécié la soirée et si je reviendrais. "Non, je crois que ce n'est pas mon truc", répondis-je franchement. Je n'ai pas pris de douche quand je suis rentré chez moi. Inutile. J'aurai dû me décaper l'intérieur au Karcher.
09:35 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Expériences, sauna, Hyppocampe, libertinage, Littérature, histoire érotique, Erotisme
23 janvier 2007
Rendez-vous au Moon City
Vendredi dernier, j'ai profité d'un trou (pas de mauvais jeux de mot s'il vous plait) inattendu dans mon emploi du temps pour explorer le nouveau sauna parisien qui fait tant parler de lui: le Moon City. Je savais que quelques libertin(e)s devaient y passer, dont Georges et Madeleine, et je suis arrivé sur les lieux dans la soirée, aux alentours de 22h30.
L'entrée est impressionnante et l'accueil chaleureux. Moyennant 38 euros plus 2 euros de caution pour les clefs du vestiaire, l'homme tout de blanc vêtu à l'entrée m'a remis une serviette, un paréo, un ticket pour une boisson et des claquettes. J'ai été me déshabiller au vestiaire (unique pour les hommes et les femmes actuellement), et en avant pour la grande aventure. En faisant un premier tour, je me suis cru dans un conte entre "sherazade" et "Ali baba et les 40 voleurs" mis en scène par un décorateur de chez Disney Land: Au rez-de-chaussée, une accueillante et fort jolie barmaid - spécialiste mondiale du Mojito - m'a accueilli dans un vaste salon aux tables basses et aux banquetes confortables. J'ai monté des escaliers - Les fameux escalators recyclés décrits par Georges - pour arriver au premier étage où j'ai trouvé un sauna (pas très chaud, pour une dizaine de personnes au maximum), un hammam (plus chaud mais malheureusement assez petit) avec des douches individuelles, et une dizaine de coins câlins privatifs. Sur les murs, des écrans diffusaient des clips glamours ce qui, avec la décoration d'inspiration orientale, conférait aux lieux une ambiance plutôt select. Je suis redescendu au rez-de-chaussée pour découvrir le grand jacuzzi, et un autre salon avec un grand écran qui diffusait un film d'aventures. J'ai alors donné à la barmaid ce qui restait de mon ticket pour la boisson après le passage sous la douche du hammam, et j'ai retrouvé Mr et Mme Vintage qui descendaient du vestiaire. Nous avons passé le reste de la soirée ensemble, à papoter sagement, comme tout le monde je crois.
Si vous vous attendiez, ami lecteur, à lire le récit d'ébats de haute voltige, vous pouvez vous arrêter là. Il ne s'est rien passé ce soir là, tout au moins en ma présence. La seule coquinerie a consisté à deviner qui étaient Georges & Madeleine. Peu de personnes pouvaient répondre au signalement: une dizaine d'hommes seuls et une demi-douzaine de couples étaient perdus dans un club pouvant accueillir 150 personnes dont 20 dans le jacuzzi. Lorsque la femme que je soupçonnais être Madeleine vint s'asseoir à côté de moi dans le sauna, j'ai commencé à deviser sur la question avec M. Vintage:
- Si c'était Madeleine elle devrait réagir, dis-je assez fort pour être entendu par cette jolie femme.
- La Madeleine de Georges, répondit-il sur le même ton ?
- Ce n'est pas plutôt la Madeleine de Proust ?
- Oui c'est ça, Georges Sand et Madeleine Proust !
Sur ce, la jeune femme en question s'est levée et elle a rejoint son partenaire qui l'attendait à l'extérieur du sauna. Vintage et moi en avons déduit qu'elle ne s'appelait pas Madeleine. L'hypothèse qu'elle ait fui des gens aussi spirituels ne m'est pas venue à l'esprit. Quoique...
08:50 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : sauna, Expériences, Moon City, libertinage
22 janvier 2007
De la censure (2)
Merci ! Merci à LaDouceurDunSoir , Buli92 , Kalain75 , Vintage62 , Nousse1977 , Fulcanelli75 , BlueLoulou , Seconde , Lola75020 , Cakeland , Belcamille , Loladiva , Cristaline38 , Sonia3411 , Elvire1973 , Huskill , Venitia75 , Kristoh, Ana1013 , Bb546 , Chrismanoir59 , GenieDesAlpages , Icibidi , BlueObsession , Greenwitch , Lou2005 , ChicFetich , JazzyLady , Faygotte , KermittLaGrenouille , Missty27 , Sapheere , Frederique911 , Virginyawoolf, BlackBerry7 , Mecalins, Bonjourmdam, ShySweety ...pour cette manifestation virtuelle en ma faveur sur les forums d'auFeminin dont j'ai été injustement banni. Vendredi dernier, j'ai envoyé un e-mail à quelques ami(e)s en leur demandant de me permettre de m'exprimer à travers eux sur le forum Echangisme/Triolisme, avec le message suivant...
ZeVagant: restituez-moi mon compte !
Tout d'abord, je remercie l'ami(e) qui a recopié ces lignes pour me permettre de m'exprimer ici.
Vendredi 19 janvier, j'ai réalisé que j'ai été banni d'entre vous: impossible de me connecter, mes derniers posts censurés, mon profil invisible. Forcément, je me suis posé des questions sur les raisons qui ont pu justifier une telle mesure à mon égard:
- Aurais-je proféré un lot d'insultes portant atteinte à un autre membre de ce forum? Non, je pense être toujours resté courtois.
- Ai-je mis en ligne la recette du bon vieux cocktail molotov qui pourrait porter atteinte à la sûreté de l'état ? Je n'ai pour vocation que de bruler les femmes de désir...
- Ai-je écrit des propos portant atteinte à la dignité humaine, ou faisant l'apologie de la bestialité ou de la pédocriminalité ? Certainement pas ! Mes moeurs dissolues sont conformes à la législation française et dans l'esprit de ce forum.
- Mes derniers propos, bien que ni diffamatoires ni obscènes, auraient-ils porté atteinte à l'ambiance du forum, ou l'idée que le modérateur s'en fait ? Peut-être...
J'ai donc réfléchi à ces derniers propos tenus sur une discussion intitulée "La religion et le libertinage...", où l'auteur s'interrogeait à juste titre sur la compatibilité de ces deux pratiques. En lui répondant globalement par la négative avec une argumentation biblique, je pense avoir été victime d'un délit d'opinion (vous trouverez les détails sur mon blog). Que vous la partagiez ou non n'est pas la question: Si ma liberté d'expression est menacée, la votre l'est aussi, et ce forum en tant qu'espace de discussion n'a plus lieu d'être.
Si vous souhaitez à nouveau me lire ici bas, je vous demanderai de faire un geste en ma faveur: recopiez tout ce post et postez le vous-même sous votre nom jusqu'à ce que j'apparaisse à nouveau parmi vous, avec tous mes MPs et toutes mes interventions. Peut-être qu'un modérateur magnanime lira ainsi notre supplique. Il faut garder la foi...
Je terminerai donc par cette prière au modérateur tout puissant pour ma résurrection, lui dont les voies sont impénétrables, et je vous remercie de copier/coller avec moi:
Notre modérateur qui est dans ton bureau, que ton nom soit connu, que ton salaire soit versé, que ta volonté soit faite sur les écrans comme sur les claviers. Donne-nous aujourd'hui notre post quotidien, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, délivre-nous de la black-list, car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et les mots de passe sur auFeminin jusqu'à ce que tu sois viré, amen.
Vagant, au tombeau mais encore accessible sur vagant75 at Y! fr
Malgré leur soutien, je ne peux toujours pas me connecter sur auFeminin, bien que je semble toujours recevoir des MPs que je ne peux pas lire. Enfin, tout cela n'est pas dramatique au regard de la misère du monde, et en attendant ma réintégration, je vous propose de relativiser tout cela en lisant cette intervention amusante d'une certaine MadameModerateur...
10:45 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (3)
21 janvier 2007
Libertinage et volage font-ils bon ménage ?
A la lecture des annonces de couples mariés qui ne veulent rencontrer que des couples mariés, et au vu des débats houleux entre couples libertins légitimes et singletons volages, ces deux volants du libertinage apparaissent bien incompatibles, et un couple exemplaire comme Georges & Madeleine semble être l'exception qui confirme la règle.
Je conçois le mépris que peut inspirer la personne volage au couple légitime qui a décidé de tout partager, jusqu’aux désirs que peuvent leur inspirer les autres, et les plaisirs charnels qu’ils peuvent en tirer: mépris pour l’infidélité du cœur (le couple libertin n’ayant renoncé qu’à la fidélité du corps), mépris pour la tromperie et pour les mensonges auxquels ils ont échappé, et peut être un peu de mépris pour l’échec matrimonial que la personne volage représente. Car un comportement volage est l’échec fondamental pour cette conception symbiotique du couple, où il est impensable qu’un de ses membres consomme sa liberté individuelle jusqu’au lit.
Face à ce fonctionnement apparemment aussi bien huilé qu’une morale judéo-chrétienne, le libertin individuel est cependant en droit de se poser quelques questions: la racine étymologique de « libertinage » n’est-elle pas « libertin », caractérisé par la liberté de corps et d’esprit ? Comment peut-on se proclamer libertin et dénier à son conjoint sa liberté individuelle de jouir de son propre corps comme il l’entend ? Le libertinage serait-il un échange de liberté stipulé par le contrat tacite: « Tu peux jouir d’un autre corps si je peux jouir d’un autre corps », et qui donne tout son sens au terme « échangisme », une sorte de liberté surveillée, voire une liberté sous caution lorsqu’elle est assortie d’interdits tels que la pénétration hors couple ?
Selon Michel Onfray et sa définition du libertin dans sa « théorie du corps amoureux », un vrai libertin doit être célibataire. Cela ne signifie pas qu’il est condamné à papillonner de corps en corps sans échanger plus que quelques étreintes. Cela veut simplement dire que le libertin affranchit ses relations amoureuses du prosaïque quotidien, qu’il noue des liens tout en gardant ses distances vitales, qu’il ne sacrifie pas sa liberté sur l’autel d’une vie commune avec un tiers. La parabole du hérisson exprime bien l’épineux problème de la juste distance : Comment des hérissons peuvent être assez proches pour se réchauffer en hiver, sans pour autant se piquer.
Il est amusant de constater que ces deux positions bien tranchées sont appelées à se confronter sur l’oreiller du fait d’un comportement sexuel partagé. Si vous êtes un couple libertin pur et dur, quel est votre degré de tolérance pour faire l’amour et pas la guerre ? Demandez-vous le statut matrimonial de l’éphèbe musculeux rencontré au détour d’un coin câlin ? Vous souciez-vous d’un éventuel conjoint abandonné lorsque vous jouissez enfin de la jolie jeune femme accueillie dans votre lit conjugal ? Vilipendez-vous systématiquement les couples illégitimes qui ont le malheur de s’intéresser au votre ?
09:15 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Blogs, Livres, Onfray, libertinage
19 janvier 2007
De la censure (1)
Ce matin, comme je le fais depuis plusieurs années, je vais sur le forum Echangisme/Triolisme d'auFeminin où j'ai mes habitudes. J'essaie de me connecter, mais mon mot de passe n'est pas reconnu ! C'est étrange, c'est le même depuis 5 ans. Cela ne m'empêche pas de surfer jusqu'à la dernière discussion à laquelle j'ai participé: Ce que j'avais écrit a soigneusement été effacé ! Et la plupart de mes posts aussi ! Je demande à une amie de voir si elle peut accéder à mon profil... la réponse tombe comme un couperet: je n'existe plus.
Une seule explication me vient à l'esprit: J'ai été banni d'auFeminin. Forcément, je me suis posé des questions sur les raisons qui ont pu justifier une telle mesure à mon égard:
- Aurais-je proféré un lot d'insultes portant atteinte à un autre membre de ce forum? Non, je pense être toujours resté courtois.
- Ai-je mis en ligne la recette du bon vieux cocktail molotov qui pourrait porter atteinte à la sûreté de l'état ? Je n'ai pour vocation que de bruler les femmes de désir...
- Ai-je écrit des propos portant atteinte à la dignité humaine, ou faisant l'apologie de la bestialité ou de la pédocriminalité ? Certainement pas ! Mes mœurs dissolues sont conformes à la législation française et dans l'esprit du forum auquel je participe.
- Mes derniers propos, bien que ni diffamatoires ni obscènes, auraient-ils porté atteinte à l'ambiance du forum, ou l'idée que le modérateur s'en fait ? Peut-être...
J'ai donc réfléchi à ces derniers propos tenus sur une discussion intitulée "La religion et le libertinage...", où l'auteur s'interrogeait à juste titre sur la compatibilité de ces deux pratiques. Voilà ce que je lui avais répondu, ami lecteur, non pas pour vous convaincre de quoi que ce soit - car en la matière j'ai plus de questions que de réponses - mais pour vous permettre de juger par vous-même de l'éventuelle obscénité de mes propos, ou s'ils peuvent nuire à l'ambiance d'un forum de discussion...
Credo, zeVagant le 17 janvier [en fin de matinée]
C'est une question difficile et je me la pose depuis plusieurs années ! Je crois tout d'abord qu'il faut bien distinguer le religieux (au sens de l'organisation sociale des adeptes d'une religion) du spirituel (au sens de sa relation intime à Dieu, puisqu'il est question de Lui).
Aussi, je vais borner l'esquisse de mon analyse à la religion Chrétienne, et réduire le libertinage à la pratique de la sexualité collective récréative actuelle, sans évoquer le libertarisme soixante-huitard ni le libertinage philosophique du 18ème siècle.
Au plan religieux, je crois que le libertinage est incompatible avec les règles de la vie chrétienne. Pour les catholiques, ces règles sont dictées par le Pape et Jean-Paul II fut catégorique: La sexualité ne peut avoir lieu qu'au sein du mariage, en dehors duquel l'abstinence s'impose. Si on veut dépasser ce verdict au profit d'une analyse personnelle à l'image des protestants, on peut aisément justifier ces règles à la lecture de la Bible, en particulier les épîtres de Paul [Romains 1:26] qui demeurent les textes fondateurs de l'identité chrétienne. Sont-ils dépassés parce qu'ils ont 2000 ans ? Je crois pour ma part qu'ils portent sur une dimension psychologique intemporelle de l'Homme, et il suffit de lire "l'art d'aimer" d'Ovide pour réaliser combien nos affects n'ont pas évolué.
La lecture de l'ancien testament, dont l'histoire du roi David, donne un autre éclairage des préceptes religieux à la lumière de la spiritualité. Voici un homme qui n'a pas hésité à faire tuer Urie, l'époux de sa maîtresse Bath-Schéba, afin de pouvoir la prendre pour femme [2 Samuel 11], ce qui va bien à l'encontre des 10 commandements [Exode 20] qu'il était censé suivre. Malgré tous ces pêchés, à cause desquels Dieu l'a d'ailleurs éprouvé, il n'a jamais perdu la foi, il s'est repenti, et le Seigneur l'a béni ainsi que sa descendance. Les règles peuvent être transgressées au prix d'un repentir sincère, mais elles ne peuvent pas rester bafouées. La parabole du fils prodigue ne dit pas autre chose [Luc 15:11].
La pratique active d'un libertinage charnel permet-elle l'édification spirituelle nécessaire à l'adoration de Dieu ? Autrement dit, peut-on partouzer toutes les nuits avec des femmes adultères et demander sa rédemption chaque matin d'un coeur sincère avant de préparer sa prochaine nuit de débauche ?
Vagan :)
Amaris75 n'a pas répondu, mais KermitLaGrenouille avec son sens de la répartie caustique...
Donc si je résume cher vagant, kermitlagrenouille le 17 janvier à 13:44
Si on est catho, que l'on prête importance aux textes datant de matusalème, que l'on écoute la parole émanant du Vatican (Le nouveau locataire a en plus l'air encore moins commode que son prédécesseur): Pas de partouze ou alors avec un sincère repenti (autoflagellation, sacrifice de sa meilleure brebie etc...)
Si on est catho, mais juste pour le coté spirituel genre Dieu est bon, Dieu est grand mais il est bien trop occupé pour vérifier si je seiche la messe du Dimanche... Pas de pb pour l'orgie... Après tout le patron en a vu d'autre...
Perso, je me suis trouvé un truc bien plus reposant... Je n'y crois plus... mais alors plus du tout...
Au début ça fait drôle de se dire qu'à la fin, ben pas de paradis ou autre club de vacances, pas de procès devant St Pierre, aucun tsoin tsoin, juste la fin... Mais on s'y fait, et cela donne envie de bien en profiter avant...
Voila, c'est un point de vue qui n'engage que moi.
Petite mise au point, zeVagant le 17 janvier [vers 14h]
J'ai évoqué le Catholicisme pour mieux illustrer le Christianisme au sens large. La position d'un pape ou d'un autre m'importe peu: ce n'est qu'une interprétation des évangiles sous le poids de traditions millénaires, et qui masquent sans doute la profondeur psychologique des paroles du Christ.
Le véritable repentir est celui du coeur, dans l'intimité de chacun, qui ne regarde que soi-même et Dieu si on y croit. Le véritable repentir se passe donc très bien de toutes les manifestations que tu cites.
Le patron en a sans doute vu d'autres, mais qu'importe. Le salut de ton âme a t'elle quelque chose à voir avec celles des autres ? Est-il bien nécessaire de mourir pour jouir de la sérénité de ce salut ? La débauche et le mensonge associés à l'adultère peuvent-ils nous apporter un bonheur durable ? Somme nous condamnés à n'avoir pour seul horizon qu'un matérialisme nihiliste dépeint avec la lucidité d'un Houellebecq ?
Vagant, sans trop de points de vue mais qui engage tout le monde :)
Pensez-vous donc, ami lecteur, que mes propos sont nuisibles à l'ambiance d'un forum de discussion ? Mes questions n'ont-elles pas le droit d'être posées ? Ou bien aurais-je écorché les yeux d'un modérateur tout puissant en écrivant quelques références bibliques ?
Car aujourd'hui, l'idée à la mode est l'athéisme militant, façon Onfray. Toute mention de religion ou de spiritualité est suspecte de sectarisme et doit être ardemment combattue sous prétexte qu'elle entraverait une sacro-sainte laïcité. Dois-je rappeler avec André Comte-Sponville que la laïcité est trop précieuse pour être confisquée par les antireligieux fanatiques ?
En l'absence de toute explication de la part d'auFeminin, je ne peux qu'aboutir à une triste conclusion: En 2007, en France, je suis victime d'un délit d'opinion, dont la sanction est un bannissement sans sommation.
Il est amusant de constater que sur auFeminin, le modérateur semble être de droit divin. Inaccessible par mail ou par quelque autre moyen, ses voies sont impénétrables et ses décisions sans appel. Le forumeur jouit ainsi d'une liberté toute relative, certains de ses mots sont supprimés, des pans entiers d'échanges disparaissent dans les limbes, et sans la moindre raison, on finit par disparaître aussi: auFeminin est une dictature sans dictat, comme le château de Kafka. A moins que le dictat soit subtilement économique...
En vérité, je me demande si ce n'est pas notre liberté d'expression (la votre ou la mienne) qui est menacée sur les forums, plus que les opinions en tant que telles. Ce que j'ai écrit n'est pas dans le ton d'un forum libertin traditionnellement athée et risquait de mener à des débats qui vont à l'encontre de la stratégie commerciale des forums dits "de discussion". Sur auFeminin, on assiste en effet à la multiplication de ces forums afin de segmenter le lectorat: chacun doit se sentir chez soi avec des internautes qui partagent exactement les mêmes opinions, afin de fidéliser la clientèle et mettre en place des publicités bien ciblées. En tant que participant à un forum de discussion, nous ne tombons pas sous le coup d'une loi morale, mais sous la loi du marché qui restreint notre liberté d'expression selon le contexte où nous tentons de l'exercer. En segmentant le marché de la discussion, auFeminin balkanise l'opinion. Elle appauvrit les esprits en évitant... toute discussion de fond ! En allant au bout de sa logique commerciale, le forum perd sa raison d'être.
22:40 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (4)
Comme une image
J'imagine mon âme avec un menton en galoche et des lèvres sensuelles, et pourtant j'ai un petit menton et aussi une petite bouche. Si je ne m'étais jamais vue dans la glace et si je devais décrire mon apparence extérieure d'après ce que je connais intérieurement de moi, le portrait ne ressemblerait pas du tout à ce que tu vois quand tu me regardes ! Je ne suis pas du tout celle que je parais !
Kundera - La valse aux adieux.
Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, ami lecteur, mais moi, dans le métro, il m'arrive de regarder les gens. Vous me direz que cela n'a rien d'extraordinaire, des gens, dans le métro, ce n'est pas ce qui manque. Certes, mais le regard y est souvent vide. Parfois, il m'arrive même de trouver des ressemblances. Il s'agit moins de ressemblances physiologiques objectives (Cette vieille dame aux cheveux mauves a le même menton fuyant que ma tante Ursule) que des ressemblances de caractère apparent. Ainsi le semillant quinquagénaire en face de moi me fera subjectivement penser à Pierre Arditi aux expressions de son visage alors qu'il lit son journal. Ne me demandez pas pourquoi, c'est juste une impression indéfinissable mais néanmoins têtue. Pourtant, il ne m'est jamais arrivé de trouver quelqu'un qui me ressemble. Vous me rétorquerez qu'on a parfois du mal à se reconnaître soi-même en photo (Quoi? Mais qu'est-ce que c'est que cette grimace ? C'est moi ça ?) sans doute parce qu'on ne se voit pas tel qu'on apparaît aux autres, comme dans cette image fixée par l'objectif objectif. Son propre moi intime, sans cesse devant nos yeux, reste caché au reste du monde, à moins de le laisser entrevoir à son psy ou à vous, ami lecteur.
Il y a quelques jours, pourtant, il m'a semblé me reconnaître un peu. Pas dans le métro pour les raisons exposées plus haut, mais dans la foule des blogs. Je n'ai pas encore tout lu parce que c'est fourni, mais le plus frappant, c'est ici. J'ai des souvenirs similaires, mais pas dans ma voiture. Quelque part, je crois que ça me gènerait que ma fille s'asseoit là où j'aurais fait l'amour à une autre femme que sa mère. Sans doute pas autant que d'inviter une autre femme dans le lit conjugal désert, mais quand même. Remarquez, si l'occasion se présentait, sans doute n'afficherais-je pas ces scrupules. La chair est faible, et la mienne tout particulièrement. Bref, dans cette histoire, j'aime bien l'image de la cyprine en émulsion, "comme des blancs montés en neige" ai-je immédiatement pensé; J'aime encore plus les mots tus, le motus des bouches cousues: l'exhibition des corps cache souvent la pudeur des coeurs.
08:05 Publié dans Réflexions | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Blogs